Partagez | 
 

 Six à la maison (Salem)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMer 26 Déc - 22:58

Terrorisé. Adam était terrorisé. Il avait d’ailleurs tenu à le faire savoir à Salem. La veille, le soir, les questions sur la famille Cordova s’étaient multipliées, puis le jeune homme, en déambulant en boxer dans l’appartement, sous le regard perplexe des chatons, curieux des voisins et concentré (mais pas sur ses paroles) de Salem, il avait échafaudé les scénarios les plus sinistres, qui se finissaient invariablement par son exil de la maison familiale des Cordova. Il avait donc regardé la météo du lendemain, dans l’espoir qu’une violente chute de neige les empêchât de quitter la ville — hélas, aucun blizzard n’était à prévoir.

Mais il avait fallu s’organiser. Adam s’était saisi de son téléphone et avait commencé à se livrer à toute sorte de calculs, pendant que Salem, de son côté, avait cessé tout à fait de faire semblant de l’écouter et avait commencé à s’approcher sournoisement de lui. Le devin était en train de décider de partir deux heures en avance de l’horaire initialement prévu, pour parer à toute éventualité et n’avoir surtout pas l’impolitesse d’arriver en retard et il s’apprêtait à se rhabiller pour sortir acheter de nouveaux cadeaux à l’intention de la famille de Salem, quand son téléphone lui fut ôté des mains pour qu’elles pussent se consacrer à d’autres activités.

Salem démontra l’excellence de ses talents de psychologue en détournant pendant de longs moments l’esprit d’Adam de ces considérations angoissées. Il est vrai qu’après avoir consciencieusement observé le mur pendant que Salem le rassurait avec de vigoureux arguments, une fois sagement allongés dans le lit, Adam, après quelques minutes de silence serein, avait recommencé ses élucubrations inquiètes, qui eussent sans doute contraint Salem à l’épuiser un peu plus si une vision brutale d’un accident de train ne s’en était chargé à sa place.

Le lendemain matin, Adam ouvrit les yeux, s’extirpa du lit et retomba mollement au sol, terrassé par la vision d’un accident d’avion qui s’était produit une semaine auparavant au large du Brésil. Lorsque le prophète eut récupéré de ce réveil un peu laborieux, qu’il se fut enfin lavé et habillé, il tendit d’un air encore déconnecté les clés de la voiture à Salem en murmurant :


— Pas qu’je sache. Non. Je peux pas. Conduire.

Cela faisait désormais trois heures que la carcasse roulait sur les routes interminables des Etats-Unis en direction de Boston. A peine assis à la place du passager, Adam s’était endormi de l’un de ses sommeils immobiles, si nécessaires à ses récupérations. Sur la banquette arrière de la voiture, dans l’un des deux sacs de voyage, la bouteille de vin pour le père de Salem patientait à côté de la boite de chocolats destinée à Madame Cordova. Du papier cadeau enveloppait la figurine d’un super-héros dont Adam avait oublié le nom mais qui comptait parmi les favoris du petit frère.

En revanche, le couple s’était retrouvé désemparé lorsqu’Adam avait désiré acheter un cadeau à la sœur de Salem. Que pouvait bien vouloir une adolescente ? Perplexes, les deux jeunes hommes avaient arpenté les rayons de posters, de musique, de films, s’étaient aventurés dans les magasins de beauté comme deux éclaireurs en territoire ennemi, avaient ouvert avec une évidente perplexité les tubes de rouge à lèvre et avaient sursauté de concert quand une voix avait claironné :


— Vous voulez que je vous aide ?

Finalement, Anya, qui était sortie de nulle part pour s’informer des préparatifs du mariage et proposer de les conseiller pour le fleuriste, leur mit dans les mains LA trousse à maquillage du moment après avoir promis de venir s’occuper des chatons, le lendemain, non sans s’être attendrie devant l’avalanche de recommandations que les deux parents inquiets avaient fait déferlé sur elle — c’était qu’Hoover mangeait parfois trop vite ses croquettes, que Harper Lee avait tendance à se laisser tyranniser et que Hawk jouait trop au casse-cou. Elle les avait rassurés en riant puis s’était volatilisée comme si de rien n’était.

Quand Adam ouvrit les yeux, les deux jeunes gens s’arrêtèrent à un petit restaurant routier pour prendre un verre et faire une pause — n’oublions pas qu’ils sont sponsorisés par le Ministère de la Santé. Puis Adam reprit le volant pour laisser à Salem le loisir de se reposer un peu — et surtout, de reposer ses yeux. Comme la voiture d’Adam ne proposait pas de musique pour distraire ses nerveux occupants, l’Asiatique prit le parti de lancer Salem sur le sujet de ses prochains matchs de basket et de se rassurer en écoutant les familières et enthousiastes explications de son ami.

Hélas, toutes les routes avaient une fin et bientôt ils pénétrèrent dans Boston, puis dans la banlieue résidentielle de Boston, puis dans le quartier où vivaient les parents de Salem, puis dans la rue où vivaient les parents de Salem. Adam, qui depuis l’entrée de la ville s’était mystérieusement senti pris d’un respect très inhabituel de sa part pour les limitations de vitesse, roulait désormais au pas en observant d’un air suspicieux les enfants qui jouaient dans les jardins, les maisons, les voitures, les garages, attendant le moment fatidique où Salem dirait : c’est là.


— C’est là.

L’infortuné conducteur dut retenir une envie de fondre en larmes et la soudaine pulsion qui lui soufflait d’appuyer sur l’accélérateur et de rouler droit devant, aussi vite que possible, sans regarder dans le rétroviseur, jusqu’à ce que le réservoir d’essence fût vide. Un peu nerveusement, Adam risqua :

— T’es sûr ?

Il croisa le regard de Salem et laissa échapper un soupir.

— Bon, ok. On y va.

La vieille carcasse s’engagea dans l’allée du garage et s’arrêta. Les mains posées sur le volant, une fois le contact coupé, Adam se mit à fixer la porte de la maison.

— Et si ils ne me laissent pas dormir avec toi ? S’ils préfèrent qu’on reste vierges jusqu’au mariage ?

Oui parce que, dans ce cas, c’était un peu compromis. Cela dit, la porte s’était ouverte sur ce qui devait être Madame Cordova (ou alors la sœur de Salem avait l’air très mûre pour son âge) flanquée de Cordova Junior, qui passait sa tête par l’ouverture, pour tenter d’apercevoir cette chose étrange qu’était un couple de garçons — une conception qui avait, malgré tout, un peu de mal à passer quand elle concernait son grand frère, le viril pourvoyeur de super-héros.

Adam déglutit péniblement, attendit que Salem sortît le premier (au cas où) puis s’extirpa à son tour de la voiture et choisit de se donner quelques secondes de répit en sortant les sacs de la banquette arrière, avant de marcher droit à sa mort. Vers la porte d’entrée.

Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyJeu 27 Déc - 18:08

La fratrie Cordova

Adam et ses angoisses, c'était toute une histoire. Bien sûr, Salem pouvait bien concevoir que la rencontre avec sa famille avait de quoi rendre nerveux, lui-même était aussi pressé que tendu à l'idée de revoir ses proches. Ils lui manquaient, l'air de rien, mais il craignait que les choses pussent mal se passer, même s'il ne voyait pas pourquoi cela arriverait. Contrairement à son compagnon, dont la capacité à imaginer le pire forçait le respect. C'en était presque inquiétant, et il fallait connaître Adam et les épreuves qu'il subissait quotidiennement pour ne pas s'interroger sur la santé d'un esprit si prompt à imaginer toutes les fins atroces qui pourraient clôturer ce qui n'était finalement qu'un dîner en famille.

Salem avait tout essayé, vraiment, il avait répondu à toutes les questions, assuré que tout se passerait bien tant de fois que même lui en avait perdu le compte, tenté les câlins, les baisers – et le reste, il est très dévoué – et l'avait suivi dans les magasins en quête de cadeaux, puisqu'Adam semblait un peu moins préoccupé par son potentiel rejet de la famille Cordova quand il inspectait les boîtes de playmobil en se demandant si un gamin de dix ans préférerais jouer avec le bateau pirate ou les dinosaures. Mais au final, il n'y a que ses visions, qui s'étaient d'ailleurs multipliées ces derniers temps, qui détournaient Adam de ses inquiétudes pour quelques heures.

Entre son fiancé, les chats et ses propres pouvoirs, Salem avait de quoi se sentir épuisé, et ce n'est pas le réveil, au matin du jour fatidique, qui allait l'aider. Puisqu'il sursauta en entendant le bruit d'un Adam s'écrasant au sol, terrassé par une vision de plus. Après avoir prit une douche, changé l'eau des chatons et avalé ses céréales avec la cuillère magique qui était dans la boite. Salem prit le volant, des écouteurs dans les oreilles pour ne pas faire fondre les neurones de son compagnon, qui était déjà hors-service, d'ailleurs. Un long trajet monotone commença alors, une fois New York derrière eux, la route filait droit jusqu'à Boston. Heureusement, quelques heures plus tard, Adam se réveilla, papoter avec lui fit passer le trajet plus vite, ce qui était très bien pour Salem, qui n'aimait pas ces longues routes ennuyeuses, et horrible pour Adam, qui pâlit lorsque l'adolescent pointa du doigt un tas d'immeuble à l'horizon en disant qu'ils seraient arrivés à destination dans moins d'un quart d'heure.

Finalement, leur prévoyance avait été inutile, et l'après-midi n'était pas encore terminée quand ils se garèrent dans l'allée de garage des Cordova. Revoir sa maison après tout ce temps donna à Salem une impression étrange, tout en lui rappelant tout un tas de souvenirs. Mais les inquiétudes nouvelles d'Adam ne lui laissèrent pas le temps de se perdre dans la nostalgie.

« Non t'inquiètes, ils me laissaient déjà dormir avec des copains avant (haha). Et pour le reste, j'en avais parlé à ma mère, un peu… Et je crois pas que les détails techniques de notre relation intéressent beaucoup mon père. Je te l'ai déjà déjà dis, c'est pas des républicains protestants puritains intégristes, allez, t'inquiète pas. »

Salem déposa une bise sur ses lèvres, avant que son regard ne soit attiré vers la porte d'entrée, et qu'il croise les grands yeux noirs d'un gamin métissé aux cheveux sombres légèrement ondulés.

« Ah, y'a Julian! »

L'instant d'après, Salem abandonnait Adam à ses inquiétudes et filait serrer dans ses bras son cadet et sa mère, avant de se mettre à parler du voyage qui s'était bien passé et de la météo clémente. Une conversation pas vraiment intéressante pour le petit Julian, qui du coup vint tourner autour de la – très vieille – voiture de son frangin, et autour du fiancé dont tout le monde n'arrêtait pas de parler. Il ne s'attendait d'ailleurs pas à ça, que Salem ai remplacé la jolie Jenny par un garçon, bon, c'était un peu bizarre, mais pourquoi pas, mais qu'il l'ai remplacé par un chinois très grand et très viril – c'est qu'il n'a pas croisé Rylan, lui – ça, ça faisait vraiment bizarre. En guise de tentative d'approche, il aida Adam en sortant le deuxième sac, qui contenait les vêtements de Salem et était donc beaucoup trop lourd pour lui, de sorte qu'il l'abandonna finalement à cinquante centimètres de la voiture. Tant pis pour la subtilité.

« Tu vas vraiment te marier avec mon frère ? »

Il leva ses grands yeux surprit vers lui.

« Vous allez vous marier quand ? Je pourrais venir, moi ? Ce sera à New York ? Et t'as quel âge ? Tu viens d'où ? C'est vrai que tu veux devenir président des états-u… »
« Julian, l'embête pas trop dès le début. »
« Mais je l'embête pas… »
« Excuse-le, il est un peu trop curieux, mais c'est normal, à son âge. Bienvenue ! Je suis vraiment ravie de te voir enfin, après tout ce que Salem m'a raconté sur toi, il n'arrêtait pas, c'était vraiment adorable. »
« Maman… »
« Je suis Maria Cordova, pas de madame entre nous, surtout, appelle-moi Maria, ou Mary, ou Mama. Vous voulez du thé ? Il y a des gâteaux, et des crêpes… »
« Je veux bien, moi, mais on va déjà monter les valises, et je lui ferais visiter. »

Après avoir un peu bavardé, parce qu'on échappe pas comme ça à Mama Cordova, les deux jeunes hommes entrèrent dans la maison, modeste mais confortable, et assez spacieuse pour que chacun ai sa chambre et qu'il reste quand même de la place pour un bureau et une chambre d'amis. Ils saluèrent en passant le père de famille, qui eut l'air ravi de revoir Salem, et adressa aussi un regard curieux à Adam. Tout en ouvrant les portes pour montrer à Adam les différentes pièces, Salem grimpa à l'étage. La à droite donnait sur une chambre girly aux murs couverts de posters de k-pop, donc de beaux garçons coréens, donc de beaux garçons asiatiques. Une adolescente aux yeux cernés de noir détourna les yeux de son appli facebook sur smartphone pour regarder Salem, puis Adam, surtout Adam. Elle resta stupéfaite une seconde.

« On dirait G-Dragon… »
« Ah non, c'est le mien ! »
« Il est trop… Waouh. »

Après quelques bavardages de plus sur les dernières modes en orient, le couple fut enfin au calme, dans la chambre de gamin de Salem. Le couvre-lit Bob l'éponge fraîchement repassé était là, aucune des coupes et médailles de basket, qui emplissait tout un mur, n'avaient bougées. Salem laissa son sac à l'entrée, il avait presque autant l'air de découvrir l'endroit qu'Adam tellement il regardait tout. Il s'approcha d'une étagère qui débordait de magasine de super-héros.

« Hey, y'en a qui ont fouillé dedans ! »
« J'l'ai ai tous remis à leur place. »
« Sauf le numéros 146 des Jeunes titans aventureux… »
« J'ai pas fini de le lire, lui ! »

Le frangin s'invita dans la chambre.

« Vous allez être serrés dans le lit, quand même. »
« Ouais, et on va adorer. »

Ah ça faisait longtemps, le doux plaisir de traumatiser son petit frère, c'est tellement bon, comme un chocolat au lait avec de vrai morceaux de chocolat. Salem éclata de rire en voyant la tête de son cadet et lui ébouriffa les cheveux.

« On t'as ramené un cadeau. »

L'instant d'après, du papier brillant volait dans tout la chambre.

« Un robot Ironman ! »
« Heu… C'est juste une figurine… »
« Non, c'est un robooot ! »

Après avoir déchiqueté l'emballage, et tourné un petit bout de plastique qui sera sans doute vite cassé, Ironman pu faire quelques pas et tirer avec son puissant canon-lasers en led bleues. Julian les remercia chaleureusement et leur fit une bise à chacun, avant de partir ajouter ce nouveau trésor à sa collection. Salem se laissa aller sur le lit, déjà épuisé, bon, Adam n'avait pas encore été dévoré, c'était toujours ça.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyJeu 27 Déc - 21:39

Ne pas s’inquiéter, ne pas s’inquiéter. Il en avait de bonnes, le Salem. Adam avait inspiré profondément, il avait ouvert la portière de la voiture, il était sorti de la voiture, il avait ouvert la portière arrière, il avait tiré le premier sac, il avait frôlé la crise cardiaque. Ses yeux noirs tombèrent sur le farfadet qui venait de laisser tomber — enfin, de porter — le second sac à quelques centimètres du véhicule.

Courageusement, Adam se proposa de répondre à la première question que les Cordova lui adressaient — et ils étaient directs, les Cordova :


— Eh bien…

L’entrée en matière devait être un peu longue, parce que Julian (donc) prit le parti de préciser l’étendue de ses interrogations avec une slave de nouvelles questions qui levaient un vent de panique dans l’esprit d’Adam. Parce qu’Adam — et cela ne surprendra personne — n’était pas exactement la personne du monde la plus talentueuse avec les enfants. Sa capacité de vulgarisation et son sens pédagogique frôlant dangereusement le zéro absolu, il était au mieux, pour les charmantes têtes blondes (ou brunes), un adulte étrange ou rébarbatif, au pire une sorte de monstre.

Fort heureusement, Salem venait héroïquement à sa défense et Adam eut tout le loisir de se charger des autres sacs pour s’avancer, cette fois-ci pour de bon (hélas), vers la portée d’entrée et affronter la deuxième incarnation de ses cauchemars : Maman Cordova. Adam afficha son sourire le plus poli tout en se demandant s’il était censé se présenter formellement, décliner son nom et demander la main de Salem séance tenante, ou si toutes ces étapes étaient superflues, nécessaires mais à un autre moment, obsolètes, rayez la mention inutile.

Timidement, il parvint à articuler :


— Bonjour.

Les Cordova avaient décidément la volubilité en partage et Salem, de toute évidence, avait été entraîné pour être aussi bavard. Maria Cordova exploita en effet cet excellent début pour s’approprier Adam, qui devait bien avouer que cette avalanche d’affection maternelle le rassurait quelque peu, même s’il n’était pas certain de devoir parler, si oui, du moment opportun et des propos attendus. Prudemment, il prit le parti de hocher la tête.

S’en remettant toujours à Salem, Adam se faufila dans la maison, adressa un nouveau sourire à Maria, songea aux crêpes et retint son appétit en visitant la maison. Il posa un sac pour serrer la main de Papa Cordova et marqua quelques points grâce à sa poignée de main ferme, honnête et virile — même si, à la réflexion, Papa Cordova n’était pas certain de souhaiter que son fils eût un fiancé trop viril. Pendant que Papa Cordova méditait cette épineuse question, le couple gravit les escaliers pour arriver face à un étrange spectacle.

D’un regard perplexe, Adam parcourut les posters de la chambre, avant d’apercevoir l’adolescente perdue au milieu de cette assemblée de Coréens en papier glacé et de hasarder toujours timidement :


— … Bonjour ?

Adam jeta un regard interrogateur à Salem pour savoir qui était G-Dragon (un personnage de manga, peut-être), puis rosit légèrement en apprenant qu’il était « waouh » (ce qui ne manquait certes pas de le flatter) et se soumit finalement à l’interrogatoire en règle. Dont il se tira avec un brio… discutable.

— Tu dois sans doute connaître des groupes de J-Pop trop cools.
— Euh… Non. Pas vraiment.
— Tu sais, je voudrais me faire tatouer ça en bas du dos.


Elle tendit son téléphone pour lui montrer un idéogramme dont le sens échappait complètement à Adam (comme celui de tous les idéogrammes, d’ailleurs). D’un air inspiré, la jeune fille asséna :

— Ça veut dire Mélancolie.
— Ah.
— En fait, non, c’est intraduisible, c’est un état d’esprit tellement particulier, tu vois c’que j’veux dire ?
— Euh… Peut-être…
— Mais sinon, t’as toujours été gay ?
— Ben… Oui.
— Non, j’demande, parce que Salem, par contre…


Mais étrangement, l’adolescente n’eut pas le temps de finir sa phrase, parce que le principal intéressé avait soudain décidé que la visite devait suivre son cours ; aussi tracta-t-il Adam jusque dans sa propre chambre. L’Asiatique (qui ne ressemblait pas à G-Dragon, comme le lecteur le découvrira par la suite) déposa les sacs et se mit à faire le tour du propriétaire salemien avec un sourire un peu émerveillé.

Tout cela était — touchant. Attendrissant. Adam parcourut du bout des doigts les médailles et trophées, en ne prêtant qu’une oreille distraite aux disputes fraternelles, jusqu’à la présentation du cadeau, qui attira toute son attention : c’était sa stratégie de corruption qui se mettait en place. Il donna d’ailleurs un discret coup de coude à Salem qui tentait insidieusement de minimiser la qualité du cadeau. Puisqu’on vous dit que c’était un robot.

Et enfin, ils furent seuls. N’y tenant plus, Adam sortit son téléphone, se connecta à Internet, entra G-Dragon dans Google Images et protesta :


— Mais j’ressemble pas à ça !

Adam tendit le téléphone à son compagnon, avant d’interroger un brin anxieux :

— Si ? J’veux dire, il est tout frêle. Et puis, son visage est bizarre. En plus, il est Coréen.

CQFD. Adam ajouta flegmatiquement :

— En même temps, je demande son avis à quelqu’un qui a une parure de draps Bob l’Éponge. Tu n’es peut-être pas la personne la plus indiquée pour émettre des jugements esthétiques.

Adam s’assit sur le bord du lit et, avec un air un peu triomphant, enfonça le clou :

— Parce que j’suis waouh, moi, t’as vu. Et j’offre des robots. Alors bon, faut me mériter.

Le jeune homme s’allongea à son tour, satisfait d’avoir marqué quelques points avec la fratrie Cordova.

—Bon, par contre, ton père, il a pas l’air si fan que ça de la K-Pop… J’suis pas sûr que la bouteille de vin suffise à lui faire oublier que son fils était vraiment pas gay, lui.

S’il pouvait taquiner un peu Salem au passage, cela lui remonterait le moral.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyJeu 27 Déc - 23:47

Comment ça, « Je veux me faire tatouer » ? Et voilà, Salem tourne le dos cinq minutes et un esprit malin s'empresse de donner à sa sœur, le fruit de sa chair – ou presque – des idées complètement folles. Horrifié, Salem ouvrit la bouche, prêt à trouver un tas d'arguments imparable – surtout venant de lui – pour convaincre sa sœur de ne surtout pas faire ça. En plus c’était quoi ça, de se faire écrire un kanji dont elle n'est même pas capable de donner une définition parfaite sur les fesses ? Oui, parce que le bas du dos, chez les Cordova-Tenseï… Bref… En plus elle ne le verra même pas, les seuls qui poseront leurs yeux dessus sont des mecs en train de mater son… Raaaaaah !

Trop occupé à bouillir tout seul en revoyant la mignonne petite fille qu'était sa sœur il y a… à peine quelques heures. Oui, c'était hier qu'il la prenait sur ses genoux pour la chatouiller et lui raconter des histoires de super-héros, hier qu'il la poussait sur la balançoire. Et aujourd'hui elle se maquillait et voulait se tatouer pour attirer le regard lubrique d'ados aux dents serties de ferraille et à la peau grasse sur laquelle bourgeonne les boutons de pus. C'était une infamie, sa sœur était pure et devait le rester, elle n'avait pas le droit, les tatouages vulgaires et les ados en cloque, c'était pour les voisins, pas pour les Cordova.

