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 La toile de son cerveau (Quentin)

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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyDim 19 Aoû - 21:32

La popularité d’Adam Tenseï auprès du personnel de l’Institut était, en règle générale, en raison inverse de celle dont il jouissait auprès de ses petits camarades. Il était difficile pour certains professeurs de ne pas se sentir parfois un peu agacés par un potentiel gâché — du moins l’était-il à leur humble avis — qu’il fût question de la mutation du jeune homme ou de ses capacités intellectuelles.

Certains avaient essayé d’abord de réformer une existence tourbillonnante et insaisissable et la plupart de ceux-là avaient abandonné au bout de quelques mots, se contentant de mettre à profit les heures inespérées où le jeune homme se présentait spontanément, quoiqu’il ne semblât le faire que comme un touriste venu visiter un monument, sans jamais chercher de conseils bien précis.

Mais il y en avait encore qui ne perdaient pas tout à fait espoir, soit qu’ils ne se laissassent pas abuser par les airs dissipés de l’inépuisable tornade, soit qu’ils fussent endurcis par la fréquentation de cas finalement bien plus difficiles que ne pouvait l’être un garçon dans la force de l’âge et de son insouciance. Parmi ce dernier carré se trouvait l’infirmière de l’Institut.

Sans doute les fréquentes visites que lui rendait bien malgré lui l’Asiatique nourrissaient-elles ses velléités protectrices et il fallait avouer que si le jeune homme acquérait chaque jour, quoique avec une certaine lenteur, une maîtrise de plus en plus certaine sur ses capacités, les conséquences douloureuses de ses visions ne paraissaient pas devoir diminuer au fil de son apprentissage.

Elle avait appris à le connaître, donc, de visite en visite, de blessure en blessure, de médicament en médicament. Elle avait senti tout ce que son sourire, son flot de paroles, ses histoires farfelues et ses aventures merveilleuses pouvaient dissimuler de tours et détours obscurs et quel inextricable labyrinthe son esprit dissimulait derrière des airs d’aimable distraction.

Mais toutes ces tentatives pour percer les défenses du jeune homme s’étaient révélées infructueuses et elle avait dû se rendre à l’évidence : il fallait plus que de l’intuition pour le convaincre de se livrer. Parfois, elle se laissait encore abuser d’ailleurs, et quand elle le voyait repartir bon pied bon œil, elle songeait que ses masques ne dissimulaient rien de bien terrible, qu’il était simplement un jeune homme un peu pudique, peu disposé à parler de lui-même avec sincérité.

Ce soir-là cependant, alors qu’elle vérifiait, dans une visite de routine, sa tension, son rythme cardiaque, les ondes de son cerveau, alors qu’elle posait de menues questions, anodines, elle avait senti poindre au recoin de ses yeux des larmes retenues et elle s’était souvenue de toutes les autres fois où elle l’avait aperçu épuisé, travaillé par son pouvoir ou quelque sombre rumination, fébrile plutôt qu’énergique et lointain plutôt que distrait.

Alors quand il était parti vaquer à elle-ne-savait-trop quelles occupations, elle avait hésité quelques instants, repoussé l’idée d’appeler le psychologue, auquel elle savait pertinemment que jamais le jeune homme ne se confierait, pour appeler un adulte dont l’intervention serait moins formelle, mais peut-être tout aussi salvatrice.

***

Ce jour-là, vers trois heures de l’après-midi, Adam se promenait d’un pas lent autour du lac, les yeux rivés sur la surface de l’eau qu’une brise légère, mais chaude, agitait continuellement de légères ondulations. Les mains dans les poches de son jean, les cheveux noirs flottant dans le vent, le jeune homme eut sans doute suscité l’attention de celles qui rêvaient de poète mélancolique s’il ne s’était employé depuis des mois à éteindre (sans y songer tout à fait du reste) ce genre d’ardeurs chez la gente féminine — chez n’importe qui, en réalité.

De temps à autre il croisait d’autres promeneurs sur le bord du lac, des élèves qui se baignaient, des couples assis dans un recoin de la rive, presque dissimulés par un buisson, de loin en loin, mais l’essentiel de son parcours répété le portait loin de ces rares camarades, dans la solitude où il se sentait plus à l’aise pour rouler ses pénibles pensées.

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Quentin Quire

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMar 21 Aoû - 19:49


    Quentin commençait à avoir ses marques à l’institut, des collègues à qui il parlait régulièrement, des habitudes qui avaient pris leur importance dans son quotidien. Les cours, les entraînements en salle des dangers – il fallait bien garder la forme – ses rendez-vous avec Jonathan… non, ce n’est pas ce que vous croyez, le pauvre homme a juste besoin d’aide. D’ailleurs, le télépathe n’était pas loin de le convaincre à aller voir quelqu’un d’autre pour parler… un professionnel qui saura certainement mieux le conseiller que lui, quoiqu’il ne s’en sortait pas trop mal, à son humble avis. Mais avec ces choses là, il valait mieux rester prudent. D’ailleurs, dans ce registre, une mission délicate venait de lui être confiée.

    Alors qu’il lisait tranquillement en salle des profs un livre de Fitzgerald, avec pour seule compagnie sa tasse de thé, Quentin fut interrompu par l’infirmière de l’institut. Une jeune femme qu’il ne connaissait pas vraiment car elle n’était pas là « à son époque » mais qui s’était présentée à lui lors de sa première semaine à l’institut et qui lui avait semblée charmante, et surtout, parfaite pour le poste. L’infirmière était venue à lui avec une requête. Elle avait entendue parler de lui – jusque là, pas de surprise, dans une école, impossible de passer à travers les conversations de couloirs même pour les profs – et des ses centres d’intérêt, plus particulièrement, la psychanalyse. De fait, elle lui demanda s’il était d’accord pour discuter avec un élève qui, selon elle, avait des problèmes. Sans rien lui promettre, car il n’était pas un expert, mais désireux d’aider (depuis le départ, il avait prévu de faire quelque chose comme cela avec les élèves, il aurait juste aimé avoir un peu plus de temps pour peaufiner ses acquis) il accepta de lui donner un coup de main.

    Elle le mit donc au parfum et lui parla d’Adam, le garçon aux prémonitions, un pouvoir qui, d’après elle, était difficile à porter pour le jeune homme, d’autant plus que ce dernier avait une personnalité qui ne rendait pas la chose plus facile à gérer. Un « cas » aux possibilités très ouvertes et qui ouvrait sur beaucoup de choses complexes, avec ça, il faudra s’y prendre avec des pincettes, d’autant plus que l’infirmière lui avoua que le jeune homme se dérobait à chaque fois qu’elle tentait d’aborder le sujet. Et de manière générale, Adam lui semblait beaucoup trop renfermé, et cela n’était pas dû à une « banale » crise d’adolescence. Comprenant donc qu’il risquait pire à ne rien faire qu’à faire quelque chose, Quentin décida d’aller parler à l’adolescent demain, le temps de réfléchir un minimum pour savoir comment faire.

    ***

    Le jeune homme, sa cible, se trouvait au lac, profitant de la belle météo pour s’y ressourcer, bien à l’écart des autres. Pas de surprise.

    Vêtu d’un pantalon en toile et d’une chemise blanche aux manches retroussées, Quentin l’observait de loin et réfléchissait. Mais plus il y pensait, moins il était convaincue qu’une approche calculée était la bonne stratégie à avoir. Adam semblait être un jeune homme raisonnable et son âge ainsi que son travail laissaient penser que c’était bien le cas. Et puis, ayant passé une bonne partie de sa soirée à étudier des cas adolescents (y compris ceux que l’ont pouvait retrouver dans des films ou séries) il était persuadé que l’honnêteté, et le fait de jouer cartes sur table ne pourraient que l’aider. Il hésita encore un peu avant de se lancer, sortant les mains des poches, il alla à l’encontre du jeune mutant.

    – Bonjour Adam.

    Advienne que pourra. Au pire il userait de son autorité de pedagogue pour établir le dialogue, ce n’était pas la technique la plus efficace pour établir un climat de confiance, mais s’il le fallait, il n’hésiterait pas. Mais en attendant ; la méthode douce accopagnée par un brin de curiosité personnalisé par une petite experience qui lui permettrait d'avoir une idée précise du fonctionnement des pouvoirs prémonitoires du garçon.


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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMar 21 Aoû - 23:31

Adam n’avait pas l’habitude de se laisser ainsi aller à de mélancoliques errances et, bien souvent, lorsqu’il sentait poindre en lui la première sensation de tristesse, il s’occupait plus encore qu’à l’ordinaire, se lançait dans plus d’aventures, rendait plus de visites, voyageait plus loin, jusqu’à ce que le monde extérieur l’accaparât si complètement qu’il pût en oublier ce qui le faisait souffrir.

Bien sûr, depuis son arrivée à l’Institut, les choses avaient été un peu différentes. D’une certaine façon, il se trouvait moins libre au sein de ces murs protecteurs qu’il ne l’avait été pendant les premiers mois de son âge adulte. Ce n’était pas que l’on contraignît à faire quoi que ce fût, mais il se sentait plus attaché à son existence, puisqu’elle était moins incertaine, et il trouvait plus difficile de ne pas s’abandonner parfois à ses pensées.

Ce jour-là, elles étaient nombreuses qui se bousculaient dans son esprit, des petites comme d’importantes, certaines qu’il regardait avec un certain agacement, parce qu’il lui déplaisait d’être tourmenté par des choses qu’il trouvait si futile, d’autres qu’il n’envisageait jamais qu’avec gravité et qui étaient l’objet de bien des préoccupations. Ce n’était pas un problème précis qui le rendait ainsi songeur, mais la foule des petites contrariétés et des grands désespoirs.

Il y avait les visions qui se pressaient en lui et qu’il ne parvenait toujours pas à maîtriser. Certes, il s’en relevait plus rapidement que dans sa jeunesse, mais il avait un temps vécu dans l’illusion que quelques semaines passées à l’Institut feraient naître en lui les mêmes progrès fulgurants qu’il avait pu parfois observer chez certains de ses camarades — il était là depuis bien des mois et ses avancées n’étaient pas aussi sensibles.

Le futur et le passé continuaient chaque jour à déverser dans son esprit, sans qu’il pût exercer sur eux le moindre contrôle, le flot de leurs horreurs innommables, et quand il parvenait à ne pas se laisser atteindre par les spectacles souvent hideux qui se tordaient dans ces songes vivides et éveillés, il se reprochait précisément cette insensibilité qui le protégeait.

Il y avait encore sa carrière sportive qui lui manquait, quoiqu’il ne formât pas de regrets des décisions qu’il avait prises alors, car son sens de la morale ne pouvait pas trouver désirable les compromis qui en eussent permis la continuation ; mais les compétitions, le public, les affrontements réglés par la beauté du sport, en disparaissant, avaient laissé un vide dans son existence.

Il y avait l’ennui aussi, qu’il fuyait autant qu’il lui était possible, et sans doute son existence si particulière lui apportait des armes considérables contre ce mal si redoutable aux esprits vifs et pénétrants comme le sien ; mais il ne lui était pas toujours possible de s’en prémunir et, parfois, Adam ne pouvait s’empêcher de trouver le monde trop simple et trop fade.

Il y avait les garçons enfin : pas un qui ne se fût glissé dans ses bras depuis bien des mois désormais et, beaucoup trop timide par aller chasser une fugitive compagnie dans les boîtes de nuit ou les bars, beaucoup trop romantique aussi, Adam n’avait pas même la consolation d’une rencontre éphémère et anonyme.

Chacun de ces problèmes lui paraissait inextricable et tous ajoutaient à sa passagère mélancolie. C’était ces pensées qu’il remuait en s’arrêtant parfois, les yeux noirs perdus sur la surface du lac, avant de reprendre sa marche, mais il y songeait sans vraiment réfléchir, sans former des projets ni chercher des solutions, trop habitué à ne résoudre que les problèmes des autres tandis qu’il enfouissait les siens au fond de son esprit.

Cette rumination l’absorbait tant qu’il ne vit pas d’abord Quentin qui s’approchait et quand l’homme se présenta à lui, le regard du jeune adulte mit quelques secondes à le reconnaître tout à fait — c’était que, au contraire de bien de ses camarades, Adam n’avait pas souhaité suivre les cours de l’Institut et ainsi n’en connaissait-il pas si bien les professeurs.


— Bonjour.

D’un regard circulaire, Adam considéra son environnement immédiat, l’endroit d’où était venu Quentin et la conclusion que c’était précisément lui que le professeur avait cherché ici, vers lui qu’il était venu, et sans doute avec un dessein précis, s’imposa dans son esprit alerte. Ce fut donc plutôt comme une constatation qu’une question qu’il commenta :

— Vous me cherchez.

Il n’était pas sûr d’en pouvoir bien deviner la raison. Si ses souvenirs étaient fidèles, il n’avait jamais échangé avec Quentin que de vagues civilités, au hasard des couloirs ou des conversations de groupe et, en dehors de la matière que le professeur enseignait, Adam ne savait rien de très précis sur l’homme. Ce qu’il pouvait bien lui vouloir demeurait un mystère.

Cependant, l’Asiatique n’était guère doué pour les banalités et les courtoisies formelles mais nécessaires de la vie sociale, de sorte que cette situation inattendue le mettait un peu mal à l’aise. D’ordinaire, sa volubilité habituelle eût pris le dessus de l’inconfort pour s’emparer de la conversation, mais son tempérament énergique était sérieusement entamé par les nuages qui obscurcissaient son humeur.

D’un regard inquisiteur plus ou moins poli, il sonda celui de son interlocuteur.


— J’peux vous aider ?

Mais à vrai dire, à moins que le professeur de littérature eût soudain besoin d’un cours express de boxe thaïlandaise ou d’une assistance pour des réparations mécaniques sur sa voiture, Adam n’était pas certain d’être d’un très grand secours.
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMer 22 Aoû - 20:04


    Bien qu’il avait l’air de démarrer sans le moindre plan, Quentin en avait pourtant bel et bien un. En fait il en avait plusieurs, plusieurs techniques d’approches avaient été envisagées. Ce simple salut n’en faisait pas partie, mais servirait de clé afin d’ouvrir celle qu’il allait utiliser par la suite. Tout dépendait donc d’Adam et de la façon dont ce dernier allait lui répondre. Tout ce que l’X-man avait donc à faire, c’était d’écouter et d’analyser. En particulier ici car il ne connaissait pas vraiment Adam. Certes il l’avait vu au détour de certains couloirs et avait échangé quelques brefs mots mais jamais ils ne s’étaient retrouvés dans la même salle, pour un cours ou autre. De fait, l’enseignant ne savait du garçon que ce qu’il avait lu dans son dossier. Ainsi, il fallait être méthodique.

    1. « Bonjour »
    Simple. La politesse était donc importante pour le jeune homme, mais sans plus. En fait, à part montrer qu’il était bien élevé, ce mot n’en indiquait guère plus. D’autant que cette sobriété pouvait être influencée par l’état émotionnel du jeune mutant. Autrement dit, son humeur du moment. Le télépathe répondit par un simple sourire et attendit la suite.

    2. « Vous me cherchez. »
    La simplicité est toujours de rigueur. Elle montre cette fois un pouvoir de déduction certain, donc une logique à toute épreuve. A moins bien sûr que le pouvoir d’Adam en soit responsable… Aussi, il allait droit au but et ne perdait pas de temps avec les politesses, renforçant ce que sa première phrase avait indiqué sur lui. En guise de réponse cette fois, Quentin eut une formulation sonore qui ne contrastait pas avec l’attitude de son jeune interlocuteur :

    – En effet.

