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 Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]

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Ivan Strömberg

Ivan Strömberg


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Localisation : L'Aquarium, ou un obscur groupement écologiste
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MessageSujet: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptySam 9 Fév - 13:09

« Dis-moi, toi qui t'y connais. Quelle couleur me va le mieux ? »

Salem leva le nez de ses exercices sur les exponentielles, il avait un contrôle bientôt, et Ivan, qui avait fait des études scientifiques, s'était proposé de lui venir en aide, puisque l'adolescent l'avait lui-même soutenu plusieurs fois dans ses travaux. Pour l'heure cependant, ses lointains cours d'algèbres avaient du mal à se faire une place dans son esprit, ses pensées étaient toutes tournées vers le rendez-vous qu'il aurait, demain, avec Ulysses.

« Tu as un rendez-vous galant ? »

Ivan piqua un fard, il s'empressa de secouer la tête.

« Pas du tout ! Arrête de dire des sous-entendus stupides tout le temps. »
« De faire des sous-entendus. »
« Oui, bon… »

Le Suédois eut une mine boudeuse, il n'avait pas mentit, ce n'était pas un rendez-vous, mais un cours qui l'attendait, demain. Mais ce n'était pas parce que ce n'était qu'un cours qu'il ne devait pas être présentable, d'ailleurs il devrait peut-être passer chez son coiffeur, pour tailler les pointes, parce qu'elles commençaient à faire des fourches, ce serait plus joli – et pour un cours, c'est important. Salem le regardait fixement, et encore une fois, il eut ce mince sourire qui l'agaçait. Depuis qu'il l'avait vu avec Ulysses au salon de thé, ça n'arrêtait pas. Comme s'il s'était passé quoique ce soit entre le joli blond et lui ce jour-là. Pourtant ils n'avaient eu qu'une conversation tout à fait ordinaire, où ils avaient parlé de sport et d'amour en tentant d'établir la disponibilité de l'autre comme l'auraient fait n'importe duo de nouveaux amis à leur place. Salem ferma son cahier de maths, entre faire des exercices ennuyeux et parler chiffons, le choix était vite fait.

« Montre-moi ton placard, ce serait criminel de te laisser aller à ton rencard avec ce pull. »
« Je ne vais pas à un rencard, et puis j'adore ce pull, il est confortable… »

C'est donc un peu mieux coiffé, beaucoup mieux apprêté, et nettement plus stressé qu'à l'ordinaire qu'il s'assit à l'une des tables du bar du centre culturel. Il était très, très en avance, car il avait craint que la neige tombée la veille ralentisse la circulation, mais finalement il n'y avait pas tant de perturbations que ça. Après avoir bu quelques gorgées du jus d'ananas qu'il venait de se faire servir, il sortit les quelques affaires qu'il avait apportés, des livres sur lesquels il comptait s'appuyer pour expliquer les bases, mais aussi un carnet plein de photos de son pays. Parce qu'apprendre une langue c'est bien, mais sans rien savoir du pays où elle est parlé, ce n'est pas très intéressant. Il avait aussi chargé son mp3 de musiques suédoises, mais ce serait sans doute un peu tôt pour ça.

Ivan se mit à écouter sa musique en réfléchissant à la meilleure façon d'aborder les choses, il donnait déjà des cours ponctuels à une classe dans le lycée de Salem, mais ceux-là connaissaient déjà au moins les bases de la langue, cette fois, il faudrait commencer de zéro. Très vite, cependant, ses préoccupations se firent moins pédagogiques. Était-il vraiment bien habillé et coiffé ? Allait-il être ennuyeux ? Et si Ulysses se retrouvait bloqué à cause du temps, pourrait-il s'arranger poru le voir quand même ?

Pour la dernière question, en tout cas, la réponse ne tarda pas à venir, très bien coiffée et habillée aussi, Ivan leva les yeux de ses livres et adressa un sourire radieux à Ulysses qui approchait en s'empressant d'enlever ses écouteurs et de se lever pour lui serrer la main.

« Hallå ! (qui se prononce Haloa comme chacun sait) Enfin… bonjour, j'espère que tu n'as pas eu trop de soucis pour venir. »
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptySam 9 Fév - 13:57

Dimanche
05 : 30 — Réveil
05 : 30 à 06 : 30 — Exercices sportifs
06 : 30 à 07 : 00 — Ablutions matinales
07 : 00 à 09 : 00 — Lecture des actualités
09 : 00 à 10 : 30 ¬— Gestion des courriels
10 : 45 à 12 : 30 — Brunch avec Abu bin Hazm (islamologue) et Mohammed Chouhal (écrivain, poète) au Marriot Marquis
13 : 00 à 13 : 30 — Entretien téléphonique avec la cheffe de cabinet du président du groupe démocrate au Congrès
14 : 00 à 16 : 00 — IVAN
( ? 16 : 30 à 19 : 00 — Sieste)
( ? 19 : 00 à 21 : 00 — Dîner, rédaction de documents divers)
( ? 21 : 30 à 22 : 00 — Entraînement de tir)
( ? 22 : 30 à 24 : 00 — Entretiens téléphoniques)

***

Ulysses se mordait la lèvre un peu nerveusement en observant, avec une concentration religieuse, les différentes chemises qui s’étalaient sur son lit, puis la rangée de hauts à manche longue aux noms divers que son narrateur ignore, puis les pantalons, et les ceintures, et au pied du lit, bien entendu, les chaussures. S’il ne s’était soucié que superficiellement de sa tenue pour aller retrouver Abu et Mohammed, qui avaient au moins deux fois son âge et trois enfants chacun, la perspective d’un cours de suédois éveillait chez lui quelques angoisses vestimentaires.

Une chemise, c’était peut-être trop sérieux, trop coincé ? Parce qu’Ivan, sans doute, qui fréquentait des altermondialistes, devait le trouver un peu bourgeois. Peut-être, même, qu’il le trouvait vieux. Après tout, Ivan devait être étudiant — sans doute — et lui, il travaillait déjà. Alors, bien sûr, son futur professeur devait le prendre pour un adulte. Ce qu’il était — mais pas trop encore, et puis… Et puis il savait encore s’amuser, le jeudi, entre une et deux heures du matin, les semaines impaires. Par exemple.

En même temps, les chemises lui allaient bien. Elles mettaient discrètement en valeur ses pectoraux, sans être trop prétentieuses, elles avaient une élégance simple qui accentuait la douceur de ses traits. Naturellement, tout lui allait bien. Un sac poubelle, sans doute, serait devenu sur lui un accessoire à la pointe de la mode. Mais justement, Ivan préférait sans doute quelque chose de plus décontracté — comme ses vêtements à lui.

Mais si les gens appréciaient ceux qui leur ressemblaient, ils étaient séduits par quelque chose de différent. Enfin, il avait l’impression. En même temps, il n’était pas très, très sûr. Ulysses essaya de passer mentalement en revue quelques dizaines de ses conquêtes passées, mais décidément, il y avait de tous les genres. Et puis, de toute façon, souvent, ses souvenirs n’étaient pas très précis. Pour un cours de suédois, cela dit, quelle importance ? Ce n’était pas comme si… comme si… Voilà.

Ulysses opta donc pour une chemise noire à la coupe point trop formelle, attrapa son manteau, son téléphone, une tablette numérique pour prendre des notes, qui n’avait rien à envier au premier gadget, les clefs de sa voiture et dévala les escaliers de son immeuble, adressa un sourire au portier qui montait la garde, descendit dans le garage et embarqua avec seulement une dizaine de minutes de retard sur l’horaire prévu — un exploit, dans le tourbillon de ses journées.

Ulysses, qui pour n’être pas Californien n’en était pas non plus Suédois, pesta intérieurement contre le froid mordant de la ville. Il allait sans doute avoir le nez rouge, ce serait disgracieux. Certes, il n’avait jamais le nez rouge — ni les lèvres gercées — ni aucune disgrâce physique, mais un malheur était si vite arrivé qu’il n’eût pas été surpris de se voir soudainement pousser une verrue, là, au milieu du nez. Un traumatisme dans sans doute il ne se remettrait jamais.

Fort heureusement, ce fut sain, sauf et resplendissant qu’il arriva jusqu’au café, poussa la porte, adressa un sourire à la serveuse qu’il connaissait un peu et qui l’avait reconnu (comme tout le monde), avant d’avancer à grands pas, le cœur battant, vers son professeur de suédois. Il était en retard — sans doute Ivan l’attendait-il depuis des heures — sans doute était-il fâché, sans doute sa vie était-elle finie.

Ulysses serra la main d’Ivan d’une poignée franche faite pour inspirer la sympathie, avec un sourire chaleureux et un regard direct. Quelques jeunes filles qui avaient réussi à attirer leurs compagnons dans un café un peu élégant plutôt que de passer l’après-midi devant le football américain caressèrent quelques instants du regard cette apparition, avant de reporter à contrecoeur leur attention sur le morceau de second choix qui leur faisait face, sans songer que le second choix était peut-être beaucoup, beaucoup plus facile à vivre que ce nouveau client angélique.


— Non, aucun problème. Je suis désolé, je suis un peu en retard, j’étais en train de…

… choisir mes vêtements. Ulysses s’interrompit et esquissa un sourire un peu gêné.

— …bref, peu importe. J’ai mal calculé mon horaire.

Ulysses, après s’être débarrassé de son manteau, s’assit sur la banquette à côté d’Ivan, parce qu’enfin ce serait beaucoup plus pratique pour regarder tout ce que le Suédois avait apporté et il allait s’intéresser à ces objets prometteurs quand la serveuse s’approcha pour prendre sa commande, avec un zèle qu’elle n’avait peut-être pas également pour tous les clients. L’Américain leva les yeux vers elle.

— Vous avez du Cacolac ?

La jeune femme parut un peu déstabilisée par cette requête atypique.

— Euh… Non…

Elle avait sincèrement affecté à la perspective de ne pas pouvoir servir à son client la boisson demandée.

— Alors, hmm… Un thé vert, s’il vous plait.
— Tout de suite, Monsieur Winford.


Elle partit pour se rattraper et s’assurer qu’Ulysses aurait le meilleur thé vert de sa vie. Pendant ce temps-là, le favori de ces dames promenait un regard curieux sur l’attirail pédagogique de son ami, à la fois par curiosité et parce qu’il n’osait pas promener son regard sur son ami lui-même.

— Je te préviens, les langues nordiques, ce n’est pas vraiment mon domaine de prédilection. Je crains qu’il ne faille être très patient avec moi. Enfin, apparemment, tu as l’habitude : tu as un sacré matériel.

Les yeux d’Ulysses trouvèrent enfin le courage de rejoindre ceux d’Ivan et le jeune homme, malgré tout plus intéressé par le Suédois que le suédois, interrogea :

— Tu en donnes souvent, des cours ? Je pensais à toi l’autre jour, et je me suis rendu compte que je ne savais même pas ce que tu fais dans la vie.

Pendant ce temps, la serveuse regardait scrupuleusement la trotteuse de sa montre, pour exécuter avec une précision métronomique les indications sur le paquet de thé.
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyDim 10 Fév - 13:51

Peu importe le temps qu'il avait pu attendre, Ivan était ravi de revoir son ami, et c'est avec un sourire radieux qu'il se rassit, le laissant se mettre à ses côtés. Mais Ulysses avait beau être éblouissant, la curieuse ambiance qui avait envahit le bar ne lui échappa pas, et tandis que l'américain regardait avec curiosité son attirail, Ivan regardait quant à lui toutes les femelles en chaleur qui couvait son élève du regard d'un air passablement irrité. Certaines avait largement dépassé l'age pour pouvoir dévorer des yeux Ulysses avec une telle ardeur. Bien sûr, il comprenait parfaitement à quel point il était attirant, avec son visage angélique, ses beaux yeux, ses lèvres à croquer, son corps joliment dessiné qu'on devinait sous sa chemise, ce faux bas du dos qui…

« Hum ? »

Le monsieur t'as posé une question.

