Soirée arosée, soirée agitée ! [Prudence + libre]

Nombre de messages · **Jezabel Navisky** Mutante de niveau 1

(Vu que le rp se déroule dans un lieu public, il est ouvert à tout client ou employé du Pandora's Box à la seule condition de nous mp Prudence et moi avant d'arriver ^^)

Bibliothèque municipale – 20 heures.
Jezabel venait de terminer sa journée de travail et de fermer la bibliothèque avec l’un de ses collègues. Elle détestait la fermeture parce que c’était le moment où l’immense bâtiment se vidait des curieux avides de savoir, et il n’y avait sans doute rien de plus angoissant qu’une immense bibliothèque de plusieurs étages complètement vide. Cette constatation terminée, la jeune femme s’était très naturellement hâtée vers son domicile – une chambre d’hôtel très sobre – et avait entamé un rituel bien rodé consistant à délaisser ses vêtements, prendre une douche et enfiler des vêtements plus appropriés pour son second emploi. Cette fois-ci, elle enfila un jean assez près du corps et un débardeur-tunique destiné à cacher de légères rondeurs qu’elle ne supportait pas tout en laissant deviner un décolleté avec subtilité. Jezabel avait un âge auquel on ne pouvait se permettre de coller ses seins sous le nez des hommes sans paraître ridicule ou passer pour une cougar, ce qui ne la tentait pas dans les deux cas…

Sans non plus être étiquetée « vieille décrépie ou en phase de l’être », Jezabel était encore très jolie. Presque trentenaire, elle prenait soin d’elle et continuait de faire attention à ce qu’elle portait sans non plus tomber dans l’excès ou devenir ridicule en portant des micro shorts rose fluo. Rousse flamboyante, la jeune femme aimait tester tous types de coiffures sans toutefois trop découvrir son visage : elle bénéficiait d’une nouvelle identité, mais craignait malgré tout que quelqu’un finisse par la reconnaître, et c’est avec deux mouvements machinaux qu’elle avait enfilé des lentilles colorées donnant une teinte marron sombre à ses yeux ordinairement vert clair.

Après un repas très frugal et un coup d’œil aux factures qui s’entassaient sur le meuble de l’entrée, la mutante avait écouté avec attention les informations en conservant toutefois un esprit critique que ne possédaient pas tous les américains, à en juger par les sénateurs qui avaient été élus et qui permettaient au Gouvernement de réduire un peu plus chaque jour les droits des mutants. Jezabel ne se sentait concernée que depuis peu du fait de sa mutation tardive, mais son engagement au sein du Réseau impliquait qu’elle soit au courant de tout malgré des horaires de travail assez compliqués certains soirs de semaine… Lorsque la pendule du salon indiqua 23 heures, Jezabel attrapa son énorme sac à main et enfila une paire de bottes à talons hauts et une veste épaisse en laine noire. Elle quitta ensuite sa chambre et prit le chemin du night-club, jetant de nombreux coups d’œil derrière elle pour s’assurer qu’elle n’était pas suivie. Son second boulot n’était pas vraiment un secret d’état, mais certaines habitudes avaient la vie dure…

Pandora’s Box – 23h20.
Jezabel salua le videur et pénétra dans le night-club. Elle se dirigea directement vers son vestiaire et y rangea ses effets personnels avant de rejoindre deux collègues derrière le comptoir du bar. Quelques embrassades plus tard, la petite rousse s’était saisie de son petit carnet pour les commandes et du plateau assorti, et se dirigeait vers les tables des clients qui n’avaient pas encore commandé. Elle s’immobilisa finalement devant la table occupée par un jeune homme, lui adressant sourire tout en appuyant ses deux mains sur le plateau de la table :

Je vous sers quelque chose ?

Un client qui ne consommait rien était par définition une personne qui monopolisait une place que pouvait désirer prendre un client qui avait envie de consommer. Jezabel n'avait rien de particulier contre les clients qui n'avaient pas soif, mais la politique de la maison était à appliquer si elle souhaitait conserver sa place. Elle avait besoin de ce job, elle s'y était attachée - surtout aux conversation sans queue ni tête avec les clients bourrés en fin de service qui lui permettaient de refaire le monde en toute naïveté - même si ce n'était pas sa vocation à la base et qu'elle aurait mille fois préféré retrouver un job dans son domaine de compétences et avec un salaire équivalent... Passer d'ingénieur à serveuse était assez compliqué, mais fort heureusement son passage au sein d'une secte lui avait appris à se contenter du minimum pour vivre dans un dénuement auquel elle s'était habituée ces deux dernières années.

Nombre de messages · **Prudence Saint-Clair** Mutant de niveau 1

One More Time

La nuit. La nuit new-yorkaise développait son atmosphère particulière contre sa peau, ses odeurs affluaient, ses sons particuliers, cette vie spécifique qui emplissait les rues, légèrement différente de l’existence diurne qu’elles abritaient d’ordinaire. C’était la nuit dans laquelle il passait le plus clair de son temps, qui la réconfortait comme une mère son enfant abandonné après une journée de travail, c’était son refuge en plein air, ouvert à toutes les incertitudes et à toutes les aventures, mais dans lequel il se sentait bien plus en sécurité que dans le sein confortable d’un foyer ; car de la nuit, du moins, il connaissait les codes. Prudence marchait dans la nuit citadine.

Ici, il savait ce à quoi il avait le droit, et ce qu’il fallait éviter. Il était un petit fauve : assez doué et assez réputé pour se permettre certaines choses, pour avoir certaines libertés, mais trop petit pour ne pas se faire discret quand d’autres choses se produisaient. C’était une position confortable et indépendante. Il pouvait aller dans les cercles de jeu et les clubs, mais il n’avait pas besoin de s’impliquer dans la politique tortueuse des crimes complexes qui se tramaient toujours dans les arrières-salles.