    3. « J’peux vous aider ? »
    Intéressant usage de la contraction et surtout, encore une fois, une formulation directe qui ne débordait pas d’émotion contrairement à la plupart des jeunes gens dits « à problèmes ». Point positif, s’il dressait des protections psychologiques, elles n’étaient pas aussi agressives que ce que les statistiques affirment concernant cette tranche d’âge. Au final, Quentin avait sous les yeux un bel exemple de maturité. Cependant, comme dans beaucoup de cas présentant une sagesse précoce, il y avait des risques, avec elles il fallait plus que jamais ouvrir les yeux. Sans non plus faire preuve de paranoïa.

    Cette fois, c’était au tour de Quentin de s’ouvrir – normal, sinon la conversation serait impossible – et il répondit en gardant sa « stratégie » initiale. Il joua cartes sur table avec pour masque un visage sincèrement bienveillant.

    – Quelqu’un s’inquiète pour toi et m’a demandé d’aller te parler.

    Fidèle à son instinct et aussi, pour être franc, à ses habitudes, Quentin ne mit pas les formes et dit les choses telles qu’il les pensait. En plus, la franchise et l’honnêteté étaient souvent fort appréciées des jeunes. Avec une expression un peu plus sérieuse cette foi – mais pas trop grave pour ne pas effrayer sa cible – il attendit la réaction de son interlocuteur, prêt à attraper au vol la moindre information utile. Encore faudra-t-il qu’il puisse les reconnaître et bien les interpréter. Après avoir attendu pendant une période raisonnable, il ajouta sans insistance :

    – Est-ce que tu es d’accord ?



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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyVen 24 Aoû - 14:55

Machinalement, et comme il en avait l’habitude lorsqu’il parlait avec une personne qu’il ne connaissait que de loin, Adam essayait de se rappeler ce qu’on lui avait dit sur Quentin Quire, mais son indifférence légendaire aux bruits de couloir ne lui laissait pas beaucoup de matériau pour travailler et le jeune homme dut rapidement se rendre à l’évidence : il ne connaissait guère du professeur que son nom, et c’était déjà un petit exploit.

Quoiqu’il se montrât exceptionnellement laconique et que son visage ne fût pas ce jour-là très souriant, Adam ne paraissait pas inaccessible. Sans doute la noirceur naturelle de son regard n’aidait-elle pas à se sentir parfaitement en confiance lorsqu’on l’abordait dans ses moments de mélancolie, mais au moins ne mordait-il pas à la première approche.

Du reste, il faisait tous les efforts du monde pour se montrer sociable même dans ces moments où il n’avait envie que de laisser pendant quelques heures son esprit dériver avant de reprendre le cours de son existence en enterrant ses problèmes dans les profondeurs de son cerveau. Seulement, au meilleur de sa forme, il ne se montrait ni très diplomate, ni très patient et l’absence de ces deux précieuses qualités tendaient à être plus sensibles encore dans ces rares moments de blues.

Fort heureusement, Quentin adoptait la stratégie la plus censée : ne pas tourner autour du pot et ne pas chercher à jouer au plus fin. Il n’y avait aux yeux d’Adam qu’un seul désavantage à cette approche directe : elle le prenait un peu de court. Il ne put réprimer un haussement de sourcils en entendant qu’on s’inquiétait pour lui. Car après tout, n’était-ce pas à lui exclusivement de s’inquiéter pour les autres ?

Selon lui, les personnes susceptibles d’engager ce genre de démarches n’étaient pas très nombreuses. Il fallait d’abord qu’elles pussent percevoir le moindre trouble et, en dehors de Douglas, de l’infirmière, du professeur Livingstone et de ses parents, il ne voyait personne qui pût avoir été ou le spectateur de l’un de ses moments de faiblesses ou assez perspicace pour supposer qu’il eût besoin d’aide.

Il voyait mal ses parents téléphoner à un professeur qu’ils ne connaissaient ni d’Eve ni d’Adam pour exiger qu’il prît soin de leur grand garçon et il imaginait encore moins le professeur Livingstone faire preuve d’une sollicitude aussi humaine. Restaient Douglas, qu’il ne venait que de rencontrer cependant, et l’infirmière. Vraiment, l’infirmière était la seule solution possible.

Adam laissa échapper un peu engageant :


— Ah.

… et s’empressa de contenir la vague d’agacement qu’il sentait monter en lui. S’il eût sans doute été réconforté quoique troublé que d’autres personnes eussent songé à lui trouver du soutien, il n’avait pas pour l’infirmière de l’Institut une aussi grande affection et, quoiqu’il se fût toujours montré civil envers elle, il ne parvenait pas à dissimuler sa froideur à son égard. Il fallait dire qu’elle aimait donner des conseils et qu’Adam détestait en recevoir.

Car l’Asiatique avait beau avoir un esprit particulièrement alerte et une vie d’adulte, il avait beau, même, être assez mature, certains petits détails de son caractère restaient à polir et son indépendance d’esprit oscillait entre la noblesse d’une volonté de fer fidèle à ses opinions et le désespérant entêtement d’un enfant de quatre ans.

Un vague sens des convenances lui permit néanmoins de ne pas envoyer Quentin voir ailleurs s’il y était sous le seul prétexte que le professeur vînt de la part de l’infirmière. Et peut-être le sens des convenances n’était-il pas le seul responsable de cette inattendue courtoisie. Adam avait beau être un jeune homme dans la force de l’âge, il prenait lentement conscience que le temps passait et, en voyant les jeunes gens de son entourage se fiancer, parler de mariages, en voyant la famille de ses frères et sœurs aînés se construire, un sentiment d’urgence un peu troublant naissait en lui.

Or, résoudre ses propres problèmes ne faisait pas partie de ses compétences et un regard extérieur, quelque peu volontiers qu’il l’eût reconnu, ne serait pas sans avantage.

Fort courageusement, Adam hocha donc la tête.

Puis il se sentit un peu stupide.

Qu’était-il au juste censé faire ? Machinalement, il reprit sa marche autour du lac, en compagnie de Quentin. Adam n’avait jamais consulté de psychologues. Ses entretiens avec les conseillers d’orientation, au lycée, n’avaient été qu’houleux. Il n’avait jamais eu de confident non plus. Et cela faisait bien longtemps que personne n’avait plus tenté de lui tirer les vers du nez.


— Elle n’m’a pas envoyé de psychologue. Vous n’êtes pas psychologue. Elle a cru que j’me braquerai ?

C’était à peine une question. Avec une évidente mauvaise foi, Adam ajouta :

– J’suis pas si rétif que ça.

En parlant, ses réflexes reprenaient le dessus : dominer la conversation, porter les questions sur son interlocuteur plutôt que sur lui-même, donner libre cours à son sens de l’observation et à son esprit de la déduction pour mener l’assaut plutôt que pour s’exposer. Cette stratégie était purement inconsciente, mais éprouvée : elle avait protégé Adam, pour son mal autant que pour son bien, de toute inquisition.

Le mutant jeta un coup d’œil en coin à son interlocuteur et, sans lui donner la moindre seconde pour l’interrompre, il enchaîna :


— Mais pourquoi elle vous a appelé vous ? Vous êtes prof’ de lettres, un truc comme ça. Alors du coup… J’suppose que vous donnez pas dans la psychologie comportementale. Un truc avec des mots. Un truc d’interprète.

D’un air presque suspicieux, Adam interrogea :

— Vous aimez Sigmund Freud ? Lacan ? Mélanie Klein ?

Et enfin il se tut, n’espérant qu’à moitié obtenir une réponse à ses questions.

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptySam 25 Aoû - 16:29


    Tandis qu'ils marchaient, Quentin laissa le jeune homme réagir avant de répondre quoique ce soit. Il attendit patiemment en arborant un visage qui devait ressembler à celui que prend Dumbledore pour faire la leçon à Harry. Le télépathe n’intervint qu’après qu’Adam se qualifie de rétif.

    – Je ne suis pas psychologue, et si je me souviens bien, elle m’a juste dit qu’elle pensait que tu ne te confierais pas à elle.

    Bien évidemment, il s’abstint de lui signaler que, par son comportement et ses réactions, Adam montrait justement qu’il était un peu farouche à un tel procédé. Lui qui jusque-là, s’était montré calme commençait à poser des séries de questions et semblait un peu plus dur dans ses propos et actions. Un peu comme si une touche venait d’être pressée. Au lieux donc de faire la moindre remarque sur l’affirmation du jeune mutant, il se contenta d’attendre en gardant un visage neutre. Une manière comme une autre d’ignorer poliment les propos qui venaient d’être tenus. Chose qui arrivait dans les conversations bienséantes lorsque l’un des interlocuteurs avait dit une bêtise, une chose qu’il ne valait mieux pas relever afin de garder le dialogue dans un beau niveau. Cela ne voulait pas dire : oublier. Mais contrairement aux personnes prisent en exemple, Quentin ne s’en servirait pas au détriment d’Adam. Un peu comme un psychologue… en plus doux… l’espérait-il.

    Le jeune homme sembla ensuite passer à un autre angle d’attaque : remettre en question son interlocuteur. Une stratégie qui se retrouvait souvent lorsqu’un ado était confronté à un adulte qui essayait d’établir un dialogue. Avec ses parents, avec les forces de l’ordre, avec les médecins ou autres… Dans les cas les plus extrêmes, un peu avec n’importe qui. Finalement cela pouvait en dire long, mais il était encore trop tôt pour en tirer des conclusions sûres. Pour éviter d’être hasardeux, il mit cette autre information de côté et passa à sa réponse en se montrant le plus direct possible, mais pas trop non plus afin de ne pas le brusquer. En fait la psychologie, c’était comme la chasse… ou la pêche…

    – Parce qu’on ne se connait pas j’imagine. il fit une courte pause comme pour réfléchir avant de laisser un sourire un peu joueur se dessiner sur son visage et d’ajouter sur le ton de l’amusement léger : Tu veux que je t’amène mon cv ?

    Ajouter une touche d’humour était une méthode classique pour établir un bon contact, que ce soit en psychologie ou en échange en société. Et vu que les problèmes d’Adam ne semblaient pas lui empêcher d’apprécier cette technique – du moins sur son profil – il y avait une chance pour que cela fonctionne.

    Adam continua en poursuivant son interrogatoire se qui conforta Quentin et son idée selon laquelle le jeune homme voudrait voir son cv. Le mutant décida de jouer le jeux, après tout c’était le terrain sur lequel se dirigeait le jeune homme de lui-même. Il voulait parler de psychologie. Chance, il en savait un petit peu sur le sujet, alors pourquoi le contredire ? Avec le ton de la conversation, il répondit :

    – Eh bien, je ne suis pas un expert, mais je pense que Freud se concentre un peu trop sur la sexualité, ce qui est un peu réducteur à mon sens. Je ne connais pas trop Lacan, mais je ne suis pas très fan car à chaque fois que je l’ai lu, je me sentais narcissique à l’excès, mais c’est peut-être l’effet voulu… Quant à Klein, je trouve son travail admirable mais j’éviterais tout de même d’étudier son travail si jamais j’ai des enfants… Quentin s’interrompit une nouvelle fois, mais juste pour respirer et ne laissa pas le temps à Adam de répondre quoique ce soit, car c’était à son tour de poser des questions. Et pour ne pas passer du coq à l’âne, il demanda : Et toi ? Tu les as tous lus ? Lequel a ta préférence ?


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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptySam 25 Aoû - 17:20

Adam avait un don certain pour poser toutes sortes de questions plus ou moins inattendues et un don encore plus certain pour ne pas prévoir l’effet qu’elles pouvaient avoir sur ses interlocuteurs. Il fallait dire que ses mentors à l’Institut, Logan et le professeur Livingstone, n’étaient pas exactement les personnes du monde les plus susceptibles de lui inculquer des semblants de diplomatie.

Le jeune homme avait toujours été sidéré de se voir prêter des intentions qui n’étaient pas les siennes, lorsqu’il cherchait simplement à collecter des informations. Que son esprit fût tortueux et parfois (souvent ?) un brin manipulateur, il ne le niait pas, mais le plus souvent ses questions n’avaient guère qu’un seul but : obtenir des réponses. Les faits. Tout simplement.

Alors quand son interlocuteur lui proposa, certes ironiquement, de lui montrer ses qualifications, Adam haussa les sourcils d’un air un peu étonné.


— Euh… Non.

C’était qu’il ne cherchait pas vraiment à s’assurer que Quentin eût les qualifications nécessaires pour accomplir la tâche qu’il se proposait mais tout bonnement à comprendre pourquoi on lui adressait le professeur de littératures plutôt que la cantinière, car Adam était persuadé que l’on pouvait être cantinière et douée d’un sens imparable de la psychologie.

Se rendant qu’une fois de plus, il risquait de froisser un interlocuteur qu’il n’avait aucun dessein de heurter, Adam se promit de garder une partie de ses observations pour lui. Il n’était certes pas la personne la plus facile à approcher, mais il n’en demeurait pas moins reconnaissait de l’intérêt que l’on prenait à son bien-être et des efforts que l’on faisait pour l’assurer — reconnaissant et un peu touché.

Du reste, la réponse de Quentin sur le terrain de la psychanalyse le rassura un peu. S’il y avait bien une chose qu’il n’avait pas envie d’évoquer en long, en large et en travers, c’était la manière dont sa petite enfance avait hypothétiquement modelé sa personnalité présente et combien de petits secrets honteux se cachaient dans les recoins de son inconscient supposé.

Aux questions du professeur, il commença par répondre avec un haussement d’épaules et une sorte de mensonge :


— Un peu.

Il en avait lu plus qu’un peu, mais Adam avait l’habitude de minimiser son savoir, dissimulant soigneusement son intelligence derrière le personnage si pratique du jeune homme simple, avec un emploi simple et des loisirs simples. Bien sûr, cette illusion ne durait jamais au-delà des cinq premières minutes de la conversation, mais il préférait tout de même ne pas étaler la liste de ses lectures.

Il fallait dire que les ouvrages théoriques de tous les domaines étaient la seule forme de lecture qui lui fût encore tout à fait possible. Toutes les fictions étaient gâchées pour lui par son don : les intuitions ne cessaient de se multiplier quant à ce qui devait se produire dans les pages suivantes et, dans le meilleur des cas, elles embrouillaient son esprit, dans le pire elle lui révélait les moments-clés de l’intrigue dès les premières lignes du roman ou de la pièce de théâtre. Et sa sensibilité à la poésie était, elle, plus que limitée.

Mais pour se rattraper de ses questions trop offensives, il souhaitait ne pas opposer à Quentin une réponse trop laconique et donner au professeur l’impression qu’il ne désirait pas entretenir la conversation. Il consentit donc à jeter aux oubliettes le mythe du jeune homme simple et développa son opinion :


— La psychanalyse est à mes yeux une discipline prétentieuse avec une propension coupable à produire des hypothèses scientifiquement invérifiables. Elle se dérobe à toutes les exigences épistémologiques. C’est très bien si on se contente d’analyser des rêves, c’est nettement plus dangereux quand on veut traiter des patients qui ont de vrais problèmes et pas forcément envie d’attendre trente ans de cure pour avoir le début d’une solution.

Sa syntaxe s’était faite naturellement plus fluide et plus élaborée, pour s’adapter à la densité de son propos. Mais, comme incommodé par sa propre réponse, il l’écarta d’un haussement d’épaules et reporta son regard sur Quentin, enchainant aussitôt :

— Mais peu importe. V’z’êtes pas là pour discuter bouquins, j’suppose. Vous savez, j’me confierai pas à vous non plus.

