Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez | 
 

 Challenge is Everything (Salem)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 2 Déc - 0:20

Les tourtereaux roucoulaient. Depuis l’ascenseur émotionnel qu’avaient constitué d’abord les exactions de Rylan puis la soirée avec Jenny et David, le couple avait abordé un univers entièrement nouveau : celui de la normalité, du monde adulte et des relations saines. Sans doute n’y avait-il pas grand-chose d’objectivement normal dans leur relation de mutants migraineux que tout opposait mais, d’un autre côté, un quotidien doux et intime les liait désormais étroitement.

Adam avait revu les amis de Salem, sans Jenny qui était repartie vers Boston, sans David qui avait toujours autre chose à faire, lors de déjeuners, de temps à autre. Les choses s’étaient un peu débloquées ; l’Asiatique avait abandonné l’idée de parler de son travail et de ses passions politiques, le groupe avait renoncé à le convertir à la culture populaire, et chacun s’en portait mieux — tout était plus détendu, même si la relation fusionnelle qui unissait Salem et Adam continuaient à éveiller quelques perplexités.

La blessure de Salem, quant à elle, guérissait lentement mais sûrement. Il fallait dire qu’en la personne d’Adam, l’adolescent avait un infirmier redoutable. Le jeune homme apportait une attention constante à son compagnon, combattait avec ferveur les infections, lisait, relisait et relisait encore les notices des médicaments, des pansements et des désinfectants pour s’assurer de ne pas commettre d’impairs et surveillait avec une rigueur militaire le calendrier des rendez-vous.

Si l’apprenti-garagiste n’était toujours pas autorisé à exprimer son énergie retrouvée sur le terrain de basket, il avait pu reprendre en partie son travail au garage, avec des horaires et des tâches aménagées — et puis il avait pu retrouver un rôle un peu plus actif, le soir, dans le lit. Et dans la douche aussi. Et sur le minibar. Bref — mais cela, le médecin ne l’avait pas explicitement indiqué.

Bef, ce jour-là, c’était vendredi. La semaine n’avait pas été mouvementée — pas d’expédition nocturne et brutale — mais elle avait été bien remplie tout de même : Adam avait passé des heures et des heures à résumer des dossiers, passer des coups de fil, visiter des chantiers, Salem des heures et des heures à apprendre la comptabilité et classer les pièces détachées ; le premier avait accumulé, comme à son ordinaire, les visions éprouvantes et le second les migraines et les invasions de souvenirs chiffrés. Une semaine normale, en somme.

Mais ce jour-là, une fois Salem rentré du travail, lavé, changé, Adam le considéra avec un léger sourire.


— On y va.

Où, cela, il ne le précisait pas. Il fit signe à Salem de le suivre, le conduisit jusqu’à la voiture, s’installa au volant et démarra. Ils allaient « quelque part », cela durerait « le week-end » et les sacs étaient faits depuis midi déjà, et rangés dans le coffre de la voiture. Tout cela expliquait sans doute la propension d’Adam, depuis quelques jours, à sourire d’un air mystérieux en pianotant sur son ordiphone.

Pendant le voyage, qui les conduisait hors de New York et, vraisemblablement, hors de l’Etat, Adam s’ingéniait à hausser les épaules sans répondre aux questions de son ami, tout en multipliant, de son côté, les interrogations destinées à pousser Salem à raconter sa journée dans les menus détails, pour être parfaitement sûr que l’adolescent se sentît nager en plein mystère sans espoir aucun d’élucider la teneur de son avenir immédiat.

Les choses devinrent un peu claires lorsque, à l’orée d’une petite ville, au-dessus du panneau qui annonçait combien les poissons locaux étaient succulentes et vantaient les mérites d’auberges de premier choix, une large banderole fit son apparition, qui proclamait en lettres rouges : « Championnat régional d’e-sports — Wii ». Et la voiture s’engagea dans la rue principale.


— Ca commence demain. On est inscrits dans la section Réflexes, précision et rapidité. T’as intérêt à gagner, hein.

Adam avait hésité entre cela et les chutes du Niagara, puis il s’était rendu à l’évidence : Salem serait peut-être émerveillé par les chutes d’eau un moment, beaucoup plus probablement son crâne exploserait sous la masse colossale d’informations inhabituelles, alors qu’avec les jeux vidéos, il était sûr de lui de son coup. Les chutes, ce serait pour un peu plus tard — quand ils seraient plus âgés.

Ceci étant dit, il y avait un point sur lequel Adam n’avait pas transigé : c’était une chose de faire une activité de djeunz, c’en était une autre de se priver entièrement de tout le décorum romantique des chutes. Alors il avait réservé une chambre, une grande chambre, dans le seul hôtel luxueux de la ville, qui d’ailleurs n’était guère peuplé en cette morte saison.

La voiture se gara dans le parking du trois étoiles, qui s’était installé dans un bâtiment du dix-neuvième au charme des vieilles pierres. Adam sortit les sacs pendant que Salem comptait les pierres de la façade, puis attira son compagnon à l’intérieur, déclina son identité à la réception (« Adam Cordova-Tenseï, pour deux nuits »), opposa un sourire tranquille au regard suspicieux du réceptionniste, guère habitué à ce qu’un couple homosexuel débarquât dans sa ville conservatrice (sans parler des geeks qui se déversaient depuis le matin dans les rues) et récupéra la clé.

Après avoir gravi un étage dans un escalier en bois qui grinçait agréablement, ajoutant au charme authentique de la demeure, les deux jeunes hommes pénétrèrent dans une salle qui faisait la taille du studio de Salem, ou peut-être un peu plus. Au centre trônait un lit à côté duquel le leur semblait être un berceau, pur produit de l’industrie américaine passionnée du King Size, de l’automobile à l’agro-alimentaire. Un élégant bureau longeait un mur.

La salle de bain proposait une baignoire immense, qui offrait assurément un contraste saisissant avec la cabine de douche dans laquelle ils étaient contraints — les pauvres — à adopter la plus grande proximité, et les tuyaux étaient d’un doré rutilant. Tout était meublé et décoré avec un goût sûr, qui préservait l’authentique du kitsch, et dont la justesse surprenait un peu Adam — qui, comme tous les New Yorkais, étaient persuadés qu’au-delà des limites de leur mégapole, les Etats-Unis étaient un océan de barbarie et d’obscurantisme.

Après avoir déposé les deux sacs dans la penderie, le jeune homme se retourna vers son invité et, d’une voix un peu stressée par l’effet que produirait son orchestration, il interrogea :


— Ca te convient ? Parce que sinon, on peut toujours rentrer, hein…


Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 2 Déc - 10:38

Même si la comptabilité était loin d'être sa tasse de thé, Salem était bien content de pouvoir redevenir actif dans tous les aspects de sa vie – et ce n'est pas Adam qui allait s'en plaindre. Sans ça, l’ennui l'aurait rapidement envahi, sans parler du fait qu'il n'avait pas l'intention de se laisser chouchouter passivement par Adam, même si son infirmier personnel était plus que zélé. Aussi profitait-il de ses horaires aménagés pour aller faire les courses – en se permettant souvent d'étoffer sa garde-robe autant que celle de son compagnon, sans songer que son placard ne pourrait engloutir encore longtemps la masse de vêtements qu'il y casait. Et s'essayait-il à la cuisine équilibrée, avec plus ou moins de réussite – il arrivait parfois qu'Adam rentre du travail et soit accueillit par un forte odeur de brûlé et un Salem bien remonté qui lui reprochait d'avoir fait entrer dans sa vie des courgettes alors qu'il semblait évident que ces légumes « ne savent pas cuire comme il faut ».