« Oh, heu… oui, enfin, ce ne sont pas vraiment des cours, j'interviens dans quelques classes d'étudiants en suédois. J'aime bien apprendre, heu… enseigner, aux gens, c'est toujours intéressant. Alors ne t'en fais pas, on a tout notre temps. »

D'ailleurs, si Ulysses mettait une éternité à apprendre, ce serait parfait pour lui. Mais Ivan en doutait un peu, il devait être très intelligent pour avoir étudié à Yale et avoir trouvé presque immédiatement une place très enviable au parti. Oui, le Suédois s'était un peu renseigné auprès de Salem, il n'y a pas de mal, c'était juste de la curiosité, le garagiste n'en savait pas beaucoup de toute façon. Et puis il avait pleins d'excuses tout à fait appropriées pour expliquer…



Ulysses avait pensé à lui ? Le message avait mit un peu de temps à prendre son sens dans son esprit, mais Ivan se sentit alors enchanté. Au milieu de tout ses rendez-vous, de tous ces gens éblouis par sa simple présence, il avait pensé à lui ? Oh, ce n'était que pour se demander ce qu'il faisait dans la vie, alors ça ne voulait très probablement pas dire grand-chose. Mais quand même, ce n'était pas désagréable. Avec un air un peu trop heureux au vu de la bête conversation qu'ils avaient, Ivan ajouta.

« Je fais des études de biologie, très orientée sur les milieux aquatiques, comme tu t'en doute peut-être. »

Ivan eut un sourire amusé et regarda les yeux verts de son ami un instant, avant que ses joues ne rosissent et qu'il juge préférable de baisser les yeux vers ses livres. Il commença par ouvrir l'album de photos.

« Ce sont des photographies que j'ai prises pour montrer un peu la Suède dans les pays où je vais, tu veux les voir ? »

Les premières photos montraient Göteborg, puis Stockholm et ses alentours, et sur la fin, quelques coupures de magasines montraient des endroits importants dans lesquelles il ne s'était pas rendu lui-même. On y voyait les villes sous de nombreuses facettes, les bâtiments les plus important ou les plus originaux, des paysages parfois couverts d'une très généreuse couche de neige, des tenues traditionnelles et des plats nationaux.

« Tiens, ça c'est le centre culturel, héhé, et là le musée de la mer, mais je n'ai pas mis toutes les photographies dans ce carnet, sinon il n'y aurait plus eu de place pour le reste. Ah, ça, c'est un sauna, il y en a beaucoup là-bas. La tradition en Scandinavie, c'est d'aller se jeter nu dans une piscine bien gelée, ou mieux, un trou dans la glace, juste en sortant. Tiens, ça c'est moi qui viens de le faire, bon, je fais un peu la grimace du coup, en même temps ce n'est pas facile de sourire quand on est frigorifié. »
Spoiler:

La visite continua ainsi plusieurs minutes, et les lieux se succédaient, des plus touristiques à d'autres nettement moins accessible, comme la vue du port de Göteborg depuis la tour de contrôle, les salles rutilantes des restaurants les plus huppés ou les coulisses de H&M, parce que oui, H&M, c'est suédois, même que son vrai nom est Hennes och Mauritz – Salem a dû en tomber de sa chaise en l'apprenant. Bref, il y avait vraiment de tout dans cet album-souvenirs.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyDim 10 Fév - 14:28

Ulysses évoluait dans son petit monde à part, où les inconnus avaient tendance à être ou excessivement gentils, ou excessivement désagréables avec lui, où les gens le regardaient fixement pendant quelques secondes avant de soupirer et où tout le monde était toujours un peu distrait. Alors pendant qu’Ivan le déshabillait mentalement et que la serveuse revenait poser un thé vert méticuleusement minuté sur la table, Ulysses se contentait de parcourir du regard les divers objets que son professeur avait apportés.

Une certaine impatience commençait à s’emparer de lui. Ulysses aimait apprendre de nouvelles choses — analyste, secrétaire de presse ou polyglotte professionnel étaient autant de spécialités qui exigeaient de lui des connaissances variées dans des domaines qu’il n’eût pas été allé découvrir de lui-même, que ce fût les lois agricoles des États des Grandes Plaines ou le réseau hydrologique d’Arabie Saoudite et il aimait découvrir que le monde était toujours plus varié, plus complexe qu’il ne l’avait d’abord imaginé.

Sans doute une partie de sa fébrile activité prenait-elle source dans de plus sombres retraits de son esprit, dans un besoin irrépressible de penser à autre chose qu’à soi-même, de ne pas se retrouver soudain sans rien à faire, sans personne à qui parler, tout seul avec son existence — toutes ces peurs et ces manies qui le conduisaient trois fois par semaine chez le psychologue. Mais il n’en demeurait pas moins vif ni sincèrement attaché à la complexité d’un univers qui l’émerveillait perpétuellement.

Avec douceur, Ulysses glissa :


— Ce doit être valorisant, professeur, comme métier. Se rendre compte que les gens font des progrès grâce à toi.

Bien sûr, Ulysses eût sans doute été capable de trouver une raison pour rendre n’importe quel métier valorisant, mais cela n’ôtait rien à son affirmation. Il avait un peu de mal à s’imaginer Ivan, qui lui paraissait si jeune, et si timide, Ivan qui rougissait et bafouillait si souvent, devant un public d’adolescents point toujours très bien disposés, mais il y avait dans ce tableau quelque chose de fort attendrissant.

L’Américain chercha des yeux le regard de son interlocuteur pour appuyer sa phrase d’un sourire, sans avoir particulièrement conscience de l’effet de ses charmes. Les joues d’Ivan rosirent, les joues d’Ulysses rosirent et de concert, les deux jeunes gens reportèrent leur attention sur l’album de photographies. Ulysses hocha la tête et murmura d’une voix un peu timide :


— Avec plaisir…

Et la succession des images parvint sans peine à faire oublier à Ulysses son embarras ; les yeux grands ouverts, un peu comme un enfant, le jeune homme regardait attentivement chaque cliché, qui décidément le changeait des photographies qu’il avait l’habitude de parcourir toute la journée, soit qu’elles représentassent Martha Orckmann en train de serrer la main à Monsieur ou Madame Untel, soit qu’elles fussent prises d’un satellite, au-dessus d’un désert du Moyen-Orient.

De la Suède ou, à vrai dire, de la Scandinavie dans son ensemble, il n’avait jamais vu que quelques images, dans les journaux télévisés ou, la nuit, après l’un de ses innombrables cauchemars, au hasard d’obscurs documentaires sur l’exploitation des ressources sous-marines, le système éducatif ou l’histoire de la Ligue Hanséatique. Il aimait la neige cependant — et le soleil, et la pluie, bref, il n’était pas très difficile quand il s’agissait de s’émerveiller sur les beautés du monde — et il conservait quelques souvenirs parfaits de ses séjours dans les plus belles stations de ski de l’Europe.

Son intérêt de géographe fut mis entre parenthèses cependant quand son esprit entreprit de déshabiller à son tour Ivan, à partir des éléments aperçus sur la fameuse photographie. Les mauvaises langues diront qu’en la matière, Ulysses n’était de toute façon pas très difficile, et, dans une certaine mesure, elles n’auront certes pas tort. Quand il se rendit compte que son esprit divaguait gaiement, le jeune homme attrapa sa tasse de thé, se brûla la langue et reprit des lignes de pensées plus innocentes.

Fort heureusement, un cliché avait attiré son attention. Ulysses posa sa main sur celle d’Ivan pour arrêter le défilement des pages.


— Attends. On peut… Revenir en arrière ?

Sa main quitta celle de son ami pour tourner quelques pages et remettre au jour la photographie prise de la tour du contrôle du port. Ulysses s’y connaissait pour analyser les images et celle-ci avait quelque chose d’étrange.

— C’est drôle, on dirait…

Il se remit à tourner les pages dans le bon sens, pour revoir les restaurants, les magasins.

— Hmm…

Ulysses sortit son téléphone ; en bon analyste, c’était l’heure de croiser les sources. En quelques gestes de son doigt gracieux et précis (mais oui), il parcourut les archives du New York Times jusqu’à retomber sur l’article qui l’intéressait, dont il lut le chapeau à haute voix :

— Niels Strömberg, frère d’Horace Strömberg et représentant du groupe Strömberg-CETE, a rencontré ce jeudi les responsables syndicaux des dockers de New-York, dans un effort pour négocier l’arrivée du géant suédois sur le marché américain.

Fier de son travail d’enquêteur (c’est-à-vrai dire plus facile que de suivre les mouvements du marché noir aux armes sur des clichés infrarouges), Ulysses reposa son téléphone et tourna à nouveau les yeux vers Ivan.

— Ta famille fait dans l’industrialo-portuaire et toi, tu es un alter-mondialiste des océans. C’est un choix courageux.

Ulyssses esquissa un sourire et, en se remémorant des bribes de l’opération de sauvetage d’Adam, il murmura moitié pour lui-même :

— Enfin, cela, je le savais déjà. Que tu étais courageux.

Le jeune homme observa encore pendant une ou deux secondes son étrange interlocuteur, avant de reporter son attention sur le carnet de photographies. Pour quelqu’un de curieux et de sociable, Ivan Strömberg consistait indubitablement un sujet digne d’intérêt.
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyDim 10 Fév - 19:48

Devenir professeur ne faisait pas vraiment partie des projets d'Ivan, cela dit, il prenait un plaisir certain à enseigner, et plus généralement, à partager ses connaissances et expériences. Aussi était-il presque aussi absorbé par la présentation de son pays natal qu'il avait pu l'être lors de la visite du musée. Et l'idée qu'en plus de la Suède, il dévoilait aussi une partie de sa vie, ne l'effleurait pas. Ivan ne parlait que peu de sa famille, en règle générale, pas qu'il cherchât à cacher ses origines ou quoi que ce soit, ils étaient juste si différents de lui que même les prétextes pour aborder le sujet étaient rares.

Il eut un léger sursaut lorsqu'Ulysses lui attrapa la main, le contact inattendu fit faire à son cœur un bond dans sa poitrine et, même si cela prenait le temps, il commençait à se dire que les soupçons de Salem n'étaient peut-être pas tout à fait infondés. Peut-être le joli blond lui faisait un petit effet, mais après tout, il en faisait un a tout le monde autour de lui, même le type avec sa copine, dans le fond, donc ça devait être normal.

Tout à ses pensées, il regarda les gracieuses et précises mains d'Ulysses qui tournaient les pages, pour s'arrêter près d'une photo précise, et plutôt intéressante par ailleurs, puisqu'on y voyait une bonne vue d'ensemble de l'un des ports de son père. Heureusement, sinon c'est que la tour était très mal foutue, et ça n'aurait pas été digne d'un Strömberg. Ivan comprit tout de suite ce qui avait interpellé son camarade dans le cliché, et s'attendait à devoir répondre à des questions sur la manière dont il s'y était pris pour avoir cette vue en hauteur, depuis un endroit qui n'était sans doute pas ouvert au public. Mais il n'y eut pas de questions, Ulysses suivit seul son raisonnement et c'est avec des yeux ronds qu'il l'entendit soudain parler de son oncle et de la stratégie conquérante de l'entreprise familiale. Il en resta scotché une seconde, temps qu'Ulysses mit à profit pour admirer son courage. Avec une moue dont il ne put effacer la pointe de fierté, il dit modestement.

« Pas tellement, et puis c'est probablement un peu grâce à eux que j'en suis là. »

Il regarda Ulysses, l'intérêt qu'il avait éveillé chez lui avait fait disparaître sa timidité.

« Tu es vraiment très perspicace, je n'en reviens pas. Tu as vu juste, je suis le fils d'Horace Strömberg, c'est… »

Ivan eut un air pensif alors que leur dernière conversation lui revenait en mémoire.

« C'est un prédateur. Il aura le marché américain. Les syndicats ont fait traîner les négociations l'autre jour, ils craignent que le rachat de Symtech fasse sauter plusieurs centaines d'emplois, et ils ont raison. Mais tout a déjà été signé sous le manteau il y a des semaines, et deviendra officiel dès que les médias auront le nez ailleurs. »

Vu sa façon de présenter les choses, avec une voix lasse et doucement ironique, les pratiques de sa famille en matière de stratégie et de management ne lui plaisaient pas beaucoup. Mais il admettait qu'elles étaient efficaces, son père s'était mis quelques politiques dans sa poche, bernait tous ceux qui se montraient un peu réticent, et ça marchait. La voie de l'alter-mondialisme était nettement moins évidente en comparaison, mais Ivan se sentait incapable d'emprunter une autre voie. Respecter la nature et les gens lui semblait être l'évidence même, aussi naïf cela puisse paraître.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyLun 11 Fév - 10:20

Cet album de photographies n’était pas une mauvaise affaire : non seulement Ulysses avait-il pu glisser un compliment à l’adresse de son bien aimable professeur (qui pour l’heure ne professait pas grand chose, mais l’élève du jour n’avait pas l’air particulièrement pressé d’explorer les détails de la grammaire suédoise et beaucoup plus intéressé par ceux de la vie privée d’Ivan), mais il avait pu faire la démonstration de son intelligence et ce n’était sans doute pas une mauvaise chose.

