Il y avait toute sorte de gens bizarres qui faisaient des choses bizarres. Ces gens bizarres envoyaient souvent des choses aux autorités en prétextant que ces « choses » étaient d’origine extraterrestre, avaient mis leurs femme enceinte, rendu leurs enfants gays… Il y avait des tarés partout. Mais en général, les choses un peu exotiques ne parvenaient jamais jusqu’à Topher parce que son travail n’avait rien à voir avec ce genre de futilités. Ce n’était pas qu’il ne s’intéressait pas aux diverses théories – fumeuses – de complot, mais le jeune homme avait souvent beaucoup plus important à faire avec ses travaux scientifiques. Et ce n’était pas le nouveau projet qu’il était en train de « programmer » qui dirait le contraire…

On lui avait parlé d’une vidéo qui avait été reçue en haut lieu. Jusque-là, toujours aucun signe d’intérêt pour le scientifique ; des vidéos il s’en échangeait des millions chaque jour. Mais après avoir entendu deux techniciens en discuter entre eux, la donne avait changé : une vidéo montrant des mutants – dangereux, visiblement – faisant un déballage de leurs pouvoirs tel qu’il était impossible d’ignorer qu’ils étaient mutants ET dangereux à moins d’être un attardé… Et puis il s’était arrangé pour en obtenir une copie, pour son usage personnel. Et peut-être aussi pour fouiner un peu et coiffer ses deux collègues au poteau. S’il y avait bien une chose qu’il ne fallait pas sous-estimer chez Topher après son potentiel de nuisance, c’était bien sa curiosité…

Quelques semaines plus tard, la vidéo avait atterri entre les mains des médias. Topher envisagea la possibilité que l’auteur de la vidéo n’ayant pas eu son heure de gloire en s’adressant aux Fédéraux avait tout simplement décidé de s’adresser directement aux médias, et cette vidéo dont Topher avait la primeur était à présent visible par tous, indépendamment de leur niveau d’accréditation dans la hiérarchie fédérale… Un profond soupir ainsi qu’un début de désintérêt avait accompagné cette nouvelle, et le scientifique s’était jeté de nouveau corps et âme dans ce pour quoi on le payait vraiment : perfectionner son protocole de programmation neurobiologique. Mais lâcher une source d’interrogation comme ça du jour au lendemain était quelque chose de difficile… Après tout, le plus important n’était-il pas de découvrir d’où venait la vidéo et dans quelles circonstances elle avait été tournée, et non d’être l’une des quatre personnes qui la possédaient sur leur disque dur ? Alors Topher fouina un peu plus, se faisant discret en épluchant quelques dossiers confidentiels auxquels ses capacités de hacker lui donnaient accès, mais auxquels il n’était vraiment pas censé essayer d’accéder.

Et puis Dante se mit sur l’affaire lui aussi… parce que Topher était à des lieues de s’imaginer qu’il s’agissait d’une femme, et – en plus – d’une personne qu’il avait déjà rencontrée. Le message était clair et sonnait un peu comme le top départ d’une chasse au trésor à l’issue de laquelle il faudrait posséder des réponses. Dans ce cas précis, il s’agissait de trouver qui avait orchestré tout cela… Il n’avait guère fallu de temps à Topher pour renvoyer un message disant qu’il acceptait. Pour Dante, il était Rosebud. Un pseudo comme un autre.

Topher analysa tout ce qui pouvait l’être sur la vidéo – c’est-à-dire peu de choses, parce que son auteur avait pris soin de ne laisser aucun indice exploitable. Le lieu présumé de ces affrontements avaient été nettoyés au peigne fin, ce qui pour Topher confirmait la certaine maîtrise des protocoles des Fédéraux, parce que n’importe qui ne pouvait pas tenir en échec toute une équipe de techniciens… Du côté du colis, il y avait eu une certaine négligence. Négligence sans doute prévue, si on demandait l’avis de Topher, parce qu’on ne pouvait pas d’un côté être méticuleux et de l’autre « oublier » des indices débouchant sur des pistes même maigres. Le jeune homme fouina donc du côté du laboratoire où il savait que l’on examinait minutieusement les maigres indices trouvés sur le colis, faisant mine de sympathiser avec des techniciens qu’il ignorait en temps normal. Les aptitudes sociales de Topher étant quasiment inexistantes, on trouva rapidement pourquoi il trouvait d’un seul coup que Joe, technicien de laboratoire était intéressant et digne qu’il lui adresse la parole. Bien sûr, Joe prit peur parce que tout le monde savait que le jeune prodige de la neuro-programmation avait un gros grain et était tout à fait capable de faire des choses inimaginables pour satisfaire sa curiosité… comme notamment ce projet récalcitrant dont il avait fait biopser le cerveau par un neurologue du Centre.

Parce qu’il était pratiquement impossible de fouiner sans que quelqu’un ne s’en aperçoive, Topher fut rapidement convoqué par un agent gradé devant lequel la logique martiale des fédéraux exigeait qu’il fasse la carpette pour éviter tout malentendu. Topher s’y tint les 10 premières minutes, mais rapidement son exubérance et son insolence reprirent légèrement le pas, surtout lorsque son supérieur conclut que si cette affaire l’intéressait tant, il n’avait qu’à accompagner Raven sur le terrain pour son enquête… Une suggestion qui avait été suivie d’un grand éclat de rire qui ne fut pas réellement apprécié, et Topher s’était de nouveau composé un visage « normal ».

Sérieusement ? Vous savez qu’en cas de grabuge, il y a moins d'une chance sur 3 que je survive ?