En songeant cette fois-ci que sa réponse pouvait être mal comprise, il s’empressa de préciser :

— J’veux dire, raconter ma vie et mes problèmes comme ça de but en blanc, j’sais pas vraiment faire. C’pas forcément qu’j’veux pas parler, hein. C’est juste une activité qui m’échappe un peu.

Au moins procédait-il de façon directe et sincère.
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyLun 27 Aoû - 15:44


    Quentin s’abstint de rire et de sourire plus qu’il fallait lorsqu’il entendit Adam refuser de voir son CV. D’au autre côté, cela aurait été embarrassant qu’il le lui montre. « Alors comme ça vous avez été soldat en Russie, monsieur ? » Ou comment détourner la conversation et saboter sa tentative de communication. Il n’y avait pas de quoi rire au final… D’autant qu’Adam non plus ne semblait pas trouver cela drôle. Tant pis pour le zeste de légèreté qu’il avait essayé de lancer. Le télépathe ne put s’empêcher de se demander si cela avait échoué à cause de lui ou tout simplement parce que cela correspondait au caractère d’Adam. La réponse… peut-être plus tard.

    En revanche, l’avis du jeune homme sur la psychanalyse en disait long. En premier lieux, il montrait qu’il disposait d’un esprit critique affûté qui ne prenait pas de pincettes pour dire ce qu’il pensait. Un peu à la manière d’un professionnel… aigri ? Mais il n’y avait pas que cela, Adam démontra qu’il disposait d’un vocabulaire au niveau suffisant pour aller en adéquation avec ses idées, prouvant une fois encore qu’il était loin d’être bête et ignare contrairement à ce que sa situation scolaire pourrait laisser penser. Enfin, mais c’était peut-être là une erreur de la part de Quentin, peut-être que cette tirade était accentué par un avis personnel prononcé, un peu trop selon l’enseignant, mais ce n’était que son intuition de novice qui lui disait cela. Cependant, cela valait le coup d’essayer de confirmer ou d’infirmer cette théorie, surtout que c’était le jeune homme qui avait lancé le sujet à la base. Ainsi, il demanda sur le ton de la conversation :

    – Il y a un peu de vécu là dedans ou c’est juste une impression ?

    Hors de question d’utiliser sa télépathie ici. De manière générale, il refusait de s’en server avec les élèves à moins que quelqu’un ne court un danger. Alors il préférait utiliser la bonne vieille méthode : poser la question. En plus, parfois, on pouvait en apprendre tellement plus qu’avec la télépathie.

    Le registre de la conversation changea du côté d’Adam en même temps que le sujet. Il parla de se confier alors que Quentin n’avait rien mentionné de tel. Mais surtout, c’était l’apparition de contraction qui intriguait le plus le télépathe. Parce que le jeune homme n’en avait pas fait usage en donnant son avis sur la psychanalyse. Serait-ce une façade ? Encore une fois, impossible de le dire en moins de 5 minutes de conversation. Mais dans le dialogue, l’important était qu’il émettait là des signes de résistance en écartant tout de suite l’idée de se confesser d’une manière ou d’une autre. Mantis s’appliqua donc à écarter ces inquiétudes en jouant la carte de la compréhension mêlée bien sûr à de la sincérité.

    – Je ne t’ai pas demandé de te confier, rassure-toi. Moi non plus je n’aime pas vraiment m’étaler comme ça, alors je ne t’imposerai pas ça… A moins que tu en aies besoin bien sûr ?

    Car il y avait bien une différence entre ne pas aimer se confier à quelqu’un et en avoir besoin. D’après sa secouriste attitrée, Adam avait besoin de parler à quelqu’un, mais la discussion sur le sofa ne faisait pas encore partie du diagnostique de Quentin. Et puis, pour ce qu’il savait, Adam avait peut-être quelqu’un à qui parler, ça il ne le savait pas encore. Tout dépendrait de la réponse du patient malgré lui. Parallèlement, ayant annoncé qu’il n’attendait pas d’Adam un discours à cœur ouvert, il devait maintenant lui dire ce qu’il désirait apprendre de leur conversation.

    – En fait je suis venu avec le simple objectif de savoir comment tu allais. Tu n’as pas à te confesser, du moment que tu développe un minimum et que tu te montres convainquant. Grand sourire confiant et rassurant étalé sur le visage, Quentin ajouta: Alors, comment vas-tu Adam ?

    Certes la limite entre dire comment on allait et se confier pouvait être floue pour beaucoup de personnes, pourtant au final, l’un n’exigeait pas l’autre. Et d’après ce qu’il venait de voir, Adam serait certainement assez intelligent pour faire la différence. Là, il avait plus parlé en tant que membre du corps enseignant de l’institut qu’en tant que psy, et cette nuance devrait être perceptible, du moins l’espérait-il. Au pire si Adam se confiait, Quentin n’en ferait pas non plus une montagne.


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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMer 29 Aoû - 21:44

Un peu de vécu. Quelque exceptionnelle que fût la mémoire du petit génie, il eût été bien incapable de se souvenir exactement du nombre de psychologues qu’il avait rencontrés dans son enfance puis dans son adolescence : des psychologues scolaires, des psychiatres, des psychanalystes. Il se souvenait du visage des plus marquants, ceux qu’il avait plus d’une séance, et le reste d’entre eux se confondait dans un brouillard confus.

Sans doute ce défilé de psychothérapeutes avait-il été l’un des plus grands sacrifices que ses parents eussent jamais à la civilisation américaine, eux que leur culture asiatique prédisposait à l’enfouissement plutôt qu’au déterrement, au règne de la volonté plutôt qu’à celui de l’inconscient. Ils avaient accepté de jouer ce jeu un peu étrange, sans savoir si les médecins ou leur enfant était responsable de son insuccès.

Ils avaient attendu des résultats trop prompts et jamais l’enfant n’avait vu un thérapeute assez longtemps pour permettre au médecin de se frayer un chemin dans les détours labyrinthiques de son esprit. Ils avaient cru que la médecine occidentale soignerait les esprits comme elle soignait les corps : rapidement, avec une exactitude scientifique, et leur déception avait été grande.

Ils avaient rêvé sans doute de rendre leur fils plus normal : plus calme et plus compréhensible d’abord, moins révolté ensuite. Ils avaient rêvé pour lui une vie de citoyen Américain : une femme, des enfants, une maison de banlieue, un emploi sans intérêt. Ils avaient eu les garçons, les visions, la fébrilité du corps et de l’esprit.

Ces années de thérapies avortées et sans cesse recommencées n’avaient fait que rendre Adam plus rétif à ces entreprises psychologiques. Le mutant haussa les épaules et avec un sourire entendu murmura :


— Beaucoup.

La psychanalyse avait sans doute été l’approche qui avait rencontré le plus d’infortunes auprès de lui. Combien de fois avait-il entendu des psychanalystes l’inciter à développer des interprétations fantaisistes de ses visions, comme s’il s’était agi des fantasmes de son esprit ? Impossible de s’engager sur un terrain moins prometteur avec le devin.

De toute façon, plus la discussion quittait les premières civilités, plus il paraissait évident que Quentin ne songeait pas s’engager dans une méthode aussi longue et, aux yeux désormais fort informés d’Adam, aussi douteuse. La nature plutôt informelle de la discussion rassurait un peu le jeune homme, peu à l’aise dans les cadres — tous les cadres.

La nouvelle question du professeur suscita chez son interlocuteur un nouveau haussement de sourcils. Avait-il besoin de se confier ? Adam haussa évasivement les épaules. C’était un besoin qu’il n’avait jamais senti et, se fût-il formé en lui qu’il n’était pas certain de pouvoir le reconnaître. Il parlait — tout le temps — de choses importantes comme de choses anodines — et il n’était pas précisément un adepte des grands mystères, ni, par conséquent, des grandes confessions.

Et puis, ne se confiait-on pas qu’à des gens en qui l’on avait une entière confiance ? Bien sûr, pour Adam, cela réduisait singulièrement le champ des possibles — jusqu’au néant. Indépendant au point d’être solitaire, le mutant, sans être paranoïaque, n’avait jamais éprouvé pour personne une confiance aveugle — mais il était jeune encore.

Simplifier les choses était alors probablement une bonne idée et Adam se sentit en terrain un peu plus familier avec la nouvelle question du professeur, qui reçut cette fois-ci une réponse immédiate et nette :


— Mal.

Il y avait au moins un avantage avec Adam : quand il décidait de répondre (et cela arrivait parfois), il ne prenait pas de détour inutile et la fausse pudeur ne faisait pas partie de ses nombreux défauts.

— Enfin, mal, j’vais pas m’jeter dans l’Hudson, hein. Juste…

Il promena un peu songeusement le regard autour de lui, comme si la nature savamment domestiquée du parc de l’Institut pouvait lui apporter les mots qu’il cherchait. Il finit par un traditionnel haussement d’épaules.

— J’suis fatigué. Ou las, comme vous voulez. Ca m’arrive parfois. C’pas très grave. Ca passe.

Il esquissa un sourire un peu triste et comme résigné, qui jetait sur son visage si jeune encore l’ombre d’une âme prématurément blessée par les circonstances de l’existence. Ce n’était pas rare à l’Institut, mais le désarroi des jeunes pensionnaires se manifestaient en général de manière beaucoup plus spectaculaire et il y avait dans cette tristesse si contenue et si calme quelque chose de paradoxalement plus troublant.

— Vous savez, parfois, on vit pour accomplir son devoir. Mais au bout du compte, à la fin, on n’aura été qu’une goutte d’eau dans l’océan — rien n’aura changé — et notre vie à nous sera déserte.

Nouveau sourire.

— Je sens parfois le vent aride du désert. Et je me trouve encore un peu trop jeune pour ça.
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyLun 3 Sep - 14:55


    L’instinct du télépathe ne lui avait pas fait faux bond alors… Adam avait bien une expérience avec la psychiatrie et en avait gardé un goût amer. On ne pouvait pas dire que ses critiques étaient stupides, c’étaient les éternels reproches que le domaine subissait, via des formes plus ou moins nouvelles. Au final, c’était du pipeau, comme les horoscopes. Mais que ce soit pour l’un ou pour l’autre, il y avait aussi beaucoup de pour avec des arguments qui marchaient et surtout, des gens qui en avaient besoin. Et c’était le principal. Mais arrêtons là la comparaison avec l’astrologie, sinon Quentin allait froncer les sourcils et perdre son image de confesseur bienveillant sur pattes. Sa théorie se confirmait et en l’occurrence, s’il ne voulait pas gagner le titre de charlatan, il valait mieux ne rien ajouter. Mais une démonstration d’humanité, aussi infime soit-elle, pouvait toujours faire mouche.

    – Ah… désolé…

    On ne savait jamais, s’il avait envie d’en parler. Le jeune enseignant en doutait, mais au cas où, il valait mieux tendre une perche. C’était en fait le but de cette conversation, tendre à Adam une multitude de perches pour qu’il sache qu’il n’était pas seul et qu’il lui suffisait de s’y accrocher pour gagner un peu d’aide, ou à défaut, du soutien moral. Mantis espérait vraiment que le jeune homme accepte son aide. Sans quoi, il allait devoir prendre des mesures, commencer par contacter son tuteur qu’il ne connaissait pas, mais peut-être que ce dernier et Adam partageaient une relation plus appropriée au dialogue. Le principal étant de s’assurer que le jeune mutant ne représentait aucune menace pour l’institut, pour les autres et surtout pour lui-même. Mais il n’en était pas encore là. Jusqu’ici, Adam ne montrait pas ses dents… que ce soit pour sourire ou pour grogner, d’ailleurs…

    Pour aller dans le positif, Adam se prêta au jeu et accepta de répondre à la simple question de Quentin, en la développant en plus. Dans le négatif… il y avait le contenu de la réponse en elle-même. Ce n’était pas non plus catastrophique, mais bien inquiétant. Par précaution, Quentin laissa le jeune homme parler sans l’interrompre. Ingurgitant et digérant le plus efficacement possible les informations qu’il acquérait. Son « patient » confirma de lui-même l’impression du télépathe : il ne semblait pas être suicidaire, on descendait donc d’un bon niveau dans l’échelle de l’urgence. Mais l’esprit analytique – ce qui n’était pas synonyme de véridique – de Mantis lui permit d’établir le paradoxe qui se dressait dans l’esprit d’Adam. S’il comprenait bien, le jeune homme était partagé entre son « devoir » qui lui prenait apparemment beaucoup de temps et sa « vie à lui » qui, par son vide, lui manquait. Telle était la conclusion que l’enseignant tira. Après, il n’était pas sûr de savoir en quoi ce « devoir » consistait. Car d’après ce qu’il savait, le temps d’Adam était partagé entre son travail de coursier et ses sorties… Et Quentin n’était pas sûr qu’il qualifie son emploi de « devoir »… ou bien il n’avait rien comprit au jeune homme – possibilité qu’il n’excluait pas encore. Mais ce n’était pas le détail sur lequel il devait s’arrêter, et surtout, il devait attendre un peu avant de poser une autre question car il ne fallait pas le bombarder. Au lieu de cela, il se contenta de donner son avis, ce qui ne l’empêchait pas de formuler des questions indirectes pour lesquelles Adam n’avaient pas besoin de répondre pour faire avancer la conversation.

    – C’est normal, ce désert. Il arrive lorsqu’il y a un déséquilibre comme celui dont tu parles. Ici, le « devoir » semble avoir une place beaucoup plus importante que la « vie ». Or pour les personnes dites « sensibles », c’est important d’accorder de l’énergie aux deux, sinon c’est dur. Il laissa une bonne poignée de secondes à Adam pour lui permettre de digérer cela ou de preparer une contrattaque, mais avant qu’un éventuelle chose n’arrive, il ajouta: Pour ce qui est de l’océan, je suis d’accord avec toi… Une goutte ce n’est rien… mais ce qui constitue un océan, ce sont ces gouttes, et ce qui le définie, c’est le sens dans lequel elles vont. Donc au final, si on prend du recul… tout est important.

    La philosophie au bord du lac, Acte 2, chapitre 1.


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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMar 4 Sep - 19:24

Comme à son habitude, le jeune homme n’avait pas songé que, pour tout autre que lui, ses explications étaient au mieux un peu nébuleuses et au pire parfaitement obscures ; si Quentin ne connaissait de lui que son dossier et, dans le meilleur des cas, les quelques rumeurs qui pouvaient courir sur son compte dans les couloirs et qu’il aurait eu le temps de rassembler en un ou deux jours, alors probablement ces éclaircissements n’en seraient pas.

D’ailleurs, même ceux qui, par une curiosité plus ou moins bien inspirée, s’essayaient à démêler les fils de l’existence d’Adam Tenseï finissaient par abandonner les nœuds gordiens que les nouaient inextricablement, incapables de déterminer si l’Asiatique était un jeune homme insouciant dont la vie n’était faite que de sortie, un petit génie poursuivant quelque mystérieux projet ou une sorte de détraqué qui aimait visiter les bâtiments désaffectés.

Comme Adam ne se confiait tout à fait à personne et que ses confidences avaient beaucoup plus souvent pour conséquence d’ajouter de l’absurdité à l’idée que l’on pouvait se faire de sa vie, tout cela n’arrangeait pas les choses et l’on n’était contraint de s’en tenir aux généralités, sans savoir précisément ce dont on était censé le consoler ni ce pour quoi il eût été opportun de l’encourager.

Cela dit, les généralités n’étaient pas toujours hors de propos et comme le jeune homme n’avait jamais le dessein précis de cacher quoi que ce fût, il n’était pas rare que les propos qu’on lui tînt se rapportassent, d’une manière ou d’une autre, avec ce qui le préoccupait en effet — il fallait juste que son interlocuteur s’accommodât de la frustration de n’y voir pas très clair.