Les yeux plongés dans ceux de son interlocuteur, Ulysses écouta le détail de l’affaire. Il était aisé de voir qu’Ivan ne se sentait pas très à l’aise dans un semblable héritage et la chose ne surprenait guère l’Américain : entre l’aquarium et les réunions écologistes, il imaginait assez mal Ivan soutenir une politique de rachat agressive. Il y avait dans la tristesse dont la voix du jeune homme témoignait discrètement quelque chose de si touchant qu’Ulysses dut se retenir de ne pas le prendre dans ses bras — ce n’était sans doute pas très pédagogique.

Il rosit légèrement et détourna le regard, s’évadant dans une réponse purement économique :


— Un bout du marché américain, sans doute. Mais tout le marché, c’est peu probable. Les lois sur le monopole autour des ports sont assez rudes, pour des raisons de sécurité nationale et de stabilité de l’import-export. Et puis le marché américain est beaucoup plus protectionniste qu’il n’y paraît et les politiques nationaux tirent les neuf dixièmes de leurs subventions des groupes nationaux ; localement, on peut arriver à se frayer un passage, mais sinon, c’est plus compliqué.

Ulysses se rendit compte qu’il venait de faire une démonstration de parfaitement bourgeoisie et ce sursaut de winfordisme l’inquiéta. Si Ivan n’avait aucune sympathie pour les manigances financières et industrielles de sa famille, vraisemblablement il n’en aurait pas pour son propre monde et l’Américain songea avec inquiétude qu’il était peut-être l’incarnation de tout ce qu’Ivan détestait ; Winford Electrics était loin, très loin d’être réputé pour la violence de son management et, indubitablement, les employés y étaient mieux lotis que dans la plupart des grands groupes américains, mais enfin, ce n’était pas un bastion de l’altermondialisme.

Le jeune homme se mit à jouer machinalement avec le sucre posé sur la soucoupe du thé. Timidement, il murmura :


— Désolé… C’était pas…

Il se mordit la lèvre, resta quelques instants songeurs et reprit :

— C’était pas ce que je voulais dire. Je voulais pas… Je voulais pas paraître insensible.

L’ange blond abandonna le morceau de sucre et releva les yeux vers Ivan. Il y avait quelque chose d’émouvant dans la manière dont, loin des caméras et des journalistes, Ulysses laissait son visage exprimer sans détour ses émotions. Le jeune homme avait beau être un politicien avisé, il ne versait pas exactement dans le cynisme, et si l’éducation des Winford avait cultivé en lui un solide sens des réalités géostratégiques et économiques, elle lui avait aussi insufflé le sincère attachement aux idéaux qui avait guidé l’implication militaire et politique de la famille depuis des générations.

— Je comprends que ce doit être difficile pour toi. Et… Dans une certaine mesure, j’en fais un peu l’expérience aussi. Même si je n’ai pas vraiment dérogé à la tradition familiale.

Ses études avaient été faites, pour l’essentiel, afin que son père fût fier de lui et qu’à défaut de devenir militaire, il vît que son fils pouvait servir la nation et son implication dans la politique démocrate s’inscrivait dans la lignée de ses ancêtres sénateurs, membres du congrès, secrétaires d’État, directeurs d’agence ou rédacteurs en chef de grands journaux politiques. Parfois, Ulysses avait l’impression d’être un pur produit Winford.

Un sourire triste s’installa sur son visage.


— C’est fou, je dois être tout ce que tu détestes, en fait. Un grand bourgeois capitaliste et un politicien.

Un silence suivit cette constatation amère et, à nouveau, Ulysses détourna le regard pour recommencer à jouer nerveusement avec le morceau de sucre.

— C’est gentil quand même d’accepter me donner des cours.

Soudain, comme il avait pris conscience de toute la distance sans doute impossible à combler qui le séparait de son interlocuteur et qu’une profonde et inexplicable tristesse l’avait alors envahi, Ulysses ne se sentait plus tellement d’humeur à regarder des photographies ni à bavarder et les cadres stricts et objectifs de la grammaire lui semblaient un milieu beaucoup plus rassurant et beaucoup plus désirable désormais.

Soucieux de ne pas trop laisser le temps à Ivan de répondre et désireux de pouvoir détourner séance tenante la conversation qui devenait décidément trop embarrassante, Ulysses essaya de reprendre de la voix la plus dégagée possible :


— Bon, on ferait mieux de commencer, sans doute. Comment est-ce que tu veux procéder ? Plutôt immersion, assimilation ou plutôt un apprentissage méthodique par les éléments ? Les deux me vont.

Le jeune homme ne poussait pas son numéro de confiance retrouvée jusqu’à regarder Ivan dans les yeux et il était donc parfaitement absorbé par la contemplation de sa tasse de thé, tandis que l’emballage du morceau de sucre entre ses doigts avait finalement rendu l’âme. Il reposa le sucre et attrapa la cuiller, pour passer sa nervosité sur un nouvel objet un peu plus résistant.

Ses pensées commencèrent à divaguer. Peut-être que s’il adoptait un poisson, Ivan l’apprécierait un peu plus ? Il allait devoir se renseigner sur la question. Ou subventionner l’aquarium. Faire une donation à une société de sauvegarde des baleines ? Mais encore une fois, c’était une logique de bourgeois philanthrope, qui n’opérait que par son argent. Alors il faudrait qu’il s’implique lui-même. Dégager quelques horaires dans son emploi du temps pour démazouter les mouettes sur les plages.

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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyLun 11 Fév - 18:38

Ivan appuya les dires de son élève d’un hochement de tête, si l’économie n’était certainement pas son domaine de prédilection, il n’avait pas grandis éloigné des préoccupations de sa famille et avait régulièrement était le spectateur de longs débats au cours d’interminables dîners familiaux, et même personnellement, il gardait un œil sur l'actualité, histoire de ne pas rater tout ce qui avait trait à l’environnement. Pour avoir vu le temps que prenait l’intégration du groupe sur ce nouveau marché, il se doutait bien que les choses n’étaient pas si aisées, même si Ulysses venait de lui apporter quelques informations qu’il ignorait sur la politique du pays. Le Suédois n’était pour sa part pas du tout gêné par le manque de sentiments qu'il avait pu montrer. En la matière, les Strömberg lui avaient bien inculqué que sa sensiblerie n’avait que peu de place, et l’attitude d’Ulysses lui paraissait donc plus compréhensible que la sienne.

La soudaine contrition de son camarade le déstabilisa donc un peu, voir quelqu’un s’excuser d’être un bourgeois capitaliste était même assez étrange pour lui, habitué qu’il était à voir la fierté de sa famille. Il s’empressa de tenter de le rassurer.

« Il n’y a pas de mal, au final, je n’ai rien contre ma famille, et encore moins contre toi. C’est le monde tout entier qui tourne comme ça, et puis tu n’es pas insensible, pas du tout. »

Ivan avait beaucoup de mal à ne parler que d’économie alors que son ami paraissait si affecté, comme si ce qu’il venait de lui expliquer allait le faire partir en courant. Il avait une envie irrépressible de lui dire qu’il le trouvait gentil, beau, absolument adorable et ainsi de suite, mais il se retenait, sinon c’était Ulysses qui allait s’enfuir. Et voilà que maintenant il se mettait à penser qu’Ivan le détestait, celui-ci s’en voulu un peu d’avoir eu un jugement rude envers sa famille.

Après tout, il avait fait quelques petites recherches Wikipédia sur les Winford, par simple curiosité, et savait donc, en plus du fait que la famille d’Ulysses comprenait d’innombrables grands noms dont le destin avait parfois été parfois tragique, qu’ils possédaient quelques petites centrales, et que son raisonnement au sujet de Strömberg-CETE était aisément transposable à Winford electrics. Il aurait dû y penser plus tôt, la tristesse qu’il lisait dans les yeux de son ami lui brisait le cœur.

« Tu n’as pas à t’excuser, un bourgeois, je pense que l’on peut dire que j’en suis un aussi, et j’aurais sans doute bien besoin de meilleures connaissances en matière d’économie et de politique pour être plus crédible. Je ne te déteste pas, bien au contraire. »

Ses yeux s’étaient baissés pour cacher sa gêne, ils tombèrent sur la main d'Ulysses qui maltraitait un pauvre sucre et s'était posée sur la sienne quelques instants auparavant.

« Je suis vraiment content qu'on puisse discuter tous les deux. »

Sa main effleura celle d'Ulysses, sous le faux prétexte de vouloir stopper les gestes nerveux de son camarade, avant qu'il ne se rende compte que ce n'était pas très approprié. Ulysses était son élève, il était amoureux d'Adam, et quand bien même il ne le serait plus, il n'y avait presque aucune chance qu'il s'intéresse à un petit altermondialiste pas toujours très en phase avec les dures réalités du monde. Puisqu'Ulysses avait tendu la perche, Ivan se rabattit prestement sur les cours en retirant sa main et en parlant un peu vite.

« Hum, alors… Immersion, oui, immersion, c'est plus intéressant que de bachoter, non ? »

Il ouvrit un livre sans lever les yeux.

« Alors, déjà je te montre l'alphabet et la prononciation, et puis on va voir quelques phrases très simples, cela me paraît bien, on commence doucement, comme cela. »

On commence doucement, c'est le cas de le dire.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyLun 11 Fév - 19:11

Dossiers du Dr. Soshanna Ezelbaum. Séance 3 — Patient : Ulysses Winford — Test de Rorschach

— Qu’est-ce que vous voyez, là ?
— …
— N’ayez pas peur. Ici, vous pouvez dire ce que vous voulez. Alors ?
— …hm.
— La première chose qui vous passe par l’esprit.
— Un… Oui. Un membre masculin.
— Et là ?
— … Une poitrine.
— Et là ?
— On peut arrêter ?


***

Les convictions politiques d’Ulysses Winford étaient un méandre dans lequel plus d’un de ses amis s’était un jour perdu. Une chose était certaine, le jeune homme était loin d’être autant à la gauche du Parti que ne l’était Adam et, bien entendu, à plus forte raison, Ivan. Il entrait beaucoup de réalisme dans la manière dont il concevait les choses et ses conceptions étaient toujours d’une insondable complexité, parce qu’elles reposaient sur la multitude des convictions d’autrui, sur les différents acteurs du jeu politique, sur la répartition des discours dans la sphère médiatique, sur la théorie de l’espace public.

Il n’empêchait que, souvent, une certaine mauvaise conscience s’emparait de lui. Dans la bonne tradition américaine, il donnait des sommes considérables à toutes sortes d’organisations caritatives et le fait même de soutenir la candidature d’Orckmann si ardemment était une preuve que ses opinions étaient très loin du compromis centriste. Mais, malgré tout, il avait régulièrement l’impression de ne pas en faire assez, de jouir de son petit confort sans mettre les mains dans le cambouis.

À ces scrupules s’ajoutaient des regrets : il songeait aux études qu’il eût faites s’il n’avait pas songé à plaire à son père, à la carrière qui eût été la sienne s’il n’avait pas hérité, comme la plupart des Winford, d’un sens aigu des responsabilités et du service public. Le patriotisme winfordien ne passait par les drapeaux et le nationalisme, mais par un engagement à corps perdu dans l’État, ses forces armées, ses agences, son système judiciaire, quitte à y perdre la vie au passage.

Ulysses n’était pas particulièrement prompt à se dévaloriser, mais sur ces points précis, ces petites crises de doute n’étaient pas rares. Il fallait dire ce jour-là que la compagnie d’Ivan, qui avait choisi une voie si différente de la sienne en prenant un départ si semblable au sien, n’était pas faite pour alléger son sentiment de culpabilité. Mais quelque expressif qu’il fût, Ulysses n’était pas non plus du genre à étaler ses états d’âme devant une personne qu’il voyait pour la troisième fois de sa vie.

