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 Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)

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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptyDim 21 Oct - 15:43


La veille ¬ — dans le bureau de Martha Orckmann — Antenne new-yorkaise du Parti Démocrate

[…]
— Et, si je puis me permettre de le demander, pourquoi moi ?
— Vous avez l’expérience pratique du domaine. Manifestement un jeune homme intelligent. Et un membre fidèle de ce parti.
— Je vois.
— Je ne vous cacherais pas que c’est également bon pour notre image de… Diversité.
— C’est-à-dire ?
— Vous êtes membre de beaucoup de minorités, Monsieur Tenseï. Ou tout du moins de groupes démographiques importants. Pas de diplôme universitaire, issu de l’immigration, homosexuel. Mutant.
— Vous êtes bien renseignée.
— C’est mon métier. Mes propos vous choquent ?
[…]


***

Adam était rentré chez Salem à la fois épuisé, un peu surpris et ravi. Ce n’était pas seulement la très sensible augmentation de salaire qui venait avec son nouvel emploi, ce n’était pas non plus uniquement la progression sociale qui l’accompagnait ; tout simplement, il avait enfin quelque chose d’intéressant à faire qui n’exigeait pas qu’il mît constamment sa vie en danger. C’était un accomplissement certain.

Surpris, il l’avait été, d’être à la fois courtisé pour ses qualités objectives et pour sa représentativité. Jamais il n’avait songé que les responsables du parti pouvaient considérer qu’il serait une sorte de représentation de telle ou telle communauté et que la discrimination positive pût jouer en sa faveur. Il n’était pas certain d’être entièrement enchanté par cet état de fait, mais comme il était assuré par ailleurs que ces considérations n’avaient pas seules présider à son recrutement, il avait choisi de ne pas laisser ces réflexions gâcher sa bonne humeur.

En rassemblant ses affaires à l’Institut, il avait tourné et retourné dans son esprit l’intitulé de son nouvel emploi : chargé de mission sports et éthique. C’était une sorte de revanche. Il y aurait d’abord une formation, une phase d’observation, théorique et puis sur le terrain, et ensuite, après quelques semaines, il se jetterait à l’eau. Dopage, sponsoring, mainmise des grandes équipes universitaires, trafic de visas pour les athlètes étrangers. Que de sujets palpitants sur lesquels il lui faudrait réfléchir !

Il avait annoncé la chose avec son habituel flegme à Salem, mais un sourire avait flotté sur son visage toute la soirée. Ils avaient repris la leçon de comics, Adam avait eu une vision d’un grand dessinateur (selon Salem) en train de réaliser l’une des planches qu’ils venaient de parcourir, et puis ils avaient décidé de se coucher.

Adam, qui n’avait pas l’habitude de dormir très vêtu, avait néanmoins adopté un pantalon de jogging pour cette nuit-là. Les baisers de bonne nuit avaient été de plus en plus chaleureux, la proximité des deux corps de plus en plus prometteuse, puis une gêne s’était installée, une certaine inquiétude informulée mais partagée, et les deux jeunes hommes, malgré l’ardeur que la situation éveillait en eux, s’étaient tacitement accordés pour laisser leurs imaginations se reposer et tenter de trouver le sommeil.

Le lendemain, ils étaient partis assez tôt. Un pique-nique dans un sac à dos, une carte rapidement consulté : il y avait de grandes routes autour d’Alkali Lake. Adam avait conduit la moto dans le dédale new-yorkais, non qu’il doutât des compétences de pilote de Salem, mais simplement parce que le chemin à prendre n’était pas le plus évident, puis, une fois sortis de la ville, il avait cédé la place d’honneur à son jeune compagnon.

Il avait fourni à Salem, avant de partir, tout l’équipement nécessaire : une veste chaude, car le matin était encore frais et, s’ils roulaient aussi vivement qu’ils l’avaient prévu la veille, rien ne serait plus nécessaire, et toutes les protections adéquates — pour téméraire qu’il fût, Adam ne tenait pas à exposer son compagnon à des dangers inconsidérés.

Désormais, les bras autour de la taille de l’adolescent, les cheveux non pas au vent mais protégé par le casque, l’Asiatique se laissait guider — la moto filait à vive allure et il n’avait rien du rythme parfois un peu poussif de sa voiture.

Il fallait dire que la différence entre les deux engins était abyssale. Sans doute n’était-ce pas le modèle le plus coûteux du marché et de très loin, mais il n’avait pas non plus commune mesure avec l’entrée de gamme. Il était évident qu’Adam avait eu, à un moment récent de son existence, d’autres ressources que son seul salaire de coursier pour pouvoir s’offrir un pareil véhicule.

Adam n’avait pas donné d’indications très précises sur leur destination. Ce n’était pas les endroits qui manquaient, autour du lac, pour s’arrêter une fois l’heure du repas venu. Si les rives les plus proches de la ville étaient assez fréquentées les dimanches, il suffisait de continuer à longer l’étendue d’eau, un peu plus au nord, pour trouver des plages désertes ou, plutôt que des plages, car le sable blanc n’était pas au rendez-vous, des berges qui avaient du reste l’aspect agréable de paysages sauvages.

