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 Casse-tête chinois (Salem)

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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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Casse-tête chinois (Salem) Vide
MessageSujet: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyVen 9 Aoû - 14:39

Appartement 3A — Silvia Gianelli & Karl Müner

— Vous pouvez me passer la pince plate ?
— Ça ?
— Non, l’autre, à côté. Merci.
— Alors ?
— C’est rien, ce sera bientôt réparé.
— Ah, tant mieux, ce mois-ci, ce n’était pas le moment.

Assise sur le rebord de la baignoire, tandis qu’Adam achevait de replacer le panneau sur la machine à laver, Silvia remarqua, l’air de rien :

— Ça fait quelques jours que je n’ai pas vu Salem.

Adam se figea, la pince en main. Les yeux fixés sur la machine à laver, il répondit :

— Il… Ne vit plus ici.
— C’est à cause… d’Andrew ?
— C’est à cause de la vie.

Silvia esquissa un sourire triste et secoua la tête.

— Ce n’est pas une très bonne raison…

***

Appartement 2B — Atricia Pilgrim

— Vous êtes bien gentil.

Adam déposa les sacs de course sur la table de la cuisine.

— Vous voulez un peu de thé ?
— Non, merci, Mrs. Pilgrim.
— Comment va votre euh… collègue ?
— Mon collègue ?
— Le petit voyou tatoué.

Les yeux fixés sur la table, il répondit :

— Parti.
— Ah bien !

L’exclamation était partie du fond du cœur, mais Mrs. Pilgrim releva les yeux vers le voisin qui lui avait aimablement porté ses provisions. Elle sortit de la cuisine appuyée sur sa canne, revint et fourra un cadre dans les mains d’Adam.

— C’est Edmond. Vous voulez un peu de thé ?
— Euh… Non. Merci.
— Edmond, c’était mon mari. Un Français. Toujours à râler, toujours à ronchonner, jamais content. Il est mort en 2002. Un peu de thé ?
— Non merci…
— Avec Edmond, on a toujours parlé d’aller au Brésil. On voulait voir la forêt. Mais on a attendu, on a attendu, on s’est disputé souvent, on a remis à plus tard, et puis Edmond était trop vieux, il a eu son attaque.

La vieille dame plissa les yeux pour les fixer sur Adam.

— Vous, vous êtes jeune. Vous savez, les pays comme le Brésil, ce n’est jamais aussi loin qu’on croit…

***

Salle de musculation Central Park Health

— Bonjour et bienvenue à Central Park Health (le meilleur pour votre forme) !

Sally adressa un grand sourire à la cliente.

— J’ai réservé pour une heure.
— Oui, bien sûr. Désirez-vous l’assistance de l’un de nos coachs sportifs ?

La cliente tenta de prendre un air indifférent, balaya la salle du regard.

— Une euh… Amie. M’a parlé de quelqu’un. Un nouveau. Très euh… Professionnel. Lui, là-bas.
— Adam ? Bien sûr : il est disponible.

Sally réprima un sourire amusé : depuis son arrivée à Central Park Health (le meilleur pour votre forme), Adam était la coqueluche des femmes d’affaires quadragénaires, qui avaient l’air de trouver quand les poids étaient plus faciles à soulever quand elles pouvaient observer ses pectoraux sous le tee-shirt moulant de l’uniforme.

***

Coyote Ugly

— J’peux m’asseoir ?

Adam releva les yeux de sa bouteille de coca pour dévisager Brad, qui n’attendit pas la réponse et s’installa.

— Salut…
— J’ai un problème.
— Ah.
— C’est avec un d’mes employés. Déjà, il a l’air d’un délinquant, les clients sont pas rassurés. Ensuite, maintenant, il passe des heures à fixer des outils en soupirant, pas très efficace. Tu saurais pas ce qui lui arrive, par hasard ?
— J’suis pas d’humeur…
— Ouais. Je me souviens, y a trois ans, j’étais dans un bar comme ça, assis comme toi devant une bouteille, comme toi à ruminer, j’avais perdu cinq cents milles dollars, et je les devais à des gens pas commodes. Y a un type bizarre, un Asiatique avec une tête de gamin de dix ans qui s’est assis devant moi et qui m’a dit que les combats étaient pas finis tant qu’on avait pas envoyé le dernier coup de poing. J’allais perdre mon boulot, ce jour-là, et ma famille. Plus encore. J’lui dois une fière chandelle.

Adam haussa les épaules.

— C’était y a longtemps.
— Non. C’était y a trois ans.
— Une éternité. Je vieillis trop vite.
— Ah.
— Et Salem est trop jeune…
— J’ai sept ans de plus que ma femme. Ça fait d’elle une nécrophile, du coup, selon tes critères…
— J’suis pas d’humeur.
— Ouais, ouais. Écoute, je suis venu t’offrir quelque chose que personne d’autre ne semble vouloir te donner.
— Quoi ?
— Les vérités désagréables à entendre. Alors écoute moi bien : t’es pas vieux. T’es pas usé, ou fini, ou au bout du rouleau. Tu sais pas tout sur tout. Il faut qu’t’arrêtes de te comporter comme si tu avait tout vu et tout fait. Et comme si le monde tournait autour de toi. OK, t’as vécu plus que tous les types de ton âge. Et dans un endroit comme Hell Kitchen, tu connais sans doute tout. Dans le petit monde du crime, t’as dix milles ans d’expérience. Super. Mais la vie, c’est pas que les meurtres, les trafics et la drogue. Pour le reste, t’es juste un gamin et t’es paumé comme un gamin. Tu sais pas quoi faire, tu sais pas quoi dire et tu sais pas comment t’en sortir. Souvent, tu t’comportes comme un idiot.

C’est facile de jouer les super-héros, de sauver les inconnus et de retourner dans l’ombre pour se complaire dans son marasme. Les justiciers mélancoliques, c’pas c’qui manque à la télé. C’est plus facile d’être Superman que Clark Kent. C’est autre chose d’être un homme. Je sais pas c’que t’attends, avec Salem. Un monde de petits poneys ? Un manuel du couple pour les Nuls ? Vas-y, y en a plein les librairies, mais ça sert à rien. Oui, les gens se disputent. Se comprennent pas. Mais à la fin, c’est pas ce qui compte.

T’as peur de lui faire du mal ? T’as peur qu’il soit en danger ? Tu crois quoi ? Que Salem s’imagine que t’as pas de problèmes et que t’es un vrai héros ? Adam. Les types de ce trou, qui entendent les histoires qu’on raconte sur toi, et les types qui te voient sur le ring, ils croient peut-être ça. Mais il suffit de passer une soirée avec toi pour se rendre compte que la moitié du temps, t’es un chiot qu’on a abandonné dans le vaste monde. Salem le sait. Il l’a vu en cinq minutes, je parie.

Salem, c’est pas ton fils. T’as pas à prendre des décisions pour lui. À organiser sa vie parce que tu estimes qu’il est mieux loin de toi. T’es peut-être plus malin et plus fort que pas mal de monde, mais tu restes un gamin pour ce genre de choses. Alors rends-nous à tous un service. Arrête d’écraser le monde avec ton sens du sacrifice. Arrête de jouer aux héros. Arrête de te complaire dans ton propre malheur. Et sois un homme.


***

Garage Redford

La voiture qui venait de se ranger devant le garage Redford n’était pas de première jeunesse, mais elle n’était pas en trop mauvais état. À vrai dire, elle n’avait pas besoin de réparation — sans doute son conducteur l’avait amenée là pour un contrôle technique. Les mains enfoncées dans les poches de son blouson, adossé à la carrosserie, Adam fixait l’entrée du garage, tandis qu’à l’intérieur, Brad envoyait Salem s’occuper du client qui venait d’arriver dehors.

Quand l’adolescent apparut à la porte, Adam interrogea :


— Qu’est-ce que t’as fait pour te retrouver coincé avec moi ? Cassé la cafetière ?


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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyLun 12 Aoû - 16:22

La vie post-Adam : J+1
Appartement des Rockwell – 10h30

« Mais j'ai absolument besoin de cette pièce, y'a pleins de trucs à moi dedans ! »
« Si tu rangeais mieux tes affaires, tu n'aurais pas besoin d'encombrer là chambre d'amis. C'est ton frère, tu pourrais quand même… »
« C'est pas mon frère ! Y'a aucun lien entre nous et je le connais même pas ! »
« Cassidy… »
« Ben quoi ? C'est vrai, t'es pas mon père, j'y suis pour rien si t'as abandonné ton gosse… »
« Cass… »

La porte couverte de panneaux "Keep out" de la chambre de Cassidy se referma avec fracas et il entendit la clé tourner dans la serrure, Jon soupira. Élever des ados, ce n'était pas évident, élever une ado hystérique et un autre dépressif, c'était l'enfer. Prenant son courage à deux mains, le commissaire frappa légèrement à la porte de la pièce à côté et entra en rasant le mur. Allongé dans le lit, un casque sur les oreilles, Salem lui jeta à peine un regard, il était occupé depuis le soir dernier à faire défiler sur son téléphone ce qu'il appelait des "purées de pixels", que Jon nomait plus sombrement, des photos. Bien sûr, elles représentaient toutes son fiancé psychopathe, curieusement, il était endormi sur bon nombre d'entre elles. Jon enjamba les poches de vêtements de Salem, les cartons de mangas de Cassidy, les chaussures, et tout un tas d'autres choses qui encombraient le chemin, et vint s'asseoir au bord du lit.

« Tu aimes le regarder dormir, on dirait. »
« Oui, il est trop mignon quand il dort, un peu comme quand il envoie de mails de deux mots. »
« Les mails de deux mots, c'est mignon ? »
« Ouais, trop ! En plus il met pas de smiley… »

Ok, son fils était fou, Jon ne put s'empêcher de poser sur lui un regard désespéré. Mais au moins, il avait pu lui arracher quelques mots, maintenant que la conversation était engagée, il tenta de dévier subtilement du sujet.

« Qu'est-ce que tu écoutes ? »
« James Blunt – Goodbye my lover. »
« La même chose qu'hier ? »
« Non, hier c'était You're beautiful, tu t'rappelles pas ? Je t'ai même montré le clip, à la fin, comme il peut pas être avec la fille qu'il aime, James Blunt saute dans l'océan et il meurt. »

Salem le fixa de son regard le plus glaçant.

« Moui, je me souviens. »

La vie post-Adam : J+2
Appartement des Rockwell – 18h12

« Bon, ça y est, je me suis organisé. Cassidy, tu peux garder la chambre d'ami, Salem ira dans mon bureau, en plus y'a pas mal de rangements… »
« Hein ? Quoi ? Mais non ! Il est en bas ton bureau, c'est nul. Faut qu'il reste à côté de ma chambre ! »
« Mais j'ai déjà déplacé toutes mes affaires… »

Les deux jeunes gens, étalés ensembles sur le lit à feuilleter des magazines, ne parurent pas vraiment émus.

« Bah… T'as qu'à les remettre ? »

La vie post-Adam : J+3
Garage Redford – 16h57

« Ah ? Mais il bouge ! Tu t'es décidé à te remettre au boulot ? Adam t'as appelé ? »
« Non, je me suis dis que faire du rangement me changerait les idées. »
« Du quoi ? Où sont les outils qui étaient là ? »
« Rangés. »

Brad le regarda comme s'il venait d'égorger un bébé phoque.

La vie post-Adam : J+4
Jungle amazonienne – 15h02

« J'ose pas l'appeler, à tous les coups, il va pas vouloir me voir, ou alors il va dire oui en culpabilisant d'avoir dit oui, et peut-être qu'il ne voudra même pas m'embrasser, même si au fond il veut sûrement m'embrasser. »
« C'est très compliqué… Et si tu lui envois un texte ? »
« Ouais, mais non, tu comprends, reprendre contact par texto, ça fait un peu tâche, quand même… »
« Dans ce cas, tu peux aller le voir. »
« Oui, mais ce serait un peu le forcer, non ? Il veut arrêter de me voir, après tout, je dois respecter son choix. »
« Alors tu pourrais lui envoyer un bouquet. »
« Ah non ! Surtout pas de bouquet ! Ça va lui rappeler la fois où on est allé au restaurant et où… »
« Arrt… »
« Le pire dans tout ça, c'est qu'il doit déprimer à mourir, s'il ne fait rien de ses journées. »
« Il ne fait pas rien, il est coach sportif, j'ai une amie qui travaille avec lui. »

La vie post-Adam : J+5
Appartement des Rockwell – 23h34

« Ah mais ouais, c'est ton copain ! Je l'ai vu en fait, je lui ai même demandé son numéro. Il est pas très causant. »
« T'as demandé son numéro à mon fiancé ? »
« Bah, je savais pas, en plus c'était pas pour moi, c'était pour une amie. Plusieurs amies, en fait. »

Cassidy éclata de rire en voyant la moue boudeuse de son petit frère.

« Je crois pas qu'elles aient une seule chance, face à toi. Hé dis, paraît que t'as une moto ? »
« J'avais une moto, elle est à la fourrière. »
« T'as toujours les clés ? Elle est pas là-bas, je suis sûr qu'il voulait juste te la confisquer et à mon avis il l'a pas fait de façon très, très officielle. Je pense savoir où elle est. »
« J'ai toujours les clés. »

La vie post-Adam : J+6
Manhattan – 16h22

Une moto déboula d'un carrefour à vive allure et s'arrêta dans une petite rue. Cassidy se détacha de Salem et sauta sur le trottoir, l'air excitée comme une puce.

« C'était énorme ! Je pourrais essayer ? »
« Pas ici en tout cas, faudrait plutôt un parking. Vide. Sans personne. Pourquoi tu voulais venir là ? »
« Oh… Juste un petit truc à faire, là-bas. »
« Tatoo folie ? Cassy, si papa apprend que… »
« Il en saura rien ! J'en veux un tout petit, et il sera caché par mes fringues. »
« Tu vas te faire faire quoi ? »
« Le yin yang. »
« Pfff… Le truc de gonzesse… »
« Hé ! »

Peu de temps après, les deux jeunes gens ressortaient de chez le tatoueur, Cassidy se tapota prudemment l'épaule.

« Ça fait mal, quand même. »
« Boarf, pas tant que ça. »
« Ouais mais toi t'as l'habitude, tu as choisis quoi ? »

Les joues de Salem rosirent légèrement.

« Un papillon… »
« Un papillon ? Et tu t'es foutu de mon yin yang ? Montre-moi ! »
« Nan ! Faut laisser le pansement ! »
« Je vais te le remettre, ton pansement ! Qu'est-ce qu'il y a d'écrit ? Ad… »

Salem récupéra son bras, rouge comme une tomate.

« Adam, un papillon ? J'aurais plutôt dis un ours, moi, ou peut-être un serpent, pour le côté mystérieux, et dangereux, de ce que j'ai compris. »
« Adam se prend pour un serpent, mais c'est un papillon. »

La vie post-Adam : J+7
Garage Redford – 14h19

« Salem ! Vas t'occuper du type qui arrive ! »
« Mais je fais un truc, là… »
« Bordel, ça fait une demi-heure que je cherche ma clé de 24, alors tu te remues ou je fais un rapport à ton lycée ! »
« Ok, ok, ça va. Et elle est sur l'étagère à ta droite. »

Salem se dépêcha de fuir la mauvaise humeur de son patron, mais arrivé dans l'entrée, il s'immobilisa de surprise. Un bref coup d'œil du côté de Brad lui indiqua qu'il se moquait ouvertement de lui, mais rien en cette seconde n'aurait pu altérer sa joie, il courut se jeter dans les bras d'Adam et l'embrassa à pleine bouche.

« Adam ! Tu m'as trop manqué, je suis content que tu sois là ! Et je suis plein de cambouis… Je t'en ai mis dessus, désolé, pardon, j'ai laissé mon chiffon à l'intérieur, je devrais peut-être aller le chercher ? Roh, tu sais quoi ? C'est pas important. Elle est belle, ta bagnole, je t'aime tellement. »

Salem s'arrêta de parler pour l'embrasser, puis il fit un pause le temps d'arranger précautionneusement ses cheveux, et l'embrassa encore, couvrant ses joues, son cou et sa chemise de substance noirâtre au passage. Il avait envie de dire pleins de choses et de poser des dizaines de questions à la fois, mais préférait pour l'instant se taire et serrer Adam dans ses bras.


Dernière édition par Salem Cordova le Dim 8 Sep - 12:47, édité 1 fois
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyLun 12 Aoû - 17:00

Mon Dieu, qu’il était beau. Qu’il avait l’air viril avec son bleu de travail, ses traces de cambouis, sa coiffure fashion, ses boucles d’oreille et ses tatouages. Comme il se sentait bon — Adam le savait, qu’il sentait bon, même à six mètres, non loin des docks, entre l’odeur de l’océan et celle du garage. Qu’il était spirituel — ça se sentait dans sa façon de lacer ses chaussures. Et intelligent. Et que le son de sa voix était joli, même quand il ne parlait pas — ça se voyait à l’élégante forme de ses cordes vocales, quelque part dans sa gorge.

Adam ne rêvait plus que d’une chose : faire l’amour avec Salem sur le capot de sa voiture fraîchement acquise, là, comme ça, en face du garage, devant les multiples passants, enfin, les mouettes, qui traçaient des cercles au-dessus des toits à la recherche d’une palette de harengs frais opportunément éventrée. Oui, Adam était une mouette et Salem était son hareng, sa palette de harengs, qu’il aurait aimé dévorer goulûment. La scène était terriblement romantique.

Puis les deux hommes commencèrent à se peloter. C’était très romantique aussi, certes, mais enfin : à leur façon. Comme s’ils ne s’étaient quittés que la veille, les mains d’Adam s’étaient posées au creux des reins de Salem et il l’avait plaqué contre lui pour l’embrasser comme on ne fait pas dans les films, parce que sinon, ils seraient interdits aux spectateurs mineurs. De loin, Brad, qui n’avait tout de même pas une passion très prononcée pour la pornographie homosexuelle, et qui de toute façon avait (encore) rempli son rôle de Cupidon, se détourna pour visser des écrous.

Après cette longue scène de débauche apnéique, Adam se détacha d’un millimètre — un effort chez les Cordova-Tenseï.


— T’as récupéré la moto ? T’es tellement fort.

Voilà : ils s’étaient abondamment complimentés sur la mécanique. L’entente parfaite était revenue. Adam leva un instant les yeux vers l’entrée du garage et lança au vide :

— Merci.

Une seconde après, Brad émergea pour déclarer :

— Salem, prends le reste de l’après-midi. C’est un peu mort, de toute façon, aujourd’hui.
— Merci.

Quel timing. Après avoir accordé cette très éphémère attention à celui qui ne cessait de les jeter dans les bras l’un de l’autre, Adam reporta son regard noir et possessif sur son petit ami.

— J’ai interverti trois épices dans le placard et les coussins sur le canapé ne sont pas droits.

De quoi donner à Salem le mal du pays. Adam esquissa un sourire (si si) avant de prendre un air un peu plus sérieux.

— Salem.

Je t’aime.

Je suis désolé d’être… Je ne sais pas. Renfermé. Orgueilleux. Méfiant. Et autoritaire. Je voudrais que tu t’occupes de moi. Mais j’t’ai pas laissé faire. J’ai fait aucun effort. J’t’ai pas donné ta chance. J’aurais dû t’faire confiance. J’te fais confiance. J’ai peur de tout. J’veux qu’tu m’protèges. J’te fais confiance.


Pour donner un peu plus de poids à son discours, Adam plaqua à nouveau Salem contre lui, histoire de s’enduire de cambouis, puis recommença à l’embrasser, à l’embrasser encore, à l’embrasser toujours, pour ne s’arrêter qu’au moment où il commença à soupçonner que quelqu’un allait peut-être finir par appeler la police des mœurs.

— J’veux pas qu’tu sois en sécurité loin de moi. J’veux qu’tu sois bien, près de moi. J’sais pas si c’est bien pour toi chez l’autre…

Adam esquissa une moue dubitative — visiblement, le petit numéro de Jon avait toujours un peu de mal à passer. Il se reprit néanmoins.

— …j’veux dire, chez ton père. J’veux pas que, je sais pas, tu choisisses. Peut-être que tu devrais rester avec lui, peut-être que ça sert à rien. En vérité, je sais pas. C’est toi qui décides. J’arrête pas d’essayer de gérer ta vie. Mais t’as plus quinze ans. Faut qu’tu fasses comme tu l’sens.

Enfin, pas exactement quand même. Si Kevin approchait de trop près, Adam lui fondrait quand même les jambes dans l’acide sulfurique, mais enfin, dans une certaine mesure, il reconnaissait qu’il était temps pour lui d’abandonner son obsession du contrôle absolu. Il se détacha enfin de Salem.

— J’ai des choses à t’montrer. J’t’attends là, le temps que tu récupères tes affaires.

Après avoir à nouveau embrassé Salem et troublé l’ordre public, Adam laissa son fiancé partir pour se changer (hélas) et s’adossa à nouveau à sa voiture, pour se plonger dans ses pensées. Bien vite interrompues par la pétaradante arrivée d’un scooter. Cassidy en descendit, retira son casque et fixa aussitôt Adam des yeux.

— Waaa.

Ce mystérieux commentaire fut accueilli par un mystérieux silence. La jeune fille s’approcha de lui et le détailla de la tête aux pieds.

— J’me souvenais pas que t’étais aussi…

Adam haussa un sourcil.

— …voilà quoi.
— On s’connaît ?

Elle eut l’air un peu vexé.

— J’t’avais demandé ton numéro.
— Ah.
— J’m’appelle Cassidy.
— Ah.

Pendant ce temps, Adam continuait à fixer d’un air très concentré l’entrée du garage. D’une voix songeuse, Cassidy remarqua :

— T’as pas vraiment l’air d’un papillon.
— Pardon ?
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 15 Aoû - 20:02

Salem rayonnait, même s'il essayait sans grand succès de ne rien laisser paraître devant les garagiste velus qui faisaient semblant de travailler. Alors qu'il venait de passer la porte des vestiaires, l'adolescent s'arrêta pour regarder son patron.

« Qu'est-ce que tu as fais ? »
« Qui ça ? Moi ? Rien du tout. »

Ben voyons, après presque un an à travailler avec Brad, Salem avait bien apprit une chose, il mijotait toujours un truc. Et aujourd'hui, son air ravi le trahissait de façon évidente, peut-être était-il heureux à l'idée de pouvoir faire traîner ses outils partout sans risques qu'ils se retrouvent alignés géométriquement dans les étagères, mais il ne faisait rien pour se cacher. Salem chuchota un remerciement avant de partir se changer le plus vite qu'il put, c'est-à-dire qu'il passa seulement dix minutes à se regarder dans le miroir usé fixé dans un coin du mur. Pendant ce temps, une jeune fille parlait.