Certes — mais il était tout de même bien content qu’Ivan remît le sujet sur le tapis et il ne fallut guère qu’une seconde ou deux pour que son visage s’éclairât d’un nouveau sourire. Il hocha un peu timidement la tête. Ce soulagement disparut instantanément que la main d’Ivan frôla la sienne. Ulysses réprima tant bien que mal un sursaut électrique tandis qu’une vague de chaleur l’envahissait. Il retira un peu trop promptement sa main pour être tout à fait discret.

Parmi les nombreux avantages de la grande bourgeoisie, il y avait heureusement celui de pouvoir s’offrir les services d’une des meilleures psychiatres-psychologues de New-York (et par conséquent, vraisemblablement, des Etats-Unis et du monde), si bien qu’Ulysses, qui quelques années plus tôt eût eu bien du mal à ne pas céder à la tentation de faire des avances fort explicites à Ivan et qui eût été incapable de réfréner un flot d’images érotiques dans son esprit, Ulysses, qui avait depuis sa rupture avec Adam consulté trois fois par semaine, parvint à se maîtriser.

Il y eut un petit silence embarrassé après quoi les deux jeunes gens furent absolument ravis de se plonger dans un salvateur apprentissage de la phonétique suédoise. Comme d’habitude, la curiosité d’Ulysses suffit en quelques minutes à chasser de son esprit les derniers incidents et il s’appliqua très studieusement à prononcer correctement les lettres ou les mots, ce qui n’était pas exactement une partie gagnée d’avance, moins à cause de son accent américain, d’ailleurs, que de ses habitudes indo-iraniennes, le suédois et le farsi n’ayant pas grand-chose en commun.

De temps en temps, le jeune homme jetait de petits coups d’œil à son professeur, histoire de voir s’il n’était pas trop fâché malgré tout, ou alors simplement pour détailler la courbe de son nez et euh… regarder le mouvement de ses lèvres pour mieux reproduire les sons, voilà. Et quand un mot, avec l’accent suédois, lui paraissait séduisant — car un accent, c’est toujours charmant, à part, peut-être, l’accent bavarois en allemand — il mettait un peu de mauvaise volonté à l’apprentissage.

Son habitude d’apprendre des langues étrangères ne fut pas entièrement inutile, malgré la distance des types linguistiques : s’imprégner, mémoriser, faire des efforts de prononciation, il connaissait bien. Il ne se débrouillait donc pas trop mal, pour un cours informel dans un café. L’heure passait et Ulysses, qui s’était réveillé aux aurores (si vous avez bien suivi), ne put réprimer un bâillement.


— Hmm. Désolé. Ce n’est pas contre toi : c’est très intéressant. Mais la journée a été un peu chargée.

Comme d’habitude, à vrai dire. L’Américain acheva sa tasse de thé d’une traite — trop rapidement pour se rendre compte que le breuvage était froid, après une bonne heure d’apprentissage. Il esquissa une légère moue contrariée, qui fendit le cœur, quelques mètres plus loin, à la serveuse qui l’observait en essuyant pour la énième fois la même choppe de bière.

— Je chercherai des noms de radio suédoises qui diffusent en ligne. Je ne vais rien comprendre au début, mais enfin, ça me formera l’oreille.

Oreille qui, soit dit en passant, était fort jolie — comme le reste. Ceci étant dit, Ulysses était donc un peu fatigué et plus tellement concentré, les incompréhensions étaient loin derrière eux et il avait envie de reprendre sa conversation avec Ivan. Il braqua donc un regard verdoyant sur son ami et interrogea :

— Tu y retournes souvent, en Suède, d’ailleurs ? Je pourrais peut-être y faire un tour, de temps en temps.

Naturellement, pour un Winford, visa mis à part, acheter un billet d’avion pour l’Europe revenait à prendre un ticket dans le métro et quand Ulysses parlait d’aller « faire un tour », il pensait à visiter Stockholm dans une quinzaine de jours, s’il arrivait à balayer un peu son emploi du temps.
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyMer 13 Fév - 19:32

Ivan eu beau se jeter à corps perdu dans sa leçon de langue, il ne pouvait s'enlever de la tête la réaction d'Ulysses. Il avait à peine eu à l’effleurer pour recevoir un signe tout à fait évident de rejet. D'une certaine façon, c'était un moindre mal, au moins les choses étaient claires, il n'allait pas se baigner d'illusions plus longtemps et surtout, il échappait à une humiliation plus cuisante encore. Le Suédois n'osait imaginer ce que lui aurait répliqué le secrétaire de presse s'il s'était fait plus explicite. D'une certaine façon, il avait de la chance.

Oui, c'était un grand veinard.



Ivan faisait tout pour ne pas donner l'impression d'être affecté parce que qu'il venait de se passer, mais il profitait parfois qu'Ulysses semble plongé dans les livres pour relever les yeux et poser sur lui un regard un peu triste. Bon, ce n'était pas la première fois qu'il flashait sur quelqu'un d’inaccessible, mais cette-fois si la douleur semblait proportionnelle à la beauté de son camarade, c'est dire s'il souffrait. En même temps, maintenant qu'il y regardait, il se trouvait vraiment stupide d'avoir voulu approcher un garçon comme Ulysses, qu'est-ce que l'altermondialiste de seconde zone qu'il était aurait pu lui offrir ? Sûrement recherchait-il un bourgeois vigoureux et bien capitaliste avec qui il se mariera et fera beaucoup de centrales. Il n'avait pas la moindre chance.

Malgré son léger blues, Ivan ne s'y prit pas trop mal pour mener son cours, et que ce soit par plaisir d'enseigner ou parce qu'Ulysses avait un accent adorable et le faisait craquer à chaque erreur de prononciation, il ne vit pas le temps passer, et regarda sa montre d'un air étonné lorsqu'ils s’interrompirent.

« Ne t'en fais pas, tu as déjà bien travaillé. Je te donnerais des noms de podcasteurs et des adresses internet qui pourront t’intéresser, si tu veux. »

Comme Ivan l'avait imaginé, son ami était plutôt doué, pour un complet débutant. Ulysses était vraiment incroyable, tout de même, et beau et… Rah non, il ne fallait pas penser à lui comme ça, il se faisait du mal. L'évocation de ses quelques retours au pays lui mit un peu de baume au cœur et raviva son sourire.

« J'y retourne dès que je suis un peu disponible, pendant les vacances donc. Si tu continues à bien travailler, on pourra aller à Stockholm quelques jours, j'ai une maison dans le centre, pas loin de l'opéra royal. Là tu es sûr de faire des progrès… »

Ivan s'arrêta soudainement, se rendant compte qu'il était plus ou moins en train d'inviter Ulysses à venir dormir chez lui, à une dizaine d'heures de vol d'ici, alors qu'ils se connaissaient à peine, qu'il ne l'appréciait que comme un professeur et qu'il avait largement les moyens d'y aller seul. Il se maudit d'être aussi peu réaliste dans ses idées, s'il avait réfléchit une minute il se serait épargné cette nouvelle bourde. Rouge de honte, il se mit à ranger les livres pour se donner une contenance.

« Heu… Je peux aussi… te conseiller des hôtels, des restaurants, des écoles de langues, des guides… Tu verras, c-c'est très beau, quelqu'un d'aussi culturé que toi sauras en profiter. Et puis si tu veux faire des rencontres je peux aider aussi, même pour les gays il y a des endroits très sympathiques… »

Voilà, comme ça il pourra aller se trouver un Suédois moins à gauche que lui, c'était beaucoup mieux. Quoiqu'il arrive, Ivan allait l'aider, à apprendre, à préparer son voyage, et à tout ce dont il aurait besoin. Être un bon ami qui donne des coups de mains, ce n'était pas si mal, comme place, tant qu'il pouvait continuer à le voir lui faire de superbes sourires, ça lui allait très bien. Il n'avait pas besoin de plus, quelle idée.

Alors qu'Ivan déprimait déjà sévèrement, la serveuse posa une nouvelle tasse de thé devant Ulysses, et débarrassa celle qui était vide, l'air un peu gênée, elle chuchota.

« C'est de la part du monsieur, là-bas. »

Elle désigna avec une discrétion très relative un jeune homme assis à une table, grand, les cheveux châtains coupés courts, il portait un costume, et une belle montre argentées brillait à son poignet. Ça y est, v'la le capitaliste. Ivan le fixa silencieusement en se disant que les costumes, il n’aimait vraiment pas ça. Et puis, il avait l'air prétentieux ce type, même si, sûrement, il avait plus de chances que lui d'atteindre le cœur de son ami.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyMer 13 Fév - 20:07

Comme Ivan n’avait jusqu’à lors jamais semblé très à l’aise en sa présence, Ulysses s’était bêtement contenté de supposer que le trouble du jeune homme, dont il s’était aperçu de temps à autre malgré sa propre confusion, ne naissait que du tempérament ordinaire de sa personnalité et il était loin de songer que son geste eût si vivement blessé son professeur. Il s’en voulait cependant de sa brusquerie, mais il ne trouvait aucune manière de l’expliquer sans se livrer à des confessions fort intimes et fort embarrassantes, qui feraient certainement fuir cet ami si secourable.

Bref, les deux jeunes gens nageaient dans l’épaisse purée de pois de leur mutuelle incompréhension et dans les non moins épaisses ni opaques métaphores de l’un de leurs narrateurs, mais Ulysses s’en sortait un peu mieux qu’Ivan, parce que pendant que le Suédois se torturait intérieurement, l’Américain ne songeait plus qu’à la Suède, qu’aux visites qu’il y ferait, sans se rendre compte tout à fait que l’invitation d’Ivan à venir séjourner chez lui faisait beaucoup du charme anticipé de ce voyage.

Cette insouciance fut cependant perturbée par une formule un peu malheureuse. Le sourire d’Ulysses se figea, s’effaça et d’une voix aussi diplomatique que possible mais où se cachait un zest de méfiance bien sensible, il répéta :


— « Même pour les gays » ?

Qu’est-ce que c’était censé vouloir dire, cela ? Qu’il n’avait pas le droit de s’amuser dans les mêmes endroits que les autres ? Charmant. C’était qu’Ulysses était un peu sensible, un peu trop sensible, à l’homophobie, et il lui arrivait souvent d’en détecter dans des paroles fort innocentes ; à vrai dire, si Adam n’avait jamais eu à affronter l’adversité, parce que l’idée de remettre en cause sa virilité n’eût jamais effleuré qui que ce fût, l’ange blond qui, pour être bien proportionné ne représentait clairement pas une menace physique et dont la grâce n’était pas sans une délicatesse que d’aucuns jugeaient un peu (trop) féminine, avait passé une longue adolescence à sillonner entre les brutalités et les remarques désobligeantes.

Il démarrait donc souvent au quart de tour, si bien que ce fut d’un ton déjà assez froissé qu’il commença à répondre à Ivan :


— D’abord, je t’apprendrai que je ne suis pas « gay » comme tu dis et qu’ensuite, même si c’était le cas, je ne vois pas en quoi…

Il fut interrompu par une tasse de thé qu’il n’avait pas sollicitée. Son regard se braqua sur l’étranger que la serveuse lui indiquait et qui n’était finalement pas si étranger que cela. Sa beauté outragée se mua en beauté rêveuse pendant qu’il considéra d’un air profondément absorbé l’homme à la table. Machinalement, il s’était mis à tapoter de l’index sur le rebord de la table et, au bout de quelques secondes de silencieuses considérations, il murmura d’une voix très lointaine :

— …je reviens.

L’Américain se dégagea de la banquette pour parcourir les quelques mètres qui le séparaient de l’autre table sous les regards plus ou moins dérobés d’une partie de la clientèle et s’assit en face de son généreux donateur. Dans un français dont la prononciation était mélodieusement (ou non, question de goût) américanisée, il débuta sans préliminaire aucun :

— Je croyais que tu étais à Paris.
— Bonjour. Je fais un séjour d’affaires jusqu’à jeudi.


Le Français tira une carte magnétique de sa poche et la fit glisser le long de la table, vers Ulysses.

— C’est la clef de ma chambre d’hôtel.

Malgré lui, le blond baissa les yeux sur la carte, sentit son âme osciller une demi-seconde, puis releva le regard d’un air déterminé et interrogea aussi froidement que possible :

— Comment va ta femme ?

L’homme esquissa un sourire narquois.

— Ça n’a jamais eu l’air de t’intéresser.
— J’ai changé.
— Les gens comme toi ne changent pas, Lys.
— Les gens comme moi ?


Le Français haussa les épaules.