Ils n’étaient pas encore arrivés cependant ; depuis quelques minutes seulement Salem était aux commandes. Une route typiquement américaine s’étendait devant eux : droite, infinie semblait-il, se perdant à l’horizon ; il y avait des virages cependant, des montées et des descentes, et en somme le paysage était bien moins monotone que ces étendues à perte de vue qui formaient le décor habituel des road movies, dans la région des Grandes Plaines.

Adam, du reste, avait toujours préféré ce paysage à ce qu’il avait pu voir des champs de blés sans borne de l’intérieur des terres. La nature ici lui semblait plus profonde, plus complexe et plus véritable et, dans les forêts qui montaient jusqu’aux montagnes, dans la variété des végétaux, il retrouvait quelque chose qui flattait son imaginaire secrètement romantique — comme un roman de Shelley ou de Brontoë.
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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Re: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptySam 27 Oct - 17:12

Salem était aux anges, la journée de la veille avait été parfaite – les Mexicains et les malentendus lui paraissaient déjà loin – et après avoir passé plusieurs heures de la nuit à observer le visage endormit d'Adam il en avait presque oublié à quel point son esprit pouvait être torturé parfois. Et puis il y avait la moto, elle était carrément géniale. Il avait déjà vu ce modèle au cours de ses pérégrinations sur internet, mais la valeur de l'engin importait peu pour lui, c'était une moto et il pouvait la conduire, il était surexcité rien que d'y penser.

La nouvelle du changement de travail d'Adam avait été accueilli avec enthousiasme par Salem, il aurait bien fêté ça en ingurgitant une quantité déraisonnable de vodka mais son ami ne buvait pas. Il compensa en préparant une quantité déraisonnable de pâtes au parmesan, il avait déjà dit à Adam qu'il valait sans doute mieux que coursier, et l'issue de son entretien le lui confirma. Adam était très intelligent, très beau, très fort, il avait tout pour devenir... président, oui, Salem l'y voyait bien, le premier président mutant.

Il ne se fit pas prier pour prendre le guidon, après s'être installé et avoir resserré au maximum les gants trop grands pour lui, il sentit les mains de son compagnon entourer sa taille, ce qui rappela à lui les images de la fin de leur soirée. Les baisers, les caresses, l'envie d'aller plus loin, même s'il se sentait un peu honteux d'avoir encore plus ou moins mis fin à l'échange, il avait apprécié le moment et songeait déjà à la prochaine fois. Le casque lui permit de ne pas se faire trahir pas son léger rougissement.

Le paysage filait maintenant sous ses yeux, il ne lui avait fallu qu'une minute ou deux pour prendre en main la machine, avant d'accélérer pour de bon. Conduire était aussi grisant pour lui qu'il l'avait imaginé, il se sentait un peu comme le roi du monde, il anticipait tout, virages, autres véhicules, il attrapait au vol des détails du paysage, sentait l'air frais lui piquer le cou et les rares endroits où il pouvait s'infiltrer, et les bras d'Adam autour de lui, encore, il aurait pu continuer comme ça pendant des heures.

Heureusement, il n'avait pas totalement oublié le programme, trouver un coin sympa autour du lac pour se poser. C'était dimanche et même sans trop connaître le coin il devinait quand même que certains endroits seraient vite envahit de familles, de pêcheurs ou autre, des toboggans par ici, un centre équestre par là. Salem passa devant toutes ces installations sans ralentir, pas qu'il aimait particulièrement la nature sauvage, mais Adam lui l'aimait, et puis s'ils pouvaient se retrouver seuls au bord de l'eau comme deux naufragés loin de la civilisation, le temps de quelques heures, ça lui convenait parfaitement.

La forêt d'abord un peu trop clairsemée et carrée pour paraître vraiment naturelle devint peu à peu plus dense, masquant le lac, pourtant cela n'empêcha pas Salem de repérer l'endroit idéal, alors qu'il ne regardait pas vraiment dans la même direction. Il fit un virage serré, traversa la ligne blanche, coupant la route à un camion qui pila et klaxonna, Salem ne comprit pas vraiment, même si l'autre n'avait pas ralenti il y aurait eu largement la place de passer, soixante centimètres facile, on peut mettre un monde dans soixante centimètres. Il ralentit à peine en s'engageant sur un sentier visiblement prévu pour la randonnée, la terre grasse faisait un peu déraper les roues, mais ça ne l'empêcha pas d'arriver entier sur une petite plage de galets totalement vide où la seule trace de civilisation qu'on pouvait encore percevoir était le bruit d'une voiture qui passait de temps à autre.

Visiblement, la manœuvre kamikaze qu'il venait de faire ne le perturbait pas le moins du monde, il s'empressa d'enlever son casque et de pointer du doigt un point à quelques centaines de mètres d'eux avec le regard illuminé d'un gamin devant un sapin de noël.