Quand il avait senti, jadis, plus jeune, que son chemin commençait à l’attirer inévitablement vers cette partie la plus obscure du monde qu’il avait élu pour le sien, Prudence avait tout fait pour l’éviter, parce qu’il sentait bien que les règles qu’il avait fuies dans l’univers nocturne ne seraient jamais aussi impitoyables que celles qu’il aurait alors trouver — un petit fauve il était et un petit fauve il aspirait à demeurer. Loin de la fortune outrancière des familles criminelles, mais aussi loin des problèmes.

Prudence marchait vers le Pandora’s Box. L’établissement était l’un de ses préférés. Parfois, il le dédaignait pour des boîtes plus spécialisés, où la musique underground fleurissait avant d’atteindre les disquaires. Mais quand il désirait revenir aux fondamentaux, se détendre simplement, quand aussi il n’était pas en chasse d’un jeune homme pour partager sa nuit, il se réfugiait dans un établissement plus branché, moins compliqué, comme le Pandora’s. Et cette nuit-là, précisément, Prudence n’avait pas très envie de réfléchir.

Malgré lui cependant, il songeait à l’Institut, au Manoir qui était en train de devenir son nouveau foyer. Cela plus qu’autre chose l’inquiétait. Il n’était pas très sûr. Il avait besoin de se retrouver en terrain familier. Dans un endroit où certains pouvaient l’appeler par son prénom, sans trop en savoir sur lui. Dans la célébrité anonyme de la nuit. Juste pour quelques heures. Un peu de calme, en somme, était tout ce qu’il cherchait — simplement, sa conception du calme avait quelque chose d’un peu particulier.

Le jeune homme n’eût pas de difficulté à entrer dans le Pandora’s. Il n’en avait jamais. Il était ce que la nuit proposait de plus beau et de plus brillant, il savait exactement comment s’habiller, comment se déplacer, comment parler. Son sourire était confiant, mais il avait cette note de fragilité qui signalait le jeune homme moderne ; son visage avait cette complexité féminine et masculine qui était l’apanage d’une jeunesse pleine de diversité. Prudence était un pur produit de cette nuit — et un produit de luxe.

Il se faufilait entre les danseurs, en quête d’une table. Certains, sur son passage, se retournaient qu’il connaissait : il les avait croisés quelques nuits plus tôt, dans un autre club. Certains et certaines le connaissaient mieux encore, avec lesquels il échangeait un baiser légèrement provocant, qui dehors, dans la rue, en plein jour, eût signalé aux passants une intimité longue et profonde, mais qui ici, dans la nuit et en pleine musique électronique, n’était presque qu’un signe de reconnaissance, l’aveu d’une relation sexuelle passée et à demi-oubliée, presque une poignée de main dénuée de toute signification.

Prudence avait cultivé ces codes sociaux un peu étranges et avait su s’y ménager une différence, une place à soi. Il était le séducteur qui ne séduit pas : celui que l’on venait chercher sans se rendre compte que c’était précisément lui, dans son assurance mêlée d’incertitude feinte (mais parfois sincère) qui précisément cherchait, attrapait — filets patients d’une araignée stratège. Prudence avait bien compris que l’assurance des Don Juan avait fait son temps.

Le jeune homme avisa une table à laquelle il s’assit. Il regardait les danseurs. Pour une fois, il n’avait pas envie de danser. Pas tout de suite. De temps à autre, un client qui passait se penchait vers lui pour échanger quelques mots, quelques gestes. Prudence souriait, brillait ; pendant quelques secondes, les deux personnes avaient l’air très complice, puis le client passait, Prudence restait assis à rêver, et chacun savait qu’ils ne se recroiseraient plus pendant quelques mois, que peut-être ils ne savaient pas même le nom l’un de l’autre.

Prudence fut tiré de ses rêveries au contenu vague par une voix inconnue. Ses yeux bleus quittèrent la foule pour se poser sur la serveuse. Un visage qui ne lui était pas familier. Cela faisait quelques temps qu’il n’était pas revenu au Pandora’s Box, et il était presque certain que cette employée était nouvelle. Sans doute l’était-elle, puisqu’elle ne l’avait pas appelé par son prénom.

Pendant une ou deux secondes, les yeux de Prudence se plissèrent, comme s’il tentait de percer les mystères de cet élément nouveau qui venait graviter dans son univers. Elle était un peu âgée — dans la rue, elle eût été jeune, bien sûr, mais ici, dans la nuit où la jeunesse était le sang des boîtes de nuit, ce qui les maintenait vivante, elle était un peu âgée, trente ans peut-être. Inhabituelle. Donc, intéressante.

Le jeune homme n’avait bien sûr pas conscience que tout ce qu’il croyait pouvoir tirer de son observation de Jezabel n’était rien au regard de ce que les chiffres que la jeune femme percevait s’associer à lui révélaient. Il ne savait pas que la date de sa mort s’attachait à lui comme un présage angoissant. Et il ne savait pas que, dans les circonstances qui étaient pour l’heure celles de son existence, cette date était si proche, si proche qu’il semblait ne jamais devoir atteindre l’âge de Jezabel.

Prudence adressa à la jeune femme un sourire terriblement charmant, et pourtant peu charmeur, qui tranchait avec les chiffres funestes dont il était entouré.

« Bonsoir. »

Il était bien l’un des rares clients à saluer les employés. Peut-être aussi était-ce qu’il était l’un des moins fortunés, et que la vie de la rue avait éteint en lui, depuis longtemps, beaucoup de ses habitudes bourgeoises.

« Un cocktail, s’il vous plait. Sans alcool. N’importe lequel, je vous fais confiance. »

Cependant, sans laisser à Jezabel l’occasion de partir, il relança :

« Vous êtes nouvelle ici, non ? »

Nombre de messages · **Maximilian Strauss** Mutant de niveau 1

-Institut Pour Jeune Surdoués Charles Xavier- 19 h30 -

Max venait de quitter le zoo , après un court trajet en bus il était directement rentré à l'Institut . Après une douche rapide , il était parti se mettre sur son pc portable . Le casque sur les oreilles , il était en train de peaufiner deux trois morceaux pour le Pandora tout en regardant du coin de l'œil l'heure qu'il était .Avec ce foutu travail d'intérêt général ses horaires devenaient encore plus serrés que d'habitude , enfin au moins il n'était pas retourné à Rikers ce qui était déjà ça de pris . Le temps de faire les derniers arrangements sonores et de transférer la playlist sur son I-pod et le mutant quittait son ordinateur pour ouvrir son armoire . Après une brève hésitation son choix se porta sur un T-Shirt noir aux motifs psychédéliques comme il les affectionnait tant et un vieux jean troué . Un bref passage à la salle de bain pour mettre un peu d'ordre dans ses cheveux et le mutant quittait sa chambre pour prendre un repas rapide.