L’expression de l’agent avait alors indiqué très clairement que si on lui demandait son avis, savoir que Topher risquait de se prendre une balle entre les deux yeux ne l’empêcherait de dormir plus de deux jours, notamment parce que le jeune homme était source d’un certain nombre de nuisances qui ne lui étaient pardonnées – pour l’instant – que parce qu’il était le seul à pouvoir faire fonctionner sa foutue machine.

Et puis le Nevada… Sérieusement ? Tellement paumé comme coin qu’ils ne doivent même pas avoir de couverture satellite !

Sa voix était devenue un peu plus aïgue sur la fin de phrase, sans doute à cause de cette crainte de se retrouvé coupé du monde réel. Parce que pour Topher, le monde réel n’était pas celui dans lequel il fallait travailler pour payer ses putain de factures, mais bien celui dans lequel il était possible de tout faire en trois lignes de code. Alors l’envoyer dans le Nevada, c’était limite une sanction pour lui… Mais malgré tous ses arguments technolo-geek, il n’avait pas obtenu gain de cause… jusqu’à ce qu’un projet pète mystérieusement les plombs, fournissant ainsi un excellent motif de garder Topher au Centre. Comme quoi, il ne fallait jamais soupçonner la créativité du jeune homme pour ce qui était de se trouver des excuses pour n’en faire qu’à sa tête. A aucun moment en préparant son coup il n’avait songé au fait que le projet reprogrammé de manière hostile pourrait être tué dans la manœuvre ou par des gardes armés, faisant ainsi perdre plusieurs millions de dollars au Gouvernement…

Topher était donc censé assurer le monitoring de Raven, et il était donc ses yeux et ses oreilles. Ce qui ne l’empêchait pas de siroter son soda, les pieds calés sur son bureau et le clavier sur ses genoux – plus j’men foutiste, tu meurs ! L’équipe technique sur place censée assurer le relai entre Raven et Topher lui avait assuré que la liaison satellite était opérationnelle, et Topher ne perdit pas une seconde à saluer à sa manière la jeune femme désignée pour l’exploration du bâtiment :

« Je serais la voix dans ta tête pour toute cette mission, tes yeux et tes oreilles. Je décline toute responsabilité en cas de coups de soleil, piqure de moustique, déshydratation… »
« Topher, tu serais gentil de pas polluer le canal avec des conneries. »
« Eh ! Pour une fois que j’essaie d’être sympa ! »
« On a pas le temps d’être sympa. Tu t’en tiens à la mission. On libère la ligne… »

Quelques secondes passèrent, durant lesquelles le jeune homme se demanda si son essai de sociabilité était condamnable et si déplacé que ça… puis il reprit la parole, tapotant son le micro accroché à son casque :

« Rien de plus que ce qu’on nous a déjà dit au briefing. Les dernières photos satellites ne montrent aucune activité, en dehors peut-être d’un ou deux chacal et quelques serpents… mais rien d’insurmontable pour toi, Lara Croft ! »

Dans son monde de geek, bien à l’abris dans son laboratoire au sous-sol, Topher n’était absolument pas anxieux vis-à-vis de ce qui serait trouvé ou non dans cet entrepôt. D’une part parce qu’il ne s’y trouvait pas et que le pire qu’il puisse lui arriver serait d’entendre Raven hurler, mais également parce que son trop grand détachement mêlé d’inconscience étaient les deux principales raisons pour lesquelles on évitait toujours de l’envoyer sur le terrain pour des missions dîtes sensibles.
Du coup pour Topher, cette mission était un peu un niveau de jeu vidéo où il fallait déplacer une héroïne en faisant attention à ce qu’elle ne soit pas tuée par des zombies – Topher adorait Resident Evil ! – ou pire encore (en admettant qu’il puisse exister pire que des zombies).

« Désert depuis 2000, donc attends-toi à de la rouille et à de la poussière. »

Par guidage satellite, Topher pouvait suivre la position de Raven sur un écran immense où s’affichait le plan de la zone. Toutes les données n’avaient pas encore été transmises au jeune prodige par l’équipe sur place, et lorsqu’il les obtint enfin, il pu constater que Raven s’était approchée de l’entrée.

« Entrée conseillée par la porte principale, mais on peut faire le tour et regarder les alentours si tu veux… »

Le « on » dans la conversation indiquait qu’il se prenait au jeu et avait véritablement l’impression de prendre part à l’exploration avec Raven malgré la distance qui les séparait.

« Toujours rien aux alentours. C’est un peu comme une grosse surprise perdue au milieu du désert… En espérant que ce ne soit pas juste une grosse blague. »


(toutes mes excuses pour le retard ! C’est un peu long, mais c’était pour situer le personnage vis-à-vis de cette intrigue, d’autant plus qu’il a également des contacts avec une participante d’un autre groupe. Je ferais plus concis pour les posts suivants. Et surtout : plus rapide ! )

Spoiler:

Le Nevada... pourquoi le Nevada ? Il y faisait si chaud ! Même en hiver, il faisait chaud, allez comprendre. Bon point : je m'éloignais de New York, ce qui n'était pas pour me déplaire. En fait, c'était une bouffée d'air frais en plein désert. Aussi sauvage que moi, je m'y retrouvais peut-être plus que je ne voulais bien l'admettre. Une fois finalement sur place et alors que je sentais des gouttes d'eau me couler dans le dos, je me suis extirpée de la voiture, assourdie par le silence des environs. J'ai retiré ma veste que j'ai lancée à l'arrière du véhicule et j'ai relevé mes lunettes de soleil sur ma tête pour mieux voir le hangar à quelques mètres de nous derrière. Dans une légère grimace, j'ai porté ma main près de mes yeux pour me cacher du soleil. Bien qu'il y ait du vent, ma peau détestait cette chaleur sur l'épiderme. Cela dit, si je prenais un peu de rouge aux joues, ça ne pouvait pas me faire de mal. Un instant, je me suis imaginée par ici, prenant le lieu comme un possible refuge s'il m'arrivait quelque chose, si je devais fuir. Ce ne serait pas difficile. Je pourrais me reconvertir en tressage de panier, je pourrais élever des vaches à dos de cheval... J'avais bien aimé la première fois.