« Mais oui, tu sais, le papillon qu'il s'est fais, là. »

Cassidy, qui ne s'était pas découragée malgré l'attitude froide de son interlocuteur, pointa du doigt l’intérieur de son bras droit, mais Adam regardait ailleurs. Décidément, ce n'était pas exactement la personne la plus sociable du monde, elle soupira, comprenant au moins un peu l'attitude de son père. Après quelques minutes silencieuses, elle sembla se rappeler de quelque chose.

« Ah ! Je t'ai dis que j'étais la sœur de Salem ? J'm'appelle Cassidy Rockwell, en fait. »

Elle n'eut pas le temps de voir si ça changeait quelque chose pour Adam, Salem réapparut, tout beau et tout sourire, il les rejoignit d'un pas rapide, son sac sur l'épaule.

« Salut Cassy, qu'est-ce tu fais là ? »
« J'voulais que tu débrides mon scoot', mais apparemment tu vas être occupé c't'aprèm. »
« Ouais, désolé. »
« Non, c'rien t'inquiète. Tu lui as pas montré ton tatouage ? »

Salem passa du blanc au rouge sans aucune transition, il effleura du doigt le pansement qu'il portait toujours, avant de bafouiller.

« C'est… déjà, c'est un papillon de nuit»
« Mouais, c'est un papillon, quoi. T'as peur de sa réaction ? »
« N… Non ! Puis c'était juste parce qu'il me restait un blanc à cet endroit, et que ça faisait moche, du coup… »
« Bien sûr, on va te croire. Montre ! »

Cassidy lui attrapa le bras et tira d'un coup sec sur le pansement, pour dévoiler le fameux tatouage, un papillon de nuit, donc, à peine plus grand qu'un vrai, et posé sur une suite de boucles entrelacées qui formaient le prénom Adam. Salem ne savait plus ou se mettre, car contrairement à ce que son superbe jeu d'acteur pouvait laisser croire, il était très inquiet de la réaction de son compagnon. D'abord, Adam venait de lui dire qu'il ne comptait plus gérer sa vie, alors il devait l'estimer apte à prendre tout seul les bonnes décisions, et il craignait de prouver le contraire avec cette nouvelle folie. Parce que c'était de la folie, Jon n'avait cessé de le lui répéter quand il s'était aperçu que son fils irrécupérable s'était fais un gribouillis de plus, et que sa fille le suivait dans la même voie. Et puis, d'ici jusqu'au Pérou, tout le monde savait à quel point Adam tenait à sa réputation de mâle viril et inébranlable, alors, un papillon, même de nuit, c'était peut-être un peu limite, il en regretterait presque de n'avoir pas fait d'ours.

S'il était aussi nerveux, c'est aussi que les tatouages n'étaient pas pour lui quelque chose d'aussi frivole que le shopping. Certes, ça satisfaisait ses envies d'esthétisme, mais c'était aussi une façon de graver dans le marbre un moment très spécial, une résolution très spéciale, ou une personne très spéciale – je précise que Salem n'a pas d'autre prénoms écrit nulle part, juste au cas où. Les premiers, par exemple, c'était pour ne plus avoir sous les yeux ses scarifications et laisser ce passé derrière lui, ça avait du sens, et c'était pareil pour le reste. Même ses têtes de mort étaient remplies de subtils détails mnémotechnique, mieux vaut d'ailleurs ne pas être son tatoueur, Salem était typiquement le genre de client tatillon qui vient et revient peaufiner des détails d'un demi millimètre même trois mois plus tard.

Bref, Salem savait bien qu'il n'y avait sans doute que les bikers tatoués jusqu'à la racine des cheveux qui puissent partager sa sensibilité, et encore, il craignait donc que ce qui était pour lui la plus sincère déclaration d'amour possible soit accueillit fraîchement par son compagnon. Avec un "c'est bien" par exemple.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 15 Aoû - 21:39

Même s’il fixait toujours plus intensément la porte du garage, comme s’il avait été lui aussi capable de voir à travers les murs, Adam n’en prêtait pas moins une oreille de plus en plus attentive aux propos de Cassidy. Les tatouages de Salem, il les connaissait tous par cœur et il n’avait pas besoin de regarder l’endroit que montrait la jeune femme pour savoir que son fiancé n’avait pas de tatouage en forme de papillon — ou alors, c’était une représentation très personnelle des lépidoptères.

Ce qu’il se demandait tout de même, c’était qui pouvait bien être cette scooteuse bavarde qui venait gâcher ses retrouvailles. Adam n’était déjà pas d’humeur très prolixe en général, certainement pas avec les femmes et encore moins lorsqu’il venait pour retrouver son fiancé et lui dire combien il était prêt à soulever des montagnes ou, à défaut, ses propres névroses, pour vivre heureux avec lui jusqu’à la nuit des temps, qu’il allait inévitablement finir par prédire.

Sa curiosité fut satisfaite en même temps que son désir de revoir Salem : l’adolescent reparaissait et s’avançait vers lui et sa sœur, avec laquelle on ne pouvait pas vraiment dire qu’il partageât beaucoup de traits physiques. Adam jetait quand même un bref regard à Cassidy, pour vérifier si sa mémoire et son sens de la physionomie surentraînés par des années de visions ne lui avaient pas fait défaut mais, définitivement, ces deux-là n’avaient pas grand-chose en commun.

Ce quart de dixième de seconde consenti à l’observation d’un être humain aussi inintéressant que tous ceux qui n’étaient pas Salem fut bien vite racheté lorsque l’Asiatique dévora son Salem des yeux — son Salem qui venait de troquer sa pâleur habituel d’indécrottable caucasien pour un pourpre du meilleur effet. Adam haussa un sourcil et il finit par quitter sa voiture pour s’approcher du jeune homme et observer le tatouage qui se cachait sous le pansement.


— …



Oh.


Cassidy lança un regard navré à Salem, parce qu’elle compatissait à sa déconvenue certaine, tout en se disant que Jon, pour une fois, n’avait peut-être pas eu tort : Adam n’avait pas exactement l’air d’être le fiancé rêvé. Mais ça, ce fut avant que le devin ne glissât une main dans le dos de Salem, pour l’attirer délicatement contre lui et l’embrasser avec tendresse, sous les yeux ébahis et un peu perturbés de sa nouvelle sœur, qui aimait les histoires d’amour mais qui voyait deux garçons s’embrasser pour la première fois, en dehors de Glee.

Mais après tout, c’était la chose la plus romantique qu’on eût jamais fait pour Adam — et Ulysses avait très certainement mis la barre très haut. Un tatouage à son nom, c’était la preuve que Salem ne l’avait pas oublié pour fricoter avec une petite brune très sage dénichée par Jon pour le remettre sur le droit chemin et un papillon plutôt que, disons, par exemple, un serpent, c’était celle que son fiancé ne le voyait pas seulement comme un roc mystérieux sur lequel s’appuyer, mais aussi comme un trésor fragile à protéger.

Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Adam rosit légèrement et murmura, d’un ton un peu timide :


— En fait, j’ai un truc, aussi, pour toi. J’voulais attendre un peu, mais bon, tu sais, voilà.

N’est-ce pas. Il se détacha de Salem, toujours sous le regard de Cassidy qui regrettait de n’avoir pas amené des pop corns : rencontrer Adam et le voir avec son frère, c’était un peu l’aboutissement de cette semaine, après en avoir entendu parler pendant des heures et des heures, par un Salem dépressif et nostalgique ou par un Jon méfiant et récalcitrant.

Adam se pencha à l’intérieur de la voiture, attrapa une petite boîte, revint vers Salem et l’ouvrit. À l’intérieur, deux bracelets de cuir, élégants et discrets, enfin, selon lui, sur lesquels étaient gravés respectivement les prénoms « Adam » et « Salem ». Nerveux comme un adolescent avant son bal de promo, le mutant se mit à expliquer son projet :


— Alors, je sais, toi, tu voulais des bagues, mais tu vois, je me suis dit, les bagues pour les garçons, ça ressemble en gros à des alliances. Ou à des trucs de gothique. Les trucs de gothique, c’est moche, et les alliances, eh ben, quand on aura des alliances, on verra pas la différence, du coup, ça sert un peu rien, alors, du coup, j’ai cherché autre chose, mais je suis pas forcément doué pour ce genre de trucs, j’veux dire, c’est ton domaine, moi, j’y connais rien, mais ça, tu vois, ça m’a semblé bien. Joli. Avec les prénoms, et tout. C’est pas trop, disons, pas trop excentrique, mais ça se voit quand même, et puis ça devrait aller avec tes vêtements, et tout. Je crois.

Adam sortit le bracelet « Adam » pour le tendre à Salem.

— Celui-là, c’est le tien.

Les yeux noirs du devin sondaient anxieusement ceux de son fiancé.

— Enfin, tu sais, si ça te plait pas, on peut toujours changer, trouver autre chose, je pourrais, euh…

D’un air pas très assuré, il suggéra :

— …me faire un tatouage, aussi. C’est joli.

La perspective avait l’air de l’enchanter un peu moins que les bracelets, il est vrai. D’ailleurs, d’un air perplexe, il suggéra :

— Mais ça doit faire un peu mal…

Parce qu’Adam, qui faisait des combats clandestins sans beaucoup de règles où la plupart des coups étaient permis avait un peu peur, il fallait bien l’avouer, de l’aiguille des tatoueurs. Mais que ne ferait-il pas pour les beaux yeux de Salem Cordova ?
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyMer 21 Aoû - 19:32

Il faut bien avouer, même avec regard perçant et des mois d'entraînements intensifs, Salem avait parfois du mal à interpréter les réponses laconiques et les expressions cryptiques de son compagnon. Quand il était un peu stressé comme maintenant, il mettait facilement en doute ses interprétations. Il était néanmoins presque certain que ce "Oh", n'était pas un "Oh mais qu'est-ce qu'il lui a prit." mais il n'était pas pour autant sûr que ce soit un "Oh ça me touche beaucoup." puisque que ça pouvait aussi être un simple "Oh c'est joli." Heureusement, Adam ne le laissa pas patauger bien longtemps, et le baiser qu'il lui offrit fit battre son cœur comme jamais. Il avait enfin réussit à lui montrer ses sentiments à sa façon, et Adam était touché, c'était une vraie libération. Son bonheur était total, mais visiblement ce n'était pas encore assez.

Dès qu'Adam lui dit qu'il avait aussi quelque chose, un sourire béat se dessina sur les lèvres de Salem, il avait deviné, à son ton et son air gêné, la nature l'objet en question, et c'est presque s'il ne trépignait pas d'excitation en le regardant partir vers sa voiture. Son sourire s'élargit encore plus – en admettant que ce soit physiquement possible – quand il vit le contenu de la boite. Ce n'était pas des bagues, certes, mais tout le monde s'offre des bagues, alors que son Adam lui avait offert des bracelets, lui. Et son explication le justifiait parfaitement, enfin, Salem n'avait trop écouté parce qu'il avait été très occupé à détailler ses lèvres qui bougeaient sensuellement en guettant le moment où il pourrait poser les siennes dessus, mais Adam avait raison. Adam était beau, fort, intelligent, sensible, fragile et tout plein d'autre choses et il avait toujours raison, voilà.

Quand son fiancé arrêta de parler, il était prêt à lui sauter dessus pour troubler pour de bon l'ordre public et sa sœur, mais déjà on lui tendait le bracelet, et Salem se rendit compte qu'il n'avait même pas dit "Oh". Il le prit et le regarda un instant, voulant dire quelque chose de beau, qui résumerait en une phrase tout ce qu'il ressentait pour lui mais, étrangement, c'était plus compliqué que ça en avait l'air.

« C'est… »

Certes.

« C'est parfait, je ne sais même pas quoi dire, tu me rends tellement heureux. Si je le pouvais je t'épouserais tout de suite. »
« C'est possible, suffit d'aller à Los Angeles, je peux être votre témoin  ! »

Cassidy avait les yeux presque aussi brillants que ceux de Salem, et de toute évidence, elle aurait bien continué à suivre ce conte de fée pendant des heures. L'adolescent la regarda tout juste pour lui dire.

« Non, Cassy. »

Avant de plonger à nouveau son regard dans celui d'Adam sans remarquer la moue déconfite de la jeune fille, qui se serait bien vu traverser le pays dans la vielle voiture là-derrière pour marier son frère et jouer au casino. Cela dit, l'idée d'aller voir ailleurs n'était pas complètement tombé dans l'oreille d'un sourd.

« Mais on pourrait se faire un petit voyage en amoureux, non ? Je serais bientôt en vacances, en plus. On pourrait aller… »

Il réfléchit intensément, il y avait pas mal d'endroit qu'il aimerait visiter.

« En France ? Je me suis toujours demandé à quoi ça ressemblait, et puis Paris, c'est la ville des amoureux, non ? Ou alors c'est Venise… mais ça doit être romantique quand même, t'en penses quoi ? »

Paris, c'était romantique, il en était certain, et Adam aimait le romantisme, alors ce serait parfait. Nageant dans sa boule de bonheur, Salem s'imaginait déjà la visite de la tour Eiffel et du Louvre, main dans la main, les balades en bateau-mouche et les assiettes pleines d'escargots au dîner. Si ça se réalisait, il n'aurait jamais rien fait d'aussi grandiose de toute sa vie. Bien sûr, il faudrait de l'argent, c'était le problème, maintenant qu'Adam était en congé sabbatique, il fallait faire attention, mais ça restait sans doute possible. Il avait déjà hâte de s'envoler là-bas avec lui [l'auteur rit sadiquement]
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 22 Aoû - 7:57

Adam réprima un soupir de soulagement, pour ne pas avoir l’air trop stressé par la réaction de Salem. C’était qu’en vérité, le jeune homme n’avait pas été trop sûr de son cadeau. Romantique, il l’était très certainement. Mais il n’était pas très doué pour offrir des choses. Enfin, une paire de chaussures, sans aucun doute, ça faisait plaisir à Salem, mais même avec toute la bonne volonté du monde, et après avoir fréquenté l’adolescent depuis bien des mois, Adam ne parvenait pas à trouver que les baskets, emballées dans le plus joli papier cadeau du monde, fussent tout à fait à la hauteur des bracelets.

Il observa un instant son nom passé au poignet de Salem et s’empressa de refermer son propre bracelet, avant de prendre la main de son fiancé. Leur réputation de héros froids et insensibles venait d’en prendre un coup, mais heureusement, personne n’était là pour les observer. Presque personne. Un instant, Adam fut paniqué à l’idée que Salem pût vouloir se faire marier par un prêtre déguisé en Elvis dans un préfabriqué quelque part en Californie ou dans le Nevada, mais c’était sans compter les rêves de princesse de son compagnon.

Soulagé, il attira donc Salem contre lui, tandis que Cassidy songeait à prendre des photographies avec son téléphone, pour montrer à toutes ses amies que les histoires d’amour de son frère écrasaient celles de la télévision. La jeune fille commençait donc à faire semblant de tapoter des messages, tout en relevant lentement mais sûrement l’objectif de son téléphone vers le couple, afin de bien les cadrer, quand Adam faillit faire un malaise.

Ah Paris, Paris, Paris-Orly, Paris-Roissy, le Concorde, la Patrouille de France, Paris…


Adam déglutit péniblement et murmura :


— On pourrait, oui, on pourrait, euh…

Il se mit à serrer un peu plus Salem contre lui, comme une bouée.

— Il faudrait bien sûr les passeports, et le visa, et peut-être un passeport biométrique, et vérifier les sacs, et changer la monnaie, et… Ou alors on peut prendre le bateau.

Il n’en avait même pas entendu le petit déclic qui immortalisait sa palpation nerveuse de Salem sur le téléphone de Cassidy. Laquelle Cassidy, perspicace, suggéra :

— T’as peur de l’avion ?
— Certainement pas !

Adam se renfrogna alors qu’on mettait sa virilité en doute et pour montrer qu’il était un homme, un vrai, un qui n’avait peur de rien, sans s’en rendre compte, il se redressa un peu et gonfla un peu les muscles. La jeune fille esquissa un sourire un peu narquois tandis que l’Asiatique faisait preuve d’un vibrant héroïsme.

— On ira à Paris. C’est très beau, Paris, sans doute.

De toute façon, Salem l’avait regardé avec de grands yeux bleus et brillants, alors il n’avait pas tellement le choix. Adam essaya de repousser l’horrible spectacle de l’aéroport JFK au petit matin et le plus horrible spectacle encore de l’Océan Atlantique sous l’avion, aperçu à travers le hublot, pendant des heures et des heures, tandis qu’il continuait à tenir Salem contre lui avec une assurance parfaite de mâle qui ne craignait pas d’affronter les vols longs courriers.

Cassidy lui jeta un dernier regard amusé avant d’observer la qualité de la photographie qu’elle avait prise. Il fallait qu’elle commençât tôt, sinon il n’y aurait rien à projeter derrière Salem et Adam pendant le dîner du mariage. Ceci étant dit, puisqu’on ne comptait visiblement pas débrider son scooter, elle n’allait pas rester là debout à rien faire. Ce fut donc tout naturellement qu’elle proposa :


— On bouge ?

Adam détacha son regard de celui de Salem pour observer la jeune fille, qui rempochait son téléphone.

— Y a un bar sympa pas très loin. Ils servent de la super tequila.
— T’as l’âge de boire de l’alcool, toi ?

Elle haussa les épaules.

— Ou sinon, on peut se faire un ciné. Y a un nouveau film avec Hugh Jackman. Il est vraiment trop sexy. Vous trouvez pas… ?
— Euh…

Dans sa vie avec Salem, Adam n’avait jamais formulé le moindre commentaire à propos d’un autre homme, rien de plus engageant qu’un vague regard curieux et mécanique pendant une demi-seconde. Mais Cassidy avait tout de même l’impression de vivre désormais dans une série gay et elle s’attendait, sans trop s’en rendre compte, à discuter garçons, faire les boutiques et regarder des comédies musicales. La mécanique, la boxe et la politique publique, ça ne l’intéressait pas tant que cela.

Adam commençait à regretter Anya — il regrettait Anya depuis quelques jours à vrai dire — mais il n’osait pas trop rabrouer sa future-demi-belle-sœur à peine une demi-heure après l’avoir rencontrée. Surtout qu’elle semblait bien s’entendre avec Salem. Très bien, même. Salem s’intégrait sans doute parfaitement à sa nouvelle famille idéale. Loin de lui. Et s’il se comportait mal, s’il faisait une petite erreur, jamais, c’était certain, son fiancé ne reviendrait vers lui.

Il fallait donc commencer à ménager la belle-famille.


— À moins que tu préfères les petits blonds, comme euh… comment il s’appelle, le type qui passe toujours à la télé ? J’écoute jamais ce qu’il dit, c’est chiant, mais… Ulysses quelque chose. Lui, il est tellement…

Cassidy poussa un soupir rêveur en mettant les pieds dans le plat.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyLun 26 Aoû - 11:37

La réaction d'Adam quand il proposa de passer avec lui dix heures de sa vie à respirer le même air, quelques kilomètres au-dessus de l'océan, surprit un peu Salem. Alors comme ça, son grand héros viril et musculeux avait peur d'un tout petit avion ? Sans doute, si Salem ne connaissait pas si bien le pouvoir d'Adam, il lui aurait lancé une petite boutade, histoire de le taquiner. Là, il se contenta de se contenta d'avoir un sourire en coin, en lui caressant le bas du dos et en le couvant d'un regard protecteur digne de maman Cordova. Il ne put cependant se retenir de pouffer légèrement de rire quand il le vit gonfler ses muscles pour se donner un air viril.

« Ouais, on ira un jour, sans doute, mon ange. »

Mais avant, il allait quand même s'assurer qu'Adam ne risque pas de faire une attaque ou de lâcher des prophéties en libre-service pendant tout le trajet. La santé de son fiancé passait avant tout, et il espérait que quand Cassidy ne sera plus là, il sera prêt à en dire un plus sur cette peur. Pour l'instant, en tout cas, la jeune fille ne semblait pas du tout décidée à les laisser filer de leur côté. Après un dernier coup d'œil à ses clichés, elle proposa de partir, ce qui impliquait tout de même que les deux tourtereaux se lâchent. Ça méritait une certaine réflexion. Réflexion que Cassidy semblait décidé à entraver, après avoir changé d'idée pour proposer un cinéma, l'adolescente se mit à vouloir caser Adam avec son ex.

Salem haussa un sourcil, cela faisait un petit moment qu'il l'avait oublié, celui-là – il était sans doute l'une des rares personnes au monde chez qui ce soit possible. Depuis sa dernière mésaventure avec Anya, c'était de toute façon plutôt à Andrew qu'il pensait quand on lui parlait de blonds. Parce que oui, Adam a déjà fais un commentaire sur un garçon, inutile de jouer les innocents maintenant, il a dit, je cite "J’le trouve sympa, moi.", et ouais, Salem n'était pas près d'enterrer la hache de guerre, avec ça.

« Il préfère les châtains tatoués, en fait. »

Et toc, marre des blondes qui viennent créer des interférences dans son couple, Salem se détacha finalement d'Adam pour se rapprocher de la voiture.

« J'dirais pas non à une tequila… »

***

Eigon remuait négligemment le glaçon au fond de son verre, puis s'arrêta soudainement pour donner un grand coup sur le bar et tourner ses lunettes noires vers celui qui le toisait depuis une bonne minute. Quand il reconnut Salem et vit qu'en plus il y avait son garde du corps dans le fond, il se remit à s’énerver sur son glaçon en soupirant lourdement.

« Eigon ? Qu'est-ce tu fais là ? » [Rien de précis, l'auteur avait juste envie de me voir D:]
« J'bosse dans le coin. »
« Dans la zone industrielle ? T'es mécano ? »
« Tourneur-fraiseur. »
« Sérieusement ? »

Salem contempla ses yeux ronds dans le reflet des lunettes de soleil.

« T'es dentiste ? »
« Rah… va jouer ailleurs… »

Salem n'insista pas, inutile de provoquer une catastrophe pour si peu, il commanda les boissons et les apporta sur la terrasse, à la table où s'étaient installés Adam et Cassidy. [L'auteur a vu Eigon et se sent mieux]. La jeune fille ne l'avait visiblement pas attendu pour entamer la conversation sur comment les deux jeunes hommes s'étaient rencontrés, quand ils avaient décidés de s'épouser, et ce genre d'histoires dont elle aura besoin pour prononcer un beau discours le jour du mariage. Salem ne manqua pas de lui fournir toutes sortes d'histoires croustillantes, impliquant régulièrement Adam dans un rôle bien plus craquant qu'à l'habitude – ah, ce fameux matin où il avait involontairement marché sur la patte d'Harper Lee et l'avait longuement câliné pour se faire pardonner. Il se mit à son tour à poser des questions à la jeune fille.