Pour les amours, Jenny avait dit vouloir prendre un peu de recul, et ses contacts avec elle avaient été plus que limités depuis la fameuse soirée. Quant à David, Salem l'évitait un peu et c'était sans doute réciproque puisqu'il prétextait toujours avoir un empêchement lorsque la bande d'amis décidait de se retrouver – ou alors il évitait Adam, peu importe. Et pour ce qui était d'Adam justement, le jeu des futurs mariés avait continué de plus belle et il n'était pas rare que le nom de Cordova-Tenseï soit murmuré dans le secret de leur cocon.

Ce jour-là, en rentrait du boulot, ce ne fut pas à Adam d'avoir une surprise. Salem avait bien remarqué que son compagnon était un peu étrange depuis quelques jours, mais pas au point de se douter qu'il préparait quelque chose – ils n'avaient rien à fêter, à sa connaissance. Aussi, après s'être rhabillé devant son malheureux placard en se disant que si Adam faisait une tête pareille, c'est sans doute qu'il se disait qu'ils n'avaient pas encore testé le bureau pour leurs ébats, fut-il surprit d'apprendre qu'ils partaient.

« On va où ? »
« Quelque part. »
« Hahaha, non allez, sérieux. »

Raaah, mais c'est que le devin ne se laissait pas avoir en plus, Salem tenta de poser des questions subtiles, de rechercher toutes les possibilités, il n'y avait rien à faire. Bien sûr, Salem était heureux qu'Adam lui ait préparé un petit week-end en amoureux surprise et bien sûr, il le détestait pour ça. Ce dont Salem avait horreur, dans les surprises, c'est que c'était des surprises et se retrouver à devoir rester gentiment assis à attendre pendant qu'on le torturait avec des informations qu'il n'avait pas le rendait hystérique. Seul le flegme légendaire d'Adam put lui permettre de passer sereinement l'épreuve du trajet, qui, en plus, était bien trop long pour la patience quasi-nulle de Salem en matière de surprises, les « c'est quand qu'on arrive, bordel ? » s'ajoutèrent donc à la longue liste des questions qui harcelèrent le prophète jusqu'à l'entrée du patelin – comparé à New-York. La banderole immense n'échappa évidemment pas aux yeux de Salem et d'un coup, l'agacement laissa place à un grand sourire. Le changement devait vraiment être visible puisque Adam lui fit un rapide topo de leur programme du week-end.

« Bien sûr que je vais gagner, la dernière fois, j'ai été sympa parce que bon, t'es mon copain et c'était juste amical, mais là, c'est de la vraie compèt'. »

Mouais, on y croit, il eut un petit rire et se mit à admirer joyeusement le paysage et à pointer du doigt les geeks aux looks vraiment étranges et ceux déguisés en personnages de jeux vidéos qui se promenaient dans les rues. L'ambiance avait clairement changée dans la voiture. Cependant, contrairement à ce qu'il crut, les surprises ne s'arrêtèrent pas là. Alors qu'il s'attendait à passer la nuit dans un des Formule1 local, Adam se gara dans un parking d'où l'on apercevait pas le moindre bâtiment en préfabriqué, juste un parc au milieu duquel trônait un château, ou une sorte de manoir. Il ne savait pas trop comment appeler ça, mais avait un peu l'impression d'être dans le décor d'un de ces films où les femmes tombent dans les pommes à cause de leur corset. Il se fit entraîner à l’intérieur avant d'avoir fini de recenser les pierres et ne s'interrompit dans la contemplation d'un lustre à l'ancienne rutilant – il devait avoir l'air malin, à mater le plafond d'un air halluciné – que quand il entendit son « futur nouveau nom de famille ». Salem posa instantanément ses yeux sur Adam, qui lui fit signe de le suivre, et après être monté à l'étage, il découvrit leur suite. Sa réaction fut la même que 100 % des Américains ayant participé à l'une de ces émissions où au début, ils vivent dans une baraque que les ouvriers ont abandonnés avant de finir les travaux, sur lequel s'est écrasé un arbre après une tempête, avec leur sept enfants dont trois sont aveugles et deux handicapés mentaux, dont l'un des parents est soit chômeur, soit mort, soit partit en Irak et où en une semaine, on leur construit un château – ou un manoir, il ne savait toujours pas – de 700 mètres-carrés. Une main sur la bouche, il lança donc :

« Oh my gooood ! »

Avant de s'extasier sur... à peu près tout. La taille du lit, la taille du placard, la taille de la pièce, la taille de la baignooooiiiire. C'est qu'il aimait toujours autant les chiffres, mais il s'extasia aussi de la fenêtre qui donnait sur un parc plutôt que sur un par... king, et sur les deux – oui, deux – lavabos de la salle de bain. Alors qu'il fouinait déjà dans le mini-frigo, seul point commun entre cette chambre et leur studio, il entendit la question pleine d'incertitudes d'Adam.

« Tu plaisantes ? C'est génial, j'en reviens pas que t'ai fait un truc pareil. Je te trouve juste fou d'avoir choisis un hôtel pareil, ça a du te coûter une fortune. »

Salem le rejoignit et l'enlaça en déposant quelques baisers sur ses lèvres. Avant de regarder encore un peu autour, tout ça était vraiment beau.

« Par contre, je commence à trouver notre appartement un peu petit pour deux... »

Et bim, voilà, c'est pas tout de le faire rêver, le Salem, tout ce luxe lui donna immédiatement envie d'un mieux au quotidien, même s'il ne songeait pas non plus à investir dans un château. Il caressa la joue d'Adam, presque tenté de se relaver juste pour pouvoir l'attirer dans la baignoire et lui faire explicitement comprendre à quel point il était content – preuve que l'asiatique avait complètement déteint sur lui. Mais puisqu'ils avaient le week-end entier pour ça, Salem opta pour une option plus sage.

« On va faire un petit tour, pour visiter ? »

Ne s'étant jamais retrouvé à l'intérieur d'une telle bâtisse, Salem était plutôt curieux, il avait envie d'en explorer tous les recoins comme il avait pu le faire dans l'Institut Xavier – et qui sait, il y avait peut-être des portes secrètes ici aussi, et des pièces bien à l'ancienne où il pourrait jouer à la marquise.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 2 Déc - 11:43

Dans la liste des nombreuses différences qui opposaient Adam et Salem Cordova-Tenseï, après leurs connaissances encyclopédies, l’un dans l’histoire du parti démocrate et de la stratégie politique, l’autre dans les éditions et tribulations des héros de la culture populaire américaine, venait très probablement celle du flegme désarmant de l’un face à l’enthousiasme charmant de l’autre.

Adam, qui avait vu les salons privés des hôtels dans lesquels les sénateurs descendaient quand ils venaient à New York, un jour où il avait accompagné sa supérieure, de plus en plus désireuse de le faire progresser, pour pouvoir observer une négociation, s’estimait immunisé contre l’impression féérique d’un hôtel de province, aussi luxueux fût-il — et si le cadre était fort agréable, ils n’étaient sans doute pas dans un palace.