« T'as vu y'a des biches ! »

Deux chevreuils, en fait, qui ne tardèrent pas à filer après cette entrée fracassante.
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptySam 27 Oct - 19:27

Adam, lui, ne se voyait pas du tout président. C’était que le manque de confiance en soi n’était pas la seule raison qui l’avait longtemps dissuadé de s’essayer à des carrières plus enrichissantes et prometteuses : les responsabilités l’effrayaient également un peu et, de la même manière que, dans ses relations sentimentales, il avait fui jusqu’à présent tout forme d’engagement un peu trop sérieuse, il avait préféré une vie professionnelle dans laquelle on n’attendît pas grand-chose de lui.

Alors, nécessairement, depuis que son nouvel emploi s’était concrétisé, il s’était mêlé à l’euphorie du succès une vague inquiétude. Serait-il à la hauteur ? Ne lui en demanderait-on pas trop ? N’allait-il pas sacrifier quelque chose de sa précieuse liberté ? La vague envie de s’enfuir en courant pour aller élever des chèvres seul en Arizona l’avait saisi pendant quelques secondes, mais la pétulance de son compagnon avait largement contribué à dissiper ses craintes à chaque fois qu’elles s’étaient présentées.

Et désormais, installé derrière Salem, les bras noués autour de sa taille, il ne pensait plus à grand-chose ; la seule sensation de la vitesse occupait son esprit qui comme un nuage s’effilochait au vent. Son propre goût pour la conduite sportive ne lui faisait — à tort peut-être — concevoir aucune inquiétude des risques qu’ils pouvaient encourir ; et la route rectiligne, souvent dépeuplée, des étendues américaines, n’était pas faite pour inculquer aux jeunes conducteurs la moindre prudence.

Adam n’avait aucune idée précise de l’heure qu’il pouvait être — du temps qui avait passé depuis que Salem avait accéléré et qu’ils s’étaient élancés pour de bon dans ce paysage si particulier, ni tout à fait forestier, ni tout à fait montagnard, point encore sauvage, mais certainement plus urbain, qu’Adam appréciait tant.

L’Asiatique n’eût pas passé sa vie dans les contrées sauvages et, à bien des égards, il n’imaginait pas pour cadre de son existence autre chose que la mégalopole new-yorkaise ; les bâtiments, les commerces, les cafés et les bars, les salles de sports et les grands journaux, la communauté fourmillante des êtres humains, était un spectacle aussi rassurant pour lui que traumatisant pour le provincial en visite.

Mais, parfois, il appréciait se ressourcer, comme bien des personnes sans doute, dans ce qui n’était plus tout à fait la nature — car il était difficile de trouver dans les environs de New-York un paysage que l’activité humaine n’eût pas un peu modifié — mais offrait malgré tout au citadin un sentiment d’apaisante étrangeté, un rythme différent, dans lequel paradoxalement la grande vitesse de la moto l’aidait à se plonger.

Ses rêveries qui avaient épousé les variations du paysage furent brutalement ramenées à une réalité plus sensible quand Salem entreprit une manœuvre tout à fait digne de ses propres exactions routières. Un flot d’adrénaline réveilla le corps d’Adam et cette sensation du danger évité de justesse lui procurait un plaisir et une excitation qui n’étaient pas de la première innocence.

Alors, quand ils descendirent de la moto et qu’ils ôtèrent leurs casques, Adam ne fut que très vaguement intéressé par les lointaines gambades de quelques hypothétiques animaux sauvages que cette irruption soudaine dans leur environnement naturel avait de toute façon déjà mis en fuite ; son regard, encore brûlant de l’énergie communiqué par ce moment de risque contrôlé, s’était posé sur Salem, bien plus intéressant vraiment que les daims.

Le jeune homme attrapa son compagnon pour le blouson et l’attira à lui pour l’embrasser peu chastement — mais plus aucun chevreuil ne demeurait à l’horizon pour être traumatisé par cette atteinte à la pudeur. Adam devait bien se l’avouer : être ainsi conduit, à grande vitesse, sur une moto, par un pilote hardi, éveillait en lui un désir certain pour la virilité de son héroïque compagnon — et peu lui importait qu’aux yeux de ses anciens collègues relativement conservateurs une semblable réaction eût sérieusement compromis sa propre virilité.

Après avoir muettement mais très explicitement exposé à son ami tout le bien qu’il passait de sa conduite, Adam consentit à laisser Salem reprendre son souffle. Il recula de quelques pas, laissa échapper un soupir et commenta d’un air rêveur :


— C’était super…

Puis, comme il reprenait lentement contact avec la réalité et que l’excitation du presque-accident retombait, il rougit légèrement de sa réaction un peu vive et détourna le regard pour considérer avec un peu plus de flegme leur point de chute. Il aimait assez ces endroits où l’eau se mêlait aux roches qui se mêlaient aux arbres.

Le jeune homme retira ses chaussures, ses chaussettes et, progressant d’abord précautionneusement puis avec plus d’assurance sur les galets, s’approcha de l’eau et y trempa un pied inquisiteur. Elle était un peu fraîche, sans doute — ce n’était pas la mer et ses courants chauds — mais pour la saison, elle était encore bonne. Mais Adam n’était de toute façon pas très sensible au froid.

Il revint en arrière près de Salem, retira son blouson et sortit du coffre de la moto le sac à dos dans lequel il avait rangé les victuailles pour le repas du midi. Adam jeta un coup d’œil à sa montre. Il était encore trop tôt (hélas !) pour déjeuner. Abandonnant le sac près de ses chaussures et de son blouson, il désigna d’un geste de tête la moto.