« Et toi alors, un garçon en vue ? »
« Non, pas vraiment. »
« Une fille alors ? »
« Hey ! Nan mais ça va pas ! »

Il faut le reconnaître, Salem s'entendait très bien avec sa nouvelle sœur, en fait s'il n'avait pas été très occupé à se plaindre de la perte temporaire de son cher et tendre, il aurait passé une très bonne semaine chez les Rockwell. Même son père, s'il lui en voulait pour ça, s'était montré trop gentil et plein de bonne volonté pour qu'il arrive à conserver sa rancune intacte.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyLun 26 Aoû - 17:35

— T’as commandé un coca, du coup, tu bois pas d’alcool ?
— Non.

Tic. Tac. Tic. Tac.

— C’est euh… Un truc religieux. T’es bouddhiste ?
— Non.

Tic. Tac. Tic. Tac.

— T’as vu, c’est sympa, ici.
— Hm hm.

Cassidy jeta un regard désespéré vers le comptoir où son frère s’attardait à discuter avec un mastodonte plutôt que de rappliquer à leur table avec les boissons, pour soutenir la conversation. Adam, lui, fixait Salem, sans paraître décidé d’accorder plus que des monosyllabes à Cassidy. Mais c’était déjà beaucoup : il avait à peine eu l’air de se rendre compte que le décor autour d’eux avait changé, depuis qu’ils avaient arrêté de faire le pied de grue devant le garage de Brad.

En désespoir de cause, Cassidy tenta une autre approche.


— Et sinon, comment t’as su que t’étais fait pour être avec Salem ?

Adam tourna brusquement le regard vers la jeune femme, esquissa un sourire, et…

— En fait, tout a commencé quand j’étais venu faire réparer ma voiture, l’ancienne, chez Brad. J’le connais depuis pas mal de temps, Brad. Et bon, il m’a envoyé Salem, et il a un peu regardé la voiture, et ensuite Brad m’a demandé de garder un œil sur lui. Du coup, je l’ai invité à dîner, et on s’est retrouvé dans un jardin botanique, et il essayait de faire genre il s’intéressait pas aux fleurs, mais il était tellement adorable. Il est très sensible, en fait, et…

[…]

C’est là qu’on a adopté des chats. Salem, il est toujours en train de les gâter, il faudra que je le surveille, quand on aura Ewan, je veux dire, un enfant, au début, on ne devait en avoir qu’un seul, de chats, mais un jour, il s’est ramené avec…

[…]

…dans une compétition de jeux vidéos. Il est tellement doué, aux jeux vidéos. Mais il est doué dans beaucoup de choses et, en plus, il a un goût très sûr. J’aime bien, par exemple, sa manière de se coiffer, et…

[…]

…sent très bon. Mais tu sais, il me regardait avec des yeux qui…


Adam s’interrompit dans son monologue passionné quand Salem refit son apparition avec les consommations. Aussitôt, l’Asiatique reprit un air à peu près réservé, comme si de rien n’était — exception faite du regard possessif et amoureux qu’il posait sur son fiancé. De quoi faire déchanter les greluches qui, de l’autre côté du bar, au-dessus de leur verre de tequila, observaient avec concupiscence ce bad boy tatoué.

Salem prenait le relais en vantant Adam sous son jour le plus tendre — un gros nounours. Cassidy les regardait tour à tour d’un air tout à fait fasciné : la mélancolie dont Salem avait fait étalage pendant toute une semaine, et qui avait plombé les dîners de famille, prenait un relief tout nouveau. La conversation dériva vers la vie sentimentale de Cassidy, nettement moins romanesque et, observant du coin de l’œil Eigon, Adam déclara machinalement :


— Attends cinq semaines.

Cette petite prédiction involontaire lui attira un regard perplexe de la jeune femme. Il croisa ses yeux, haussa les épaules et enroba le tout sous des airs généraux :

— J’veux dire, tu sais, à ton âge, ça arrive vite, les garçons.

Particulièrement les garçons qui s’appelaient Jacob. S’il ne se trompait — et il ne se trompait pas. Cassidy observa encore le devin un instant avant de passer à autre chose.

— Et donc, du coup, t’es entraîneur sportif ?
— Non. Pas vraiment. Mais j’ai trouvé ça.

Il avait regardé Salem en disant cela.

— Pour m’occuper. Pour ne pas tourner en rond. Mais je vais reprendre mes études.
— De quoi ?
— Architecture.

Il fixait toujours Salem. C’était pour lui, après tout, qu’il avait finalement pris toutes ces décisions, au lieu de traîner indéfiniment dans l’incertitude : une nouvelle voiture, des études, un nouveau petit boulot en attendant, des bracelets. Il ne voulait plus être le nuage noir dans l’existence de son compagnon et, dans les yeux de l’adolescent, il cherchait désespérément la trace d’une approbation.

Parce qu’il ne doutait pas que Jon avait profité d’avoir capturé Salem pour tapisser la chambre du jeune homme de couvertures de Playboy et pour lui seriner qu’il valait mieux se trouver une jeune fille de son âge qui avait un avenir plutôt qu’un looser dépressif et suicidaire qui sautait d’emploi en emploi. Et, de toute évidence, chez les Rockwell, Salem s’était plutôt bien intégré, malgré la séparation — alors Adam doutait que ses efforts fussent suffisants.

Il en était même sûr : il aurait dû repeindre tout l’appartement. L’air de ne pas y toucher, il interrogea :


— Et sinon, ça s’est passé comment, chez… voilà.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 29 Aoû - 14:47

Quelques jours plus tôt

C'était presque devenu un rituel, le soir, avant d'aller se coucher, Jon venait s'asseoir sur le lit de Salem et tentait de converser avec lui, malheureusement les choses revenaient toujours sur le même sujet.

« …t'as même pas essayé de le connaître. »
« Salem, j'aimerais croire qu'Adam est la personne la plus charmante du monde, mais avec ce que j'ai appris sur lui… »
« Et tu penses que je ne suis pas au courant ? Tout ce qu'il a fait, c'était pour sauver des gens… »
« D'accord, d'accord, mais toi tu n'as rien à voir la dedans, si tu restes près de lui tu vas te faire entraîner dans des histoires que tu n'imagines même pas. J'essaie juste de te protéger, je suis ton père. »
« Un père qui m'a abandonné sur les sages conseils de ses parents. »
« Ça n'a rien à voir, Salem… »
« Ah, tu trouves ? Pourtant c'est bien ça, non ? Un jour ta famille t'as tenu le même discours, et tu as fais ton choix. Alors, c'était le bon ? »
« Arrête. Tu peux pas compr… »
« Je suis trop jeune ? Pas assez malin, peut-être ? Pourtant tu pourras jamais m'enlever de la tête que si tu avais été là, avec nous, s'il y avais eu quelqu'un, n'importe qui, le jour où... »
« Ce n'est la faute de personne, elle… elle a fait une rupture d'anévrisme. »
« Super, là aussi t'as lu le dossier ? Tu n'as aucune idée de ce que ça implique, tout ne s'est pas arrêté d'un coup, tu sais. Elle a souffert, pendant longtemps, j'étais là putain. Tu le savais ? J'ai bien vu qu'il arrivait quelque chose, mais j'ai rien fais, absolument rien, j'osais même pas aller la voir.

C'était bizarre comme impression.
»

Un silence de mort suivit cette déclaration, Jon se tenait la tête, les yeux rivés sur son fils qui fixait un point indéfini devant lui d'un air absent. Il semblait maintenant évident au policier que Salem allait mal, il n'en avait peut-être pas l'air, mais il ne pouvait pas raconter ce genre d'histoires et aller parfaitement bien. Sans grande conviction, il tenta de le réconforter, mais ce n'était certainement pas lui le mieux placé pour ça.

« Tu n'y es pour rien, vraiment. Il… il faudrait que tu parles de tout ça à quelqu'un. »
« Ça est, maintenant je suis fou. »
« Pas du tout, mais ça te mines, ça se voit. »
« Je vais bien, surtout quand je suis avec lui. »
« Salem… »
« S'il lui arrive quelque chose, et que je suis pas là, je m'en remettrais jamais. Tu peux comprendre ça ? »

***

Salem eut un sourire en entendant les projets d'avenir de son fiancé, il lui prit la main sous la table et la caressa du pouce d'un air ravi. C'était finalement une bonne chose, qu'il ait quitté son emploi, il avait l'air de se sentir beaucoup mieux maintenant. L'adolescent prévoyait déjà d'aller faire une visite surprise dans le club de sport où il travaillait, et Adam architecte, ça sonnait vraiment très bien. Il était sûr que c'était un domaine dans lequel il allait s'épanouir. Maintenant, il n'avait plus qu'une hâte, revenir dans leur appartement, câliner leurs chats et reprendre leur vie d'avant comme si de rien n'était.

Tout en continuant de jouer avec les doigts de son compagnon, il réfléchit à la question qu'il venait de lui poser. Comment s'étaient passées les choses ? C'était plus compliqué à expliquer que ça en avait l'air.

« Bien, ça allait, avec Cassy on s'est bien amusé, par contre Jon était tout le temps sur mon dos, ça c'était relou. »
« Je confirme, haha. Il était un peu comme ça avec moi aussi au début, mais en moins pire, il me semble. M'enfin, c't'un peu normal, je pense. »

Normal ou pas, Salem avait finalement lâché la main d'Adam pour pianoter rapidement sur son téléphone.

Salem a écrit:
Je rentre pas ce soir, je retourne avec Adam. Dsl.
Papa a écrit:
Non, s'il te plais, on a peine eut le temps de parler. Je suis désolé pour ce que j'ai pu dire sur lui, tu peux le faire venir à la maison, si tu veux. J'essaierais plus de vous séparer. Mais reviens, s'il te plait...
Salem ne répondit pas, occupé à raconter plus en détail sa semaine, comment ils avaient récupéré la moto, comment il s'était fais son tatouage,et aussi beaucoup plus vaguement le genre de discussions difficiles qu'il avait eut avec son père. Au bout d'une dizaine de minutes, son téléphone sonna, en voyant que s'était Jon, Salem renvoya l'appel, mais une minute plus tard, ça rappela. Il soupira en faisant une moue contrariée, Cassidy eut l'air un peu triste.

« Tu vas pas revenir à la maison, c'est ça ? »
« Ouais, désolé mais bon, j'ai déjà ma propre vie, et j'ai pas envie de l'entendre encore me dire qu'Adam est... »

L'instant d'après, c'était le téléphone de la jeune fille qui sonnait, elle décrocha sans même regarder qui était le correspondant, son regard se tourna ensuite vers Salem qui s'était mis au langage des signes pour faire comprendre que, surtout, il n'était pas là.

« Heu... heuuu... rah, oui je sais où il est, je suis avec lui... Calme-toi, tout vas bien, on est tranquillement posés, à parler là... Mais non, je sèche pas ! La prof de physique appliqué est pas là depuis le début de la semaine... Heu, oui ? Il est là aussi. Okay, okay... »

Avec un regard incertain, Cassidy tendit son téléphone à Adam, sous le regard étonné de son frère, à qui elle se contenta de montrer la même incompréhension d'un haussement d'épaule.

« A... Adam ? Heu... Bon, écoute, je suis désolé pour l'autre fois, venir comme ça, dire ce que j'ai dis et emmener Salem, c'était pas du tout la bonne approche. Crois-moi, il me l'a bien fait comprendre, et tu as aussi toutes les raisons de m'en vouloir. Mais... je veux juste le protéger, pas contre toi cette fois, promis, mais avec toi. Il ne va pas si bien que ça, je trouve, il faudrait qu'il arrive à se réconcilier avec son passé. Enfin, je crois... Est-ce qu'on pourrait se voir, tous les trois ? Ce week-end, par exemple ? Je t'en prie... »
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 29 Aoû - 15:38

Parler du passé, ce n’était pas la grande spécialité des Cordova-Tenseï. Jon avait fait retour dans leur existence comme un spectre et Adam, s’il soupçonnait ce que cette apparition fantomatique pouvait réveiller chez Salem, était loin de voir toute l’ampleur des dégâts. Salem, il ne parlait pas beaucoup et, pendant longtemps, Adam lui-même avait évité de remonter trop avant la rencontre dans l’histoire de leur vie, de peur que son petit ami posât des questions embarrassantes sur ses frasques peu glorieuses.

Mais puisqu’il avait décidé de changer les choses, de fond en comble, pour : 1) récupérer Salem et accessoirement 2) ne pas mourir dans d’horribles souffrances après la vision traumatique de trop, Adam comprenait petit à petit qu’il devait aussi pousser son fiancé à en faire de même. La manière dont l’adolescent parlait de son séjour chez son père était toute en évitements et il le connaissait assez pour ne pas se laisser abuser par cet air plus ou moins indifférent.

Après tout, Salem avait parlé de Jon, avant de le retrouver, comme de l’une des choses les plus importantes de son existence, ils s’étaient promis tous les deux de remonter la piste de ce père biologique disparu et puis… Et puis Salem était toujours électrique lorsque l’on abordait le terrain de la famille Cordova. Adam n’était donc pas dupe : tout ce que Salem avait à dire de son séjour chez son père ne pouvait se résumer à « c’était relou ».

D’ailleurs, plus Adam caressait la main de Salem, plus il sentait monter en lui une inexplicable nausée. Cette sensation des plus romantiques, il commençait à bien la connaître désormais : elle venait quand il frôlait, dans son présent, un passé ou un futur problématique. Ni tout à fait une vision, ni toute à fait une intuition, elle était la forme la plus ténue de son pouvoir. Les yeux noirs d’Adam commencèrent à sonder un peu plus Salem — finalement, s’il voulait savoir ce qui s’était passé chez Jon, il aurait suffi d’une vision. Bien ciblée. Il était presque capable de cela, presque capable de…

Adam sursauta. Trois secondes après ce moment collector, le téléphone de Salem se mit à sonner, puis celui de Cassidy et avant même que la jeune femme n’eût commencé à parler à son beau-père, l’Asiatique avait tendu la main pour attraper le téléphone. Il le porta à son oreille et se mit à écouter Jon d’un air un peu absent, toujours concentré sur Salem. Cassidy regardait, elle, alternativement son frère et son futur beau-frère, en se demandant s’ils n’allaient pas finir par imploser.


— Euh… Adam ?

Jon ne s’était pas attendu un accueil chaleureux, mais l’absence totale de réponse de son interlocuteur était tout de même un peu déstabilisante.

— Hmm hmm.

Adam se leva brusquement pour quitter la table, contourna les chaises et sortit à grands du bar.

— Écoute, je ne sais pas comment ça se passe, entre Salem et vous…
— Content de vous l’entendre dire.

Jon s’interrompit, avant de reprendre en tentant de conserver tout son calme.

— …mais je comprends maintenant qu’il a besoin d’être entouré, et pas d’être privé de ses repères. Besoin que les gens restent avec lui. On devrait vraiment apprendre à se connaître. Tous les trois.
— Pour que vous puissiez nous évaluer ?
— Pour qu’on puisse discuter. Je sais que j’ai fait des erreurs… dans le passé. Et récemment. Mais Salem va trop mal pour que je l’abandonne et…
— Trop mal…
— Oui, tu sais, sa m…
— D’accord. Ce week-end.

Adam raccrocha soudainement au nez de Jon. À l’autre bout du fil, même avec la meilleure volonté du monde, le commissaire ne parvenait pas à se dire qu’Adam était une relation profitable pour son fils retrouvé et, le téléphone toujours dans la main, il se sentit envahi par un profond découragement. De l’autre côté de la ville, devant le bar, Adam réfléchissait intensément, et le temps vibrait désagréablement tout autour de lui.

— Rah, putain, t’es toujours sur mon chemin.

Adam faillit attraper un torticolis en relevant les yeux vers le propriétaire de la voix grave et pleine de testostérone. Eigon sortit une cigarette et commença à fumer.

— Le gamin est toujours collé à toi, à c’que j’vois. C’est à s’demander c’qu’il te trouve.

Le jeune homme haussa les épaules. Après un moment de silence, Adam demanda de sa voix la plus diplomatique :

— J’peux t’poser une question ?
— Nan.

Imperturbable, Adam poursuivit :

— Ton fils…
— Si tu t’en prends à mon fils, j’te défonce le crâne.
— …il est exactement comme toi ? J’veux dire, autant que tu puisses en juger. Ça se développe pareil ?

Eigon resta un instant interdit devant cette question au pacifisme inattendu. Lentement, et d’un air méfiant, il répondit :

— Oui.



Pourquoi ? Tu comptes avoir des enfants ?

— Oui. Enfin, non, enfin, peu importe. Juste… Rien. Merci.

Adam planta là une montagne de muscles décontenancée pour retourner dans le bar et, une fois arrivé près de la table, pousser le téléphone de Cassidy vers la jeune fille, avant de se pencher vers Salem et de murmurer :

— On pourrait pas… être juste tous les deux ? C’pas contre Cassidy, juste… Faut qu’on parle.

Ce qui, certes, n’avait jamais été très bon signe jusqu’à présent.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 1 Sep - 11:16

Salem se tordait le cou – lui aussi – pour observer Adam au téléphone, à l'extérieur du bar, il aurait soudain bien aimé savoir lire sur les lèvres, c'était sans doute parfaitement à sa portée, mais de toute façon, ce n'était pas Adam qui parlait le plus, de ce qu'il pouvait voir. Ce qui était d'autant plus inquiétant pour lui. Qu'est-ce que Jon pouvait bien raconter à son fiancé, alors qu'il avait passé une partie non négligeable de la semaine à tenter de lui prouver que ce n'était pas quelqu'un pour lui. Le changement de tactique du commissaire le déboussolait quelque peu. Et quand finalement Adam revint et demanda à être seul avec lui, il se sentit tout de suite un peu tendu. Sans doute, ça devait avoir un rapport avec les sérieuses conversations qu'il avait eu avec Jon tout le long de la semaine, ou alors son père l'avait convaincu qu'il devait retourner chez lui, pour son bien, voire qu'ils devaient se séparer, ou bien... Aucuns des scénarios que Salem parvenait à imaginer n'était très réjouissant.

Il n'avait pas l'air très à l'aise quand il tourna un regard désolé vers sa sœur, et avant même qu'il n'eut ouvert la bouche, Cassidy fit un geste de la main pour le stopper, montrant qu'elle avait compris. Elle se leva et ramassa son sac avec un sourire.

« Z'en faites pas, je comprends, vous avez une semaine à rattraper. On s'appelle, hein frangin ? »
« Oui, bien sûr. »

Après un dernier petit signe de la main, elle se leva et sortit, non sans jeter quelques regards étonnés au demi-géant qui fumait près de la porte. Bon, voilà, ils étaient seul-à-seul, Salem regarda les yeux un peu trop noirs d'Adam qui le détaillaient depuis un bon bout de temps maintenant, ne sachant pas vraiment ce qu'il attendait de lui, il proposa.

« On va marcher un peu ? »

Une fois les consommations payées, le couple se retrouva à traîner dans leur coin romantique à eux, les docks. Toujours à l'affût, Salem avait mis la main sur deux pièces de métal qui semblaient pouvoir s'imbriquer l'une dans l'autre, et il les triturait depuis plusieurs minutes quand il tenta de relancer la conversation en piochant des sujets au hasard.

« Eigon passe sa vie dans les bars ou quoi ? C'est fou quand même, il doit aimer écouter les ragots, ou alors il attend quelqu'un, genre, depuis trente ans... Enfin, on s'en fiche un peu. Les chats vont bien ? Tu... Je suis content que tu ai trouvé un job, et pour tes études aussi, c'est bien que tu puisses faire quelque chose qui te plais, je suis sûr que tu vas adorer l'architecture. Bon, je comprendrais sans doute rien à tes plans, mais ça va être bien. »

Malheureusement pour lui, faire la conversation tout seul n'était pas trop son fort, à part pour parler de shopping ou de skate, à la limite, il fut donc finalement obligé d'arrêter de tourner autour du pot et d'en arriver aux faits. Vaguement inquiet, il regarda Adam.

« Et donc, tu voulais parler de quoi ? Mon père t'as pas demandé de me ramener chez lui quand même ? Je veux pas, 'fin c'est pas que je veux pas le voir, mais je veux pas être encore séparé de toi. C'est avec toi que je vis, mais on peut l'inviter à dîner, je suppose, ou quelque chose comme ça... »

Salem n'était pas certain de ce que donnerait un dîner entre eux trois, si Adam se montrait froid et Jon méfiant, l'ambiance allait être ingérable, il allait falloir trouver une solution à ça avant toute chose. Le pire pour Salem étant qu'ils se décident tous les deux à le convaincre d'aller parler à un psy, là, vraiment, ce serait horrible. Parce qu'effectivement, l'adolescent n'aimait pas du tout parler du passé, notamment celui d'avant les Cordova, non seulement parce qu'il y avait là pas mal de souvenirs qu'il n'avait pas du tout envie de déterrer, mais aussi parce que même s'il n'était pas aussi grand et musclé que son compagnon, il défendait tout autant sa virilité, il n'avait pas du tout envie de se faire plaindre à cause de ses mésaventures, alors qu'il n'y avait aucune raison. Il n'était pas à plaindre du tout, il n'était pas triste, et de toute façon, la plupart du temps, il l'avait mérité.
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 1 Sep - 17:26

Ils marchaient sur les docks depuis quelques minutes déjà et Adam était songeur. C’était la première fois, Adam, qu’il pensait comme ça : c’était la première fois qu’il ne voyait pas sa situation comme un problème abstrait qu’il fallait résoudre comme une équation ou un schéma à équilibrer, avec la décision la plus rationnelle et la plus réfléchie, mais la plus solitaire aussi, tout seul, dans son coin, comme s’il n’y avait à espérer d’aide de nulle part et que toutes les responsabilités s’écrasaient sur ses épaules. En une semaine, il avait beaucoup réfléchi — c’était en plusieurs mois, bien sûr, qu’il avait changé, depuis le premier jour où il avait posé les yeux sur Salem, mais il avait fallu cette semaine-là, d’une solitude nouvelle et pensive, pour qu’il comprît à quel point cela avait encore un sens, pour de lui, de grandir, d’évoluer et de devenir adulte, et combien la vie était différente, parce que plus complexe, qu’il ne l’avait d’abord imaginé.

Adam était songeur et, pendant un moment, il resta silencieux encore, avant de s’arrêter un peu soudainement, de se tourner vers Salem et de dire, de la voix douce qu’il n’avait exactement que pour lui :


— Je suis désolé, Salem.