Après le diner Max alla à la bibliothèque de l'Institut pour profiter un peu du temps libre qui lui restait avant de prendre son service . Il mit un certain temps avant de se décider devant le vaste choix qu'offrait la bibliothèque , finalement il opta pour une pièce de William Shakespeare . Il avait découvert cet auteur lors d'un cours de littérature à l'Institut et était immédiatement devenu un inconditionnel de cet auteur . Une fois confortablement installé , Max passa sa soirée à lire jusqu'à ce que la sonnerie de son portable lui apprenne qu'il était temps pour lui de partir au boulot .

-Pandora's Box- 23h30

Max entra par la porte de service et salua en vitesse le videur . Max regarda sa montre , il lui restait encore une bonne demi heure avant qu'il ne doive prendre le relais de l'autre DJ . En attendant il alla s'installer à une table ,afin de profiter de ses derniers moment de calme avant une soirée qui allait être particulièrement longue . Par chance malgré le fait que le nightclub soit encore bondé , il avait réussi à repérer une table relativement libre puisqu'il n'y avait que deux personne autour à savoir un client et une serveuse qu'il avait déjà eut l'occasion d'apercevoir sans toutefois lui parler . Ce n'était pas qu'il snobait les serveuses , loin de là mais la plupart du temps il n'avait juste pas l'occasion d'échanger un mot avec elles . En tous cas le client était en train de faire un numéro de charme à la serveuse , ce genre de choses étant assez fréquentes il n'y avait que peu de chance selon Max que le résultat soit concluant . A vrai dire un des plus grands plaisir du mutant était de voir les clients un peu trop entreprenants se faire rembarrer sans ménagement lorsqu'ils faisaient du charme aux serveuses . Certes c'était complétement puéril mais par moment il avait eut des fous rires devant la mine déconfite de certains lourdauds , rien que pour ça il aimait son travail au Pandora ..Soucieux de ne pas déranger la serveuse mais désireux de commander rapidement Max se contenta d'un signe de tête discret en direction de cette dernière ..En attendant qu'elle puisse se libérer Max jeta un dernier œil à son I-Pod , juste histoire de s'assurer que la playlist était bien en mémoire ...

Nombre de messages · **Jezabel Navisky** Mutante de niveau 1

Ignorer les comportements limites de certains danseurs avait été compliqué les premiers jours, mais après 3 mois passés au Pandora’s box, Jezabel avait fini par ne même plus les remarquer. C’était sans doute ce que l’on appelait « faire abstraction d’un détail sans importance », du moins tant que ces comportements déviants ne commençaient pas à choquer la moitié de la clientèle. Il était tout de même assez étrange de constater qu’un comportement qui choquait majoritairement les gens il y a quelques mois de cela parvenait à présent à être ignoré. Peut-être qu’un jour, les gens seraient également indifférents aux règlements de comptes des bandes armées qui s’affrontaient pour agrandir leur territoire. Jezabel espérait que ce jour n’arriverait jamais…

Elle s’était donc approchée de la table occupée par un jeune homme qu’elle ne connaissait pas et ne se souvenait pas de l’avoir déjà aperçu au Pandora’s Box. C’était sans doute parce qu’elle n’était pas physionomiste ou alors parce qu’elle n’avait pas le temps de sociabiliser avec tous les clients qu’elle servait parce qu’elle n’était pas payée pour cela, et qu’elle n’était pas non plus très douée pour engager la conversation, même si elle avait fait énormément de progrès ces trois derniers mois.

Habituée à être traitée comme un fantôme – ou un distributeur de boissons – Jezabel fut agréablement surprise d’être accueillie par un « bonsoir » et un sourire. Il y avait aussi cette catégorie de clients qui lui faisaient du charme en espérant obtenir une boisson gratuite ou une réduction quelconque, en ignorant sciemment que c’était la patronne qui décidait de ce genre de choses et non de simples serveuses figurant tout en bas sur l’échelle hiérarchique. Néanmoins, le sourire de ce jeune homme avait quelque chose de charmant même si Jezabel le soupçonnait de ne pas être totalement désintéressé…

Bonsoir. – Son sourire indiquait clairement que le fait d’être saluée comme un être humain la surprenait positivement. – C’est parti pour le cocktail mystère sans alcool !

Prenant bonne note de cette commande peu banale, Jezabel aperçut un adolescent qu’elle avait déjà vu mixer ici à de nombreuses reprises sans réellement avoir pu lui parler de peur de le déranger. Elle ne connaissait que peu de choses aux DJ’s, mais était à peu près certaine qu’aller lui serrer la main au moment où il se trouvait aux platines n’était pas une idée très brillante. Il lui adressa un léger signe de tête lorsque leurs regards se croisèrent, et Jezabel nota autre chose sur son carnet pour ne pas oublier le jeune DJ. Son regard se posa de nouveau sur Prudence lorsqu’il lui adressa de nouveau la parole, lui demandant si elle était nouvelle. Un sourire étira de nouveau ses lèvres alors qu’elle se remémorait les conseils des gens du Réseau : ne jamais trop en dire, ne pas fournir de détails inutiles. Avoir changé d’identité était parfois encore plus compliqué que d’être en fuite…

En fait non, je travaille ici depuis quelques mois. Je reviens avec votre cocktail assez rapidement, il y a d’autres clients assoiffés qui vont finir par se déshydrater si je ne me dépêche pas !