— Tu sais bien.
— Non, vas-y, explique. Tu as l’air de si bien avoir sondé ma psychologie.


Nouveau sourire narquois.

— Ce n’est pas ta psychologie que j’ai sondé.

Ulysses rougit et baissa les yeux.

— Fais pas ta mijaurée. Tu sais très bien ce que tu es.
— …
— Une trainée.


Il avait susurré ce dernier mot comme s’il eût dû éveiller aussitôt en Ulysses le désir de complaire à des requêtes aussi brutalement formulées. Mais Ulysses, dont le français était malgré tout un peu rouillée, n’avait pas son répertoire d’insultes très présent à son esprit. Après avoir cherché quelques secondes, il finit par murmurer à contrecoeur.

— Ce mot. Je ne connais pas.

Le Français traduisit obligeamment en anglais et, un quart de seconde plus tard, une gifle retentissante troubla la quiétude des consommateurs. Ulysses se leva les larmes aux yeux et revint près d’Ivan pour murmurer d’une voix où la honte avait beaucoup plus de part que la colère.

— Est-ce qu’on peut… est-ce qu’on peut s’en aller ? S’il te plaît ?

Soudain, la remarque incidente de son professeur sur la communauté homosexuelle de Stockholm ne paraissait plus avoir tellement d’importance.
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptySam 16 Fév - 20:43

Et voilà, il ne lui avait pas fallu plus de quelques minutes pour faire une bourde de plus. Ivan s'aperçut à l'instant même où il terminait sa phrase qu'il aurait dû réfléchir à deux fois, ou en tout cas mieux tourner la chose. Maintenant c'était trop tard pour se rattraper.

« Pardon. C'était pas ce que je voulais… »

Il essaya quand même, penaud, mais Ulysses reçu alors son thé gratuit de la part du type à l'air prétentieux. Ivan les observa alors qui se regardaient, puis Ulysses s'en alla le rejoindre et il se sentit soudain désemparé. Il les regarda quelques instants, reconnu quelques mots de français qu'il ne pouvait comprendre, avant de se mettre à ranger ses affaires. Être un ami prévoyant, d'accord, mais il n'avait pas non plus envie de tenir la chandelle, cinq minutes, et il irait lui donner une excuse pour s’éclipser.

Plus que quatre minutes, il avait débarrassé toutes ses affaires et mit son sac à portée pour être vraiment paré. Trois minutes, bon, il avait beau ne rien comprendre, la conversation n'avait pas l'air de très bien se passer. Deux minutes, n'empêche, il avait bien sortit une clé d’hôtel, il n'avait pas rêvé ? Alors c'était un ex ? Quoiqu'un ex ne se pointe pas la bouche en cœur avec sa clé d’hôtel à la main. C'était probablement juste un coup. Une minute, oh, il n'avait rien contre, Ulysses avait le droit de s'amuser, sur ce point, Ivan n'allait pas le juger, et puis il connaissait son intérêt pour les langues étrangères Trente secondes, peut-être qu'en fait, c'était les langues qui l'intéressait, s'il n'avait pas été Suédois, Ulysses ne l'aurait peut-être même pas regardé. Vingt secondes, mais quand même, il l'avait trouvé courageux, aussi. Dix secondes, avec tout ça, Ivan n'avait même pas trouvé d'excuses, en plus il avait déjà dis que le dimanche, il ne faisait que travailler, et puis il ne savait vraiment pas mentir. Faire semblant d'avoir un rendez-vous urgent ? Mais après, Ulysses allait le trouver très désorganisé, et un capitaliste, ça doit être un peu organisé, quand même.

*CLAC*

Alors qu'il était en retard de près d'une minute sur ses plans, la gifle partit. Comme pas mal de clients, Ivan regarda le couple franco-américain avec des yeux ronds.

« Heu… Oui, bien sûr. »

Il se leva et emboîta le pas de son ami sans y réfléchir. L'instant d'après, ils marchaient côte-à-côte dans les rues un peu enneigées. Cela ressemblait au pays, mais en différent. Sans doute une petite nostalgie l'aurait envahie s'il n'avait pas eu un ange à ramasser à la petite cuillère juste à côté de lui. Ivan n'arrêtait pas de lui jeter des coups d'œil, il semblait parfois vouloir parler, mais rien ne sortait. Il fallait dire que la seule chose qui lui venait à l'esprit était un "Ça va?", mais il n'était pas vraiment nécessaire de poser la question. À défaut, il hasarda, l'air pas vraiment sûr de lui.

« Ce n'était pas quelqu'un de bien, je crois. »

Bon, il n'avait que vaguement imaginé ce qui avait pu se passer entre eux, alors il était très mal placé pour en juger, en plus il avait encore oublié toutes les insultes en anglais que nombre de ses connaissances avait tenté de lui apprendre, alors dire ce qu'il pensait été un peu compliqué, et pas très approprié de toute façon. Ce n'était pas comme ça qu'il allait lui remonter le moral. Ivan le regarda encore en réfléchissant, s'il y avait bien une chose qu'il ne savait pas faire, c'était remonter le moral des gens, et avec Ulysses il avait déjà au moins quatre bourdes à son actif, alors il se méfiait. Ses pas les entraînaient du côté de central park, Ivan se disait qu'un peu de grand air lui ferait du bien, il montra du menton un banc.

« On s'assoit un peu ? Tu aimes la musique ? »

Ce n'était pas Adam, alors avec un peu de chance, il ne mourrait pas, Ivan sortit son mp3 et lui donna un écouteur, lui, quand il était un peu déprimé, il en écoutait beaucoup, alors… Il y avait beaucoup de choses dans son bidule de 16go, mais pour cette fois il évita les groupes suédois, le rock anglais et surtout les quelques chansons françaises, pour lui mettre des musiques instrumentales. Le violon va bien aux anges.

Spoiler:

Il lui fallut bien trois chansons pour se rendre compte que peut-être, son camarade n'était pas aussi à l'aise que lui avec les températures polaires. Il lui jeta soudain un regard inquiet en se disant qu'il était sans doute en train de faire une nouvelle bourde.

« Heu… Tu n'as pas froid, au moins ? Je suis désolé, je n'y ai pas réfléchis. Je pense jamais à ce genre de choses… Pardon si je fais des trucs idiots. »

Il baissa piteusement les yeux en se rappelant comment sa phrase malheureuse l'avait fait passer pour un homophobe en une seconde.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptySam 16 Fév - 23:27

Ulysses sentait tous les regards sur lui alors qu’il ressemblait ses affaires, qu’il remettait son manteau avec ses mains tremblantes, il sentait les regards sur lui alors qu’il traversait en compagnie d’Ivan le café, qu’il tendait quelques billets à la serveuse sans lever les yeux vers elle, et il sentait, il était persuadé que tous ces gens savaient pertinemment ce qui s’était passé, qu’ils étaient tous d’accord, que tout le monde voyait à quel point son corps était sale, et usé, et souillé.

Dehors, un froid mordant le força à abandonner pour quelques secondes ses sombres ruminations, le ton de reboutonner son manteau et d’en relever le col. Les rues étaient couvertes de neige — les passants étaient presque toujours aussi nombreux et rien n’arrêtait jamais, à New-York, les flots humains qui allaient et venaient, toute la journée, sous la pluie ou la neige, en semaine comme le week-end, mais tout le monde paraissait plus pressé qu’à l’ordinaire le dimanche et les joggeurs dominicaux, ce jour-là, avaient disparu de la circulation.

Ulysses se mit à marcher sans réfléchir. Le froid un peu douloureux était une sorte de distraction à ses pensées et, de toute façon, il eût été incapable de conduire. Alors, les mains fourrées dans les poches, il marchait, en silence, sans paraître prêter attention à Ivan d’abord, mais à chaque fois qu’un passant ou un obstacle les forçait à se séparer, il revenait à côté de lui, et réglait son pas sur le sien, pour être sûr d’être toujours près de lui, à sa hauteur.

S’il ne le regardait pas, ce n’était pas par indifférence, mais par honte. Non seulement Ulysses n’était-il pas très doué pour faire abstraction de ce que le reste du monde pouvait penser de lui et éprouvait-il quelques difficultés à ne pas se soucier du jugement des autres en général, mais Ivan était particulier — sans s’en rendre compte, l’Américain en avait fait l’exemple de l’intégrité, de la moralité, de l’amitié et la droiture et ainsi lui semblait-il qu’auprès du Suédois, ses propres fautes, même informulées, n’en étaient que plus cuisantes.

Mais pour rien au monde il ne se fût enfui. Dans la douleur comme dans la joie, la solitude ne lui réussissait guère et il préférait de très loin la compagnie de son nouvel ami, quand même elle lui faisait sentir plus vivement les souillures de son passé, que le désert de sa voiture et de son loft. Les premières observations d’Ivan firent naître sur son visage un sourire un peu triste ; il secoua la tête et d’une voix malgré tout légèrement calmée, il murmura :


— Non, c’est sûr, c’est un connard.

Ce n’était pas parce qu’Ulysses n’avait pas toujours une très haute estime de lui-même qu’il était prêt à prendre sur lui toutes les fautes du monde et s’il ne pouvait pas, en toute bonne foi, reprocher à son amant Français d’avoir essayé d’obtenir à nouveau ses faveurs, il n’était pas près de lui pardonner les propos qui avaient suivi son refus catégorique. Néanmoins, l’ange hésita à préciser qu’il n’était sans doute pas quelqu’un de bien non plus, mais le courage de donner les explications qui eussent nécessairement suivi une semblable affirmation lui manquait.

Les deux jeunes gens pénétrèrent finalement dans Central Park et Ulysses hocha la tête pour s’asseoir sur le banc. Il sourit un peu timidement et répondit :


— Beaucoup. Je ne m’y connais pas forcément beaucoup, sauf en classique… et en musique électronique. Mais je suis curieux.

Ils s’assirent donc et écoutèrent la musique, l’un près de l’autre, avec une attention religieuse. Enfin, religieuse, c’était beaucoup dire : Ulysses était finalement occupé à remuer discrètement ses doigts pour s’assurer que le froid n’allait pas lui en ôter définitivement l’usage et il essayait de combattre ses grelottements, pour conserver une indifférence virile face à l’adversité, même s’il commençait à regretter un peu son esclandre en songeant à l’agréable chaleur du café.

Tout cela avait au moins l’avantage de chasser une partie de sa mélancolie et l’hypothermie assurément constituait une excellente distraction. Certes, sa peau refusait de prendre la teinte violacée qui eût indiqué son état de congélation avancée parce qu’elle préférait conserver la délicate pureté de sa carnation naturelle, mais il ne devait pas réussir trop bien dans sa tentative pour impressionner Ivan par sa résistance, parce que le Suédois ne tarda pas à remettre en doute ses capacités de chasseur alpin.

Ulysses allait confesser son échec thermique quand le jeune homme fit explicitement illusion à leur altercation avortée sur les quartiers gays de Stockholm. Aussitôt, le blond secoua la tête et lui adressa un sourire réconfortant.


— Tu parles de tout à l’heure ? Ne t’en fais pas, tu n’as rien dit de mal. Je suis un peu… Des fois, je démarre au quart de tour et…

Il crut voir une ombre d’incompréhension dans les yeux d’Ivan et décida d’éviter les expressions idiomatiques pour l’heure :

— Je veux dire que je réagis vivement et sans réfléchir. Il ne faut pas faire attention. C’était stupide de ma part de m’emporter, je suis sûr que tu ne pensais pas à mal. Je suis désolé. Tu t’occupes de moi et tout. Tu es adorable.

Un nouveau sourire vint appuyer ces propos puis Ulysses, bien décidé à ne pas laisser passer une occasion de se sauver du blizzard, répondit à la première question de son camarade :

— Par contre, oui, je meurs de froid. Je n’ai pas grandi en Californie, mais quand même. On pourrait peut-être… Je ne sais pas. Chercher un autre café. Ou aller au cinéma. Enfin, tu as peut-être du travail. Je ne voudrais pas m’imposer.

En fait, Ulysses mourrait d’envie de s’imposer, mais il était beaucoup trop poli pour cela.

— Tu en as déjà fait beaucoup pour moi. Et… Si tu as des choses à faire, vas-y. Ne t’inquiète pas pour moi et pour l’autre, là.

Le jeune homme baissa honteusement les yeux et conclut :

— J’ai l’habitude, des trucs comme ça.