Il sourit — c’était une chose qu’il ne faisait pas, d’habitude, sourire, dans ces moments-là, quand il s’excusait, parce que quand il s’excusait, d’habitude, il disait tout à la fois, comme une vague de mots répliquant seconde par seconde la vague d’angoisse qui avait déferlé en lui, et ses excuses, c’était à la fois des blessures qui saignaient. Mais pas ce jour-là.

— Je suis désolé, parce que j’ai fait plein d’erreurs, et c’est parce que je suis jeune, encore, et que je ne sais pas trop comment faire, avec toi. T’es toujours perpétuellement nouveau dans ma vie, parce que t’es beau et j’ai envie d’être avec toi.



J’aurais pas dû te dire quoi faire. Personne a le droit, t’es assez grand : c’est toi qui décides. Moi, je voudrais que tu reviennes à la maison, chez nous, parce que je veux être avec toi pour toute la vie, et que j’ai besoin de toi quand je me réveille et que je m’endors, et je veux que tu sois nulle part mieux qu’avec moi, mais c’est à toi de voir, et de faire les choses comme tu les vois. J’en sais pas plus que toi.


L’humilité, d’habitude, ce n’était pas sa spécialité — la véritable humilité, calme et sereine, pas la culpabilité autodestructrice. Adam fixa Salem, en réfléchissant : à ce qu’Eigon et Jon avaient dit, à ce qui s’était probablement passé, avant, pour Salem, avant lui, avant les Cordova et même avant les familles d’accueil. Il avait envie de le serrer dans ses bras, comme si Salem allait partir là maintenant, comme si Salem était semblable à sa mère : une mutante absolument perdue, sans rien, sans autre mutant pour garder un œil sur elle, sans Institut avec ses spécialistes, vingt ans auparavant, dans un monde encore moins prêt que le leur pour les gens comme eux.

Adam tendit la main et caressa la joue de Salem.


— J’ai plein de choses à te dire. Tu viens ?

Il passa un bras autour des épaules de son ami et se remit à marcher, et puis, après quelques dizaines de mètres encore, en silence même s’il avait promis de parler, il s’arrêta, se détacha de Salem et s’accouda à la rembarque qui courrait ici le long des docks. Devant eux, il y avait l’Océan Atlantique.

— Quand j’étais petit, Sarah nous emmenait souvent ici, William et moi. Sarah, elle voulait devenir marin. Elle savait pas exactement ce que c’était, mais elle voulait aller là-bas, n’importe où en fait, sur les bateaux qu’elle voyait sur les docks. Elle est devenue prof’ de maths, parce que c’est quand même plus raisonnable.

Adam haussa les épaules.

— Pas moi. T’avais raison : je devrais avoir ma vie. J’ai rien fait à personne. Le pouvoir, c’est un hasard. Ça me rend pas responsable. Je crois que j’ai compris ça, enfin un peu, enfin, d’une certaine façon.

Le mutant détacha son regard de l’océan pour observer le profil de son amant.

— J’ai eu les résultats de tests, hier après-midi. Tu sais, à l’Institut, pour mes problèmes. L’IRM, les analyses de sang, les radios. Y a rien. Je suis juste… Fatigué. Trop fatigué. Mais… J’crois qu’j’ai quand même besoin d’un médecin. Juste…

Adam esquissa une moue un peu contrainte, tout de même. Sa fierté avait du mal à l’avaler, mais il préférait Salem à son orgueil. Il détourna à nouveau le regard et acheva :

— Un psy. À l’institut. Tu vois, y a des trucs, y a le passé, y a des trucs que j’arrive pas à te dire. Ou alors, sans doute, pas encore. Je sais pas trop pourquoi. C’est pas que je te fais pas confiance. Du tout. C’est juste, je sais pas : je saurais pas te les expliquer. Parce que je les comprends pas moi-même. Y a pas mal de choses que j’ai faites et que je fais que je comprends pas. Faut que quelqu’un débrouille ça avec moi. Quelqu’un qui sera pas tout à fait une personne pour moi, mais, tu sais, en gros, une entité. Un médecin, quoi. Un psy. Je vais aller voir un psy.

Il laissa tout de même échapper un soupir, parce que cette idée ne l’enchantait pas. Longtemps, dans le passé, Ulysses avait essayé de l’en convaincre, et avant lui les professeurs, et depuis, parfois, les gens de l’Institut. Mais il avait été trop fier, trop jeune et trop effrayé pour pouvoir admettre que le problème était à l’intérieur de son esprit plutôt que, seulement, dans l’horreur du monde.

— Et puis je crois, aussi, que je ne devrais pas seulement m’entraîner autour de mon pouvoir. Je veux dire, tu sais, je m’entraîne comme un humain, finalement : les techniques de combat, la psycho’, la crimino’, les noms, les réseaux, tout. Mais mon pouvoir, je le prends comme une fatalité, comme si ça n’évoluait jamais. Mais on a bien vu, toi et moi, que c’était pas comme ça. Je crois que je vais plutôt le traiter, tu sais, comme un muscle. Tu te souviens, quand on commence un sport, les entraîneurs disent toujours, enfin surtout aux garçons : il faut s’entraîner beaucoup mais il faut y aller pas à pas. Parce que si on fait un effort brusque, le muscle se braque, et ça ne sert à rien. Mon pouvoir, je ne lui fais faire que des efforts brusques. C’est sans doute pas la bonne méthode.

Aussi délicatement que possible, Adam suggéra :

— Et ça, je crois qu’on devrait vraiment le faire tous les deux. Entraîner nos pouvoirs. Pour qu’ils ne se braquent pas. Pour pas qu’un jour, ils nous explosent à la figure. Je pourrais pas. Vivre sans toi, parce qu’il te serait arrivé un truc, parce qu’on se serait contenté de supporter ça, sans chercher à prendre le contrôle.

Sur la rambarde, la main d’Adam glissa pour se poser au-dessus de celle de Salem.

— Toi et moi, on a hérité de deux vies pourries, et compliquées, avec l’histoire, et les gènes, et l’esprit, et… Tout ça, c’est à l’intérieur de nous, et on devrait faire quelque chose. Parce que maintenant c’est différent. Maintenant, on est tous les deux.

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyMar 3 Sep - 19:44

Salem s'était discrètement débarrassé de ses deux bouts de métal, sans lâcher des yeux son compagnon. Depuis qu'il avait pris la parole, l'adolescent l'écoutait religieusement, il y avait quelque chose de résolument nouveau dans ce discours, et le calme d'Adam apaisait la montagne d’inquiétudes qui avait enflée en lui depuis l'appel de son père. De toute évidence, la situation était très loin d'être semblable à celle de la semaine passée, comme il l'avait crains, personne ne tentait de lui forcer la main, de le séparer de son compagnon, Adam n'était pas potentiellement en danger de mort, bref, tout s'arrangeait. Le soulagement de Salem était largement visible, il rayonnait, le regard maintenant tourné vers l'océan alors qu'il s'appuyait lui aussi sur la rambarde.

Sa mine se fit tout de même moins radieuse quand Adam parla d'aller voir un psy et d'entraîner son pouvoir. Salem comprenait parfaitement ce qu'il pouvait ressentir, ce qu'il pouvait espérer de ces changements, et il savait que sauter le pas lui serait sans doute bénéfique aussi, mais il n'y arrivait pas. Son regard se baissa vers la main d'Adam posée sur la sienne, il la bougea juste assez pour la tenir entre ses doigts. Il aimait cet homme. C'était bête à dire, Adam était encore très jeune, mais de son point de vue c'était déjà un adulte, doté d'une maturité qu'il ne se sentait pas encore tout à fait capable d'avoir. Ce qui ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas avancer, lui aussi, au moins un peu.

« J'ai peur. Peur de remuer le passé et… et peur de mon pouvoir. J'ai peur d'avoir mal encore plus que maintenant, et j'ai peur que dans dix ans quelque chose cède, dans ma tête. Je suis pas aussi fort que toi, mais peut-être, en y allant doucement, j'arriverais à avancer aussi. J'veux pas rester comme ça. »

Salem jouait un peu nerveusement avec les doigts d'Adam, il eut néanmoins un petit sourire alors qu'il poursuivait.

« Et j'veux pas vivre sans toi, c'est pas possible, ça veut pas dire que j'aime pas mon père. Je voudrais pas qu'il soit triste ou en colère, à cause de moi, j'ai déjà été tellement nul avec lui toute la semaine. Mais je supporte pas le vide que tu laisses à chaque fois qu'on se sépare. Je veux rentrer à la maison. »

Il y eut un nouveau silence, Salem semblait sans cesse près à dire quelque chose sans que rien ne vienne, finalement il lui attrapa l'avant-bras et le tira vers lui, parce qu'il était beaucoup trop loin à son goût. Et en faisant une petite moue, il admit.

« Je suis pas aussi doué pour les discours. Mais je suis vraiment fier de toi, tu as l'air… mieux, enfin, je sais pas, je te trouve incroyable. Tu me donnes vraiment envie de devenir meilleur, bon c'est pas nouveau, mais là, encore plus. Je resterais pas derrière, à te regarder devenir de plus en plus beau, on avancera ensemble. »

Et puisqu'il n'était pas du tout certain de son discours, Salem préféra faire la démonstration de son enthousiasme à l'idée de prendre un nouveau départ en embrassant très tendrement son compagnon – le meilleur moyen de distraire l'assistance pendant que l'auteur se dit qu'il doit vraiment faire des progrès en gestion des conversations d'après-tempête. D’ailleurs, histoire de faire vraiment oublier que Salem est incapable de faire des déclarations touchantes et pleine de poésie qui résument en – relativement – peu de mots tous les changements qui se sont opérés chez lui en un an et combien sa confiance dans l'avenir est forte, un bruit se fit entendre au loin.

Il était venu de quelque part dans la zone industrielle, plutôt éloigné de leur petit havre, mais suffisamment fort, soudain, et métallique pour attirer l'attention. Il semblait y avoir eut un choc assez violent, de la tôle heurtant de la tôle avec force, et puis d'autres sons assez confus et des éclats de voix. Décidément, il y a des couples qu'on ne laisse jamais en paix, le visage tourné dans la direction du bruit, Salem ne semblait pas plus surprit que ça, comme si l'étrange boucan avait quelque chose de relativement normal.

« J'étais certain qu'il n'attendait pas dans ce bar pour rien.



En plus y'a pas de cabinet dentaire, dans le coin, Eigon m'a vraiment prit pour un idiot.
»

Et oui, ces crissements de métal et cette agitation était, pour un adolescent qui s'est déjà fais jeter contre une gazinière et a dû esquiver des lancés de chaises, assez reconnaissable. Et même si Salem préférait généralement voir les choses de ses yeux, cette fois, il ne semblait pas vraiment décider à quitter la quiétude des bras d'Adam. Ils venaient tout juste de se retrouver, et puis, Eigon se battait tout le temps, de toute façon, non ? Quelle importance que cette fois encore ce soit pour une histoire de combat truqués. Parce que le colosse ne tombait jamais, et que beaucoup de types peu fréquentable rêverait qu'il accepte, juste une fois, de se laisser perdre, pour qu'après avoir fait monter les paris, ils récoltent le pactole. Quelle importance qu'il ait finalement cédé sous la pression de du plus puissant d'entre eux, que lors du fameux combat il ait tenté de simuler une faiblesse le temps de quelques rounds, avant de s'énerver devant la prétention de son adversaire, qui non content d'avoir un niveau plus que moyen, se permettait de l'insulter parce qu'il le tenait pour acquis.

Qu'est-ce que cela pouvait bien faire, que son adversaire soit toujours dans un état critique, que le type peu fréquentable ait perdu beaucoup d'argent, que le téléphone d'Eigon soit saturé de messages de menace, pour lui et toute sa famille, et qu'il ait accepté un rendez-vous sur les docks en sachant pertinemment qu'on allait tenter de l'abattre, dans l'espoir d'épargner ses enfants.

« Je suis sûr qu'il se débrouille, c'est Eigon, il peut pas perdre. »

La mine contrariée de Salem montrait bien qu'il n'avait pas du tout envie d'être à nouveau dérangé dans ses retrouvailles, même s'il était malgré tout tiraillé par son besoin de voir ce qu'il se passait. Mais en tout cas il n'avait pas l'air tellement inquiet, il est vrai que quand on parle de combat avec Eigon, ce sont généralement les ennemis que l'on plaint.
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyMar 3 Sep - 20:12

La poésie de Salem, elle était dans ses yeux, et Adam n’attendait pas de son ami qu’il lui fît un grand, ni même un long discours. Il n’attendait pas non plus qu’à dix-huit ans, Salem acceptât d’un seul coup d’aller parler à un parfait inconnu, dans un cabinet qui, malgré ses fauteuils, son divan, ses coussins, serait quand même un cabinet médical, des choses les plus pénibles et les plus honteuses de son existence. Depuis quelques jours, Adam voyait son existence plus clairement et il savait très bien qu’à dix-huit ans, lui, il en eût été incapable — bien sûr, personne n’avait été là pour lui tenir la main, sur une rambarde, sur les docks, parce qu’il avait repoussé lui-même Ulysses en le réduisant en morceaux, mais enfin, cela ne changeait rien : personne n’avait été là, mais tout de même, objectivement, parce que sur ce point il était certain d’être objectif, objectivement, Salem était beaucoup plus fort que lui.

Adam se sentait fier parce que Salem était fier de lui et, surtout, il se sentait plus calme. Tout près de son fiancé, il avait à nouveau passé un bras autour de ses épaules, et puis il avait incliné la tête contre la sienne, pour regarder l’océan. Ce n’était peut-être les belles mers du sud, avec leurs paysages tout de palmiers, et leurs plages interminables, parce que l’océan des docks était différent, son bleu était plus profond, et il reflétait l’acier et le béton, mais Adam l’aimait comme ça, c’était l’océan de sa ville, c’était New York, et c’était ce qu’il avait envie de partager avec Salem.

Le bruit d’un corps qu’on jetait contre la tôle épaisse d’un entrepôt perturba les autres murmures industriels de la ville. Comme Salem, Adam se retourna pour jeter un regard vers l’endroit d’où le son leur était parvenu, sauf que lui, il ne voyait pas grand-chose : tout était trop opaque et trop loin. Mais plus Salem tentait de se rassurer sur la destinée d’Eigon, plus Adam sentait monter en lui une vague appréhension et, finalement, une sinistre prédiction lui échappa à mi-voix :


— Il va mourir.

Il n’y eut pas tellement à discuter : aussitôt, les deux fiancés se mirent à s’approcher à pas de loups de l’allée qui partageait deux entrepôts. Les bruits se firent bientôt de plus en plus distincts, et les coups étaient entrecoupés de voix. La conversation qui montait vers eux, et qui n’en était pas vraiment une, parce qu’un seul homme parlait, reconstituait, bribe après bribe, l’histoire qui, en gros, avait conduit Eigon ici.

Après avoir compté silencieusement jusqu’à trois sur leurs doigts, les deux mutants se penchèrent pour jeter un coup d’œil dans l’allée. Eigon était en sale posture, acculé contre un mur, déjà couvert de blessures, et toujours travaillé par deux types assez costauds, mais qui ne lui arrivaient tout de même pas au menton. Un troisième homme, en costume italien, expliquait très lentement ses griefs en regardant Eigon se faire molester, mais ce fut sur une quatrième personne que l’attention d’Adam se fixa aussitôt.

Une femme était adossée au mur de tôle de l’entrepôt, à l’opposée de celui contre lequel Eigon se faisait tabasser. Elle ne devait pas avoir beaucoup plus de vingt, et de longs cheveux noirs, teints probablement, tombaient de part et d’autre de son visage. D’ailleurs, tout chez elle était noir : des yeux soulignés de noirs, un rouge à lèvre noir, un collier de cuir noir et épais autour du coup, des vêtements noirs, du vernis à ongles noir — échappée d’un concert gothique, elle n’aurait pas eu un autre aspect.

Adam se redressa brusquement et tira Salem avec lui. L’Asiatique était devenu livide et, de toute évidence, il avait peur, bien plus peur que lorsque son ami lui avait proposé de prendre l’avion pour aller visiter la France. Tout bas, il ne put s’empêcher de murmurer :


— …putain…

Une grossièreté qui ne lui était pas habituelle. Un peu nerveux, promenant son regard tout autour de lui, il rajouta, moitié pour lui-même, moitié pour Salem :

— C’est Séraphine.

Avant de décréter brusquement :

— Faut qu’on parte.

Mais déjà, la voix lente et placide de Séraphine s’élevait de l’allée, pour souligner, avec une syntaxe traînante :

— Il y en a encore deux là-bas.

Elle fut bientôt suivie par celle de Costume Italien.

— Sortez de là, ou je l’abats.

Et par le déclic caractéristique d’un cran de sureté que l’on ôtait d’une arme à feu. Adam ferma les yeux, prit une profonde inspiration, serra les dents, se recomposa un air aussi neutre que possible et les deux mutants, contraints et forcés, quittèrent leur cachette pour s’avancer dans l’allée. Une fois arrivé à moins de cinq mètres de Séraphine, la raison de la terreur d’Adam et de la défaite improbable d’Eigon devint plus qu’évidente.

Près de Séraphine, le monde était différent. Vide. Plus d’intuitions exceptionnelles pour Adam, plus de force herculéenne pour Eigon et plus d’informations chiffrées pour Salem. C’était la brutale et humaine condition pour tous les trois, près de la mutante qui repérait et annulait leurs pouvoirs. Séraphine les fixa avec ennui, avant de remarquer, sans vraiment beaucoup s’y investir, d’une voix aussi blanche qu’elle avait rendu leurs vies blanches.


— Tiens, mais c’est Adam. L’autre, là, je ne le connais pas.

Costume Italien les regarda tour à tour, puis Eigon, puis Séraphine. Il interrogea enfin :

— Des combattants, aussi ?

Adam et Séraphine se fixèrent pendant trois longues secondes en silence, puis la femme haussa les épaules et répondit de sa voix traînante :

— Non.

Rassuré par ce mensonge, Costume Italien rengaina son revolver.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyMer 4 Sep - 18:50



Il faut avouer, pour Eigon, ce n'était pas vraiment une bonne journée, mais il y avait tout de même quelque chose de positif dans tout ça. Il se sentait calme comme jamais auparavant. Parce qu'avant que son pouvoir ne se développe, il avait été jeune, et il était déjà en colère. Et bien sûr, ça n'avait fait qu'empirer par la suite. Si son pouvoir s'était contenté d'augmenter sa vitesse, sa force ou sa taille, ça aurait été facile, mais tout était démultiplié chez lui, de ses sens à ses émotions, c'était un bouillonnement permanent qui variait très fort, très vite. Libéré de ce tumulte, il voyait les choses avec beaucoup plus de clarté que jamais auparavant. C'était le moment idéal pour mourir.

Le dos appuyé sur la tôle de l'entrepôt contre lequel on l'avait balancé, Eigon garda les bras relevés, prêt à parer les coups, même quand les deux gros bras s'interrompirent pour regarder les nouveaux arrivants. Il tenta laborieusement de respirer un peu mieux, malgré ses quelques côtes fissurées, et son regard s'attarda sur Salem, avant de se poser sur Adam, à qui il lança d'une voix qu'il n'avait jamais eu aussi douce, ni aussi triste.

« Tu aurais mieux fais de partir. »

Salem n'avait pas du tout l'air rassuré, après avoir vue la terreur d'Adam et l'état dans lequel se trouvait Eigon, mais il suivit malgré tout. Et les choses s'aggravèrent rapidement pour lui, puisque soudain le monde lui apparut d'une façon qui lui parut tout à fait nouvelle et étrange.

« Qu'est-ce que… ? Je vois plus rien.  »

"Plus rien", le mot était un peu fort, sans doute, il voyait des couleurs et des formes de la même façon qu'une bonne partie des gens, mais sans les données hautement précises qu'il avait l'habitude de recevoir, tout lui paraissait flou et indéfini. Sa main agrippa le haut d'Adam comme s'il  pouvait lui servir de bouée de sauvetage, tandis qu'il regardait autour de lui comme un perdu.

« Sérieux… il se passe quoi, là ? »

Sans doute la réponse serait venue d'elle-même pour n'importe quel autre mutant confronté à la même situation, il n'était pas, à première vue, difficile de se rendre compte queson pouvoir qui avait disparu, mais pour lui, les choses étaient un peu plus compliquées. Pour le réaliser, il fallait y réfléchir au moins une seconde ou deux, et pour réfléchir, Salem avait besoin de ses données. Sauf que du début de son adolescence aux dernières secondes de sa vie, il n'y avait plus rien d'exploitable, en tout cas pas au sens salemien du terme. Tout ce qu'il avait pu voir ces dernières années était chiffré, et donc hors de portée pour lui à présent. Ça y est, il allait faire une crise d'angoisse.

Peu importait ce qu'ils étaient censés faire maintenant, Salem se laissa juste glisser par terre, l'air parfaitement déboussolé. Sans doute devait-il vraiment avoir l'air aveugle pour ceux qui ne connaissaient pas son véritable pouvoir. En tout cas, la faiblesse évidente de l'adolescent fit éclater Costume italien d'un rire sonore.

« Non mais regardez-moi ça, et ça se veut supérieur aux humains ? Voilà ce vous êtes, sans vos anomalies génétiques. Rien du tout.  »

Sa joie fut cependant de courte durée, profitant de ce moment de distraction, Eigon, qui pour être un mutant n'en était pas moins un boxer gigantesque et entraîné, colla deux coups bien placés à ses tortionnaires, et se précipita vers lui en lançant à Adam.

« Barre-toi. Prends le gamin et barre-toi !  »

Malheureusement, il n'avait pas couvert la moitié de la distance que Laurel et Hardy étaient sur lui et le rouaient de coups, il finit recroquevillé par terre, à cracher son sang. Costume italien tenta laborieusement de se défaire de l'expression de parfaite terreur qu'il avait affiché quand le colosse s'était rué vers lui. Comme pour se donner une contenance, il sortit à nouveau son gros revolver et se mit à proférer tout un tas d'insultes très inspirée, l'air de plus en plus fébrile et dangereux. Puis soudainement, il eut l'air d'avoir une brillante idée, et il intima à ses sbires d'arrêter le massacre.