— Ca t’a plu ? Parce que si ça t’intéresse, on peut aussi aller sur des circuits. C’pas super cher et on peut aller beaucoup plus vite.

Entre la philosophie et les sports mécaniques, Adam avait des loisirs bien étrangement agencés — il fallait vraiment songer que tous les deux impliquaient des rapports spécifiques au temps pour comprendre la secrète organisation qui ordonnait ces différentes distractions.

— En tout cas, tu t’débrouilles vachement bien. Très… Précis. Et de bons réflexes. Super viril. Et tout. Hm. Voilà voilà.

Adam avait subtilement glissé une appréciation un peu subjective dans ses louanges plus descriptives — c’était du reste pour lui un moyen de faire prendre conscience à Salem que, dans leur relation, les rôles n’avaient pas à être fixés toujours sur ce que leurs apparences physiques suggéraient au prime abord et que ce n’était pas parce qu’il était plus grand, un peu plus âgé et un peu plus solide qu’il devait nécessairement être toujours… Il ne savait pas trop quoi, d’ailleurs.

Un moyen comme un autre de préparer, lentement mais sûrement, des soirées un peu moins embarrassées.
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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Re: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptyDim 28 Oct - 12:03

Comme souvent, Salem n'analysa la situation qu'à posteriori, moteur coupé et casque dans les mains son esprit laissa de côté les distances et les vitesses pour raisonner plus concrètement, et il en conclut rapidement qu'il s'en était fallu de peu pour qu'ils se tuent tous les deux. C'était toujours comme ça, dans ses calculs, tout était facile, il savait quoi faire et quand le faire pour atteindre son objectif, et dans l'action il agissait comme par réflexe, prit d'une inspiration. Mais si Salem se retrouvait régulièrement à l’hôpital c'est bien parce que la réalité n'est pas aussi droite et immuable qu'une équation, la catastrophe l'attendait au moindre imprévu et il devait d'être encore entier aujourd'hui autant à ses réflexes hors-norme qu'à sa chance.

Cependant plus que le sentiment d'avoir frôlé la mort, ce fut la crainte d'effrayer Adam, de passer pour fou dangereux, qui le prit. Après tout son compagnon n'avait rien demandé, il venait de le mettre en danger de façon totalement irréfléchi et s'en voulait pour ça. Heureusement, Adam le rassura très vite, et de la meilleure des manières. D'abord surprit par ce baiser – il se serait plus attendu à des reproches après un coup d'éclat pareil – Salem ne tarda à se laisser aller, il se rendit compte de l'assurance qu'il gagnait un peu à chacun de leurs rapprochements. Ses hésitations laissaient peu à peu la place à la même spontanéité qui l'avait l'instant d'avant fait passer devant un 35 tonnes.

Salem regarda le sac de nourriture avec une lueur d'envie, il se serait bien jeté dessus tout de suite mais visiblement pour Adam ce n'était pas encore l'heure, tant pis. Son ami détourna de toute façon bien vite son attention en parlant de moto. La mécanique et les comics le passionnaient vraiment, mais l'avantage de la mécanique c'est qu'Adam y connaissait quelque chose, et était aussi hardi que lui sur la route.

« Plus vite ? Ce serait trop bien ! Mais le mieux ce serait de pouvoir faire une course, sûr, je te bats. »

Salem n'était pas très modeste comme à son habitude, et n'ayant vu la conduite d'Adam qu'en ville, où sa marge de manœuvre se trouvait forcément limitée, il ne pouvait pas vraiment juger sa conduite. Alors, par défaut, il préférait se dire qu'il était le meilleur en attendant qu'on lui prouve le contraire, et ce n'est pas l'analyse très partiale de ses capacités qui suivit qui l'aidera à changer d'opinion. Viril ? Salem ne put s'empêcher de sourire un peu bêtement, on ne lui avait jamais dit une chose pareille, ça flattait son ego plus que n'importe quel autre compliment.

Il enleva son blouson aussi, il faisait bien plus doux que l'impression que Salem avait eu avec la vitesse sur la moto, il vint ensuite près d'Adam pour l'attraper virilement par la taille comme lui-même savait si bien le faire et lui fit une bise dans le cou avant de regarder un peu autour d'eux.

« C'est sympa ici, non ? Je me suis dis que ça te plairait, en tout cas on risque pas d'être dérangé ici je pense. »

Son regard se perdit un peu vers l'étendue d'eau et c'est ce moment-là que choisit son téléphone pour émettre une brève sonnerie, un nouveau message. Salem sortit son téléphone et voyant le nom de l'émetteur – trice – éteignit le portable sans prendre pas la peine de lire le sms.

« Maintenant on ne risque plus d'être dérangé... »

Il resta pensif un instant, avant de regarder successivement les galets et le lac, il ne se souvenait pas être déjà aller dans un endroit pareil, les sorties qu'il avait pu faire dans sa jeunesse s'étaient généralement passées dans des parcs, des zoo, des parcs d’attractions. C'était sympa, mais ça manquait un peu de cabanes dans les arbres et d'autres grandes aventures que les enfants écrivent avec deux bouts de bois et des vieux sacs poubelles. Par chance, Salem avait encore l'excuse de la jeunesse pour lui, il pouvait encore se rattraper un peu.