Trop occupé, donc – tellement que ses pensées s'égaraient dans tous les sens, heureusement, l'auteur, lui, ne se perd pas, presque pas – Salem perdit un temps précieux et avant d'avoir ouvert la bouche, la conversation s'engageait sur les mystères de sa sexualité. Il vira au pivoine, et la grande déclaration stricte et assurée qu'il avait imaginée fut définitivement compromise, il attrapa le bras d'Adam.

« J-je continue de lui montrer la maison. Et te fais pas tatouer, en plus c'est moche ce truc, et ça le fait pas, le bas du dos. Puis si tu changes pas d'avis, j'le dis à maman ! »

Après avoir pointé un doigt aussi menaçant que tatoué vers l'adolescente, que son discours avait plongé dans la perplexité, il fila dans sa chambre avec Adam. Salem était maintenant allongé sur le lit, avec à ses cotés un Adam qui avait décidé de l'embêter. Il lui planta deux doigts dans les côtes pour se venger.

« J'ai juste eu le malheur d'aimer le dessin-animé quand j'étais gosse ! Dis pas que j'ai pas de goût alors que tu portes la chemise que je t'ai achetée ! Nan mais. »

Il lui tira la langue, avant que la suite le fasse un peu réfléchir, il n'y avait pas que son père qui était surprit par ce changement, ils l'étaient tous. De sorte que même lui commençait à se demander si tout cela était si étrange que ça. Depuis qu'il était avec Adam, il ne s'était pas réellement interrogé sur ses attirances, mais lorsque le mot gay était prononcé pour le désigner lui, ça lui laissait toujours une drôle d'impression.

« C'est comme je t'avais dis, ils t'aiment bien, c'est juste le changement qui les étonnent. Je vais sûrement me prendre un tas de questions… »

Auxquels il n'était pas sûr de pouvoir répondre, tout ça demandais de réfléchir un peu avant d'aller se une salve en pleine tête – on l'a vu, les Cordova ne tourne pas vraiment autour du pot quand quelque chose les intéressent. Après un bref silence, il tourna ses yeux ronds vers Adam.

« C'est possible d'être fou amoureux d'un garçon et de pas se sentir gay ? »

Salem avait l'impression d'avoir dit quelque chose de complètement bizarre, mais il avait beau chercher, il ne se sentait pas gay. Cela ne remettait évidemment pas en question ses sentiments pour Adam, ni l'attirance qu'il avait pu avoir pour d'autres garçons, dont certains de ses amis basketteurs qui souriaient sur les photos punaisées sur ses murs. Peut-être qu'il n'y avait pas besoin de se sentir gay pour être gay, puisqu'il aimait garçon. Ou peut-être était-il bi, mais il ne se sentait pas bi non plus. Ce qu'il ressentait ne lui semblait pas rentrer dans les cases qu'on avait faites pour lui. Bon, ce n'était sans doute pas très important, et même si Salem avait peut-être besoin d'une nouvelle version de l'histoire des pots de confiture, il enchaîna.

« En tout cas t'as l'air d'aller mieux, t'as repris des couleurs. Tu n'as plus peur de la terrible famille Cordova-qui-ne-m'acceptera-jamais-oh-mon-dieu-je-veux-pas-y-aller ? »

Il eut un sourire narquois, ça, c'était pour le dessus de lit Bob l'éponge.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyVen 28 Déc - 0:56

Adam, lui, ne voyait pas de problème, avec les tatouages. C’était joli, les tatouages. Bien sûr, lui, il n’en avait pas, parce que les aiguilles, vous comprenez, c’était un peu douloureux (alors que se faire remettre les os en place par une mutante sinistre dans les vestiaires douteux d’un centre de boxe clandestin, ça, au contraire, c’était tout à fait indolore), mais il était entièrement pour — par exemple, sur le corps de Salem, cela lui donnait de la lecture.

Bien sûr, en bon cadet de famille, Adam n’avait jamais eu à se préoccuper d’exercer une quelconque autorité sur son frère et sa sœur et jamais il ne s’était senti investi de la moindre responsabilité à leur endroit. Il n’avait d’ailleurs pas imaginer Salem dans ce rôle et observer son ami au sein de sa fratrie faisait naître en lui un sentiment étrange — un attendrissement peut-être un peu mélancolique.

Il prenait conscience de toute la vie de Salem qui lui avait échappé, de toutes les parties de son être qu’il ne connaissait pas pour ne les avoir jamais observées, du silence qui avait entouré les circonstances de son existence à Boston, non précisément parce que l’adolescent n’avait pas voulu en parler, mais simplement parce que l’occasion exacte ne s’était jamais présenté, et cette découverte effrayait un peu Adam, parce qu’elle lui donnait l’impression de n’être qu’un tout petit motif dans la vaste tapisserie qu’était l’histoire et la vie de Salem Cordova.

Adam esquissa un petit sourire en sentant les doigts de Salem s’enfoncer dans ses côtes (est-il utile de le préciser ?). Il haussa les épaules et répliqua d’un air désinvolte :


— Mon placard est entièrement rempli de vêtements que tu m’as achetés. Il me faudrait une pelle et une lampe de spéléo’ pour retrouver ceux que j’avais avant là-dedans.

Ce qui n’était pas entièrement faux mais, de toute façon, il ne s’en plaignait pas. Salem avait un goût beaucoup plus sûr que de lui et avait su le tirer de ses tee-shirts unis traditionnels et passe-partout pour le mener à des tenues un peu plus originales sans être extravagantes, qui lui allaient à ravir et qui éveillaient, chez ses camarades de l’Institut, des commentaires amusés sur les changements qui bouleversaient son existence. Et sa garde-robe.

Mais l’échange de piques fut interrompu par des considérations beaucoup plus sérieuses. Adam essayait de ne pas laisser sa paranoïa imaginer des questions trop délicates, mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Qu’est-ce que les Cordova allaient bien pouvoir demander au fils prodigue ? Julian sans doute n’irait pas trop au-delà de « mais vous vous faites des bisous ? », mais Dieu seul savait ce qui pouvait passer dans la tête de l’adolescente. Les parents, sans doute, seraient plus pondérés. Espérait-il.

Pendant quelques secondes cependant, son esprit fut déconnecté de ces préoccupations par les mots « fou amoureux ». Un sourire béat et crétin s’installa sur les lèvres d’Adam. Les Cordova-Tenseï, en plus d’avoir des définitions toute personnelles de l’anatomie, n’étaient pas toujours très doués pour les déclarations d’amour (verbales, tout du moins), de sorte que ces quelques mots conservaient une saveur enivrante.


— Hmmm ?

Ah, mais c’est qu’on continuait de lui parler. Adam se recomposa un visage plus digne de son standing de « waouh » et haussa les épaules avec un air de suprême désinvolture.

— J’ai jamais dit que j’avais peur.

Le jeune homme balança cet art consommé de la mauvaise foi avec une note un peu plus sérieuse :

— J’dis pas non plus que j’ai pas peur, hein…

Parce que c’était une chose de dire bonjour à tout le monde, c’en était une autre de rester assis pendant deux heures au dîner de famille. En face de Papa Cordova. Parce qu’Adam, bien entendu, avait surtout peur de Papa Cordova. Mais le devin écarta un instant ses propres inquiétudes pour répondre à la question existentielle de son ami. Il se tourna sur le côté et se redressa sur un coude.

— Tu sais, j’me sens pas spécialement gay non plus. J’veux dire, j’m’en fiche. C’est un terme pratique pour décrire, je suppose, parce que je suis attiré que par les garçons. Voilà. Mais j’ai pas l’impression de m’identifier.

A vrai dire, il eût été difficile de faire rentrer Adam dans la moindre case des stéréotypes gay, fût-ce les plus larges d’entre eux. Pilosité et consommation de bière mis à part, le jeune homme était à bien des égards un hétérosexuel pur sucre, qui aimait la mécanique, sa vieille voiture, le football américain et les sports de combat, la politique sérieuse, qui détestait faire les magasins, qui avait du mal à parler de ses sentiments, bref, qui aurait pu jouer dans n’importe quelle comédie romantique américaine.

Adam esquissa une moue songeuse et reprit :


— Je suppose qu’il y a des gens qui ont besoin de ça. Pour se construire, s’identifier, et tout. Quand c’est problématique pour eux. Et puis, c’est utile en politique, aussi. Pour cerner les revendications, faire du lobbying, concevoir des messages clairs dans les média. Mais c’est jamais qu’une catégorie analytique. Elles n’ont d’intérêt que si elles te sont utiles, elles ne sont pas l’expression naturelle d’une réalité empirique.

Adam croisa le regard de son ami et crut bon de reformuler sa dernière remarque.

— J’veux dire par là que si t’en as pas besoin, c’pas que tu te mens à toi-même ou je ne sais quoi. C’est juste que c’est un outil qui te sert pas. Du coup, y a pas un cahier de charges à remplir. C’pas parce que t’es avec moi, ou que t’aimes faire tel ou tel truc au lit avec un garçon, que tu dois, j’sais pas…

Le jeune homme se mit à chercher quelque chose de typiquement gay. Sans grand succès.

— …écouter euh…

Naturellement, les icônes musicales n’étaient pas vraiment son domaine de prédilection. A tout hasard, il tenta :

— Queen ? Ou David Bowie. J’sais pas, un truc comme ça.

Définitivement, Adam n’allait pas fournir aux questions des Cordova une identité prémâchée.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyVen 28 Déc - 14:20

Les bras croisés sous la tête, Salem écoutait les sages éclaircissements d'Adam. Bon alors, il n'y avait donc pas de quoi s'affoler, ne pas sentir gay ne signifiait pas qu'il n'aimait pas assez Adam ou qu'il risquait de tomber dans les filets d'une tentatrice blonde et généreuse d'un instant à l'autre. Comme si tout ça n'avait été qu'un court chemin de traverse emprunté avant de revenir sur la route de la normalité, il était juste trop viril pour se reconnaître dans les clichés gays, c'était bon à savoir. Pensif, il ajouta.

« Madonna.



J'aime bien Madonna.
 »

Tout comme il aimait chantonner du Gwen Stefani ou du Kylie Minogue – Adam avait peut-être de la chance de ne pas supporter la musique, en fait, ça lui évitait quelques surprises – et puis il se coiffait avec soin, s'habillait avec soin, déguisait ses chatons, ordonnait ses icônes de bureau de façon à ce que le rendu soit joli. Ou mettait parfois ses avatars facebook en noir et blanc pour se donner un genre, et puis il jouait aux sims quand il était petit. Mais il ne sentait pas gay, même si tout ses amis avait vu dans ce changement une certaine logique – il ne voyait vraiment pas pourquoi, d'ailleurs.

« Puis j'ai pas besoin que tu me dises que t'as peur ou pas, ça se voit de toute façon, t'étais KO pendant les deux tiers du trajet. »

Le temps des piques n'était pas tout à fait terminé, Salem lui tira la langue, mais était trop proche de lui pour résister à l'envie que l'embrasser qui le prit immédiatement. Sa main commençait à se mêler à ses cheveux pour accompagner leurs langues lorsque la porte s'ouvrir, le faisant sursauter.

« Julian ! Combien de fois je t'ai dis de frapper avant d'entrer, c'est vraiment désa… des crêpes ? »

C'était à se demander comment le gamin avait pu ouvrir la porte, il tenait fermement deux crêpes brillantes de sucre dans chacune de ses mains.

« Maman à dit que je pouvais en prendre. »

Et sur ses sages paroles, il se mit à les grignoter, l'air de savourer son goûter avec un plaisir sans borne – il n'était pas venu dans un autre but que celui de faire râler son aîné, après tout. Mais Salem n'avait pas besoin qu'il en rajoute, il n'avait eut pour son petit déjeuner que des croquettes baignant dans du lait froid, et son compagnon n'étant pas vraiment en état de manger avant de venir, entre ses pointes de stress et ses visions, le déjeuner avait était frugale. Ses yeux suivirent le chemin de la crêpe jusqu'à la bouche de son petit frère, il ne lui fallut pas longtemps avant de craquer.

« Donne-m'en une! »
« Non ! T'as qu'à aller t'en prendre. »
« Mais t'en as trop, là. Et Ashley, elle est descendue ? »
« Oui, elle m'a vu, je crois. »

Salem soupira, il fallait se dépêcher avant que les crêpes ne soit toutes englouties. Il aurait du être prioritaire, en plus, parce qu'il n'en avait pas mangé de depuis une éternité. Enfin, il en avait acheté quelques-unes à New-York, mais ce n'était pas les crêpes Cordova, Salem ne savait pas ce que sa mère mettait dedans, mais c'était les meilleures du monde. Il se leva rapidement.

« Viens Adam, j'ai trop faim, là. »

Il descendit les escaliers et croisa Papa Cordova – qui aurait bien besoin d'un nom… heu… Joseph - qui sortait de la cuisine en s'essuya les doigts avec un sopalin, il eut un petit sourire en voyant débarquer Salem.

« Trop tard, y'en a plus. »

Son regard se perdit à nouveau dans l'observation de celui qui allait épouser son petit garçon tandis qu'il les laissait passer. Avant que son autre petit garçon ne dévale les escaliers avec son nouveau jouet dans ses mains collantes.

« Papa ! T'as vus ce qu'ils m'ont rapporté! »
« Oh, c'est… ce type, là. »
« C'est Ironman. »
« Voilà, c'est ce que je me disais, mais tu l'avais déjà, Ironman. »
« Oui mais celui-là, il bouge ! »
« Haha, s'il bouge, alors. »

Salem, lui, ne s'était pas attardé, il avait rejoins sa mère et sa sœur et s'était déjà rué sur les crêpes en noyant d'éloges les talents culinaires de Mama Cordova, qui l'écoutait en riant. Ce qui ne l'empêchait pas de veiller sur Adam.

« Sers-toi surtout, Adam, il y a du thé, mais aussi du jus de fruit et des sodas si tu préfères. »

Après avoir laissé chacun se goinfrer joyeusement, Maria tenta d'aborder des sujets plus important.

« Alors, vous avez trouvé votre appartement ? Les loyers ne sont pas trop chers, à New-York ? Et les meubles, tu y as pensé, Salem ? Pour les chaussures, je ne me fais pas de soucis, mais le reste… »
« Bien sûr qu'on y pense, d'ailleurs on pourrait peut-être prendre le canapé, dans le garage, ça nous dépannerais, au moins au début. »
« Le clic-clac ? Oui, tu peux le prendre, ça fait des années qu'il ne sert plus à rien, tu peux même emprunter la remorque pour l'emmener, on ira pas au camping avant l'été. »
« Ah super, merci. »
« C'est rien mon poussin, il y a sans doute d'autre choses que tu pourrais prendre, mais Julian a tellement mit de bazar là-dedans que je n'ai pas le courage d'aller fouiller. »
« T'inquiètes, on ira regarder après. »
« Si vous retrouvez la clé. »
« Et bien, elle est dans la boite avec les, autres, non ? »
« Non, je la cherchais l'autre jour, mais bon c'était pas important alors j'ai laissé tombé. »

L'instant d'après, la maman était partie vérifier ça, et Julian se faufila dans la cuisine, l'air de ne surtout pas vouloir se faire remarquer. Salem et Ashley lui adressèrent un regard soupçonneux.

« Julian, t'aurais pas vu les clés du garage. »
« Non ! »

Julian écarquilla les yeux et sembla vouloir prendre la fuite. En gros, il n'était pas crédible du tout.

« Mamaaaan ! »
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyVen 28 Déc - 14:54

Adam ne s’oserait certes pas remettre en doute la virilité de Salem, de ses dix-huit pots de gel à cheveux, de ces soixante-quinze paires de chaussures, de son amour pour les vidéos de chatons et de sa passion pour les vêtements à la mode. Il suffisait que chacun fût parfaitement conscient que c’était lui, le plus mâle des deux, et tout allait bien. Comme personne n’en doutait — sauf peut-être les voisins, quand l’Asiatique s’abandonnait tout à fait à son fiancé — plusieurs fois de suite — comme personne, donc, ne doutait de la virilité supérieure d’Adam, tout allait très bien.

Le jeune homme s’abstint donc de tout commentaire sur Madonna — même lui voyait de qui il s’agissait — laissant Salem se bercer de ses illusions jusqu’à la prochain gay pride, où Adam, taquin qu’il était, ne manquerait pas de lui offrir un nounours queer ou quelque chose dans ce goût-là. De toute façon, l’adolescent avait décidé de lui couper la parole, cédant au romantisme irrésistible de la parure de draps Bob l’Eponge.

Adam déposa une main sur la hanche de Salem et vint se presser contre lui. Si, pendant les premières secondes, l’idée qu’ils étaient chez les Cordova et que, d’une façon ou d’une autre, par exemple par une caméra habilement dissimulée dans les trophées de basket, Papa et Maman Cordova les surveillaient, la langue de Salem eût tôt fait de balayer habilement ses scrupules et Adam s’abandonna sans pudeur au baiser.

Avant de frôler — encore ! — la crise cardiaque. Il se redressa prestement sur le lit, s’assit au bord du matelas et tenta d’adopter l’air le plus innocent possible, en regardant un endroit indéterminé du sol, aux pieds de Julian, qui de toute évidence n’en avait pas grand-chose à faire, puisqu’une mission plus importante l’attendait : torturer son frère aîné. Et Adam, au passage, qui n’avait pas mangé depuis des heures et qui avait donc faim (un état qui, chez lui, était certes constant).

Adam ne se fit donc pas prier pour se lever, quitter la chambre et partir à la conquête des crêpes. Cependant, il se figea un instant en passant à côté de Julian. Quelque chose murmurait ¬ — quelque chose — une intuition un peu trop… Fugace. Le gamin leva un regard interrogateur vers lui et Adam se contenta d’esquisser un sourire un peu lointain, avant d’emboîter le pas de Salem et de tomber nez à nez avec Joseph, l’époux de Maria (ce qui faisait de Salem Jésus, d’Ashley le bœuf et de Julian l’âne — et lui, il était Marie-Madeleine).

Marie-Madeleine regarda donc Joseph. Une seconde. Deux secondes. Avant d’être sauvé par Julian, Ironman (qui était un robot !) et enfin la voie fut libre. Adam ne dévala pas les escaliers, parce que ce n’était pas poli, mais pressa le pas autant que possible pour arriver dans la cuisine, parce qu’il n’y aurait peut-être plus de crêpes, et que sans doute cette perspective était affreuse.

Finalement, l’Asiatique biblique pointa le bout de son charmant nez (mieux que G-Dragon en tout cas) dans la cuisine, attirant aussitôt le regard concupiscent de la sœur de Salem qui, comme tout le monde dans la vie du couple, s’appelait Ashley et le regard bienveillant de Sancta Maria.


— Je vais prendre du thé, merci, madam… Merci.

Avec une nervosité si habilement contenue qu’elle lui permettait encore de bouger, Adam s’assit sur une chaise en prenant la tasse de thé que Maria lui fourrait dans les mains, juste avant de pousser l’assiette de crêpes vers le jeune homme, tandis que Salem protestait.

— Un grand garçon comme toi, ça doit manger. En tout cas, c’est ce que Salem m’a dit. Il a dit quelque chose comme : c’est trop adorable quand il…

La volubile matrone des Cordova fut interrompue par son fils aîné qui avait un soudain besoin de savoir où se trouvait la confiture à la rhubarbe. Adam profita de cette généreuse diversion pour attraper une crêpe et l’oindre de Nutella, tandis qu’Ashley mâchonnait consciencieusement sa propre part en le fixant du regard, tentant de le rang dans son classement des Asiatiques sexy. Evidemment, Adam n’était pas chanteur, mais ce qu’il perdait en célébrité, il le rattrapait en carrure.

Adam allait répondre aux questions de Madame Cordova pour laisser entendre, très subtilement, que les loyers n’étaient pas trop chers parce qu’il gagnait bien sa vie et qu’il pouvait donc prendre soin de Salem, le nourrir, l’habiller, l’amener au cinéma (et attendre pour sa part à l’entrée de la salle), que vraiment il était un gendre digne de confiance, avec un métier stable, sérieux et ennuyeux. Comme il fallait.

Mais il dut ravaler son discours (et par conséquent une autre crêpe), parce que Salem le devançait. Il réprima également l’envie de dire qu’il n’avait jamais besoin de clef, qu’il pouvait très bien crocheter la serrure du garage et faire démarrer la voiture avec les fils du tableau de bord — de toute évidence, ce n’était pas une révélation très prudente. Il reprit donc une crêpe. Pendant que tout le monde parlait, lui, il ne perdait pas son temps.

Et puis, comme l’attention de tout le monde se trouva concentrée sur Julian, Adam vola une quatrième crêpe. Julian tentait de se faufiler hors de la cuisine et Adam avait une intuition très nette de l’endroit où le galopin, qui, de toute évidence, tenait de Salem, désirait se rendre. L’air de rien, avec un ton faussement mal assuré, Adam glissa :


— Il les a peut-être mises dans un pot à crayon, dans sa chambre. J’sais pas, un truc avec Spiderman dessus.

Ashley lança un regard perplexe à son futur beau-frère. Adam haussa les épaules :

— C’est une idée comme ça.

Qu’il appuya d’un regard entendu à Salem et, bientôt, toute la petite troupe se mit en route sur les traces de Julian et de la clef du garage, tandis que Maria revenait bredouille de la boîte à clés. Adam laissa Salem et Ashley passer devant et, alors qu’il allait monter, Maria le captura avec un sourire.

— J’espère qu’ils ne t’embêtent pas trop ! C’est toujours un peu agité ici.

Adam secoua la tête.

— Ne vous en faites pas. Ils ne sont pas pires qu’un groupe de sénateurs. C’est un peu comme si j’avais l’habitude de gérer des enfants.
— Tu aimes les enfants ?


Adam tenta de ne pas trop écarquiller les yeux, devant le sourire désarmant de Maria.

— Euh… Je… Sais pas. J’en connais pas beaucoup.

Maria hocha la tête d’un air entendu et s’éclipsa dans la cuisine. Adam gravit les marches de l’escalier à pas très lents, profondément troublé. Naturellement, il croisa Joseph, qui le détailla une troisième fois.

Tout.
Va.
Bien.

Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyVen 28 Déc - 18:19

Pendant qu'Adam et sa mère se demandait déjà s'il valait mieux décorer la chambre d'Ewan avec des oursons ou des lapins – enfin, presque – Salem poursuivait son petit frère jusque dans sa chambre. Une chambre toute bleue – parce que c'est un garçon – et pour le moins bordélique, les figurines de super-héros et les pièces de meccano envahissaient toutes les surfaces. Des boites remplies de tournevis et de bouts de câbles, de toute évidence remontés du garage, s'amoncelaient au pied du bureau vers lequel le gamin s'était rué. Après s'être emparé du pot à crayons, et sans se demander, d'ailleurs, comment Adam avait pu deviner sa cachette, l'agitation n'avait pas vraiment laissée de place à ce genre de questionnements, Julian grimpa sur le lit.

« C'est ma base secrète, vous pouvez pas y aller ! »
« Il est fou. »
« Il a trop d'imagination. Allez, tête d'ail, donne ça. »

La sœurette observa un moment la lutte entre les deux frères – ça faisait longtemps – avant de repartir dans sa chambre. Salem finit par récupérer la clé, victorieux, mais épuisé, il rejoignit Adam, talonné par un gamin en larmes. Et quelques mètres plus bas, il put enfin ouvrit le fameux garage – ou plutôt, la base secrète – après avoir plissé les yeux devant la quantité de poussière qui planait là, il recula.

« Je vais ouvrir la grande porte, ce sera mieux. »
« Mais… mais non… faut p… faut p… »

Salem ébouriffa les cheveux de son frère en lui promettait que sa base secrète redeviendrait secrète une fois qu'ils auraient récupéré le clic-clac et quelques babioles. Une fois son frère parti, Julian se précipita dans le garage et se mit à rassembler tout un tas de bidules dans des vieux cartons qui traînaient comme s'il se préparait à un cataclysme. Comme on s'en doutait, le garage des Cordova était inutilisé depuis un temps certain, car l'encombrement l'avait rendu inutilisable. Mais le gamin, lui, s'y retrouvait, il contourna le canapé, escaladant un lave-linge mangé par la rouille et se faufila pour ranger ses trésors. Il revint ensuite avec la même urgence tirer le drap poussiéreux qui recouvrait la voiture – car oui, il y avait une voiture – et entreprit de cacher comme il put une curieuse machine qu'il semblait avoir bricolé lui-même, et qui était probablement ce qu'il désirait le moins voir découvert.

Dans un crissement, la porte extérieur du garage s'ouvrit, dévoila l'étrange spectacle d'une Ford comète bleu clair brillante de mille éclats au milieu d'une avalanche de carton poussiéreux et de meubles fatigués (pour que la crèche soit parfaite, il fallait une comète).

« Bon alors, ce canapé… T'en penses quoi, Adam ? »

Avec beaucoup moins d'aisance que son cadet, Salem se fraya un chemin jusqu'au canapé, lui aussi en partie recouvert d'un bout de tissus qu'il retira avant de venir s'asseoir dessus pour l'essayer. Inutile de dire que la voiture ne l'intéressait pas du tout, elle avait peut-être meilleure allure que celle d'Adam, mais elle était encore plus vieille.

« Moi, il me plaît bien, puis il est confortable. »
« C'est bon ? Vous allez partir ? »
« On a pas finit de regarder, microbe. »

Et Salem regarda donc, bon, la machine à laver était bonne pour la déchetterie, mais l'étagère à côté n'était pas moche, en plus d'avoir l'air solide, et puis il y avait pas mal de boite dans lesquelles il fallait fouiller. Et puis… Le regard de Salem se posa sur un curieux objet couvert d'un drap. Il se leva et vint attraper le tissus, au grand désespoir de Julian.

« Touche pas à ça ! C'est dangereux ! »
« Ah oui ? »

L'air de ne pas y croire une seconde, Salem tira sur le drap et regarda le bazar qu'avait bricolé son frère.

« C'est quoi ça ? »
« C'est ma machine à rayon gamma ! »

Salem fixa son frère en creusant dans la multitude de ses données pour tenter de comprendre ce qui avait pu le conduire à se lancer dans un projet pareil. Mais comme rien ne lui permettait de deviner pourquoi son cadet avait décidé de devenir radioactif, il préféra décortiquer l'objet.

« C'est… La boule à plasma qu'on t'a offert à noël dernier avec… tout un tas de bidules. »
« Oui, mais c'est parce que je l'ai pas fini, bientôt ce sera une machine à rayon gamma ! »
« Tu vas surtout faire disjoncter tout le quartier, pourquoi tu veux… »

Ça y est, il avait trouvé quelque chose, il écarquilla les yeux.

« Des rayons gamma, comme dans Hulk. Tu veux devenir vert ? »
« Non, non je… je veux devenir un mutant. »
« Mais… pourquoi ? »
« Pour aider les gens. Tu peux pas comprendre, touche pas ! »

Salem eut un mince sourire, et secoua la tête.

« T'as pas besoin de pouvoirs pour aider les gens, en plus tu fais déjà des trucs super cool, genre l'hélico, là, c'est toi qui l'a fait ? »
« Oui mais ça, papa m'a aidé. »

Salem attrapa le jouet en haut de l'étagère et le regarda, l'air très fier de son petit frère.

« Et il marche? »
« Bien sûr ! Mais on a pas pu faire de télécommande, alors papa m'en a acheté un, mais je préfère celui-là. »
« Moi aussi. Julian, je sais pas pourquoi t'as voulu faire ça mais t'as vraiment, vraiment pas besoin de pouvoirs, ou je ne sais quoi… »

Salem lui fit une petite bise, il n'osait pas imaginer les souffrances que pourraient vivre son frère s'il était réellement mutant. Avec tout ça, Salem avait un peu délaissé Adam, il s'y réintéressa donc, et se remit à chercher ce qui pourrait leur être utile pour leur appartement. Julian, lui, faisait tourner du doigt les hélices de son jouet, qui n'avait plus de piles depuis longtemps. Il avait l'air heureux, c'est que son grand frère lui avait dit qu'il faisait des trucs cool et qu'il aimait son hélicoptère. Alors forcément, il n'avait plus besoin de rayons gamma et de supers-pouvoirs pour se sentir plus heureux encore. Il poussa les hélices une dernière fois et les regarda tourner, tourner, tourner…

Tourner…

En se demandant si elles n'étaient pas censées s'arrêter, au bout d'un moment, il leva les yeux.

« Heu… »

Les hélices s'immobilisèrent nettes, encore son imagination, sans doute.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyVen 28 Déc - 18:52

Adam était habitué à un Papa Tenseï absolument débonnaire qui laissait à sa femme la charge des scrutations lourdes de sens, alors le Papa Cordova scrutateur lui faisait un drôle d’effet. Bien sûr, il ne parlait plus à Papa Tenseï — pas plus que cinq ou six mots par coup de fil, à Noël et à son anniversaire — depuis qu’il lui avait dit que son truc, ce n’était pas exactement les jeunes et jolies filles, ni les vieilles, ni les moches, ni aucune fille d’ailleurs, mais enfin, tout de même, le changement était un peu perturbant.

Le jeune homme avait atteint le haut de l’escalier quand il entendit confusément, du couloir du rez-de-chaussée, monter la voix de Joseph qui s’adressait à Maria :


— Alors, qu’est-ce que tu en penses ?

Le devin dut faire appel à tout son sens moral pour ne pas redescendre l’escalier à pas de loup et laisser une oreille indiscrète traîner dans cette intéressante conversation et, à contrecoeur, il rejoignit la chambre bleue et contempla le désordre qui y régnait avec un petit sourire. Il s’était certes habitué à vivre dans l’environnement millimétré de son fiancé, mais revoir une chambre plus proche de ses habitudes n’était pas sans lui faire un certain plaisir et, se décalant pour laisser passer Ashley, qui avait décidé que les garçons, c’était quand même épuisant, et qui par conséquent allait discuter avec Jeffrey, le type de l’équipe de football américain, sur Facebook (parce que Jeffrey n’était pas comme les autres garçons), il observa le combat titanesque entre Salem et Julian.

Fier de son homme qui venait de remporter l’avantage sur l’enfant de dix ans, Adam tourna les talons et se dirigea vers le fameux garage, pardon, la base secrète, admirant au passage le talent avec lequel Salem savait gérer le gamin. Toutes sortes de réflexions saugrenues passaient désormais dans son esprit, à cause de l’étrange question de Mama Cordova. Si Salem aimait tant son petit frère, était-ce juste parce que c’était son petit frère, ou parce que Salem, plus généralement, aimait les enfants ?

Adam se souvint confusément de la conversation sur le lac. Du bébé. Bien sûr, c’était le feu de la dispute, puis de la plaisanterie, mais peut-être y avait-il eu un fond de vérité dans tout cela. Les chatons étaient-ils pour son amant des ersatz de blonds (plus probablement bruns) bambins ? Salem achetait-il des colliers à Hawk, Hoover et Harper Lee en attendant de pouvoir acheter de mignonnes petites chaussures pour Ewan ? Tant d’interrogations un brin angoissante qui harcelaient désormais Adam.


— Quoi ?

Le jeune homme quitta des yeux la voiture qu’il s’était mis à observer machinalement en se demandant s’il devait d’ores et déjà investir dans un monospace familial et reporta son attention sur le père potentiel de son futur fils.

— Euh. Oui. J’sais pas. Peut-être.

Adam s’assit précautionneusement dans le canapé, pour le cas où le meuble fût en réalité tout à fait hors d’usage et incapable de supporter son poids, et que la proposition généreuse de Maria n’eût été qu’un sinistre traquenard destiné à le faire disparaître d’un coup de ressort rouillé et tétanique mal placé. Mais non — quelle surprise — le canapé était tout à fait confortable.

Dans une folle démonstration d’exubérance, Adam hocha la tête et commenta sobrement :


— Il est bien.

Mais Salem ne l’écoutait déjà plus, préoccupé par les constructions fantaisistes de Julian. Adam les observa songeusement. Etait-ce ainsi que les choses allaient se passer ? Quand il rentrerait le soir, avec sa cravate trop serrée, fatigué par une journée de négociations sur le Capitole, il trébucherait sur la boîte à outils que Salem aurait ramené du garage et, alors qu’il tenterait de l’embrasser sensuellement dans un coin de la cuisine, son mari le repousserait pour préparer la purée d’Ewan ?

Le cœur chancelant, Adam se leva et se mit à observer le reste du garage, considérer l’étagère, la petite commode qui pouvait être retapée, le matelas qui ne pouvait plus servir à grand chose — bientôt rejoint par Salem. Les deux jeunes gens se mirent à inspecter consciencieusement les différents meubles quand, soudain, cédant à une impulsion, Adam détourna son regard de l’étagère et posa les yeux sur Julian.

Qui ne faisait absolument rien. Puis se mit à faire tourner les hélices de son hélicoptère. Et à défier les lois de la physique. Les yeux noirs d’Adam se firent perçants, comme ils l’étaient toujours quand le jeune homme exerçait son esprit analytique, et si ce regard avait le don d’indisposer des adultes tout à fait sûrs d’eux, le petit Cordova ne s’en tira pas beaucoup mieux. Il fixa un instant Adam, avant de murmurer précipitamment :


— J’vais aider Maman à écosser les petits pois !

Et, plein de cette dévotion filiale aussi soudaine que suspecte, il déguerpit avec son hélicoptère pour se terrer dans sa chambre, peu pressé de se retrouver au dîner avec le futur mari de son grand frère, qui était très bizarre et un peu trop regardant. Dans le garage, Adam attrapa le bras de son ami et murmura :

— Salem…

Adam, maître du ton grave et brusquement sérieux qui faisait monter en vous des vents de panique.

— Laisse tomber les meubles. Viens voir ça.

Le jeune homme attira son fiancé jusqu’à la machine à rayons gamma, s’agenouilla et se mit à la tourner dans tous les sens. Comme le moteur de sa voiture l’attestait, il était spécialiste en bricolage anarchique. Après avoir tripatouiller l’objet dans tous les sens sous les yeux avertis de mécanicien-mutant de Salem, Adam le reposa et constata :

— C’est une machine à rayons gamma.

Son regard tout à fait sérieux planté dans le regard tout à fait perplexe de Salem, il sentit le besoin de préciser :

— Bien sûr, c’est pas une vraie machine. Ça ne ferait jamais que bouger un peu, faire de drôles de bruits, de la chaleur, de la lumière, ce genre de trucs. Et puis ça n’existe pas comme ça, les machines à rayons gamma. Mais si tu supposes que ça peut exister, c’est en gros comme ça que tu la construirais. J’veux dire, c’est fantaisiste, mais ça fait sens.

Adam n’était pas sûr d’être très clair. En même temps, il ne l’était jamais : Salem avait dû finir par s’habituer. Le jeune homme se releva, frotta la poussière de ses mains et, avec un air embarrassé, incertain de la manière de présenter les choses, il reprit — en baissant encore la voix, pour être certain qu’aucune cordovesque et indiscrète oreille ne pourrait les attendre.

— Il a dix ans, ton frère, c’est ça ? Ça veut dire qu’il va bientôt commencer son adolescence…

Le regard d’Adam sondait toujours celui de Salem, préférant que son compagnon parvînt de lui-même aux conclusions que le spectacle des hélices tournant toutes seules avait imposé à son esprit et qu’il voulait éviter de lui asséner trop brutalement.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyVen 28 Déc - 21:21

Occupé à inspecter les quelques meubles, Salem ne fit pas attention à son frère et ne tourna la tête vers lui que quand il l'entendit partir, étonné autant par sa déclaration que par le fait qu'il abandonnait la base. Mais il ne s'y serait pas attardé plus si Adam ne se décida pas à le faire stresser avec son soudain sérieux. Un peu inquiet, il le suivit et le regarda observer la « machine à rayon gamma » sous toutes les coutures. Il faillit tomber à la renverse en entendant sa conclusion.

« C'est une blague ? »

Salem continua à le fixer d'un air parfaitement halluciné jusqu'à ce qu'il précise sa pensée, et même là, il continuait de douter. Bien sûr, il avait bien compris où Adam voulait le mener, mais il n'arrivait pas à s'y résoudre. Et puis, il trouvait quand même l'argument un peu léger.

« Il a pu voir ça dans une bd, ou un film, c'est pas comme, heu… De Vinci qui dessinait des avions alors qu'à l'époque c'était totalement inimaginable, si ? »

Oui bon, il n'y avait sans doute pas beaucoup de personnes qui avait déjà tenté de construire une machine à devenir mutant (à part Magneto, et il n'avait pas eu beaucoup plus de succès que Julian) mais tout de même. Au pire, son frère était juste très, très bizarre, mais ça, il s'en doutait déjà. Cependant ses yeux s'étaient posés sur l'objet pour ne plus s'en détacher, et il avait beau y mettre toute sa mauvaise foi, il ne lui trouvait pas de faille.

« Bon, il a bien isolé les fils, mit un circuit de refroidissement et une batterie de secours, et puis j'imagine qu'il comptait ajouter ce gros bouton-là pour régler la puissance. Ça n'aurait sans doute pas plus risqué de faire flamber la maison que la boule à plasma avant ses bidouillages. Mais ça reste un jouet… »

Il regarda Adam d'un air de plus en plus inquiet, parce que celui-ci ne perdait rien de son sérieux, et finalement, il lâcha.

« Tu as vu un truc. Ça se voit. Roh, c'est pas vrai. »

Salem fit l'effort de faire les quelques pas nécessaires pour aller s'écrouler sur le canapé et se passa une main dans les cheveux. Autant il n'avait pas trop mal prit sa propre mutation ou celle d'Adam, la sienne, il l'avait deviné, et le coup du rattrapage de verre était quand même vachement classe. Autant l'idée que son petit frère, qu'il avait connu alors qu'il était encore haut comme trois pommes, puisse développer il ne savait quoi, c'était un vrai choc. Et puis que fallait-il faire ? En parler à l'intéressé ? Aux parents ? Salem était tenté de se dire qu'il valait mieux laisser les choses en place pour le moment, que Julian était de toute façon trop jeune. Mais c'était sans doute déraisonnable de ne rien dire en sachant qu'un jour, les choses changeraient. Mieux valait sans doute préparer le terrain.

Le préparer… juste en parlant de la machine à rayon gamma, ça paraissait quand même un peu gros pour être crédible. Salem soupira et leva son regard un peu perdu vers Adam.

« Tu sais ce qu'il a ? Tu crois qu'il faut lui parler, lui expliquer les choses ? »

Pouvoir anticiper les choses, c'était toujours pratique, mais Salem ne se sentait jamais très à l'aise quand il s'agissait de prendre de l'avance sur des événements qui se produirait d'une façon inconnue dans un avenir indéfini.

Pendant ce temps-là, Julian s'était assis en tailleur sur son lit et avait posé l'hélico devant lui pour tenter de faire tourner les hélices. Et ça ne marchait pas. Pourtant, il était presque sûr qu'il s'était passé quelque chose, une impression indescriptible et fugace s'était emparée de lui sans qu'il ne puisse se l'expliquer lui-même. Pour tenter le destin, il poussa les hélices pour les faire tourner, fixa la lente rotation de l'axe, se remémora la structure du moteur, la façon dont tout cela fonctionnait. Il ne voyait plus que cela, et ne remarqua donc pas la curieuse agitation des dizaines de robot qui l'entouraient. Les hélices s'immobilisèrent après seulement quelques tours et Julian ne se sentit même pas la force de relever la tête, ses yeux se fermèrent tout seul et l'instant d'après il dormait comme un bébé, recroquevillé sur sa couette.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyVen 28 Déc - 21:54

Pendant que Salem continuait à décortiquer du regard l’engin en tentant de ne pas se rendre trop vite à la douloureuse vérité que son fiancé venait de prudemment insinuer dans son esprit, le dit fiancé le couvait d’un regard un brin inquiet, avec la curieuse impression d’être un corbeau de mauvais augure. D’un autre côté, il savait pertinemment que sa présence dans cette maison aux premiers signes d’une future mutation, lui qui avait été formé à l’Institut, était une occasion inespérée et, dans ce garage, il commençait à comprendre beaucoup plus précisément ce que Quentin Quire lui avait dit, quelques mois plus tôt, à propos des X-Men.

Le devin laissa son ami s’enfoncer dans le canapé et promena son regard tout autour de lui, pour examiner la base secrète et s’assurer qu’il n’y avait pas quelque chose de plus dangereux dans toutes ces constructions qu’un faux générateur de rayons gamma. Il n’était bien entendu sûr de rien, mais il n’y avait pas de machine de la mort en vue, alors il vint s’asseoir à côté de Salem et passa un bras atour de ses épaules, retrouvant instinctivement son rôle de protecteur à toute épreuve.

Adam étendit les jambes, cala sa tête sur le dossier du canapé et observa le bric-à-brac qui encombrait les étagères. Il avait anticipé bien entendu les questions de Salem et s’était mis à y réfléchir depuis que les hélices avaient tourné comme par enchantement. Il poussa un soupir et commença à suivre le fil de ses pensées à haute voix :


— J’l’ai vu faire tourner les hélices de son hélicoptère, sans moteur. Alors, je suppose… Compréhension intuitive des systèmes mécaniques, construction et bricolage de génie, contrôle des flux électriques. C’est assez courant, je crois. Enfin, toute proportion gardée, bien sûr. J’ai déjà vu ça, disons. Pas précisément ça, mais des trucs dans le genre. Technopathie, cyberpathie, etc.

Une partie non négligeable des défenses secrètes de l’Institut devait du reste, selon ses suppositions lointaines, être construire d’après les plans de semblables individus. Il y avait toujours eu, depuis les dizaines d’années où des groupes de mutants s’étaient assez organisés pour qu’une vue d’ensemble pût être obtenue, des mutations qui avaient paru plus courantes que la sienne ou celle de Salem. La télépathie et les manipulations techniques, avec les contrôles élémentaires et les capacités physiques augmentées, tenaient les premiers rangs.

Adam passa sa main libre dans ses cheveux et entreprit d’organiser très clairement les différents aspects de la situation dans son esprit, soucieux de pouvoir fournir à Salem un plan clair, des informations précises, quelque chose pour l’aider à lutter contre l’inquiétude qu’il avait vue s’installer dans son regard.


— Tu ne peux pas ne pas lui parler. J’veux pas te faire paniquer, mais aujourd’hui, il construit un jouet, demain, il peut construire une bombe. Sans s’en rendre compte, juste pour s’amuser. Il a pas besoin de grand-chose. Et ça, c’est une chose. Le problème, c’est surtout qu’il ne va pas contrôler la manière dont il affecte les machines. Pas les premières années.

Faut que tu comprennes que… Comment dire ?


Adam tenta de se remémorer toutes les conversations qu’il avait pu avoir, à l’Institut, avec des camarades dont les pouvoirs se rapprochaient de près ou de loin avec celui qu’il était en train de supposer à Julian. Il reprit au bout de quelques secondes :

— Tu peux le couper de ça. J’veux dire, la solution, c’est pas d’aller vivre dans les bois. Les empathes sont pas comme nous. Toi et moi, parfois, on aimerait juste que ça s’arrête. Que la malédiction soit levée. Eux, c’est un lien. C’est comme un peintre qui perdrait la vue ou un musicien qu’on rendrait sourd. Si tu le coupes ça, il va dépérir. Il aura besoin de ses machines. Pas forcément pour construire quelque chose d’utile ou pour dominer le monde. Juste besoin. Construire pour construire.

Adam commençait à se rendre compte que son tableau de la situation n’était pas exactement rassurant. Le jeune homme se redressa sur le canapé et dégagea son bras pour pouvoir se tourner vers Salem.

— Ce sera pas forcément difficile à cacher. Les gens sont habitués à ce que les machines fassent des choses bizarres. Les bugs. La technique. Tout le monde a une télévision qui s’éteint toute seule, un ordinateur qui plante ou un mixeur capricieux. Les trucs seront bizarres parfois à côté de lui, mais il est jeune, ce sera pas permanent. C’est… Pas la pire mutation du monde. Vraiment pas.

Et en matière de mutations pénibles, comme il l’avait à son corps défendant démontré durant les dernières vingt-quatre heures, Adam avait une expérience très personnelle. Et à cette expérience personnelle se joignait des années passées à l’Institut, qu’il réinvestissait, pour la première fois de son existence, dans un cas concret.