Ce jour-là cependant, Adam se sentait disposé à se faire un peu plus explicite. Sans doute entrait-il dans son projet moins de politesse pour Quentin que de nécessité de sortir hors de lui-même, pour mieux les examiner, des sentiments troubles. Car si Adam était d’une rare clairvoyance lorsqu’il s’agissait du monde extérieur, il était loin de se montrer aussi perspicace envers lui-même.

La vie. Le devoir. Le jeune homme était incapable de savoir ce qui précisément avait un jour formé en lui cette opposition si contraignante. Etait-ce un reste de culture japonaise que ses parents lui avaient transmis, malgré l’américanisation presque parfaite de son mode de vie ? Etait-ce le fruit du traumatisme de ses premières visions ? Il avait parfois l’impression d’avoir quelque chose à se reprocher — sans savoir exactement ce dont il s’agissait.

D’un air un brin mélancolique, il lâcha finalement :


— J’crois qu’j’suis pas très doué pour la vie.

Son emploi : médiocre. Sa vie sentimentale : une suite d’échecs. Les deux grands domaines qui structuraient l’existence de tout Occidental, le travail et l’amour, étaient chez lui des chaos ou, tout du moins, des sources de déception. Parfois, il s’accommodait de son emploi de coursier — il se disait qu’il y en avait de bien pire — mais enfin, ce n’était certes pas épanouissant. C’était un gagne-pain moins pénible qu’un autre.

— Et j’m’en veux de penser ça. Vous savez, mon pouvoir, ça doit être marqué dans mon dossier — je vois des choses. Passées, futures. Souvent des choses horribles. Vraiment affreuses. A longueur de journée. Et du coup, quand un truc ne va pas dans ma vie à moi, dans ma petite vie tranquille, j’ai l’impression que j’ai pas l’droit de me plaindre. Vous comprenez, en comparaison…

Adam haussa les épaules et conclut avec amertume.

— En comparaison, qu’est-ce qu’on s’en fout que j’aurais pu faire une carrière de mathématicien ou me marier y a deux ans quand je vivais une idylle parfaite. Qu’est-ce qu’on s’en fout que maintenant j’livre des colis et que j’m’endorme seul le soir.

Avec une note d’autodérision qui cachait mal sa douleur longtemps contenue :

— D’ailleurs, j’dors pas beaucoup, du coup voilà, ça règle la question.

Mais presque aussitôt, et comme se reprochant de s’être ainsi trop livré et avec trop de vivacité, Adam reprit d’une voix beaucoup plus posée :

— Je suis désolé. J’suis un peu sur les nerfs. C’est pas très important, tout ça, évidemment. Ca va passer.

Manifestement, telle était la stratégie du jeune homme depuis quelque temps déjà : pousser la poussière sur le tapis et regarder ailleurs.
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyVen 14 Sep - 17:53


    Toujours satisfait de constater qu’Adam se prêtait au jeu et acceptait de lui donner des réponses à ses questions, Quentin laissa le jeune homme se livrer comme il pouvait et écouta attentivement les propos qu’il proférait tout en analysant le plus possible afin de pouvoir y répondre des choses intéressantes et utiles pour le jeune mutant. Même s’il était plus là pour écouter et constater, Quentin ne pouvait s’empêcher d’agir, ou en l’occurrence de parler. Mais pas tout de suite car le télépathe pouvait voir que les barrières qu’Adam avait érigé pour protéger sa forteresse de solitude et de mystère étaient en train de s’écrouler. Alors pas question de l’ouvrir tout de suite pour lui permettre de les reconstruire.

    Le flot coula progressivement. D’abord il avoua ne pas être doué pour “la vie”, chose que de toute façon, Quentin avait déjà un peu comprise, mais c’était parfois important d’enfoncer les portes ouvertes, un signe d’acceptation en quelque sorte. S’en suivit une expression de culpabilité. Adam semblait s’en vouloir de ne pas être satisfait de sa vie alors qu’en parallèle, des horreurs innommables se déroulaient parfois à quelques kilomètres seulement de lui. Le prescient commença ensuite à ralentir dans sa livraison d’état d’âme avec ce qui était vraisemblablement une vérité enrobée d’humour. Là il voulait revenir à une conversation banale ce qui serait régresser selon l’X-man, mais il ne dit rien et le laissa continuer jusqu’à ce que le flot d’informations s’arrête de lui-même. Ce qui, bien évidemment arriva sous la forme d’excuses et de relativisation en apparence raisonnable. Mais pour Quentin, cette conclusion n’avait rien de raisonnable, c’était comme repousser l’échéance, l’inévitable. Et dans ce cas-ci, plus Adam repoussait la chose, plus il souffrait. C’était une sorte de cercle vicieux et le pire, c’était que la conscience morale du jeune homme avait une bonne part à jouer là dedans. Et dire que l’enseignant en littérature craignait de devoir faire la morale à un petit malin qui ne faisait que sortir pour faire la fête. Ici, pas de Magnéto en puissance. Plutôt une sorte de Caliméro qui laisse sa coquille l’aveugler dans la voix à suivre.

    Certes, ce n’était pas à Quentin de le prendre par les oreilles, de le soulever du sol et de le reposer sur le droit chemin. Sinon on prenait le risque d’en faire un assisté incapable de se prendre en charge tout seul, et ça, c’était hors de question. A moins d’être vicieux et de vouloir le forcer à rester pour pouvoir le manipuler de cette façon. Mais pas de ça ici, n’est-ce pas ? Alors il n’y avait qu’une solution pour laquelle le télépathe avait déjà commencé d’œuvrer ; lui montrer la voie.

    – C’est très important Adam, au contraire. Et ça ne passera pas tout seul, tu le sais bien j’imagine. Et quand je dis « tout seul », je veux aussi bien dire « sans rien faire » que « sans aide extérieure ». Faisant des efforts pour se montrer un minimum pédagogue, il attendit une petite seconde et reprit pour s’expliquer : Corriges-moi si je me trompe, mais tu n’as jamais demandé de l’aide à personne pour ce genre de problème, n’est-ce pas ?

    En tout cas, ça correspondrait au profil que Quentin était en train de lui établir. Au pire, si Adam l’avait fait, ce devait soit être à un incompétent, soit il s’était passé quelque chose d’affreux à ce moment. Ces deux cas n’étant pas très positifs et n’ayant pas été mis en valeur dans la conversation jusque-là, Quentin prit le risque de faire une supposition. Et si elle se révélait fausse, eh bien il aura juste encore plus de boulot à fournir.

    – Et on dirait que ça ne se passe pas très bien, pas vrai ?

    L’important était de lui faire comprendre qu’il y avait un problème, ou plutôt de l’accepter car Quentin se doutait qu’Adam était assez intelligent pour avoir déjà compris cela. Ensuite, il fallait qu’il accepte de recevoir de l’aide. Après tout, il était toujours résident à l’institut Xavier et même si l’établissement avait changé depuis l’adolescence de Quentin, une chose demeurait : ceux qui y viennent viennent pour chercher de l’aide, qu’ils en soient conscients ou non. Et le télépathe était persuadé qu’on n’avait pas encore aidé ce jeune mutant. En tout cas pas suffisamment.


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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMar 18 Sep - 18:29

Adam ne se trouvait décidément pas très doué pour les plaintes. Non seulement il n’en formulait que rarement, et quand on l’y poussait avec assez d’insistance, mais il n’éprouvait, une fois qu’il les avait exprimées, pas une once de la légendaire satisfaction qui devait suivre l’expression de sensations pénibles longtemps contenues — rien que la même tristesse oppressante, inchangée.

A vrai dire, le jeune homme était fort tenté de prétexte une affaire quelconque et pressante (un papier à rendre au service des ressources humaines, une vision brutale, l’électricité laissée allumer dans sa chambre) pour s’éclipser et retrouver le refuge confortable du silence et de la solitude qui lui étaient si familiers et qui, s’ils ne lui apportaient aucun soulagement, avaient au moins le mérite de se présenter à lui comme des terrains connus.

C’était que ses douleurs exprimées, aussi sobre et peu circonstanciée qu’avait été sa déclaration, lui laissaient la désagréable impression d’être absolument sans défense et le jeune homme avait la sensation d’être désormais exposé, non tant aux agressions du monde extérieur, qu’aux vicissitudes tues de son propre esprit, en proie aux si nombreux doutes, aux si nombreuses névroses, qui peuplaient ses pensées les plus reculées.

Il y avait là — mettre de l’ordre dans son existence, et singulièrement dans son existence intérieure — une tâche qui dépassait de loin ses faibles moyens, et lui qui était si fort, si déterminé et si résilient lorsqu’il s’agissait de résoudre les problèmes des autres se trouvait entièrement démuni devant ses propres difficultés, un dénuement qui du reste lui paraissait d’autant plus honteux qu’il supposait ses problèmes bien moins considérables que ceux que d’autres résidents du manoir devaient affronter.

En somme, toute sa stratégie de défense et toute ce qui la retenait s’associaient pour lui construire une prison inextricable, ou se plaindre et ne pas se plaindre, agir et ne pas agir, étaient des crimes égaux, un univers d’illogismes et de paradoxes dans lequel chaque décision prise pour alléger ses tribulations personnelles était condamné à faire naître en lui encore un peu plus de culpabilité.

Il n’y avait guère que le souci de ne pas paraître tout à fait dérangé aux yeux de Quentin et une sorte de politesse dont il n’était, malgré les apparences, pas entièrement dénué, qui le contraignissent à ne pas fausser séance tenante compagnie au professeur. Et sans doute l’infirmière avait-elle compter sur cet effet qu’aurait sur lui une personne qu’il ne connaissait pas pour présumer de l’efficacité d’une semblable rencontre.

Oui mais voilà, Quentin s’engageait sur un terrain glissant : l’aide extérieure. A la première question de son aîné, Adam répondit à mi-voix :


— Non. Pas vraiment.

Et plutôt vraiment pas. Demander de l’aide ne faisait pas exactement partie de ses habitudes, non tant qu’une fierté masculine le poussât à ne pas trop exposer ses faiblesses que parce qu’il était convaincu que ses faiblesses n’intéressaient personne et que, d’ailleurs, il n’était pas en droit de se reposer sur d’autres pour résoudre ses problèmes.

Adam avait l’habitude de protéger et certainement pas d’être protégé et, au fond de lui, s’il adoptait cette attitude univoque envers le reste du monde, ce n’était pas par héroïsme narcissique mais par quête de rédemption, comme s’il devait racheter par un altruisme bourru mais forcené une faute hypothétique qu’il eût été bien incapable de formuler. Il refusait de l’aide non point par orgueil, mais parce qu’il ne s’estimait pas digne d’une humaine sollicitude.

Mais cette inexplicable conviction était si profondément enfouie en lui qu’il eût été incapable de la formuler et certainement incapable d’en fournir la moindre explication. Sa clairvoyance surhumaine, lorsqu’elle se tournait vers l’intérieur de sa propre âme, se muait en un aveuglement peu commun.


— Ca se passe… Je sais pas. Ca ne se passe pas bien, non. J’dirais pas que je nage dans l’bonheur. Mais en même temps…

Adam haussa les épaules.

— J’suis pas non plus super malheureux, vous voyez. J’veux dire, j’me lève pas le matin en me disant que ma vie est nulle et j’me couche pas le soir en ayant l’impression d’avoir perdu une journée. Là, aujourd’hui, j’me sens pas bien, mais c’pas vraiment mon état naturel.

Il était parfaitement sincère d’ailleurs et c’était peut-être parce que ses crises de mélancolie n’étaient somme toute que très épisodiques qu’il n’y accordait qu’une importance très limitée. Il ne voyait pas qu’il eût été incapable de nommer les choses qui rendaient sa vie agréable, de décrire ses moments de bonheur ou de simple et pure insouciance.

— C’est juste comme ça. La vie. Pas particulièrement agréable, mais pas affreux non plus. J’vois pas de quel droit j’demanderais de l’aide alors que j’suis vraiment pas à plaindre.

Adam ne semblait pas se rendre compte que, chez un jeune homme qui n’avait que vingt-et-un ans, une semblable abnégation n’était pas du meilleur augure.
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Quentin Quire

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMer 26 Sep - 11:58


    Il avait donc mis les pieds dans le plat. Pour une fois, cela n’entraîna pas une explosion de sentiments, violente mais bénéfique au final. Mais Quentin aurait tout de même préféré en arriver là. Mais ici encore, la réaction d’Adam lui prouva que le jeune homme n’était plus un adolescent, qu’il était plus mature que cela et près à accepter les avis extérieurs sur un sujet personnel. Bien sûr, Quentin ne connaissait pas vraiment Adam, mais c’était plus encourageant de ce dire qu’il s’agissait là de la bonne explication de sa réaction, le pire des scénarios aurait été d’avoir affaire à une « coquille vide », un de ces nombreux termes dits tabous en psychologie mais qui existaient, malheureusement, bel et bien.

    Donc, Adam répondit plutôt docilement. Mais encore une fois, dans ses mots transparaissait un pessimisme alarmant.
    « Ca ne se passe pas bien, non. » rien que cela confirmait les craintes de l’infirmière.
    « super malheureux » mais malheureux quand même on dirait ?
    Quant à la dernière remarque d’Adam, il valait mieux ne pas commencer d’analyse, sinon l’X-man devrait se battre contre la terrible tentation de mettre le jeune mutant sous anti dépresseur. Au lieu de cela, il « laissa couler » la réflexion pour la transférer de son cerveau au dialogue, un terrain bien plus sûr pour la médication potentielle du jeune homme. Quentin ne put cependant pas s’empêcher de s’arrêter dans leur marche et de pousser un long soupir d’où l’on pouvait distinguer de l’empathie mais aussi de la tristesse. Le télépathe choisit alors de diminuer l’impact potentiel de cette manifestation en usant d’une méthode pédagogique généralement reconnue : l’humour, ou plutôt la légèreté. C’était parfois important de savoir dédramatiser la chose, et quelque chose lui disait qu’un tel procédé ne serait pas superflu avec un jeune homme comme Adam.

    – Wow… tu ne penses pas que tu es trop jeune pour penser comme ça ? A t’entendre, on dirait que ta condition est une fatalité.

    Autant pour la légèreté… mais au moins la première partie de cette intervention l’était.

    Quentin marqua un pause et pris une silencieuse inspiration pour se préparer à la suite. Mais ce court laps de temps sans parler permit à des sons « particuliers » d’être captés… Des sortes de gémissements combinés à des sortes de bruits de succion… Il y avait apparemment deux origines distinctes, une mâle et une femelle. Cela plus le fait que le tout venait de derrière un buisson pas très loin des deux mutants donna à Quentin une petite idée de ce qu’il se passait. Il eut une mimique un peu agacée sur le visage avant de baisser la tête et de se racler bien fort la gorge pour mettre fin aux roucoulements.

    Cela fonctionna. Il y eut une agitation bien perceptible venant du lieu du crime, puis deux jeunes adolescents apparurent, une garçon et une fille, tous deux rougissaient mais ne pouvaient s’empêcher de garder un sourire amusé sur le visage. Ils s’excusèrent et n’attendirent pas longtemps avant de prendre la direction de l’institut d’un pas pressé, main dans la main et à grands renforts de gloussements. Quentin leva les yeux au ciel avant de les poser sur Adam et de reprendre non sans faire un commentaire vaguement valide sur ce qui venait de se passer :

    – C’est une façon d’aborder le problème du bonheur personnel… Ecoute Adam, tu es un adulte maintenant, jeune certes, mais un adulte quand même alors je vais arrêter de tourner autours du pot : tu as un problème, tu viens de le reconnaître. Et je pense, contredis-moi si j’ai tord, que tu ne le juges pas des plus importants et cette évaluation t’empêchera de prendre des mesures pour régler le problème. Tu as tord. Tu t’es plaint, me semble-t-il, de ton travail et de ta solitude le soir ; change de travail, cherche quelqu’un.