« Faut que j'essaie un truc. »

Il se rapprocha du lac et ramassa un galet pour le jeter dans l'eau, où il coula à pic. Arf, ce n'était vraiment l'effet attendu, il retenta un lancé plus parallèle à la surface du lac, le caillou partit plus vite, plus loin, et plongea directement une fois l'eau atteinte. Déception, les ricochets, ce n'était pas pour tout de suite.
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptyDim 28 Oct - 18:43

Avec toute sa sagesse précoce et toute son exceptionnelle maturité, Adam n’était pas non plus un exemple en toutes circonstances et sa relation avec le danger était certes loin d’être la plus saine du monde. Ce n’était pas le seul sens de la responsabilité qui le poussait à se plonger dans les quêtes improbables que ses visions ouvraient dans sa vie et Adam aimait la sensation du risque — dans ses veines — dans son ventre — et dans son esprit.

C’était précisément pour ce genre de raisons qu’Adam s’était d’abord demandé s’il était bien la personne la plus indiquée pour servir de tuteur. Sans doute pouvait-il donner à Salem les informations fondamentales sur la vie à New-York : les commerces les moins chers, les raccourcis pour éviter les embouteillages aux heures de pointe et même les horaires les plus indiqués pour visiter paisiblement un grand musée. Mais donner des conseils de vie ne relevait pas vraiment de son domaine.

Et s’il y avait bien une chose qui, plus que le goût du danger encore, entamait le sang-froid d’Adam et mettait à mal sa lucidité, c’était les jolis garçons. En la matière, sa capacité à prendre du recul était à peu près équivalente à celle d’une jeune midinette devant son idole de la chanson et il n’y avait guère que sa timidité maladive qui l’empêchait de s’exposer à de nouvelles complications pour un bon sourire.

Alors quand il avait tout près de lui un joli garçon téméraire et que ce joli garçon téméraire ne lui paraissait pas une île où il n’aborderait jamais, Adam n’était pas exactement en pleine possession de ses moyens — tout du moins ne conservait-il pas systématiquement son flegme de stoïcien. Oui, Salem était viril — il avait conduit courageusement sa moto — il travaillait dans un garage — dans son bleu, le corps en sueur, les mains pleines d’huile, la sueur sur le front — et…

Pris par la taille, Adam se sentait fondre. Le lac, les rochers qui en bordaient la rive, la forêt qui s’étendait sur le flanc de la montagne, tout cela avait soudainement bien moins d’importance que les entreprenantes initiatives de Salem. Si ses compliments faisaient un tel effet à son compagnon, il songerait à l’avenir à en faire plus du même genre — se disait-il du fond de son plaisir, en tendant le cou pour mieux recevoir le baiser.

Les mains posées sur le torse de Salem, Adam hocha la tête.


— C’est sympa. Là-bas, y a plein d’familles, le dimanche. Qui viennent avec les enfants, et tout… Ils arrêtent pas d’crier et…

Il haussa les épaules et conclut :

— J’aime pas trop les enfants.

Il était en effet assez difficile de s’imaginer Adam entourer d’une foule d’enfants et il y avait fort à parier que son flegme eût été mis à rude épreuve dans une semblable situation. Le jeune homme aimait être entouré de personnes raisonnables ou, tout du moins, de gens qu’il n’était pas nécessaire de ménager en permanence, qu’il ne fallait pas attendre et auxquels il n’y avait rien à expliquer — bref, les enfants représentaient un peu, à ses yeux, l’enfer venu sur Terre.

L’Asiatique allait rajouter quelques observations un peu équivoques sur la solitude qu’ils allaient partager à l’abri des regards quand le téléphone de son cadet vint interrompre cette idyllique et prometteuse conversation. Adam esquissa une moue légèrement contrariée et jeta un coup d’œil, machinalement, au téléphone que son compagnon sortait de sa poche. Jenny. Comment ça, Jenny ? Un dimanche, il n’y avait que les mères qui fussent autorisées à appeler. Et Adam était prêt à mettre sa main à couper que la mère de Salem ne s’appelait pas Jenny.

Une sensation désagréable s’insinua dans son esprit — une sensation étrange, où se mêlaient jalousie et intuition. Etait-ce la première qui naissait de la seconde, et y avait-il quelque vérité future ou passée, pressentie, qui justifiait ce sentiment ? Ou bien se méfiait-il simplement sans aucune raison, comme il lui arrivait parfois, lui qui se sentait perpétuellement menacé par les charmes des autres (tous les autres), nécessairement plus appréciables que les siens ?

Sans rien laisser paraître — ou plutôt, en tentant de ne rien laisser paraître, parce qu’il n’était tout de même pas un très grand comédien — Adam laissa Salem se détacher de lui (ou bien était-ce qu’il prenait la fuite ?) et aller s’essayer aux ricochets. Il suivit du regard l’adolescent, puis la pierre qui s’enfonçait dans l’eau. Secouant la tête pour rejeter loin de lui des imaginations funestes et probablement sans fondement, Adam s’approcha à son tour de la rive.