Flegmatique cependant, Adam ne l’était pas totalement lorsqu’il s’agissait de Salem (et leurs voisins pouvaient en témoigner). Alors le ravissement de son ami fit naître un sourire comblé sur le visage de l’Asiatique qui, les mains dans les poches, parcourut à nouveau la chambre du regard, avec le sentiment du devoir accompli. Même si la soirée avec les amis de Salem s’était close finalement sur un rapprochement plus qu’heureux et que, depuis, les nouvelles rencontres avaient été plus favorables, Adam s’était senti responsable, malgré tout, d’une forme d’échec, qu’il avait tenu à rattraper.

Mais quelque chose dans la remarque de Salem l’avait un peu étonné, malgré tout. Comment ça, une fortune ? Pour la première fois depuis qu’il avait rencontré l’adolescent, Adam prenait conscience qu’il y avait un sujet crucial qu’ils n’avaient jamais abordé, un sujet d’autant plus central qu’ils partageaient désormais une vie commune, et ce sujet, c’était celui de leurs finances respectives et de leurs revenus pour le moins inégaux.

En bon Américain, le devin ne trouva pas que ce fût un thème prohibé — quand à des centaines, des milliers de kilomètres de là, des dizaines de Français évoquaient très vaguement, d’un air embarrassé, leurs salaires, leurs investissements, leurs prêts. Mais pour l’heure, ses lèvres avaient une autre mission que d’explorer les modalités du financement des factures et des courses.

Tout cela donnait à Adam à peu près les mêmes idées que Salem — la baignoire, le gel douche, ce genre de choses. Il fallait dire que les continuels assauts de lubricité de son compagnon entamaient chaque jour la virginale innocence de son tempérament de pucelle médiévale. Naturellement, il n’aspirait qu’à une vie chaste et c’était emporté par la maligne persévérance de Salem qu’il se retrouvait systématiquement dénudé et dans des positions incongrues.

Leurs lèvres se détachèrent et, les mains sur les hanches de Salem, Adam avait très chaud.


— Hmmm ?

Le studio ? Quel studio ? Ah oui, le studio, la douche, le minibar, le lit, encore le lit. Il voyait très bien. En revenant péniblement à la réalité, Adam hocha la tête.

— On pourrait réfléchir à prendre quelque chose de plus grand. Ce serait pas forcément plus cher, il faut juste chercher un peu.

New York, il commençait à connaître. La chasse aux appartements était impitoyable et ne passait pas nécessairement par les grandes agences, qui soutiraient généralement des sommes colossales aux provinciaux pressés de trouver un endroit où s’installer, parce qu’ils commençaient leurs études ou venaient d’être mutés. Avec un peu de patience, il était possible néanmoins de trouver des tarifs plus raisonnables.

Bref, la conversation matérielle devenait de plus en plus urgente. Adam hocha la tête à la proposition de Salem et, passant un bras autour des épaules du jeune homme, pour le garder contre lui, entama la visite du manoir. Les geeks ne l’avaient pas investi — pour la plupart, ce n’était pas dans leurs moyens, pour les autres, pas dans leurs habitudes. Hors saison, l’endroit était un peu désert, mais ce n’était pas pour déplaire à Adam.

Après une dizaine de minutes à explorer les couloirs et à retracer pour Salem les épisodes que certains tableaux retraçaient, alors qu’ils étaient descendus et sortis pour arpenter le parc, Adam jugea que le moment était propice pour, littéralement, régler les comptes.


— Au fait, Salem, à propos de l’hôtel, du studio, tout ça…

Il hésitait malgré tout sur la manière de formuler ses remarques. Ce n’était pas tant l’argent qui le gênait que le désir de ne pas donner l’impression à son compagnon qu’il souhaitait le faire dépendre de lui. Il tenait à ce que la conversation parût ce qu’elle était : une analyse objective et pragmatique de la situation.

— On a jamais parlé d’argent, mais maintenant qu’on est tous les deux, il faudrait peut-être. J’veux dire, je gagne bien ma vie. Très bien, même. Et j’ai des réserves de ce que j’ai gagné dans les championnats. De l’argent placé, des investissements, ce genre de choses.

A en juger par sa voiture et son mode de vie plus que spartiate, il était difficile d’imaginer qu’Adam sût ce qu’était un placement et qu’il eût plus d’une centaine de dollars de côté, mais Salem devait avoir appris que « les apparences sont trompeuses » était un proverbe vraisemblablement inventé pour décrire son fiancé.

— On pourrait prendre un appartement plus grand, donc. Pas un super méga loft à SoHo, bien sûr, mais quelque chose de bien, avec une vraie cuisine, un salon, une chambre. Un ascenseur qui marche. Ce genre de trucs. Et puis, on pourrait… Je sais pas, faire des projets, pour des trucs qui te feraient plaisir.

Bon, Salem s’était déjà plus ou moins approprié la moto, alors ce cadeau-là était exclu, mais il restait les consoles, les voyages, les chaussures (évidemment). La main d’Adam avait glissé de l’épaule de Salem à la taille du jeune homme, alors qu’ils déambulaient lentement dans une allée qui couvraient, au-dessus d’eux, les chênes.

— Et pour les dépenses quotidiennes, les factures, les courses, des trucs comme ça, on pourrait ouvrir un compte commun, où on verserait tous les deux le même pourcentage de notre salaire. Il servirait à payer tout ce qui est nécessaire.

C’était idiot, bien entendu, mais la perspective d’avoir un compte commun paraissait à Adam presque aussi romantique que le manoir qui se dressait derrière eux.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 2 Déc - 15:28

« La virginale innocence de son tempérament de pucelle médiévale », nan mais j'aurais tout lu, j'vous jure... Bref, Salem, aussi vil soit-il, mit fin à ses réflexions imbibées de luxure pour penser à quelque chose de presque aussi agréable et nettement moins fugace, la façon dont leur vie s'améliorerait considérablement s'ils vivaient dans un endroit un peu plus grand.

Il aimait bien son appartement et surtout il aimait le partager avec son ami, mais il suffisait de les voir se préparer à partir au boulot le matin pour comprendre que ce n'était pas terrible. Entre Adam paumé dans les époques, qui risquait en se levant de se fracasser le crâne contre le minibar après avoir trébuché sur une paire de Nike série limité qui dépassait de sous le lit, et Salem qui passait presque autant de temps à chercher ses affaires qu'à se préparer. Quand il ne descendait pas tous les étages en chaussettes et torse nu pour aller chercher le tee-shirt qu'il lui fallait absolument et qui se trouvait dans un recoin du cagibi du concierge, avec qui il s'était arrangé, perdu dans l'un des cartons de vêtements que sa mère lui envoyait ponctuellement par colis de dix kilos. Parce que figurez-vous, Salem était arrivé à New-York avec un seul sac de vêtements, pensant pouvoir se débrouiller et refréner sa fashioningite aiguë, mais le placard plein à craquer démontrait qu'il n'avait pas tenu et effectivement, au bout de quelques jours à peine il avait supplié sa mère de lui envoyer telle paire de chaussures ou tel vêtement. Au fil des mois, la situation était devenue assez catastrophique, le seul point positif, c'est que bientôt, les vêtements de sa chambre de Boston auront tous migré et seront donc prêts pour... être déplacés ailleurs à la force des bras.