« Tu t'en fous de crever, pas vrai, Eigon, t'as rappliqué dès que je t'ai parlé de tes gamins. Et là encore, ce gosse… T'as vraiment de drôle de penchants, 'fin, c'est pas mes oignons.  »

Le colosse émit un grognement qui le fit largement sourire, et d'un signe de tête, il envoya ses sbires chercher Salem. L'adolescent, qui ne regardait pas du tout ce qui se passait, eut un violent sursaut quand une main puissante lui attrapa le bras. Et quelque chose tomba par terre. Hardy se pencha pour le ramasser et le ramena à son chef, c'était un téléphone portable qui, pour être tactile, n'avait pas encore perdu ses boutons pour appeler et raccrocher. Salem était donc parvenu, depuis le fond de sa poche, à appuyer une fois pour ouvrir le journal des derniers appels reçus, et une autre pour appeler. Le téléphone était d'ailleurs toujours en communication quand il se retrouva dans la main de Costume italien, qui paraissait de plus en plus mauvais à mesure que la situation lui échappait.

« C'est qui, John ? »
« Mon père… »
« Ton père ? Et qu'est-ce que ton papa adoré est censé pouvoir faire, je doute fort que tu aies pu lui dire où tu étais, gamin. »

Il colla l'appareil contre son oreille.

« Salut John, T'inquiète pas pour ton fiston, on te le rendra. Il devrait juste manquer un morceau ou deux. »
« Il n'a rien à voir là-dedans ! »
« La ferme, c'est à cause de toi qu'on en est là. Amenez-moi le gosse. »

Costume italien retira la batterie du téléphone et balança le tout au loin, il avait faire payer Eigon tout en punissant le gamin pour s'être joué de lui, ça c'était de l'efficacité. À l'autre bout du fil, dans un commissariat sur le pied de guerre, Jon serrait les dents.

« Vous avez réussi à… »
« Ils sont sur les docks, et tout le monde est prêt à partir. Ça va aller ? Vous êtes sûr que… »
« Je viens, oui. »
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 5 Sep - 0:02

Tut.

Tut.

Tut.

Tutututut.

Tuuuuuuuut.




— Mâle. Asiatique. Vingt-et-ans. Blessure par balle à l’abdomen. Blessure par balle au crâne. Pas de plaie de sortie. Multiples arrêts cardiaques. Convulsions.

Le brancard passa en trombe jusqu’à la salle numéro 7.

***

Trente minutes plus tôt

Adam sentait son cœur battre de plus en plus vite. Il savait ce qu’il se passait. C’était suffisant. C’était suffisant, il se le répétait. Il n’avait pas besoin de savoir ce qui allait se passer. Le présent, c’était suffisant. Tout le monde vivait comme cela, tous les jours, les policiers, les gangsters, les autres boxeurs, les agents du F.B.I., de la C.I.A., Ulysses vivait comme ça tous les jours, et Ivan, et ils étaient encore vivants, et les gens autour d’eux étaient encore vivants, sauf bien sûr le frère d’Ulysses, et sa sœur, et peut-être d’anciens coéquipiers d’Ivan, et les dealeurs qu’il avait mis lui-même en prison, et qui n’avaient pas su anticiper, mais sinon, tout le monde, sans doute, tout le monde pouvait, tout le monde vivait…

— Barre toi. Prends le gamin et barre toi !

Sans réfléchir, Adam s’était précipité vers Salem, mais déjà un revolver l’arrêtait en pleine course. Le mutant se figea. Il détestait les armes à feu. Il n’avait jamais vraiment appris à s’en servir. Précisément parce que ça aurait été trop facile, pour lui. Vraiment trop de pouvoir. Ulysses avait essayé de le convaincre, parfois. Mais pour Ulysses, évidemment, c’était très différent. Ulysses savait ce qu’il faisait, dans ce genre de situations. Ulysses était un professionnel de ce genre de situations. Lui pas, il s’en rendait bien compte à présent. À présent.

Adam inspira profondément. Ce n’était pas très différent de d’habitude, tout bien considéré. Il fallait se calmer. Un regard à Salem. Vraiment, il fallait se calmer. Adam ferma les yeux. Adam rouvrit les yeux. Adam se sembla se désintéresser de ce qui se tramait sous son nez. Au grand désespoir d’Eigon, qui comptait à moitié sur le fameux Adam pour sortir au moins quelqu’un, si ce n’était lui, de cette mauvaise passe, l’Asiatique détourna le regard de Salem qu’on commençait à malmener pour le fixer sur Séraphine.

Pendant que la tension entre Costume Italien, ses sbires, Eigon et Salem montait de seconde en seconde, Adam fixait Séraphine et Séraphine fixait Adam. Pendant une seconde, les yeux noirs de la mutante coururent le long de l’allée, avant de revenir, avec un haussement de sourcil interrogateur, sur Adam. Lequel Adam esquissa un hochement de tête imperceptible. Alors qu’Eigon se débattait à nouveau pour tenter de sauver Salem et que Costume Italien se remettait à crier ses menaces, Séraphine souffla d’une voix presque inaudible :


— Promis ?

Et Adam répondit :

— Promis.

Quelques secondes plus tard, Costume Italien s’interrompait brusquement dans ses vociférations et passait du rouge écarlate de la grosse colère au blanc de la vive inquiétude. Il ne put retenir l’expression toute nue de son tourment :

— Mais bordel, où c’qu’elle est passée ?

Un silence de plomb s’abattit brutalement sur l’assemblée alors qu’on comprenait, chacun à son propre rythme, que Séraphine venait de s’éclipser à l’autre bout de l’allée et de priver les trois malfrats de sa nécessaire protection. Il n’y en avait qu’un pour réagir très vite, à une vitesse, même, proprement surnaturelle — en tout état de cause, elle tenait de l’anticipation — et pour se jeter brusquement entre Salem et Costume Italien.

Tout se passa très vite, beaucoup trop vite, même pour Adam. Pris de cours, Costume Italien, sans réfléchir, avait appuyé sur la détente, pas par réflexe, mais parce qu’il s’était de toute façon préparé à le faire depuis un bon moment. Adam sentit évidemment la blessure irradiée de douleur dans son ventre quelques millièmes de seconde avant la détonation, et c’était pourquoi sa main, indifférente à la surprise, agrippait déjà le poignet de l’homme, tandis que derrière lui Eigon, en proie à une rage accumulée, fracassait l’un contre l’autre les deux sbires qui l’avaient malmené, parce qu’ils s’apprêtaient à malmener Salem.

Un deuxième coup de feu retentit et le genou de Costume Italien explosa. L’homme tomba à terre. En vérité, ce n’était pas là qu’Adam, le revolver à la main, avait visé, mais maintenant que celui qui avait voulu s’en prendre à Salem était là, plus ou moins immobile à ses pieds, il était certain de pouvoir, au prix de quelques essais s’il fallait, lui faire exploser la tête, même si son ventre à lui lui paraissait de plus en plus chaud, de plus en plus moite, et que sa vision se troublait.

Les hurlements des sirènes de police, d’abord de la patrouille des docks, puis du commissariat, retentirent en vrillant le cerveau du mutant. Il tendait toujours l’arme vers Costume Italien quand plusieurs silhouettes en uniforme le braquèrent, parce que c’était lui qui avait l’air dangereux, et bientôt une voix lui enjoignit de lâcher son arme, mais cela, il ne le comprit pas, parce qu’il n’entendait ni ne voyait déjà plus grand-chose. Il resta immobile et un troisième coup de feu retentit.

La balle frôla sa tempe pour se loger dans une benne, mais comme toutes les blessures à la tête, celle-ci à première vue était très impressionnante, et une giclée de sang s’en échappa aussitôt. Mais cette fois-ci au moins c’était bon : Adam avait lâché son arme, elle tombait sur le sol dans un bruit sourd et métallique, et Eigon, Eigon pour une fois brutalement refroidi, s’interposait entre lui qui venait de s’effondrer au sol et le policier qui avait tiré, en levant ses grosses mains fortes mais désormais inutiles, dans un signe d’apaisement, comme il n’en avait jamais fait peut-être de toute sa vie d’homme, les épaules basses, et la lèvre tremblante.

Et tandis que l’ambulance foncerait vers l’hôpital le plus proche, secouée par les inexplicables convulsions de son étrange passager, qui donnait un sens tout nouveau à l’expression « pupilles dilatées », et escortée — les ambulanciers n’avaient pas très bien compris pourquoi — par deux voitures de police, quelque part ailleurs, dans New York, une jeune femme habillée tout en noir s’asseyait auprès d’un lit médicalisé, dans une grande maison silencieuse, enfin, silencieuse sauf le chuintement du respirateur artificiel bien sûr, et le bruit électronique, régulier, des machines, elle s’asseyait et elle prenait dans sa main aux ongles vernis de noir aussi la main de la vieille, très vieille dame, qui attendait là, Dieu sait depuis combien de temps, entre pas tout à fait la vie et pas tout à fait la mort, et elle disait :


— J’ai passé un marché aujourd’hui, un marché vraiment inattendu. Maintenant, ce ne sera plus très long.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptySam 7 Sep - 12:46

« Il n'a rien, vraiment ? C'est sûr ? »
« Seulement quelques blessures bénignes, mais je vous assure qu'il va bien, monsieur le commissaire. Il est surtout choqué. »

Après s'être assuré pour la cinquième fois au moins que son fils était entier, Jon entra avec moult hésitations dans la chambre de Salem - parce que l'adolescent avait beau n'avoir presque rien, arriver escorté par la police lui avait quand même donné droit à une chambre privative. Le commissaire avait beau chercher, il ne savait pas comment il allait faire comprendre à son fils qu'il n'avait vraiment pas voulu que ses hommes en arrive là, alors qu'il n'avait pas caché sa méfiance vis-à-vis d'Adam toute la semaine. En entrant dans la chambre, il fit un petit signe de main à Salem, occupé à évaluer combien sa mâchoire été douloureuse en appuyant sur le bas de sa joue. Le jeune homme se contenta de baisser les yeux, et un lourd silence s'installa, ça commençait mal.

« Je… heu… pour tout à l'heure… »
« Je vous avais dis de pas tirer. Mais c'est fait, maintenant… Laisses tomber, comment il va ? »
« Il est encore au bloc. »
« Ça fait des heures… 'fin, je crois… c'est pas possible… »

Salem n'avait vraiment par l'air frais, il était pâle comme un linge et semblait un peu ailleurs, il avait aussi plusieurs marques sur le visage, même si c'était surtout ses bras qui avaient pris. Ils étaient couverts de bandages, de bleus et d'éraflures, signe qu'il s'était défendu férocement malgré les circonstances. L'air visiblement inquiet, Jon vint s'asseoir près de lui et posa une main sur son bras en l'observant, la question qui lui brûlait les lèvres était "Ça va ?", mais ce n'était pas vraiment la peine de la poser. Décidément, il ne savait jamais comment se comporter devant son fils.

« Je suis désolé. »
« De quoi ? »
« J'ai pas arrêté de te faire chier toute la semaine, et je t'appelle juste quand ça va pas. »
« Tu n'as rien fais de mal, et heureusement que tu as pu m'appeler. »
« Mais je fais pareil avec tout le monde, la semaine dernière il avait besoin de moi et j'ai fais qu'empirer les choses et là… là ça allait bien et puis… »
« Tu n'es pas responsable, Salem. »
« J'aurais pas été là, il aurait pas fait un truc aussi dingue. Il veut s'en sortir, tu sais, il veut devenir architecte, aller de l'avant, il méritait pas qu'un truc pareil lui arrive. »

Jon allait encore objecter, mais Salem fondit en larmes sans prévenir, des sanglots forts et incontrôlables qui le firent ressembler à un petit garçon déboussolé. Il le prit dans ses bras sans y réfléchir et lui déposa un baiser sur les cheveux en lui chuchotant longuement que tout allait s'arranger.

Un bon moment plus tard, le duo patientait sur un banc, dans le couloir le plus proche de la salle d'opération. Salem grignotait sans grande conviction une chocolatine piochée dans l'énorme poche de viennoiseries que Jon lui avait ramené après qu'il ait boudé le dîner de l’hôpital. Médecins et infirmières passaient d'un pas pressé devant eux sans même leur jeter un coup d'œil, mais Salem ne leur accordait pas non plus la moindre attention. Il regardait fixement la porte du bloc comme s'il n'y avait rien d'autre autour de lui. Une agitation le fit cependant sortir de sa torpeur, au bout du couloir arrivait un géant à la démarche bancale, aux prises avec deux infirmières.

« Mr Valentine, vous ne devez pas vous lever ! »
« J'pas besoin de perfusion. »
« Bien sûr que si, pour les antidouleurs il… »
« J'ai pas si mal que ça. »
« Ne me dis pas que t'as peur des piqûres ? »

Eigon se figea, son regard gris acier sonda Salem comme s'il pouvait le faire fondre sur place et… il se laissa tomber sur le banc, le faisant légèrement craquer au passage.

« J'pas peur. Comment va le gamin ? »
« Ça peut aller. »
« … L'autre gamin. »
« On a toujours pas de nouvelles, tu veux un croissant ? »
« Je peux ? Leurs carottes étaient immangeables. »
« J'te dois bien ça, tu m'as sauvé la peau aujourd'hui. »
« C'plutôt vous qui m'avez sauvé… Hey, mais y'a des pains aux raisins aussi. »
« C'est mes pains aux raisins. »
« Tu me refiles les trucs que t'aime pas ? Sale gosse, file-moi ce sachet. »
« Vous ne devriez pas manger aussi vite, Mr Valentine ! »
« T'as intérêt à en laisser pour Adam. »
« D'ailleurs, il risque quelque chose, avec ce qu'il s'est passé ? »
« Difficile à dire, vous allez devoir nous expliquer ça en détails. »
« C'est assez flou pour moi. »
« Normal, c'est à cause de la fille. »
« Quelle fille ? »

Quand Adam ouvrit enfin les yeux, ce fut pour voir un regard bleu aussi inquiet que scrutateur posé sur lui, tandis qu'un colosse et un policier le guettait depuis leurs fauteuils. Il reçut ensuite un énorme et précautionneux câlin, la tête dans son cou, après lui avoir laissé le temps d'émerger pour de bon, Salem chuchota.

« Tu m'as fais tellement peur, même Eigon était mort d'inquiétude. »
« Conneries… »
« Je vais prendre soin de toi, mon ange, on va rentrer à la maison, on sera bien. Je suis désolé j'aurais dû, j'aurais pu… »
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptySam 7 Sep - 13:26

Sun Huang était certainement la chirurgienne la plus talentueuse de l’hôpital et probablement de tout New-York, par conséquent de l’ensemble des États-Unis. Elle avait réalisé avec succès des greffes dont la complexité dépassait de loin l’exercice presque enfant que constituait une blessure par balle à l’abdomen. Ce qui surtout avec construit sa réputation, au-delà des connaissances anatomiques profondes qu’elle partageait, après tout, avec des milliers de ses confrères et consoeurs, c’était le sang-froid inaltérable qu’elle opposait à toutes les complications, même lorsque ses deux mains étaient plongées dans les organes palpitants d’un patient mourant.

Ses paupières frémirent cependant imperceptiblement, au-dessus de son masque, lorsqu’un infirmier, en lui tendant un scalpel, interrogea d’une voix perplexe et nerveuse :


— C’est quoi, ça ?

Et ce que « ça » c’était, effectivement, personne ne pouvait le savoir. Alors que Huang avait délaissé pour commencer la blessure à la tête, superficielle, pour s’occuper de l’abdomen bien plus préoccupant, deux infirmières avaient installé un électroencéphalogramme, pour s’assurer que le cerveau du patient n’avait pas été trop bousculé par le choc, somme toute violent, de la balle qui avait percuté son crâne. Pendant quelques secondes, toute la salle regarda fixement l’écran où les courbes de l’activité cérébrale atteignaient des sommets dont ils n’avaient jamais été témoins.

Puis la machine se mit à émettre des bips plaintifs, parce qu’elle tentait de tracer encore d’autres courbes, en plus des premières, des courbes pour lesquelles elle n’avait jamais été prévue. Huang reprit ses esprits, alors que des étincelles jaillissaient déjà de l’appareil, et elle s’exclama brusquement :


— Débranchez ça !

Lorsque, plusieurs heures plus tard encore, elle sortit du bloc opératoire, le front bas, l’air préoccupé, ce fut sans accorder le moindre regard aux hommes qui attendaient dans le couloir, pas même à Ricky Valentine, qui pourtant avait esquissé un mouvement vers elle. Quelques heures passèrent encore avant qu’Adam n’ouvrît les yeux, très lentement, offrant un regard embué de noir à la petite troupe qui l’entourait. Son regard s’éclaircit, Salem se pressa habilement contre lui et commença à s’excuser.

Machinalement, le pouce gauche d’Adam grattait son propre annulaire gauche et, d’une voix légèrement paniquée, le jeune homme coupa court aux désolations de Salem pour demander :


— Où est mon alliance, qu’est-ce qu’ils ont fait de mon alliance ?

Il se redressa péniblement sur le lit, avec une grimace de douleur, parcourut nerveusement la salle du regard. Ses yeux s’arrêtèrent sur Eigon avec un air de profonde incrédulité, puis passèrent le géant, et il demanda encore :

— Comment va Anya ? Et le bé…

Mais l’air d’universelle perplexité qu’il lisait sur les visages lui coupa la parole et il s’affaissa à nouveau contre ses nombreux coussins, alors qu’une migraine montait déjà dans son crâne. D’une voix un peu éteinte, il posa une question qu’aucun patient ne posait, en général, après quelques heures d’anesthésie générale seulement.

— On est en quelle année ?

Jon répondit et Adam rougit légèrement, avant de murmurer :

— Ah… Oh. Je vois. Ça va… Ça va aller.

Un silence un peu embarrassé avait commencé à s’installer et, tandis qu’Adam continuait à sentir l’absence de son alliance autour de son doigt, le docteur Huang pénétra dans la chambre. Son regard s’arrêta d’abord sur le géant qu’il était difficile de manquer.

— Bonjour, Rick.
— Bonjour, docteur…

Sun l’observa un instant de ses yeux noirs avant de détourner le regard et d’observer Adam. Un peu gênée, elle commenta :

— Vous êtes réveillé…

Elle regarda tour à tour les trois autres hommes, avec un peu d’incertitude, mais la présence d’Eigon la convainquit que les formules contournées n’étaient pas nécessaires et, aussi sobrement que possible, elle expliqua :

— Je n’étais pas certaine de votre degré de sommeil… Ou de coma. Vos réflexes sont difficiles à interpréter et votre cerveau… Pour le moins illisible.

Adam l’ignorait tout à fait. Il n’était jamais passé que par les équipements médicaux de l’Institut et, pour la plupart, ils représentaient des versions très modifiées de ceux qui étaient en usage dans les établissements généraux. Huang s’approcha du lit et attrapa le bloc où étaient consignées les différentes étapes du traitement, pour le lire d’un air absent, soucieuse plutôt de se donner une contenance. Elle avançait en terrain essentiellement inconnu.

Eigon risqua pour sa part une question.


— Pourquoi il n’a pas de perfusion ?
— De perfusion ?
— Pour la douleur.
— J’ai pas mal…

C’eût été évidemment plus convaincant si, en disant cela, il n’avait pas attrapé la main gauche de Salem pour la broyer dans la sienne en serrant les dents. Heureusement, il n’était pas très en forme : il ne broyait pas fort. Quelques secondes plus tard, il se mit à passer et repasser son index sur l’annulaire gauche de Salem, en se disant que, décidément, le passé manquait de quelque chose.

— J’ai reçu l’ordre de ne pas lui en donner.
— L’ordre ?

Jon avait trop connu de médecins qui refusaient de livrer l’accès à leurs données médicales pour croire qu’il y en avait qui fussent dociles aux ordres reçus, quand il était question de leurs patients. Huang haussa les épaules, toujours mal à l’aise.

— Le directeur de l’hôpital. Si j’ai bien compris, il a reçu l’ordre d’autre part.

À la seule intention de Salem, Adam murmura très bas :

— Lys.

Avant de dire d’une voix plus forte :

— C’est bon, c’est très bien comme ça.

Il préférait de loin souffrir le martyre pendant quelques jours que de risquer une rechute dans la dépendance médicamenteuse. Sacrifier toute une année universitaire, qui devait être sa première, à une cure de désintoxication eût été une entrée bien sinistre dans sa nouvelle vie. Car c’était bien sa nouvelle vie, et non les premières années de sa vie actuelle : petit à petit, Adam se reconnectait au monde et, surtout, au temps qui l’entourait.

— Bref. Vous pourrez sortir demain. Mais il va vous falloir de la convalescence. Beaucoup de repos. Vous avez perdu beaucoup de sang et quand nous avons essayé de vous transfuser, il y a eu… disons des complications. Une affaire de génétique, je suppose.

Elle quitta le bloc-notes des yeux.

— À ce propos, après l’opération, je me suis rendue au laboratoire de l’hôpital pour m’assurer que vos prélèvements seraient détruits après analyses. Ainsi que les comptes rendus d’analyse.

Eigon fixait Huang d’un air admiratif et, après avoir donné cette assurance à Adam, Sun jeta un petit regard au géant, avec d’esquisser un sourire en coin.

— Merci.

Huang hocha la tête et sortit de la chambre, talonnée par Eigon.

— Docteur, attendez, je me demandais, j’ai un peu mal à… euh… à l’oreille et…

La voix d’Eigon disparut dans le tumulte du couloir. Jon, qui avait regardé son téléphone d’un air perplexe, releva les yeux et dit :

— Apparemment, les Fédéraux se sont saisi de l’affaire.
— Les Fédéraux ?
— Oui, enfin, mes hommes disent que ce n’était pas très clair. En tout cas, le prisonnier survivant a été transféré dans un lieu de détention non spécifié.

Décidément, le très angélique Ulysses avait parfois une manière pour le moins musclée de protéger son cher Adam.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 8 Sep - 12:39

Casse-tête chinois (Salem) 758456123

Salem haussa un sourcil dubitatif en observant Adam.

« T'en fais pas un tout petit peu trop, là, mon ange ? »

Visiblement, ça ne l'empêcha pas d'avoir un grand sourire, mi-amusé, mi-séduit, et de venir l'attraper par derrière pour lui faire un bisou dans le cou. Après quoi il lui vola le paquet de farine qu'il tenait dans ses mains pour le ranger, histoire de limiter la casse, et eut un petit rire.

« Tu sais, pour la chambre, j'étais sûr que quelque chose allait venir plomber toute notre belle décoration, même toi, tu l'avais dis. Hé ben, ça y est, Anya vient d'apparaître dans le salon avec un ours en peluche d'un demi-étage de haut. Mais il est plutôt chouette, je pense qu'on devrait le garder. En plus si on pousse la table à langer de 53,147 cm sur la gauche… ah non, elle se retrouverait sous la fenêtre, et si un jour on met Ewan dessus, et qu'il bouge trop… On trouvera comment faire. Jus d'orange, Anya ? »
« Oui ! »

Une blondinette aux grands yeux brillants débarqua dans la cuisine, d'habitude, la jeune rayonnait de bonne humeur, mais cette fois, c'était une véritable explosion de bonheur qui venait d'entrer dans la pièce.