Je n'étais pas très loquace. Je ne parlais qu'avec très peu de personnes et elle ne figurait pas parmi les agents du SHIELD. Je n'avais tellement aucune confiance en eux qu'il m'était bien impossible de me confier à eux. En réalité, j'étais ce qu'on pouvait appeler un agent triple. Je roulais pour moi-même, auprès d'un certain Damné, en me servant de mon affiliation au SHIELD. Cette situation semblait fonctionner et me permettait de conserver le contrôle. Et j'étais aussi patiente. Pourtant, Christopher me faisait sourire. Il avait ce don, ce quelque chose. J'ai claqué la portière mais sans lui répondre. Il ne pouvait me voir, amusée, mais je l'étais pourtant. Dans d'autres circonstances, je lui aurais probablement dit de la fermer si j'avais été le cul sur une bombe à ne pas savoir quel fil couper et qu'il m'appelle "MGS" (Metal Gear Solid pour les geeks...)

J'ai jeté un bref regard à la voiture qui approchait derrière moi, de quoi assurer mes arrières, avant de soupirer de façon bruyante en rabaissant mes lunettes de soleil sur mon nez.. Un dépotoir. Voilà ce que c'était. Un nid à tétanos, je parie. J'ai balayé les environs des yeux. A première vue, pas de mouvement mais je ne faisais pas entièrement confiance aux satellites, ni aux équipes d'ingénieurs derrière. Je me fiais à mon instinct et à mes observations. Mais il y avait rien ici, c'était le désert. Cependant... nous n'étions sûrement pas là pour rien. pas besoin d'instinct pour savoir ça. Souriant toujours de l'échange dans mon oreillette mais sans y participer, je me suis approchée de la porte en quelques pas et j'ai pris le cadenas entre mes doigts pour l'observer. C'était rassurant d'avoir quelqu'un qui voyait dans votre dos. Aux paroles de Christopher, j'ai à nouveau souri en relevant les yeux, comme s'il était juste à côté de moi.

– Aucune fille ne t'a jamais dit que tu parlais trop ?

Ma voix était tintée d'amusement, plutôt basse, comme si je ne m'adressais qu'à lui. Mais c'était ma façon de répondre à la question silencieuse de Christopher : sa tentative de sociabilité fonctionnait. En tout cas, avec moi. Coupant court, néanmoins, j'ai hoché la tête en inspirant profondément et expirant. Un peu de rouille ne me faisait pas peur et j'ai serré le cadenas entre mes doigts pour tirer dessus, des fois qu'il cède tout seul. En ce qui me concernait, j'espérais un peu de surprise, un peu d'action... Comme avant, en somme.

Edit Hella : Premier message supprimé ^^

Natalia ne comprenait toujours pas ce qu’elle faisait dans cette voiture, ni pourquoi c’était le SHIELD qu’on envoyait. Fouiller dans un entrepôt devait quand même être à la portée du premier groupe de fédéraux venu, non ? Mais, quand ils étaient donnés par la bonne personne, ce n’était pas elle qu’on entendait refuser une mission. Elle avait un supérieur en qui elle plaçait toute sa confiance, tout en le sachant très secret alors, s’il lui demandait de faire quelque chose, c’est qu’il avait de bonne raison ou que l’ordre venait de quelqu’un à qui il ne pouvait pas dire non.

Le Nevada. Une partie de ce pays, ou une autre, elle s’en fichait un peu. On aurait tout aussi bien pu l’envoyer à l’autre bout du monde, qu’elle n’aurait toujours pas semblé se plaindre. En fait, elle était muette et inexpressive pendant tout le trajet, elle n’avait jamais été du genre à s’étendre de toute façon. De temps en temps, son regard se porta sur Clint et, sans qu’on puisse savoir pourquoi, ils se mettaient à sourire. A croire qu’ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre. Mais le voyage fut silencieux. La voiture arrêtée, Natalia en descendit, lunette de soleil sur les yeux, elle porta son regard au bâtiment qui leur faisait face. Là, posé au milieu de nulle part. Qui avait l’idée de faire quelque chose ici ? C’était forcément louche, on ne s’éloigne pas de tout sans raison. Ce n’était pas pour ça qu’il restait encore des choses exploitables à l’intérieur.

Avant de se diriger vers le Bâtiment, Natalia alla dans la coffre de la voiture, elle avait déjà quelques armes sur elle mais, elle aimait bien être une armurerie à elle toute seule. Callant une arme blanche dans l’une de ses bottes, elle ajusta ensuite les deux armes à feu qu’elle avait de chaque côté de sa ceinture avant de checker une dernière fois ces espèces de bracelets qu’elle avait aux poignets.  Côté oreillette, elle n’eut pas de mal à tester si elles fonctionnaient bien, Christopher était assez bavard pour le confirmer rapidement.

C’est partit.

Petite phrase qui était plus à l’attention de Barton qu’à elle-même, un bref sourire dans sa direction et elle commença à aller rejoindre Raven qui, de son côté répondait à Christopher, une main posée sur le cadenas. Natalia, peut-être parce qu’elle connaissait suffisamment Barton, ne se mit pas devant ce qui servait d’entrée, et se contenta de rester un peu sur le côté.

Il parait qu’une étude vient de démontrer que les femmes préféraient avoir un geek plutôt qu’un mécano à la maison. Tu dois faire des ravages.