Dernière édition par Ulysses Winford le Dim 17 Fév - 17:54, édité 1 fois
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyDim 17 Fév - 17:51

Ivan avait retiré son écouteur pour écouter Ulysses, ses quelques paroles suffirent à le rassurer. Il n'était pas fâché contre lui, c'était juste qu'il démarrait au quart de tour. Des mots qui… avait sans doute beaucoup de sens, pour un Américain. Ivan plissa légèrement les yeux, ce que son camarade sembla remarquer puisqu'il arrangea immédiatement sa phrase. Il haussa modestement les épaules quand il entendit qu'il était adorable.

« Ce n'est pas un problème, j'aime bien être avec toi. »

Il se leva dès qu'Ulysses avoua qu'il avait froid, et en évaluant les possibilités qui s'offraient à eux, un café qui serait rempli de gens qui dévoreraient Ulysses des yeux et lui offriraient peut-être encore des verres – il avait compris la leçon. Dans un cinéma, ils ne pourraient pas vraiment discuter et le beau visage de son camarade serait dans la pénombre. Que restait-il alors ? Les trucs de jeunes qu'il avait découvert avec Salem et sa bande, comme les salles d'arcades ou le billard. Les trucs qu'il aimait bien, comme les musées ou le théâtre, mais Ulysses n'avait pas l'air d'aimer être un bourgeois, et puis il s'ennuierait peut-être. Pour gagner un peu de temps, Ivan commença par répondre.

« Moi, je n'ai rien de prévu, c'est toi qui à un emploi du temps impossible. »

Ivan lui fit un petit sourire, il est vrai que le blondinet était bien plus occupé que lui, mais puisqu'il semblait vouloir rester avec lui, il ne devait pas être trop pris. Surtout, il semblait avoir vraiment besoin d'un peu de réconfort, vu comme il baissa les yeux à sa dernière réplique. Ivan n'allait certainement pas le laisser comme ça, son sens de l'amitié le lui interdisait – et pas que, certes. C'est aussi lui qui lui souffla de tenter une petite phrase pour remotiver les troupes, même s'il ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé. Un Américain qui parle en français devant un Suédois, ça rend forcément les choses un peu compliquées.

« Il ne faut pas avoir l'habitude. »

Dit-il très sérieusement sans sembler se rendre compte que tout ça n'était pas très clair. Heureusement, il lui restait la clé d'hôtel comme indice.

« Ce n'est pas parce que tu lui as dit non qu'il a le droit de ne pas être correct avec toi. Tu ne devrais pas être triste à cause de ce co… nnårtj. »

Ce n'est pas demain la veille qu'Ivan allait devenir vulgaire, ce qui n'était pas plus mal. En attendant, ils avaient juste rebrousser chemin de quelques mètres, et il ne comptait pas laisser son ami se les geler plus longtemps. Pour sa part, nul besoin de régénération pour ne pas paraître plus affecté que ça par le froid, il était aussi à l'aise que s'il faisait dix degrés de plus, mais ce n'était pas une raison pour traîner.

« Tu avais l'air un peu fatigué. On peut juste aller chez moi si tu veux, on sera tranquille. Puis un temps comme celui-là me donne envie de manger des glaces, et j'en ai pleins. Tu es venu en voiture ? »

Après avoir bien réfléchit, c'était le meilleur endroit possible, ils y seraient tranquilles, sans personnes pour les embêter, et au chaud, pour aussi longtemps qu'ils le souhaiteraient – et en plus il y avait des glaces, alors franchement, que demander de plus. Le temps de rejoindre la voiture d'Ulysses et les voilà qui rejoignaient le quartier tranquille où Ivan avait élu domicile, et que le blondinet avait déjà pu voir. Mais l'extérieur de son logis n'était pas très intéressant, c'était le même jardinet, la même façade que toutes autres, l'intérieur, par contre, était un peu moins classique. Ivan défit ses chaussures en entrant et les repoussa contre le meuble à chaussures du hall.

« Mets-toi à l'aise surtout, fais comme chez toi, le salon est par là. Tu ne veux pas de glace, j'imagine, du thé alors ? J'ai aussi des jus de fruits, mais pas de sodas, par contre… »

Ivan fila dans la cuisine, laissant Ulysses au milieu de son décor. La première chose qu'on remarquait, chez Ivan, c'était les plantes, des végétaux aux allures plus ou moins exotiques envahissaient une bonne partie de l'espace. Ensuite venaient les aquariums, il y en avait de toutes tailles et presque dans toutes les pièces – et il y en avait pas mal, des pièces, assez pour loger sans avoir à trop tasser une famille de trois ou quatre enfants. Le plus grand de tous était dans le salon, justement, à la place de la télé, un certain nombre de poissons tropicaux de toutes les couleurs y trempaient joyeusement. Puis il y avait aussi les grands cadres qui montraient tous des photographies de paysages ou de la terre vue du ciel.

En fait, la maison d'Ivan donnait la curieuse impression d'être un peu dehors, tout en étant dans un intérieur très confortable. Les plantes ne cachaient pas complètement les belles boiseries, les meubles travaillés, les tapis hors de prix et le restes. C'est dans ce décor que réapparut Ivan, en chaussettes, avec dans les bras un plateau sur lequel était déposé la boisson d'Ulysses, une boite de biscuits divers et une coupe où trois généreuses boules de sorbet au chocolat noir attendaient d'être dévorées. Et il avait l'air un peu gêné, en plus.

« J'ai oublié de te préciser que chez moi, c'était un peu spécial, enfin… Cela peut surprendre. »

Mieux vaut tard que jamais, Ivan espéra de tout cœur que son ami ne le trouve pas trop louche avec tout ça. C'est là qu'un merle débarqua du couloir et se mit à lui tourner autour en guettant les biscuits.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyDim 17 Fév - 18:25

Ulysses avait un peu de mal à rester tout à fait triste. D’abord, parce qu’il était occupé à survivre ; ensuite, parce que tant qu’il était accompagné, il ne cédait pas aisément à la mélancolie ; enfin, parce qu’Ivan aimait bien être avec lui. Le jeune homme n’était pas trop sûr de ce que le Suédois pouvait bien trouver dans sa compagnie, parce qu’après tout, jusqu’à présent, il n’avait été qu’un insipide chauffeur lors du sauvetage d’Adam et un interlocuteur peut-être sympathique, mais sans grand mérite ; peu importait, il n’allait certainement pas se plaindre.

Il s’était levé à son tour et, pendant qu’Ivan lui répondait, il avait commencé à guider leurs pas en dehors du parc dans lequel ils s’étaient engagés et qui, ce jour-là, n’était pas aussi peuplé qu’à l’ordinaire, quoiqu’un plus loin, des familles eussent amené leurs enfants faire des bonhommes de neige. Pour sa part, Ulysses n’avait aucune préférence : cinéma, bar, exposition médicale sur la verrue, du moment que la salle était chauffée, tout lui irait.

L’Américain laissa échapper un soupir quand le Suédois revint sur le compte du fameux Français. Il haussa les épaules.


— Je suppose que je ne devrais pas, oui. C’est juste…

Il réfléchit quelques secondes et finit par avouer :

— Je ne suis pas très doué pour le stoïcisme. Je laisse les choses m’atteindre. Mais ça passe, tu sais. Ça va mieux, déjà.

Bon, il n’allait pas mettre sa main à couper que, ce soir-là, une fois seul de retour dans son grand duplex vide, il ne se sentirait pas lamentable et ne pleurerait pas pendant une bonne demi-heure roulé en boule au fond de son lit, mais pour l’heure, toute cette histoire commençait à disparaître dans le second plan de sa journée et il était bien trop heureux d’avoir écarté la presque-dispute qu’il avait failli avoir avec Ivan pour songer trop sérieusement à quoi que ce fût d’autre.

C’était que des presque-disputes et des vraies disputes, Ulysses en avait beaucoup, parce que son caractère n’était pas le plus facile du monde, sans doute, et que retenir ses émotions n’étaient pas non plus sa grande spécialité. Après tout, il lui avait fallu moins de deux heures avec Adam, lors de leurs retrouvailles, pour recommencer à agiter le temps passé et il n’était pas rare, lors des réunions avec l’équipe électorale, qu’il exprimât ses opinions avec véhémence : c’était la force de la passion et puis, de toute façon, tout le monde finissait toujours par le lui pardonner.

Tout de même, il n’avait pas envie de faire fuir son nouvel ami avec les pervers qui l’entouraient ou sa propension à monter sur ses grands chevaux, alors il préférait avouer très vite ses défauts, du moins certains d’entre eux, pour qu’Ivan ne fût pas trop surpris. Après tout, c’était comme cela que l’on construisait une relation saine et durable. Entre deux amis. Et plus le temps passait, plus Ulysses avait envie que son adorable professeur du suédois devînt son ami. Alors il était bien décidé à se laisser un peu apprivoiser.

Un petit frisson parcourut le (charmant) creux de ses reins quand Ivan lui proposa de venir chez lui. Un an auparavant, il eût été incapable d’entendre autre chose dans cette proposition que « viens faire l’amour et puis repars », mais il avait heureusement évolué et, ce jour-là, la curiosité de découvrir l’univers familier de son camarade l’emportait sur les autres considérations. Il hocha la tête et pointa du doigt la direction dans laquelle était garée la voiture, avant d’étendre la foulée pour rejoindre le véhicule (et son chauffage) le plus vite possible. Le reste de la conversation roula sur les glaces, leurs parfums, le temps qu’il devait faire pour qu’on voulût en manger, les meilleures marques aux Etats-Unis, et au fur et à mesure, le visage d’Ulysses se détendait et se paraît peu à peu de ses plus charmants sourires, avec un air de touchante insouciance.

La voiture garée, la porte ouverte, les chaussures retirées, le manteau posée, l’Américain commença à arpenter à pas lents le couloir puis les pièces de la maison d’Ivan, ses grands yeux verts écarquillés, les lèvres légèrement entrouvertes, et tout à fait émerveillé. Lui qui pouvait passer des heures à regarder la chaîne géographique à la télévision et des heures à regarder les émissions de décoration intérieure (ce qui, certes, n’était pas très viril non plus), ne pouvait qu’être enchanté par un décor aussi atypique.

D’un air un peu distrait, il murmura :


— Euh… Jus de fruit. Je veux bien un jus de fruit. S’il te plait.

Mais à vrai dire, il s’en fichait un peu, trop occupé à observer les poissons, les plantes, encore les poissons, les photographies, les plantes. Naturellement, son regard glissait sur les objets de luxe et les boiseries presque sans les voir, parce qu’eux formaient le décor de son enfance, alors qu’assurément il n’avait jamais vécu dans une serre tropicale. Alors quand Ivan reparut, Ulysses détacha les yeux de l’un des aquariums pour poser sur son hôte un regard admiratif et pétillant.

— C’est vraiment génial. Je veux vivre ici, moi.

Le respectable secrétaire de presse avait l’air d’un gamin enchanté par les décorations de Noël. Cela dit, Ulysses n’avait jamais été, quoi qu’il en pensât, l’incarnation du bourgeois respectable et austère, et son charme relevait beaucoup plus de la fragilité sensible et de l’enthousiasme pétillant que de la classe ténébreuse.

— Chez moi c’est sympa, enfin je crois, mais ici, c’est magique. J’ai l’impression de… Hm…

Il se mit à tourner sur lui-même lentement pour embrasser du regard toute la pièce.

— D’être Blanche-Neige dans la forêt magique.

Il s’interrompit et rougit légèrement.

— Enfin, pas Blanche-Neige, parce que ça ferait de moi une princesse et ça, ça n’irait pas avec mon extraordinaire charisme viril.

Il avait adressé un sourire amusé à Ivan. Être un peu susceptible parfois ne l’empêchait certes pas de se montrer lucide et il savait pertinemment que quand on cherchait « l’homme » d’une situation, ce n’était pas vers lui qu’on se tournait — Eigon s’était ingénié, parmi d’autres, à vriller cela dans son esprit. Il se rassurait en constatant qu’il n’était pas particulièrement maniéré ou efféminé, mais il fallait se rendre à l’évidence et l’évidence méritait, de temps à autre, quelque plaisanterie.

— Disons que je suis Grincheux. Grincheux dans la Forêt Enchantée.