— Il y a des justes des trucs dont il faudra qu’il se tienne éloigné. Pas de fêtes foraines. Pas d’avions. Eviter d’au moins un kilomètre tout bâtiment de l’armée ou du FBI. Parce que eux, leur matériel marche tout le temps, quand ils marchent pas ils aiment savoir pourquoi, quand ils veulent savoir, ils obtiennent des réponses. Pas d’engins de chantiers, de scies électriques, de broyeurs, etc.

Mais, Salem…


Adam glissa sa main dans les cheveux de son ami pour les caresser et, d’une voix douce (qui annonçait donc une décision difficile à prendre), il murmura :

— Il est trop petit pour comprendre toujours tout ça. Et c’est pas lui qui choisit les endroits où il va. Il va falloir en parler à tes parents.

Pour rassurer son ami, Adam mettait ses propres peurs de côté, mais il avait parfaitement conscience que cette révélation ne pouvait être amenée qu’à partir d’autres révélations. Il allait bien falloir expliquer à Papa et Maman Cordova comment Adam pouvait être aussi sûr de lui et à partir de quelle expérience il s’arrogeait ainsi le droit de les conseiller sur la manière de gérer la mutation de leur fils cadet.

Les présentations venaient de devenir soudainement beaucoup plus compliquées que prévu.

Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptySam 29 Déc - 11:18

Une sorte de douleur avait envahit le corps et l'esprit de Salem, Adam lui avait fait un résumé réaliste de la situation et des choses à faire, et il ne pouvait que considérer comme une chance d'avoir auprès de lui un compagnon pareil. Mais si les choses étaient maintenant plus claires, elles n'en étaient pas moins difficiles à encaisser. Pas de fêtes foraines, pas de parc d'attraction pour ce petit garçon de dix ans. Cette simple remarque concrétisait tous ses doutes, Julian ne pouvaient plus vivre normalement, bien sûr, il y avait pire. Mais aussi grandes et bouleversantes que puissent être les douleurs des autres, Salem n'en était pas moins dévasté.

Il refréna comme il pouvait les larmes qui lui montaient aux yeux, il n'avait pas le temps pour ça. Le dîner approchait à grands pas, et s'il n'arrivait pas à encaisser la nouvelle, il voyait mal comment il pourrait faire face à ses parents. Après un bon moment de silence, il eut un sourire aussi faible qu'ironique.

« J'arrivais déjà pas à leur parler de ma mutation vu qu'ils en sont encore à accepter mes changements de… goûts. »

Et il devait maintenant s'embarquer dans trois coming-out simultanés, sa vie n'était décidément pas de tout repos. D'ailleurs la fatigue commençait à devenir pesante et lui donnait la désagréable impression de n'avoir pas cessé d'accumuler tout un tas d'épreuves épuisantes en quelques jours, les magasins pleins à craquer d'objets et de gens, la route monotone, mais riche de détails, la maison pleine de souvenirs, les tatouages qu'il s'était fait et qu'il ne voulait pas que sa sœur se fasse, son frère, les pouvoirs, les mutants, et il comprit enfin pourquoi il se sentait vidé.

S'il avait presque semblé ignorer son pouvoir, ces derniers temps, celui-ci ne l'avait pas oublié. Et il en avait eu, des choses à chercher, en réalité, le mariage à préparer, les chats à trouver, les appartements à visiter, les voitures qu'il n'avait cessé de traquer, auquel s'ajoutait et toute leur routine, faite aussi bien de joies et de câlins que de crises et de visions. Ils vivaient une période intense de leur vie, où beaucoup de choses se mettaient en place, et si chez Adam, les effets avaient été plus visibles, notamment avec ses crises, cela ne signifiait pas que Salem était épargné. Il avait traité sous tous les angles une masse incalculable d'informations, préoccupé qu'il était d'offrir à Adam ce qu'il pouvait y avoir de meilleur, autant pour les motifs des cartons d'invitations que pour l'emplacement de leur appartement. Toutes les décisions qu'il avait prises n'étaient finalement que le fruit d'un arbitrage inconscient. Et cette visite familiale avait déchaîné encore plus son esprit déjà agité.

Cette subite prise de conscience ne l'aida pas vraiment à ralentir le rythme, bien au contraire. Comme si elles étaient soudain libérées d'une entrave, ses pensées fusèrent dans toutes les directions. L'appartement étaient à 253 mètres de l'arrêt de bus où il devra se rendre pour aller travailler, il y avait une pièce en plus pour les plans d'Adam, pas moins de trois supérettes ouvert 24h/24 et deux livreurs de pizza à proximité. Pour son prix, c'était le meilleur. Le chat, il y avait eu ce petit chat, sur les docks, il le revoyait aussi nettement qu'il revoyait Adam et les mexicains, mais il ne l'avait pas retrouvé, finalement. 47, des voitures, il pouvait en éliminer la moitié, mais elles ne lui étaient pas sorties de la tête pour autant. Les voitures, l'autoroute, Boston.

Salem n'avait pas oublié qu'il était à Boston, et s'il semblait avoir soudain sombré dans un sommeil agité, il était parfaitement conscient du monde qui l'entourait, dans ses moindres détails. La seule chose qui avait sans doute bougé, c'était Adam, par réflexe, ses mains cherchèrent la présence rassurante de son fiancé, et s’agrippèrent à ce qui se trouvait à leur portée, il reconnut le tissus de sa chemises, 25,99$, une affaire.

« Adam… »

La réalité, il la toucha du doigt une seconde avant qu'elle ne lui rappelle comment il en était arrivé là. Utiliser ses pouvoirs l'avait épuisé et il avait faillit mourir, ça en aurait calmé plus d'un. Cette peur, cette méfiance vis-à-vis de son don, il l'avait déjà ressentit, au tout début, quand il s'était mit à réaliser qu'il calculait sans cesse. Il avait voulu arrêter, redevenir normal, mais il avait trop besoin de ça, et il s'écroulait alors souvent sous le poids des conclusions muettes qui s'étaient formée dans son esprit.

Il n'avait pas vraiment mal, ce n'était pas une des crises douloureuses qui suivait les moments où il abusait de ses pouvoirs, il n'en avait pas abusé depuis longtemps. Là, son esprit essayait plutôt d'ouvrir les vannes pour se libérer du trop plein d'analyses qu'il avait accumulé dans l'agitation des dernières semaines. Tout était soudain étrangement limpide, et sans doute aurait-il pu répondre à toutes les petites questions qu'il avait pu se poser ses derniers temps, du meilleur robot à offrir à son frère – parce qu'en fait il y en avait un mieux que celui qu'Adam avait acheté, hé ouais – au temps qu'il faudrait aux chatons pour finir leur sac de croquettes. Mais il lui aurait fallu au moins la nuit pour ça. Tiens, la meilleure voiture, il l'avait trouvée. Le dîner qui les attendait lui donnait presque envie de ne pas sortir de son état, mais à peine l'idée l'avait-elle effleurée que toutes les raisons qui rendait ce repas si important s'imposèrent à lui, il ne pouvait pas laisser Adam comme ça, ni son frère, ni ses parents. Il ouvrit les yeux et son regard profond se posa sur Adam, même s'il n'avait pas l'air de le voir, aucunes des pulsations de son cœur, aucuns de ses infimes frémissements ne lui échappait.

« Tu m'as toujours pas emmené. Je sais toujours pas combien elle mesure, la… cascade. »

Cinq ou six mètres, non mais j'vous jure. Stupidement, cette information bancale l'aidait à reprendre pied plus que n'importe quoi d'autre. Il se prit la tête dans les mains, faisant tous les efforts du monde pour ralentir l’emballement de ses réflexions.

« Faudra racheter des croquettes, mercredi. La voiture. Julian. Je vais y arriver. »

Dit-il avant de s'écrouler à nouveau, quelques minutes plus tard, il rouvrit les yeux et se mit à tenter de déterminer l'heure qu'il était, comme si c'était un matin ordinaire. Ça faisait longtemps. Il se sentait complètement épuisé, mais quelque part, au fond de lui, ça allait mieux.

« Purée, 47 minutes 36 de perdues, c'est pas vrai… Alors qu'on aurait pu réfléchir… »

Oui, bon en fait Salem avait largement assez réfléchit comme ça. Il regarda longuement Adam, le dévorant littéralement comme s'il ne l'avait pas vu depuis des semaines. Mais tout en se délectant de ce si beau tas de données, il se dit qu'il lui devait sans doutes quelques explications.

« J'avais… Un peu refoulé mes pouvoirs, ces derniers temps. J'avais pas envie de risquer encore de… J'ai pas vraiment fait exprès. Sauf que moi aussi j'ai besoin de mes pouvoirs. Mais ça va, là, ça va mieux… Faut prendre ma mère à part, ce sera moins difficile comme ça. »

Il s'accorda quand même deux minutes de calme avant l'épreuve.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptySam 29 Déc - 11:52

Il y avait beaucoup de domaines dans lesquels Adam n’était pas très doué. Exprimer ses sentiments. S’intégrer dans un groupe. Faire lucidement le point sur son état psychologique. Convaincre Harper Lee de ne pas dormir sur son oreiller. Mais s’il y avait une chose où se déployaient toutes ses bonnes (ou effrayantes qualités), une chose dans laquelle il était douée, dans laquelle, sans qu’il se l’avouât très nettement, il se sentait à l’aise, c’était cela — les crises.

Si Martha O. avait brusquement décidé que le chargé de missions de seconde zone sans diplôme universitaire deviendrait un conseiller stratégique pour sa campagne électorale, ce n’était pas parce qu’elle espérait que dans l’euphorie vespérale qui suivrait un meeting, Adam viendrait la rejoindre dans sa chambre — elle l’avait vu, face à un problème qui menaçait tel ou tel projet, prendre promptement toutes les décisions qui s’imposaient, sans paraître douter un seul instant.

Les époques où le quotidien se défaisait et où l’incertitude venait remettre en doute, avec violence, la continuité des choses étaient les époques qui réclamaient ses talents, qui le dépouillaient de sa gangue de maladresse et d’angoisse, pour le laisser pleinement exprimer son tempérament. Là, le passé n’expliquait pas entièrement le présent, le futur flottait entre deux eaux — le temps se compliquait et s’ouvrait à la liberté de ses actes.

Il ne lui fallut pas longtemps pour se souvenir de leur premier rendez-vous, du restaurant près du parc, du verre qui avait failli tomber, de Salem qui s’était enfui dans les toilettes, de leur première découverte. Depuis longtemps, il n’avait pas vu son ami dans un semblable état — mais la surprise désarmée n’était pas sa spécialité. Sans trop se soucier de la porte du garage grande ouverte, d’être interrompu par qui que ce soit, Adam s’installa souplement à cheval sur les jambes de Salem et attira le visage de l’adolescent contre lui.

Première étape : ne rien voir. Seconde étape : sentir autrement. Le contact de son corps, cette sensation que Salem ne percevait pas avec ses yeux, qu’il ne pouvait pas analyser, classer, mémoriser exactement pour toujours. Couper court aux nouvelles données le temps que les anciennes pussent s’écouler, comme s’il avait pu, au-dessus d’un torrent tumultueux, retenir la pluie de l’orage.

Dans un murmure tendre, rassurant, protecteur :


— On ira la semaine prochaine, à la cascade. Avec la nouvelle voiture. Tous les deux, toute la journée. Il fera beau.

Et cette déclaration devait avoir parfaitement relaxé Salem, parce qu’il s’évanouit. Adam le retint dans ses bras avant de se relever pour pouvoir l’allonger sur le nouveau canapé. Assis sur le bord du coussin, il posa deux doigts sur le cou de Salem, pour s’assurer que son cœur battait toujours — question de prudence. Adam jeta un coup d’œil à sa montre. Fatalement, quelqu’un finirait par se demander ce qu’ils fabriquaient dans le garage — quelqu’un viendrait tendre l’oreille — Adam se releva et entreprit de fouiller dans les affaires, pour donner le change, en déplaçant des objets, des cartons.

Quand il entendit la voix de son ami, il abandonna son travail de bruitage pour venir s’asseoir à nouveau auprès de lui — sans se précipiter, pour ne pas avoir l’air inquiet, pour ne pas augmenter par sa propre fébrilité le trouble de Salem. Adam balaya les scrupules de son ami avec un sourire réconfortant, une main posée sur son torse, pour empêcher l’adolescent d’aller tout de suite rattraper le temps perdu en changeant le monde.


— Patience. Reste allongé. Ça va aller. C’est normal. Un pouvoir, ça fluctue.

Hypnotisé par le regard soudain si agréablement possessif de Salem, Adam resta quelques secondes silencieux, avant de murmurer d’une voix beaucoup moins calme et dégagée :

— Je t’aime, Salem.

Une déclaration qui, comme à l’ordinaire, le faisait légèrement rougir, puis détourner les yeux et prendre un air un peu embarrassé, comme si c’était une révélation et que son comportement habituel eût parfaitement mimé la souveraine indifférence (et allez dire cela à leurs voisins). Le jeune homme aida finalement son fiancé à se redresser pour s’asseoir sur le canapé.

A nouveau, il passa un bras autour de ses épaules.


— Je vais t’aider. C’est pas très compliqué. Il suffit de parler.

Naturellement, c’était tout à fait faux — certes, il suffisait de parler, mais parler était précisément la partie ardue de l’affaire. Après quelques instants de silencieux repos puis de (presque) silencieux baisers, Adam suivit Salem qui se relevait et, après avoir fermé la porte de la base redevenue secrète, jusqu’au lendemain où ils viendraient charger leur mobilier, les deux jeunes gens regagnèrent la maison en quête de Maman Cordova.

Maman Cordova était dans la cuisine. Ashley avait regagné sa chambre pour « faire ses devoirs », Julian dormait comme un bienheureux après son expérience faussement décevante, Joseph tentait de se concentrer sur ses comptes tout en songeant que, tout de même, cet Adam était très masculin, trop masculin, pour son Salem. Une quiétude inhabituelle régnait sur le foyer des Cordova.

Les trouble-fêtes se glissèrent dans la cuisine.

Une économe à la main, une pomme de terre dans l’autre, Maria releva son regard vers le couple, quittant des yeux l’antique livre de cuisines aux pages cornées et annotées qui lui faisait face. Elle les noya sous un sourire maternel.


— Alors ? Vous avez trouvé ce que vous vouliez dans le garage ? Il vous va, le canapé ? Vous l’avez essayé ?

Ils hochèrent sagement la tête et Maria, rendue soupçonneuse à la fois par leur silence et par le temps interminable passé dans le garage, s’interrogeait sur l’usage qu’ils avaient fait de l’ancien canapé familial. Son regard un peu troublé passa de Salem à Adam, d’Adam à Salem et, tentant de conserver sa voix enjouée, elle déclara :

— Le dîner sera prêt dans une demi-heure. Vous… Vous aviez besoin de quelque chose ?

Et le regard d’Adam se posa sur Salem.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptySam 29 Déc - 16:21

« Moi aussi, Adam. »

Salem cala sa tête dans le cou d'Adam quelques minutes avant de se remettre à le détailler d'un air encore un peu halluciné.

« T'es vraiment beau. »

Il s'attarda un peu dans le câlin, mais aucun des baisers qu'ils partagèrent ne pouvait lui faire oublier qu'une difficile mission les attendaient. À contre-cœur, il quitta donc la base secrète en laissant à Adam le soin de la fermer à clé et rejoignit la cuisine. Le temps de signifier à Maman Cordova que le canapé leur plaisait bien, même si, contrairement aux apparences il ne l'avait pas essayé avec autant d'application que la moquette de leur appartement, le silence s'installa. Avant que Salem ne se décide à venir prendre une chaise pour s'asseoir face à sa mère.

« Il faut qu'on te parle, maman… »

Inquiète, la mère de famille avait reposé ses affaires sur la table, et le fixait maintenant.

« Tu as l'air fatigué, ça ne va pas ? »
« Si, ça va. Bon, heu… Tu as sans doutes déjà entendu parler de… des mutations. »

Un ange passa, sancta Maria ne semblait pas vouloir faire lien entre ce que Salem lui disait et les raisons évidentes qui le poussait à venir parler de ça de cette manière. Mais comme son fils était trop tétanisé pour poursuivre, elle finit par murmurer.

« Tu…[/color] »

Salem hocha pudiquement la tête, l'air soupçonneuse, elle fit glisser son regard jusqu'à Adam.

« Lui aussi. »
« Oh mon dieu, c'est lui qui… »
« Non, non non, maman. J'étais déjà comme ça avant de le rencontrer, pas que pour la mutation, d'ailleurs. »
« Mais tu vas bien ? »
« Oui, ça va. »
« Il faut que je parle à ton père. »

L'air un peu tendue, Maria partit dans le salon et l'on entendit rapidement après une conversation à voix basse dans le salon. Salem posa un regard pour le moins inquiet sur Adam, soudain, ses prédictions pessimistes sur son possible rejet par la famille Cordova ne semblait pas si improbable. Mais non, ça n'allait pas se passer comme ça, il ne vivait pas dans ce genre de famille. Il se tendit tout de même en entendant les pas de son père se rapprocher de la cuisine. Joseph Cordova les regarda, avant de poser son regard noir sur Adam.

« Partez. »
« Papa ! »
« Chéri ?! »

Salem s'était levé d'un bond, mais son père paraissait résolu.

« Tu n'aurais jamais dû partir, je ne sais pas ce que ce type t'as fais mais… »
« Tu veux que je te le dise ? Il m'a aidé, il m'a protégé, il était là pour moi, tu peux même pas imaginer tout le bien qu'il m'a apporté. T'as pas le droit ! »
« Je fais ça pour te protéger, tu es perdu, Salem. Tu es parti du jour au lendemain et tu reviens quelques mois plus tard en voulant épouser un homme et mutant, en plus ! Tu nous inquiètes beaucoup, ta mère et moi. »
« Et tu crois qu'Adam cache une machine à rayon gamma dans sa voiture pour transformer les gens en mutants ? »
« Non, c'est pas… »
« Alors quoi ? Il m'a rendu gay ? J'avais déjà faillit sortir avec Kevin, si ça peut te rassurer. »
« Kevin ? Ton ami de… »
« Oui bon… peu importe. Si on vous a parlé de ça, c'est parce que Julian peut construire et contrôler les machines. Maintenant, on s'en va. »

Une bonne vingtaine de minutes de plus s'étaient écoulées quand Julian rouvrit les yeux dans la maison étrangement silencieuse. Il se sentait beaucoup plus vaseux que d'habitude, mais c'est sans doute qu'il était très, très fatigué avant sa sieste. Une fois ses chaussons spiderman – son héros préféré – enfilés, il descendit à petit pas dans le salon, où papa, maman, grand-frère et… il ne savait pas comment ça s'appelait, monsieur le mari de Salem, prenait l'apéritif dans un calme religieux, il se frotta les yeux.

« On mange bientôt ? »
« Oui mon chéri, on allait monter te chercher. »

Mama Cordova avait encore les yeux un peu rouges, la conversation avait été difficile, Salem et Adam avaient révélés leurs propres pouvoirs, l'un les avait rassurés du mieux possible et l'autre avait fournit tout un tas de recommandations pour le petit. Mais les choses restaient encore un peu tendues. Elle retourna à la cuisine vérifier la cuisson de ses plans pendant que Julian s'asseyait aux cotés de son frère, qui lui ébouriffa les cheveux.

« Alors, à part la machine à rayon gamma, tu as d'autres grands projets ? »
« Hey ! C'est top-secret ! Tu l'as dis à papa et maman ?! »
« Oui, on a un peu parlé de toi, c'est que tu est très spécial, tu vois. »
« Je suis bizarre ? »
« Non, pas du tout. »

Tout en parlant, Salem avait entouré Julian de ses bras, jusqu'à le prendre sur ses genoux pour lui faire un gros câlin.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptySam 29 Déc - 17:15

Bon. Il préférait quand même les combats de rue. Maman Cordova, son économe et sa pomme de terre l’intimidaient un peu plus que les loubards d’Hell’s Kitchen avec leurs barres de fer, dans les ruelles obscures. Adam restait sagement en arrière les mains croisées derrière le dos et debout, parce que tout dépourvu de tact qu’il était ordinairement, il comprenait bien que son rôle n’était que d’apporter d’utiles et précises informations, pour compléter les propos de Salem. Salem, la famille de Salem — lui, il était l’étranger.

Les choses se passaient à peu près bien. Certes, Maman Cordova l’avait accusé à demi-mot d’avoir transformé son fils en mutant, comme s’il s’amusait à bidouiller les nucléotides de Salem pendant que l’adolescent était distrait par ses comics. Mais Adam pouvait encaisser cela. Et puis elle était partie, parler à son mari, et Joseph, ce bon Joseph, qui avait tout l’air d’être un homme raisonnable, saurait réagir avec calme et pondération à la situation.

Adam déposa une main sur l’épaule de Salem et lui adressa un sourire beaucoup plus rassurant qu’il n’était lui-même rassuré.


— Ça va bien se passer. Tu te débrouilles comme un chef.

Hélas, toutes les prophéties des devins ne se réalisaient pas avec une égale exactitude et, quelques secondes, le regard naturellement noir d’Adam croisa le regard circonstanciellement noir de Joseph et l’ordre patriarcal de bannissement fut froidement donné. Adam demeura impassible alors que son estomac se nouait. Sa main glissa de l’épaule de Salem pour retomber faiblement à ses côtés.

Stoïque, Adam l’était en apparence, alors que Joseph s’ingéniait à mettre en actes les scénarios affreux dont le jeune homme avait abreuvé son fiancé la veille, alors que Salem les avait balayés d’un sourire en se moquant aimablement de lui. Elle était là, pourtant, la triste et brutale réalité : il déchirait la famille de son ami par sa seule présence. Voilà ce qu’il avait apporté dans l’existence de Salem — il aurait du grain à moudre pour ses futures crises de désespoir.

Fort heureusement, les époux Cordova étaient assez préoccupés par le sort de leur fils cadet pour accepter que le répugnant Adam détaillât ses observations, ses analyses et ses conclusions. Le jeune homme s’était assis sur une chaise et, fixant tour à tour dans les yeux Joseph et Maria, avec cette distance un peu froide, absolument maîtresse d’elle-même, qui était la sienne dans l’adversité, il avait complété les propos rassurants de Salem par un discours précis, clair et circonstancié.