Pendant quelques secondes, il examina scrupuleusement les galets à ses pieds, en tentant de se souvenir des conseils que son grand frère lui avait jadis donné en la matière. Ayant choisi quelques pierres plates, d’un geste ample du poignet, il en envoya une qui tomba sans plus de succès que celle de Salem dans le fond du lac. Un peu vexé dans sa fierté, le jeune homme reconnut à contrecoeur :


— Bon, j’ai jamais été très doué à ça…

Probablement que Jenny l’était plus. Adam avait tout de même un peu envie de savoir. Après tout, Salem ne lui avait rien dit, ou presque — sur ses amis, sur son ancienne vie, sur sa nouvelle vie, même. Il ignorait tout des fréquentations de son nouveau compagnon, il ignorait tout de ces innombrables jolies jeunes filles avec lesquelles Salem n’avait très probablement aucun problème pour passer à l’acte.

Un peu honteux de nourrir des pensées si futiles et si injustifiées, Adam s’essaya à une seconde tentative, un peu plus prometteuse que la première : quelques rebonds plus loin, la pierre retomba dans le lac.


— J’crois qu’il faut… Lancer la pierre plus ou moins parallèlement à la surface du lac. Mon frère faisait ça très bien quand on était petits. Mais j’écoutais pas trop les explications. ‘Faut dire que j’étais infernal à l’époque.

Nouvelle évocation de son passé turbulent qui paraissait désormais, quand on observait son calme souvent olympien, un peu improbable — mais il suffisait de songer à sa passion des sensations fortes pour deviner que cette époque de son existence n’était pas tout à fait révolue. Preuve cependant que ces explications du passé n’avaient pas été infructueuses, de nouveaux essais se soldèrent encore par quelques rebonds.

Et, en se livrant à cette activité qui n’exigeait pas qu’il affrontât le regard de son compagnon, Adam, très subtilement, entreprit une petite enquête :


— Et, hm… Sinon… T’as gardé des contacts avec les gens de Boston ? Et hm… Tu me présenteras tes amis, ici ?

Oui parce que bon — ils n’allaient pas rester éternellement en tête en tête. Adam avait envie de découvrir l’univers de son compagnon — et de compter le nombre de jolies blondes. On n’était jamais trop prudent.

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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Re: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptyLun 29 Oct - 16:19

Salem regarda le lancer d'Adam et fut rassuré de voir qu'il n'y avait pas que lui qui avait des soucis avec les ricochets. Il écouta les conseils, tenta d'imaginer son ami en enfant turbulent, ce qui était quand même un peu surréaliste de son point de vue. Lui avait été très turbulent, infernal, Adam aurait-il pu être pire que lui ? Ça lui paraissait vraiment difficile, mais il ne pouvait pas totalement rejeter cette possibilité, Adam lui avait montré à plusieurs reprises que chez lui les apparences étaient vraiment trompeuses.

N'en déplaise à son ego, Adam réussit à faire des rebonds bien avant lui, Salem se mit à l'observer pour tenter de comprendre sa technique. Mais même comme ça il n'y arrivait pas, quelque chose clochait, peut-être qu'il n'avait pas les bons cailloux et que cela irait mieux s'il piquait ceux d'Adam. Enfin, ce problème lui apparut vite très secondaire quand il vit que son compagnon avait l'air un peu... perturbé ? Sa question le fit immédiatement penser à Jenny, une inquiétude le prit, pourquoi parler de ça, subitement ? Est-ce que ça avait quelque chose à voir avec le sms qu'il avait reçu. Peut-être qu'avec son pouvoir il avait pu percevoir quelque chose, après tout c'était comme ça que ce passait, une scène du présent pouvait en appeler une semblable du futur ou du passé, il comprenait le concept puisque son esprit avait aussi cette façon de fonctionner. Si Adam apprenait l'existence de Jenny, il n'était pas impossible qu'il apprenne des choses qu'il ne devrait pas.

Ce raisonnement eut au moins le mérite de lui faire prendre conscience qu'il faisait quelque chose de mal, s'il n'avait rien à se reprocher il ne ressentirait pas ce besoin de se cacher. Ses réflexions avaient rendu Salem muet, après avoir entendu la question il s'était mit à triturer ses cailloux, l'air mi-pensif, mi-inquiet, il se décida finalement à ouvrir la bouche.

« Pour l'instant j'ai plus d'amis à Boston qu'ici, mais je pense surtout à ma mère, j'lai pas appelé depuis un moment alors elle va sûrement le faire et j'aime pas lui cacher des trucs. Tu crois que je peux lui dire que je suis mu... tant ? »

Mutant et gay, ça commençait à faire, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il valait mieux qu'elle ne le sache pas, il n'avait pas vraiment peur d'être mal jugé car elle s'était toujours montré très ouverte, mais sa mutation la ferait sans doute beaucoup s'inquiéter. D'un autre coté, comme il venait de le dire, il n'aimait pas lui cacher des choses, et même il n'y arrivait pas et finissait toujours par lui confier tous ses secrets, c'était plus fort que lui. Pour cette raison il était d'ailleurs presque sûr que sa mère avait au moins quelques doutes sur sa véritable sexualité.