L’excitation de la découverte avait mis entre parenthèses sa fatigue ; il s’approcha donc d’Ivan et, en essayant de ne pas avoir l’air trop, trop curieux, tentative qui se révéla bien vite entièrement vaine, il interrogea d’un ton aussi dégagé que possible :

— Et euh… À l’étage, c’est pareil, ou bien… ?

En gros, il voulait une visite guidée.
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyDim 17 Fév - 21:57

Dans la voiture, Ivan fut fort loquace, car oui, il aimait beaucoup les glaces et, non, il ne comprenait pas pourquoi les "gens du sud" – et il y en a des gens, au sud, quand on vient de Suède – attendent tous qu'il fasse chaud pour en manger. Alors que quand il fait chaud, la glace, elle fond, impossible de pouvoir prendre son temps pour la savourer. Même les vendeurs de glaces ferment, l'hiver, c'est tout de même fou.

Bref, le fait est que même sa superbe glace au chocolat non encore fondue perdît beaucoup de ses attraits quand le regard d'Ivan se mit a contemplé Ulysses dans son chez lui. Bon, bien sûr, Ulysses était toujours beau, mais là, avec son sourire ravi et ses yeux brillants, il était carrément à tomber. Il ouvrit des yeux ronds en l'entendant dire qu'il voulait vivre là, et se demandant quelques instants s'il n'avait pas mal compris. On ne sait jamais, to live et to leave, ça peut porter à confusion, mais Ulysses ne semblait pas vouloir partir tout de suite, bien au contraire. L'entendre parler de contes était aussi un peu étonnant, même si Ivan devait bien reconnaître que son invité semblait en sortir tout droit. Il poussa un pot de fleurs pour pouvoir poser son plateau – sa décoration n'était pas vraiment très pratique pour ça.

« Moi, je me suis toujours vu dans le rôle de la bonne fée. Niveau virilité, il y a mieux aussi, mais avoir une baguette magique, c'est classe. Je suis sûr qu'elles pourraient même apporter quelque chose à Grincheux. »

Le rôle de la fée Nova de la forêt enchantée lui irait bien, c'était évident, tout comme le fait qu'une petite visite de la forêt s'imposait. Il le devina avant que Grincheux ne le demande, et eut un sourire amusé en le voyant tenter de se donner un air moins intéressé qu'il ne l'était réellement. Tout ça était définitivement adorable.

« Oui, je te montre ? »

Ils firent donc le tour des lieux, Ivan donnait parfois quelques explications sur ce qu'il montrait, mais honnêtement, il préférait se contenter de regarder son ami s’émerveiller. Certes, son intérieur ne laissait jamais indifférent, mais beaucoup se contentait de trouver cela beau ou intéressant, tout en reconnaissant qu'ils ne comprenaient pas trop comment il pouvait vivre là-dedans, mais que c'était parfaitement Ivanesque. Ulysses était l'un des rares à ne pas chercher à porter un jugement, ou à trouver là un sens caché qui n'existait pas.

La raison de tout ça était simple, Ivan se sentait bien, là, au milieu de ses paysages et ses poissons. Sa fascination était plus discrète, mais presque identique à celle de son ami, il ne s'était pas habitué ou lassé avec le temps. Chaque jour lui apportait une admiration nouvelle pour ses petits protégés qui était tous plus différents et incroyables les uns que les autres. Il aimait laisser négligemment une fenêtre ouverte pour voir si quelques animaux de la rue ne viendrait pas s'inviter chez lui le temps de quelques instants ou plus, et il aimait être entouré de verdure, parce que c'était dans sa nature – ou dans celle des animaux qui se sont invités dans sa tête pendant une bonne partie de sa vie.

Bref, après avoir rendu visite au poisson combattant du bureau et à ses amis, ils passèrent rapidement sur les deux chambres d'amis, dans lesquelles il n'y avait pas de poissons, parce qu'il n'y allait jamais et que le léger bruit des pompes et autres bidules nécessaire au bon fonctionnement de tout ces aquarium avait beau ne pas faire un bruit énorme, ça pouvait en embêter certains. Au milieu de la visite, il ouvrit finalement une pièce un peu différente des autres.

« Ça, c'est ma base d'opération, si on veut, j'y mets les poissons malades ou en quarantaine, et d'autres trucs. »

Visiblement, Ivan ne trouvait pas cette pièce très intéressante, c'est sûr que niveau déco, elle était moins sexy et faisait plus laboratoire qu'autre chose. Il allait refermer la porte, quand il se rappela de quelque chose.

« Oh, tiens. »

Il rouvrit donc et partit dans le fond pour montrer à Ulysses des bouteilles d'eau remplies… d'eau, certes, mais de l'eau d'une belle couleur verte, et ça, ça changeait tout.

« C'est du phytoplancton, on en avait parlé, ça me sert à nourrir certain poissons. Tu veux voir ça de plus près ? Certaines algues ont des formes plutôt originales. »

Dans les "autres trucs" dont Ivan avait parlés, il n'y avait pas que du matériel d'aquariophilie, pour la première fois, le jeune homme ressemblait plus à un étudiant en biologie tout à fait sérieux qu'à un hippie un peu trop idéaliste. Il sortit une pipette et s'affaira autour d'un microscope qui devait valoir une petite fortune, et était entouré d'un paquet d'échantillons divers. Les "autres trucs" comprenaient également une poignée d'animaux qui n'étaient pas des poissons, et qui n'étaient pas en très bon état, il y avait deux bébés hérissons qui avaient perdus leur mère, une minuscule tortue que des voisins lui avait confié parce qu'elle n'allait pas très bien, et qu'il tentait de convaincre de manger autre choses que des croquettes pour chats trempées dans du lait, et un écureuil roux sous vermifuges qui se tenait étrangement tranquille alors qu'il n'était même pas en cage.

« Ah, voilà ! »

Ivan avait finis ses manipulations, et d'un coup d'œil au microscope, Ulysses pouvait maintenant admirer de magnifiques algues. On ne pouvait pas faire plus glamour et romantique, c'est certain.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyDim 17 Fév - 22:30

Si Ivan avait été surpris d’entendre Ulysses parler de contes, il allait très certainement s’habituer assez vite, parce que l’imagination de l’Américain était pleine à craquer d’histoires, des mythes aux derniers films d’art et d’essai que personne n’avait vu en passant par une bonne partie de la littérature occidentale et moyen-orientale et un stock non négligeable d’événements historiques. C’était le produit croisé d’une éducation humaniste de première qualité, d’un tempérament artiste et rêveur, et d’un sens de l’écoute et de l’observation à toute épreuve.

Si Ulysses était un secrétaire de presse si talentueux, ce n’était pas uniquement parce que les journalistes avaient une envie inexplicable de l’écouter parler pendant des heures et de croire tout ce qu’il disait, ni même parce qu’il avait baigné dans la politique dès le jour de sa naissance et que tout cela revenait un peu pour lui à faire le tour des amis de la famille, mais aussi parce qu’il savait tourner les événements un peu ennuyeux en bonnes histoires et les histoires trop intéressantes pour ne pas être embarrassantes en événements ennuyeux.

Alors quand il avait découvert la jungle de son Suédois préféré (et non, ce n’était pas le seul Suédois qu’il connût), bien des forêts magiques avaient émergé de sa mémoire, de la forêt de Brocéliande à la Forêt de Poudlard, et Ivan s’était aussi tôt paré de l’aura fascinante d’un Merlin ermite ou d’un Radagast solitaire, en beaucoup moins barbu et beaucoup plus séduisant, bien entendu — car il y avait quelque chose d’indubitablement séduisant, Ulysses voulait bien l’avouer, dans ce personnage fantasque et mystérieux, qui rentrait de ses réunions d’alter-mondialiste avec les bourgeois-bohèmes de New-York pour retrouver sa végétation luxuriante, dans le secret de cette maison coquette.

Ulysses suivit donc avec une docilité fort enthousiaste son guide, en le laissant expliquer à loisir les particularités de telle plante ou de tel poisson qui se présentait à eux avec une curieuse spontanéité dès que le maître des lieux s’approchait de l’aquarium — mais Ulysses était tellement perdu dans son rêve de forêt enchantée qu’il eût été incapable de remarquer combien le ballet était étrangement réglé. Parfois, cependant, son regard quittait les plantes et les animaux pour se transporter, avec une égale admiration, vers le visage d’Ivan et un sourire un peu rêveur passait sur le sien.

De temps à autre, il hasardait une question, sur le cycle de reproduction ou l’entretien de tel ou tel végétal, autant pour relancer son ami que par sincère curiosité. Il songeait à la froideur de son propre appartement, en comparaison et, machinalement, il se mettait à le réarranger mentalement pour le jour où Ivan viendrait lui rendre visite, parce qu’il fallait absolument que le Suédois se sentît bien chez lui, sinon ils ne pourraient pas… Faire cours dans de bonnes conditions.

Toutes ses rêveries furent soudainement interrompues par l’annexe de la clinique vétérinaire qui s’était invitée dans l’une des pièces de la maison. Ulysses pénétra d’un air un peu intimidé dans le laboratoire. Il y avait toujours quelque chose de terriblement triste dans le spectacle qu’offraient des animaux souffrants et l’ange n’était pas fait pour y résister. Ses yeux verts parcourent silencieusement les poissons dans leurs bocaux, les hérissons, l’écureuil, la tortue et il était difficile de ne pas voir en lui un petit enfant qui eût ramené à la maison un moineau blessé avec l’inquiétude de le soigner.

Mais il y avait autre chose. Ces animaux, Ivan s’en occupait, avec une patience qui, elle, n’avait pas d’angélique que l’apparence. Ulysses imaginait les soins méticuleux et répétés que tout cet univers exigeait de son nouvel ami et, d’une certaine façon, il sentait naître en lui l’envie de se mettre à la place d’un hérisson, pour profiter à son tour de cette affection protectrice. Son estomac se noua. Il se connaissait trop bien pour être dupe : toujours en quête de bras pour l’entourer et le bercer, mais rien ne marchait jamais. Même Adam était parti. Le blond s’efforça de chasser ces espoirs sans doute stériles de son esprit, mais quand Ivan revint vers lui, une fois le microscope préparé, l’émerveillement avait définitivement cédé la place à une nouvelle tristesse.


— Hmm ?

Le regard d’Ulysses se posa avec un zest d’incompréhension sur Ivan avant de tomber sur le microscope.

— Ah ! Oui. Le phytoplancton, bien sûr.

Il se pencha au-dessus de l’appareil pour observer la lamelle préparée par son ami.

— Je me souviens que, quand j’étais petit, ma mère m’avait offert une de ces mallettes, tu sais, de ces équipements de chimiste pour les enfants. Avec un microscope. Elle a toujours été très scientifique, ma mère. Les chercheurs des départements R&D sont ravis ; du moment qu’ils lui parlent de flux électroniques ou de polarité de phases pendant un quart d’heure, ils peuvent lui parler de tous les financements du monde après.

Pour être proche de sa mère ¬— aussi proche que leurs emplois du temps respectifs le permettaient — Ulysses devait bien avouer n’avoir jamais tout à fait partagé cette passion pour les sciences et le kit de chimiste de son enfance n’avait pas tardé à prendre la poussière quelque part dans l’un de ses innombrables placards.

— J’ai jamais eu l’esprit vraiment… Je ne sais pas. Vraiment scientifique. Mais j’aimais bien regarder au microscope. Le monde est différent. Il y a quelque chose de poétique dans l’infiniment petit comme dans l’infiniment grand. Et puis j’aime bien ce qui est caché derrière ce que l’on voit.

Le jeune homme se redressa pour se retourner vers son ami. Aussi fascinante que fût l’observation du plancton, il espérait malgré tout ne pas s’éterniser dans cet hôpital animalier, qui continuait à avoir quelque chose d’un peu déprimant. Doucement, il interrogea :

— On redescend ? C’est intéressant, hein. C’est juste… C’est un peu… Triste. Aussi.

Ulysses esquissa un sourire un peu désolé. D’une voix songeuse, il reprit :

— Tu ne m’as pas montré ta chambre, non plus.

Presque aussitôt, il précisa d’un air confus :

— Mais ça va, hein, je ne veux pas empiéter sur ton intimité, ni rien. On peut juste aller au salon, ce sera très bien.