Hélas, Adam tolérait difficilement l’intolérance — et c’était l’une des raisons de son engagement politique. Entre son orientation sexuelle et les particularités de sa génétique, Joseph Cordova avait couvert de son rejet deux aspects importants de son existence et Adam, dans sa fierté, dans sa conviction, avait été blessé. Seule la considération qu’il avait devant lui les parents de Salem le poussait à retenir ses remarques et à s’en tenir à des propos informatifs, mais sa timidité s’était évanouie pour laisser place à la seule distance intimidante de son caractère.

Ils s’étaient transposés dans le salon. Adam et Salem s’étaient assis sur le canapé, à une distance respectable l’un de l’autre, Maman et Papa Cordova sur le canapé d’en face. Adam regardait dans le vide, Joseph regardait Adam à la dérobée et Maria et Salem unissaient leurs efforts infructueux pour ranimer un tout petit peu une conversation anodine. Ce fut dans ce climat arctique que Julian fit son apparition. Les yeux de l’Asiatique se fixèrent sur l’enfant.

Le mot de « bizarre » disposa à nouveau le petit monde au silence jusqu’à ce qu’Adam, sortant de ses pensées, murmura :


— Julian ?

Le petit garçon tourna un regard incertain vers ce grand type un peu carré qui avait percé le secret de sa base secrète, tandis que Joseph paraissait prêt à sauter à la gorge de son futur gendre, parce qu’il allait probablement infecter son autre fils avec sa mutation et peut-être lui offrir un CD des Village People. Mais Adam ignorait royalement son futur beau-père, comptant sur Salem pour s’en charger.

Le devin fit un geste de tête vers le fauteuil qui était à côté de lui.


— Assieds toi. Tu es fatigué.

Dans ces moments, résister à l’autorité naturelle d’Adam était une entreprise difficile quand on était un adulte, impossible qu’on n’avait que dix ans. Sagement, Julian grimpa sur le fauteuil. La voix de l’Asiatique se fit plus douce.

— Tu aimes le robot qu’on t’a offert ?
— …oui…
— Pourquoi ?


Julian posa un regard interrogateur sur Salem avant de reporter son attention sur Adam.

— Ben. C’est Ironman ! Et puis c’est un robot.
— Tu as vu, il marche tout seul, et puis il fait du bruit et de la lumière.
— Ouais ! Enfin, il pourrait aussi envoyer des missiles, mais ça va, il est cool quand même.
— Tu penses qu’il pourrait faire plus de choses ?
— Evidemment, voyons. Comme le vrai Ironman. Dans le comic. Salem t’a pas montré ?


Julian jeta un regard désapprobateur à son grand frère. Avant de se marier et d’embrasser les gens, il devrait s’assurer de les éduquer un peu. Adam sourit.

— Si. Bien sûr. Mais ça doit être compliqué de fabriquer un robot comme ça.
— Mais non, t’es bête. Enfin, euh… Désolé. Mais quand même, c’est facile.


L’enfant bomba le torse.

— Moi, j’pourrais le faire !
— Tu trouves ça amusant ?
— De quoi ?
— Fabriquer des choses.


Julian leva les yeux au ciel — que de questions évidentes ! A mesure que l’entretien se poursuivait, sa timidité s’évanouissait.

— Evidemment ! C’est comme Ironman. J’veux dire le vrai. Dans les comics. Il fabrique plein de choses.
— Qu’est-ce que tu trouves amusant ? Y a plein de gens que ça ennuie, les mecanos, par exemple.
— C’est parce qu’ils sont bêtes. Et puis Salem, il est mécanicien. Et il est trop cool aussi.
— C’est pas faux. Mais même Salem, ça l’ennuie un peu, parfois.
— Bah… C’est drôle. On voit toutes les petites pièces. Elles vont ensemble. Au début, ça veut rien dire, et ensuite ça fait une machine ! Et c’est toi qui l’as fait. Alors du coup, c’est beaucoup mieux que de se servir des autres trucs. Ceux qu’on achète. C’est…


Le gamin haussa les épaules, emporté par son propre enthousiasme qui faisait briller ses yeux. Depuis quelques minutes, Maman Cordova était revenue et se tenait debout dans l’encadrement de la porte, les gants de cuisine toujours sur les mains.

— J’ai vu que tu faisais plein de trucs. Dans ta chambre, dans le garage. C’est très impressionnant. Mais ça doit être vachement fatigant, quand même. De faire tout ça.
— Un peu, oui.
— Tu as mal à la tête, parfois ?
— Bah oui.


Avec un nouvel accent de fierté, Julian montra son grand frère.

— Comme Salem !
— Oui. Ça fait ça à beaucoup de gens. T’as juste mal à la tête ?
— Ben… Oui… C’est déjà nul, alors bon.
— C’est vrai. Et dis moi, Ironman, là. Le vrai. Dans les comics. Il les montre à tout le monde, ses machines ?
— Ben non ! Sinon, les méchants viennent. C’est un peu secret.


D’un ton où perçait les reproches, il précisa :

— Comme ma base secrète, quoi…
— C’est plus prudent, quoi.
— Ouais, voilà.
— Un peu comme Superman, là, avec la double identité.
— Un peu.


Adam esquissa un sourire en constatant que ses cours intensifs de culture populaire américaine avec Salem servaient à quelque chose.

— Mais euh… Attends, parce que là, j’suis pas sûr de très bien me souvenir. Superman, ses parents, ils sont quand même au courant, non ?
— Oui. C’est sa maman qui fait le costume, en fait.
— C’est vrai que c’est plus pratique.


Julian pouvait parler de superhéros pendant des heures (et il n’était pas le seul dans la famille), mais il y avait tout de même des priorités dans la vie.

— Mais bon, du coup, on mange, ou pas ?

Et il tourna son regard pétillant vers Maman Cordova, que l’émotion submergeait mais qui avait finalement la réponse à sa question : savoir si oui ou non Adam aimait les enfants.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptySam 29 Déc - 21:35

Dans le silence qui avait suivit la conversation sur Julian, Salem tentait désespérément de lancer quelques phrases, auxquelles sa mère tentait de répondre quand elle n'était pas trop occupée à contenir ses larmes. Adam avait clairement le mauvais rôle dans l'histoire, il était l'étranger qui arrivait en faisant surgir tout un tas de problèmes. Joseph, de toute évidence, était celui qui s'y faisait le moins, Salem s'était d'ores et déjà alloué le rôle de barrage entre lui et son amant, en posant son regard perçant sur lui dès qu'il se faisait trop inquisiteur.

L'arrivée de Julian, et sa conversation avec Adam, offrit une parenthèse bienvenue au milieu de toute cette tension. Mama Cordova était touchée par ce spectacle. Salem aussi, en temps normal, il l'aurait certainement embrassé à pleine bouche, là il se contenta de se rapprocher de lui en lui souriant. Adam gagnait des points, même Papa Cordova sentait que le destin – oui, c'est moi – lui ferait rapidement ravaler ses paroles. Il regarda son petit garçon – celui qui est vraiment, vraiment petit – avec un sourire un peu triste.

« Oui, ça doit être prêt, maintenant, tu viens m'aider ? »
« Oui ! »

Affamé qu'il était, Julian était prêt à aider, si cela faisait arriver le repas plus vite, il fila dans la cuisine, suivit par sa mère. Papa Cordova se sentit légèrement seul, d'un coup, il regarda successivement Salem et Adam, avant de bredouiller, penaud.

« Hum… Désolé, pour tout à l'heure, je… je pensais pas sérieusement… »

Salem lui adressa un regard un peu triste.

« Ça te dérange beaucoup que je sois… gay ? »
« Heu… »
« Mutant ? »
« N… C'est juste, j'imaginais autre chose, pour toi. Mais si tu es heureux… »
« Je suis heureux. »
« J'ai vu. »

Le silence retomba, jusqu'à ce que Julian passe en courant avec une pile d'assiettes dans les bras pour les disposer sur la grande table au fond de la pièce, mais personne n'était d'humeur à le rappeler à l'ordre. Joseph posa un regard un peu moins intimidant sur Adam, qui était devenu tout à fait glaçant.

« Alors, hum, c'est intéressant, ce tu fais, au parti ? J'étais militant, dans ma jeunesse, mais avec les enfants, je n'ai plus eu le temps pour ça. Et toi, Salem, tu n'as pas envie de t'investir un peu ? Je suis sûr que ça te réussirais. »
« Moi ? Dans la politique ? J'y comprends pas grand-chose… »
« Ce n'est pas la question, si tu t'y intéressais, tu comprendrais. »
« Non… Je suis pas aussi intelligent que lui… »
« Ah, tu recommences, il était pareil, à l'école. Toujours défaitiste, mais idiot, ça non. »

Il resta pensif un moment.

« Tu comptais, à voix haute… Quand on était en voiture, les panneaux publicitaires, les gens… Tu avais à peine quelques années de plus que Julian, à l'époque. »
« Je me souviens pas trop, j'ai des images, mais ce que je pouvais faire, ou dire, ça ne me reviens pas trop. »
« Est-ce qu'on aurait dû le voir ? »
« Même moi il m'a fallut des années pour m'en rendre compte, tu n'as rien à te reprocher. »
« À table ! »

Le destin voulu qu'aucuns verres ni aucunes assiettes ne fut brisés au cours de leur périlleux voyage de la cuisine à la salle à manger. Quelques instants plus tard, Maman Cordova arriva avec sa fille et une pièce d'agneau accompagnée de pommes de terres. Salem, qui n'avait finalement mangé que deux crêpes et que sa crise avait contribuée à affamer – tout comme Julian, il fallait croire – laissa tomber les bavardages le temps de remplir son estomac malheureux. Ce fut d'abord Ashley qui alimenta la conversation en racontant qu'elle comptait rendre visite à son petit copain virtuel au Canada – Salem était totalement contre – et en continuant à essayer de parler jpop et drama avec Adam – en vain.

La conversation gagna donc en légèreté, Papa Cordova s'ouvrit une bouteille de vin et se fit bien plus cordial au bout de quelques verres. La soirée se passa donc un peu mieux que ce qu'ils auraient pu craindre. C'est éreintés, après avoir reprit deux fois du dessert – c'est à se demander comment Salem peut ne pas être fan de gâteaux alors que ceux de sa mère sont à tomber – et jouer à la console avec un Julian déchaîné qui lutta bravement contre le devin et l'analyste – et qui même s'il perdît, sera bientôt imbattable puisqu'il pourra faire disjoncter la console si les choses tournent mal – qu'ils partirent se coucher.

Dans le tout petit lit de Salem, il y eut beaucoup de câlins et de baisers, ainsi que de courts commentaires de l'adolescent sur tout ce qui s'était passé, mais ils restèrent sages – la faute aux événements et à Bob l'Éponge.

Nous sommes donc maintenant le matin, 9h14. Oui, déjà, c'est que le destin à une idée derrière la tête, v'voyez. Adam dormait paisiblement, pour une seconde encore, car pendant la suivante, la porte s'ouvrit en grand et un gamin accourut pour lui grimper dessus.

« Oncle Adam ! Oncle Adam ! Prête-moi 2000 dollars ! »
« Julian ! Déjà, c'est pas ton oncle, c'est ton beau-frère, et il est pas très frais au réveil, viens là ! »

Et Salem tira le gamin du lit dans l'agitation la plus totale. Tout avait commencé une heure plus tôt, quand il était venu réveiller le petit discrètement, ce qui ne lui avait pas du tout plu, au départ.

« Hmm, laisse-moi… c'est dimancheuh… »
« Bon, comme tu veux, je voulais te confier une mission de la plus haute importance, que tu es le seul à pouvoir réussir. Mais puisque c'est dimanche. »
« Attends, je m'habille… »

Quelques minutes plus tard, les voilà qui sortaient de la maison, Julian bailla longuement.

« Alors, c'est quoi la mission ? T'as juste dis ça pour que je vienne, hein ? »
« Pas du tout, viens voir ça. »

Salem l'amena près de la vielle carcasse, et ouvrit le capot, Julian resta scotché un moment, avant de venir regarder plus en détails avec un très vif intérêt.

« Qui a fait ça ? »
« Hum ? C'est la voiture d'Adam, il a trafiqué pas mal de truc, je crois. »
« C'est Adam ? Il est cooool ! »
« Je sais, tu peux l’améliorer ? »

Julian crut rêver, oui, c'est ça, il n'était pas encore réveillé.

« J'ai le droit ? J'ai le droit de toucher au moteur ?! »

Salem haussa les épaules.

« Au pire, elle marchera plus, on rentrera en bus, et on s'en achètera une autre à New York, comme on l'a plus ou moins prévu. »

Il se pencha vers son frère pour chuchoter.

« Mais y'a pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre que si on garde les 20 000$ de la voiture neuve pour notre appartement, le mariage ou le voyage de noces, ça serait nettement mieux. Vas-y liste ce qu'il te faudrait, que je vois si j'ai assez… »
« Tu vas m'acheter les pièces ? »

Le gamin en trépignait de joie, une journée banale chez les Cordova venait de commencer.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptySam 29 Déc - 22:41

Julian était de toute évidence la seule personne avec laquelle Adam acceptât encore de parler volontiers. Et Salem, qui connaissait assez son fiancé pour savoir qu’en dehors de lui, personne n’avait tout à fait le droit à la clémence du jeune homme, s’empressa de capter les questions de son père pour éviter qu’Adam articulât une réponse aussi laconique qu’arctique et mît un terme définitif aux sages efforts du patriarche.

Le retour de Maman Cordova, de la pièce d’agneau et de sa fille accompagnée de pommes de terre, en sonnant le début du repas commença à détendre l’atmosphère, essentiellement parce que, pendant une demi-heure, Ashley concentra sur elle et ses projets farfelus toute l’attention préoccupée de la famille. Soucieuse de tourner les regards vers quelqu’un d’autre, la jeune fille porta le sien sur Adam, qui était sagement occupé à se consoler en engloutissant ses patates, et interrogea :


— Alors, du coup, tu fais de la politique ? Ça veut dire que tu milites pour les droits des gays ?
— C’est quoi, les gays ?
— Ashley ! Julian !
— Ben quoi ?


Un silence un peu embarrassé tomba sur la table. Salem guettait la réaction de son père, qui essayait de ne pas regarder Adam, tandis que Maman Cordova maudissait Ashley du regard, qui levait les yeux au ciel et que Julian, lui, piquait plus ou moins discrètement des morceaux d’oignon grillés dans le plat central.

— Non.

Tous les regards (sauf celui de Julian, qui ne comprenait pas grand-chose et n’en avait donc pas grand-chose à faire) se posèrent finalement sur le politicien désigné qui, débarrassé d’une partie de ses pommes de terre et d’un peu de sa froideur, esquissa un sourire en plongeant son regard dans celui d’Ashley.

— Mais euh… Tu penses pas que c’est trop injuste que certains Etats euh… tu vois…
— Si. Mais la constitution des Etats-Unis assure l’égalité de droit de tous les citoyens. Toutes les lois restrictives et discriminatoires sont donc anticonstitutionnelles. L’argument des Républicains pour lutter contre les lois légalisant le mariage unisexe, ou les décrets instituant une discrimination positive en fonction des ethnies, ou pour les femmes, reposent sur le fait que ces lois sont redondantes au regard du texte constitutionnel et donc, par conséquent, un mauvais dispositif légal.

Si les Etats appliquent des lois locales qui sont anticonstitutionnelles, libre aux citoyens de ses Etats de les faire casser par la Cour Suprême. Seulement, les Républicains savent très bien deux choses. Que les décisions de justice sont rarement débattues par les média, parce qu’elles sont trop longues et trop complexes, et que donc en s’en remettant à elles, ils s’assurent que le débat de société n’aura jamais lieu. C’est la première. La deuxième, c’est que les Juges de la Cour Suprême sont massivement conservateurs.

Il y a donc deux problèmes. Un débat de société et de couverture médiatique. Et un débat légal de nominations de juges progressistes. Moi, je suis conseiller stratégique, je m’occupe de la seconde partie. La première, c’est l’affaire des services de communication. Je ne milite pas pour le droit des gays. Ou des femmes. Je milite pour la Constitution.


Tout le monde sembla juger la réponse satisfaisante et suffisante, puisque la conversation s’empressa de dériver sur des sujets tout à fait non politiques et légers, de peur de vivre une nouvelle plongée dans les arcanes de la stratégie juridico-législativo-constitutionnelle des principaux partis américains. Seul Papa Cordova, qui se rendait compte que son futur gendre n’était peut-être pas exactement un pervers queer et mutagène, regrettait de ne pas poursuivre une conversation qui lui rappelait sa jeunesse.

Adam déploya d’autres talents une manette dans la main, sous le regard conjoint des époux Cordova qui, en voyant leur fils aîné maltraité les limites du jeu vidéo, se reprochaient intérieurement de n’avoir pas été plus lucides. Et pour les fiancés, la soirée s’acheva donc dans une relative chasteté. Jusqu’à neuf heures quatorze minutes du matin. Un dimanche.

Adam souleva l’oreiller et fourra sa tête en dessous en marmonnant à celui qui venait lui emprunter de l’argent :


— Dans le coffre, sous la roue de secours.

Au moins, Julian aurait sa réponse pour la question sur l’emplacement de la caisse à outils, qu’il lui poserait dans deux heures. Julian tourna un regard perplexe vers son frère aîné et se mit à murmurer très fort, comme seuls les enfants savaient le faire :

— Il est quand même un peu bizarre, ton mari. On comprend jamais rien à ce qu’il dit.

Parfaite mauvaise foi : ils avaient eu une conversation tout à fait sensée, la veille. Adam, qui commençait à comprendre un cinquième de ce qui lui arrivait, se débarrassa du coussin et se redressa dans le lit, torse nu, parce que la promiscuité et Bob l’Eponge lui avaient tenu chaud. Et qu’il avait toujours chaud. Les cheveux en bataille, l’air perdu, il posa tour à tour le regard sur Salem et Julian.

— Non merci. Il est quelle heure ? ‘Jour.

Pas frais était un euphémisme. Adam se frotta les yeux avant d’attraper sa montre, de la fixer pendant de longues secondes avant de comprendre le sens de ces aiguilles.

— Vous êtes fous. On est dimanche.

Julian n’était pas fou, il avait dix ans. Salem, lui, n’avait pas autant d’excuses. Mais son sourire suffisait à racheter sa cause. Adam plissa les yeux et, mû par une soudain inspiration, décréta :

— Vous êtes en train de réparer ma voiture.

Julian écarquilla les yeux.

— Mais comment tu sais ?

Adam haussa les épaules.

— C’est ma voiture. Je sais tout ce qui s’y passe.

A moitié convaincu par cette douteuse explication, le gamin insista :

— Alors ? 2000$ ?

Les Cordova auraient raison de lui.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyDim 30 Déc - 20:42

8h : Travaux pratiques dans l'allée du garage. Salem s'était vite rendu à l'évidence, son frère avait beau avoir construit un hélicoptère, une machine à rayons gamma et toutes sortes d'autres petites choses plus ou moins saugrenues, il n'avait concrètement aucune compétences en mécanique. Après avoir récupérés quelques-uns de ses cours – qu'il avait emmené au cas où la voiture d'Adam tomberais en panne et qui ne lui auraient servis à rien, mais c'était psychologique, pour se donner une contenance – il joignit ses mains et se pencha vers le garçon.

« Bon, chapitre 1 : Qu'est-ce qu'un moteur ? »
« Je sais ce que c'est, un moteur ! Ça sert à faire bouger des choses ! »
« Oui mais, bouger des choses, c'est un peu vague, comme définition, un peu comme quand tu écris… »

Salem plissa les yeux pour déchiffrer les pattes de mouches toutes tordues griffonnées sur un bout de feuille quadrillée.

« Tube de kuivre, émant, anpoule a… lloj… eme… ? »
« Mais ça va marcher ! »
« Là n'est pas la question, nous, on a la chance de vivre dans un pays civilisé, Adam va avoir du mal à passer les contrôles technique avec un véhicule dont l'essence s'enflamme grâce à une lampe halogène ou je ne sais quoi… D'ailleurs je me demande comment il passe les contrôles technique avec ce… Bon, il existe plusieurs types de moteurs, à combustion, à explosion, à essence ou à diesel, avec ou sans soupapes… »

Tout en parlant, Salem étalait ses cours sur le bitume, pointant parfois du doigt une définition, un schéma, décrivant avec toute la précision dont il était capable les différentes pièces et la façon dont tout cela fonctionnait ensemble. Il craignait un peu que son discours parut obscure à un si petit garçon, mais quand il eut fini Julian le regarda avec des yeux brillant.

« C'est super bien pensé ! »
« Oui, c'est des années de recherches faites par des ingénieurs très spécialisés. Tu n'as pas besoin de tout réinventer depuis le début à chaque fois que tu fais quelque chose. Appuie-toi sur ce qui existe déjà, tu vas perdre tes cheveux avant l'âge, sinon. »

Le gamin se leva et recommença à inspecter le si fascinant entrelacement de tuyaux et de bidules qui tractait le véhicule par un miracle digne des légendes de Lourdes. Il tapota du doigt une des pièces.

« Il faut remplacer ça par quelque chose de mieux. »
« Mais non, cette pièce-là, c'est moi qui l'ai changée y'a quelques mois, elle marche très bien. »
« Elle ruine les performances ! Ça se voit, c'est comme dans le plan, là. »

Julian lui mit dans les mains un des schémas, que Salem fixa longuement avant de regarder le moteur, l'air un peu perdu.