    Encore une fois, Quentin réalisa qu’il s’était un peu emporté dans son discours et même si la façon dont il le prononçait n’était pas violente, il craignait de faire fuir le jeune homme. Il choisit donc de laisser un petit blanc de quelques secondes avant de reprendre la parole avec un peu plus de pédagogie.

    – Interro surprise, pour toi qui aide les autres autant que les X-men, voire plus en ce moment : tu te retrouves devant quelqu’un qui as exactement les même problèmes que toi et qui en souffres visiblement. Que fais-tu ?


[HJ désolé pour mon retard]
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptySam 29 Sep - 9:13

Plus de doute possible : la propension d’Adam à l’abnégation était plus dangereuse que réellement profitable. Sans doute le jeune homme avait-il dû développer, au fil des années, cette nécessaire défense aux atrocités qui traversaient sans cesse ses pensées avec tant de réalisme qui lui avait été souvent difficile de faire la part des choses, mais comme bien des protections que les mutants élevaient contre leurs propres pouvoirs, ces défenses se retourneraient parfois contre leurs constructeurs.

C’était une chose que l’on apprenait lentement en vivant à l’Institut : que les mutants n’étaient pas des êtres humains normaux dotés d’un pouvoir quelconque, d’une capacité exceptionnelle, mais bien des êtres qu’un don, si infime fût-il parfois, avait entièrement modifié, des êtres dont la perception du monde la plus élémentaire était si profondément différente de celle de leurs prochains qu’ils se trouvaient parfois enfermés en eux-mêmes.

Adam ne pouvait pas se permettre d’être trop préoccupé de son propre bonheur ni de celui de qui que ce fût d’autre, il ne pouvait pas s’autoriser à imaginer que les choses pouvaient être fondamentalement différentes de l’enfer sans cesse renouvelé dans lequel il évoluait, sans quoi la première vision venue pouvait avoir raison de sa fragile santé mentale.

Mais, paradoxalement, son pouvoir l’avait rendu plus sensible que n’importe qui non seulement au passé et au futur mais à ce qui, dans le présent, palpitait de ses possibles consumés ou encore naissant ; tout, pour Adam, avait une importance capitale et, dans le fond de son inconscient, il ressentait vivement les choses les plus triviales qui lui arrivaient, ces choses précisément qui établissaient ses ponts extra-lucides avec des événements lointains.

C’était à ce jeu d’équilibriste qu’il se livrait depuis l’éveil de sa mutation et, à tout bien considérer, il ne s’en tirait pas trop de mal.

La fatalité.

Adam haussa les épaules. Il ne savait pas très bien s’il était le mieux ou le moins bien placé pour croire à la fatalité. Lui qui savait que les futurs étaient déjà là mais qui savait également qu’il était possible de les changer, devait-il estimer que l’avenir était plutôt insistant ou plutôt fluide ? Et son propre avenir, qui était si brumeux, devait-il le comprendre comme l’éternelle répétition du même ?

Ces réflexions et la conversation furent vite interrompues par des bruits caractéristiques. Adam s’arrêta aux côtés de Quentin, posa un instant son regard sur le buisson, avant de détourner pudiquement les yeux pendant que son interlocuteur remplissait son rôle d’adulte et de professeur, et mettait un terme aux embrassades trop publiques.

Le jeune homme cependant ne put s’empêcher de suivre du regard le couple qui s’éloignait. Il regrettait parfois de ne pas être capable de rentrer dans un bar, de draguer ou de se laisser draguer, et de repartir pour un soir avec un parfait inconnu (relativement) séduisant, pour goûter pendant quelques heures les charmes d’une intimité fuyante — mais il lui était impossible de ne pas trouver cette perspective plus déprimante que désirable.

Il reporta son attention sur le parc qui s’étendait devant eux en reprenant sa lente promenade. Il ne devait pas s’attarder sur ces vagues sensations. Les hormones parlaient, sans doute. Il était un jeune homme dans la force de l’âge, voilà tout. Il lui suffisait de prendre son mal en patience et ces insatisfactions purement chimiques passeraient. C’était ce dont il lui suffisait de se convaincre.

Bon, évidemment, Quentin n’avait pas l’air de vouloir abonder en son sens. Les conseils dispensés un peu vivement froissèrent Adam — ils avaient naturellement la force de l’évidence et souvent il avait considéré ces solutions simples, sans jamais trouver en lui la force de les accomplir. Comment changerait-il de travail puisqu’il n’avait aucune qualification ? Comment plairait-il à qui que ce fût, puisqu’il n’était pas séduisant ?

A la question de son aîné, le jeune homme à nouveau haussa les épaules.


— J’sais pas. J’donne pas vraiment de conseils personnels. C’pas mon domaine de prédilection.

C’était parfaitement faux : les conseils qu’il n’était pas capable d’appliquer, il en reconnaissait la validité et les dispensait également, à sa façon labyrinthique, mais il les dispensait malgré tout.

Il voyait bien que son esquive ne lui servirait guère. Après avoir laissé échapper un soupir désarmé, il reprit :


— J’sais pas. J’suppose que je dirais que la vie n’est pas fixe. Fixée. Arrêtée. Que je suis très, très bien placé pour le savoir et qu’on peut me faire confiance là-dessus. Que les actes changent le cours des choses, qu’avec de la patience et de la volonté, pas toujours facilement sans doute, mais certainement, on peut plier le cours des événements. Que de toute façon il n’y a que par les autres que l’on existe et se développe, et que donc rester dans son coin, c’est comme mourir très lentement.

Adam se tut et s’arrêta, pour considérer le lac un moment en silence. D’une voix songeuse il commenta :

— Vous savez, j’ai conscience de tout cela. C’est juste que… Tout semble beaucoup plus difficile et moins important quand ça me concerne. C’est parfaitement irrationnel. J’crois qu’je manque juste…

Il esquissa une moue pensive, à la recherche de ses mots.

— D’un truc. A moi. J’veux dire, un truc pour structurer ma vie. Pour pas vivre en fonction des futurs des autres, au jour le jour.

Un sourire passa sur ses lèvres.

— J’vais m’inscrire à un cours de poterie.
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMar 2 Oct - 11:21


    La réponse du jeune homme sans être révélatrice, avait le mérite de lui faire exprimer de quoi rassurer Quentin. Adam prouvait par là qu’il ne se faisait pas d’illusions, il savait donc ce qui n’allait pas chez lui. Et ça, c’était extrêmement rassurant. Trop de gens se voilaient la face et refusait d’accepter la réalité. Mais là, par sa façon de répondre, le jeune mutant prouvait que ce n’était pas le cas. Au final, il n’y avait peut-être pas à s’inquiéter tant que ça. Cependant d’après ce que Quentin avait vu, l’infirmière avait raison de vouloir faire preuve de prudence. C’était le genre de chose qu’il valait mieux surveiller, même de loin. Donc au final, il avait bon espoir pour Adam mais comptait quand même bien surveiller son cas, même si le jeune homme n’était pas d’accord. D’ailleurs, le télépathe n’était pas sûr qu’il doive l’en informer. Le dossier d’Adam lui procurait une certaine note d’imprévisibilité qu’il ne fallait pas sous estimer. En plus, n’était-il pas reconnu qu’une personne faisant preuve de légèreté et d’humour n’était pas un cas désespéré ? Rares étaient les dépressifs capables de se montrer amusants. Ainsi, Mantis décida d’être moins inquisiteur, estimant que le feu n’était pas si grand que cela et encore parfaitement maitrisable. Mais bien sûr, il n’allait pas s’arrêter d’écouter pour autant.

    D’un ton léger qui se voulait faussement sérieux : Quentin commenta :

    – De la poterie, hein ? Dingue, je te verrais plutôt faire du dessin ou de la peinture…

    Puis il repassa ensuite à un discours plus sérieux, mais cette fois, c’était peut-être seulement une impression, mais Quentin sentait l’air perdre en densité, comme si les mots lui venaient ou plutôt sortaient plus facilement. Inconsciemment, il était rassuré, tel un démineur venant d’arrêter le compte à rebours d’une bombe. Le danger immédiat était écarté. Et même si le dispositif confronté était toujours potentiellement capable d’exploser, on ne pouvait s’empêchait de ressentir un profond soulagement. Le paradoxe du démineur.

    – En tout cas, si tu envisages l’art comme ton « truc », je ne peux que te recommander d’approcher Mlle McGillicuddy. C’est une des grandes artistes de l’institut et probablement une des X-men les moins surchargées.

    Et par surchargée, Quentin entendait seulement: « qui croule le moins sous le poids du travail et des responsabilités ». Car niveau occupations, la jeune mutante avait un emploi du temps de ministre. Et bien sûr, le professeur de littérature se garda bien de mentionner le caractère hyperactif de son ancienne camarade, déjà qu’Adam ne lui semblait pas être le type de garçon à approcher les gens pour qu’ils s’occupent de lui, si en plus il se sait en présence d’une boule de nerfs… Quoique, ce n’était pas rendre justice aux progrès visibles que Siobhan avait fait ces dernières années. Dans tous les cas, Quentin la savait parfaitement capable de s’occuper de guider les artistes en herbes. Donc selon toute vraisemblance, si un jeune mutant à problèmes comme Adam (Quentin prendrait bien soin de prévenir l’hypnotiseuse) venait à elle, le cœur en art, désireux de s’exprimer, il était difficile d’imaginer l’Irlandaise faire autre chose que de prendre un tel poussin dans ses bras pour l’aider à s’envoler. Ceci dit, la métaphore ne collait pas trop à Adam, ou du moins à son dossier. Car dès la première lecture, Quentin avait eut une idée pour canaliser Adam et lui donner les moyens de décoller dans une zone aérienne qui lui correspond.


    – Mais avant que tu prennes des cours, je vais me permettre une question, encore une, désolé. N’as-tu pas déjà un truc qui te plait et qui pourrait te permettre de… disons voir d’autres alternatives pour ton avenir ?

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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyVen 5 Oct - 18:34

Adam, dont le talent pour déceler les variations de surface de la conversation était inversement proportionnel à son aptitude pour mener des analyses psychologiques profondes, eut une difficulté immense à savoir si Quentin plaisantait ou non. Du dessin ou de la peinture, lui ? Certes, le professeur n’avait jamais vu ses tentatives de croquis affligées d’un sens de la perspective et des proportions à peu près inexistants, mais enfin, tout de même, ne suffisait-il pas de l’observer pour se douter que les arts n’étaient pas vraiment son domaine ?

Non, sans doute, Quentin plaisantait. Rien qu’à s’imaginer avec un pinceau à la main, Adam se sentait idiot. Jamais il n’avait éprouvé le moindre désir, la moindre velléité artistique, non qu’il fût incapable d’apprécier tous les arts non-narratifs et non-chronologiques, la peinture, la sculpture, l’architecture, les jardins ou certaines formes de littérature, mais contempler et créer étaient deux domaines fort différents à ses yeux et le premier lui avait toujours mieux convenu que le second.

Mais manifestement, le psychologue improvisé ne plaisantait pas ou, tout du moins, pas entièrement. Adam esquissa une moue dubitative à la recommandation et, poliment, entreprit de botter en touche.


— J’y réfléchirai.

Comme ses dons de menteur étaient égaux à ses dons de peintre, il n’était que trop évident que la question était toute réfléchie et qu’il n’allait ni demander conseil à la demoiselle dont il avait probablement déjà oublié le nom, ni même s’inscrire à un quelconque cours de poterie, et il était vrai qu’il était difficile de se l’imaginer assis patiemment devant un tour, en train de façonner la matière de ses mains.

A vrai dire, il n’avait évoqué que par manière de plaisanterie la possibilité de trouver une distraction. Il avait des loisirs — de temps en temps — rarement — mais aucun ne le motivait assez pour qu’il s’y impliquât tout à fait. Seul le sport avait été une véritable passion (ou un exutoire, il n’était plus trop certain) et la déception avait été trop grande pour qu’il pût y retrouver le même plaisir.

La question de Quentin, plus sérieuse sans doute, le laissa songeur un instant.


— J’aime bien la philo’. Mais j’ai aucune envie de reprendre des études. Assis en classe, c’pas vraiment un truc qui m’convient. L’expérience a souvent été catastrophique. Et si c’est pour d’venir prof, franchement, j’crois que les élèves se portent mieux sans moi.

Pour une fois, il ne faisait pas preuve d’une autodépréciation excessive : son sens de la pédagogie était en effet fort restreint et, comme bien des esprits brillants, il éprouvait des difficultés immenses à présenter son savoir de manière simple, ordonnée et synthétique, plutôt qu’en exprimant exactement les cheminements compliqués, simultanés et hermétiques de ses raisonnements.

Mais, comme une nouvelle preuve de bonne volonté, il balaya spontanément le panorama des possibilités qui s’étaient un jour ou l’autre offertes à lui.


— On m’a bien proposé des trucs, plus ou moins sérieusement, quand j’ai arrêté de combattre. Dans des associations sportives et sociales. Dans des services municipaux. Dans des antennes de parti politique.

Et certaines de ces propositions avaient même été fort intéressantes ou du moins l’eussent-elles été si Adam avait pris la peine de les considérer. Un sportif de haut niveau éthique et intelligent, qui se retrouvait libre de son temps dans la première jeunesse et que des gains confortables, mais très loin des grandes fortunes des stars les mieux implantés, ne mettaient pas entièrement à l’abri du travail avait été un profil qui avait suscité bien des intérêts.

Une nouvelle fois, Adam s’arrêta de marcher.


— C’est vrai que, sur l’moment, j’ai juste tourné la page. J’étais dégoûté et j’voulais plus approcher tout ça de près ou de loin. Du coup, j’ai pas vraiment réfléchi à ces trucs. Et puis après… J’sais pas. J’ai juste supposé que c’tait plus d’actualité.

Il se rendait compte en y repensant qu’il était jeune encore, que ces propositions n’étaient point si lointaines que cela et que sa vive déception s’était assagie avec le temps. Désormais, il était capable de faire des réflexions plus modérées sur son expérience et il avait repris depuis quelques temps déjà des combats amicaux.

Il n’était pas certain d’être à la hauteur de ces opportunités, non seulement parce qu’il s’estimait peu, mais encore parce qu’il n’avait pas pris la peine de bien déterminer ce en quoi consistaient les différentes positions qu’on lui avait alors offertes. Peut-être en avait-il jugé trop vite finalement.


— Il faudrait que j’y réfléchisse…

Cette fois, il avait été parfaitement sincère. Il y avait là un avenir plus palpitant que celui de coursier et la plupart de ces projets avaient eu une inflexion sociale qui flattait son altruisme et sa volonté, plus ou moins saine, de se servir la communauté.

