Hella était affalée dans son canapé, une fuite au plafond commençait doucement à lui taper sur le système. Ploc… Ploc… Ploc… Les gouttes tombaient dans un seau comme pour rappeler l’évidence : Elle n’aurait jamais les moyens d’apporter un logement décent à Phen. Comment ils en étaient venus à vivre ensemble, déjà ? Ca s’était fait tellement naturellement qu’elle en avait oublié les détails mais, maintenant, elle doutait. Elle avait passé tellement de temps à fuir les gens et voilà qu’elle était un appartement avec lui. Il finirait par partir, elle le savait, ça avait toujours été comme ça dans sa vie, pourquoi avait-elle accepté ? Et, surtout, pourquoi commencer à se poser des questions maintenant ?

Dans ses mains, le vestige d’une ancienne pub sur papier, elle n’arrivait pas à s’empêcher de relire le mot manuscrit qui était dessus : « Comme promis, je te laisse tranquille, mais si tu as envie de parler de tout ou de n’importe quoi, tu sais où me trouver, Quentin ». Elle se souvenait du moment où elle l’avait ramassé, Hella avait été directement à sa poubelle, en avait ouvert le couvercle mais, elle n’avait jamais réussi à lâcher le papier à l’intérieur. Elle en souriait presque, se sentant débile de l’avoir encore dans les mains, une semaine plus tard. Ça ne lui ressemblait pas. Nouveau sourire ironique. Elle ne se reconnaissait plus. Elle avait passé tellement de temps à se construire, à avoir cet air j’m’en-foutiste, à se protéger des autres, … Une rencontre devant l’institut, un prof qui voulait absolument avoir des réponses et elle s’était perdue en route, détruisant tout ce qu’elle avait construit.

Une semaine… Elle avait dit être malade, en sachant qu’elle ne duperait personne mais, elle avait besoin de temps, et tant pis si son contrôleur judiciaire faisait des siennes. Phen, c’était lui qui ne parlait jamais personne – sauf à elle – et, pourtant, c’est elle qui n’avait pas prononcé un mot de toute la semaine. Pourquoi dire quoique ce soit ? Ce plaindre, dire que ça n’allait pas ? Elle ne savait même pas comment faire ce genre de chose et, par-dessus tout, elle n’en avait pas envie. Parler de tout ça rendait juste les choses réelles, montraient qu’elle était vulnérable… Elle n’y arrivait pas. Ne pouvait pas. Et puis, un jour, faut se réveiller. Elle ne pouvait pas rester là, en boule sur son canapé, ou assise n’importe comment, à voir la bouffe que Phen lui préparait s’empiler sur ce qui servait de table basse. Se relever, repartir, il n’y avait plus que ça à faire.

Et puis il y avait cette carte, ce fameux mot. Elle avait dénigré ces quelques phrases, trouver ça stupide, inutile. Pourtant elle devait bien savoir que ça lui servirait un jour, sinon pourquoi la garder ? Elle n’était toujours pas convaincue que parler était une solution mais, elle venait d’avoir la preuve que rester dans le mutisme ne fonctionnait pas non plus. Elle essaya de se souvenir de son emploi du temps pour en venir au fait que son dernier cours de la journée était avec Quentin et, vu l’heure, c’était sûrement son dernier cours à lui aussi. Un signe ? Elle n’avait jamais vraiment cru à toutes ses conneries. Puis, sans vraiment y réfléchir davantage, elle se leva, se doucha, s’habilla et attrapa les clés de l’appartement et de la voiture. Phen était là, à la regarder étonné, elle tenta de lui sourire.

« Faut que j’aille en cours. On se voit plus tard. »

Les premiers mots qu’elle lui collait depuis une semaine. Elle s’expliquerait, elle lui raconterait mais, pas maintenant, elle devait s’en tenir à sa décision. Phen avait un pouvoir de compréhension hallucinant, rien que pour ça elle avait envie de le remercier. Peut-être qu’elle attraperait quelque chose à manger en rentrant, elle verrait. Le trajet jusqu’à l’institut fut horriblement long avec de nombreuses envies de faire demi-tour. Elle n’était venue que pour un cours, le premier d’une longue lignée. Elle l’espérait. Son sac à dos sur une épaule, elle avait presque l’impression de raser les murs, sans lever la tête, ne voir personne, ne reconnaitre personne, qu’on lui laisse faire sa vie. Puis, la salle de cours. Elle se stoppa devant, le cours avait déjà commencé depuis 10 minutes, elle pouvait encore faire marche arrière. N’importe quoi, tout ce trajet pour renoncer maintenant, c’était encore plus stupide que de rester chez elle sur son canapé. Elle tenta de se tenir droite et inspira la plus grande goulée d’air qu’elle était capable. Ok, c’est bon. Courage. Hella frappa à la porte pour l’ouvrir doucement peu de temps après.