« Je ne vois aucune ressemblance entre le schéma et… ça. »
« Pourtant c'est exactement ce moteur-là, avec pleins de trucs géniaux en plus ! »
« Hum, bon… je suis pas très doué avec les dessins de toute façon. Mais cette pièce correspond à ce modèle de voiture, tu peux pas mettre n'importe laquelle. »
« Mais si, je peux ! »
« Julian. »
« Les modèles, c'est juste des petites différences entre deux choses qui fonctionne exactement pareil, pour que tu sois obligé de racheter le même s'il casse. Mais on peut les adapter, je peux les adapter ! »
« Mais tu ne vas pas faire un patchwork non plus, je comptais plutôt sur toi pour comprendre ce qui ne tourne pas rond dans cette voiture, parce que moi, je sèche. »
« T'as dis que c'était ma mission et tu critiques tout. Si je peux pas mettre de lampe halogène ou changer le bidule tout nul que tu as mis, je démissionne ! »
« Ok, ok, fais comme tu veux, mais viens pas pleurer si ça flambe. »

C'est ainsi que le courageux duo entreprit de revisiter les règles de la mécanique, Julian pour donner les directives et Salem pour trouver dans sa mémoire des pièces qui ne s'adapteront pas trop mal les unes avec les autres. Après pas mal de disputes, négociations, et des chatouilles vengeresses, Salem établit un budget d'environ 3700 dollars, un peu plus en ajoutant la peinture et les quelques arrangements esthétiques que Salem comptait faire. Ce qui, en imaginant que Julian ne se trompait pas en affirmant qu'après ça, ils seraient tranquilles pour un moment et que rien n'exploserait, en faisait la voiture la moins chère et la plus intéressante qu'ils puissent avoir, comme il l'avait compris la veille. Il avait d'ailleurs suffisamment d'argent pour la payer et se sentir viril en offrant une voiture – presque – neuve à son fiancé, sauf que c'était dimanche et qu'il ne pouvait donc pas aller récupérer ses économies à la banque.

« Je peux pas y mettre plus de 2000$, et il en faudrait 2000 de plus pour être sûr de pouvoir se payer tout ça. Faut enlever des trucs… »
« Mais ça va chambouler tout mon beau moteur ! Il a pas d'argent, Adam ? »
« Si, mais ce serait plus une mission secrète, s'il est au courant. »
« Suffit de pas lui dire ce qu'on fait, puis pourquoi tu veux pas qu'il sache ? »
« Parce que c'est une surprise, bêta. J'crois qu'il aime bien cette bagnole, même si elle est complètement pourrie. »
« C'est normal, t'as vu tout ce qu'il a changé ? Il a mit tout son cœur dedans, et toi tu veux la jeter. Comme pour Mr Chuck. »
« Oh non ça va pas recommencer, il était vieux et foutu, ce truc. »
« C'était mon robot et tu l'as jeté ! C'était cruel et méchant ! Bon, je vais voir Adam, je suis sûr qu'il va comprendre lui, nah ! »
« Julian ? Attends ! »

Les deux furies débarquèrent donc dans la chambre pour agresser le pauvre Adam – mais celui-ci devait avoir un peu l'habitude de se prendre de long bavardage dans la tête, au saut du lit, depuis le temps. Salem fit la moue en entendant que ses plans étaient déjà découverts, Adam n'avait décidément aucun respect pour les missions secrètes. Julian, toujours aussi excité d'être le commandant des opérations, ne se laissa pas désarçonner par la perspicacité surnaturelle de son beau-frère, et continua ses assauts.

« Allez, s'il-te-plait ! Comme ça ta voiture sera encore plus super que maintenant, et il vous restera presque 20000 dollars pour faire une nuit de noc… »

Après avoir asséné un coup d'oreiller à son frère, Salem vint entourer de ses bras son fiancé, dont la bouille, au réveil, était toujours aussi craquante – et en espérant qu'il ne soit pas encore assez réveillé pour tout comprendre. Ses lèvres se perdirent dans un court baiser, sous le regard curieux de Julian, qui bougea un peu pour mieux voir.

« Bien dormis ? Le lit était un peu petit quand même. »
« Comment vous allez faire pour faire des bébés ? »

Salem écarquilla les yeux en tournant la tête vers son frère.

« Bah quoi ? Si vous vous mariez, c'est pour faire des bébés, non ? »
« Heu… Même si on décidait d'en faire un, ce serait pas pour tout de suite, Julian. »
« Mais quand vous voudrez, comment vous… »
« Bon, Adam et moi, on va prendre une douche, et après on verra pour les pièces. Tu devrais aller prendre ton petit-déjeuner. »
« Tu m'as toujours pas rép… »
« C'est des trucs de grands, ça, allez, file ! »
« Pfff… »

En traînant des pieds – pour que tout le monde voit qu'il boude – Julian sortit de la chambre et rejoignit ses parents qui prenaient leur café dans la cuisine. Il se servit une bonne rasade de céréales avant de tourner ses grands yeux vers sa mère.

« Maman, comment ils vont faire des bébés, Salem et Adam ? »
« … Mon chéri, ce sont deux garçons, ils ne peuvent pas… vraiment… »
« Mais pourtant Salem il m'a dit qu'il voulait ! »
« Pardon ? »
« Il m'a dit « On a décidé d'en faire un, un jour. », c'est pour ça qu'ils veulent se marier ! »

Ah, les gosses… Pendant ce temps-là, Salem s'était remis à couvrir Adam de baisers, et même s'il n'avait aucun désir de conception, il ne se gêna pas pour caresser le torse nu de son compagnon dans le seul but de l'aider à se réveiller en douceur – un acte de gentillesse et d'abnégation qui mériterait une médaille. Il tenta ensuite d'aller dans la salle de bain, qui était verrouillé et d'où s'échappait le chant vaguement mélodieux d'une bande de coréens très probablement chétifs et décolorés.

« Ashley ! Sors de là ! »
« J'ai pas fini ! »
« Mais t'auras jamais fini ! »
« C'pas vrai, je suis pas comme toi ! »
« Je te laisse dix minutes, après j'ouvre la porte et je viens avec Adam ! »
« Noooon ! T'es dégueulasse ! »

En soupirant, Salem retourna auprès d'Adam et lança, pour plaisanter.

« Et après on s'étonne que je sois partit à New York… »
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMar 1 Jan - 21:30

On se battait sur son lit. Désormais assis en tailleur sur le lit, le regard embrumé, Adam avait regardé l’oreiller s’abattre sur Julian d’un air peu concerné. Son intuition avait été beaucoup plus lucide que le reste de son esprit ne l’était pour l’heure et il se contentait de flotter entre différentes époques, sans parvenir à trop se fixer. Il avait connu des réveils plus mouvementés cependant et, pour une fois, il ne s’en tirait pas trop mal.

La nuit de noces entra par une oreille, sortit par l’autre, mais fort heureusement, le corps d’Adam avait toujours assez de bons sens pour répondre au baiser de Salem et se laisser un peu aller dans ses bras. Sans doute cependant fallait-il la matinale brume du jeune homme pour lui ôter le scrupule de se livrer à un semblable geste d’affection sous le regard enfantin de Julian.

Avec l’air de rêver tout haut, Adam commenta l’appréciation mobilière de Salem :


— Un King Size pour l’appartement.

Puis les interrogations existentielles de Julian en matière de procréation :

— Ewan.

Le reste de la conversation ne suscita pas pour sa part autre chose qu’un vague et énigmatique sourire — mais il n’était pas très certain qu’il en entendît un traître mot. Lové dans les bras de Salem, il laissait son regard dériver vers la fenêtre encore voilée de ses rideaux, derrière lesquels les rayons du jour perçaient : un spectacle quotidien qui semblait fasciner le devin.

Adam ne se rendit même pas compte que Julian était parti, mais lentement, il émergeait de son sommeil éveillé, pendant que, dans la cuisine, Maman Cordova ne savait trop si elle devait s’inquiéter de la précipitation dont son fils aîné faisait de toute évidence preuve ou céder à la joie de se savoir toujours possiblement grand-mère. Papa Cordova, lui, tentait de demeurer objectif et bienveillant ¬ — ce qui consistait surtout, pour l’heure, à ne pas s’étouffer avec son café.

Bref, Adam se réveillait — un peu — beaucoup — il fut bientôt et de toute évidence entièrement éveillé. Les mains posés au bas du dos de Salem (version Cordova-Tenseï), le jeune homme maintenait son ami contre lui et répondait aux baisers avec tout l’esprit d’initiative qu’il venait de retrouver, dans un coin de son cerveau, juste à côté de sa volonté et de sa conscience de soi. Et même le couvre-lit Bob l’Eponge ne suffisait pas à le calmer.

Alors l’Asiatique poussa un petit soupir de contestation quand Salem s’enfuit pour aller prospecter la pièce dans laquelle il passait la plupart de son temps. Adam se tira du lit et se mit à observer les différentes photographies que l’adolescent avait jadis fixées au mur. Pendant qu’il souriait pour lui-même en entendant l’hôpital qui se moquait de la charité et Salem qui reprochait à sa sœur de passer trop de temps dans la salle de bain, Adam ne pouvait s’empêcher de se demander lequel des garçons qui défilaient sous ses yeux était le fameux Kevin.

Il ne tarda pas à tomber sur un visage familier — quelqu’un qu’il avait vu dans l’une de ses visions, entre une scène où Salem explorait les charmes féminins de telle ou telle gourdasse et une autre scène où il s’abandonnait à la force virile de David. Adam sentit un sentiment de malaise l’envahir. Cette chambre était pleine sans doute des souvenirs d’Ashley. D’autres. A nouveau, il eut la sensation d’être une goutte d’eau, presque un interlude dans l’existence de Salem, et la dispute à la porte de la salle de bain prenait un sens plus grave : c’était là, pour Salem, le réel, le quotidien.

La remarque prononcée par Salem en rentrant dans la chambre acheva de serrer le cœur de son fiancé et le regard d’Adam, posé sur l’adolescent, se fit un peu triste.


— Salem… Est-ce que…

Adam ravala ses mots. Des questions stupides, angoissées, se formaient dans son esprit. Il secoua la tête et murmura :

— Non. Rien. Laisse tomber.

Soucieux de ne s’exposer à aucun interrogatoire, le jeune homme enchaîna aussitôt :

— T’as eu raison de montrer la voiture à ton frère. Ça lui fera un exercice et ce sera un excellent compromis entre le jouet et les choses sérieuses. Et puis, c’est bien qu’il se sente encadré, à la fois autorisé mais surveillé. Et 2 000$, c’est pas un problème. Mais je sais pas où vous trouverez des pièces un dimanche, et il faut quand même qu’on rentre ce soir.

Non seulement Adam, avec toute sa bonne volonté, ne se voyait guère passer le début de la semaine chez les Cordova, mais Salem comme lui devait travailler le lundi, Anya n’avait promis de s’occuper des chatons que jusqu’au soir et leur vie à New York, leur vie qui représentait si peu de temps dans l’histoire de la vie de Salem, les attendait.

Adam quitta les photographies et les trophées des yeux pour poser le regard sur Salem.


— J’lui ai pas dit des trucs trop bizarres, à ton frère, tout à l’heure ? J’étais un peu à l’ouest.

Adam maniait les euphémismes avec un art consommé. Son regard ne put rester que deux ou trois secondes fixés dans celui de Salem, avant de se détourner à nouveau. Le jeune homme se laissa tomber sur le lit après avoir jeté un coup d’œil à sa montre. Sept minutes — dans sept minutes ils iraient se lever et le tourbillon de la journée chez les Cordova emporterait, pour quelques heures au moins, la préoccupation que le spectacle de cette vie faisait naître en lui.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMar 1 Jan - 23:09

Occupé à gérer ses cadets, Salem ne fut d'abord pas très attentif aux paroles d'Adam. Il faut dire que l'entendre parler de mettre un king size dans leur nouvel appartement le faisait encore plus douter des souvenirs qu'il avait de l'endroit que son plan bancal l'avait laissé supposer. Et pour le reste, l'adolescent ne sut pas du tout de qui il parlait, sans doute une de ses innombrables connaissances, passée ou future. En revenant de sa joute avec sa sœur, il était cependant un peu plus disposé, et, au cas où, la question que son ami laissa en suspend suffit à attirer son attention. Ce n'était pas la première fois qu'Adam lui faisait le coup, quand il avait quelque chose à dire mais n'osait pas le faire, même si Salem pouvait encore laisser ça sur le compte des réveils laborieux du devin. La conversation lancée par le devin l'empêcha de toute façon de chercher plus loin.

« Oui, je me suis dis que ça l'aiderait, et vu sa vision de la mécanique, j'avais pas tord. Y'a pas de garage, le dimanche ? Je pensais que c'était là qu'il y avait le plus de clients… Tu sais, c'est la que les gens veulent emmener leur famille au parc, ou au cinéma, après une dure semaine et là… bam, plus de voitures, c'est la loi de Murphy. Enfin, au pire, ce sera pour une prochaine fois, je viendrais avec ses pièces, il sera tout aussi content. »

Irrésistiblement attiré par son lit dès que son fiancé s'y trouvait, Salem vint s'allonger près de lui et posa distraitement une main sur son ventre en le regardant – sans la moindre difficulté pour sa part. Il eut un petit sourire en entendant sa question.

« Pas plus que d'habitude, tu as dis que tu cachais 2000$ dans le coffre, que tu voulais un lit tellement grand qu'on pourrait sans doute plus ouvrir la porte de notre chambre et… tu as parler d'un Ewan, j'espère que c'est pas encore un de mes futurs mecs. »

Salem resta pensif une seconde, avant d'ajouter.

« Même s'il doit être canon, pour avoir un prénom pareil. J'connaissas pas. »

Il regarda silencieusement le visage d'Adam, et l'impression que quelque chose n'allait pas lui revint. Son ami avait beau faire de son mieux pour lui cacher, il restait dans son expression des traces d'une tristesse que Salem avait lentement mais sûrement apprit à remarquer. Dans ces moments-là, il aurait aimé avoir ne serait-ce qu'un dixième des intuitions surnaturelles de son compagnon, ne serait-ce que pour savoir vers où chercher ce qui n'allait pas. Il y avait sans doute une multitude de raisons possibles, après tout, la rencontre avec sa famille n'avait pas été de tout repos, et s'il avait d'abord craint que les Cordova n'aiment pas Adam, c'était maintenant le contraire qui l’inquiétait, il hasarda.

« Ça n'a pas l'air d'aller… C'est à cause de mon père ? Il est pas méchant, ou conservateur, tu sais, il s'attendait juste pas à ça pour moi, il lui faut un peu de temps. Je suis sûr qu'il s'en veut pour hier… Ou alors… »

Salem plissa les yeux avant de tourner la tête vers le mur et les différentes photos qui s'y trouvaient, et qu'Adam regardait à son retour. Jenny et lui faisant des grimaces pas possibles, ses camarades de classes, les clubs de basket avec qui il avait remporté les médailles qui ornaient également le mur, ou Kevin, son ami d'enfance, dont on pouvait presque suivre la croissance au fil des photos.

« C'est mes exs ? Si ce sont mes exs, c'est pas pour rien. »

À part Jenny qu'il avait revu – pour le plus grand malheur de la demoiselle – toutes ses autres relations Boston, à part trois ou quatre, étaient maintenant réduit à quelques commentaires sur facebook. Il avait bien plus de chances de finir avec David qu'avec l'une des personnes sur ces photos. À part peut-être Kevin, et encore, il faudrait changer un peu de leur passé pour ça, le passé, ça peut être un handicap.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMer 2 Jan - 12:34

En entendant les arguments de Salem sur le garage, tous plus sensés les uns que les autres (une fois n’étant pas coutume), Adam répondit d’une voix un peu lointaine, dans laquelle il n’arrivait pas à insuffler assez d’implication pour faire illusion :

— Oui… T’as raison. J’y avais pas pensé. J’ai pas l’habitude d’aller dans les garages. J’fais plutôt les choses moi-même.

Précision inutile depuis que le bricoleur en chef Julian avait témoigné tout à la fois son enthousiasme devant les réparations d’Adam et ses lacunes abyssales en mécanique conventionnelle. N’importe quel garagiste un peu raisonnable eût depuis longtemps détourné le jeune homme de ses dangereux rafistolages, et il fallait que Brad fût bien complaisant ou bien confiant pour laisser Adam circuler toujours dans un semblable appareil.

Mais sa voiture était devenue le cadet de ses soucis, remplacée en un rien de temps par le principal motif d’inquiétudes dans la vie d’Adam : Salem Cordova, ce que Salem Cordova avait bien pu faire de son corps dans le passé et ce qu’il en ferait peut-être dans l’avenir. Lequel Salem se faisait fort d’entretenir les angoisses de son fiancé, en fantasmant déjà sur un hypothétique amant futur du nom d’Ewan.

Avec un air de plus en plus désespéré, Adam murmura d’une voix contrariée :


— C’est écossais, je crois…

Cela dit, il ne connaissait personne qui portât un semblable prénom dans son entourage immédiat ou lointain et cette intuition demeurait pour l’heure. Et cependant, le devin savait que si ses visions du futur pouvaient être fluctuantes, ses intuitions, elles, ne se trompaient jamais d’objet. Ce serait sans doute le prénom d’un passant qu’il croiserait, un vendeur de supermarché ou un serveur de restaurant routier.

Ou le futur amant de Salem. Cette pensée noua son estomac. La main de Salem posée sur son ventre ne suffisait pas à apaiser le jeune homme. Le décor de la chambre commençait à l’oppresser : trop de souvenirs, trop de passé fixe, stable, à jamais gravé dans le cours du temps, trop de Salem sans lui. Il avait envie de s’enfuir, de repartir de leur appartement vide, qui attendait leurs meubles, là où il n’y avait qu’eux, de retrouver les chatons, les comics qu’il connaissait parce que Salem les lui avait montrés, les amis de Salem qu’il connaissait parce que Salem les lui avait présentés.

Les premières suppositions de Salem sur les raisons de son trouble n’arrangeaient pas ses affaires. Adam en était persuadé, Joseph Cordova avait adoré Jenny. Elle était vive, gentille, d’un abord aisé, c’était une femme surtout et une humaine parfaitement normale. Tout le contraire du mutant mâle difficilement accessible. Cette idée fit son chemin dans l’esprit du jeune homme : il était tout le contraire de Jenny. Tout le contraire de ce qui ornait les murs de Salem. Sur les photographies où il avait l’air si joyeux.

Et lui, que lui proposait-il ? Des visions, des crises, des angoisses, des présentations difficiles, des considérations adultes et graves. Comme à son habitude dans ces circonstances, Adam oubliait les parties de jeux vidéos, les commentaires échangés sur la tenue de tel ou tel passant dans la rue et les rires qui les suivaient, les soirées au restaurant, les soirées avec les amis de New York avec lesquels il avait fini par s’entendre, les câlins, les fausses disputes sur le meilleur moyen d’entretenir une moto, les duels de basket atypiques.

Adam se redressa sur le lit, pour s’asseoir à nouveau. D’une petite voix, il répondit :


— Toutes ces photos, tous ces gens… C’est ton passé. Le passé ça ne bouge pas. Tout le temps là, tout le temps fixe. Immuable. Nous, il y a le futur pour nous, mais ça n’existe pas encore. Ça peut bouger. On n’est… Je veux pas être juste une parenthèse pour toi. Une parenthèse où tout est tout le temps compliqué.

Toute inquiète que fût cette réponse, elle n’en constituait pas moins un progrès admirable pour Adam : il n’avait pas été nécessaire d’atteindre le point de non retour pour obtenir de lui une confession pleine de sanglots, de nervosité et d’autoflagellation et, quoique silencieux d’abord, il n’avait pas trop hésité avant de répondre.

Elle jetait surtout une lumière nouvelle sur une partie de ses inquiétudes, en les liant très étroitement avec son pouvoir. Souvent, il avait expliqué à Salem combien les époques révolues insistaient mais combien, au contraire, le futur était fuyant. Sa perception du temps ne semblait pas le rendre capable de comprendre que, pour l’immense majorité de ses semblables, le passé comme le futur était lointain, qu’il n’insistait pas, qu’au contraire il disparaissait quand il n’était pas perpétuellement entretenu par le présent.

Adam leva de grands yeux noirs vers Salem.


— Dis… Je me demandais…

Il hésita. Baissa le regard. Reprit timidement.

— Avec Jenny, sur les photos, t’as l’air d’être heureux. Et… Jenny et moi… Objectivement, c’est un peu le jour et la nuit. Elle est amusante, énergique, sociable, extravertie. Tout ça. Et moi je suis… Je sais pas. Sérieux. Calme. Réservé. Je suppose. Et tes parents, et ta famille, quand ils me regardent, ils ont l’air… Désarçonnés. J’ai l’impression que c’est pas seulement parce que je suis un garçon. Qu’il y a le reste, aussi. Ma façon d’être. Les choses que je dis. Ils s’attendaient pas à ça pour toi.

Décidément, les recommandations de Salem, si elles n’avaient pas guéri Adam de ses angoisses, étaient parvenues à accomplir un miracle : le jeune homme se confiait de lui-même sans paraître prêt à se jeter de la première falaise venue. Adam conclut douloureusement.

— Je ne comprends pas pourquoi je te plais. J’veux dire, c’pas parce que j’ai l’impression d’être nul, c’pas la question. C’est juste… Je me sens si différent de tout ce que tu aimes… Je comprends pas.

Adam releva les yeux vers Salem.

— Et si un jour tu ouvres les yeux et tu te rends compte que tes parents avaient raison ? Si tu te dis que tu t’es trompé ? Égaré avec moi ? Y a plein de garçons et de filles comme Jenny. Qui peuvent lire des comics, et aller au cinéma, et écouter de la musique, et qui sont drôles, et insouciants, et… Enfin. Je sais pas.

A peine avait-il fini de parler que la porte s’ouvrit et Ashley fit irruption dans la pièce en assénant :

— C’est bon, c’est libre, tu peux aller retrouver tes brosses à cheveux.

Son regard tomba sur Adam. Sur le torse nu d’Adam. G-Dragon venait de chuter dans le classement.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMer 2 Jan - 16:20

Salem fut soulagé de voir Adam s'exprimer sans qu'il n'y ai besoin de le pousser dans ses derniers retranchements. Il avait l'impression que quelque chose dans leur couple avait atteint un certain stade de maturité, cela lui donnait confiance, son choix de vie était plus viable que la jeunesse de leur relation pouvait le laisser penser.

Ce qui n'était visiblement pas réciproque pour Adam, il écouta ses doutes avec un mince sourire, devinant mieux que le prophète comment son pouvoir influait sur sa vision des choses. Il avait d'ailleurs un peu du mal à la comprendre, peut-être était-ce dû à sa jeunesse, mais le passé avait pour lui une très mince importance comparé à un futur plein de promesses. Oui, le futur pouvait bouger, il espérait d'ailleurs que ce serait le cas, la stabilité et l'ennuie, Salem laisse ça pour le jour où il sera dans sa tombe. Lui n'avait pas peur du futur et des changements qu'il augurait, il passa une main dans le tas d'épis désordonnés qui ornait la tête d'Adam.