La jeune femme s’éloigna finalement de la table de Prudence et prit la commande de trois hommes à la carrure de hockeyeurs avant d’arriver devant la table de Max. Un sourire lui fut adressé alors qu’elle calait le plateau sous son bras pour pouvoir écrire sur son carnet :

Je te sers quoi ? – Son sourire indiquait qu’elle l’avait reconnu malgré le fait qu’elle ignore son identité. – J’ai encore jamais eu l’occasion de te parler par peur de déranger… Chaque soir je découvre des morceaux nouveaux… Et euh… Ok, j’arrête de parler de trop. Jezabel.

Elle adressa un sourire au jeune homme attendant une réponse avant d’aller s’occuper des soiffards qui devaient probablement l’attendre avec impatience pour commander une nouvelle tournée pour leurs amis.

Nombre de messages · **Prudence Saint-Clair** Mutant de niveau 1

Prudence était loin de faire du charme à la nouvelle serveuse. Ou bien, simplement, il n’avait plus une conscience très nette de la différence entre le moment où il faisait effectivement du charme à quelqu’un et le moment où il se comportait normalement ; il avait vécu d’une telle sorte que cette différence avait été pour lui de moins en moins sensible, et son récent retour à un semblant de normalité ne lui permettait pas vraiment d’apprécier toutes les nuances des relations sociales classiques — peut-être aussi était-il tout simplement charmant.

Ce soir-là, pourtant, il n’avait pas envie. Jouer, charmer, se battre : tout cela n’était à ses yeux que les variations d’une même activité, le divertissement stratégique. Activité bénie, qui permettait de mobiliser son corps et son esprit pour ne pas penser à soi, surtout pas à l’avenir, pour n’être que dans l’instant, dans la décision et l’action, avoir la sensation de faire quelque chose d’important mais la certitude qui rien ne prêterait à conséquence. Distractions bénies.

Mais dans la nuit new-yorkaise, pour une fois, il ne cherchait pas à se divertir. Il voulait trouver, dans la musique, dans la figure de ces danseurs parmi lesquels si souvent il s’était trouvé, dans le goût d’un cocktail, une chose à laquelle il tînt, n’importe laquelle, un sentiment d’identité — le signe simplement que toutes ces années passées dans ce monde n’avaient pas été dépensées en pure perte et que la musique, le jeu, la danse constituaient bien en quelque manière une part de son identité.

Prudence mûrissait. Il sentait confusément que quelque chose de lui s’était formé sur ces pistes de danse, dans ces liaisons fugaces et sensuelles, qu’il devait à présent rassembler et comprendre pour aller de l’avant, mener sa nouvelle vie comme elle méritait de l’être et grandir — être un adulte ¬ — quelque chose comme cela. Ce soir-là, au Pandora’s Box, le jeune homme était venu en quelque sorte pour être le spectateur de soi-même.

Il avait craint la mélancolie d’une semblable introspection, mais, assis à sa table, laissant ses pensées se rythmer à la musique, regardant les danseurs, il trouvait qu’il y avait une certaine douceur à vivre de la sorte : une nostalgie apaisante et sans amertume. Ce fut donc un sourire tranquille (et toujours charmant) qu’il adressa à Jezabel qui s’enfuyait vers de nouveaux clients.

Il la suivit du regard. Maintenant qu’il avait l’Institut, il se rendait subitement compte que les gens qui allaient et venaient dans la nuit, les danseurs, les DJs, les videurs et les serveuses, tous ces gens avaient une vie diurne, une existence peut-être quotidienne et un peu monotones. Quelle pouvait être la vie de cette femme quand elle ne prenait pas les commandes dans un club branché ? Avait-elle un autre emploi ? Un mari ou bien une compagne, des enfants peut-être ?

De la serveuse ses yeux passèrent sur le nouveau client dont elle s’occupait. Il était jeune — peut-être plus que lui encore, et son visage lui disait quelque chose. Seulement, dans la nuit, il était rare d’avoir le loisir d’observer les gens, les traits de leur visage, et il fallait être un videur physionomiste pour pouvoir s’assurer d’une ressemblance entre une ombre aperçue plusieurs mois auparavant et une ombre nouvelle qu’on le voyait à tel instant.

Ou bien il fallait avoir une passion, et Prudence en avait deux. Ces traits qu’il distinguait se frayaient lentement un chemin, dans son esprit, au milieu des connaissances entassées en toute anarchie, à propos de la musique. Ils passaient d’albums en DJs, de raves en soirées, en quête du tesson qui peut-être, quelque part dans ce fatras, pouvait leur correspondre.

Il fallut plusieurs dizaines de secondes à Prudence pour venir à bout de son entreprise, mais une intuition finit par germer dans son esprit : il avait déjà vu ce jeune homme, aux platines, dans une rave party. Lentement, il reconstituait le souvenir de cette soirée, attrapant les détails de droite et de gauche pour rafraîchir sa mémoire et construire quelque chose qui fût un peu cohérent.

Lorsque l’entreprise lui parût dans un état d’avancement satisfaisant, le jeune homme abandonna sa table et vint s’asseoir près de Maximilian. Comme dans toutes les boîtes de nuit et dans tous les night-clubs de la ville, Prudence se déplaçait avec l’assurance et le charme désarmants d’un chat qui se sent chez lui et à qui on ne peut rien refuser — car vraiment, un chat, c’est beaucoup trop mignon (et puis ça griffe, le cas échéant).

« Salut. »

Le jeune homme adressa un sourire à Jezabel — car définitivement, il n’était pas décidé à la traiter comme un élément du décor, avant d’adresser un sourire non moins charmant à son nouvel interlocuteur.

« J’m’appelle Prudence Saint-Clair. »

Sans être une grande figure du monde de la nuit, Prudence n’était pas un inconnu : il était l’un de ces habitués des soirées les plus undergrounds, mélomanes réputés, écoutés, mais toujours discrets, sorte de fantômes de la musique électronique, toujours là à l’émergence d’un nouveau talent, mais derrière les noms desquels il était souvent difficile de mettre un visage.