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMer 10 Oct - 10:02


    Ah, il semblerait qu’Adam n’était pas si mature que cela. Sa réaction semblait complètement exclure l’art de la liste des solutions possibles à son problème. Le niveau n’était jamais le problème pour cette matière, l’important était la capacité à pouvoir transférer son ressenti dans un intermédiaire comme une sculpture, une peinture ou autre… Et c’était là, selon Quentin l’obstacle qui était placé entre Adam et une pratique artistique : le jeune homme n’était pas prêt à s’extérioriser ainsi, et même s’il comprenait l’utilité d’un tel procédé, il n’avait pas la maturité suffisante pour mettre sa personnalité de côté afin de pouvoir bien utiliser ce remède. Car oui, c’était un fait pour l’X-man, l’art était un médicament. Mais là c’était pour le mauvais patient… dans le sens où le patient n’était pas capable de prendre le traitement et qu’il ne voulait pas se donner les moyens d’en être capable. En tout cas pas maintenant…

    Quentin eut un sourire amusé devant la réponse polie d’Adam. Un sourire pourtant qui montrait qu’il n’était pas dupe. Mais il n’insista pas, il n’était pas là pour ça. Et puis la suite était importante alors ce n’était pas la peine de s’appesantir sur ça. D’autant plus que le jeune homme venait de lâcher une remarque sur l’enseignement qui méritait que l’on s’y arrête. Passons sur le fait qu’il n’était pas fait pour les études. Ce n’était pas catastrophique et il n’allait pas rater sa vie pour ça. Mais ce qu’il dit sur son potentiel statut de prof était plus inquiétant.

    – Tu sais… la moitié des profs, ici plus qu’ailleurs, n’enseignent pas parce qu’ils aiment ça… Mais parce qu’il le faut. Et puis… tu penses vraiment que tu es incapable d’apprendre quoi que ce soit à quelqu’un ?

    Quentin craignait qu’Adam n’étende son raisonnement jusqu’à penser que le monde entier se débrouillerait mieux sans lui. Et bien sûr, ce genre de pensée était à éviter. Quentin ne voulait pas endoctriner Adam et le scotcher à un tableau en face d’un groupe d’adolescents, mais il voulait que le jeune homme prenne conscience de son potentiel et aussi, accessoirement, qu’enseigner n’était pas toujours la fin en soi. Le télépathe faisait ce métier autant par souci d’utilité que par goût personnel, soutenu par son amour de la littérature. Mais si un jour il croisait un jeune qui essayait maladroitement de se faire cuire un œuf, il l’aiderait. Parce que c’était là l’idéal des X-men… Non pas d’apprendre aux gens à cuisiner un œuf, mais à se débrouiller dans la vie et surtout dans ce monde. Et pour cet objectif, la moindre connaissance était importante, même cette simple capacité culinaire. Il y avait derrière sa façon de pensée toute la conception qu’il se faisait de l’institut et de leur groupe. Et jugeant qu’il n’était pas loin de la vérité, il aimerait bien savoir, mine de rien, comment Adam voit l’institut. Peut-être aurait-t-il dû commencer par ça… Mais maintenant ça va être dur de ramener la conversation délicatement vers ce sujet.

    – Je peux te poser une autre question ? Est-ce que tu veux devenir un X-man ?

    La finesse, comme Adam pouvait le voir, ce n’était pas toujours le style de Quentin. Ce dernier, considérant qu’au final, le jeune mutant n’était pas une bombe prête à exploser, jugea qu’il valait mieux ne pas passer par quatre chemins et être honnête.

    Pour compenser cette brusquerie, il décida d’écouter silencieusement les propos de l’adolescent concernant une potentielle carrière liée à son activité sportive. Activité qui figurait presque en gras dans son dossier. A la fin de ces explications, Quentin était plutôt satisfait car, de toute évidence, Adam commençait à voir les choses sous un jour nouveau et encourageant aux yeux du télépathe. Il ne voulait pas en ajouter pour ne pas trop influencer son interlocuteur et ainsi risquer de froisser un éventuel esprit de contradiction souvent associé à la jeunesse. Il se décida cependant à faire une remarque / suggestion légère qui n’engageait à rien et qui reflétait la réalité de la situation.

    – En tout cas, si tu cherches de cobayes, je suis sûr que de nombreux élèves adoreraient apprendre à se battre. Et honnêtement… vu les évènements récents, je pense que ce ne serait pas une mauvaise chose pour eux…

    Autant pour la légèreté… Cependant un observateur avisé, et Adam entrait certainement dans cette catégorie, pourrait voir que la dernière partie de sa déclaration était plus une idée exprimée à haute voix pour lui-même que pour atterrir dans les oreilles de quelqu’un.

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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptySam 13 Oct - 10:58

Adam jeta un regard en biais à Quentin, sorte de surprise polie et contenue, mais qui soulignait, malgré lui, l’impression qu’il avait que son interlocuteur répondait un peu à côté. Bien entendu que les professeurs n’enseignaient pas toujours par passion, par vocation ou pour amour de la pédagogie ; il y avait une différence fondamentale cependant entre aimer une chose et être capable de quelque chose et si Adam n’eût éprouvé aucun déplaisir à transmettre son savoir, il n’en avait guère les moyens — inversement, si les quêtes dans lesquelles le lançaient ses visions étaient fort désagréables, il n’en laissait pas de les poursuivre.

Mais — quoique la chose ne fût pas toujours très flagrante — en vieillissant, Adam s’adoucissait un peu et il avait appris désormais — un grand progrès pour lui — à ne pas reprendre ses voisins sur des détails qui, somme toute, n’avaient pas une grande importance. La vie commune à l’Institut, entre autres bienfaits, lui avait inculqué une certaine notion, toujours un peu vague chez lui, de douceur et de diplomatie.

Il secoua la tête.


— Totalement incapable, sans doute pas. Juste que j’suis pas très, très efficace. Et peut-être pas super patient non plus. J’ai du mal à détailler les choses qui me paraissent évidentes et qui peuvent être compliquées pour les autres. Ou d’me rendre compte des raisons qui font qu’elles sont compliquées.

Sans doute n’était-ce pas un cas désespéré. Il ne doutait pas qu’avec de l’application et du travail, de la même manière qu’un mathématicien apprendrait à décomposer un élément un problème complexe pour le transmettre à ses disciples, il arriverait à formuler son savoir de manière développée plutôt que condensée et éclairante plutôt qu’obscure, mais quand il songeait à la quantité de travail que cela exigerait de lui, il n’était pas tout à fait sûr d’en avoir le courage.

A vrai dire, son évaluation de ses propres capacités de pédagogue procédait beaucoup plus d’une analyse rationnelle de celle-ci et de son peu de motivation pour les parfaire que de sa mélancolie. Il ne comptait plus le nombre de fois où ses camarades lui avaient opposé un regard hébété quand il avait tenté d’expliquer les principes du spinozisme (au détour d’une conversation sur les meilleurs restaurants de la ville) ou la stratégie élémentaire d’un combat de kick-boxing (quand on s’était contenté de lui demander combien de temps il s’entrainait chaque jour).

Il avait fallu se faire une raison : de la même manière qu’il ne deviendrait probablement jamais une danseuse étoile ou un grand cuisinier, la carrière de professeur lui paraissait être un chemin barré. A la limite était-il capable de s’imaginer, dans soixante-dix ans, en sage ascétique qui dispenserait des aphorismes parfaitement hermétiques à des disciples décontenancés, enveloppé dans le brouillard d’une montagne reculée.

La nouvelle question de Quentin le laissa, elle, beaucoup plus perplexe et indécis. Devenir un X-Man ?


— Ben… Non.

Quelle drôle d’idée !

— J’veux dire, j’ai pas non plus un pouvoir super pratique.

Oui parce que, dans son esprit, les X-Men étaient des gens qui lançaient des boules de feu, soulevaient des camions ou se téléportaient à l’autre bout du pays. Lui, pour l’heure, il avait surtout des visions aléatoires, parfois difficilement compréhensibles, souvent peu situables, et qui le plongeaient dans un état catatonique pour plusieurs heures. Il avait un peu de mal à s’imaginer en super-héros.

Non, décidément, c’était une bien drôle d’idée. Une bien drôle d’idée qui n’en faisait pas moins silencieusement son chemin dans l’esprit d’Adam, qui se rendait peu à peu compte qu’il n’avait qu’une idée très, très vague de ce que pouvaient bien faire les X-Men de leur temps, quand ils n’étaient pas en train de manger dans le self de l’Institut ou d’entraîner leurs élèves. Il avait toujours supposé que c’était un secret et n’avait jamais cherché à savoir.

Il hocha machinalement la tête quand Adam évoqua des cours de combat.


— J’l’ai fait une ou deux fois. Enfin, j’ai passé beaucoup plus de temps à leur conseiller d’apprendre à fuir, quand même. J’suis pas vraiment super fan des combats. Des vrais combats, j’veux dire.

La preuve que sa formation en arts martiaux n’avait pas été purement cosmétique : se battre, c’était toujours utile et jamais souhaitable.

— Ca, c’t’un truc qu’il faudrait faire. Les cours de fuite. Apprendre à disparaître dans la ville. A courir vite, à grimper haut, ce genre de choses. C’est moins glorieux, c’est sûr, mais bon. Enfin, bref. Vous savez, ça va, hein. J’vais pas m’jeter sous un train ou un truc du genre. J’ai juste besoin, j’sais pas. D’me prendre en mains, ou quelque chose comme ça.

Et en effet, quoiqu’il ne rayonnât pas de bonheur, il semblait un peu moins morose qu’au début de la conversation : de nouvelles perspectives avaient germé, d’anciennes perspectives avaient été ressuscité et il songeait que son existence, tout du moins son existence professionnelle, n’était pas si verrouillée que cela.

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Quentin Quire

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyMar 16 Oct - 10:42


    Philosophe, Adam l’était sans nul doute. Le jeune homme avait des avis clairement différents de ceux de Quentin. Mais il faisait tout de même preuve de compréhension et montrer un recul qui était rare même chez les adultes. En tout cas, à son âge, Quentin n’était pas aussi ouvert d’esprit et admirait cette qualité chez le jeune mutant. D’autant plus qu’il ne s’agissait pas de se montrer purement et simplement conciliant juste pour faire plaisir aux autres. Encore une fois, Adam prouvait qu’il avait un avenir prometteur et Quentin espérait encore plus fort le voir mettre ses capacités et sa volonté au service de la bonne cause.

    Il explicita les raisons qui le poussaient à croire qu’il ferait un très mauvais prof. Pourtant, tout ce qu’il citait, Quentin l’avait vu chez de nombreux enseignants par le passé. Et pourtant ils avaient été de très bons professeurs. Pas très efficace ? Franchement si on commence à se poser la question de l’efficacité et que l’on relative vraiment, on peut remettre en cause tous les systèmes éducatifs du monde. La patience ? Un simple détail qui se classait dans la même catégorie que l’entente élèves-profs. Un prof trop impatient forçait les élèves à courir pour suivre. Un prof trop patient habituait les étudiants à un rythme qu’ils ne connaîtraient pourtant pas toute leur vie et risquait de démotiver les bons élèves. Le juste milieu était purement subjectif. Il ne savait pas bien expliquer les choses, cela servira d’excuse pour forcer les élèves à réfléchir plus ou même développerait leur esprit critique. Avec l’enseignement, certains défauts pouvaient se transformer en qualité, tant qu’Adam ne mettait pas littéralement de couteau sous la gorge de ses apprentis, il ne pouvait pas vraiment faire mal.

    – Tout ça, franchement, je ne pense pas que ce soit un problème. Tant qu’un prof a de la bonne volonté, une autocritique correcte et qu’il sait de quoi il parle, il peut enseigner à n’importe qui. Le reste est juste une question de difficulté.

    C’était là son avis et jusqu’à aujourd’hui personne n’avait su lui opposer des contre arguments valables. Et si un enseignant était critiquable, c’était bon signe. Bien qu’étant réaliste et terre à terre avec pas mal de choses, Quentin savait se montrer optimiste ou plutôt relativiste dans d’autres domaines.

    Par contre, le sujet X-men était plutôt intraitable pour le télépathe. Pour lui, et il était conscient qu’il s’agissait là d’un bête reste de rêve d’enfant, le groupe faisait partie de l’élite des mutants. Et si l’on devait diviser le monde en noir et en blanc, l’équipe des X-men serait la seule à dominance blanche. Bien sûr, il avait appris à ouvrir son esprit sur le sujet et le peu d’ouverture dont il faisait preuve lui suffisait amplement. Donc il fut d’abord très surpris d’entendre un jeune homme comme Adam, bien sous tout rapport, déclarer qu’il ne comptait pas devenir X-man. Quentin fut si surpris et tomba de si haut qu’il ne répondit rien et attendit la suite avec des sourcils interrogatifs et un visage immobile. Et donc Adam offrit une explication qui lui paraissait tellement logique et normal qu’elle surprit encore plus Mantis tant elle était infondée. Le prof de littérature laissa un seul éclat de rire s’échapper de sa gorge ; ses nerfs se permettaient parfois un repos plus ou moins mérité, mais surtout la pensée d’Adam l’étonnait vraiment. Pour le coup il tombait de haut. Voyant que l’adolescent se montrait sérieux, Quentin effaça toute trace d’amusement de la surface de son visage et reprit d’un air sérieux, presque inquiet.

    – Heu… tu crois vraiment que c’est tout ce qui résume un X-man ? Un pouvoir super pratique ?

    Il n’y avait pas d’indignation dans sa voix contrairement à ce que la phrase en elle-même pourrait laisser paraître. En revanche, il ne cachait pas sa surprise. Sur le même ton et avec les sourcils plus inquiets et sérieux, il reprit :

    – Adam… qu’est-ce qu’un X-man, selon toi ?

    Lorsqu’un élève avait un zéro sur vingt ou bien qu’il faisait du hors sujet, la méthode la plus sûre consistait à reprendre les bases de manière claire. En fait, ce genre de technique devrait s’appliquer partout, le monde fonctionnerait bien mieux… peut-être pas dans le sens moral du terme, mais au moins d’un côté pratique, ce serait plus ordonné.

    Mais il ne fallait pas brûler les étapes. Avant de passer au stage X-men, Quentin devait voir ce qu’il en était de l’avenir professionnel d’Adam. A l’institut, il était important d’apprendre à se sentir voire à devenir utile aussi bien en tant que mutant qu’en tant qu’être humain. Le deuxième aspect devait bien être aussi important que le premier, peut-être même plus. Adam lui expliqua qu’il apprenait surtout aux autres à éviter le danger. Ce qui était très rassurant lorsqu’on avait l’habitude d’entre parler d’adolescents prêts à laisser leurs hormones prendre le contrôle de leurs actions et de leurs capacités. Si en plus ils savaient se battre efficacement, l’institut aurait de quoi se faire du souci en termes de réputation.

    – Je suis d’accord, dans certaines situations, bien souvent en fait, il est plus sage, prudent ou tout ce que tu veux d’éviter la confrontation, voire de savoir fuir lorsque c’est l’alternative la plus sûre. Mais je pense que toi mieux que quiconque sait qu’il y a des problèmes pour lesquels la fuite n’est pas la bonne chose à faire. Il y a des combats que l’on ne peut éviter. Et si je puis me permettre un peu de philosophie, passer sa vie à fuir, ce n’est pas vivre…

    Il s’interrompit un instant. On esprit fut traversé par une hypothèse éclair qui éclair le cas “Adam” sous un jour nouveau quoique incertain. Peut-être que le problème du jeune homme résidait ici. Mais alors ce serait délicat à traiter, surtout avec un jeune homme fier comme il semblait l’être, en dépit de la maturité qu’il avait manifesté tout au long de la discussion.

    – Ou cela reviendrait à vivre en passant à côté de nombreuses choses merveilleuses…

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyDim 21 Oct - 8:47

En matière de professorat comme en matière d’art, Adam n’était guère convaincu. Sans doute ses raisons étaient-elles un peu meilleures ; du moins se fondaient-elles cette fois-ci sur une série d’expériences précises qui, si elles n’avaient pas été entièrement infructueuses, ne s’étaient certes pas révélées des succès non plus et, quelque conviction que Quentin mit à le convaincre que la difficulté et, d’une certaine manière, l’obscurité participaient d’une forme de pédagogique, le jeune homme demeurait un peu sceptique.