« J'ai mis mon cadeau… »
« Dans la chambre du petit, en plein milieu du passage, j'ai vu. »

Anya eut une moue boudeuse tandis que Salem, toujours aussi souriant, partait fouiner dans le frigo.

« Vous voyez toujours tout, c'est pas drôle. Et d'ailleurs, c'est pour quand, du coup ? »
« Adam en est à sa onzième fournée de cookies, alors je dirais que c'est pour très bientôt. Surtout n'hésite surtout pas à en… »

En se redressant avec sa bouteille de jus de fruits, Salem vit que la jeune fille avait déjà un cookie à la bouche, et deux dans chaque main. Il se contenta d'avoir un grand sourire, et de lui servir son verre, avant de venir s'accrocher à Adam, sa main venant d'elle-même jouer avec l'anneau qu'il avait au doigt.

« Il faut attendre que le docteur appelle, c'est ça ? »
« Ouais. »
« Et si… »

Tout le monde se figea alors que la sonnerie du téléphone retentissait.

***

Quand Adam se mit à bouger, Salem se redressa pour se retrouver assis sur une fesse au bord du lit, avant de hausser un sourcil en l'entendant, l'air dubitatif. Son alliance ? La journée avait été tellement troublée, et Adam semblait tellement sûr de lui que pendant une seconde, Salem se demanda s'il n'en avait pas une, avant de réaliser qu'il avait dû voir ça dans le futur – dommage, hein. Il souleva son deuxième sourcil en entendant son fiancé parler de bébé, mais celui qui avait vraiment l'air ahuri, c'était quand même Jon, qui ne semblait plus trop comprendre ce qu'il se passait. Eigon, quant à lui, se remémorait la petite conversation qu'il avait eu avec Adam devant le bar, plus tôt dans la journée, un sourire moqueur sur les lèvres. Visiblement, le duo allait vraiment se retrouver avec un petit, par contre il ne voyait pas vraiment comment ils allaient s'y prendre, mais enfin, à chacun son lot.

Quand la doctoresse fortement perturbée entra dans la chambre, Salem l'écouta sans pouvoir quitter des yeux les doigts d'Adam qui continuaient de jouer avec un anneau invisible. Ça lui faisait un drôle d'effet de voir que son compagnon revenait d'un futur où, visiblement, l'un de leurs plus grands projets s'était concrétisé, et que ça lui manquait déjà. Adam prit l'initiative de le faire redescendre sur Terre en lui broyant les doigts, trop aimable, et là encore il semblait chercher l'anneau. Son cœur un peu plus palpitant qu'à l'habitude n'empêcha cependant pas Salem de comprendre qu'Adam n'avait rien eu pour apaiser sa douleur.

« Mais… s'il a mal, il faut lui donner… »

Encore assez perturbé et affaibli, Salem n'avait pas parlé bien fort, il regarda Adam quand ce dernier lui souffla que c'était Ulysses qui était intervenu, mais ça ne l'empêcha pas de se demander les raisons d'une telle décision. Et quand finalement la chirurgienne sortie, suivie par un Eigon qui semblait rechercher un peu d'attention de sa part, Salem ne lâcha pas le morceau. Légèrement inquiet de voir que l'ange pouvait intervenir dans leur vie comme il l'entendait – pour aider Adam, à priori, mais là, l'aide lui paraissait un peu étrange – il lui chuchota.

« Si t'as mal il faut qu'ils te donnent quelque chose, tu viens de te faire opérer, quand même. Pourquoi Ulysses a fait un truc pareil ? »

Salem serra la main d'Adam, il se souvenait encore très bien du soir où il s'était fais poignarder, et ne souhaitait pas du tout que son fiancé ait à supporter ce genre de douleurs. Mais au-delà de ça, ce qu'il avait du mal à avaler, c'était que s'il y avait une quelconque raison qui interdise à Adam de prendre certains médicaments, il aurait aimé le savoir plus tôt, au lieu de le découvrir comme ça et d'entendre que l'ex de son compagnon était parfaitement au courant. Est-ce que ça faisait partie des choses qu'Adam ne pouvait pas lui dire ?
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 8 Sep - 13:56

Ulysses, à vrai dire, n’avait pas appelé les Fédéraux. Les Fédéraux s’étaient très bien appelés tout seuls. Enfin, les Fédéraux, c’était beaucoup dire, ou pas assez. En tout cas, eux, ils ne s’intéressaient ni à Salem, ni à Eigon, ni à Adam. Ni à Costume Italien. S’ils voulaient parler à Costume Italien, c’était pour savoir comment il s’était mis lui-même sur la trace de quelqu’un d’autre, quelqu’un de beaucoup plus intéressant que le trio de terreur qui s’était bagarré dans la ruelle, quelqu’un dont le pouvoir, en ces temps troublés, pouvait devenir capitale — quelqu’un qui s’appelait Séraphine.

Non, Ulysses s’était contenté d’appeler une amie qui avait appelé le directeur de l’hôpital qui avait donné des ordres très précis à Huang. Et Huang s’était laissée aisément convaincre, parce que les réactions du corps d’Adam, durant toute l’opération, lui avaient assez prouvé qu’il y avait là des données qui lui échappaient. Puis Ulysses avait sauté dans sa voiture pour se rendre à l’hôpital, terrorisé à l’idée que peut-être Adam ne survivrait pas à ses horribles blessures.

Pendant ce temps, dans la chambre, Adam répéta :


— J’ai pas mal.

Belle obstination et qui, d’ailleurs, n’était pas tout à fait de mauvaise foi. Après tout, son seuil de résistance à la douleur, physique comme psychologique, avait été poussé à l’extrême par son pouvoir et les impressions vives auxquelles il l’avait habitué. L’une des raisons de son endurance sur les rings, pendant toute sa carrière, même dans les combats que d’autres eussent abandonné plus tôt. Vraiment, il n’avait pas si mal que cela.

Mais un Salem, c’est comme une tique : insistant. En plus mignon et plus tatoué, toutefois. Adam se tortilla dans son lit, visiblement embarrassé par la tournure que prenait la conversation, puis il arrêta de se tortiller, parce même s’il n’avait pas mal, bien sûr, oh que non, il se sentait tout de même un peu… inconfortable. Voilà. Réprimant donc une nouvelle grimace de douleur, il déroba son regard à Salem et fixa Jon.

D’une voix faible — en fait beaucoup plus faible qu’elle ne l’était vraiment, mais un peu de théâtralité, de temps en temps, ne faisait pas de mal, Adam souffla :


— …Jon…
— Oui ?

Jon s’était levé et Adam l’observa un instant.

— Vous pourriez… vérifier si… Eigon va… bien ? Je m’inquiète… pour lui…

Jon hocha la tête. Difficile de refuser quelque chose à quelqu’un qui souffrait autant, un innocent qui plus est, sur lequel l’un de ses hommes avait ouvert le feu de façon injustifiée, un innocent dont son fils, il devait bien l’admettre, était follement amoureux, et un innocent au cœur noble. Adam, donc, profitait sans vergogne du sentiment de culpabilité qui assagissait le commissaire et le commissaire partit dans sa chasse à l’oie sauvage, dans les couloirs de l’hôpital.

Le devin le suivit du regard et se redressa à nouveau sur le lit, quand la porte fut fermée, l’air tout de même beaucoup moins faible, maintenant. Il avait lâché la main de Salem et s’était mis à triturer nerveusement le pli de la couverture au-dessus du lit. Le plus difficile était encore à venir.


— Alors, en fait… Euh… C’t’à propos de quand j’étais avec Lys, et un peu avant, aussi… J’t’ai pas forcément tout dit, tu vois…

Ça, merci bien, on s’en doutait.

— Si j’bois pas, et euh… Si j’vais jamais à l’hôpital, quand j’suis blessé, c’est parce qu’avant… En fait, avant… J’prenais des cachets.

Des antidouleurs.

Beaucoup.

— Bonjour !

Un ange venait de descendre de l’empyrée avec un énorme beaucoup de fleurs et un sourire à accélérer le réchauffement climatique. Ulysses se figea. Il avait été ravi d’entendre la voix d’Adam et de se dire qu’il allait mieux, mais en voyant l’air dévasté de son ancien petit ami, il se dit qu’il avait peut-être mal choisi son moment. C’était donc l’instant rêvé pour faire la démonstration de ses talents diplomatiques.

Sa surprise n’avait duré qu’une demi-seconde et son sourire s’était un peu adouci, alors qu’il faisait mine d’observer la pièce — une autre demi-seconde. Puis il déclara :


— Il n’y a pas de vase, je vais essayer d’en trouver un.

Et une seconde plus tard, l’incarnation du tact avait quitté la pièce, avec son énorme bouquet de fleurs, pour manquer de rentrer dans un commissaire de police de plus en plus perdu.

— Oh, bonjour, commissaire Rockwell.
— Monsieur Winford ?

La dernière fois que Jon avait vu Ulysses, un géant barbu avait tenté de l’enlever.

— Vous connaissez Salem ?
— Adam. Surtout.

Comment ça, « surtout » ? Jon détailla Ulysses de la tête aux pieds et, tout hétérosexuel qu’il était, il soupçonnait derrière ce « surtout » une partie de l’histoire passée. Et il était certain qu’il n’avait pas du tout envie qu’un type qui rassemblait à ça tournât autour du petit ami de son fils à lui. Mais Ulysses n’avait du tout l’intention de tourner autour d’Adam ni, pour l’heure, de laisser Jon tourner dans la pièce.

— C’est dommage qu’il y a eut des coups de feu tirés.

Jon n’avait pas l’air ravi, c’était sûr : la montagne de paperasse qui l’attendait le décourageait à l’avance. Ulysses continua à exploiter le filon :

— Les associations mutantes risquent de s’en donner à cœur joie.
— Mais c’était une simple erreur.
— Vous savez ce que c’est : une affaire de perception. Cela dit, vous avez sans doute un responsable des relations publiques qui peut arranger ça.

Jon, qui pour l’heure n’y avait pas du tout pensé, s’imaginait déjà traîné devant le tribunal de l’opinion publique.

— Eh bien… À vrai dire, non…
— Hmm, je peux peut-être vous aider, alors. C’est la moindre des choses, après la dernière fois. Venez, allons discuter de cela à la cafétéria.

Dans la chambre, Adam, qui avait trop conscience de la variabilité du futur pour se fier aux intuitions qu’il avait eues sur le sien en se réveillant, interrogea d’une toute petite voix :

— …tu m’aimes ? J’ai changé, tu sais… J’fais plus ça, maintenant.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 8 Sep - 20:32

[J'ai posté le 92 000ième messages ! /o/]

Nan mais c'est quoi cet oiseau de mauvaise augure qui vient nous parler de futur variable ? Qui, ici, pourrait croire une seule seconde que Salem allait laisser là Adam, parce qu'il prenait de la vicodine y'a deux ans ? Un peu de sérieux, voyons. Une fois Jon expédié dehors, à la recherche d'un géant qui pourchassait peut-être toujours une chirurgienne, qui elle-même devait rendre visite à ses patients, Adam se mit à se décomposer graduellement. Voyant ça, Salem posa sa main sur la sienne et la caressa doucement avec un mince sourire, il entrevoyait déjà un peu ce qu'il allait dire avant qu'Adam ne dévoile toute la vérité. Et qu'Ulysses déboule avec un grand sourire et un immense bouquet.

« B… Bonjour ? »

Salem était tellement absorbé par la timide révélation d'Adam qu'il n'eut pas d'autres réactions que d'ouvrir des yeux ronds devant cette apparition. Certes, il se doutait qu'après être intervenu sur le traitement que devait recevoir son compagnon, Ulysses allait passer voir comment il allait, mais il ne s'attendait pas à ce qu'il arrive quelques minutes après qu'Adam ait ouvert les yeux. M'enfin, l'ange était aussi véloce que délicat et ne tarda pas à les laisser à leurs affaires, au moins on ne pouvait pas lui reprocher ça. Une fois à nouveau tranquille, Salem baissa les yeux vers un Adam qui semblait décidé à profiter de sa convalescence pour avoir l'air absolument adorable et se faire chouchouter, il lui effleura la joue pour lui faire relever les yeux.

« Je sais très bien que tu ne fais plus ça, je… j'aurais aimé l'apprendre autrement, c'est tout. Il y a des choses que je peux entendre, mon ange. »

Pour rassurer complètement son compagnon – ou alors juste parce qu'il était trop mignon, avec son air coupable – Salem lui déposa un tendre baiser sur les lèvres. Puis, comme s'il craignait de se retrouver dans la même situation un jour, il s'empressa d'ajouter.

« Moi, à Boston, je fumais des joints de temps en temps, mais j'ai arrêté depuis. Et puis si je dois vraiment te confier un truc, là, maintenant… »

Salem eut un regard qu'il avait souvent quand il s'apprêtait à partir dans une belle diatribe inspirée et acide comme il en avait le secret.

« Ton ex m'énerve, alors, je sais, je sais que c'est un chic type, je sais qu'il est gentil, j'ai rien à lui reprocher, c'est d'ailleurs ce qu'il y a de pire dans cette histoire. Non mais, regardes comme il est intervenu, regarde comme il se ramène à toute vitesse avec sa bouche en cœur. Tu vas pas me dire que c'est pas étrange, quand même ? Alors, j'ai rien contre lui, vraiment rien, mais quand je le vois faire ça j'ai juste envie de le mordre. »

Se disant, l'adolescent pointa un doigt accusateur vers la porte fermée. Il devait bien le reconnaître, le changement de vie d'Adam avait entre autres choses l'avantage de le tenir un peu plus éloigné de l'ange immaculé. Mais de toute évidence, celui-ci continuait de veiller sur lui depuis… l'empyrée, apparemment, et même si Salem était bien forcé de reconnaître que cette aide était importante, parce qu'Ulysses savait des choses sur Adam qu'il ignorait et parce qu'il avait autrement plus de moyens que lui, ça l'énervait quand même. Incroyable, en une seconde chrono et quelques mots, Ulysses s'était rappelé à son bon souvenir et avait détrôné de loin Andrew dans la liste des rivaux à abattre. Soupirant d'agacement, Salem préféra passer à autre chose, il ne fallait pas qu'il transmette son stress au blessé.

« Enfin bon, c'est pas grave. Dis, tu avais l'air de revenir de loin, en te réveillant, qu'est-ce que tu as vu ? Ça avait l'air… intéressant. »

Un mince sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'il regardait la main gauche d'Adam, libérée d'un anneau qu'elle n'avait jamais portée. Il y avait eu une histoire de bébé, aussi, mais ça devait être celui d'Anya, de ce qu'il avait cru comprendre. En tout cas, penser à leur mariage lui faisait toujours autant d'effet et, sans doute, le rose lui monta un peu aux joues alors qu'il rêvait de pouvoir lui aussi avoir un aperçu de leur futur commun.
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 8 Sep - 21:54

— C’est Sun Huang… ?

C’était à peine une question. En tout, Jon avait interprété l’intonation perplexe d’Ulysses comme le signe d’une question et, relevant la tête de son café, il regarda la chirurgienne engagée dans une grande conversation avec Eigon.

— Oui. Vous la connaissez ?

Le jeune homme resta un instant silencieux, les yeux fixés sur la chirurgienne. Il finit par répondre simplement, d’une voix très lointaine :

— Un peu.

Avant de reporter son attention sur Jon, qui n’avait jamais cru que les relations publiques pouvaient être une affaire aussi compliquée. Mais peut-être Ulysses en rajoutait-il un tout petit peu sur la versatilité de l’opinion publique. Un tout petit peu. Juste pour laisser à Salem le temps de médire abondamment de lui, quelques étages au-dessus, dans la chambre 423 de l’hôpital.

Mais d’abord, Salem rassura Adam. Évidemment, Adam n’était pas tout à fait rassuré. Ce devait être une chose plus facile à admettre, pour Salem, qui ne l’avait pas vu dans l’état où le laissait ces calmants. L’idée purement abstraite qu’Adam s’était drogué était sans doute bien différente du spectacle offert par le même Adam en train de trembler pare qu’il n’avait pas eu sa dose et que s’il ne la prenait pas, les visions allaient revenir dans son esprit tiré de sa stupeur médicamenteuse et il allait sentir plus vivement l’humiliation permanente que constituait sa vie sentimentale. Très différente.

Cela dit, Adam, quelques années plus tard, n’avait aucune envie de se replonger dans les souvenirs de sa première jeunesse ni, surtout, d’y replonger Salem, aussi se contenta-t-il d’accepter l’absolution que lui offrait son fiancé sans tenter de noircir son cas. Il embrassa donc Salem, se retint de lui dire qu’entre les joints et la pharmacie qu’il avait ingéré jadis, il y avait tout un monde et l’écouta déverser son fiel sur Ulysses.

La réaction de l’adolescent n’était peut-être pas très surprenante. Elle était en tout cas bien moins dévastatrice que si Adam avait avoué qu’au fond, il était tout de même bien content que, quelque part, Ulysses continuât à veiller sur lui. Mais il y avait quelque chose dans le portrait que brossait son ami de son ex-compagnon qui l’inquiétait un peu et, afin de prévenir Salem contre d’éventuelles mauvaises surprises futures, Adam répondit doucement :


— Ulysses est gentil avec moi, c’est certain. Avec Ivan aussi, je suppose. Quelques autres personnes, sans doute. Mais…

Il ne savait pas trop comment tourner les choses.

— Disons que je crois qu’en toute objectivité, je suis beaucoup plus angélique que lui. Vraiment beaucoup plus.

C’était une formulation pour le moins mystérieuse et, à vrai dire, difficile à avaler : autant Ulysses avait parfois l’air d’être l’incarnation de l’innocence céleste, autant Adam donnait à bien des personnes l’impression d’un mystère ténébreux et dangereux. L’idée d’inverser leur rôle exigeait un exercice mental particulièrement abstrait. D’ailleurs, Adam, qui n’avait pas grand-chose à reprocher à Ulysses, qui d’ailleurs ne trouvait pas que les mesures parfois expéditives que le jeune homme prenait pour continuer à avancer fussent immorales, choisit de ne pas s’étendre d’avantage sur le sujet et de laisser à son ancien compagnon tout le secret qu’il cultivait avec tant de soin.

La conversation roula donc inévitablement sur la réaction qu’il avait eue en se réveillant. Adam rougit à son tour et ils eurent l’air bien idiots, tous les deux, comme ça, comme deux jeunes filles en fleurs, sur leur lit d’hôpital, après s’être fait tirer dessus par un mafieux qu’on interrogeait désormais violemment dans la cellule d’une prison secrète, quelque part à la frontière canadienne.

L’atmosphère était romantique. D’abord, Adam dit seulement :


— C’était pas si loin que ça, en fait…

Lui, il s’était aperçu dans le reflet d’un miroir, mais c’était difficile de juger : quelques années de plus ou de moins, sur ses traits asiatiques, n’apportaient pas une différence très marquante. Salem avait eu l’air un peu plus mûr, mais c’était une question… de comportement, peut-être. Anya surtout avait été un critère déterminant : l’adolescente s’était muée en femme, mais en jeune femme. Trois ans ? Quatre ans ? Il n’était pas certain. Mais pas si loin, en tout cas.

Adam passa un doigt sur le bracelet en cuir de Salem où se devinaient les lettres de son propre prénom.


— J’aimerais bien qu’on décide d’une date, en fait. Pour de vrai.

Ils en avaient parlé un peu, mais vaguement, en fait. Ce n’était pas que l’éventualité parût lointaine, mais ils avaient eu leurs problèmes et leurs incertitudes et, depuis, les choses étaient restées tacitement suspendues, en attendant que tout allât mieux. Mais Adam était las d’attendre et, à peine offert, les bracelets en cuir avaient cessé de le satisfaire entièrement.

— Par exemple, je ne sais pas, disons… Six mois. C’est bien non, six mois ? Ça nous laisse le temps d’organiser. Un tout petit peu plus longtemps, peut-être.

Il n’osait pas trop regarder Salem, parce qu’il n’avait pas tout à fait fini d’explorer le détail de sa vision. Il se mit d’ailleurs à considérer le téléviseur éteint, en haut, dans un coin de la chambre, où leurs reflets se devinaient à peine, et, finalement, prenant son courage à deux mains et étouffant une nouvelle douleur d’estomac, il dit :

— Ensuite, un peu plus tard encore, peut-être qu’on pourrait commencer à penser à avoir un enfant.

Ce fut à ce moment, car les gens de leur entourage avaient le sens du théâtre, que Jon entra avec un énorme bouquet de fleurs, en fait le même énorme bouquet de fleurs qu’avait eu Ulysses en arrivant. Jon avait l’air fatigué : c’était la perspective des conférences de presse qu’il allait devoir donné.

— Votre ami m’a donné ça.

Le commissaire regarda tour à tour Salem et Adam.

— Ça ne va pas ?

Pendant ce temps, Ulysses, dans la cafétéria, pianotait un message sur son téléphone. Sur l’un de ses téléphones, à vrai dire. Une fois décrypté, à l’autre bout de la ville, le message disait ceci :

Ulysses Winford a écrit:
Préparez copies :
— dossier personnel Sun Huang
— opération « Aurore Nouvelle ».
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyLun 9 Sep - 21:12

Salem ne pouvait en effet pas imaginer l'ampleur des dégâts qu'avaient pu causer ces cachets, la drogue, les seules fois où il en avait vraiment entendu parler, c'était dans de petites vidéos éducatives diffusées au lycée et au collège, et dans certaines brochures que les infirmières scolaires lui offraient de bonne grâce depuis qu'il avait commencé à se tatouer et à avoir le regard un peu louche. Seulement des discours théoriques et convenus qui ne dévoilait rien des véritables souffrances qu'engendrait ce type de dépendance, en somme. Et Adam ne se chargea pas de corriger la vision légèrement viciée que l’adolescent avait de son calvaire passé, préférant pour sa part lâcher une phrase énigmatique. Heureusement, c'était loin d'être la première, Salem n'en tomba pas du lit, mais haussa quand même un sourcil, l'air de méditer là-dessus. Sa première conclusion lui échappa des lèvres, même s'il ne semblait pas attendre de réaction.

« En même temps, t'es plus angélique que moi, parfois. »

Ce n'était pas faux, mais tout de même, si Salem était nettement moins sensible au pouvoir d'Ulysses, du fait de la rivalité qu'il avait pour lui, l'ange gardait quand même une bonne couche de grâce envoûtante qui ne collait pas très bien avec l'avertissement de son fiancé. Il se promit néanmoins de garder ça en tête, parce qu'il ne faisait certainement pas partie des protégés d'Ulysses.