« Désolée. Faut croire que j’ai eu du mal à trouver la salle. »

Excuse foireuse qu’elle aurait été capable de sortir avant, tellement pas crédible que ça prouvait qu’elle était arrivée volontairement en retard. Les choses étaient différentes aujourd’hui mais, elle devait donner le change, faire croire qu’elle était juste elle, comme d’habitude, que rien ne s’était passé. Elle ne savait pas à qui elle voulait le faire croire, surement à elle-même, parce qu’elle n’avait rien de crédible, même pas un air revanchard sur le visage, réponse qui manquait d’ironie et un regard trop fuyant pour prouver une quelconque fierté. Elle espérait au moins avoir convaincue la plus part des élèves, peu regardant et qui ne la connaissait pas tant que ça. Elle ferma la porte derrière elle et alla s’installer au fond de la salle.

Hella passa une heure à gribouiller sur son cahier, incapable de se concentrer sur le cours. Au moins, elle restait calme, sans faire de réflexion, sans partir sans prévenir, sans chercher une connerie à faire. En fait elle réfléchissait surtout à la façon de rester à la fin du cours, de ce qu’elle devra dire ou, alors, de sa fuite rapide au moment même où la sonnerie se fera entendre. Option envisageable, tentante mais trop peu en accord avec toutes les démarches qu’elle avait fait jusqu’à présent. En fait, elle cogitait tellement qu’elle était incapable de dire sur quoi le cours portant, mieux encore, elle ne vit pas le temps passer. La sonnerie se fit entendre et tout le monde rangea ses affaires – si ce n’était pas déjà fait – avant de s’enfuir de la salle de cours. Et elle, comme une débile, elle était restée là, plantée sur sa chaise, à demi affalée, les mains sur ce qui lui servait de bureau, les yeux rivés sur ses gribouillages jusqu’à ce que tout le monde soit partit.

« Je… Euh… Waouh… Elle laissa échapper un très léger rire nerveux en s’ordonnant mentalement de se reprendre et en se forçant à relever les yeux vers lui. J’avais prévu un tas de phrase à dire et, vraiment, je m’étais entraînée pour les balancer d’un coup mais… Là, tout de suite, je ne sais même plus pourquoi je suis là. C’est débile, hein ? »

En tout cas, elle trouvait que ce l’était, surtout qu’elle savait très bien pourquoi elle était là. Besoin d’aide parce qu’elle n’arrivait pas à se relever. Sauf que voilà, elle était Hella et, elle ne savait pas comment demander ce genre de chose. D’ailleurs, elle ne savait même pas comment faire pour accepter de l’aide, il n’y avait pas plus handicapé qu’elle dans ce domaine. Et c’est parce qu’elle ne savait pas faire ce genre de chose qu’elle se tourna vers la demande de repli, celle qui était la moins compliquée à formuler en se disant que c’était toujours mieux que rester là, plantée comme une abrutie qui ne sait pas ce qu’elle veut.

« Je voudrais changer de tuteur parce que… enfin, je préfère ne plus avoir à croiser celui que j’ai actuellement. Et euh… en même temps, je ne savais pas à qui m’adresser mais la demande est sûrement à faire à la direction et, du coup, là, je suis en train de vous faire perdre votre temps. Désolée. »

C’était sûr, ce genre d’exercice n’était pas son fort. En fait, elle se trouvait tellement con avec sa demande qui ne devait pas être faite ici – enfin, elle n’en savait rien – qu’elle commençait déjà à ranger ses affaires dans unes certaines précipitation due à une nervosité impressionnante. Et le nervosité c’était vraiment un truc de pas cool parce que ça déclenchait souvent sa mutation et que la télépathie ce n’était pas son fort. L’idée était de ranger ses affaires au plus vite, se lever et partir en courant parce qu’elle avait réellement l’impression de lui faire perdre son temps. Qu’est-ce qu’on s’en foutait des états d’âme d’une gamine de son âge, hein ?