Il y avait certains domaines pour lesquels Adam estimait qu’une vocation était nécessaire ou, à défaut, de solides compétences, et qu’en l’absence de l’une ou des autres, il était un peu coupable de s’y lancer. Sans doute mal apprendre à se battre était-il moins grave, du moins à ses yeux, que de mal apprendre à compter ou à lire, mais comme il ne concevait pas que les arts martiaux s’apprissent sans une certaine morale, qui n’était certes pas la philosophie pseudo-orientalisante des mauvais films, mais dont le rôle n’était pas anecdotique, il se voyait mal dispenser un enseignement confus.

Cette idée fut donc balayée, comme d’autres que Quentin avait apportées mais la conversation n’avait pas été stérile. S’il se montrait réticent à bien des suggestions, Adam n’en demeurait pas moins ouvert, plus disposé de toute évidence qu’à l’ordinaire aux commentaires constructifs qu’on lui adressait. Porté en règle générale à camper sur ses positions plutôt qu’à admettre les problèmes, ceux en tout cas qui le concernaient très directement, Adam avait besoin que la mélancolie ébranlât ses défenses personnelles pour se laisser un peu convaincre.

La récolte n’avait pas été mince. Il avait plus ou moins décidé de changer de travail ou, et c’était un bon début, admis qu’il lui était possible de l’envisager. Des perspectives d’avenir un peu plus sérieuses s’étaient formées à son horizon. Quant à la vie sentimentale, dont ils n’avaient pas beaucoup parlé, les quelques mots qu’ils en avaient dit avaient au moins eu le bénéfice de ramener au premier plan cet aspect si important de l’existence qu’Adam avait tant tendance à enterrer.

La fuite. L’Asiatique jeta un regard en coin à son interlocuteur. Manifestement, le professeur ne parlait pas uniquement de fuir devant deux loubards avinés à la sortie d’un bar. Ni même devant des robots tueurs sanguinaires. Adam reporta songeusement son regard sur le parc qui s’étendait devant eux, au-delà de la courbe du lac.

Fuyait-il ? Et s’il fuyait, quoi ? Il fallait bien le reconnaître, s’occuper en permanence, et singulièrement s’occuper des autres, et très particulièrement encore des autres que l’on ne connaissait pas et que l’on était certain de ne jamais revoir une fois sauvés, était une manière fort efficace de ne pas organiser cette chose si compliquée et si oppressante, sa propre existence, avec tous ces petits problèmes beaucoup plus fluides et beaucoup moins distincts qu’un meurtre ou un accident de la route.

Adam avait toujours soigneusement évité d’explorer les tréfonds de sa psychologie. Il savait à peu près où étaient les problèmes ou, plus précisément, ce qui n’allait pas. Il savait, par exemple, qu’il n’était pas tout à fait normal qu’il se sentît en permanence « coupable » pour toute sorte de choses, des plus anodines au plus importantes. Qu’il n’était pas non plus très sain d’avoir peur de rester tout seul, un peu inactif, simplement à ne rien à faire, à paresser.

De temps en temps, très rarement, il cherchait des raisons. Dans son passé, par exemple. Mais son enfance avait été heureuse — beaucoup plus heureuse en tout cas que bien des enfances, de mutants ou d’humains. Il n’avait pas connu personnellement de grands drames ou de grandes violences. Il n’y avait que ses visions. Et pourtant, il lui semblait qu’il n’eût pas été tout à fait exact, tout à fait pertinent, de tout rapporter à ces visions. Que son esprit avait toujours beaucoup mieux résister aux traumatismes qui y prenaient leur source qu’aux petites insatisfactions de la vie quotidienne.

Mais Quentin, alors, que lui suggérait-il ? Qu’être un X-Man, ou bien essayer de le devenir, était un moyen de pacifier son existence ? Adam avait lu cela, un jour, quelque part, dans un livre de psychologique — ces livres-là n’étaient pas ses préférés. Il avait lu que se créer des rôles qui étaient des compartiments de l’existence, des responsabilités incarnées dans une sorte de personnage, était un moyen de vivre sereinement.

Et d’un autre côté, son action secourable serait plus méthodique et, sans doute, plus efficace. Tout cela n’enlevait rien au problème principal, cependant : un X-Man, Adam ne voyait pas très exactement ce que cela pouvait être. D’une voix songeuse il répondit enfin :


— Non, j’dis pas que ça se résume à un pouvoir super pratique. Juste que c’est un point important. Comme… Une pomme ne se résume pas à ses pépins mais en contient toujours. C’est une condition nécessaire mais non suffisante.

Ce qui constituait, pour le coup, un bel exemple de pédagogie efficace. Le jeune homme haussa les épaules.

— Bon, cela dit, pour être honnête, j’ai pas vraiment une idée précise de ce en quoi ça consiste. J’veux dire, c’pas comme si on nous avait distribué une plaquette explicative à l’entrée.

Car il y avait bien des choses à l’Institut qui demeuraient obscures pour bien des gens et Adam comprenait parfois les rumeurs qui couraient sur l’établissement ; il était enveloppé d’un voile de mystère qui n’était pas susciter les imaginations les moins favorables.

— C’est toujours un peu comme ça, ici. On sait qu’il y a des choses — qu’il se passe des choses — mais on ne sait pas toujours très bien qui, quoi, pourquoi, où et quand.

Adam fit une pause puis, en se rendant compte que ses paroles pouvaient être prises en mauvaise part, il ajouta :

— C’pas forcément un reproche, hein. Juste une constatation. J’suis pas sûr qu’y ait beaucoup d’gens ici qui puissent répondre à la question : qu’est-ce qu’un X-Man.
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyVen 26 Oct - 20:25


    Même si certaines de ses paroles devaient probablement tomber dans le néant, Quentin voyait bien que d’autres arrivaient à faire mouche dans l’esprit du jeune homme. Et le télépathe le prenait plutôt bien, avoir des résultats prometteurs avec un inconnu (un dossier, ça ne permet pas de connaître les gens, rappelons-le) sans utiliser sa télépathie, ce n’était pas mal du tout. Fier de lui, Quentin laissa à Adam regarder le paysage sans le regarder vraiment ; on voyait bien que le jeune mutant réfléchissait à des choses importantes. Pour patienter, Quentin, les mains dans les poches, se permit d’observer le paysage avec nostalgie, repensant à tous les discours optimistes que Charles Xavier lui avait prodigué.

    Une fois sorti des profondeurs d’une potentielle (Quentin était plein d’espoir) introspection, Adam et lui entrèrent dans un autre sujet : les X-men. Et si là encore le télépathe faisait de son mieux pour se montrer positif. Mais dans les faits, il n’était pas bien sûr que l’équipe continue de poursuivre le rêve de Xavier. A ceci prêt qu’il avait entendu parler de la dernière mission de Scott et Ororo et le rapport avait été plutôt positif. Quoique, il n’avait pas fini de le lire, la priorité Adam avait interrompu sa lecture. Et maintenant, voilà que le jeune homme lui réclamait une définition du X-man. L’ironie serait belle si Quentin n’en était pas personnellement embarrassé. Il fit bien sûr de son mieux pour ne rien montrer. Mais sachant qu’il avait affaire à un jeune homme intelligent, le professeur n’écartait pas l’idée qu’il le perce à jour. Surtout que le ton qu’il utilisa pour répondre était légèrement moins assuré.

    Cela dit, le début de la discussion était le plus facile à gérer.

    – Certes, si on prend pour référence les pouvoirs de la directrice, on peut avoir une définition assez épatante de l’X-man. L’humour, outil multi-tâche, un allié don l’utilité n’était plus à prouver. Mais en réalité ce n’est pas vraiment ça… mon pouvoir par exemple ne me permettrais pas d’en mettre plein les yeux dans un film d’action… Il n’empêche que j’ai mon utilité… enfin je pense… conclut-il avec un air plus léger.

    Petit bonus positif : Quentin réalisa qu’Adam savait utiliser des expressions claires pour illustrer son point de vue. Mantis ne voyait vraiment pas comment il ne pourrait pas faire un bon prof.

    Les propos suivants du jeune homme permirent d’arriver aux « choses sérieuses », le cœur du problème des X-men. Et une critique subtile et potentielle pouvait être décelée. Mais Adam mit bien vite un point d’honneur à alléger cela. Vraiment, heureusement qu’Adam n’était pas intéressé par les cours… il aurait été un terrible élève… dans le sens où il aurait forcé ses professeurs à prendre des chemins tordus. Quentin aurait adoré l’avoir dans ses cours.

    – La communication est un gros problème dans la plupart des écoles… Sauf pour les rumeurs peut-être… Et celle-ci, aussi bizarre soit-elle, ne fait pas exception. Cela dit, on parle d’un point de vue général, de celui d’un observateur lambda qui n’a pas le pouvoir de voir l’avenir. Tes visions ne t’ont jamais rien montré des X-men ?

    Cela lui semblait bizarre qu’un garçon aussi réfléchi qu’Adam, avec la tête bien sur les épaules soit venu dans cette école sans avoir la moindre idée des activités des X-men. Et surtout, d’après son dossier, celui qui l’avait recruté n’était pas le mutant le moins activiste de l’institut. Cela dit, Quentin ne connaissait pas monsieur Logan plus que ça… Néanmoins, il ne voyait pas Adam agir sans réfléchir… Ceci dit, cela faisait seulement quelques minutes qu’il connaissait le jeune homme.

    – Comme tu l’imagine, on fait de notre mieux pour aider les mutants qui ont besoin d’aide. Figure-toi qu’il y en a beaucoup qui vivent dans des conditions à faire pleurer un journaliste corrompu. Mais le public ne les voit pas forcément… nous on essaye de faire plus que de les voir.

    Ca, c’était le bel aspect de la chose… Il fallait le replacer dans le contexte, par rapport à la réalité. Honnête, Quentin ne pouvait pas dissimuler cela.

    – Cela dit… si tu suis un peu les informations… tu te doutes que le gouvernement n’encourage pas vraiment nos actions. Donc on évite de crier ce qu’on fait sur les toits.

    Autre réalité: les X-men ne le criaient nul part, ils le murmuraient à peine… si bien qu’apparemment, ils étaient devenus de véritable énigmes pour les élèves. Pour mieux les protéger sûrement. Mais si Quentin était optimiste, il n’allait tout de même pas sortir un discours paternaliste à un jeune homme comme Adam. Il n’était pas encore assez vieux pour ça. Le pire, c’était que donner ces explications sur les X-men avait remis en question sa propre implication dans le groupe. Mais en regardant Adam, il se rappela que sa priorité pour le moment ; c’était l’institut. Quentin voulait bien redorer le blason des X-men… mais il y avait des priorités. Avant de former son groupe de « héros mutants », le Professeur avait commencé par construire une école. Quentin allait faire de même. Ou tout du moins il allait essayer de son mieux.


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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyJeu 1 Nov - 8:43

Fort heureusement pour le professeur, Adam n’avait pas ce jour-là toute sa saine et habituelle concentration, et ses capacités d’observation et de déduction d’ordinaire redoutables étaient pour l’heure tournées vers les problèmes purement théoriques qui étaient les siens et la difficile spéculation morale au bout de laquelle il espérait trouver tout ce que pouvait promettre un bon marabout : du travail, de l’amour, un but dans l’existence.

Le trouble de Quentin passa donc presque inaperçu. Presque, parce que les formulations du professeur n’étaient tout de même pas aussi assurées qu’auparavant et que, pour quelqu’un qui tentait de le persuader du bienfait des X-Men dans la société, ou quelque chose dans ce goût-là, il était tout de même un peu prudent dans sa rhétorique. Simplement, Adam, ce jour-là, ne songeait pas à appuyer un peu plus là où ça faisait mal.

Le jeune homme secoua la tête quand son aîné l’interrogea sur le contenu de ses visions et son éventuel rapport aux activités des fameux héros.


— Mes visions ont une certaine… Logique, je suppose. J’sais pas trop à quoi elle tient, mais disons que des nouveaux thèmes n’apparaissent pas très souvent. Genre, je ne vois presque jamais de mutants, à moins que ce soit des gens que je connais bien, dans des situations plus ou moins quotidiennes. Les drames, les accidents, sont toujours humains. Autant que j’en puisse juger. En tout cas, de ce point de vue, ils ne sont pas exceptionnels. Affreux, mais pas exceptionnels.

Une conclusion qui en disait long sur la façon d’envisager le monde à laquelle un semblable don pouvait conduire et, en réalité, il tentait du miracle qu’Adam ne fût pas perpétuellement réfugié dans sa chambre, drogué jusqu’aux yeux et parfaitement aphasique, si la banalité du monde se composait pour lui de ce qui en était l’extraordinaire horaire pour le reste de la population — tortionnaires, médecins légistes et membres de la brigade criminelle mis à part.

Mais come l’Asiatique commençait à se sentir, sinon un peu mieux, du moins un peu moins mal, il n’avait guère envie de s’étendre sur ce que contenait ou ne contenait pas ses visions et s’empressa d’enchaîner avec le reste des propos de son interlocuteur.


— Ca me semble pas très spécifique.

Signe infaillible qu’Adam était en train de reprendre du poil de la bête : son sens diplomatique décroissait au fil de la conversation. Il lui en restait un peu cependant pour comprendre que sa réponse spontanée avait été un peu abrupte peut-être et qu’il devait à un professeur qui avait passé tant de temps à tenter de lui remonter le moral (et à le remonter en effet) un peu plus de douceur.

Il esquissa un volatile sourire d’excuses et précisa un peu plus sa pensée.


— Je veux dire, il y a d’autres gens, qui aident les mutants. Des associations. Un truc qui s’appelle, je sais pas trop, le Réseau non ? Quelque chose comme cela.



Enfin, bien sûr, y a pas besoin de faire un truc spécifique. Faire la même chose que d’autres personnes, c’est bien aussi.

Bon, Adam n’était peut-être pas très doué pour rattraper ses maladresses, mais du moins l’idée était-elle passée et, s’il en jugeait par la patience dont Quentin avait fait preuve tout au long de la conversation, son interlocuteur serait assez bienveillant pour ne pas prendre en trop mauvaise part ses remarques un peu rugueuses.

Et puis, de toute façon, le jeune homme avait un peu de mal à croire que les X-Men se contentassent de servir une soupe chaude aux mutants sans-abris ou de donner des manuels de mathématiques élémentaires à ceux qui avaient été précocement déscolarisés. La discrétion tenant du mystère qui entourait le groupe suggérait que les activités étaient un peu plus illégales que cela.

Le jeune homme n’était pas trop sûr de ce qu’il était en droit de savoir, selon les dirigeants de l’Institut, et sa curiosité naturelle, maintenant que le sujet était abordé, le poussait à tenter d’en apprendre un peu plus. Il hésita un moment à formuler comme à son habitude des questions un peu directes mais opta finalement pour une approche plus contournée.


— Après, vous faites peut-être plus que de distribuer des couvertures chaudes et offrir un refuge. Mais disons que si c’est le cas, c’est trop discret pour que je le sache et si je ne le sais pas, je ne peux pas en concevoir une idée, et si je ne peux pas en concevoir une idée, je ne peux pas concevoir la volonté de le devenir. X-Man.

Pure logique. A nouveau, le jeune homme s’empressa d’ajouter, moitié par désir d’adoucir encore ses paroles, moitié pour ménager des ouvertures et faire voir qu’il était plutôt disposé à accepter d’éventuelles propositions d’éclaircissements qu’à rejeter en boc ce dont précisément il ne savait pas grand chose :

— Encore une fois, c’est par manque d’informations, pas par principe. Enfin, si, un peu : je suis peut-être pas super fan des sociétés secrètes. Mais j’peux en comprendre l’utilité, je suppose, dans le contexte actuel.