Du reste, Prudence était l’un des rares à ne pas utiliser de son pseudonyme. Ce qui n’empêchait pas beaucoup de ses connaissances d’être persuadées que ce drôle de nom, Prudence Saint-Clair, était justement un pseudonyme, destiné à lui assurer le calme de l’anonymat dans cette fameuse vie de tous les jours que précisément Prudence n’avait pas.

« Je t’ai entendu il y a quelques mois. Tu viens mixer ici ? C’est chouette. Le Pandora’s, c’est un sacré bon début pour une carrière. Tu passes dans d’autres endroits ? »

Nombre de messages · **Maximilian Strauss** Mutant de niveau 1

Assis à sa table Max attendait que la serveuse prenne sa commande , heureusement l'attente ne fut pas trop longue et au bout de quelques minutes cette dernière arriva enfin . En temps normal il était rare que le DJ prenne le temps de discuter avec les serveuses , leur emplois du temps respectifs ne laissait que peu de place pour ce genre de choses sans compter que la patronne veillait au grain . Par chance ce soir Max avait un peu de temps devant lui alors autant profiter de l'occasion ..

"Un coca et une bouteille d'eau , et ce que tu veux pour toi . Mets ça directement sur ma note , la patronne me le décomptera directement ."

Le sourire de Jezabel avait fait plutôt bonne impression à l'adolescent et il se doutait qu'elle ne devait pas avoir trop le temps de souffler , aussi un verre lui ferait surement plaisir et puis il n'y avait pas de mal à s'aider entre collègues . Mais au delà de son sourire amical , ce fut quand elle lui expliqua qu'elle découvrait de nouveaux morceaux grâce à lui que Max fut vraiment touché . Son boulot de DJ lui permettait certes de mettre un peu d'argent de côté mais la vraie récompense il venait de l'avoir à l'instant .Plus qu'un boulot , la musique était une part importante dans la vie du mutant qui était vraiment un passionné. Ce fut donc avec un sourire un peu gêné mais vraiment sincère que Max remercia la serveuse .

"C'est vrai qu'entre ton service et le mien on a pas vraiment le temps tchater , moi c'est pareil je serais bien venu taper la discute avec toi plus tôt mais bon je me voyais mal te déranger entre deux clients .. En tous cas ça me fait plaisir de voir que t'es open à l'underground . Moi c'est Max et non rassures toi , tu parles pas trop ...enfin pour moi en tous cas .."

Max étant habitué au débit de paroles de Tabitha qui il fallait avouer était plus que conséquent comparé à celui de Jezabel , aussi il lui en fallait bien plus que ça pour en avoir marre . Enfin de toutes manières il n'eut pas le temps de pousser plus loin les présentations car d'autres clients attendait et la serveuse dut repartir s'occuper d'eux . Max profita de ce nouveau moment de solitude pour jauger l'ambiance , la piste de danse était pleine ce qui était plutôt de bonne augure pour la suite de la soirée . Pris dans son observation il lui fallu quelques instant pour s'apercevoir que l'on venait de le rejoindre . Max rendit son sourire à l'inconnu , se demandant malgré tout ce que ce dernier pouvait bien lui vouloir .

"Salut "

Prudence Saint-Clair , ce nom ne lui était pas inconnu sans pour autant lui être familier . Il l'avait déjà entendu quelque part sans pour autant être capable de se rappeler qui pouvait bien être son interlocuteur . Max avait beau chercher dans sa mémoire , mais c'était peine perdue il était bel et bien incapable de se souvenir .

"On se connait , non ? "

La question pouvait paraitre brutale mais l'adolescent avait horreur de ne pas être capable de se rappeler d'un nom . Si Max connaissait pas mal de monde dans le milieu des raves , se faisant peu à peu une place dans ce cercle très fermé , il avait toujours mit un point d'honneur à mémoriser les noms de ses interlocuteurs . D'ailleurs depuis le temps il s'était constitué un petit réseau et si il avait commencé comme simple dealer , sa musique commençait même à être reconnue . Malgré tout Max , ou plutôt Bébé Junks comme on l'appelait la bas , était encore loin d'être une star même si il se faisait peu à peu une place . Le Pandora's Box était un sacré tremplin mais pour l'instant aucun producteur ne l'avait repéré , le mutant ne désespérait pas pour autant d'avoir sa chance .

"Ben ça fait un petit moment que je mixe ici , donc j'en conclue qu'on a du se croiser ailleurs . Mais effectivement le Pandora est ce que je pouvais rêver de mieux pour me lancer , même si perso je préfère les endroits un peu moins "select". Je ne mixe pas dans d'autres boites , vu que j'ai un contrat ici . Après je mixe à droite et à gauche mais pas dans des nightclubs..."

Si Prudence était un habitué des raves il n'aurait aucun mal à comprendre ce que Max voulait dire , sinon il pourrait toujours se demander de quoi le mutant voulait parler . Tout en parlant Max jetait un œil discret à sa montre , juste pour s'assurer qu'il était encore dans les temps avec une patronne comme Sélène mieux ne valait pas qu'il commence à la bourre où il risquerait de s'en rappeler longtemps ...

Nombre de messages · **Jezabel Navisky** Mutante de niveau 1

Après avoir pris la commande de Prudence, Jezabel s’était dirigée vers la table de Max, qu’elle ne connaissait que de vue pour l’avoir vu mixer ici à de nombreuses reprises. Elle avait tenté d’engager la conversation autrement que comme une groupie ou comme l’handicapée relationnelle qu’elle s’efforçait de ne plus être depuis quelques mois, et fort heureusement elle pu constater tout en prenant note de la commande de l’adolescent qu’il était aussi aimable que légèrement gêné – elle ne savait plus trop déchiffrer les expressions des gens après avoir vécu en recluse pendant quelques années, alors cela n’était sans doute pas du tout de la gêne – et il lui offrit de se prendre quelque chose à boire sur sa note à lui, précisant que la patronne régulariserait tout cela au moment de la paie. Un sourire de remerciement étira les lèvres de Jezabel.

Merci beaucoup. Ma pause n’est que dans 10 minutes, mais je penserais à toi lorsque j’aurais un soda entre les mains ! – Ce n’était pas le cocktail le plus cher, mais plutôt le moins cher des cocktails sans alcool. Elle ne souhaitait absolument pas abuser de la gentillesse de Max. – Je te ramène ça rapidement.