Cette fois, c’était à son système de communication qu’elle s’était adressé pour que ça aille directement dans les petites oreilles de Christopher en attendant que quelqu’un ouvre cette porte, ce qu’elle finirait par faire à coup de latte si personne ne se décidait. Elle préférait, néanmoins attendre que tout le monde soit près de l’entrée avant de faire quoi que ce soit. Cette mission, bien que peu engageante sur le papier, pouvait s’avérer riche en rebondissement. Après tout, la dernière fois qu’elle s’était pointée dans un endroit censé être abandonné, elle avait eu son lot de surprise en commençant par la présence de Daken… Alors, elle n’avait pas envie de juger trop vite.

Mon sourire amusé s'estompa rapidement de mes lèvres. Pas que j'avais fini de rire mais plutôt que j'avais retrouvé ma concentration. A l'invitation de Clint, je fis le premier pas avec toujours ce mauvais pressentiment quand je me trouvais près de Natalia. Allez comprendre, je crois que nous n'étions pas faites pour oeuvrer dans le même espace. Comment ils disaient avant ? "Cette ville est trop grande pour nous deux, Hombre." C'était un peu ça. De plus, elle avait son partenaire et je n'avais pas le mien. Pas que j'aimais travailler en couple ou en duo plus que ça, je me débrouillais facilement seule aussi mais j'étais surtout nostalgique de ces temps-là, voilà tout.

Inspirant profondément j'ai soupiré ensuite en observant les lieux tout autour de moi. J'ai allumé ma lampe de poche et me suis mise en quête d'un panneau d'électricité. Poussière ou non, ce truc devait bien encore marcher, d'une façon ou d'une autre. Je savais, par expérience, que plus c'était vieux et mieux ça marchait. Ah, la loi de la nouvelle consommation fast-food... Repérant la pièce du fond, je l'ai éclairée pour l'indiquer silencieusement à mes comparses d'occasion. Quelque chose me disait que l'un, pas plus que les deux autres, ne serait beaucoup plus bavard.

Repérant enfin le panneau à côté d'une vieille étagère, je m'en suis approchée, non sans donner quelques coups dans les cartons pour les renverser, des fois que quelque chose d'intéressant en tombe. Vous savez, les vieilles choses et moi, c'était pas vraiment l'amour fou. Je savais apprécier une belle pièce antique mais ce genre de poussière me donnait plus facilement envie d'éternuer. De plus, ça me mettait mal à l'aise. Ce n'étaient là que des objets mais ils hurlaient des choses que je n'avais pas envie d'entendre. Allez savoir si ce n'était pas là des symptômes d'une certaine phobie. Je n'osais même pas m'approcher des machines, j'avais peur qu'elles... Prennent soudain vie. Pourquoi les choses mortes ne pouvaient pas rester mortes ! Je n'aimais pas ce qui persistait à vivre... C'était pourtant mon cas, vous saisissez l'ironie ?

J'ai soulevé le battant en plastique de protection et j'ai grimacé à la poussière collante qui venait de se coller à mes doigts. Qu'on s'entende bien, me salir ne me gênait pas. Mais en tant qu'humaine maintenant, j'avais parfois des doutes - stupides - sur ce que je touchais. J'ai secoué la tête pour me reprendre et j'ai serré fermement la poignée du panneau au creux de ma main pour la relever d'un coup.

Spoiler:

Installé confortablement devant ses écrans multiples, Topher ne pouvait qu’imaginer la chaleur à laquelle étaient soumis les agents partis sur le terrain. Sans lui, encore une fois. Pas qu’il ait envie de s’en plaindre parce que justement, il avait tout fait pour qu’ils partent sans lui dans cette galère au milieu du désert. Sirotant un coca bien frais, il eût une pensée pour Raven, Natalia et Clint, avant de se concentrer de nouveau sur les relevés qui lui parvenaient depuis le Nevada grâce aux instruments de mesure en tous genres installés sur place pour l’équipe technique.

Avalant une nouvelle gorgée de soda bien fraîche, le jeune homme tenta d’imaginer l’état d’esprit de ces agents de terrain professionnels en arrivant devant ce bâtiment désaffecté immense, au milieu de nulle part, et sans avoir de véritables informations. Topher serait sans doute anxieux - pour ne pas dire mort de trouille – parce qu’il s’imaginerait sans doute très rapidement le pire concernant ce que renfermait ce bâtiment qui dans le fond n’était peut-être pas plus dangereux que n’importe quelle usine désaffectée tombant en ruines… Eux avaient l’habitude de ce genre de situations, et le silence qui régnait sur le canal radio était assez étrange. En fait, il n’y avait que Topher qui parlait. Trop, d’après les agents de liaison sur place. Cependant, Raven sembla apprécié son débit de parole et formula une question qui n’en était pas réellement une, mais qui tira un sourire au jeune homme à l’autre bout du pays.

Elles disent beaucoup de choses sur moi qui sont « trop »…

Au nombre de ces choses, il y avait le « trop mignon » ou « trop chou » qui laissait entendre qu’on le prenait clairement pour un gamin plus que pour un homme qui approchait doucement de la trentaine. Il y avait aussi le « trop con », qui arrivait dans la conversation chaque fois qu’il se méprenait ou ne comprenait pas quelque chose… Donc globalement Topher était toujours « trop » quelque chose, mais ce n’était pas forcément toujours très flatteur. Mais il le prenait de manière suffisamment détachée pour que personne ne puisse soupçonner que ça lui en fichait un coup.