Et même sans la montagne de vêtements, tenir à deux dans la salle de bains ou dans leur semblant de cuisine demandait un effort de synchronisation surhumain. Il devaient presque remercier leur don de leur permettre cet exploit, et il n'y avait guère que dans la douche que les positions fantaisistes qu'ils étaient parfois obligés de prendre étaient agréables.

Ce changement lui paraissait d'autant plus une bonne idée que Brad n'arrêtait pas de lui dire depuis le début qu'il payait son studio beaucoup trop cher, et qu'Adam venait plus ou moins de le lui confirmer en disant qu'ils pouvaient avoir mieux sans que leur loyer n'augmente tellement. Il y réfléchit tout en suivant son compagnon dans les couloirs de l’hôtel et en admirant avec lui les tableaux, les décorations et tout un paquet de détails que son compagnon était incapable de remarquer, tout en écoutant les histoires qu'Adam pouvait lui raconter en reconnaissant tel ou tel personnage. Tandis qu'ils cheminaient dans le parc sur lequel tombait la nuit, le sujet de l'appartement revint sur le tapis de façon nettement plus concrète, avec cette fois-ci la question fondamentale du financement de ce beau projet.

Ah, les finances de Salem... Si les apparences sont certes trompeuses, personne ne commettra d'erreurs en jugeant que l'adolescent avait plus la tête du surendetté chronique que du petit épargnant. S'il n'avait pas de dettes malgré son profil, son jeune âge et son statut d'étudiant logeant loin de sa ville natale, c'était grâce à la vigilance de sa mère et parce que, même en étant complètement nul en algèbre, dès qu'il s'agissait d'utiliser les chiffres de façon concrètes, il se débrouillait plutôt bien, le piège des crédits revolving – revolver, ouais – était trop gros pour qu'il y tombe.

« Moi ma mère m'envoies des sous, et elle a placé l'argent de mon héritage je sais pas où, faudrait que je demande. Après ça doit pas être une somme énorme mais ce sera toujours ça, et puis y'a mon salaire, moins de la moitié du SMIC. (Pauvre gosse) »

Salem n'avait aucun mal à parler de ses finances, il était en ce domaine tristement réaliste. Il y avait là un fossé conséquent entre les deux jeunes hommes, et si jusque-là il s'était évertué à assurer à parts égales leur dépenses quotidiennes, aussi bien pour le loyer que la nourriture, il savait bien qu'il ne serait pas en mesure de supporter le coût de leur installation dans un nouvel appartement. Surtout s'ils décidaient d'avoir leurs propres meubles, même le réchaud électrique minable sur lequel Adam tentait courageusement de cuisiner n'était pas à lui, et puisque son ami vivait dans un internat, il doutait que son patrimoine soit beaucoup plus fourni. Tout cela posait des questions très concrètes.

« C'est dommage, avec Brad j'avais réussis à gagner pas mal de sous. Après le boulot des fois, on va dans des coins qu'il connaît et on fait des paris, ou alors on joue au poker. Il m'a expliqué le poker, c'est tout con, je dois juste compter les cartes et lui faire des signes. Mais je dépense presque tout, j'arrive pas à garder l'argent comme toi... »

Ah, ce Redford, quel joyeux drille quand même, il s'en donne à cœur-joie. Bref, Salem se serra un peu contre sa pucelle médiévale qui lui expliquait qu'ils pouvaient se permettre d'avoir un vrai appartement avec un salon et une salle à manger qui ne serait ni dans la chambre, ni dans la cuisine. Ce serait incroyable, Salem aurait sans doute toute la place qu'il lui faut pour ses affaires et Adam n'aurait que l'embarras du choix pour cacher sa boite de sextoys, car, rappelons-le, la douce et innocente jouvencelle qu'est Adam avait vraisemblablement entamé sa virginité il y a bien un lustre en se pilonnant tout seul avec un dauphin vibrant en plastique rose ou quelque chose d'approchant – et je ne compte évidemment pas te louper avec ça, mon grand.

Oui, un vrai appartement, ce serait vraiment le rêve. Ce qui fit également rêver Salem fut l’évocation du compte commun qu'ils pourraient avoir, cela faisait une étape de plus dans la route qui les mènerait à moyen terme à échanger des anneaux devant un prêtre à l'esprit large.

« Le compte commun, c'est une super idée, ça fait très... Cordova-Tenseï. »

Il sourit, et lui fit un petit bisou en se promettant de ne pas faire cramer leur future carte commune. Partager son compte avec quelqu'un atteint de fashioningite, c'est quand même un peu risqué. D'ailleurs, puisqu'il l'avait proposé, Salem réfléchit aux choses qui lui semblait indispensable pour leur nouvelle, nouvelle vie.

« On pourrait... acheter une voiture ? Un vieux modèle, mais qui aurait de la gueule, plus que ton... engin. »

Amour oblige, si Adam cherchait à lui faire plaisir en priorité, Salem, lui, voulait quelque chose pour son compagnon, même si avoir une voiture avec un moteur plus compréhensible et qui ne risquait pas de tomber en rade à tout instant était une bonne chose pour lui aussi.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 2 Déc - 18:42

Alors que la nuit tombait, des éclairages placés à distance régulière s’allumaient, donnant au parc un air un peu féérique — et épargnant aux tenants des lieux la fastidieuse tâche de rechercher dans le domaine les clients qui se seraient égarés loin des sentiers, à la faveur de l’obscurité. C’était une toute nouvelle acquisition qui fonctionnait à merveille et tout le monde, les employés de nuit surtout, s’en félicitaient.

Avec une innocence tout à fait médiévale, la main d’Adam s’était glissée sous le blouson de Salem, puis sous le pull de Salem, puis sous le tee-shirt de Salem, pour se poser enfin sur sa peau, caressant légèrement la taille de l’adolescent. Pendant qu’ils marchaient, l’étrangeté de leur existence frappa Adam : ils étaient jeunes, ils étaient mutants, ils étaient deux garçons, ils trouvaient que le week-end romantique parfait était une convention de jeux vidéos, mais ils descendaient tout de même dans un établissement de charme, pour pouvoir planifier dans un cadre approprié le nouvel environnement de leur vie conjugale, et peut-être maritale, ou semi-maritale, ou prétendument martiale, on ne savait plus trop.

Naturellement, le devin fut ravi de cette constatation et serra un peu plus Salem contre lui, pendant que ce dernier lui expliquait que Madame la Mère de Salem, c’est-à-dire sa future belle-mère, finançait une partie de sa nouvelle vie à New-York et Adam prit une nouvelle fois conscience que les quelques années qui le séparaient de Salem étaient, à leur âge, une distance considérable — une vérité que les rencontres successives avec les amis de son compagnon ne cessait de lui marteler dans le crâne.

Machinalement, Adam songea à Belle-Maman. A quoi ressemblait-il ? Qu’est-ce qu’elle savait de lui, exactement ? Et surtout, quand la rencontrerait-il ? Car c’était inévitable — et s’il avait tanné son ami pour qu’il le présentât à ses camarades et connaissances, le moins que l’on pût dire, c’était qu’il ne se montrait pas particulièrement impatient de découvrir les membres de sa nouvelle famille, ni du reste d’introduire Salem dans le cercle asiatique des Tenseï.