« Et puis... Avant de venir, j'étais avec une fille, juste avant. »

Ils ne s'étaient pas dit adieu, Salem avait beau chercher. Ce n'était pas qu'il avait manqué de courage, ça n'aurait pas été la première fois et en plus il aurait eu une raison valable de la quitter, pour une fois. Il ne lui avait pas dit adieu parce qu'il n'en avait pas eu envie, sur le moment, tourner le dos à sa ville natale, à ses amis, à elle, ça lui paraissait impossible. C'était sans doute très gamin de sa part, vouloir partir sans rien perdre, mais il ne pouvait pas se défaire de son passé si facilement. Et il ne pouvait pas nier s'être attaché à Jenny, aussi, et jeter tout ce qu'ils avaient vécu par les fenêtre. Même si par son attitude il les trahissait, elle et Adam.

« Je suis pas amoureux d'elle, j'te le promet. Mais faut que je lui parle de toi, qu'on mette les choses au clair. »

Il n'osa pas dire qu'ils n'étaient pas encore séparés, qu'elle faisait tout pour garder le contact, qu'elle tentait de savoir s'il avait croisé de jolies filles, ou disait en plaisantant qu'elle viendrait le rejoindre.
En tout cas après ça il n'était plus vraiment d'humeur à jouer avec des cailloux, il laissa tomber les siens, se demandant déjà comment il allait pouvoir parler de ça à la demoiselle et quelle serait sa réaction.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptyLun 29 Oct - 16:49

[justify]Tous les ricochets d’Adam étaient loin d’être accomplis et le jeune homme ne pouvait que constater, une fois de plus, la maîtrise supérieure de son frère dans le domaine. Il y avait décidément des petites choses qui lui échappaient dans la vie et, en observant le lac et un nouveau caillou qui s’y enfonçait mollement sans plus de succès que les deux précédents, il ne put s’empêcher de songer que ces rebonds maladroits étaient une métaphore un peu cruelle de son existence, faite de succès très ponctuels et d’échecs presque constants.

Déjà, d’ailleurs, il se reprochait sa question — indiscrète et prématurée. Sur la foi d’une très vague intuition qui ne tenait peut-être que de la jalousie, il se permettait d’enquêter sur la vie de Salem. Certes, il n’avait pas été très envahissant ni très précis dans ses interrogations, mais il détestait sentir poindre en lui ce genre d’inquiétudes, à la fois parce qu’elles l’exposaient dans toute sa fragilité et parce qu’il ne les trouvait pas très noble.

D’un autre côté, il avait envie, en effet, de rencontrer les amis de son nouveau compagnon. Adam n’était peut-être pas très ni diplomate ni très facile à suivre, mais il n’en demeurait pas moins un jeune homme fort sociable, toujours curieux de nouvelles rencontres et de nouveaux échanges. Son carnet d’adresses interminable témoignait assez qu’il n’appréciait la solitude que lorsqu’il avait des choses fort sérieuses à accomplir.

Et lui aussi appelait régulièrement sa maman — ou sa maman l’appelait. Madame Tenseï gardait sur sa progéniture un œil protecteur et un peu méfiant auquel il était bien difficile de se soustraire et, quoiqu’Adam n’eût pas tout à fait tort quand il décrivait les rapports compliqués souvent qui le liait à ses parents, il ne pouvait nier que l’affection que les deux lui portaient étaient sincères — et parfois peut-être un peu étouffantes.

Les questions que Salem se posaient, il les avait affrontées avec lui et, malgré son expérience, n’avait pas trouvé de réponse simple. Il préparait donc la version longue et compliquée qui explorait les différents avantages et les différents inconvénients de cette révélation très particulière qui consistait à dire à ses parents qu’on faisait léviter des voitures ou que l’on prévoyait l’avenir, quand un vent glacial se mit à souffler dans la conversation.

Salem avait beau éviter de présenter l’affaire Jenny trop à son désavantage, il était difficile de mentir à un esprit un peu soupçonneux et presque impossible de berner Adam Tenseï. L’Asiatique comprenait très bien ce que ce « juste avant » signifiait, il l’associait sans peine à « plus d’amis à Boston qu’ici » et à l’impression générale que Salem lui avait déjà confessée de se sentir encore un peu un étranger à New York.

Il n’était pas besoin d’être un devin pour comprendre que les attachements de Salem avec la mystérieuse jeune fille, qui probablement était la même qui venait de l’appeler, étaient plus étroits qu’il ne voulait bien l’avouer et le sensible embarras dont les gestes de l’adolescent témoignaient sous le regard exercé d’Adam trahissait ce que ses déclarations avaient cherché à taire.

Or, s’il y avait bien une valeur avec laquelle le jeune homme ne transigeait jamais, c’était l’honnêteté. Certes, il ne transigeait pas souvent et sa morale n’était pas réputée pour être particulièrement souple. Mais s’il avait su que Salem avait encore d’autres engagements, même à des kilomètres et des kilomètres de là, Adam n’eût probablement pas dépassé le stade du baiser — et encore, du baiser chaste et retenu, en attendant précisément que les choses se missent au clair.