Max avait fini par lui adresser un sourire amical auquel la jeune femme avait répondu de manière égale, tout en repoussant une mèche flamboyante qui occultait un peu plus sa vue à mesure qu’elle s’échappait de sa coiffure défiant les lois de la gravité. Au final, les incompatibilités dans leurs emplois du temps les avaient empêchés de se parler, mais Jezabel découvrait un adolescent qui semblait réellement attachant et également doté d’une conscience professionnelle rare pour un jeune de cet âge. Allez quoi, il avait presque l’âge d’être

Si à l’occasion tu as un petit créneau, n’hésite pas à t’installer sur un tabouret au bar lorsque j’y suis. Après quelques mois, je réussis maintenant à servir les clients et à encaisser le prix des consommations tout en tenant une conversation simple… Serveuse, c’est pas un métier pour les têtes en l’air, si tu veux mon avis ! – Un léger rire lui échappa. – Je suis open à pratiquement tout. J’ai pas trop l’oreille musicale, mais si ça me transporte, c’est forcément un bon morceau. La musique, ça me permet de voyager… - Max précisa qu’il ne trouvait pas qu’elle parlait trop, et la jeune femme parut soulagée quasi instantannément. – Ah euh… ok ! Enchantée, Max !
Jezabel disparut dans la foule en une fraction de secondes. Pas très adroite de nature, Jezabel avait vite du apprendre à maîtriser son équilibre et assurer ses pas, particulièrement lorsqu’elle transportait une dizaine de verres en équilibre sur un plateau tout en traversant une piste sur laquelle les danseurs bougeaient – convulsaient ? – frénétiquement. Elle atteignit donc le comptoir sans encombre et déposa les verres vides ramassés sur les tables dans l’évier le plus proche. Elle attrapa de quoi composer le cocktail sans alcool de Prudence, et y ajouta quelques glaçons avant de prendre ensuite la commande de Max. Disposant le tout sur son plateau, elle jeta un œil en salle afin de repérer le chemin le plus direct qui lui assurerait le moins de risques de chutes et de bris de verre, et constata que Prudence s’était à présent joint à Max. Sans doute se connaissaient-ils… enfin au final, cela ne regardait pas Jezabel, mais elle attrapa une petite coupelle au design épuré et y déposa quelques cacahuètes ; une attention qui n’était réservée qu’à de rares clients venant de la mutante rousse parce qu’elle ne prenait tout simplement jamais le temps pour ce genre de choses ou que les clients n’étaient pas toujours très corrects avec elle…

Fendant la foule avec quelques difficultés et quelques coups de coude pour déblayer le passage, Jezabel atteignit la table des adolescents assez rapidement et déposa d’abord la coupelle de cacahuètes, puis les bouteilles de Max ainsi qu’un verre contenant quelques glaçons, et enfin le cocktail de Prudence :

Orange, raisin, ananas, citron et kiwi. J’espère que ça ira… - Son sourire n’avait pas quitté son visage. – Max, merci pour le soda et bonne chance pour ton mix… ou… enfin je ne sais pas trop comment on appelle ça, mais bonne chance !

Oui bon, elle avait rattrapé son retard sur pas mal de trucs, mais le langage des ados restait encore à appréhender de manière complète. Un groupe d’hommes vêtus de tee-shirts rose fluo pénétrèrent dans le night-club et s’installèrent à une table non loin des deux adolescents. Un simple regard dans leur direction et Jezabel avait déjà repéré l’un des hommes du groupe travesti en femme d’un très mauvais genre, avec des bas résille, une robe pailletée trop courte et trop ajustée, et une perruque rose fluo. Un sourire étira ses lèvres alors qu’elle s’éclipsait pour prendre les commandes des participants de cet enterrement de vie de garçon…

Nombre de messages · **Prudence Saint-Clair** Mutant de niveau 1

Pendant que Maximilian lui répondait, Prudence observait les danseurs : de temps à autre, il adressait à de nouveaux venus un léger signe de la main, et il semblait qu’il connût à soi-seul la moitié des clients du nightclub. C’était des personnes qu’il fréquentait sans les connaître, comme souvent dans ce milieu, amitiés éphémères et sans profondeur, sur lesquelles on pouvait compter pour rentrer dans tel ou tel établissement, être présenté à telle ou telle personne, mais rien de plus : qu’il fût aisé de s’évanouir dans les airs était une règle de ces cercles, à la fois contraignante et protectrice.

Les propos du jeune musicien le confirmaient dans son intuition dont, du reste, il ne doutait pas beaucoup : Maximilian était une entrée dans son encyclopédie intellectuelle de la musique électronique, entrée certes récente et point trop développée, mais entrée tout de même, que Prudence n’avait pas de mal à convoquer. Il esquissa un sourire adressé à son voisin de table.

« Je sais oui. Ce n’est pas vraiment dans un club que je t’ai entendu. »

Il n’y avait pas du reste à être très prudent : il était peu probable qu’on les épiât à ce moment précis dans le secret espoir de démanteler un réseau de fêtes clandestines. Prudence les appréciait, à la fois parce que, comme l’avait suggéré son camarade, elles étaient plus variées et n’avaient pas cette richesse clinquante qui caractérisait le Pandora, et parce que, en conséquence, la musique qui y passait était souvent moins conventionnelle et plus intéressante.

D’ailleurs, le jeune homme n’avait pas été pour rien dans l’organisation de quelques unes d’entre elles : il était un canal d’informations et un moyen de mettre en contact différentes personnes. Une confiance générale le protégeait des suspicions, et du reste Prudence n’avait pas vraiment d’intérêt particulier à défendre : pas de sommes d’argent engagées dans le succès de telle ou telle soirée, pas de marchandise douteuse à écouler parmi les fêteurs.