La famille n’était pas un cadre intuitif pour Adam. Sans doute son histoire personnelle était-elle beaucoup, beaucoup moins turbulente que celle de Salem de ce côté, il n’empêchait que les relations étaient compliquées et parfois un peu froides. Alors en cumulant l’homosexualité, la différence d’âge, la différence de races, comme disent les Américains, et la vitesse accélérée de la relation, il n’était pas certain de vouloir assister au carnage que risquaient fort d’être les présentations.

Toutes ces réflexions l’occupèrent entièrement — enfin presque, remonter la main le long du côté de Salem était une activité également très prenante — jusqu’à ce qu’il apprît que son ami recevait de son mentor des cours qui dépassaient un peu le cadre de la stricte mécanique automobile. La main d’Adam se figea sur le corps de Salem et, pendant que l’adolescent continuait à deviser comme si de rien n’était sur leurs opérations bancaires prochaines et le futur monospace qui accueillerait Ewan et ses amis pour les goûter d’anniversaire, le jeune homme digérait les informations.

Donc, pendant que lui, en tout bien tout honneur, était occupé à tendre des pièges sournois à de ex-futurs violeurs et de se battre avec des psychopathes sanguinaires dans les caves de maisons désertes au milieu de la forêt, Salem contractait une dépendance aux jeux d’argent, trichait et s’engageait sur la pente au bout de laquelle se trouvaient en vrac la revente de drogue, la figuration dans les téléfilms pour enfants, la multiplication des petits travaux et la cession de sa collection de chaussures rares.

Cette révélation sidérait assez Adam pour qu’il ne relevât pas la perfide attaque contre sa voiture, qui marchait encore très bien, enfin, pour peu que l’on eût une demi-heure chaque matin pour la faire démarrer (et encore, il y avait des jours où le combat était perdu d’avance). Il retira sa main de sous les vêtements de Salem, sans réfléchir et finit par arrêter la promenade pour se retirer vers son compagnon.


— Mais… Euh…

Comme tout bon Démocrate, Adam était convaincu que les addictions étaient une affaire de soins non de répression et ce qu’il voulait surtout éviter, c’était de céder au discours moralisateur que lui inspirait son inquiétude mais dont l’effet n’eût guère été que de braquer Salem, en lui imposant l’humiliation d’être traité comme un enfant qui ne savait pas ce qu’il faisait.

Adam passa une main dans ses cheveux, se gratta la nuque, regarda au sol, poussa du bout du pied les gravillons de l’allée.


— Tu sais que c’est difficile, une fois qu’on commence à jouer, de s’arrêter. Surtout quand on joue de l’argent.

Adam ne s’en rendait pas compte, mais il adoptait avec Salem précisément le ton doux et diplomate qui lui eût fait défaut avec n’importe quel autre interlocuteur. Il releva les yeux vers son ami et tenta un sourire.

— Et puis, euh… Quand on compte les cartes, et tout, je veux dire, ce n’est pas très réglementaire, et je suppose que Brad t’amène pas exactement dans les casinos officiels, et du coup, avec ce genre de personnes, ça peut être un peu dangereux.

Dissimulée sous ce flot d’euphémismes, l’information principale : Adam n’avait aucune envie de prévoir un jour qu’on allait arracher trois doigts à son amant (qui en avait besoin, de ses doigts — pour réparer les voitures, par exemple) parce qu’on avait surpris le petit manège dans lequel l’entrainait Brad. Quand il songeait que Brad avait adopté une figure d’autorité morale pour faire de lui le tuteur de Salem (ce dont il lui serait éternellement reconnaissant), il ne pouvait qu’être perplexe face aux contradictions du garagiste.

Adam crut bon de préciser :


— J’dis pas ça pour l’argent, on s’en fout. J’en ai assez pour nous deux. C’est juste, j’veux pas qu’il t’arrive des bricoles.

Accessoirement, il espérait que Salem ne s’énerverait pas et qu’il ne lui arriverait pas des bricoles à lui, pour avoir remis en doute la sagacité stratégique qui sous-tendait ces parties de poker.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 2 Déc - 20:47

Salem avait parlé des paris et du poker comme ça, l'air de rien et avait vite tenté d'enterrer cette révélation au milieu du reste. C'était une attitude qu'il adoptait ponctuellement, quand il avait absolument besoin de confier quelque chose à quelqu'un et qu'en même temps il avait un peu peur d'en parler. La presque belle-maman d'Adam était sans doute celle qui y avait le plus souvent droit, du « Je t'aime maman, j'ai cassé deux assiettes, on mange quoi ce soir ? » au « Je suis amoureux d'un garçon, le jour d'halloween y'a toute ma classe qui se déguise, ça va être sympa ! », cette fois c'était le tour du prophète. La remarque sur le risque d'addiction lui fit hausser les épaules, et regarder ailleurs.

« Je suis pas accro, ça me sert juste à acheter quelques trucs. »

Et Salem n'était pas du tout un acheteur compulsif, le cercle « Je joue, j'ai de l'argent, j'achète, j'ai moins d'argent, je joue. » ne le guettait pas le moins du monde, évidement. En tout cas il n'avait pas du tout le sentiment d'être addict, même s'il pensait dans un coin de sa tête qu'une petite partie ou deux renflouerait son compte et, au-delà de l'argent, lui procurerait un peu d'adrénaline, il se sentait parfaitement bien. En fait, s'il s'était décidé à parler de cette histoire, ce n'était pas pour lui.

« Tu devrais plutôt dire ça à Brad, c'est lui qui est de plus en plus bizarre avec ça. »

Salem se passa une main dans les cheveux avant d'hasarder.

« Tu connais un peu Redford, en dehors du fait qu'il a ressuscité ta voiture un paquet de fois ? Je sais pas... tu sais s'il a des... des problèmes ? » (Au cas où tu te poserais la question, j'en sais pas plus que toi sur Brad alors si t'as envie d'inventer des trucs de sa vie, te gêne pas. J'le verrais bien avoir une dette envers Adam, mais c'est pas impératif. Je suis juste en pleine impro et ça casse mon rythme de raconter tout ça alors je continue le rp, ciao. D:)

Pour la première fois depuis qu'il avait rencontré le garagiste, Salem semblait douter du bien fondé de ses actions. Il y avait de quoi, aucuns des arguments que Brad aurait pu avancer n'aurait justifié qu'il traîne un gamin de dix-huit ans à peine, et sur lequel il était censé veiller, dans des lieux mal famé pour parier et tricher. Malgré la fièvre du jeu qui l'envahissait parfois, l'esprit beaucoup trop rationnel de Salem voyait bien que tout ça n'était pas très sain. Mais son patron était un peu pour lui le père qu'il n'avait jamais eu, et il craignait de briser quelque chose entre eux en lui disant qu'il voulait arrêter, même s'il avait vraiment l'impression de se faire entraîner dans une pente de plus en plus raide et dangereuse. Alors qu'il rappelait involontairement à lui les souvenirs de moins en moins agréables de ses soirées avec le garagiste, il sembla perdre un peu de son calme et une pointe de stress pointa dans sa voix.