Heureusement qu’il n’avait pas arrêté le cours pour elle, qu’il avait réussi à le reprendre – bien que le fait d’avoir été surpris de la voir jouait en sa faveur – parce qu’elle n’aurait pas aimé être le centre d’une attention qu’elle n’avait pas voulu. C’était bien assez compliqué pour elle pour ne pas avoir à assumer un tas de regard interrogateur. Jamais elle n’avait autant été dans sa bulle pendant un cours, ne remarquant même pas les regards qu’il avait pu lui lancer parce que… Eh bien, parce qu’elle ne voulait rien voir. La fin du cours avait été une bonne chose et une mauvais à la fois tellement elle ne savait pas comment aborder les choses. Lui était bien plus doué qu’elle dans ce domaine parce que, sans même s’en apercevoir, elle avait réussi à avoir un très, très léger sourire quand il expliqua avoir une conception de la débilité élastique.

Une action qui ne l’avait pas aidé à se sentir plus à l’aise, pourtant ce prof avait toujours fait les choses dans les règles, même dans sa façon d’approcher en lui laissant son espace vital. La preuve, c’est à son cours qu’elle avait décidé de revenir et de rester mais, ranger ses affaires, fuir, c’est quand même ce qu’elle faisait de mieux, non ? Un cahier était en train d’être mit dans son sac quand elle se stoppa, suspendant son geste en relevant les yeux vers lui, qui venait de lui demander de ne pas s’excuser. Elle ne le dérangeait pas ? C’est un regard un peu septique qu’elle lui avait lancé en premier, pendant qu’elle continuait à l’écouter.

Enfin, elle avait bien compris le première fois qu’il avait laissé comprendre qu’elle pouvait venir lui parler mais, jusqu’à présent elle s’était surtout dit que c’était parce qu’il était prof, qu’il faisait juste son boulot. Elle ne savait pas ce qui était en train de lui faire changer d’avis à ce sujet, pour tendre vers le fait qu’elle ne le dérangeait vraiment pas et que ce n’était pas qu’une histoire de travail. Peut-être qu’elle avait juste envie d’y croire parce qu’il lui était plus facile de parler en sachant qu’on l’écoutait. Elle n’en savait rien, c’était un bordel sans nom à l’intérieur de sa petite tête. Ça doit être à ce moment qu’elle décida d’abandonner, de laisser son sac sur la table avec ce cahier à moitié dedans, et qu’elle se remit sur sa chaise.

Elle haussa un sourcil à sa dernière phrase. Il ou elle ? Voilà, c’est bien ce qu’elle disait, elle n’était vraiment pas douée dans sa façon de faire les choses, ça lui avait semblé tellement évident qu’elle parlait de lui. Sinon, pourquoi venir lui en parler ? Mais ce qui semblait être une évidence pour elle ne l’était pas forcément de l’autre côté et, en y réfléchissant bien, elle pouvait le comprendre vu qu’elle n’avait rien dit clairement. D’un autre côté, c’était le genre de chose qui lui était difficile. Avec Logan, malgré les différents qu’elle avait avec lui, les choses n’avaient pas forcément besoin d’être dite et, c’est peut-être ce qui lui avait convenu jusqu’à ce qui débarque chez elle.

« Euh… Son regard se braqua sur son index, posé sur la table à former des ronds inutiles mais qui avaient au moins le mérite de l’occuper et d’éviter de trop penser. C’est à vous que je voulais le demander »

Son index cessa de faire des ronds sur la table comme si elle venait de se rendre compte de ce qu’elle venait de dire. Est-ce que ça sonnait trop comme une demande d’aide ? Tout était à nouveau en train de partir en vrille dans son crâne sans rien pouvoir y faire. Elle ferma les yeux un très court instant avant de les ouvrir à nouveau et de balancer son regard vers le professeur Quire.