Et si, en toute objectivité, Adam devait bien reconnaître qu’il n’avait jamais été entre eux, jusqu’à présent, explicitement question d’exclusivité, il ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu trahi. Un sentiment qu’il rendit très sensible par un long, long silence glaçant, les yeux fixés sur le lac.

C’était qu’Adam n’avait pas de ces colères soudaines et vives quand les choses le touchaient de trop près ; il s’emportait pour des questions politiques, mais pas pour des affaires privées. Dans ces circonstances, il adoptait malgré lui l’un de ces calmes intimidants qui glacent le sang — ses anciennes barrières se relevaient une à une et les temps de la complicité idyllique lui paraissaient brutalement révolus, qui étaient pourtant si récents.

Finalement, il lâcha :


— Je vois…

Il regarda un instant les cailloux dans ses mains, avant de les lâcher sur les galets, de frotter les deux mains l’une contre l’autre et de les enfoncer dans ses poches. D’un ton distant et qui faisait tous les efforts possibles pour être neutre, toujours sans fixer son regard noir, redevenu aussi lointain qu’au premier jour, ailleurs que sur le lac, il reprit :

— Tu devrais parler à ta mère de la mutation. Ce sera difficile à faire comprendre, mais c’est nécessaire. L’honnêteté est de toute façon toujours la meilleure solution avec les gens que l’on veut garder proches.

Sans laisser à cette dernière remarque lourde d’implicite le temps de se graver dans le silence, Adam poursuivit :

— Il faut expliquer calmement, mais ça lui permettra de mieux comprendre si un jour il se passe un truc. C’est désagréable sur le moment, mais c’est mieux pour tout le monde après. Et puis, des fois, ça peut éclairer le passé. Généralement, les mutants n’ont pas une adolescence très simple et certains parents… Se font des reproches, disons. Bref, je crois que c’est mieux de le dire, si tu t’entends bien avec elle.

Adam détacha son regard du lac, qui avait de toute façon perdu tout intérêt : sa seule envie était de rentrer à l’Institut, seul dans sa chambre, d’ouvrir n’importe quel livre et de penser à toute autre chose pour les heures à venir. Alors il interrogea :

— Bon… On rentre ?
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem)   Unquiet slumbers for the sleepers in that quiet earth (Salem) EmptyLun 29 Oct - 19:57

Le silence qui suivit sa déclaration plongea Salem dans une angoisse sourde, il était en train de le perdre, de tout perdre. Il se sentit soudain complètement vide, la seule préoccupation qui lui restait était de savoir comment il aurait pu éviter ça. En la quitta avant de venir, même sans savoir ce qui l'attendait ? Sans doute, il avait été immature. La réflexion sur l’honnêteté le poignarda, il resta là sans rien dire, regardant Adam se comporter comme un étranger sans se trouver d'excuses. La jeunesse, la nouveauté de ce genre de relations pour lui ne suffisait pas à expliquer la succession d'erreurs qu'il avait trouvé le moyen de faire en quelques jours à peine. Il se sentait misérable.

Il resta silencieux un moment à la question d'Adam, d'un coté il voulait que le malaise s'arrête, et rentrer chacun chez soi était sans doute la meilleure solution pour ça, d'un autre il était persuadé que s'il partait maintenant, il ne le reverrait jamais. Et aussi bas qu'ils puissent être tombés, Salem ne pouvait s'empêcher de se raccrocher encore à lui. Il ne voulait pas que ça s'arrête.

« Y'a un arrêt de bus à 764... heu, 'fin, je me débrouillerais quoi, fais comme tu le sens. »

Après avoir jeté un dernier coup d’œil à Adam, puis à la moto qu'il n'allait sans doute pas tarder à prendre, il ajouta d'une petite voix.

« Je t'aime, je te le jure, je sais que j'ai vraiment merdé mais je mentais pas... »

Salem avait l'impression de s'enfoncer, mais il ne pouvait pas au moins essayer d'arranger les choses, pour peu qu'il reste encore quelque chose à arranger. Cependant sa voix devenue soudain suppliante, et cette impression d'être devenu exactement le portrait de ses exs quand il les planquait le dissuada de poursuivre. Il se détestait, il aurait tellement voulu faire une crise, là maintenant, tomber dans le coma, peut-être qu'en se réveillant les choses iraient mieux. Puisqu'il ne lui restait rien d'autre il essaya de se passer les moments qu'ils avaient partagés tous les deux, à toute vitesse. Tout ce qu'il gagna fut de se faire monter les larmes aux yeux.

Impuissant, il laissa son Adam ranger ses affaires et filer, lui n'avait de toute façon pas envie de rentrer chez lui, revoir son studio plein de souvenirs encore chauds, non merci. Il retint ses larmes jusqu'à ce qu'il ait disparu, et subit peu après le contrecoup de l'utilisation forcée de son pouvoir, une douleur qui lui vint des tempes et irradia dans tout son crâne. Bien fait.

[Désolé d'avoir un peu joué ton perso, c'est pour poursuivre >> ICI << j'espère que ça te va !]
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