« Au début c'était rien, j'ai essayé de parier à la boxe pour faire comme lui, et disons qu'avec ce que j'arrive à savoir, j'ai un peu plus de chance que la normale de miser sur la bonne personne. Il l'a vu tout de suite, faut dire que j'étais pas très discret... »

Il semblait presque regretter maintenant.

« Après, il m'a demandé si je voulais recommencer, et j'ai dit oui, pour pouvoir m'acheter des trucs. Il misait comme moi, mais en mettant sommes pas possible et puis... il m'a apprit des trucs avec les cartes et avec ça, je peux gagner tout le temps alors... je me doute bien que c'est pas normal... »

Salem soupira, il espérait que Brad ait vraiment gros problèmes, une vraie raison pour se servir de lui comme ça. Parce que si c'était juste pour s'enrichir, il s'était trompé sur lui depuis le début et venait de perdre un père de plus. Il s'en voulait aussi de gâcher leur soirée si romantique avec cette histoire, parler d'argent avait immédiatement fait revenir à lui la situation dans laquelle il s'était retrouvé. Un peu incertain, il serra la main de sa jouvencelle.

« J'ai pas eu de problèmes depuis qu'on s'est mit à faire ça, si ça peut te rassurer. J'veux pas que ça ruine notre week-end. »
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyLun 3 Déc - 1:26

Si, comme tous les Démocrates, Adam était persuadé que les addictions étaient des maladies, il était également persuadé, comme tous les Démocrates, que l’on ne pouvait pas entièrement faire confiance au peuple pour prendre les bonnes décisions, parce que le peuple n’est pas assez éduqué (heureusement, ils allaient remédier à cela) et que la clairvoyance naissait de toute façon de l’extérieur, de la démocratie, et non de l’intérieur, de l’individu.

Il y avait aussi le fait que Salem, en ce moment, n’était pas très convaincant. Le placard du studio n’était pas assez grand pour qu’Adam ne vît pas s’y accumuler les vêtements et le devin était trop au courant du salaire que l’on gagnait dans les petits travaux pour supposer que Salem savait entièrement gérer son argent. Il ne s’en était pas alarmé jusque là — après tout, l’adolescent n’avait que dix-huit ans — mais les dernières révélations donnaient une saveur nouvelle à la situation.

Donc, c’était officiel, après la diététique, Adam allait s’attaquer à l’économie domestique. Son regard noir, sceptique et méfiant, s’était posé dans celui de Salem et cela valait tous les interrogatoires. Pendant que l’adolescent se décomposait sous ses yeux et finissait par lui avouer ses vices, ses incertitudes et ses soupçons, Adam sentait monter en lui une colère sourde et l’envie soudaine de raser le garage Redford — étouffée pour l’unique raison, bien entendu, que Salem s’en retrouverait sans emploi.

Les bras croisés, Adam opposait aux confessions de Salem un silence de fer, qui poussait évidemment à plus de confessions, et ce ne fut que lorsque son petit ami sentit s’envoler le charme du parc romantique, de la grande chambre, du lit géant, de leur sac plein de préservatifs et de la compétition de jeux vidéos avec de gros geeks barbus qu’Adam secoua la tête et murmura :


— Ca ruinera pas notre week-end. T’aurais dû m’en parler plus tôt, c’est tout. Mais en même temps, ‘faut avouer que j’suis mal placé pour te reprocher de cacher des trucs.

Cette réponse était bien la preuve la plus tangible que leur relation avait fait un bond en quelques jours et qu’Adam avait pris bonne note des reproches formulés en de multiples occasions par Salem. La transparence, il en savait pertinemment la difficulté, et du reste, ce n’était pas après Salem qu’il en avait. En revanche…

— Bouge pas.

Il sortit son portable, passa en revue son répertoire, pianota sur l’écran et porta l’appareil à son oreille. Quelques secondes plus tard, Salem eut le plaisir (douteux) d’entendre la moitié d’une conversation :

— Salut, Brad, ça va ?
— …
— Tu aimes le poker ?
— …
— Tiens, au fait, j’ai croisé un type, dans la rue. Giorgio je sais pas quoi. Tu connais ?
— …
— Je crois qu’on s’est compris.


Adam raccrocha l’appareil, conscient que cette démonstration en disait beaucoup plus sur la noirceur de son existence que sur celle de Brad. L’Asiatique resta silencieux quelques instants, en observant Salem, puis, anticipant finalement les questions que son compagnon n’oserait probablement pas poser, il dit :

— Brad aime parier. Sur tout : les chevaux, la boxe, la télé-réalité. Il parie beaucoup, il perd beaucoup, il emprunte pour parier encore, il parie pour rembourser ses emprunts, il perd, et ainsi de suite. Bien sûr, c’est pas les banques qui vont lui prêter de l’argent, alors il emprunte aux mauvaises personnes.

Adam savait fort bien l’importance que le garagiste avait pour Salem, quoique son ami ne lui eût jamais rien dit explicitement. Alors il précisa aussitôt :

— C’est quelqu’un de bien, tu sais. Quelqu’un de vraiment très bien. Mais il est malade. Comme un junkie qui ferait n’importe quoi pour sa dose. Il faut pas… C’est juste compliqué. Il y a deux ans, il était sorti de ça, mais y a pas de guérison, c’est comme l’alcoolisme : une rechute est toujours possible.

Adam attrapa la main libre de Salem et l’attira près de lui.

— Là, j’voulais juste lui faire peur pour qu’il sache que je sais, et qu’il te lâche la grappe, en attendant. Après, j’vais voir c’que j’peux faire pour lui. Il a des dettes envers moi. J’veux dire, des dettes morales. Et j’ai des dettes envers lui. Pas uniquement parce que c’est grâce à lui que t’es là, d’ailleurs.

Il lâcha les mains de son ami pour pouvoir poser les siennes au bas de son dos et le presser contre lui. Son front se posa contre le front de Salem et, dans un murmure, il reprit :

— Je sais que j’donne pas toujours le bon exemple, mais quand t’as un problème, faut m’en parler. J’ai pas envie de te trouver à nouveau le ventre ouvert dans ton sang. J’veux pas…

Sa gorge se noua — il prit une inspiration pour retrouver un peu son calme et compléta :

— J’veux pas qu’il t’arrive quelque chose. J’ai besoin de toi. Je t’aime.