Natalia et Clint apparurent sur l’écran représentant le champ d’exploration, et Topher attrapa une nouvelle canette de soda et un paquet de M&M’s pour ne pas mourir de faim pendant cette mission. Le point rouge correspondant à Natalia se rapprocha du point voir bleu correspondant à Raven, un tout petit peu avant que la jeune femme ne mentionne une étude indiquant que les femmes préféraient avoir un geek plutôt qu’un mécano à la maison… Topher commença par sourire puis fronça les sourcils avec interrogation, songeant que ce n’était peut-être qu’une blague… mais ça n’en avait pas l’air.

Ca veut dire que statistiquement, j’ai toutes mes chances avec l’une de vous deux… !

Il n’y croyait pas une seconde. Ou plutôt si, son inconscient de mâle aurait bien voulu que l’une comme l’autre s’intéressent à lui de cette manière… et pas uniquement parce qu’elles étaient taillées comme des héroines de jeux vidéo (même si ça jouait pas mal). Un sourire étira ses lèvres alors qu’il suivait du regard le point jaune correspondant à Barton qui se déplaçait à l’écran. Il s’abstint de tout commentaire, ce en quoi Topher le remercia intérieurement. Il avait toujours tendance à se sentir dévalorisé dès qu’un homme dans le genre de Barton – contre lequel il n’avait rien – débarquait dans une conversation ou entrait dans le champ de vision d’une femme. Il fallait voir comme elles l’observaient… Pff. Non, ce n’était pas de la jalousie. C’était juste un manque cruel de confiance en lui-même.

Le cadenas qui posait problème ne fit pas long feu suite au coup donné par Barton, et les trois points lumineux avancèrent dans la même direction, Raven et Natalia en tête. Topher de son côté analysait les nouvelles données qui lui parvenaient, superposant les photos satellite avec le plan précis des lieux qui s’affinerait à mesure que les agents exploreraient les lieux. Quelque chose sur sa gauche bipa, et Topher attrapa une tablette tactile à laquelle il jeta un œil avant de s’adresser à l’équipe technique sur place :

Les relevés météo sont mauvais, vous allez bouffer du sable… Les relais sont sécurisés ?

Parce que laisser trois agents explorer un bâtiment à l’aveuglette, ce n’était pas sérieux du tout…

Autant que possible. Mais si la tempête est trop forte, on perdra la liaison…

Un marmonnement accueillit cette réponse pas franchement satisfaisante, puis Topher s’adressa aux agents :

On risque d’avoir quelques soucis de radio d’ici peu à cause d’une tempête de sable. J’essaie de faire mon possible pour que ma douce voix continue de vous bercer… - Il marqua une pause. – Salle principale. Poussière, araignées. Scorpions venus du dehors. Pas de présence humaine à première vue. – Il parcourut des yeux les relevés. – Sur votre gauche au fond de la pièce, il y a normalement une autre pièce. Et une porte peu épaisse pour y accéder. A droite, toujours au fond, une porte donnant sur l’extérieur.

Topher suivit le point lumineux bleu sur la carte, constatant que Raven avait choisi la pièce du fond.

Statistiquement, oui, c’est ce que ça veut dire.

Elle avait souri, sans rien dire de plus, sans donner d’autres précisions, gardant sa position pendant que Barton leur donnait un accès avec un coup de pied dans la porte. Elle fit mine d’être impressionnée, ce qui sonnait faux mais c’était un jeu, un amusement. Un court instant elle joua la petite fille en détresse quand il annonça qu’elles pouvaient passer en premières et, c’est en passant devant lui qu’elle le regarda avec cet air qu’elle s’était dessinée sur le visage.

Barton… Qu’est-ce qu’on ferait sans toi !

Elle n’avait pas pu s’empêcher de sourire en secouant la tête pour entrer dans l’endroit désinfecté, sa lampe torche dans la main, le bras qui appartenait à sa main plié devant elle pendant qu’elle éclairait devant. Une position qu’elle avait adopté depuis longtemps, qui tenait plus du réflexe qu’autre chose mais qui permettait, si quelque chose devait lui sauter dessus, d’avoir un moins un bras devant elle pour la protéger. Le genre de petits détails à la con qu’on apprend vite sur le terrain.

L’endroit était désert, en même temps, elle ne s’attendait pas à trouver une bande de jeune en pleine rave, suivant le faisceau lumineux de Raven, Natalia pu voir la pièce situé au fond à gauche. Pas très bavarde la petite nouvelle – pas si nouvelle que ça – que Natalia commençait à croiser de plus en plus souvent. Avançant vers la pièce du fond, Natalia continuait quand même de regarder là où elle marchait, pointant sa propre lampes entres les tables, shootant dans quelques cartons qui étaient sur son passage histoire de vérifier que rien n’en sortait. Et Christopher qui annonçait la météo. Super ! Étant plus avancé que Barton, elle se tourna vers lui, baissant un peu sa lampe pour ne pas lui mettre en pleine tronche.

Tu t’en occupe ?

Le boulot le plus ingrat, celui qui allait consister à faire en sorte que tout le monde entre dans le bâtiment s’ils ne voulaient pas être pris dans une tempête de sable. Le boulot qui consistait aussi à trouver un moyen de fermée la porte et de la garder de cette manière, selon le sens du vent, elle n’avait pas spécialement envie que tout l’endroit se bouffe du sable. Déjà que trouver quelque chose ici allait être compliqué mais si, en plus, ils devaient composer avec une couche de sable, ça allait vraiment tourner au cauchemar.