Maximilian regardait sa montre. Sans doute était-il attendu aux platines dans quelques minutes. Prudence n’avait jamais trop pris la peine de se renseigner sur la direction du Pandora. Il avait quelques notions de l’équipe qui gérait l’établissement, mais cette facette commerciale de la nuit ne l’intéressait pas beaucoup et il était même parfois dangereux de chercher à en savoir trop. Il supposait néanmoins que pour maintenir un tel établissement à flots, la patronne ne devait pas être commode et que Maximilian n’avait pas intérêt à prendre du retard.

« Tu fais circuler des morceaux sur Internet ? »

C’était également un excellent moyen de se faire connaître. Prudence n’avait jamais de connexion très stable : question d’argent et de discrétion. Mais il arrivait généralement à trouver des réseaux voisins dont les protections laissaient à désirer et que ses bases en informatique lui permettaient de parasiter un peu. Ainsi pouvait-il se tenir au courant de ce genre de choses.

Comme ils conversaient, Jezabel revenait vers eux. Prudence trouvait aux légères incertitudes de la jeune femme, bien compréhensibles puisqu’elle ne travaillait pas ici depuis très longtemps, quelque chose de touchant. Quand elle fut à nouveau près d’eux, il lui adressa l’un de ses fameux sourires lumineux.

« Merci. Je suis persuadé que ce serait parfait. »

Ou tout du moins intéressant. De toute façon, le jeune homme n’était pas spécialement exigeant avec ce genre de choses. Ses moyens ne lui permettaient pas de cultiver un goût culinaire inflexible, et il s’habituait à tous les à peu-près. Du reste, il doutait beaucoup que le Pandora employât des serveuses qui fussent tout à fait incompétentes dans la composition des cocktails.

Il suivit des yeux la jeune femme qui s’éloignait vers un groupe de nouveaux clients que, pour une fois, Prudence ne connaissait pas. Il détailla machinalement les garçons. Mignons. Mais pas assez. Son regard versatile vola vers d’autres figures sur la piste de danse.

« Et ça te suffit pour vivre, ou bien tu fais autre chose ? »

Nombre de messages · **Maximilian Strauss** Mutant de niveau 1

A voir le sourire qui étirait les lèvres de Jezabel , le geste avait été apprécié . Max trouvait tout à fait normal de se serrer les coudes entre collègues , surtout que les serveuses devaient parfois faire face à des clients particulièrement lourds donc autant éviter d'en rajouter . L'adolescent se demandait souvent comment elles arrivaient à rester stoïque en permanence quand lui en aurait surement envoyé valdingué un ou deux , heureusement la question ne se posait pas vu que derrière ses platines il n'était pas vraiment au contact des clients..

"Bah de rien , c'est normal entre collègues . Si on peut pas se serrer les coudes entre nous , on est vraiment mal barrés tu crois pas..."

Surtout que la patronne était loin d'être commode même si lui n'avait jamais eut de raisons de se plaindre d'elle . Sans être tyrannique Sélène était une femme de caractère et à partir de là mieux valait éviter de s'attirer ses foudres , surtout que lui était dans l'illégalité au vue de son âge.Max n'avait jamais su si lorsqu'elle l'avait engagé elle s'était laissé bernée par sa fausse carte d'identité ou si elle lui avait simplement fait une fleur en acceptant de fermer les yeux la dessus . A force de la côtoyer il avait cependant fini par conclure qu'une fausse carte si réaliste soit elle n'avait pas du suffire à la tromper , surtout que dans les nightclubs ce genre de choses étaient courantes et que la patronne était loin d'être une imbécile . Donc il s'assurait de rester dans ses bonnes grâces en se montrant un employé modèle , bien différent de l'élève indiscipliné qu'il était à l'Institut .

En tout cas il découvrait en Jezabel une personne réellement sympathique et ouverte d'esprit , ce qui ne gâchait rien bref le genre de personne que Max avait tendance à vite apprécier . Il était assez étonnant de voir que Max si fermé à l'Institut s'ouvrait un peu plus dans le cadre de son boulot , la raison était assez simple : ici il était dans son élément et de ce fait plus apte à s'ouvrir ..

"Je le ferais à l'occasion , mais effectivement t'as pas le taff le plus facile . C'est là que je vois la chance que j'ai , parce que je considère pas ce que je fais comme un taff . Pour moi c'est plus une passion qu'autre chose et mixer ici c'est vraiment le rêve..."

On pouvait difficilement espérer mieux pour un début de carrière , le Pandora était l'endroit rêvé pour tout DJ désireux de se faire un nom . Pour l'instant il se faisait doucement sa place , mais nuls doutes qu'en continuant à mixer ici un jours où l'autre il se ferait repérer par un producteur .Après avoir échangé quelques mots Jezabel disparu pour aller s'occuper des clients , serveuse était un métier qui laissait peu de temps de repos . Ceci dit Max ne resta pas seul très longtemps vu qu'il fut très vite rejoins par Prudence . Très vite il s'aperçut qu'ils évoluaient dans le même milieu même si Prudence donnait plus dans l'organisation de rave que dans le mixe . D'ailleurs si ce dernier l'avait entendu ailleurs qu'au Pandora c'était obligatoirement dans une des nombreuses rave que Max fréquentait . Ce fut donc avec un certain intérêt que l'adolescent regarda son interlocuteur , les gens de son milieu étaient suffisamment rares au Pandora pour laisser passer l'occasion de discuter avec l'un d'entre eux .

"J'me disais bien que ton nom me disais quelque chose , selon Oz t'es jamais très loin des bons plans ..Ceci dit c'est pas le genre d'endroit ou j'aurais pensé te croiser ."