C’était des mots qu’il ne prononçait encore que rarement, et toujours avec une certaine timidité, une certaine maladresse. Pour cacher un peu l’embarras que cette déclaration trop sentimentale pour sa virile pudeur, il vint chercher sur les lèvres de Salem un baiser, un baiser long, et aussi chaste qu’un roman libertin, pour lui prouver que la soirée n’était pas gâchée, le week-end non plus, que leur compte en banque fleurirait, qu’ils auraient un nouvel appartement, avec un chat, une console et une grande télévision, et que ce n’était certainement pas un garagiste aux troubles pratiques qui les empêcheraient de déranger leurs nouveaux voisins avec leurs démonstrations d’affection nocturnes — et matinales — et prandiales — et vespérales — et un peu tout le temps, à vrai dire.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyLun 3 Déc - 12:17

Salem savait bien que niveau cachoteries, il ne valait parfois pas mieux qu’Adam. Non pas qu’il ait vraiment voulu dissimuler qu’il faisait des choses pas très claires avec Brad quand son camarade avait le dos tourné, mais il avait un peu honte. Honte de devoir reconnaître qu’il s’était retrouvé dans cette situation pour des chaussures et des pulls à la mode. Un peu boulimique sur les bords, le plaisir de l’achat se trouvait bien souvent balayé l’instant d’après par un sentiment de culpabilité, parce qu’il n’avait pas beaucoup d’argent, et que tout ça revenait très cher alors qu’il avait un paquet de choses plus importantes à acheter. Parce que s’il n’avait pas dépensé autant il aurait pu apporter une contribution nettement moins modeste à leur beau projet d’appartement, qu’il n’aurait pas été aussi inutile et dépendant d’Adam. Et bien évidemment, c’était ce genre de réflexions qui allait inévitablement le conduire à traîner dans les boutiques pour acheter un petit quelque chose de plus, histoire de se remonter le moral.

Ses réflexions se firent un peu plus secondaires alors qu’il écoutait l’étrange conversation téléphonique d’Adam. Immédiatement le cerveau de Salem se mit en branle, Giorgio ? Il ne se souvenait pas avoir vu ce nom où que ce soit, pour l’instant du moins, mais ça ne devait pas être quelqu’un de très net. (Haha, j’imagine Salem qui arrive au boulot : *Pose son blouson* Hey, c’est qui Giorgio ? *Brad s’étrangle avec son café*)
Bref, du coup ça voulait dire qu’Adam connaissait des gens pas très nets, et même si cela ne mit pas en doute le fait que son ami était pour lui quelqu’un de bien, cela donnait un peu plus de matière à ses propres inquiétudes. Salem aussi n’avait pas lui non plus envie de ramasser son compagnon les tripes à l’air dans une ruelle louche.

L’histoire qu’Adam lui raconta sur le passé et les vices de son patron ne l’étonna pas, il avait plus ou moins deviné que c’était quelque chose de ce genre qui lui arrivait – et l’avait même un peu espéré, dixit post précédent. Il était aussi rassuré d’entendre que le prophète comptait prendre les choses en mains, cela dit, le super-héros au troisième œil semblait oublier que sa Lois Lane à lui avait aussi une paire de c***lles et la fierté qui va avec. Salem ne comptait pas l’attendre sagement en faisait cramer des courgettes dans la cuisine pendant qu’il volait au secours de quelqu’un d’aussi important pour lui. Il n’allait pas être entièrement dépendant de sa jouvencelle prude pour ça non plus, aussi fronça-t-il les sourcils dans une tentative ratée de se rendre aussi impressionnant qu’Adam et son mode muscles saillants, regard trop dark.

« Hey, je lui dois pas mal de choses aussi. Je veux l’aider. »

La suite ralentit un peu son envie de sortir Brad du cercle vicieux dans lequel il était vraisemblablement aussi piégé que lui et son shopping. La dernière intervention super-héroïque de Salem avait laissé quelques traces, aussi bien chez lui que chez Adam. En l’entendant parler comme ça, avec une touchante pudeur, il était même presque à deux doigts d’abandonner cette idée, presque. Le baiser fit revenir en un instant l’atmosphère profondément romantique de leur balade, le soleil était entièrement couché maintenant, la silhouette du château-manoir se dressait dans le ciel assombrit. Et ce n’était pas les assauts de langues répétés de son compagnon dont l’innocence était aussi relative que la virginité qui allait changer ça. Maintenant pleinement rassuré, aussi bien parce qu’il n’allait sans doute pas se retrouver de si tôt à rejouer aux cartes avec des barbus tatoués pas très rassurants, que parce qu’Adam ne lui tenait pas rigueur d’avoir eu quelques petits secrets et de coûter cher en vêtements, il reprit leur sympathique promenade.

Les minutes suivantes furent plutôt silencieuses, la pucelle et son d’Artagnan profitèrent longuement du joli et vaste parc, la discussion tourna encore un peu autour de leur futur appartement. Avant que certaines mains baladeuses profitent de l’obscurité pour faire un petit tour aussi. Les deux jeunes gens étant évidemment blancs comme neiges, celles-ci appartenaient sans aucun doute à un esprit malin des forêts venu les corrompre. C’est avec un sourire en coin pour le moins débile que Salem sortit du couvert des arbres, une furieuse envie de retourner dans sa chambre et d’accrocher la pancarte do not distrub à la poignée de la porte l’avait prit et ne le quittait plus. Alors qu’il retournait vers l’une des entrées de la bâtisse pour mettre en route ce projet à court-terme qui avait le clair avantage ne pas coûter très cher – juste le prix d’un préservatif, ou peut-être deux – il s’arrêta en fixant une des fenêtres du rez-de-chaussée. On y voyait presque rien parce que la lumière n’était pas allumée, pourtant le mutant sembla immédiatement intéressé.

« Oh trop bien, c’est vraiment le luxe ici.. »

L’instant d’après il filait à l’intérieur et entra dans la fameuse pièce, peut-être était-elle délaissée à cause de la basse-saison, ou parce qu’il était assez tard pour les vieux retraités séniles venus passés leur week-end à la campagne, mais dans tous les cas c’était bien une piscine qu’il y avait là. Un investissement de plus de l’établissement pour tenter de gagner leur quatrième étoile, même si le côté dix-neuvième en prenait un coup – les prochains objectifs pour le patron était d’importer un cuisinier français et d’héberger des stars pendant leur nuit de noce. Loin de ces préoccupations financière, Salem se demanda si Adam avait pensé à prendre des maillots de bain, puis, comme la piscine était déserte et le serait sans doute jusqu’à demain matin si les auteurs le décidaient, il se dit qu’il pouvait bien y aller en boxer, puis, comme il n’y aurait sans doute vraiment personne avant des heures, que les seules lumières provenaient des lampadaires dehors et que même si quelqu’un venait il s’en fichait un peu, il se dit qu’il n’était peut-être pas nécessaire d’endommager son boxer Haribo avec de l’eau chlorée.

L’instant d’après Salem plongeait avec une grâce toute relative et dans le plus simple appareil, tant pis si un des gérants décidait de venir surveiller par ici. De toute façon ce n’était pas comme si les deux jeunes hommes risquaient d’être surprit en plein ébat, au moyen-âge on réfrénait ses désirs impurs jusqu’au mariage, et puis de toute façon, entre garçons, ça ne se faisait pas.

« Elle est super bonne ! »

La paire de fesses qui apparut fugacement à la lueur des lampadaires aussi, Salem avait plongé pour rejoindre l’autre côté du bassin en apnée. C’était un peu étrange de se baigner comme ça, mais pas désagréable du tout, loin de là. Une fois l’autre coté atteint, il fit le chemin en sens inverse, parce que bon, il n’y avait pas non plus cinquante mille choses à faire dans une piscine – n’est-ce pas. Le sport c’était très bien, histoire d’être entraîné pour la compétition – oui, c’est du sport aussi de secouer une manette de wii – et puis ça au moins, c’était sûrement autorisé au moyen-âge.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyLun 3 Déc - 19:55

Adam avait été un peu déstabilisé par la réponse de Salem. En marchant dans les allées, il songeait à ce que l’adolescent avait dit — qu’il voulait aider, aussi, Brad. L’Asiatique n’avait pas trop le choix ; s’il refusait de l’impliquer, Salem irait mettre la main à la pâte tout seul et se ferait encore découper en morceaux. Il ne pouvait le laisser éternellement hors de ses aventures, et encore moins hors de celles qui le concernaient de si près.