« Mais si ça pose un conflit ou, je ne sais pas moi, enfin ce n’est pas grave. Ça peut rester comme c’est, je suppose. Après tout, avoir un tuteur n’obligeait pas à aller lui parler avec le sourire, non ? C’est juste que dans la mesure où je dois rester dans cet institut, j’aimerais autant pouvoir l’éviter un maximum parce que… Sérieux, qu’est-ce qui s’est passé ? »

Qu’est-ce qui avait pu se passer pour qu’un prof décide de venir chez elle, en appeler un autre pour fouiller dans sa tête si elle ne voulait pas répondre. D’accord, l’école n’avait jamais été une grande partie de sa vie mais, quand même, de mémoire les choses ne se passaient pas comme ça. Puis finalement, il faut croire qu’elle venait d’ouvrir une vanne parce qu’elle leva un peu les mains, en geste d’incompréhension avant de reprendre.

« Enfin j’en sais rien moi mais, les choses n’étaient pas censées se passer de cette manière. »

D’un autre côté elle se trouvait un peu injuste de venir lui dire ça à lui, parce qu’elle se souvenait l’avoir vu étonné par la situation en ne donnant pas vraiment l’air d’être du « côté » de Logan ce jour-là. Et puis, de toute façon ce n’était pas le vrai problème qu’elle rencontrait. Ce qu’elle ne savait pas, c’était comment elle devait faire pour se relever, mettre cette histoire derrière elle et se relever. Son contrôleur judiciaire lui avait bien foutu un psy dans les pattes qu’elle avait vu au commissariat et qui lui avait demandé de réfléchir à un tas de chose mais, elle n’y voyait pas plus clair. Elle ne savait pas tellement à qui elle en voulait : Daken, Logan, l’institut en lui-même ou, simplement elle parce qu’elle n’arrivait pas à passer à autre chose ?

Si Hella ne criait pas, on pouvait quand même comprendre qu’elle avait un réel problème avec toute cette histoire parce qu’elle s’agitait un peu, ses mains faisant des mouvements dans tous les sens pendant qu’elle parlait. Elle détestait être dans cet état, encore plus devant quelqu’un mais, c’était ça ou rester chez elle… La situation ne lui convenait pas, mais elle se devait d’essayer.

Ce qui était certain, en revanche, concernant cette histoire de tuteur c’est qu’elle ne voulait pas que le prof puisse avoir un problème, ou même que Logan lui tombe dessus parce qu’elle avait décidé de changer. L’idée que ce soit son choix à elle avait quelque chose de réconfortant mais, enfin, il y avait eu assez d’histoire comme ça et elle ne voulait pas en alimenter de nouvelles.

Aucune idée des raisons qui la rendait comme ça avec lui, non plus. Le fait qu’il ait été présent quand Logan s’était pointé avait grandement joué en la faveur du professeur qui, plus qu’un problème, avait été une sorte d’allié dans cette histoire, ne répondant pas aux exigences de Logan. Parce qu’elle avait besoin d’aide, qu’elle avait repassé ses possibilités dans tous les sens et que c’était le numéro de téléphone qu’il avait laissé qui avait refait surface. Quentin s’était, finalement, retrouver au « bon » endroit, au « bon » moment en laissant les bonnes choses derrières lui. Il était peut-être la solution de facilité, celle qui permettait à Hella de ne pas avoir à trouver quelqu’un d’autre en expliquant une énième fois tout ce qui avait pu se passer.

Puis, il faut avouer que le professeur avait toutes les qualités requises pour quelqu’un comme Hella. Suffisait de la voir, rien qu’à le voir lever doucement les mains, elle s’interrompu, pinçant ses lèvres pour être certaine de ne pas laisser achopper autre chose. Il n’aurait pas été prof, qu’il est aurait probablement fait un bon psy, ou un truc dans le genre. Ces personnes naturellement douées pour écouter les autres et les pousser à parler en retour. Tous ces trucs sociaux qui la dépassaient complètement. Hella était en plain changement et, le pire dans tout ça, c’est qu’elle ne le savait pas encore. Un léger soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres. Le changement ne posait pas de problème, elle n’avait vraiment pas envie de se retrouver face à Logan, encore moins risquer de lui poser des problèmes. Pour le moment, elle avait juste envie d’être tranquille, que rien d’autre ne lui retombe sur le coin de la figure.