Elle se tourna à nouveau pour poursuivre sa progression, pendant que Raven s’occupait à autre chose. Devant une porte, elle essaya de l’ouvrir. Fermée. Elle mit un coup d’épaule dedans, elle bougea un tout petit peu. Ok. Elle regarda autour d’elle jusqu’à voir ces petites tables sur roulette. Se dirigeant vers cette dernière, elle la fit rouler jusqu’à se retrouver en face de la porte, les deux mains agrippés sur le rebord de la table elle se mise à prendre de l’élan et se dirigea droit vers la porte. Enfoncé les portes à coups de pied, c’était pour Barton, elle y venait que quand elle n’avait pas d’autre choix. Là, la table lui offrait une force d’impact assez intéressante avec l’élan qu’elle avait pris. L’impact venait de lui revenir dans les bras mais, au moins, la porte avait cédée.

Christopher, si tu arrives à garder le contact radio, fais-moi penser à t’inviter à boire un verre pour fêter ça.

Sa lampe braquée sur l’intérieur de la nouvelle pièce, elle envisagea maintenant de rentrer à l’intérieur.

_ Ouais, ça va, ça vient.

J'ai soupiré dans un léger sourire à l'impatience de Clinton quand j'ai actionné le levier. En entendant le clac caractéristique et le grésillement d'un générateur qui se remet en marche, j'ai levé les yeux dans un léger sourire pour suivre les lumières alors qu'elles s'allumaient une après l'autre. C'était toujours une satisfaction de voir un peu de vie s'animer. J'étais ce que j'étais... Mais je n'aimais pas beaucoup le noir. Encore moins dans un endroit aussi glauque que celui-ci. S'il devait y avoir la foudre, je ne comptais pas sur notre longue espérance de vie pour nous tenir chaud mais pour aujourd'hui, ça devrait faire l'affaire.

Mon méfait accompli, j'ai rejoint l'équipe en train de s'installer, y jetant un oeil distant. J'entendais que le vent se lever dehors alors je me suis approchée d'une des fenêtres quasiment rendues opaques par la crasse et la vieillerie. Je ne sais pas trop si je m'attendais à voir quelque chose mais c'était une manie que j'avais de vérifier régulièrement ce qu'il se passait à l'extérieur... Quand j'étais à l'intérieur.

J'ai tourné la tête pour voir où en étaient Clinton et Natalia alors qu'ils inspectaient les lieux aussi. Le temps qu'ils s'en occupent, je me suis approchée des machines de l'usine. Par curiosité. Je me demandais quel âge elles avaient, ainsi que cette usine en elle-même. Je m'imaginais, quelques décennies en arrière en me demandant comment ça devait être et probablement quel poste j'aurais tenu dans un truc pareil. Suivant l'année, j'aurais pu tenir le fouet pour motiver les troupes... Ou le recevoir. Mais au lieu de les laisser tourner dans le vide, j'ai cherché à économiser l'électricité pour le groupe. elles devaient bien avoir un bouton OFF, non ? Un levier. Un panneau ! Quelque chose ?

Le fait que les relais de télécommunication soient susceptibles de ne pas tenir à cause de la tempête de sable avait quelque chose de frustrant pour Topher parce qu’il allait devoir composer avec des contraintes sur lesquelles il ne pouvait pas poser. Si ces contraintes avaient été le fait d’une personne faite de chair, le jeune homme aurait eu tôt fait d’aller faire pression dessus. Ou plus exactement, de la saouler jusqu’à ce qu’elle le supplie de lui foutre la paix (ça, c’était déjà plus exact et plus faisable). Mais face à une tempête de sable ? Il devrait faire avec. Et ça le frustrait, comme en témoignait la vitesse à laquelle ses doigts martelaient les touches de son clavier. Habitués à l’exercice, ses yeux semblaient presque dissociés l’un de l’autre, le gauche rivé à l’écran qui lui permettait de suivre la progression des agents, le second faisant des allers-retours successifs entre l’écran des relevés météo et les plans approximatifs du bâtiment qu’il avait pu obtenir.

Par radio, Natalia avait confirmé que les statistiques donnaient raison à Topher. Une confirmation qui dessina un sourire qui lui fendit la face en deux, peu avant qu’il ne se ressaisisse et ne se concentre de nouveau. Non, il ne pouvait même pas imaginer qu’une femme comme Natalia puisse s’intéresser à lui. En fait, ce qui était beaucoup plus normal quand on y réfléchissait, c’était l’indifférence dont Raven avait fait preuve depuis le départ. Mais bon, tout le monde ne réagissait pas de la même manière face à l’humour du jeune homme…

Les points lumineux s’écartèrent sur l’écran de contrôle, et le plan permit au jeune homme de voir que Natalia prenait un peu trop de vitesse pour que ça soit normal… Topher entrouvrit la bouche pour poser une question, et comprit assez rapidement ce qu’il avait du se produire lorsque le point lumineux qui lui correspondait se retrouva dans la pièce voisine. Elle avait du enfoncer la porte ; les agents du SHIELD avaient pour eux cette manière bien particulière de venir à bout des obstacles – portes, missions, êtres humains… Topher n’était pas inquiet. La voix de la jeune femme se fit de nouveau entendre alors qu’il était question de l’inviter à boire un verre. Son sachet de M&M’s se renversa sur lui lorsqu’il le lâcha, et le bruit serait sans doute audible également de Clinton et Raven puisque les petites billes chocolatées étaient tombées sur le plateau de verre du bureau et roulaient à présent au sol. Mine de rien, il répondit avec une décontraction feinte :

Je connais un super bar, justement !

D’autres empreintes thermiques ne tardèrent pas à envahir l’écran de contrôle de Topher et il se redressa comme un diable sur sa chaise, envoyant encore valser quelques M&M’s qui étaient restés dans les plis de son sweat :

Anderson, ya du mouvement près de vous !