En fait, il mourrait d’envie de savoir si le lit d’Ivan ressemblait à celui de Peau d’Âne dans le film français qu’il avait vu dans sa jeunesse — à moins que le Suédois dormît dans un hamac, ce qui ne le surprendrait guère.
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Ivan Strömberg

Ivan Strömberg


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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyLun 18 Fév - 18:22

Plutôt que de la tristesse, Ivan cru voir de l'ennui dans les yeux d'Ulysses. Il se dit immédiatement que montrer du phytoplancton à son nouvel ami, ce n'était peut-être pas la meilleure des idées. Son camarade l'avoua lui-même, il n'était pas très tourné vers les sciences, mauvaise pioche. Mais Ivan pouvait fort bien le comprendre, lui aussi était plus du genre à aller sur le terrain qu'à rester caché au fond d'un labo, il repartit donc vers la sortie dès qu'Ulysses eut terminé ses observations, et se fut mit à parlé de la tristesse qu'il éprouvait pour les animaux malades.

« Je te comprends, mais tu sais, ils ne sont pas vraiment tristes. »

Il avisa d'un signe de tête ses petits patients.

« Les animaux ne sont pas comme nous, ils ont une furieuse envie de vivre, c'est rare qu'ils se murent dans la tristesse. À part quand on prend un animal naturellement sociable, et qu'on l'enferme tout seul dans un aquarium totalement vide pour le restant de ses jours… Par exemple. »

Une pointe de crispation révoltéebien tangible s'était emparé de lui sur la fin, c'était à cause de l'orque, bien sûr, il y pensait presque tous les jours et ça le tuait à chaque fois. Ou alors c'était l'orque qu'il sentait mourir peut-être, c'était stupide, mais il avait presque cette impression-là. Il prenait cette affaire trop à cœur, sans doute, comme soouvent. Si cela n'en tenait qu'à lui, il aurait depuis longtemps acheté l'aquarium entier rien que pour pouvoir libérer cette pauvre bête – et être propriétaire d'un aquarium, accessoirement, un de ses rêves de gosses, avec celui de se faire enfermer toute une nuit dans un magasin de jouets. Mais sa hantise serait que ses parents tombent sur un article du genre "Ivan Strömberg, fils du PDG du géant de l'industrie portuaire Suédois Strömberg-CETE, lâche une orque dans le Lower New York Harbor". Il ne manquerait plus que ça, et puis ça coûtait cher, un aquarium, sans même parler de l'entretien.

Ses réflexions furent troublées par la question de son charmant invité, enfin, la question en elle-même n'éveilla pas vraiment ses instincts primaires, parce que ses instincts primaires allaient plutôt dans le sens de la protection des créatures en danger, et que bien qu'Ulysses soit une bien charmante créature, ses jours n'étaient pas menacés. Par contre son air soudain confus et sa tentative de rattrapage, eux, poussèrent Ivan à avoir lui aussi quelques pensées coupables. C'est donc les joues quelque peu rosies qu'il repartit dans les couloirs.

« Non ça va, tu peux empiéter sur mon intimité. Il n'y a rien de spécial dedans, de toute façon. »

Ce qui veut dire qu'Ulysses peut entrer dans la chambre, en fait. Et il est vrai que comparé au reste, l'endroit était plutôt simple. Il n'y avait même pas de hamac, c'est dire, mais deux gros poufs énormes dormaient dans un coin pour compenser. Le lit à baldaquin immense avait le même style que le reste des meubles de la maison. Son seul détail notable était que les draps en coton indien étiquetés commerce équitable étaient totalement en désordre, comme les oreillers, signe que la bonne ne travaille pas le dimanche, et que le Suédois s'agite beaucoup pendant la nuit. À part ça, il n'y avait qu'un seul aquarium, plutôt simple puisqu'il était rempli de poissons-rouges, et pas mal de plantes encore, pour le reste, une grande étagère était installée près d'une porte donnant vraisemblablement sur la salle de bain. Rien de bien notable, donc, les photos de paysages étaient pour leur part en partie remplacées par d'autres montrant un couple à l'air un peu sévère encadrant un gamin tout bouclé qui ne se tenait jamais tout à fait droit, ou alors un gamin tout bouclé dans la neige, sous la tour Eiffel, attaqué par des iguanes en Martinique, cerné par les mouettes en Angleterre, ou à deux doigts de tomber d'un voilier à trop vouloir approcher on ne sait trop quelles bestiole, aux abords des côtes Suédoises. Ah, et il y avait de la moquette, par terre, c'est toujours bon à savoir.

Ivan arrangea un peu son lit, ce qui n'était pas évident vu comme les draps semblaient avoir été torsadés sauvagement, et il s'assit dessus en regrettant d'avoir laissé sa glace en bas – en plus elle avait sûrement bien fondue maintenant, c'est nul.

« Voilà, maintenant tu as vraiment fais tout le tour. J'espère que je pourrais visiter ton intimité aussi, un jour, je me demande comment elle est décorée. »

Ivan aussi était d'un naturel curieux, et l'intimité d'Ulysses valait certainement le détour (et je suis mort de rire en écrivant).
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses]   Upptäckt av ett nytt språk [Ulysses] EmptyLun 18 Fév - 20:37

Ulysses était loin de s’ennuyer et, de toute façon, Ivan avait un don pédagogique certain, que ce fût pour le suédois ou pour transmettre sa passion ; le jeune homme trouvait que son camarade se débrouillait à merveille pour découvrir le juste milieu entre les anecdotes purement divertissantes sur les modes de vie des poissons et les informations qui, seules, eussent été un peu austères mais qui aidaient à comprendre la complexité des phénomènes. Un exposé purement scientifique eût sans doute très tôt perdu l’intérêt du curieux mais volatile néophyte qu’il était.

Cela dit, tout enchanté qu’il avait été de découvrir le phytoplancton au microscope et de s’imaginer que les baleines, qui étaient immenses, mangeaient ces algues, qui étaient minuscules, de songer à la sorte d’apologue écologique et philosophique sur la dépense cosmique que cette curiosité de la nature suggérait, il n’eût pas passé des heures non plus le nez sur la lamelle et, comme il se trouvait dans la maison d’Ivan, dans l’endroit où Ivan passait ordinairement ses dimanches après-midi, sa curiosité ne cessait de trouver de nouveaux objets sur lesquels s’exercer.

S’il y eut bien un zeste de timidité dans son attitude quand il pénétra dans la chambre de son nouvel ami, l’enthousiasme l’emporta donc de beaucoup et, aussitôt, son regard se mit à sauter d’objet en objet, les plantes, les poissons-rouges, le lit défait et, bien entendu, les photographies. Un sourire fasciné s’était définitivement installé sur les lèvres d’Ulysses et, finalement, le jeune homme tendit la main vers l’un des cadres pour regarder de plus près la bouille d’Ivan dans la neige, avec ses boucles brunes.

L’Américain avait l’air parfaitement attendri.


— T’es trop chou.

Ses yeux quittèrent le cliché pour considérer l’Ivan actuel par-dessus le cadre.

— T’as pas changé d’un pouce.

Puis ils se reposèrent sur la photographie. Ses photographies d’enfance à lui le montraient perpétuellement couvert de peinture, ou de terre, ou avec des masques, dans des déguisements, en train de poursuivre la fille au pair avec une épée en bois, assis sur un canapé trop grand pour lui avec un livre trop gros pour lui ; bref, c’était l’époque dorée qui avait précédé son enfance et, sans qu’il en eût conscience, les conséquences terribles de l’époque où s’était déclarée sa mutation.

Ulysses reposa finalement le cadre à côté des autres, à l’endroit exact où il l’avait trouvé, parce que le chaos relatif dans lequel paraissait plongée la maison ne suffisait pas à mettre en péril son sens aigu de l’emplacement de toute chose et il vint s’asseoir sur le lit d’Ivan, avant de se laisser basculer en arrière, de croiser les bras sous sa nuque et d’observer le dais, tandis que sa fatigue le rattrapait à grands pas et que ses paupières se faisaient un peu lourdes.

Heureusement, l’anglais parfois un peu approximatif d’Ivan se chargea de le réveiller et, en entendant que son camarade se proposait de visiter son intimité, Ulysses sentit fleurir dans son esprit toute sorte d’images point du tout catholique, dans son ventre une sensation chaleureuse, agréable et, pour lui, bien dangereuse et dans son âme une peur irrépressible. Il lui resta malgré tout assez de bon sens pour se convaincre que le sous-entendu d’Ivan n’était pas du tout volontaire et il s’employa pendant quelques secondes à combattre ces sensations multiples, en silence.

Une fois repris le contrôle de soi, il répondit d’une voix un peu lointaine :


— C’est beaucoup plus sobre, chez moi, bien sûr. Des fois, je me dis que je vais refaire la décoration, et puis je n’ai jamais le temps. Je pourrais demander à quelqu’un, mais j’aimerais bien le faire moi-même. Un jour.

Comme dans le café quelques dizaines de minutes plus tôt, Ulysses s’interrompit par un bâillement.

— Hmm. Désolé. Donc… Tu peux venir chez moi quand tu veux, tu sais. Pour dîner, par exemple. Je ne cuisine pas trop mal. Sauf les desserts, ça, je commanderai. De la glace. Mais sinon, le reste, je me débrouille.

Le politicien se redressa pour s’asseoir sur le bord du lit à son tour, de peur de s’endormir pour de bon entre les draps d’Ivan. Son regard vert se posa sur le jeune homme assis tout à côté de lui et, à voix basse, parce que leur soudaine proximité lui semblait imposer le murmure, il continua :

— Tu pourrais venir demain. Si tu ne finis pas les cours trop tard. Si tu n’as rien de prévu. Et…

Pendant une fraction de seconde, ses yeux s’arrêtèrent sur les lèvres d’Ivan et son cœur se mit à battre un peu plus vite. C’était précisément le genre de situations qu’il avait commencé à éviter scrupuleusement depuis sa rupture avec Adam : une chambre, un corps près du sien, une conversation trop détendue. Le souvenir de la main d’Ivan effleurant la sienne se remit à brûler son esprit.

Sa voix se fit plus mal assurée.


— Et on pourra… on pourra…

Il y avait le lit, les draps déjà défaits, et sans doute le bon geste pouvait, le bon geste suffirait, le bon geste… Ulysses se releva soudainement pour se remettre à déambuler dans la chambre d’un air beaucoup plus nerveux qu’auparavant et conclut sa phrase d’une voix aussi dégagée que possible :

— Voir les bases. De la communication politique. Comme promis. Je n’ai pas oublié. Rassure-toi. On échange les cours. C’est très…

Il avait repris un cadre, reposé, repris un autre, reposé à son tour, ouvert un stylo qui traînait avant de le reboucher, et il termina finalement :

— Bien.

D’une voix faussement résolue et alors que son regard se posait sur à peu près tout sauf le maître des lieux, Ulysses décréta enfin :

— Je dois y aller. Je dois… Il faut que je dorme un peu. J’ai des appels à passer, après. Et demain je me lève très tôt. C’était très… Tout ça, c’était très instructif. Merci beaucoup.

Ce disant, il n’avait pas laissé à Ivan beaucoup de choix, parce que déjà il quittait la chambre et, en utilisant une méthode ulysséenne éprouvée, noyait son interlocuteur sous un flot de paroles qui ne lui laissait absolument aucune échappatoire. Pendant qu’il dévalait les escaliers et rejoignait le vestibule, Ulysses poursuivait :

— Tu m’enverras un message pour le dîner. Avec tes disponibilités, et ce qui t’arrange, et éventuellement, si tu as des problèmes alimentaires. Des allergies. Ou que tu es végétarien. Je m’adapterai. Et moi, de mon côté, je ferai le ménage dans mon emploi du temps. Comme ça on sera tranquilles. Pour le cour. C’est important, pour pouvoir prendre le temps. Tu as mon adresse ? Non. Je te l’enverrai. C’est très simple à trouver, tu verras, je ne sais pas comment on fait en métro, mais ce doit être très simple aussi, tu verras. Vraiment. Très simple.

Il avait remis ses chaussures, son manteau et faisait tourner nerveusement la carte de sa voiture entre ses doigts.

— OK. Bien. Bon. Bien, bien, bien. Merci encore. Pour tout. Tu as été… C’était parfait. À bientôt.

Et la tornade américaine était enfin partie, laissant Ivan derrière elle, dans sa jungle, à se demander ce qui avait bien pu passer, pendant qu’elle retournait se réfugier lâchement chez elle, dans son grand, grand appartement vide, où le lit était parfaitement fait.
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