Résister à Eddison Pierce lorsque l’on est une femme, c’est un peu refuser d’acheter un beau jouet à un enfant roi et gâté jusqu’à la moelle de l’os… Il n’a jamais compris, et encore moins accepter, un rejet quel qu’il soit. Quand il désire quelque chose, on le lui apporte sans rechigner, car si c’est à lui d’aller se l’approprier, la situation tourne vite à la violence… Un souverain n’est pas patient. Ajouté à cela un manque flagrant de compassion et d’empathie, doublée d’une tendance à l’énervement fulgurante, et vous obtenez ce qui se rapproche le plus du psychopathe particulièrement dangereux… Tout simplement parce que de prime abord, il est charmant. Un beau visage, des yeux bleus et purs, rien qui ne permettrait de réveiller une quelconque méfiance enfouie. Et pourtant… Il y en a une, qui se méfia.
L’un des rares présents qui lui fut interdit, peut-être le premier qui ne céda pas à son acharnement. Izzy Quayle, voilà comme était appelée cette petite prétentieuse.

Dès qu’il l’avait vu, il l’avait voulu. C’était aussi simple que cela… Jolie fée dansant un ballet contemporain, gracieuse et fragile, et avec en même temps cette sorte de « poigne » trépidante et sujette à fantasmes. Peut-être, sans doute, cela n’aurait pas duré. Une fois qu’il l’aurait eu… Mais les choses ne se passèrent pas selon ses désirs. Elle refusa, l’évita, ne daigna pas même répondre à ses lettres passant de courtoises à enflammées… Ne savait-elle pas à qui elle avait affaire ? Etait-elle assez stupide ou orgueilleuse pour se croire capable de lui échapper ? Non… Personne ne s’extirperait de son emprise. Personne. Et certainement pas une nymphe qui chute et se brise sous les feux des projecteurs…
Tôt ou tard… Ce soir, demain, dans une semaine, des mois ou des années… Mais il aurait le dernier mot, il ne pouvait en être autrement.

Son ‘piège’ fut savamment mis en place… Voilà longtemps qu’il avait fait en sorte de savoir ce qu’elle faisait et où elle se trouvait. Ce n’était pas une traque assidue ni une obsession qui l’empêchait de dormir, mais il y songeait parfois… La venue de ce journaliste bouleversa la donne. Possessivité et jalousie, cet homme-là n’a pas le droit de le surpasser, de le devancer. Inventant des prétextes que personne n’osait contredire, il les fit suivre… Et fut donc tout de suite au courant lorsque le ‘couple’ se sépara… Laissant Izzy vulnérable ? Ou du moins, il n’était plus nécessaire de tuer Adam pour l’avoir elle… Puis une idée germa dans son esprit… Puisqu’à lui elle s’était donnée, pourquoi ne pas se servir de cela ? Elle se faisait offrande, il aurait le sauvage plaisir de la sacrifier…
Et il y parvint. La souris se précipita dans la cage piégée, où il avait pris la place de cet homme désiré… Prendre sa place… Bientôt dans tous les sens du terme.
Quel délice cela avait été ! Un coup de tazzer amélioré sur la nuque, qui était censé l’endormir… Mais avait un plus le supplément « souffrance », un régal pour les yeux tandis qu’elle tombe dans les affres du sommeil… A sa merci.
« Tu as perdu… C’est finit. »


Il l’avait bouclé dans cette salle blanche, la laissant aux bons soins des scientifiques… Voilà tout ce qu’elle avait gagné. Au lieu d’être seulement celle pendue à son bras, elle allait devenir un amusant petit jouet à démonter et assembler méthodiquement, dont il pourrait faire ce qu’il désire, quand il le désire, jusqu’à lassitude ou ce qu’elle soit cassée… La suite, il s’en moquait. Expérience et distraction du boss, tel sera son destin. Plus utile qu’une petite chef de galerie d’art… C’est un avenir radieux qu’il lui promettait.
Et vint enfin l’heure du réveil, et c’est avec une délectation sans nom qu’il la voit se redresser avec difficultés, puis retirer ceux qui jusque là la maintenaient en vie… Mais elle n’est pas dénuée d’intelligence, ou d’instinct peu importe, car au moment précis où elle voit le miroir, elle a compris… Et s’y traine avec les misérables forces qu’il lui reste. Se relevant, il s’approcha à son tour de la surface lisse au-delà de laquelle il l’observait, avançant au même rythme que le sien… Quand elle l’atteint finalement et pose ses mains sur le miroir, il fait de même, devenant son reflet, avec pour seule différence ce sourire purement mauvais sur les lèvres… Il se satisfait de sa victoire, la voir presque morte, une revanche terriblement agréable.

Elle le supplie, pleure et se laisse emporter par sa peur… Et lui… Il rit. Maladivement, avec une euphorie malsaine, il jouit de ce spectacle terrifiant… « Ce que je veux… » Un large sourire tandis qu’il se décale à peine, comme si elle pouvait le voir elle-aussi… Puis il revient, et pose ses lèvres sur ce miroir… A l’endroit précis où il devrait toucher les siennes… Contact froid, il veut retrouver celui « humain ». Et c’est sans plus attendre et aucune considération pour ce qu’il s’apprête à faire, qu’il ouvre une porte dérobée et s’engouffre dans la salle lumineuse où gît… Une femme qui n’aura bientôt plus d’identité… Il pose ses yeux sur elle naturellement, comme s’ils étaient amenés à se croiser, deux vieilles connaissances qui se retrouvent, deux amants du bon vieux temps… Et c’est avec une lenteur exécrable qu’il vient auprès d’elle… Puis avec douceur il glisse ses doigts sur sa tête, effleurant sa nuque, avant que son visage ne se ferme et devienne rageur. Empoignant quelques mèches de cheveux, il la force à redresser la tête le buste, la tirant sans ménagements… Une main qui se glisse finalement dans sa nuque, la serre comme si elle était réduite à un vulgaire animal et la conduit jusqu’à la chaise où elle était perchée… Il s’y assoit sans jamais la relâcher, gardant ce regard à la fois froid et destructeur sur elle…

Aucune pitié en lui… Pas l’ombre d’un remord en voyant son état… Pas plus lorsqu’il la hisse par la force, son dos sur ses jambes pour avoir son visage en face du sien, la dominant de tout son être… Les doigts de son autre main vagabondent sur son cou, en tracent les lignes du bout des doigts, glissant sur les quelques marques de son corps, cicatrices, signes du passage des scientifiques… L’une d’elle, près de son épaule, au-dessus de son cœur, attira son attention… Et c’est avec plaisir visible qu’il y pose les doigts et appuie. De l’autre main il renforce sa poigne dans ses cheveux alors que peu à peu ses ongles pénètrent cette peau trop récemment pansée… Qu’elle souffre… Du sang commence à s’échapper, et c’est sans gène ni scrupules que sa langue s’en gorge, avant que ses lèvres ne remontent à son oreille pour murmurer des mots qui ne peuvent avoir que de violentes répercussions…


« Fais attention à ce que tu vas répondre petite souris…
Regrettes-tu ? »

[Je précise, j'ai eu les autorisations de la miss pour... faire ce que j'ai à faire No panic :angel: ]