La réponse se fit attendre un moment, puis la voix dudit Anderson s’éleva sur la fréquence, légèrement essoufflée :

Nous quittons les camionnettes pour nous installer à l’intérieur avec le matériel, ça sera plus sûr…
Ah… - C’est vrai que c’était intelligent… Mais par contre, si tout le monde se terrait dans ce bâtiment désaffecté, ça risquait d’être compliqué pour la suite. – Avec le matériel, hein ? Tout est sécurisé dehors ? Les paraboles arrimées, et tout ?
On est en train de rentrer à l'intérieur du complexe tout ce qui peut être rentré.

Le pire qui puisse arriver à ce stade était que le vent bousille toute l’installation et que Topher soit incapable de continuer à communiquer avec les agents. Pour sûr, on lui ferait la peau et on ne lui pardonnerait pas d’avoir mis trois agents en danger même si à la base, ce n’est pas lui qui a choisi le jour d’une putain de tempête de sable pour lancer une opération d’exploration… Les techniciens se pressèrent à l’intérieur, la majeure partie d’entre eux paraissant un peu impressionnés face à l’imposante silhouette de Clinton, dans la mesure où le technicien moyen reste quand même assez chétif dans son genre. Clinton justement s’inquiéta de l’existence d’une autre porte pour ressortir du bâtiment, et Topher plongea de nouveau le nez dans son plan et ne pu s’empêcher de grimacer :

Nope. Chuck Testa. (lol) Je n’ai qu’une seule entrée sur ce plan, mais il y a peut-être d’autres issues… Attention, je dis peut-être parce que les documents que j’ai sont ancien et qu’il y a peut-être eu des aménagements, du style tunnels, passerelles… Mais au niveau des portes, non. Si vous condamnez la porte d’entrée…

Il n’acheva pas sa phrase parce que ça serait clair pour tout le monde : pour ressortir, il faudrait bouger tout le bordel que tout le monde était en train d’entasser. Le regard du jeune homme se porta de nouveau sur son écran de contrôle et il fit de nouveau le point sur la situation météorologique assez préoccupante. Un bruit assez aigu lui tira une grimace peu avant que des grésillements assez présents ne s’installent sur la fréquence qui jusque là ne posait aucun problème… Topher vérifia quelques données et remarqua que le courant venait d’être rétabli. Il ne fallait pas être doté d’un QI extraordinaire pour déduire que la fermeture progressive de l’unique entrée combinée aux mauvaises conditions météo et au rétablissement du courant perturbait les transmissions – un problème sur lequel Anderson et les autres avaient travaillé pour faire leur maximum, mais sans réel succès. Il y avait beaucoup trop de facteurs combinés pour régler tout et rétablie une liaison claire à 100%.

Un coup d’œil à l’écran lui permit de remarquer que contrairement aux autres agents, Raven n’avait pas bougé d’un pouce. Natalia, elle, était entrée dans la pièce dont elle venait de dégager l’accès avec son chariot roulant.

Natalia, tu vois quelque chose d’intéressant ? - Les yeux ne quittant pas le point rouge, Topher espérait pouvoir obtenir de nouveaux éléments et se rendre utile encore un peu plus. – Maintenant que le courant est rétabli, tu dois pouvoir voir un boîtier électrique quelque part. Je n’ai pas les schémas électriques du bâtiment, donc il va falloir t’approcher pour me dire de quoi il s’agit… et on avise après. Tu le trouveras droit devant toi, et un peu sur ta droite ensuite.

Ses paroles s’accompagnaient d’un grésillement monotone qui n’était pas vraiment gênant pour la compréhension, mais qui restait quand même franchement désagréable. Topher continuait de faire ses ajustements à distance, mais rien n’y faisait :

Dîtes-moi quand vous ne m’entendez plus. J’essaie de faire mon maximum pour la qualité des communications… La tempête approche, mais les parasites coïncident quand même vachement avec le retour du courant. Peut-être que c’est l’installation. Ou peut-être que c’est le fait d’avoir barricadé la porte. Ou les deux. Ou les deux + la tempête… La seule chose certaine, c’est que je ne peux rien faire de plus pour l’instant. Mais je continue de chercher…


(Quentin: je suis vraiment désolé pour la longueur de mon post... le pire, c'est que je voulais vraiment faire court !  )

La lumière soudaine + le bruit des machines + le bruit des M&M’s de Christopher dans son oreillette = réaction typique d’un agent du Shield quand la situation change tout d’un coup. La lumière avait à peine été allumée que Natalia s’était déjà tourner, vivement, en direction de la salle, les bras tendus, une arme au bout de ses mains.  Quelques secondes pour comprendre que ça venait de chez eux – si personne ne disait rien aussi – et elle rangea son arme dans un soupir avant de se concentrer sur la pièce dans laquelle elle se trouvait.

On y joue avec des billes dans ton bar ? C’était quoi ce bruit ?

Le ton était amusé à l’idée que sa proposition ait pu produire une réaction – qui s’était compilé avec d’autres dans ce bâtiment. Elle était en train de fouiller des étagères, ne se souciant pas vraiment de laisser retomber les dossiers qui n’avaient aucun intérêt, alors que Topher expliquait qu’il n’y avait aucune autre issue (Juste pour infos, il était pas question d’une réelle porte de sortie au fond de l’entrepôt ?). Super. La lumière de la pièce vacillait, du coup, elle avait préféré garder sa lampe à portée de main, au cas où, et ses yeux se braquèrent sur un dossier. La lettre X, d’abord attira son attention, au moment où l’agent resté à new York lui demandait si elle avait du nouveau.

Projet Animal X, tu as quelque chose dessus ?