Ce n’était probablement pas le bon moment pour entamer une discussion sur la nécessaire transparence démocratique et les dangers qu’elle pouvait représenter pour une politique réaliste : un autre sujet pour un autre temps. Mais, comme à son ordinaire, Adam n’était pas parvenu à donner l’illusion d’une adhésion complète sans indiquer les réticences morales qui le retenaient, par souci de sincérité.

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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyVen 9 Nov - 9:21


    Les pouvoirs du type de ceux d’Adam n’étaient pas les plus faciles à évaluer et leurs limites partageaient cette difficulté. Aussi, dans ce que décrivait le jeune homme, qui était une valeur sûre car il commençait à bien connaître son pouvoir maintenant, son pouvoir était plus sensible aux évènements passés que futurs. Donc en toute logique, les catastrophes humaines devaient être bien plus présentes que les mutantes. D’une certaine façon, c’était rassurant pour la cause. Mais d’une autre, Quentin était bien surpris, sachant que le nombre de mutants ne cessait d’augmenter, Adam devait bien avoir quelques visions concernant les porteurs du gêne X autres que ceux qu’il « connaît bien ». Cela dit, en spéculant bien, on pourrait penser que ledit gêne les camouflerait des pouvoirs du devin dans une moindre mesure. La télépathie était déjà difficile à cerner scientifiquement alors le pouvoir de précognition… Cela dit, le Professeur Xavier, avec Cérébro, avait bien montré que les mutants possédaient une signature psychique particulière. Alors pourquoi ne posséderaient-ils pas une autre particularité qui influerait le domaine dans lequel entrait le pouvoir d’Adam ?

    Mais tout ceci n’était qu’hypothèse sans fondement particulier. En revanche, la description donnée par le jeune homme montrait bien d’autres aspects malheureux qui accompagnaient son pouvoir complexe. Le spectacle peu merveilleux qu’il offrait. Et Quentin imaginait très bien quels genres d’horreurs le jeune mutant pouvait observer. En tant que télépathe, lui savait ce qui se passait dans la tête des gens, et s’était déjà suffisant pour l’avoir presque rendu fou. Donc il comprenait bien ce que le garçon pouvait endurer. Mais encore une fois, son discours semblait indiquer qu’il avait intégrer sa condition sans en être complètement indifférent. Alors Mantis ne s’amusa pas à repasser une couche de pommade compatissante.

    – Bon, au moins, ça te fait ça de moins à endurer. Mais ça aurait pu te permettre de répondre à tes interrogations.

    Rien de tel que la vision d’une vielle mission couronnée de succès pour donner à quelqu’un une idée de ce que faisaient les X-men. Le mieux était de vivre l’expérience bien sûr, mais cela n’était pas donné à tout le monde. Et vu comme Adam semblait sceptique, Quentin commençait à croire que ce n’était peut-être pas pour lui. Surtout vu la façon dont il semblait s’interroger sur l’utilité des X-men.

    Tandis qu’il écoutait avec une patience décroissante les explications et interrogations du jeune homme, Quentin s’indignait de voir un esprit aussi brillant poser des questions MAINTENANT concernant un groupuscule avec lequel il vivait depuis quelques temps déjà. Certes, le gros des activités des X-men restait secret, mais la façade qu’ils exposaient n’en était pas moins claire et importante pour la cause. Choisissant de rester le plus pédagogue possible, Quentin s’abstint de critiquer le jeune homme et préféra répondre à ses arguments au cas par cas. D’abord le fameux « Réseaux » sur lequel Quentin avait fait deux trois recherches depuis qu’il était revenu.

    – La comparaison n’est pas valide. la pédagogie ne voulait pas toujours dire être indirect dans ses propos. Le Réseau, comme tu le sais sûrement, est une organisation officiellement illégale et a les autorités à ses trousses. Je ne renie pas leur utilité, évidemment. Et je suis content pour les personnes aidées qui peuvent jouir d’une vie plus sûre. Mais honnêtement, je n’aimerais pas vivre dans la crainte perpétuelle de voir mon secret découvert à nouveau et de devoir changer de vie une nouvelle fois. Pour moi, le Réseau n’aide pas les mutants, il aide seulement des individus. le besoin de modérer ces propos se fit alors sentir. Cela dit, pour les gens qui ne sont pas comme moi et qui sont donc nombreux, c’est une bonne chose que le Réseau existe.

    C’est sûr que le Réseau avait un beau rôle. Le mystère, la subversion quasiment déclarée de leurs actions et le fait que, par conséquence, on en parle plus aux infos que de l’institut Xavier donne aux X-men l’impression de faire pâle figure. Mais ça, c’était pour un public lambda qui ne prenait pas la peine de réfléchir. Faire l’autruche et fuir n’ont jamais été les bonnes solutions, l’histoire l’avait déjà prouvé. Pour Quentin, donc, il n’y avait aucun doute quant aux limites du groupe mentionné par Adam. Celui-ci semblait avoir un problème avec la spécificité des actions des X-men. Etait-ce un appel plus ou moins indirect pour avoir droit à un peu d’action ?

    – Je me permets juste de te rappeler que les fameuses “missions secrètes” ne sont pas monnaie courante, si parfois nous « prenons les armes », c’est pour empêcher des gens de commettre un génocide d’un côté comme d’un autre. Mais à part ça, nous recueillons les mutants qui ont été abandonnés par leur familles et qui souhaitent toujours avoir une vie aussi normale que possible, on leur apprend aussi à maîtriser leurs pouvoirs pour ne pas blesser les autres et peut-être même les aider. Quentin fit une pause et posa ses yeux en direction du lac, il vit des nuages blancs s’approcher en masse suivis d’un fond un peu gris. Le spectacle atténua la gène qu’il avait ressenti en expliquant tout cela. D’autant que cet apaisement vint avec le souvenir d’avoir lu quelque chose de très intéressant dans le dossier d’Adam. Pour te donner un exemple concret, un de nos pensionnaires passe une bonne partie de son temps libre à essayer d’utiliser son pouvoir pour sauver des gens… A mon avis, si tu veux une vraie définition de ce qu’est un X-man, tu devrais aller lui demander pourquoi il fait ça… Bon après, il agit en solo… y a encore du boulot à faire niveau esprit d’équipe.
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyDim 18 Nov - 13:36

Adam avait pour sa part renoncé depuis longtemps à établir une logique définitive qui eût organisé ses visions. Dans le passé comme dans le futur, elles étaient faites de régularités inexplicables et de désordres mystérieux. Pourquoi voyait-il presque systématiquement des événements new-yorkais mais, de temps à autre, des choses qui se déroulaient à l’autre bout du monde ? Pourquoi voyait-il dans le passé une multitude de scènes anodines mais dans le futur, essentiellement des faits violents ? Pourquoi ne voyait-il jamais de manifestations de dons mutants dans le futur ni dans le passé ?

Il y avait les semaines affreuses où ses visions tournaient exclusivement autour de sa propre mort, les semaines bénies où elles ne contenaient rien de que très commun et inoffensif, les semaines mêlées. Toujours était-il que des mutants, il n’en voyait pas. Ou plutôt, s’il en voyait, à part lui, il ne les identifiait pas comme tels. Il supposait qu’il y avait dû en avoir, au fil des années, mais que leurs particularités, dans les cinq minutes que contenaient les visions, n’avaient pas été exposées.

Mais ce n’était pas ce qui expliquait son indifférence à l’égard des X-Men. Celle-ci avait une source beaucoup plus idéologique : Adam n’aimait pas les grands secrets. Cultivant cette passion étasunienne qui était l’une des rares à unir des Républicains comme des Démocrates, la transparence, le jeune homme se méfiait instinctivement de tout ce qui vivait dans l’ombre et qui prétendait changer le monde ; la vie privée n’était le privilège que des individus, non des institutions.

Bien entendu, il avait lu Machiavel et il comprenait qu’en bien des circonstances, un semblable mystère était nécessaire. Simplement, il y avait là un dangereux engrenage dans lequel il n’était pas trop pressé de mettre le doigt. Mais la description que lui faisait le professeur des activités des X-Men lui fit brutalement se rendre compte que leurs incompréhensions naissaient d’un problème bien moins compliqué que celui-ci : c’était qu’ils ne mettaient pas les mêmes mots sur les mêmes choses.


— Je vois. En fait, je crois que ce que vous appelez les X-Men, j’appelle cela l’Institut, en tant que groupe, et que ce que j’appelle moi les X-Men, vous appelez cela les missions secrètes. Je préfère penser que tous les membres de l’Institut, y compris ceux qui n’y sont encore que des pensionnaires, participent à la réalisation collective de ces entreprises sociales que vous décrivez, plutôt que de songer qu’elles relèveraient du seul exercice des professeurs.

Il se cachait sous cette remarque, où Adam avait abandonné, comme souvent lorsqu’il abordait de grands problèmes, le style familier et un peu populaire qui était ordinairement le sien, une certaine idée de l’Institut qui témoignait assez que l’Asiatique n’y était pas venu par hasard et qu’il partageait, dans une large mesure, les idéaux collectifs et progressistes qui avaient présidé à la fondation du lieu.

Toujours était-il que cela avait le mérite, de son point de vue du moins, de pacifier considérablement la discussion.


— Ça, je veux bien le faire. Je préfère comme vous que l’Institut fasse ça que le Réseau. Enfin, je veux dire que les deux sont nécessaires. A peu près le même projet qui répond à des situations différentes. Bref, aider ceux qui arrivent, leur montrer les voies de l’intégration, renégocier les relations entre monde mutant et reste de la société, ce sont des choses qui me paraissent importantes et pas totalement hors de mon domaine de compétences.

Ce qu’il écartait tacitement, en ne l’évoquant pas, c’était ces fameuses missions secrètes, qui évoluaient dans un monde qu’il ne faisait que pressentir, qu’il ne connaissait qu’à moitié par les rumeurs et les demi-vérités qui émergeaient des débats dans divers milieux, la lutte qui imposait l’Institut à des forces obscures.

Il n’excluait pas d’y prendre part un jour, car après tout, les missions qu’il s’imposait à lui-même ne différaient pas nécessairement des missions secrètes de l’Institut. Seulement, il ne voulait pas donner l’impression qu’il allait s’engager dans quelque chose dont il ne connaissait pas clairement les tenants et aboutissants ; sa méfiance n’était pas autoritaire, mais elle exigeait qu’il se renseignât sur ce monde secret avant de décider, en toute connaissance de cause, d’y prendre part. La première étape était donc de prendre part aux activités plus traditionnelles de l’Institut.

Ils avaient parlé longtemps ainsi et, indubitablement, Adam se sentait mieux. Sa mélancolie ne l’avait pas exactement quitté et ses problèmes les plus personnelles, les plus émotionnels, qui devaient trouver une résolution quelques jours plus tard en rencontrant Salem, demeuraient pour l’heure entiers ; mais le reste, sa crise de vocation, son malaise d’engagement, se présentait désormais sous un jour bien meilleur.

Il ressentait désormais le besoin de méditer plus privément cette importante discussion. Il s’était arrêté de marcher, avait regardé un moment le lac puis, finalement, tournant son regard noir vers Quentin, déclara d’une voix grave :


— Merci.

Le mot dans sa simplicité resta isolé par quelques secondes de silence, puis Adam reprit :

— Cette discussion a été très profitable. Il faut sans doute que j’y réfléchisse encore un peu, mais les choses sont moins vagues, plus concrètes à présent. Je vous en suis reconnaissant.
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Quentin Quire

Quentin Quire
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MessageSujet: Re: La toile de son cerveau (Quentin)   La toile de son cerveau (Quentin) EmptyVen 23 Nov - 15:03


    L’agacement du télépathe semblait venir d’une incompréhension sémantique qui s’était insinuée entre les deux mutants. Cela dit, le télépathe n’était toujours pas sûr d’avoir compris les raisons de la présence d’Adam ici. Son dossier et son profil n’indiquaient pas qu’il s’était fait de vrais amis ou des relations justifiant sa présence ici en dépit de son activité salariale et de sa majorité. Cela dit, de par ce qu’il avait pu voir aujourd’hui, il avait compris qu’Adam était un garçon intelligent mais relativement perturbé. Peut-être que l’explication se trouvait dans l’inconscient du jeune homme. La télépathie lui aurait peut-être permis d’obtenir des réponses, mais faire appel à son pouvoir de cette façon n’aurait pas été discret et encore moins intelligent de sa part, surtout de la part de quelqu’un qui ne se proclamait pas psy. Avec une pointe d’humour, il déclara :

    - Je ne comprends toujours pas comment tu as pu rester ici aussi longtemps sans savoir dans quoi tu t’engageais…

    L’X-man n’avait pas dit ça pour lui reprocher quoique ce soit, mais juste pour le faire réagir et surtout réfléchir sur lui-même. Quentin se doutait bien qu’avec sa situation, Adam devait avoir d’autres choses en tête que son propre avenir. Mais étant un peu plus âgé que la moyenne des protégés de l’institut, il était vraiment temps qu’il y pense et qu’il choisisse sa place dans ce monde. Le télépathe avait bon espoir qu’il reste à l’institut, le chemin que le jeune homme semblait avoir pris l’y prédestinait presque, mais il faudrait faire attention à la situation des X-men qui étaient toujours en crise pour ainsi dire. Mais ça, de toutes façons, cela faisait déjà partie des objectifs personnels de Quentin.

    La suite des propos du jeune devin confirma les impressions du télépathe qui demeura confiant et fut rassuré. Il sourit en réaction à ces propos et reprit :

    - N’oublie pas aussi que les compétences, ça peut s’obtenir. Tout n’est pas déjà déterminé.

    Mantis se sentait pour le coup super vieux à faire la morale aux autres et à jouer aux Yodas de seconde zone. Mais bon, il avait conscience qu’il fallait bien faire ce genre de choses de temps en temps.

    Tandis qu’ils marchaient encore un peu, Quentin se surprit à se comporter comme un vieillard encore une fois, en observant attentivement le paysage avec un intérêt particulier pour le ciel dont les nuages gris repérés un peu plus tôt ne semblaient finalement pas décidés à venir vers l’institut. En tout cas pas tant que la directrice garde sa sérénité mentale. Avec un sourire nostalgique, Quentin s’amusa à repenser aux quelques éclats de colère que la mutante avait eu dans ce même parc et qui avaient eut des conséquences catastrophiques pour la propriété du Professeur. Il fut sortit de ses rêveries par l’intervention d’Adam qui fut accompagnée par un arrêt dans leur promenade pédagogique. Quentin fut d’abord surpris de l’entendre le remercier alors qu’il n’avait pas fait grand-chose à par parler. Ce jeune homme était décidément débordant de maturité et cassait avec le préjugé de l’adolescent ingrat incapable de voir qu’on l’avait aidé. La suite des remerciements du jeune homme alla dans ce sens.

    Dissimulant sa satisfaction et son sentiment du devoir bien accompli, Quentin eut un autre sourire et déclara d’un air tout naturel :

    - Y a pas de problème, n’hésite pas à me voir si tu as besoin de parler, surtout si tu ne le fais pas avec d’autres personnes.

    Le télépathe n’ajouta rien d’autre, mais il était clair dans sa façon de parler et de regarder Adam qu’il allait suivre son évolution de loin. Et il était peut-être encore plus clair que si le jeune homme ne venait pas à lui, le télépathe reviendrait à la charge comme il l’avait fait aujourd’hui.



[Et voilà ! ravi d’avoir aidé Adam ^^ Maintenant j’ai plus qu’à suivre tous tes rps avec Salem pour surveiller le devin « de loin »]
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