« Je préfère que tu fasses partie de mon futur que de mon passé. Je vis à New York maintenant, j'ai perdu le contact avec la plupart des gens sur ces photos. »

Il regarda pensivement les photographies, un peu nostalgique, il y en a certains que Salem aurait préféré ne pas perdre, c'est vrai. Mais il aurait aussi regretté de ne pas avoir rencontré Adam, Brad et tous ces nouveaux amis, et ne pouvait pas oublier tout ce que ces changements lui avaient apportés.

« Je ne vais pas t'affirmer que notre futur sera immuable, qu'on sera ensemble jusqu'à la fin des temps. Je sais bien que les choses peuvent changer et tu as tout un tas de visions horribles qui l'attestent. Mais à chaque fois que je pense au futur, que j'ai un projet, c'est pour toi et moi. Je ne peux pas imaginer les choses autrement, comme si tout ça pouvait n'être qu'une parenthèse. »

Ce qu'ils vivaient avec Adam n'était pas une parenthèse, au début, il aurait éventuellement pu dire quelque chose comme ça, mais maintenant, c'était impensable. Même si tout s'arrêtait aujourd'hui, son compagnon serait pour le restant de ses jours un homme qu'il avait voulu épouser, avec qui il s'était installé, avait adopté des chats et affronter vaillamment des terroristes surarmés – enfin, ça c'est la version améliorée qu'il raconterait à ses petits enfants. Mais certainement pas une parenthèse qu'il pourrait oublier facilement.

Adam avait encore d'autre préoccupations, un peu surprit, Salem le laissant continuer sur un autre sujet. Dès qu'il l'entendit parler de Jenny, il sembla tenté de parler, mais il le laissa poursuivre. Oui c'est sûr, sa famille était surprise par ce changement, tout comme lui-même l'avait été au départ, ils avaient d'ailleurs déjà eu de semblables conversations au début de leur relation. Les photos et la rencontre pour le moins houleuse avec ses parents avait de toute évidence réveillées de vieilles angoisses chez son compagnon. Salem allait finalement expliquer son point de vue quand sa sœur ouvrit la porte – sans frapper, comme d'habitude.

« Ah ? Cool, merci. »
« De rien. »

Salem se leva et commença a choisir sa tenue dans le choix limité de vêtements que contenait sa valise, avant de s’apercevoir que sa sœur était toujours figée à la porte. La jeune adolescente détaillait avec une retenue très relative les atouts de son compagnon, qui ne ressemblait pas tout à fait à un chanteur coréen, mais était encore mieux.

« Ashley, c'est bon, tu peux aller retrouver ton G-Dragon et tes Gang Bang. »
« C'est BIG Bang, crétin ! »

Et en rougissant un peu de s'être laissée aller, elle fila dans sa chambre. Salem secoua la tête avec un sourire amusé en se disant que les ados, c'est vraiment n'importe quoi – tout en oubliant qu'il en était presque un lui aussi. Après s'être pris une chemise, un de ces machins sans manche qu'on met parfois par-dessus et qui fait ressembler à un serveur, et un pantalon assorti, Salem dit pensivement.

« Tu as pu parler avec Jenny, et tu as eu un petit aperçu de ma vie… »

Il se tourna vers son compagnon.

« J'aurais pu continuer comme ça, avoir une maison confortable, des parents aimants, une copine sympa et un frère qui se baladera bientôt dans une armure volante dotée d'une intelligence artificielle et de lance-missiles. Mais je suis parti, j'ai changé de voie, pas parce que j'étais malheureux, mais parce que je sentais que j'avais besoin d'autre chose. »

Salem se rapprocha d'Adam et le prit par la taille.

« T'as tout à fait raison, des gens comme Jenny, je t'en trouve par paquet de dix aussi bien à Boston qu'à New York, mais c'est toi que j'ai choisis. Pas juste parce que j'étais dans une phase où je changeais beaucoup de choses, mais parce que tu as une maturité, tu as… souffert, et tu subis tous les jours les effets de ton pouvoir. Ça t'as forgé d'une certaine façon et, j'dis pas qu'on est pareil et que je peux comprendre tout ce que tu vis, mais j'ai quand vécu un peu la même. J'ai le sentiment que ça nous rapproche. Plus que je ne pourrais être proche de Jenny ou d'un jeune du même genre, en tout cas. »

Après un bise, Salem jugea plus sage d'aller prendre position dans la salle de bain avant que sa sœur ne décide d'y retourner ou que son frère ne l’inonde. Il y emmena donc son chéri et se déshabilla en poursuivant.

« Puis, c'est pas comme si je ne pouvais plus lire de comics ou aller au cinéma, je peux faire ça et lire du Naïzechtezeuh ensuite. Et j'veux pas dire, mais j'ai un peu de mal à me trouver des points communs avec Ulysses… »

Ah, ce Ulysses, Salem n'était pas près de l'oublier, il ne pouvait pas s’empêcher de lui en vouloir, ne serait-ce que parce qu'il était un garçon. Oui, si ça avait était une fille, il aurait un peu moins souffert de la comparaison alors que là, la différence était criante, et ça le sera d'autant plus pour les parents d'Adam. Il n'osait pas imaginer ce qu'ils allaient penser de lui après avoir connu le gendre parfait. Tout en se douchant, il imagina que monsieur propre avait du vivre ce même genre de moments avec Adam, qu'ils avaient divagué sur Spinoza sur l'oreiller sans que l'un d'eux ai besoin de s'arrêter pour regarder wikipédia. Qu'ils avaient milité ensemble pour plus de progressisme, qu'ils se comprenaient simplement mieux. Leur vie n'avait pas pu être qu'une longue suite de disputes, après tout.

Rendu un peu déprimé par le visage d'ange blessé et perdu qu'il avait gardé en mémoire, Salem se lava plus vite que d'habitude, ne s'étala qu'une seule couche de crème hydratante au beurre de karité sur le corps et ne passa qu'une demi-heure – et des poussières – à trouver une coiffure qui irait avec son veston de serveur. En sortant de la salle de bain, il marmonna.

« Je vais faire un truc dans la chambre de ma sœur deux minutes et je te rejoins. »

Après quoi il entra sans frapper dans la chambre girly avec son portable à la main, et ignora les remarques de sa frangine pour aller utiliser son ordinateur. Il retourna dans la chambre avec ce qu'il venait d'imprimer et prit des punaises sur son bureau pour fixer dans les espaces qui restait sur le mur de nouvelles photos. Adam profondément endormit au milieu des chatons, Adam et Salem en plein baiser, les chatons en train de jouer, une de leur soirée entre amis…

« Voilà, c'est mieux comme ça. »

Cela fit partir au loin ses craintes sur les parents d'Adam et la perfection d'Ulysses, un sourire s'étira sur son visage alors qu'il regardait les photographies.

Pendant ce temps-là, G-Dragon vivait une crise existentielle, s'il avait moins d'abdos qu'Adam, ne l'aimait-on que pour sa célébrité ?

Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMer 2 Jan - 17:18

Sous le regard d’Ashley, Adam s’était levé pour se donner une contenance et ne pas trop montrer que, voûté sur le lit et sous le poids de ses soucis, il était sur le point de pleurer comme un enfant. Il n’avait aucune envie que la famille de Salem crût qu’il pût y avoir le moindre problème dans leur couple, persuadé que les Cordova sauteraient sur l’occasion pour raisonner le frère aîné et le détourner de cette voie obscure dans laquelle il s’était engagé.

Naturellement, debout, Adam paraissait tout droit échappé d’un magazine pour jeunes filles. Ou de Têtu. Il lui manquait le maquillage qui eût rendu son visage parfait et sans doute une beauté un peu plus virile, mais à vrai dire, ce n’était pas exactement les traits de ses lèvres ou de son menton qu’Ashley observait sans s’en rendre compte. Machinalement, le jeune homme chercha du regard de quoi se couvrir, mais dans le monde ordonné de Salem, les vêtements, surtout les vêtements, ne trainaient pas n’importe où.

Son regard se posa malgré tout sur son sac de voyage (bien moins rempli que celui de son ami, soit dit en passant) et Adam entreprit, pour se donner une contenance, de se mettre en quête de sa tenue du jour, ce qui prit exactement une seconde trente-quatre, le temps de prendre le premier tee-shirt venu, des sous-vêtements et son jeans. Il continua à fouiller dans le sac, pour le former — à inspecter le contenu de sa trousse de toilettes, soit une brosse à dents, du déodorant et un rasoir électrique (dont les mauvaises langues suggèreraient qu’il n’avait pas vraiment l’usage).

Fort heureusement, Salem s’était rendu compte du soudain enthousiasme de sa sœur pour le kick-boxing ou les orientations politiciennes du parti démocrate et avait renvoyé l’adolescente à son antre. Adam, qui eût pu se rendre compte qu’il était pour Ashley un fantasme ambulant et pour Julian le propriétaire d’une voiture cool et que, par conséquent, toute la famille Cordova n’aspirait pas à l’exiler, se sentit simplement soulagé d’être libéré de cette curieuse scrutation.

Adam se releva. Le début de la réponse différée de Salem ne le soulageât pas vraiment. C’était tout à fait ce qu’il disait : sans lui, Salem aurait eu une maison confortable, pas un bel appartement dans le centre culturel de New York ; des parents aimants, pas des parents aimants ; une copine sympa, pas lui. La suite n’eut pas non plus le succès que Salem lui avait espéré et ce qu’Adam entendit malgré lui, c’était qu’il était un mutant.

Voilà. C’était cela, l’argument de son fiancé ? Il était avec lui parce qu’il avait souffert et qu’il était un mutant ? Dans le fond de son cœur, Adam comprenait avec un peu de honte qu’il avait cherché une réponse beaucoup plus flatteuse pour lui. Des compliments. Le menu des qualités qui plaisaient à Salem. Les mains de son ami sur sa taille l’avaient fait frémir, mais désormais, Adam se sentait un peu déçu. Et plus perturbé encore qu’au début de la conversation.

Alors dans la salle de bain, même déshabillé, Adam ne se montra pas aussi enthousiasme qu’à l’accoutumée. Sans doute l’idée que tout le monde les sût sous la douche et que les parents de Salem prissent leur petit déjeuner au rez-de-chaussée eût-elle de toute façon suffi à endormir ses ardeurs ou, tout du moins, à en retenir la satisfaction, mais les paroles de Salem n’avaient pas joué un médiocre rôle dans son inhabituelle sagesse.

Il crut que c’était son propre silence qui préoccupait son ami et, sans songer qu’après le spectacle de la dispute avec Ulysses sur la terrasse et leur propre consolation, Salem, qui était beaucoup plus sain d’esprit que lui, pût encore se comparer défavorablement au bel Apollon, Adam se contenta de se laver, sans chercher à reprendre la parole pour éclaircir un peu mieux leurs problèmes respectifs. Il s’habilla en quelques secondes, se peigna en moins de temps encore et, assis sur le bord de la baignoire, observa les efforts capillaires de Salem, sentant d’instant et instant sa petite âme sensible se laisser submerger par des vagues d’amour admiratif — c’était que Salem était beau, qu’il s’habillait bien, qu’il sentait beau, qu’il avait la peau douce, qu’il était adorable en se coiffant, qu’il était prévenant, qu’il était intelligent, et sociable, et charismatique, et drôle, et imprévisible, et... Bref, moins Adam avait l’impression de plaire à son ami, plus il prenait conscience des raisons pour lesquelles Salem lui plaisait.

Il hocha la tête quand Salem bifurqua vers la chambre d’Ashley en sortant de la salle de bain et regagna pour sa part celle de son ami, n’osant tout à fait descendre et affronter seul le reste de la famille. Il alla se poster devant la fenêtre après avoir rangé le pantalon de jogging qui lui servait de pyjama dans le sac de voyage — ranger ses vêtements, l’un des nombreux enseignements salemiens.

Adam observa la vue qui s’était offerte à Salem année après année, tendant le cou pour apercevoir le bout de la rue, avant de se retourner quand l’adolescent fit à nouveau son apparition dans la chambre. Le jeune homme s’approcha de lui pour observer les nouvelles photographies et rougit légèrement en les contemplant les unes après les autres. Lui qui s’était toujours soustrait aux objectifs avant de rencontrer Salem avait été contraint de se plier aux lubies de son ami mais jamais, jusqu’à lors, il n’avait pris la peine de jeter un œil sur les clichés obtenus.

Salem avait eu raison de lui. Le terrain avait été préparé déjà par la séance de coiffure ; la redécoration de la chambre achevait d’auréoler l’adolescent de gloire amoureuse. Adam glissa une main au creux des reins du mutant et l’attira soudainement contre lui, pour l’embrasser avec une ferveur qui n’avait plus rien à voir avec son silence tristement méditatif dans la douche. Fort heureusement, ni Ashley ni Julian n’eurent la curieuse idée de venir perdre leur innocence en regardant ce baiser qui en était parfaitement dépourvu.

Quand leurs lèvres (et leurs langues) se détachèrent, Adam n’en garda pas moins le corps (et le veston) de Salem pressés contre lui.


— J’aime ton regard sérieux et ta moue songeuse quand tu te coiffes le matin. Et j’aime quand tu t’allonges contre moi, que tu poses ta main sur mon ventre et que je sens que… que ça ne te laisse pas indifférent. J’aime quand, au fur et à mesure de ta lecture des comics, tu as l’air de plus en plus concentré. J’aime quand tu fais semblant d’avoir l’air sérieux devant ton ordinateur quand je cuisine, alors que je sais que tu surfes sur YouTube. J’aime quand tu poses tes yeux dans les miens pour me consoler. J’aime quand tu discutes avec les chats comme si tu pouvais les raisonner.

Le cœur battant, Adam s’interrompit comme malgré lui et rougit légèrement, intimidé par sa propre déclaration, qu’il eût pu alimenter encore et encore. Il prit son courage à deux mains et entreprit de s’expliquer :

— J’veux pas que tu m’aimes juste parce que je suis un mutant, qu’on se comprend et que j’ai beaucoup souffert.

Malgré tout, Adam n’en était pas encore au point où il se trouvait parfaitement à l’aise avec l’expression de ses états d’âme, heureux comme angoissés, et il tenta aussitôt de détourner le sujet :

— Il faudrait qu’on descende. Ils vont finir par se demander ce qu’on fabrique.

Bien entendu, le fait que sa main, dans le dos de Salem, continuait à plaquer son fiancé contre lui n’aidait pas beaucoup à la crédibilité de sa conclusion.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMer 2 Jan - 19:53

Salem était ravi de l'effet qu'avait eu les photos sur Adam et se laissa aller contre lui en l'embrassant. Sans doute, cela devait l'avoir rassuré, et la suite des compliments le fit complètement fondre, il eut un sourire heureux. Qui s'envola l'instant d'après lorsqu'il entendit la description lapidaire de ses propres sentiments faites par Adam. Un mutant qui a souffert et qui le comprend, c'était comme ça qu'Adam pensait qu'il le voyait. Salem baissa les yeux, essayant de ramener à lui des bribes de la conversation qu'ils avaient eu avant. Mais comparé aux données visuelles qu'il gardait en mémoire avec une précision presque absolue, ses paroles lui semblaient déjà effacé et confuses.

« C'est pas ce que j'ai voulu dire… je parlais de Jenny, de ce que j'avais pas avec elle. Bien sûr que tu me plais, que je te trouve beau, adorable dans toute sortes de situations… »

En le complimentant maintenant, Salem avait l'impression d'être juste en train de se rattraper. Le reproche était dur à encaisser. Il avait presque l'impression d'être à nouveau fasse à Ulysses, aux sentiments si purs et aux mots si bien choisis tandis que lui était l'insensible qui piétine tout. Il fallait le reconnaître, Adam avait fait plus de progrès que lui en communication, et Salem n'avait pas choisit les mots justes ni la bonne approche pour rassurer son camarade tout à l'heure. Mais malgré cela il ne pouvait s'empêcher de se sentir blessé par le peu d'égard que son compagnon avait pour ses sentiments. Leur relation ne se résumait pas à cette phrase malheureuse. Il se détacha de lui dès qu'il parla de descendre.

« Je sais que je le dis pas souvent mais, ça se voit si peu que ça ? Que je t'aime, que tu me rends fou, que je pense à toi tout le temps… ? Après ce qu'on a traversé, tu penses encore que j'en ai rien à foutre, que t'es une… parenthèse ? Je suis quoi, pour toi, un pauvre hétéro paumé qui se tape un mec par erreur ? »

Et voilà, il avait encore pété les plombs, Salem se sentit idiot. Adam venait de lui faire remarquer son insensibilité – ou quelque chose dans ce genre, il n'était pas sûr d'avoir tout compris, et ne comprenait plus rien de toute façon, comme si ses neurones étaient court-circuités – et il ne trouvait rien de mieux à faire que lui donner raison avec sa réplique. Stupide. Il n'eut pas le courage de rester calmement à écouter Adam lui expliquer ses erreurs, qui devaient être innombrables, à commencer par le fait qu'il ne savait même pas exactement ce qu'il avait fait de mal. Et il fila hors de la chambre, passant en trombe devant sa sœur, qui était allée se prendre son lisseur et qui le regarda avec des yeux ronds jusqu'à ce qu'il ait disparu. Elle se tourna vers Adam.

« Tu t'es fais engueuler ? T’inquiètes, ça lui passera dans cinq minutes. »

La cuisine était vide maintenant, Salem se servit des céréales et s'assit dans le salon à côté de son frère, qui regardait des dessins-animés. Pendant que ses parents… heu… sortaient la remorque et le canapé du garage. Il fut immédiatement accueilli par l'opiniâtreté enfantine de son cadet.

« Alors, les pièces, je vais les avoir ? »
« Oui. »
« Ouais ! »

La voiture n'avait plus la moindre importance pour Salem, il se sentait complètement vide, et regarda son bol en rassemblant tous les souvenirs qui pouvaient le faire se sentir idiot et minable. Son autoflagellation aurait sans doute mieux fonctionnée avec des musiques pourries dans les oreilles, sauf qu'il n'avait pas très envie de retourner dans sa chambre pour chercher son mp3. Salem ne se voyait pas vraiment affronter Adam, mais en même temps, il ne pouvait pas l'abandonner au milieu des Cordova, ce serait encore pire de sa part. Il se leva pour le retrouver dans le couloir quand il reconnut ses pas dans l'escalier et le regarda, penaud.

« Pardon… »

Il baissa complètement les yeux.

« J'essaie d'être un peu moins nul et insensible avec toi que ce que j'ai pu être avant. J'pensais y être arrivé, au moins un peu, mais c'est pas grave. Je te le dirais plus souvent, que je t'aime, que j'ai besoin de toi… »

Sans doute, il se protégeait trop, et Adam avait voulu lui montrer qu'il en avait assez. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait, mais c'était la première fois qu'il se sentait aussi terrifié à l'idée que ses faux-pas puissent être fatals à son couple.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyMer 2 Jan - 21:23

Adam était resté les bras ballants, désemparé par la réaction de Salem. Lui qui venait de faire tous les efforts du monde pour exprimer à son ami ses doutes et lui faire un reproche calme, sincère et dépourvu de toute violence, comme précisément l’adolescent le lui avait demandé, l’avait même exigé un peu brusquement quelques jours plus tôt, s’était vu opposer une tirade assassine.

Le jeune homme sentit une vague de colère monter en lui. Comme d’habitude, ce sentiment ne lui donna pas le moins du monde envie de poursuivre Salem pour lui asséner ses quatre vérités, mais bien plutôt celle de se murer dans un silence plus glacial encore que celui qu’il avait adopté après la réaction de Papa Cordova la veille — à croire qu’en dehors de Julian, les hommes de la famille s’étaient entendus pour mettre ses nerfs à rude épreuve.

Hélas pour Salem, les progrès d’Adam en matière de communication et d’équilibre personnel s’accompagnaient également d’une plus grande lucidité quant aux limites de sa propre responsabilité dans les disputes qui les opposaient si souvent et, pour une fois, l’Asiatique ne se sentait pas entièrement coupable de ce qui venait de se passer. Il savait pertinemment que s’il était à Boston, c’était précisément parce que sa peur de n’être qu’une parenthèse pour Salem n’était qu’une goutte d’eau dans ses pensées.

Incapable de rester plus longtemps dans la chambre dont les murs lui assénaient désormais son propre sourire discret et les grimaces enthousiastes de Salem, le jeune homme sortit dans le couloir et croisa Ashley. Cette fois-ci, l’adolescente s’était défait de sa fascination pour G-Dragon et Bang Ganb (ou quelque chose comme cela) et cessait de voir en Adam un poster ambulant, pour trouver enfin son rôle de petite sœur perspicace.

Adam haussa les épaules. Comme à chaque fois, il avait l’impression, lui, que ça ne passerait pas. Abandonnant sa quête de lisseur (ah, les Cordova et leurs cheveux !), Ashley glissa d’une voix apaisante :


— Il est un peu… Brusque. Des fois. Mais il est pas méchant.

Adam releva les yeux vers elle, un peu surpris de la voir si sensée — avant de se reprocher de l’avoir si aisément cataloguée dans la catégorie « adolescente à chanteurs ». Timidement, il répondit :

— Je sais. C’est juste… C’est compliqué.
— Evidemment. Mais vous êtes faits l’un pour l’autre.


Le jeune homme haussa les sourcils. Une telle assurance lui semblait un peu prématurée de la part de sa belle-sœur et sa perplexité devait être transparente, puisque la jeune fille lui adressa un sourire confiant :

— Salem, avec ses copines, ça a toujours été… Hm. Un type sympa mais pas très impliqué. Genre, ils ne se disputaient pas. Elles, elles se disputaient avec lui, mais lui, il en avait pas grand chose à foutre. C’était des amies en un peu mieux, ou quelque chose comme ça. Toi, on a l’impression que t’es le roi du monde, quand il parle de toi. C’est pas le genre de type à vivre avec quelqu’un. Ou à se marier.

La conclusion d’Ashley, avec son ambiguïté, n’était pas faite pour rassurer Adam.

— C’est-à-dire ?
— C’est-à-dire qu’à moins d’avoir l’impression que tu le protégeras contre le monde entier et que tu seras toujours là pour lui, il se risquerait pas à ça. Il est pas super doué pour dire ça, parce qu’il est pas super doué pour s’attacher aux gens. Parce qu’il veut pas qu’on le jette. Et puis, c’est un garçon, aussi.