L’absence de paperasse dans le dossier lui empêchait d’en dire plus mais, la lettre X était bien trop significative pour que ce soit laissé de côté. Elle avait plus tendance à l’associer à un projet Arme X ce qui, dans tous les cas ne sentait pas bon. Elle reposa le dossier à un endroit facile d’accès avant de regarder autour d’elle à la recherche du boîtier électrique dont Topher avait parlé.

Elle se déplaça vers le fond de la pièce et passa devant un tableau prévisionnel. Elle l’avait déjà dépassé quand elle se stoppa pour refaire un pas en arrière et plisser les yeux sur le tableau en question.

Dis-moi Christopher, tu n’avais pas dit que les lieux étaient déserts depuis 2000 ? Elle pencha un peu la tête sur le côté pour laisser poser ses yeux sur la date se trouvant sur le tableau. Parce que là, j’ai un prévisionnel qui date de 2002.

Ce n’était peut-être rien, juste une erreur dans les dates mais, elle préférait le voir vérifier. Ce qui était certain en revanche, avec le nombre de mots que Topher était en train de débiter, c’est que la liaison satellite était toujours présente. Le boitier dont il avait parlé, pour le moment, n’avait pas grand intérêt pour Natalia qui voulait savoir s’il y avait quelque chose à tirer des dates différentes.

Spoiler:

Un oeil à l'équipe et je me suis légèrement enfoncée vers les machines pour y trouver le levier. Peut-être une peu de curiosité, je voulais voir s'il y avait quelque chose à faire, quelque chose à voir. J'avais peut-être envie de déclencher quelque chose. Pourquoi ces machines tournaient, de toute façon ? Une vie peut-être, quelque part par là ? J'ai actionné le levier pour stopper les moteurs. J'ai entendu le claquement reconnaissable d'une machine qui s'arrête et j'allais m'en désintéresser quand j'ai entendu ce grognement. Impossible de l'identifier mais j'ai semblé la seule à entendre quelque chose. D'un même geste, j'ai porté la main à ma hanche pour attraper mon arme et j'ai tourné la tête vers le bruit, mes yeux se baladant un peu partout pour trouver la provenance de ce grognement… Aussi indistinct. De plus, j'entendais toujours l'équipe remuer, j'étais gênée alors j'ai froncé les sourcils pour me concentrer, mon arme serrée entre mes mains, suivant le mouvement de mes jambes, légèrement penchée en avant. Je ne voyais rien d'anormal. Même l'évacuation de la machine semblait inanimée, comme pas utilisée depuis longtemps, la grille rouillée.

J'ai sursauté en entendant la voix de Clinton et j'ai redressé la tête comme s'il avait pu entendre la même chose que moi. Ils avaient trouvé un boîtier. Avec un code. Donc… Natalia avait de quoi trouver un code qui allait dans un boîtier devant Clinton et moi j'activais des leviers pour éteindre les moteurs d'une machine dont j'ignorais même jusqu'à la raison du fonctionnement. Les battements de mon coeur avait sûrement accéléré quelques secondes à peine mais quand j'ai voulu tendre à nouveau l'oreiller pour identifier le bruit… Plus rien. J'ai poussé un soupir. J'avais sûrement dû rêver, nous étions assez nombreux, finalement et le vent devait jouer. Je me suis accroupie sur la bouche d'évacuation en rangeant mon arme, légèrement intriguée toutefois. Un instant, j'ai voulu demander à Chris s'il avait entendu la même chose que moi, s'il avait vu quelque chose sur ses moniteurs ou bien même un animal passer. Mais entre les paroles des uns, les bruits de la machine, le vent… J'avais dû rêver.

Finalement, je me suis relevée pour revenir vers l'équipe agglutinée autour du boitier clignotant. Un rapide coup d'oeil autour de moi me disait que quoiqu'il arrive, on avait fait le tour. Natalia avait les réponses, Clinton avait la question et moi j'entendais des bruits. Quelle fine équipe. J'ai croisé les bras en m'appuyant sur un poteau et je les ai regardés se défaire avec le boîtier. Je ne pouvais rien faire. Natalia faisait déjà ce qu'il fallait, inutile d'être trente dessus et le reste de l'équipe était avec Clinton. Pour ma part… Je réfléchissais. Les idées tournaient et viraient dans ma tête. J'avais l'air de rester à l'écart sans vouloir rien faire mais j'avais comme un pressentiment, impossible de savoir. Je n'étais pas du genre à entendre des voix. Je n'entendais pas de voix. J'avais vraiment entendu ce grognement. J'ai tourné la tête vers l'évacuation à plusieurs mètres de moi et les paroles de Christopher me revenaient dans la tête. Ses plans étaient vieux ? Natalia parlait d'une activité que Chris réfutait ? On perdait la connexion avec Chris à cause d'un simple vent et c'était pire depuis que j'avais rétabli le courant ? Reportant ma main à ma hanche, j'ai simplement déboutonnait mon holster, gardant la main sur la crosse prudemment.

– Chris ?

Il nous entendait comment, maintenant ? Est-ce qu'il nous entendait toujours ? Je n'avais pas très envie de perdre la communication. On avait besoin de lui. Nous étions tous regroupés. Natalia était à peine excentrée et je ne me tenais qu'à quelques mètres de Clinton. Toutes les sources humaines étaient ensemble. S'il y avait un intrus, ce serait vite reconnaissable.

– Tu vois des trucs bizarres comme des mouvements d'animaux en dehors de nous ? Tu ne vois pas de tunnels ou de galeries sous-terraines ? Il y en a forcément une, il y a une bouche d'évacuation, ici. Pourquoi une évacuation serait nécessaire… Pour faire des boîtes en carton ?

Autant, je parlais à Christopher, autant je réfléchissais à voix haute. Ma voix était pensive et prêtait à la réflexion. Je vous l'ai dit, j'avais un pressentiment.