L'esprit de Salem fut cependant bien vite accaparé par des pensées nettement plus festives, son petit cœur palpita comme jamais quand Adam proposa de fixer de façon plus sérieuse la date de leur mariage. Ah, ce mariage, ils en avaient parlé très tôt, l'air de rien, ils se l'étaient promis, et ils avaient même essayé des costumes, épluché des catalogues et listé des salles des fêtes, mais sans jamais s'avancer plus. Sans doute n'étaient-ils pas tout à fait prêts à sauter le pas, jusqu'à aujourd'hui. Baissant les yeux pour cacher son sourire béat, telle une collégienne, Salem  emprisonna la main d'Adam dans les siennes et souffla.

« Six mois, ça me paraît bien, très bien même. C'est parfait. »

Et c'est à l'apogée de ce moment magique qu'Adam décida de le tuer. Salem releva la tête pour le regarder avec des yeux ronds quand, juste après avoir enfin décidé de concrétiser leur mariage, son compagnon se mit à lui parler d’un enfant. Ok. Rappelons que Salem avait été le premier à parler de bébé, après un malentendu dans une barque volée si je me souviens bien, et il avait de nouveau abordé le sujet par la suite, parce qu'Adam avait montré qu'il n'aimait pas les enfants et qu'il craignait que cela soit ferme et définitif. Car en effet, oui, Salem voulait des enfants. Cependant, il y avait un monde entre l'éventuelle possibilité de se retrouver un jour avec un petit, dans un lointain futur flou, et cette déclaration de but en blanc qu'il venait de se prendre en pleine tête. Un peu après le mariage, certes, dans six mois, donc. Salem aurait alors dix-neuf ans et demi passé, il serait toujours en apprentissage de mécanique, et serait sans doute toujours, dans sa tête, un petit garçon. Il devait bien le reconnaître, en cet instant, l'adolescent sentait peser sur lui tout le poids de sa jeunesse, il pouvait travailler dur pour gagner sa vie, ça il en était sûr, il pouvait tenir une maison et veiller sur son compagnon. Il pouvait être un mari, mais un père, ça c'était encore autre chose. C'était autrement plus compliqué.

« Heu… waouh… c'est très… »

C'est là qu'un père, un vrai, entra en scène, Jon posa le bouquet sur la table de nuit et ne manqua pas de remarquer que son fils n'avait pas tout à fait l'air dans son assiette. Salem tenta de se recomposer un air plus ou moins tranquille, mais il était loin de maîtriser cet art, il donnait surtout l'impression de manquer d'air.

« Ça va, oui, on parlait de… l'avenir… »

Salem se laissa glisser par terre et réajusta consciencieusement les draps qu'il avait froissés, sans d'autres raisons apparentes que celle que vouloir s'occuper les mains.

« Faut que je réfléchisse sérieusement au moyen de financer mon garage, après mes études, moi. »
« C'est… quand même dommage. »

Jon s'était assis sur l'accoudoir d'un des fauteuils, et Salem, semblant soudain se rappeler de quelque chose, pointa un doigt accusateur vers lui. »

« Hey, je t'ai pas raconté ! Il est contre mon projet de garage. »
« Je ne suis pas contre, je trouve juste ça dommage. Tu as des… des capacités qui… »
« Sans vouloir te vexer, ça se voit que t'étais pas là pour recevoir mes bulletins de notes. J'étais nul en cours, y'a que le sport qui me réussissait. »
« T'as déjà sérieusement essayé ? »
« … J'en sais rien. »

Jon se releva et regarda Salem s'attaquer à un petit coin de tapisserie qui dépassait, en lui tournant le dos, ils étaient repartis dans une de leur conversation compliquée, et l'adolescent semblait une nouvelle fois décidé à lui opposer une ferme résistance.

« Ce que j'essayais de te dire l'autre jour, c'est qu'avec certains de mes collègues, j'étudie depuis pas mal de temps maintenant les… disons, possibilités, que peuvent offrir certaines mutations dans le cadre d'un travail de police. Et toi, tu es sans aucuns doutes l'un de ceux qui pourrait être le plus brillant. »

Salem se retourna et le fusilla du regard comme s'il venait de l'insulter.

« Tu n'en sais rien du tout, tu crois me connaître à cause de ma mère. »
« Je t'ai beaucoup observé, surtout. »
« Ouais bah Adam m'a déjà vu tenter de suivre une piste ou de déduire des choses, et c'était pas franchement glorieux. »
« On ne devient pas enquêteur du jour au lendemain, mais tu as un énorme potentiel pour ça, et pour d'autres choses bien plus enrichissantes que réparer des voitures du matin au soir. »
« Non. Non, tu te goures. J'ai du mal pour… lire, tu sais, tout se mélange dans ma tête tout le temps, et pour, heu… les maths, parce que c'est trop abstrait, j'aime pas écrire parce que mes traits ressemblent à rien, je peux pas dessiner, j'ai horreur de cuisiner les légumes parce qu'ils ne cuisent jamais de la même façon, contre toute logique. Il y a des tonnes de choses simples que je ne sais pas faire, des milliards de choses qui me fatigue et… Et mon fabuleux pouvoir qui t'intéresse tant, si j'avais su m'en servir, Adam serait pas dans cet état parce que j'aurais vu le danger bien avant que… »

Les bras paternels se refermèrent sur l'adolescent qui semblait faire une légère crise de nerfs.

« J'aurais pas dû te parler de ça, t'as été assez secoué pour aujourd'hui. Calmes-toi, je suis désolé, je fais que des conneries. »

Blottit contre Jon, Salem secoua la tête en signe de négation. Mais effectivement, niveau émotions fortes, il avait été servis.
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyMar 10 Sep - 9:35

— Il a fait un peu chaud, aujourd’hui.
— Un peu.

Voilà.

— Alors, tu reprends les cours ?
— Mardi.

Voilà, voilà.

— Et la blessure ?
— Ça va.

Voilà, voilà, voilà.

Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris d’arriver aussi tôt ? C’était pourtant sans enthousiasme que, quelques plus tôt, il avait dit à son lieutenant, qui le regardait fixer nerveusement sa cravate devant le petit miroir des vestiaires au commissariat et qui lui avait demandé s’il avait rendez-vous avec le commissionnaire :


— Non. Je vais tenter de résoudre un casse-tête chinois.

Il fallait dire qu’ils n’avaient pas eu beaucoup le temps de discuter à l’hôpital. Juste après que Jon avait proposé à Salem de reconsidérer ses perspectives d’avenir, une infirmière avait fait irruption dans la chambre qu’elle observait depuis un moment et décrété que toutes ces allées et venues étaient très mauvaises pour le patient, qu’il avait besoin de se reposer désormais, particulièrement parce qu’il n’avait pas d’antidouleurs et qu’il faudrait revenir aux heures de visite.

Depuis, Adam et Salem n’avaient pas vraiment reparlé de leur futur enfant. La réaction de l’adolescent avait été pour le moins réfrigérante et comme Adam ne se sentait pas non plus un urgent besoin de paternité, il avait mis la part qu’Ewan avait prise à sa vision sur l’inévitable variabilité des futurs aussi lointains. Ils avaient après tout des problèmes familiaux plus immédiats à résoudre, dont le moindre n’était pas de dîner avec Jon Rockwell.

L’affaire avait été arrangée comme on négociait un sommet diplomatique. On allait se rencontrer en territoire neutre. C’était Jon qui avait proposé cela : il connaissait un restaurant sympathique et surtout, il connaissait le restaurateur, un ancien policier qui, après la retraite, avait réalisé son rêve en s’offrant cet établissement. Il y avait des petits salons : on y serait tranquille pour discuter. Jon viendrait chercher Adam et Salem à dix-neuf heures trente, parce que Salem avait cours jusqu’à dix-huit heures.

Jon était arrivé à dix-neuf heures. Salem avait été retenu — il avait appelé peu avant — par un professeur qui n’avait pas exactement le sens du temps. Et depuis, Adam et Jon se regardaient dans un silence un peu pesant. Au bout d’un moment, Adam, qui avait promis à son fiancé de faire beaucoup d’efforts, la même promesse que Salem avait d’ailleurs arraché à son père (trois fois), reprit la parole.


— Vous avez raison, un peu, pour Salem et le garage.
— Un peu ?

Jon se reprocha aussitôt son ton trop méfiant. Mais Adam força un sourire.

— Un peu, parce que je crois que ce n’est pas forcément une très bonne idée de lui dire qu’il pourrait faire « mieux ». Ça lui plait, la mécanique : il ne trouve pas cela forcément déshonorant ou désagréable. Bien sûr, il n’est sans doute pas aussi doué que son frère...
— Son frère…

Adam s’interrompit avant de reprendre la parole, avec une douceur pour le moins inattendue pour Jon :

— Je suis désolé…
— Désolé ?
— Je ne voulais pas vous blesser.

Jon parut soudain un peu surpris de cette prévenance.

— Non, je devrais m’habituer à l’idée qu’il… A une famille. Ailleurs.

Après un temps, il demanda, d’une voix incertaine :

— Tu les as rencontrés ?

Adam hocha la tête.

— Ils sont comment ?
— Très bien. Mais ce n’est sans doute pas à moi de vous en parler…
— Oui, c’est certain, c’est certain.

Jon était un peu déconcerté par la délicatesse dont faisait preuve Adam. Pour lui, Adam n’avait jamais dépassé le stade du psychopathe insensible qui pouvait s’échapper de l’une de ses cellules sans frémir d’un cil et qui trainait son fils longtemps perdu dans des aventures d’une brutalité sans nom. Mais l’Asiatique aux traits doux qui lui faisait face et qui naviguait avec autant de douceur que possible entre ses émotions difficiles lui présentait un tout autre visage.

— Alors, le garage… ?
— Alors il pourrait faire beaucoup d’autres choses, et il est possible qu’il ait choisi ça par défaut. Ça peut être difficile pour un mutant de se rendre compte de ses capacités. Surtout pour un mutant comme lui.
— C’est-à-dire ?
— Avec une capacité très présente, mais sans manifestation particulièrement violente. Ce n’est pas automatique pour lui que d’imaginer qu’elle peut être un plus par rapport à d’autres. Peut-être qu’il veut faire un garage parce qu’il aime ça, et dans ce cas, très bien. Faut juste lui montrer les autres options.

Jon hocha la tête. Il jouait nerveusement avec la languette en métal de sa cannette de coca depuis plusieurs secondes quand il demanda :

— Est-ce que ça fait mal ? D’être un mutant.

Un nuage de tristesse passa sur le visage d’Adam.

— Le voilà.

Les clés de Salem tournèrent dans la porte d’entrée.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 12 Sep - 20:42

Documents n°1 : Albane de Maigret, Rubrique « savoir-vivre » du Bottin mondain
La conversation est un art qui se dispute au centre de la vie sociale et dans lequel l'esprit est roi. À un dîner, il incombe aux maîtres de maison de mener la conversation ; de la raviver quand elle s'éteint, de la rattraper quand elle dérape et de veiller à ce que chacun y participe. Si ce rôle est bien joué, chaque invité aura de la reconnaissance envers ses hôtes, comme le dit La Bruyère : " L'esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu'à en faire trouver aux autres. Celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit l'est de vous parfaitement.".


Salem fixait d'un air profondément songeur les documents que venait de distribuer sa professeure, pendant le cours de 13h à 15h [ce rp contient de vrais morceaux de cours de français, certifiés première fraîcheur et aoc]. les réflexions de La Bruyère lui passaient loin au-dessus de la tête, mais les mots dîner, conversation et content prenait une consonance très particulière dans son esprit, avec ce qui l'attendait ce soir. Ce n'est pas avec ça qu'il allait penser à autre chose que la rencontre au sommet entre lui, Adam et son père.Il soupira.

Depuis ses retrouvailles avec son fiancé, l'adolescent avait l'impression d'avoir une montagne de choses à gérer. Adam allait bientôt reprendre ses études, et même s'il avait une bourse, il allait falloir surveiller les dépenses, ensuite, il devait se reposer à cause de ses blessures récentes, Salem devait donc, par exemple, faire les courses. Ce qui posait déjà quelques problèmes, en partie parce que courses et économies allaient difficilement ensembles dans son esprit, mais surtout parce qu'il ne pouvait pas revenir avec les bras chargés de paquet de chips. Évidemment, ce n'était pas tout, comme ils avaient prévu de travailler ensemble leurs pouvoirs, Salem devait trouver des moyens d'exercer le sien. Et comme un peu à chaque fois qu'il devait penser à son pouvoir de façon à peu près concrète, cela lui posait pas mal de difficultés. Puis il y avait le mariage à organiser, suffisamment tôt pour que tout soit parfait. Mais sans doutes, le plus gros de ce qui l'attendait serait de longues conversations, sur le passé, l'ex d'Adam, la drogue, les Hamilton, sa mère, et puis sur le futur, sur leur enfant.

C'était déjà tout un programme, mais le destin avait dû juger que c'était encore beaucoup trop simple, et c'est pourquoi ce soir il y aurait son père, avec qui ses échanges avaient toujours été plutôt tumultueux, et qui entretenait avec Adam une relation pas très évidente non plus. Là encore, il allait y en avoir, de la conversation, Salem voyait d'ici son père revenir sur l'affaire du garage, sur, peut-être, ses tatouages qui étaient un peu trop visibles et nombreux à son goût, mais avec un peu de chance, il avait au moins abandonné l'idée de le caser avec une fille de bonne famille, ce serait déjà ça de gagné.

Qu'on ne s'y trompe pas, en tout cas, Salem aimait la mécanique, il ne voyait aucun mal à "réparer des voitures du matin au soir" et, l'air de rien, regarder des moteurs lui faisait exercer sa mémoire visuelle. Il surprenait d'ailleurs de plus en plus souvent Brad en découvrant l'origine d'une panne d'un seul coup d'œil, même quand les causes du problème n'étaient pas évidentes à voir. Quant à savoir s'il était capable de mieux, il n'en avait aucune idée, maintenant qu'il était dans une filière qui lui plaisait, ses notes n'étaient pas si mauvaises. Mais elles l'avaient été, cela lui avait fermées bon nombre de porte par le passé, et c'était surtout celles-là qu'il retenait, oubliant sans doute qu'il n'était pas mentalement dans le même état à cette époque que maintenant.

Après que le professeur qui était venu le voir plusieurs fois au garage lui ait fais un compte-rendu aussi long qu'élogieux sur son stage durant l'année écoulée – Brad semblait bien plus satisfait de lui qu'il ne le lui montrait, sans doute parce que c'est un gros sadique manipulateur. Salem sortit du lycée plutôt tard et prit le bus, il n'avait pas sortit sa moto aujourd'hui, de peur d'arriver à son immeuble en même temps que son père, et que ce dernier voit en direct sa façon de conduire. On est jamais trop prudent. Dans le bus, rien de notable, il y avait juste quelques jeunes retardataires, comme lui, des vieux qui rentraient du travail, et une brunette bizarre avec des dreadlocks qui lui tombaient en bas du dos, qui lui attrapa le bras pour chuchoter.

« Les sorcières dansent dans les buissons ardents… »
« Non, désolé, j'ai pas d'argent. »

Quand Salem débarqua dans son appartement, il avait déjà oublié cette histoire, les clochards et les vendeurs de journaux gratuits, il en voyait assez tous les jours.

« Oh, tu es en avance. »

Salem posa son sac à l'angle d'un mur et vint déposer une bise légère sur les lèvres d'Adam, parce qu'il n'était pas question de ne pas saluer son compagnon comme il se doit, même si la présence paternelle interdisait les trop grandes démonstrations d'affection. Inutile de traumatiser son père avant même d'avoir pris l'apéritif. En tout cas, il constata qu'Adam et lui ne semblait pas avoir tenté de s'étriper pendant son absence, c'était toujours ça de prit. Par contre, ils s'étaient tût à son arrivé, et un ange passa au-dessus du trio. C'était le moment de suivre les sages conseils de madame de Maigret, il fallait raviver la conversation.

« De quoi vous parliez ? »
« Heu… »

Avant, Jon prenait déjà mille précautions quand il tentait de parler avec Salem, mais cette fois, c'était pire, il était partagé entre l'idée rassurante qu'Adam n'était pas si monstrueux que ça et était au moins une partie de son côté sur certains aspects de la vie de Salem, et les milliers de choses qu'il lui restait encore à apprendre pour apprivoiser son fils. Courageux, il se lança.

« On parlait de… mutation. »
« De ma mutation ? »

Jon hocha la tête et Salem vint s'asseoir en face d'eux en soupirant, avec un manque de motivation évident, mais le commissaire ne se laissa pas faire par cette réaction toute adolescente.

« On est bien là pour parler, non ? Adam et moi avons promis de faire des efforts, mais si tu n'en fais pas aussi, ça ne sert à rien. »
« Oui, je sais… je vais en faire. »
« Content de l'entendre. Alors, ta… heu… mutation ? Tu mesures tout, plus ou moins ? »
« Et je mémorise, je ne sais pas trop jusqu'à quel point, et je calcule… »
« Okay, mais alors… »

Comme le disait Éric Fiat dans son essai publié dans Figures ordinaires de l'extrême – Document 3 – le bavardage consiste à parler de tout sauf de l'essentiel, et peut devenir un obstacle à toute parole de vérité. Et quand le père et le fils se mirent à détailler longuement les tenants et les aboutissants d'un pouvoir tel que celui de Salem, ce fut sans doute aussi pour éviter d'aborder des sujets nettement plus importants au stade où en était leur relation, mais beaucoup plus difficile.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 12 Sep - 21:12

Lorsque Salem fit sa gracieuse et soupirante apparition dans l’appartement conjugal, Adam tenta d’adopter un air aussi dégagé que possible pour ne pas réveiller chez son second futur beau-père des envies de meurtre. Il fit donc preuve d’une réserve remarquable et inhabituelle en présence de son fiancé, c’est-à-dire qu’il se contenta de le dévorer du regard en suivant le moindre de ses mouvements, de le fixer de ses yeux noirs et fascinés, avec un air absent et néanmoins ravi ce que Jon, qui avait surtout eu l’occasion d’observer Adam dans des situations violemment conflictuelles plutôt que dans la quiétude de son quotidien, ne manqua pas de remarquer.

La discussion s’engagea sur le pouvoir de Salem, une discussion d’amateurs, à l’humble avis d’Adam — et Salem n’était plus si amateur que cela, pourtant. L’Asiatique comprit vite que son cher et tendre faisait son possible pour temporiser et parler d’un sujet somme toute indifférent, puisque purement descriptif, au lieu de s’engager dans des considérations plus complexes. Alors, au bout de quelques minutes de ces considérations peu fertiles, Adam interrompit doucement :

— Il faudrait peut-être que nous y allions, pour ne pas manquer notre table.

Après tout, l’heure était déjà bien avancée. Adam se releva du canapé.

— Salem ? Tu veux bien m’aider ? Pour le pansement.

Une fois Salem habilement entraîné dans la salle de bain, Adam l’attrapa par les hanches, grimaça un tout petit de douleur et l’attira contre lui (mais pas trop contre lui) et l’embrassa avec bien moins d’innocence, avant de murmurer :

— Je t’aime. Zen. Ça va bien se passer.

Puis il retira sa chemise, parce qu’en vérité, il fallait tout de même changer le pansement. Au début, bien entendu, Adam avait tenté de le faire tout seul, pour ne pas inquiéter Salem, mais quand son fiancé l’avait retrouvé dans la salle de bain, épuisé nerveusement et un rouleau de gaz dévidé entre les mains, les larmes aux yeux, il s’était improvisé infirmier. Il fallait avouer que depuis sa mésaventure, Adam paraissait beaucoup plus fragile qu’auparavant et il n’était pas rare, la nuit, qu’il se réveillât en sursaut (et donc en douleur), après un cauchemar hanté par la réminiscence du coup de feu.

Mais ce n’était que passager, il le savait bien. Il le savait d’autant mieux qu’il avait à présent une psychologue pour l’aider à rationnaliser ce genre de choses. Les derniers jours avaient été éprouvants néanmoins, et il devinait bien qu’il en était de même pour Salem — très largement à cause de lui. Pendant que son petit ami approchait sadiquement avec une bouteille de désinfectant et du coton de sa cicatrice encore impressionnante, Adam murmura :

— Je crois que les choses s’arrangent un peu. Entre Jon et moi. Progressivement.

Le devin, en parlant à Salem, n’appelait jamais Jon « ton père », parce que Joseph Cordova lui semblait mériter ce titre bien plus que le commissaire. Le temps rendrait les choses plus compliquées, si les relations se maintenaient mais pour l’heure, même avec toute sa bonne volonté, Adam considérait machinalement Jon comme « à l’essai ». Adam planta les ongles dans les paumes de ses mains en sentant la morsure du désinfectant. Ce n’était pas une médiocre blessure et la sensation était des plus désagréables.

— On peut… On peut…

Adam inspira profondément.

— On peut convenir d’un code, si tu veux. Si vraiment la soirée te pèse, ou… J’sais pas. Un truc que tu dirais, et comme ça, on part, ou au moins, on change de sujet. Si c’est moi qui suis impoli ou brusque, ce s’ra pas trop grave. J’veux pas… Que ça fasse trop pour toi. Tu dois pouvoir aller à ton rythme.

Même traumatisé par son expérience qui avait failli lui coûter une bonne partie de ses entrailles, Adam n’en demeurait pas moins l’éternel protecteur qu’il avait toujours été. Il se tint bien droit pendant que Salem reconstituait habilement le pansement, un pansement très exactement semblable, millimètre pour millimètre, au précédent — les meilleurs infirmiers pouvaient céder leur place.

— Par exemple… « Je me demande ce que font les chats », ce sera si tu veux partir et… « Passe moi le sel, non, le poivre », pour changer de sujet.

De toute évidence, Adam avait bien réfléchi à la situation. Lire tous les livres de sa bibliographie de rentrée (et celle du semestre suivant, et celle des années suivantes) ne lui avait pas pris tant de temps qu’il ne lui en fût plus rester pour se ronger les sangs en réfléchissant au repas qu’il l’attendait ce soir-là.

Le jeune homme se releva et considéra le pansement dans le miroir. D’un air songeur, il murmura :

— T’es tellement gentil. De t’occuper de moi. T’es tellement…

Il secoua la tête et se retourna vers lui.

— T’sais, c’pas grave si on parle pas d’choses importantes, avec lui, ce soir. Au contraire, même. J’suppose que vous avez fait que ça, avoir des discussions sérieuses, la semaine dernière. Alors, je sais pas, vous avez peut-être, on a peut-être besoin, tous les trois, de parler de tout et de rien, tu vois. Juste pour… Pour avoir un moment où on se serait pas pris la tête.