Le fait même qu’il lui donne raison avait quelque chose de rassurant. Le corps professoral pouvait se « diviser » ne pas accepter les décisions d’un autre prof et faire front avec ce dernier juste pour donner une image d’unité. Ça ne lui expliquait pas ce qui s’était passé mais, au moins, ça avait le mérite de ne pas bloquer toute conversation. Elle se détendit un peu sur sa chaise mais s’interrogea parce que, dans le fond, il n’avait pas réellement répondu à sa demande. Changer de tuteur, c’était possible. Que ce soit lui ? Elle dû attendre un peu mais finalement, il avait repris la parole pour lui dire oui. Un bref sourire apparu sur son visage qu’elle s’efforça d’effacer très vite parce qu’il ne fallait pas lui donner trop de satisfaction quand même. Elle redressa la tête, dans un air étonné à sa question.

« C’est légal ce genre proposition ? »

Que ce soit clair, Hella ne voyait rien de mal dans cette demander mais, elle faisait des gros efforts pour reprendre pied et, ce genre de réponse, c’était elle. Ce n’était peut-être pas aussi spontané que ça aurait pu l’être en temps normal, c’était plus amusé qu’ironique et agressif mais, il y avait un peu d’elle dedans. C’est ce qui comptait, non ? Elle secoua néanmoins la tête pas certaine de vouloir bouger d’ici. La principale raison se trouvait dans le fait qu’elle n’avait pas envie de traverser les couloirs de l’institut avec le professeur. Elle se sentait déjà assez faible psychologiquement sans avoir besoin que tout le monde le sache. C’était typique des gens qui avaient envie de cacher quelque chose, quoiqu’ils fassent, ils avaient l’impression que tout le monde autour d’eux comprenaient le problème. Une sorte de paranoïa à la con. Chose que, bien évidemment, elle préféra garder pour elle.

« Vous n’êtes pas supposé me dire de rattraper ma semaine d’absence plutôt que de me proposer un truc à boire ? »

Mais il devait le savoir, lui demander d’attraper ses livres et d’aller bosser n’était pas dans l’ordre de ses priorités. Ça ne l’était déjà pas spécialement avant, là, aujourd’hui, ça l’était encore moins. En fait elle ne savait pas trop ce qui entrait en ordre de priorités, comme elle ne savait pas réellement ce qu’impliquait avoir un tuteur. Elle avait eu Logan mais… Enfin, il était venue la chercher, l’avait ramené ici, l’avait informée que si elle ne voulait pas rester enfermée dans l’institut elle pouvait faire le mur – à condition de le faire intelligemment -, pour finir chez elle. Autant dire que, pour elle, un tuteur ne servait pas à grand-chose ou alors, et elle n’en doutait pas, Logan avait un tas de chose à apprendre.

Hella se rendait compte qu’elle avait plus d’interrogation qu’elle ne le pensait. Pas seulement sur ce qui s’était passé mais sur ce qui allait se passer après. Elle en voulait plus qu’elle ne voulait bien le dire à l’institut. Ils embauchaient des incompétents, elle ne voyait pas en quoi elle devait en subir les conséquences. Sans parler qu’à écouter Logan, c’est des personnes de l’institut qui lui avaient caché des choses l’amenant à venir chez elle. Hella n’était pas prof, ni directrice et encore moins pédagogue mais, quand même, elle arrivait à trouver qu’il y avait des choses à revoir dans leur organisation. Elle haussa les épaules.

« Ça me va. »

Elle se releva pour attraper ses affaire et mettre son les bandoulières de son sac à dos sur une seule épaule, les gardant dans un de ses mains au passage. Elle avait à peine fait quelques pas qu’elle se retourna vers Quentin.

« Euh, et on va où en fait. Les cuisines ? »

Peut-être qu’elle aurait dû demander ça avant parce qu’en y réfléchissant bien, c’était juste l’endroit où tout le monde se retrouvait après les cours. Affronter un tas de gens, ce n’était pas la chose dont elle avait le plus envie. Mais, ne voulant pas laisser sous-entendre cette crainte, elle reprit rapidement.

« Non parce que, j’vais pas traverser les couloirs avec un prof, ça va foutre en l’air un tas de chose alors autant savoir avant où faut que j’aille. »

Elle n’était pas aussi convaincante que ce qu’elle aurait voulu mais, il allait bien falloir faire avec, ce n’est pas comme si elle était capable de revenir en arrière et de recommencer. Ses paroles auraient pu la représenter de manière assez typique si, en parallèle, elle n’avait pas ce regard si fuyant, ou cette façon désespérée de s’accrocher à la lanière de son sac comme on pourrait s’accrocher à une bouée.