Adam hocha lentement la tête.

— T’inquiète. T’es un chic type, ça se passera bien.
— J’suis pas sûr que tes parents soient de cet avis.


Ashley leva les yeux au ciel.

— Quand Maman se rendra compte qu’avec toi, son petit Salem est à l’abri de tous les dangers de New York et que Papa se sera bien assuré que tu es stable et sérieux, ils demanderont pas grand chose de plus.

Adam eut l’air un peu songeur, mais il ne tenait pas absolument à signaler à Ashley que tous les dangers de New York avaient tendance à s’inviter dans son existence dont la stabilité n’était pas toujours la principale caractéristique. Du reste, sa froide colère l’avait abandonné et il n’avait plus qu’une envie : retrouver Salem et se montrer absolument héroïque, pour que l’adolescent pût se reposer sur son large torse musclé, dans ses bras musclés, loin du monde.

Oui, avec un brin de sexisme, Ashley avait habilement joué sur la corde sensible des garçons : la virilité protectrice. Et puis, de toute façon, elle n’avait pas menti : elle aimait bien Adam. Elle avait aimé sa réponse sur le droit des gays, même si elle n’avait pas tout compris. Elle avait aimé sa façon de regarder Salem, parce qu’elle avait l’impression de voir un happy end de drama et que c’était beaucoup, beaucoup mieux que le regard superficiel que les garçons posaient sur les filles de son lycée. Et elle avait aimé l’air heureux de Salem quand le dîner, la veille, s’était fait plus cordial. Parce qu’elle aimait son frère et qu’elle était assez âgée désormais pour comprendre combien son existence avait été difficile et mal assurée.

Adam remercia timidement la jeune fille qui afficha un sourire satisfait et put rejoindre sa salle de bain en songeant que les garçons étaient définitivement un peu idiots en matière de sentiments. L’Asiatique descendit les escaliers le cœur battant, sans savoir précisément ce qu’il allait bien pouvoir dire à Salem, mais avec la ferme intention de le lui dire.

Cette indécision fut exploitée par le principal intéressé qui, avant de lui laisser le temps de s’exprimer, lui offrit ses excuses. Adam l’attrapa (virilement, donc) par la taille et murmura :


— T’es pas nul. T’es pas insensible. Parfois un peu maladroit. Là, ça m’a fait peur. Mais c’est pas parce que j’ai peur parfois que j’ai tout le temps peur. Ou que je doute. Sinon, on serait pas là. J’pense pas que je sois un parenthèse. Des fois, je me laisse aveugler par mes angoisses. Et c’est naze. Je suis désolé, mon cœur.

Et sur ces bonnes paroles, Adam attira (virilement, toujours) Salem contre lui pour l’embrasser de nouveau et longuement. Ils en étaient à approfondir ce baiser important puisqu’il scellait leur (énième) réconciliation quand Maria apparut dans le couloir, le nez baissé vers un carnet où elle avait noté les dimensions des différents meubles du garage.

— Salem, est-ce que tu veux aussi pr…

Elle s’interrompit quand elle eut levé les yeux et rencontré ce spectacle. Salem et Adam s’étaient brusquement séparés en entendant sa voix, mais ils n’avaient pas été assez rapides. C’était une chose pour Maria de savoir que son fils adoré embrassait à New York un garçon. Entre autres choses. C’en était une autre de le voir de ses yeux.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyJeu 3 Jan - 0:01

[Arf, je voulais des Cordova unis pourtant… mais j'ai jamais su tenir mes persos, tant pis /o/]

Encore bien perturbé, Salem se laissa volontiers attrapé par les bras virilement musclés (plus que G-Dragon mais moins que Rylan) de son compagnon. Ainsi, il était protégé contre le monde entier, ou pour l'heure, contre ses propres inquiétudes, qu'Adam balaya d'une réplique bien sentie. Et tandis que les forces obscures fuyaient au loin pour revenir au prochain épisode. L'adolescent se pressa contre le torse de son héros pour lui rouler un patin digne d'un film. À part que dans les films la future belle-mère du héros ne vient pas lui proposer du mobilier en plein milieu.

Comme s'il n'avait pas déjà exploré tout un panel d'émotions en quelques minutes, Salem eut maintenant l'occasion de sentir immensément gêné. Bien sûr, il ne comptait pas se cacher pour embrasser son fiancé jusqu'à la fin des temps, mais il aurait aimé en parler avant, juste pour rappeler à chacun que les garçons, ça s'embrassent aussi et qu'il n'y a rien de surprenant ou de dégoûtant là-dedans. Juste pour pouvoir éviter… la scène qui se déroulait maintenant dans le couloir, un Salem rouge vif, une maman figée et un Julian tout à fait outré.

« Vous avez encore ouvert ma base ? »

Il passa devant les garçons, pas gêné pour un sous, c'est qu'à part en s'embrassant, il ne voyait pas trop comment ils pourraient faire des bébés de toute façon. Mais ça risquait de prendre du temps de cette manière, c'est pourquoi, lundi, il donnerait deux pogs à Jason pour qu'il l'aide à faire progresser la science sur ce sujet-là. Cependant, il avait pour le moment d'autres préoccupations.

« Mamaaaan, il faut pas… »
« Allez, Julian, on en aura pas pour longtemps. Oui, donc… prendre quoi ? »
« Heu… »

Sa mère baissa les yeux vers son carnet.

« La petite commode, elle ne prend pas beaucoup de place et elle est plutôt jolie, je trouve. »
« Oui, on l'avait regardée, on va aller prendre ce qu'il nous faut, tu viens, amour ? Adam… ou amour, en fait j'aime bien l'appeler comme ça mais heu… hum… »
« Pas de problèmes, mon ange. »

Maria avait beau dire, elle était quand même devenue un peu bizarre, Salem le voyait très bien, et elle vit qu'il le voyait. Elle vint donc le prendre très maternellement dans ses bras pour le protéger contre les forces obscures (parce que c'était l'héroïne de Salem bien avant Adant) et lui fit un très maternel bisou sur la joue.

« Tu es mon fils, je t'aime, tu ne vas te cacher dans ta propre maison. Ne t'inquiètes pas pour ça. »

Un peu rassuré, Salem fila dans le garage, talonné par son frère, qui poussa un cri horrifié en voyant Papa Cordova fouiller dans tous les bidules qu'il avait fabriqués. Julian accourut pour rassembler ses affaires et Salem s'empressa de le rejoindre.

« Papa ! C'est à moi, faut pas toucher ! »
« C'est à toi ? Et pourquoi tu entreposes tous ces trucs qui n'ont absolument pas de sens ? C'est un garage, ici, pas une décharge. »
« Papa, c'est important pour lui, de toute façon personne ne se sert du garage. »
« Personne ne s'en sert parce qu'il est rempli à ras bord, il suffirait de vendre tous ces meubles inutiles et de jeter ces m… »
« Non ! »
« Et après ? Tu pourras même pas y ranger ta voiture puisque cette merde-là, tu ne vas pas la vendre. »

Salem montra d'un simple coup d'œil la Ford comète toujours aussi reluisante.

« C'est une pièce de collection, elle appartenait à mon grand-père. Elle n'a presque jamais roulée, sa valeur est… »
« Ce que tu tiens dans les mains appartient à mon frère. »
« Et alors ? On ne sait même pas ce que c'est. »
« Ça tri les billes par taille, rends-le-moi ! »

Joseph regarda ses deux fils d'un air excédé, une machine à trier des billes, sérieusement. Il aurait préféré ne pas savoir, et s'il avait pu rêver de beaucoup de choses, dans sa jeunesse, tout ce qu'il souhaitait depuis la veille était d'avoir des enfants normaux. Ce qui, au vu du nombre de choses bizarres sur l'étagère et du chinois qui le regardait d'un air toujours aussi glaçant, ne serait jamais le cas. Sans y réfléchir, il balança violemment le bidule au sol, qui explosa en mille morceaux, et partit dans le jardin sans prêter attention aux sanglots de son fils. Il essaya de se concentrer sur l'air frais pour reprendre contenance, mais tout ça était vraiment trop pour lui pour le moment. Un bruit dans le garage le fit pourtant se retourner. La Ford comète s'était allumée toute seule et tournait maintenant à plein régime dans un bruit de tondeuse et de ferraille. Salem s'était assis par terre et serrait son frère contre lui.

« Julian fais pas ça, ça va empirer les choses… »
« C'est lui ? C'est lui qui fait ça ? JULIAN ! »

Les mains crispées sur sa machine en miette, le garçonnet n'écoutait pas, ignorant même la douleur qui lui serrait le crâne, il fixait la vieille voiture avec intensité. Les moteurs, il connaissait un peu maintenant, celui-ci ne résisterait pas longtemps, de la fumée s'échappait déjà du capot. Peu lui importait les conséquences, il fallait qu'il lui montre combien ça lui faisait mal, quand on cassait une de ses machines.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyJeu 3 Jan - 0:47

Adam, qui n’avait jamais ne fût-ce que songer à envisager de penser à effleurer la main d’Ulysses devant ses parents, dans l’obscurité par temps de pluie, ne savait plus trop où se mettre. Les frères, les sœurs, c’était une chose. Ils avaient tous plus ou moins leur âge, enfin, ils comprenaient. Quelque chose comme cela. Mais les parents étaient une espèce à part avec laquelle on ne pouvait pas raisonner calmement.

Mais Maman Cordova n’avait pas grand-chose en commun avec les Tenseï et la réaction de la femme surprit un peu Adam. Lui qui avait fixé ses pieds avec une très grande concentration et s’était apprêté à quitter les lieux releva un regard un peu émerveillé vers Maria, qui serrait son incompréhensible fils dans ses bras. Ravi de s’être réconcilié avec Salem, ravi d’être appelé « amour » et ravi de la tolérance de sa future belle-mère, Adam flottait sur un petit nuage.

Alors que Salem emboitait déjà le pas à son frère pour explorer la base secrète qui servait également de garde-meubles et, très accessoirement, de garage, Adam resta quelques instants le regard fixé sur Maria, avant de murmurer doucement :


— Merci.

Maman Cordova lui adressa un très maternel sourire.

— Tu as l’air surpris.

Cette remarque trahissait une perspicacité psychologique peu commune chez la mère de Salem, dans la mesure où l’air surpris d’Adam ressemblait fort à l’air curieux d’Adam qui ressemblait fort à l’air poli d’Adam, lui-même assez proche de son air indifférent. La femme reprit :

— Toutes les mères sont prêtes à tout accepter de leurs enfants.

Le devin esquissa un sourire triste et botta en touche :

— Je vais aider… Salem. Avec la commode.

Cet air soudainement fragile et blessé, en réveillant les instincts protecteurs de Maman Cordova, ne contribua pas peu aux progrès que le jeune homme faisait dans le cœur de la charitable Bostonienne. Adam se détourna pour rejoindre le garage et tomber au plein milieu d’une conversation qui concernait, de toute évidence, les inventions géniales de Julian et la fonction exacte de la pièce qui les abritait désormais.

Le regard noir du jeune homme passa successivement de Cordova en Cordova et la scène qui se déroulait sous ses yeux faisait à Adam l’effet d’une douche froide. Intuition surnaturelle ou instinct tout à fait humain, il la sentait sur le point de dégénérer et, soudain, la douceur maternelle de Maria Cordova ou les avis inattendus mais éclairés d’Ashley Cordova lui paraissaient bien lointains.

Constatant pour son plus grand désespoir que son instinct était toujours aussi infaillible, Adam ne frémit même pas en regardant la machine à trier les billes se briser sur le sol bétonné du garage. A nouveau, l’homme d’action s’éveilla en lui et la timidité dont il avait fait preuve quelques secondes plus tôt dans le couloir, où l’existence plus ou moins normale avait suivi son cours, s’évanouit devant la Ford qui démarrait contre les lois les plus élémentaires de la mécanique.

Adam s’agenouilla près de Salem et murmura à son oreille, pour n’être pas entendu de Julian :


— Emmène-le dans sa chambre. Que la voiture sorte de son champ d’action.

Les yeux du jeune homme se posèrent dans ceux de son ami et il se rendit compte que Salem n’était peut-être pas entièrement disposé à écarter la terrible vengeance de Julian de son père. Il se pencha à nouveau et ajouta :

— Tu sais ce que ça fait quand on se concentre trop. Son cerveau va fondre et la voiture va exploser. Sors-le de là, qu’il le veuille ou non.

Il s’était fait un peu autoritaire, mais enfin, l’heure n’était pas, selon lui, à la diplomatie. Il se releva et, pendant que son ami suivait très probablement ses judicieux conseils (car Salem était plein de bon sens — parfois), il posa les yeux sur Joseph. Quand la Ford se fut suffisamment calmée et que Papa Cordova se fut suffisamment concentré sur son nouvel ennemi, l’homme déclara :

— Ne me regardez pas comme ça. Je ne vous reconnais pas le droit.
— De ?
— De me juger.


Adam haussa les sourcils.

— Vous débarquez ici, avec vos airs de tout savoir, et vous foutez la vie de ma famille en l’air. Tout le monde était heureux avant que vous ne fassiez votre petit numéro.

Les yeux du jeune homme sondaient ceux du père de famille et, plus lucide ce jour-là que la veille, Adam comprenait peu à peu que Joseph était peut-être moins fâché qu’inquiet. L’Asiatique ravala donc son propre ressentiment et interrogea d’une voix dégagée :

— Vous inventiez des trucs, vous, quand vous aviez dix ans ?
— …
— Parce que moi non. Pourtant, il paraît que je suis plutôt intelligent.


Plutôt intelligent était un sage euphémisme. Adam se pencha pour ramasser un morceau de la machine à trier les billes et le fit tourner entre ses doigts.

— Julian sera probablement l’un des plus grands inventeurs de son époque. Un esprit brillant. Alors il ira peut-être pas à Luna Park ces vingt prochaines années, mais j’ai pas l’impression qu’il ait besoin de ça pour s’amuser. Ashley a plus de perspicacité que les trois quarts de psys que j’ai croisés dans ma vie. Et Salem est honnêtement la personne la plus admirable du monde.

Adam posa le morceau de la machine sur le toit de la Ford, pour que le jouet de l’enfant rejoignît le jouet de l’adulte — les petites astuces de la communication politique et des symboles forts n’étaient pas réservées aux campagnes électorales. Ses yeux se reposèrent dans ceux de Joseph.

— Tout ce que j’ai vu ici, c’est de l’amour et de la solidarité. J’ai pas vraiment l’impression d’avoir détruit votre famille. Je ne vous juge pas, je vous admire. Vous avez toutes les raisons d’être fier.

Adam s’approcha un peu de son futur beau-père.

— Oui, je suis un homme. Oui, je suis un mutant. Oui, quand je vois un problème, je le règle. Alors je ne suis pas très chaleureux, sans doute assez prétentieux, très insolent, pas sociable. Vraiment pas diplomate. Beaucoup, beaucoup de défauts. Je ne mérite pas qu’on sacrifie une famille pour moi, sans doute. Mais personne n’a l’air d’avoir cette idée. Alors je suis là. Et c’est à prendre ou à laisser.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) EmptyJeu 3 Jan - 14:49

Salem était furieux contre son père, si son frère ne l'avait pas devancé, il aurait peut-être démoli la voiture lui-même, ou ce serait jeté sur Joseph. Les hommes Cordova, quels que soit leurs âges, étaient de toute évidence de ceux dont la colère pouvait faire beaucoup de dégâts. Rien ne semblait pouvoir calmer la situation, le paternel s'apprêtait sans doute à menacer d'une punition quelconque le petit garçon s'il n'arrêtait pas, ce qui lui aurait sans doute donné encore plus de rage et d'énergie, et son frère était prêt à mordre pour le protéger.

Heureusement, il y avait un Tenseï dans le tas, Salem leva les yeux vers son compagnon, mais ne se décida à bouger que quand celui-ci lui rappela que la santé de son frère était menacée. Il marmonna d'une voix tendue en rabattant sur bras sur les yeux de Julian pour voir si rompre le contact visuel suffisait à faire cesser l'emprise du gamin sur la machine, visiblement non.

« Ouais, j'y vais. »

Salem sentit le corps de son frère trembler fortement contre lui, ce genre d'exercice n'était pas fait pour un enfant de son age, il regagna le couloir le plus vite possible, tout en comptant. À trois mètres, il entendit l'affolement du moteur se réduire nettement, à quatre, son influence sur le pauvre engin était devenu négligeable.

« Julian ?! »
« Il a… peu importe… »

Ce n'était pas le moment de se perdre en explication, la voiture s'était éteinte, mais Salem sentait que ça n'allait toujours pas. Il gravit les marches de l'escalier, suivit par sa mère et remit le garçonnet sur ses jambes pour ouvrir la porte de sa chambre, et voir les tonnes de robots et de machines s'agiter dans le désordre le plus total. Maria porta une main à sa bouche tandis qu'il fila à sa propre chambre, dans lequel il y avait nettement moins de technologie, surtout depuis son départ.

« Ne pense plus à ce qu'il vient de se passer. »
« Il n'avait pas le… il n'avait pas… »
« On la réparera, ta machine, j'achèterais toutes les pièces qu'il te faut, je le convaincrais de te laisser le garage, je ferais tout ce qu'il faut, calme-toi. »

Salem l'allongea sur son lit et éloigna son portable et le sac d'Adam – au cas où il serait bourré de technologie – et ne laissa que son vieux radio-réveil à proximité, dont les chiffres défilait pour le moment à toute vitesse et à l'envers. Maman Cordova entra dans la chambre, elle n'avait pas besoin de comprendre ce qui se passait pour se précipiter vers son petit garçon et le serrer contre lui.

« Papa me déteste… »
« Papa t'aime très fort, il est inquiet pour toi, c'est tout. »
« Tout ça c'est parce que je suis bizarre. »
« Tu n'es pas bizarre, mon ange, tu es juste… tu es… »
« Un mutant. »

Salem s'assit au bord du lit et regarda le réveil, qui avait reprit un fonctionnement normal tandis que le garçonnet le regardait d'un air surprit. Un peu assuré, il lui ébouriffa les cheveux.

« J'en suis un aussi, tout comme Adam. »
« J'veux plus être un mutant. »
« Moi aussi, ça m'arrive d'en avoir marre d'être mutant, surtout quand j'ai très, très mal à la tête. Tu as mal ? »

Le gamin hocha tristement la tête, il n'avait jamais eut aussi mal de sa vie.

« Ça va aller, ferme les yeux, respire, on t'aime tous très fort, tu sais. J'espère que t'as encore pleins de nouvelles inventions en réserves. »

Serré contre sa mère, Julian eut immédiatement un sourire.

« Des tas… »
« Tant mieux. À côté de toi, Ironman c'est Bob le bricoleur, si c'est ce que tu aimes faire, fais-le. Papa comprendra, je te le promets. »

Voyant le sourire de son cadet et son air beaucoup plus calme, Salem se dit qu'il valait peut-être mieux aller voir si son père n'en avait pas étripé son fiancé ou autre chose. Vu le début de soirée houleux de la veille, mieux valait quand même se méfier, mais il croisa son père dans le couloir, en sortant. Ils se regardèrent un moment sans savoir comment se parler, Salem hésitait pour sa part entre l'ignorer ou l'assassiner verbalement, c'est Joseph qui prit la parole.

« Est-ce que Julian va bien ? »
« Il faut qu'il se repose quelques heures. Si le réveil à côté de lui se met s'affoler quand il te vois, laisse-le seul avec maman le temps qu'il se calme. »

Salem allait passer à côté de lui pour descendre quand il l'arrêta, l'air de ne pas trop savoir comment exprimer ce qu'il avait à dire.

« Je… commence à comprendre ton choix. Je l'ai jugé trop vite. »
« Adam est exceptionnel, je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme lui avant et… j'ai l'impression que j'en rencontrerais plus jamais. Je pourrais pas me séparer de lui, quoiqu'il puisse arriver. »
« Tu devrais le lui dire. »

Ashley les regardait depuis sa chambre, sans doute alertée par l'agitation.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
« Je vais t'expliquer, et… je ne veux pas que tu te sépares de lui, Adam fait partie de la famille désormais. Désolé pour ce que j'ai dis. »

Un mince sourire se dessina sur le visage de Salem tandis qu'il descendait jusqu'au garage pour retrouver son fiancé et se blottir contre lui. Pendant un instant, il eut presque l'air détaché.

« Le petit s'est calmé, on repassera un prochain week-end pour le laisser bricoler la voiture, si tu veux toujours. Là, il faut le laisser se remettre. »

Mais dès qu'il eut finit, il se perdit dans la contemplation de son bien-aimé, son corps viril même si un rasoir électrique était clairement superflu – mais il se rassure comme il peut, le pauvre – les traits fins de son visage, ses lèvres désirables, le noir profond de ses yeux.

« Merci. »

Salem baissa les yeux vers un bouton de son veston qu'il s'était mis à tripoter, avant de se dire qu'il pouvait être plus courageux que ça et de relever la tête.

« Je dis pas ça que pour mon frère. Merci pour tout. De m'avoir aidé, d'avoir supporté mes crises de nerf, de rester près de moi, de ranger tes affaires juste parce que tu sais que je préfère ça, de cuisiner, d'être venu même si t'étais terrifié, de faire tous ces efforts pour moi, de… d'être prévenant et adorable, et beau, et de m'aimer… Je t'aime. »

Salem avait posé sa tête dans le creux de son cou et chuchoter ces derniers mots à son oreille, il aurait pu rester comme ça des heures. Ce qui était très mignon, et sentait aussi un peu la fin, puisque les Cordova avaient maintenant unanimement accepté Adam malgré l'incroyable capacité du Destin – c'est toujours moi – à sauter sur le moindre petit détail pour mettre un bazar pas possible, et que la réparation de la vieille voiture d'Adam était reportée. Bref, peut-être qu'un dernier post, joli, romantique et bien ficelé serait bien, tiens-moi au courant, camarade, le Destin va réfléchir à ses prochains méfaits.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé



Six à la maison (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Six à la maison (Salem)   Six à la maison (Salem) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Six à la maison (Salem)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
X-Men Extended :: HORS VILLE :: Ailleurs-