Oswall "Oz" Thompson était une véritable autorité dans les bas fonds de New York comme dans l'organisation des raves , certes il était loin d'être clean vu que c'était avant tout un dealer mais c'était aussi quelqu'un avec un réseau de relations plus que développé . Il n'appartenait pas vraiment au milieu de la pègre , à vrai dire lui évoluait plus parmi les zonards dont il était le chef incontesté . Il était en quelque sorte le "roi de la cours des Miracles" du Hell's Kitchen , à la fois junkie misérable et patron des bas fonds. La plupart des substances consommées là bas venaient de lui , à cela s'ajoutait qu'il avait déjà lancé quelques DJ talentueux car il était aussi un découvreur de talents hors paire. On aurait put croire qu'avec tout ça ce dernier vivait dans le luxe , loin de là car tous ses bénéfices passaient dans sa propre consommation ceci dit c'était lui qui avait lancé Max et sans le réseau de relation de ce dernier , le mutant aurait sans doutes plus de mal à se faire sa place . D'ailleurs Oz avait vite présenté l'adolescent comme son "poulain" , ce qui avait été à la fois un avantage car cela lui avait permis de mixer dans pas mal de soirée , sans compter les relations "professionnelles" . L'inconvénient était que les gens plus clean se méfiaient de lui à cause de la réputation sulfureuse de son mentor ..

Heureusement la clientèle du Pandora était bien loin de celle de Max , même si il arrivait comme aujourd'hui que quelques initiés viennent s'éclater ici . La conversation prenait une tournure plus professionnelle quand Prudence demanda si Max diffusait sur internet . Il y avait souvent pensé mais n'avait jamais vraiment franchit le pas , lui se contentait de mixer à droite et à gauche et diffusait principalement à la sauvette quelques maquettes . C'était avant par la scène qu'il faisait sa promotion , sans compter bien sur le Pandora..

"Non jamais , c'est pas que j'y ai pas déjà pensé mais bon c'est tout un boxon et puis rien ne vaut la scène pour ça . Faudra pourtant que je m'y mette mais j'ai absolument aucune idée de par qui passer pour ça ..."

Jezabel revint avec les consommations , non sans avoir remercié Max une dernière fois pour le verre et lui souhaité bonne chance pour son service du soir. C'était touchant de voir qu'au final il fallait peu de choses pour faire plaisir à une personne , après tout qu'était un soda à côté de la satisfaction d'avoir embelli un peu le quotidien d'une serveuse dont les services n'étaient pas toujours ultra gratifiants vu le manque de savoir vivre dont faisaient preuves certains clients. Si cela n'avait tenu qu'à lui il l'aurait invité à prendre sa pause avec lui mais hélas l'emploi du temps de cette dernière ne le permettrait sans doutes pas .

"Merci , j'espère qu'ils vont bien bouger ce soir mais vu comme c'est parti ça devrait aller tout seul. Si t'es open on aura qu'à se prendre un verre à la fermeture , comme ça on sera vraiment tranquille pour faire connaissance ..."

Tandis que Jezabel s'éloignait pour s'occuper d'un autre groupe de clients , Prudence demanda à Max si son salaire lui suffisait à vivre . La question était un peu gênante car le mutant se voyait mal parler des nombreuses magouilles dans lesquelles il trempait plus où moins , quoi que son activité de dealer soit relativement connu dans le milieu des raves party après tout il suivait les traces de son mentor ..

"Bah mon salaire est pas trop mal donc je m'en sors . Ensuite ça m'arrive d'arrondir mes fins de mois en faisant des extras mais franchement j'ai pas de raisons de me plaindre."

Nombre de messages · **Jezabel Navisky** Mutante de niveau 1

Prudence n’avait pas l’air d’être un client particulièrement pénible, et il sembla d’emblée conquis par un cocktail qu’il n’avait pas encore goûté. Jezabel espérait qu’il serait dans d’aussi bonnes dispositions après avoir goûté à ce que contenait le verre, et c’est après avoir souhaité bonne chance à Max qu’elle lui avait adressé un sourire lumineux – très rare sur son visage ordinairement fermé – alors que l’adolescent évoquait le fait de se serrer les coudes entre collègues.

On serait vraiment super mal barrés. Ca m’a fait plaisir de pouvoir échanger quelques mots… malheureusement on a un afflux de nouveaux clients qui ne tarderont pas à avoir soif. A tout à l’heure, peut-être !

La jeune femme salua Max puis Prudence d’un rapide mouvement de tête avant de s’éloigner en se faufilant entre les danseurs, évitant parfois de peu de se prendre un coup de bras en passant près de ceux qui cherchaient à se faire remarquer en faisant des mouvements très amples. Jezabel sépara brièvement un couple qui lui bouchait complètement le passage le temps d’un roulage de pelle, et atteignit finalement la table des jeunes. L’homme travesti en bonbon rose fluo géant s’avança vers elle mais fut rattrapé par les autres avant de se faire copieusement pelotter les fesses, et un autre homme s’avança vers la serveuse :

Alors on voudrait que la bière coule à flots, ma jolie. Tu vois la taffiole là-bas ? C’est Bary. C’est mon meilleur pote. Il se marie demain. Pour son dernier soir en tant que célibataire, on va lui offrir la cuite DE SA VIE !
Brune, blonde ?
Blonde comme les blés. Elle s’appelle Elizabeth, et elle trop…
Non, pour la bière… - Un sourire amusé étira ses lèvres. – Brune ou blonde ?
Ah ouais, euh… Bah brune, alors. Faut que ça coule à flots, ma jolie !
Pas de soucis tant que vous avez de quoi payer.

C’était aussi simple que ça. Jezabel pouvait même lui faire un sandwich ou appeler qui il voulait pour faire un canular tant qu’il allongeait la monnaie. L’homme sortir de sa poche de jean une carte bancaire qu’il lui tendit en souriant :

Pas de problème pour ça…
Merci. J’arrive tout de suite !

Jezabel disparut de nouveau dans un tourbillon de cheveux roux et fit le tour du comptoir pour aller chercher ce que les clients lui avaient commandé. La soirée risquait d’être vraiment très longue maintenant que cette bande venait d’arriver, et quelque chose lui disait qu’ils ne s’arrêteraient probablement pas à leur troisième ou quatrième bière… Profitant de l’attente engendrée par le tirage de la bière pression, Jezabel laissa vagabonder son regard sur la foule, constatant que même travesti en femme, le marié restait séduisant.

(Je vous laisse poursuivre sans moi parce que compte-tenu du boulot de Jezabel, il ne serait pas cohérent qu’elle reste scotchée à votre table ^^)

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