Adam lui adressa son sourire le plus rassurant.

— Tu vois, te prends pas la tête. Ça va aller tout seul. Tu peux…

Il tendit sa chemise à Salem.

— J’suis désolé, j’arrive pas encore bien, tout seul…

Il se retourna, un peu honteux, pour que Salem l’aidât à remettre son vêtement, avant de lui faire face de nouveau en boutonnant les boutons.

— Tu crois qu’je suis assez bien habillé, comme ça ?

S’il s’employait autant à rassurer Salem, c’était peut-être que lui-même n’était pas très rassuré.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 15 Sep - 20:22

Jon allait de surprises en surprises depuis son arrivée, difficile en effet de faire concorder ce qu'il avait pu apprendre sur le fiancé de son fils, l'image réfrigérante qu'Adam s'était donnée jusque-là, et le jeune homme aimable et aimant qu'il avait maintenant sous les yeux. Car même si les tourtereaux se limitaient au stricte minimum en termes de démonstrations d'amour, les regards qu'ils se lançaient l'un et l'autre ne laissait pas de place au doute. Quand ils se replièrent finalement dans la salle de bain, Salem et Adam laissèrent derrière eux un commissaire plutôt pensif.

Une fois seul avec son fiancé, l'adolescent sembla respirer de nouveau, et laissa éclater sa nervosité en   se réarrangeant nerveusement les cheveux tandis qu'Adam se déshabillait.

« Je sais, oui, j'comprend pas pourquoi je suis comme ça. En tout cas tant mieux si ça s'améliore entre vous, c'est déjà ça. »

Salem n'aurait de toute façon pas permis à son père de dire du mal d'Adam, même à mots couverts, surtout après que ses hommes aient manqués de lui trouer la tête, et sans doute Jon devait le savoir aussi. Tout en parlant, il retira avec doigté le pansement, prouvant que, sans nuls doutes, le métier d'infirmier lui aurait parfaitement réussit. Quelques essais avaient suffit pour que le jeune homme trouve comment rendre le moment le moins désagréable possible, il surveillait à chaque fois l'évolution de la blessure pour doser la quantité de désinfectant afin de ne pas infliger plus de douleurs que nécessaire, et replaçait rapidement et impeccablement le nouveau pansement. Adam était de toute évidence entre de bonnes mains, ce qui n'empêchait pas Salem de grimacer de concert avec lui et de se sentir désolé à chaque fois qu'il renouvelait l'opération, mais bon.

Bien sûr, son compagnon le dépassait de loin en termes de prévenance et de responsabilité, Salem ne put qu'approuver son idée de code d'un franc hochement de tête. Voilà de quoi le rassurer pour de bon, en cas de problèmes il aurait quand même une porte de sortie. La perspective d'avoir une conversation qui ne tournerait pas autour des grands problèmes de leurs vies était elle aussi de bonne augure, des conversations difficiles, il en avait effectivement eu beaucoup ces derniers temps. Une petite pause ne ferait pas de mal.

« Ok pour le code, de toute façon j'ai déjà dis à Jon qu'on ne rentrerait pas tard. Tu as besoin de repos, surtout que tu ne dors pas très bien en ce moment. »

Un détail qui ne lui avait évidemment pas échappé, Salem prit ensuite la chemise pour aider Adam à la remettre et le regarda avec un mince sourire en entendant sa question inquiète.

« Tu es magnifique, y'a pas d'autres mots, et puis, hey… »

Il attrapa la main de son compagnon et se rapprocha de lui au maximum de ce que leur permettait sa blessure. Puis lui murmura avec une certaine tendresse.

« T'as pas à être désolé, ou reconnaissant, si je m'occupe de toi c'est pas par devoir, ou pour te faire plaisir. C'est parce que je t'aime, c'est tout, ça me pose aucuns problèmes. J'y réfléchis même pas. D'accord, mon amour ? »

Après un nouveau baiser, l'adolescent s'attarda encore un peu dans la salle de bain pour regarder son homme, un mince sourire flottant toujours sur son visage.

« T'es vraiment adorable. Enfin… je crois qu'on nous attend. »

Salem ne lâcha pas tout de suite la main d'Adam, préférant garder cette proximité rassurante jusqu'à l'entrée du salon, ce que Jon qui s'était levé pour partir ne put pas rater non plus. Dans le calme, le trio quitta l'immeuble et rejoignit la voiture du commissaire, pour rejoindre le fameux restaurant de son ancien collègue.
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyDim 15 Sep - 20:47

Magnifique, magnifique, c’était très bien quand il s’agissait de plaire à Salem, mais Adam n’était pas sûr que ses charmes, subtile alliance entre la fragilité de ses traits et la testostérone de ses muscles, fussent très efficaces sur Jon. Le jeune homme se regarda dans le miroir. Au moins avait-il mis une chemise, mais il se demandait s’il n’aurait pas dû faire plus. Jon était venu en costume, lui. Des costumes, il en avait plein les placards depuis son époque en politique, et se changer ne prendrait que cinq minutes, et…

Adam fut distrait de ses méditations vestimentaires — il faut croire que Salem déteignait sur lui — par son ami. Il quitta le miroir du regard pour observer un spectacle bien plus intéressant : les grands yeux bleus et mutants de ce charmant jeune homme. Absorbé, Adam l’écouta avant de hocher la tête et répondit dans un murmure :

— Je sais, ça. Maintenant, je le sais.

Et cela n’avait l’air de rien, mais Salem et lui comprenaient parfaitement que, pour Adam, une pareille évidence avait été une longue et difficile acquisition, qui laissait derrière un chemin chaotique de culpabilité inutile. Si Adam avait été traumatisé par le coup de feu, il y avait en contrepartie une amélioration notable dans sa façon de voir les choses et s’il ne parlait pas beaucoup des deux séances qu’il avait déjà passé chez sa psychologue de l’Institut, l’effet n’en était de toute évidence pas perdu.

Les Cordova-Tenseï se livrèrent après cela à l’une de leurs activités favorites : se contempler l’un l’autre avec un sourire benêt. Avant de se résoudre à tirer Jon de sa solitude méditative. Quelques minutes plus tard, Adam se retrouvait un peu mal à l’aise, sur le siège passager à l’avant de la voiture, parce que, avait prétendu Jon, rapidement soutenu par Salem, « ça secouait moins ». Oui, mais c’était à lui de faire la conversation.

Heureusement, Jon, qui était en infériorité numérique dans cette histoire, sentait la pression s’accumuler sur ses épaules.

— Alors, Adam, tu es de l’Institut ? J’ai rencontré un professeur de là-bas, une fois. Quentin Quire.

Jon jeta un coup d’œil dans le rétroviseur à Salem, qui avait aussi eu l’immense bonheur de goûter à cette soirée mémorable où Ulysses s’était fait enlever par un motard gigantesque et amoureux. Il fallait dire qu’Ivan avait une rude concurrence.

— Je sais.

Adam était affligé. Il s’était pourtant promis, cet après-midi là, en se préparant mentalement à l’épreuve du soir, d’y adopter un style de conversation un peu plus classique que celui qui était ordinairement le sien et qui semblait parfois exclusivement destiné à briser les nerfs de ses interlocuteurs pour les forcer à avouer leurs crimes les plus cachés. Il jeta à son tour un coup d’œil à Salem, avant de tenter :

— Je veux dire… ah bon ?

Jon esquissa un sourire : depuis qu’il avait vu Adam sous un autre jour, quelques minutes plus tôt, les particularités du jeune homme commençaient à s’intégrer dans un tableau bien différent de celui qu’il s’était peint d’abord et il commençait à comprendre ce que Salem voulait dire en qualifiant l’Asiatique de « adorable » et « fragile ».

— Oui, j’étais dans un panel avec lui, à une réunion.
— C’est un excellent professeur. Enfin, je n’ai pas suivi de cours avec lui, évidemment, mais j’ai pu lui parler parfois et il a toujours été d’excellents conseils.

Jon découvrit incidemment un deuxième phénomène typiquement adamien : la capacité du devin à adopter un niveau de langage beaucoup plus soutenu que celui qu’il laissait ordinairement paraître. Décidément, ce jeune homme était beaucoup plus étrange qu’il ne l’avait d’abord soupçonné. Adam, de son côté, était très fier d’avoir réussi à fournir une réponse normale et conversationnelle.

Il s’enhardit même jusqu’à relancer la discussion :

— Et donc, ce restaurant, c’est un ami à vous qui le tient ?
— Oui, un ancien du commissariat 22, où j’ai travaillé un temps. Il a toujours voulu faire cela. Souvent, les anciens flics ouvrent des bars, mais lui, c’est un vrai restaurant. Il s’appelle Jack O’Keefe.
— Oh.
— Quoi ?
— Je le connais.

Il y eut un silence un peu tendu dans la voiture. Jon lança un coup d’œil à Adam. À tous les coups, O’Keefe avait arrêté le fiancé de son fils lors d’une enquête sur une série de meurtres macabres. Les présentations s’annonçaient compliquées. Adam, qui devinait le genre de suppositions qui fleurissaient dans l’esprit de son futur beau-père II, précisa bien vite :

— C’est un ami de mes parents.

Jon en oublia de redémarrer au feu vert. Des voitures klaxonnèrent derrière lui et le véhicule reprit sa marche.

— Tes parents…

Avec toutes ces histoires de mutants, de conspirations, de prouesses d’enquêteur, il en avait oublié qu’Adam était un gamin de vingt-et-un ans qui avait… des parents.

— Oui, ils se sont rencontrés à un stage d’œnologie, je crois. Ils sont dans une association, qui parcourent les vignobles, quelque chose comme ça, je n’ai jamais trop compris exactement.

Comme toute personne qui prenait brusquement conscience qu’Adam, à côté sa propension à apparaître cinq secondes avant un carnage avec des déclarations cryptiques, avait une vie normale, Jon essaya de se représenter les dîners de famille chez les Tenseï. Ça faisait froid dans le dos. Il regarda à nouveau Salem et ne put s’empêcher de demander :

— Et toi, mon grand, tu les connais, les parents d’Adam ?
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 26 Sep - 19:42

Assit à l'arrière, Salem était presque sage, tout juste tripotait-il d'une main distraite un fil qui dépassait sur la housse des sièges. Il était toujours un peu tendu, et jetait sans arrêt des coups d’œil à son père et son fiancé. Heureusement, Jon prit la situation en main et ne laissa pas le silence s'installer entre eux, et c'est avec un mélange de surprise et d'admiration béate que l'adolescent le regarda commencer avec Adam une conversation tout à fait civilisée. Son compagnon ne s'y était pas trompé, les choses s'étaient belles et bien arrangées entre eux. Soulagé, il les écouta sans même songer à s'immiscer dans la conversation malgré les regards qu'il sentait parfois se poser sur lui – il lui aurait fallut du pop-corn. Il ne fut pas plus surprit que ça d'apprendre qu'Adam connaissait l'ancien collègue de son père, après un an passé à ses côtés, il savait très bien qu'il connaissait le quart des habitants de New-York, ou pas loin, mais la « normalité » de cette relation était néanmoins étonnante, même pour lui, et rassurante à la fois. C'était toujours bon de voir qu'Adam, malgré tout ce qu'il avait pu vivre, restait un jeune homme ordinaire – en mieux, bien sûr, c'est son Adam, il est donc absolument parfait.

Il était très occupé à poser sur son compagnon un regard brûlant de passion quand son père lui jeta un coup d'œil de plus depuis le rétroviseur pour lui poser une question. L'adolescent eut immédiatement un grand sourire.

« Oui, bien sûr ! Ils sont géniaux, je les ai vus assez souvent même, ils m'ont appris la comptabilité pour que je puisse gérer mon futur garage, parce qu'ils tiennent une épicerie, en fait. Je leur donne des nouvelles d'Adam aussi, vu qu'il ne les appellent jamais, j'arrête pas de lui dire pourtant, mais non, on dirait qu'il est allergique au téléphone, c'est désespérant. Sa mère est une super mécanicienne, d'ailleurs. Sinon son frère aussi est super cool, par contre il est trop nul au basket, il sait même pas dribbler, on dirait qu'il a jamais touché un ballon de sa vie. Ah, en parlant de ça, faudra qu'on se fasse un match, un jour, c'est un peu une tradition, t'vois, même Cassidy y est passée, elle se débrouille bien d'ailleurs ! Heu, de quoi on parlait ? Ah oui, y'a sa sœur aussi, mais je l'aime moins, désolé hein, Adam, mais c'est elle qui m'aime pas trop de toute façon. Juste parce que madame est prof et que moi, bah je suis pas super en cours et tout et tout, pfff... »

Salem s'arrêta pour faire une moue boudeuse, l'air de se remémorer sa rencontre avec Laura, Jon, quant à lui, semblait conduire de façon presque automatique tout en ayant l'esprit ailleurs. Le portrait familial qu'avait rapidement dépeint Salem était très loin de correspondre à ce qu'il s'était imaginé, et là encore tout portait à croire qu'en dehors de l'énorme dossier qu'il avait pu voir au sujet du devin, celui-ci menait une existence des plus ordinaires. Mais il n'y avait plus important à ses yeux, en quelques secondes de babillages, Salem en avait presque plus livré sur lui-même qu'en une semaine de discussions difficiles. Déjà, son projet de garage n'était pas une idée en l'air, il travaillait pour ça, ensuite il venait aussi de démontrer l'importance qu'avait la famille à ses yeux, ne serait-ce que par son envie de voir Adam appeler ses parents de temps à autre.

Voyant qu'ils étaient plutôt en bonne voie, Jon tenta d'aller encore un peu plus loin.

« D'accord pour faire un match de basket, mais si tu crois que je suis rouillé, tu vas être surpris. J'en fais toujours, chaque semaine. Même si mon club n'est pas du tout au niveau du Boston College, bien sûr. Et sinon, heu... tes parents, à toi... »

Jon ne savait pas exactement comment poser la question, mais Salem avait déjà redémarré de toute façon.

« Toi aussi tu es allé au Boston College ? Tu voulais devenir pro ? Je crois que je préfère que le basket reste un jeu pour moi, là, c'était trop... Les Cordova ? »

Salem posait la question comme s'il pouvait avoir d'autres parents encore, il poursuivit avec un air légèrement mélancolique.

« Ils m'ont sauvé la vie, j'sais pas pourquoi ils m'ont choisis ni pourquoi ils m'ont gardé, mais heureusement qu'ils étaient là. Ma mère, c'est juste la meilleure, en plus elle connaît pleins de recettes trop bonnes, et mon père, il est pas tellement bavard, mais il m'a apprit pleins de trucs. Après y'a ma sœur, elle, je comprends pas, avant elle était tout le temps dans mes pattes et elle me racontait tout, et maintenant elle s'enferme dans sa chambre avec sa musique nulle, elle met des décolletés et du maquillages pour plaire aux garçons et elle veut même se faire des piercings et des tatouages. C'est vraiment n'importe quoi. »

Jon regarda la route pour cacher son sourire moqueur devant l'air révolté de son fils.

« Tu ne veux pas que ta petite sœur se tatoue… »
« Non. C'est qu'une gamine encore, elle se rend pas compte que ces trucs, c'est pour la vie. »
« Mais tu avais quel âge quand tu as commencé à te tatouer, toi ? »
« … Aucuns rapports, moi je savais ce que je faisais, puis c'est une fille, voilà. Mon frère, par contre, il est cool, il me raconte ses bricolages, ça, c'est bien. J'espère qu'Ashley redeviendra normale quand elle aurait fini sa crise d'adolescence. »

C'est sur ces mots que la voiture se gara dans le parking, devant un charmant restaurant. Avant de sortir de la voiture, Jon s'empressa tout de même de glisser.

« Et... tu leur a parlé de moi ? »
« Oui, depuis un moment. »

Voilà de quoi le faire stresser un peu plus à ce sujet.


Dernière édition par Salem Cordova le Jeu 26 Sep - 20:48, édité 1 fois
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: Casse-tête chinois (Salem)   Casse-tête chinois (Salem) EmptyJeu 26 Sep - 20:28

Si Adam n’avait pas été récemment grièvement blessé et si Jon n’avait pas été en train de conduire juste à côté de lui, il aurait probablement sauté sur la banquette arrière pour faire un câlin à Salem, mais un câlin très chaste, parce que Salem venait d’atteindre — c’est la soirée — un pic de mignonnitude. Comme Salem venait de le faire, Adam observait son fiancé dans le rétroviseur avec l’air d’un architecte découvrant pour la première fois une merveille du monde ou d’un mathématicien devant la solution à toutes les équations énigmatiques de son existence.

Le fait que leur existence, en dehors de ce léger incident pendant lequel il avait pris une balle dans le ventre et une autre contre la tempe, était plus solide et liée que jamais, ne jouait pas un médiocre rôle dans son admiration. Mais surtout, en entendant Salem parler de tous ce qu’ils pouvaient faire avec ses parents, de leurs projets, des Cordova, il se rendit compte à quel point sa vie était normale, différente du tourbillon d’horreurs qu’il avait connu pendant de longues années : tout le chemin parcourut lui apparaissait plus clairement dans l’enthousiasme naturel de son petit ami.

Quand ils descendirent de voiture et que Jon les précéda de quelques pas, plongé dans ses pensées maintenant qu’il envisageait plus sérieusement le jour où il rencontrerait Mama Cordova et son regard réprobateur, Adam attrapa la main de Salem, l’arrêta et l’attirer près de lui, pour murmurer avec une lueur de franche démence dans le regard (AOC Cordova-Tenseï garantie) :

— Je t’aime, tu es parfait, tu es merveilleux, tu es tellement, tellement intelligent, tu es tellement gentil, tu as changé toute ma vie, tu es toute ma vie, j’en reviens pas tellement j’ai de la chance que tu existes et que tu sois avec moi, je suis tellement, tellement, tellement heureux.

Et si pour certains « être heureux », ça se disait comme « j’aime la confiture », Salem connaissait assez Adam pour savoir que ce mot-là, chez lui, ne s’employait guère au hasard. Rendre Adam Tenseï heureux, c’était après tout remporter une victoire contre ce que New York connaissait de plus sordides comme crimes, contre les souvenirs les plus traumatiques et les futurs les plus noirs de milliers et milliers de personnes.

En oubliant un peu Jon, qui essayait différentes approches dans son for intérieur, hésitant entre « Je suis Jon Cordova » ou « Je suis le papa de Salem » ou « Vous savez, au fond, je suis un chic type », Adam glissa une main sur la nuque de son fiancé et l’attira dans l’un des baisers langoureux dont ils avaient le secret. Il fallut encore quelques secondes à Jon pour se retourner et constater que l’autre main d’Adam s’approchait dangereusement des fesses de son fils chéri et que son fils chéri palpait consciencieusement les pectoraux d’Adam.

Il avait beau être relativement ouvert d’esprit, il y avait des visions comme celles-ci qu’il eût préféré éviter, d’autant que la manière de s’embrasser des Cordova-Tenseï était parfois (légèrement) suggestive et que Jon retrouva de vieilles questions inavouables comme de savoir comment les rôles se répartissaient, entre ces deux-là, quand ils allaient plus loin qu’un baiser. Peu désireux d’en apprendre plus sur les habitudes d’accouplement des Cordova-Tenseï, Jon se racla bruyamment la gorge et d’une voix tout de même mal assurée, appela :

— Euh, les garçons… ? C’est quand vous voulez.

Et il ne mesurait pas sa chance, Jon, quand les Cordova-Tenseï consentirent à se séparer l’un de l’autre. Le policier se retourna aussi sec, pas franchement à l’aise à l’idée de croiser le regard de son fils après une telle démonstration et, main dans la main, Salem et Adam lui emboitèrent le pas à l’intérieur du petit restaurant. La trattoria tenait le milieu entre le restaurant gastronomique guindé et la table familiale, dans une ambiance distinguée mais chaleureuse : peu de tables, une musique discrète et un personnel qui ne pêchait pas par excès d’obséquiosité.

Jack contourna le comptoir pour serrer vigoureusement la main de Jon.

— Commissaire, ça fait plaisir de vous voir !
— Appelez moi Jack. Vous ne connaissez pas encore mon f…
— Adam !

Adam serra vigoureusement la main de Jack, qui n’avait pas l’air surpris de lui voir tenir de l’autre celle d’un garçon.

— Tu sais que tes parents et moi, on part bientôt pour la France, pendant une semaine, en Bourgogne, visiter les vignobles. Tu devrais nous accompagner.
— Oh, moi, tu sais…
— Je sais, je sais. Vous, les jeunes, vous ne connaissez pas les bonnes choses. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de t’en faire goûter quand tu étais petit, du bon vin.

Jack se retourna instinctivement vers le commissaire.

— À petites doses, bien sûr, à petites doses. Mais je l’ai connu, il n’était pas plus grand que ça, le petit.

Il fit un geste de la main.

— Toujours en maraude. Et celui-là…

Jack posa vigoureusement la main sur l’épaule de Salem.

— C’est Salem bien sûr.

Manifestement, il était difficile de l’arrêter dans son élan.

— Tu sais que Kunsaki parle toujours de toi, mon garçon. C’est drôle, d’habitude, s’il parle toujours de ses enfants, il n’est jamais très bavard sur les compagnons et les compagnes. Mais toi, tu as l’air de lui avoir plu. Pourtant, il est difficile, Kunsaki, avec ses petits protégés.

Jack adressa un clin d’œil à Adam, sans réaliser manifestement que l’Asiatique était un peu surpris que son père pût parler élogieusement de lui à ses amis, en son absence. Et un peu ému.

— Toi, tu aimes le vin, j’espère. J’ai un petit cru dont vous me direz des nouvelles. Et votre fils, commissaire, il est où ? Je croyais que vous veniez dîner avec votre fils ! Je ne savais même pas que vous aviez un fils, dites, mais je suppose, vous avez raison, mieux vaut garder sa vie privée au boulot. Marcy — c’est ma femme — Marcy dit toujours…

Jon, qui connaissait l’animal, glissa habilement :

— Salem est mon fils.

Ce qui suffit pour interrompre Jack. Le restaurateur regarda tour à tour Jon, Salem et Adam, avant de murmurer :

— Eh bien ça alors, eh bien ça alors…

Puis il reposa vigoureusement la main sur l’épaule de Salem et chuchota sur le ton de la confidence :

— Hé, mon garçon, tu as de la chance : j’ai des histoires compromettantes à te raconter sur ton copain et sur ton père. Si avec ça t’arrives pas à les faire chanter…

En attendant, il ne paraissait pas pressé de les conduire à leur table.
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