C’était encore une nouveauté pour le devin. Si, dans l’intimité des relations charnelles, il avait toujours volontiers adopté les rôles les plus divers, qu’ils fussent perçus comme actif/masculin/dominant ou passif/féminin/soumis, des catégories qui, du reste, ne lui avaient jamais rien évoqué, dans la vie quotidienne, il devait bien reconnaître qu’il avait une très nette habitude à « être un homme », ou quelque chose comme ça : à protéger ses compagnons, à garder ses sentiments pour lui, à résoudre les problèmes, à ramener l’argent, etc.

Il se rendait compte à présent, aux côtés de Salem, qu’il y avait là une façon peu rudimentaire de vivre son existence. La différence d’âge qu’il y avait entre Salem et lui, la différence d’expérience qui en résultait, la disparité des revenus et peut-être, beaucoup plus bêtement, la disproportion de leurs carrures respectives, tous ces facteurs l’avaient poussé sans qu’il y eût le moins du monde réfléchi à adopter la même position.

Or, Adam le savait très bien, l’une des principales raisons pour lesquelles ses relations précédentes avaient foncé dans le mur et s’y étaient brutalement écrasées, résidait dans son désir insatisfait de trouver quelqu’un qui le protégeât comme il le protégerait, quelqu’un avec qui il pût être faible, incertain, au bord de l’effondrement — pas tout le temps, mais quand le monde devenait trop difficile à supporter.

Et avec Salem, il sentait la chose possible — il avait même commencé à se laisser aller — et cette confiance toute particulière n’était pas étrangère aux progrès fulgurants de leur relation. Alors il ne trouvait pas incohérent de faire un pas de plus et de laisser l’adolescent prendre une part active dans les grandes et sérieuses affaires de leur vie commune et de plus en plus fusionnelles.

Ces réflexions furent interrompues quand on l’attira un peu à l’écart du chemin pour l’embrasser et vérifier qu’il n’avait pas perdu des morceaux de fesses en cours de route. Adam se laissa aller contre un arbre, attira Salem contre lui et entreprit de l’encourager un peu dans ses indiscrètes investigations en se livrant à une semblable exploration, par acquis de conscience, bien entendu.

Comme il ne faisait malgré tout pas très chaud et que ces palpations avaient rendu évidente la nécessité d’un interrogatoire beaucoup plus approfondi, le couple sortit de son abri végétal pour s’acheminer à grands pas vers la chambre conjugale — ils étaient presque arrivés au perron lorsque Salem s’abîma dans la contemplation d’une pièce, par la fenêtre du rez-de-chaussée. Adam s’approcha à son tour et jeta un coup d’œil.

Ah oui, la piscine. Il devait y avoir une salle de bridge, quelque part, aussi, mais il n’avait jamais tout à fait compris les règles (ni essayé très fort de les comprendre). Adam emboîta le pas à Salem qui se précipitait déjà vers son nouveau motif d’émerveillement, trop occupé à s’attendrir devant l’enthousiasme de son compagnon comme une grand-mère devant le calendrier de chatons du facteur pour se vexer que Salem préférât la perspective de nager dans une piscine à celle d’étrenner le lit king size.

A peine fut-il entré dans la salle de la piscine que dominaient des arcades de pierre, laissant se refermer derrière lui la lourde porte de bois, que son regard tomba sur Salem qui plongeait nu dans l’eau.


— Euh… J’ai amené des maillots, tu sais.

Il y avait marqué « piscine » sur le site internet, donc il avait amené des maillots de bain. Mais sa remarque n’avait pas été très convaincue et, à vrai dire, à en juger par le cahier du réceptionniste, il n’y avait dans l’hôtel ce soir-là que Mr. Furbs, vraisemblablement un représentant de commerce peu susceptible de venir prendre un bain de minuit, et Mr. and Mrs. Johns, qui étaient probablement le couple octogénaire qu’ils avaient aperçu, au détour d’un couloir, dans l’un des salons de lecture.

Alors Adam laissa tomber son blouson sur le sol, retira ses chaussures, ses chaussettes, resta un instant absorbé dans la contemplation de la silhouette de Salem dont il devinait la nudité à travers l’ondoyant miroir de l’eau, se défit, encouragé par cette vision, de son tee-shirt et de son pantalon, hésita un instant et retira finalement son boxer, dévoilant ainsi que son amour de la natation s’exprimait chez lui de manière très, très concrète.

Il plongea à son tour, fit un aller retour, pour apaiser très temporairement ses ardeurs et revint vers Salem qui s’était arrêté là où il avait bien. Adam s’approcha de lui avec une démarche sous-marine d’astronaute — de plus en plus terrestre, néanmoins, à mesure qu’il reprenait pied à son tour. Il déposa une main sur le ventre de Salem et interrogea :


— Ca ne brûle pas ta cicatrice, le chlore, au moins ?

Puisque Salem n’était pas en train de se noyer en se tordant de douleur, il fallait supposer que non, mais enfin, l’adolescent était capable de vouloir jouer les durs (n’est-ce pas) et de souffrir en silence. Sans doute pour s’assurer que la cicatrice de Salem ne brûlait pas, la main d’Adam descendit du ventre au bas-ventre et du bas-ventre vers ce qu’il y avait de plus semblable à une manette de wii — c’était pour s’exercer, bien entendu.

Avec un air d’innocence assez discutable, il reprit :


— J’voudrais pas que tu t’fasses mal…

Ce devait être sans doute pour éviter toute mauvaise blessure qu’il lui appliquait désormais un massage préventif, tout en le poussant petit à petit vers le bord de la piscine pour qu’il s’y adossât. Adam était finalement un bien altruiste kinésithérapeute amateur (en plus d’être une virginale pucelle médiévale).

Pendant que son autre main se posait sur le dos de Salem, enfin le bas du bas de son dos, Adam continua à exposer ses bonnes intentions :


— Parce que ‘faut qu’tu sois en forme pour cette nuit… J’veux dire, pour la compétition, demain.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyLun 3 Déc - 23:01

Comme il s'en était douté, si son auteur disait qu'il n'y avait personne dans l'hôtel, ce n'était certainement pas l'autre qui allait le contredire. Le bâtiment était donc presque entièrement à eux. Salem barbotait joyeusement dans le coin de la piscine où il était sûr d'avoir pied, il s'abstint de faire remarquer que s'ils étaient montés chercher leurs maillots, ils ne seraient probablement pas redescendus et que même s'ils étaient parvenus a se maîtriser assez pour venir dans la tenue adéquate, ils ne l'aurait pas gardé bien longtemps, l'innocence avait ses limites. Déjà que c'était le froid plus qu'autre chose qui les avaient retenus dans le bosquet l'instant d'avant.

Il cessa cependant de s'amuser tout seul – le pauvre n'avait pas eu beaucoup d'occasion de dépenser son énergie ses derniers temps, à part quand son kiné très consciencieux s'occupait de lui, il avait donc de l'énergie à revendre – quand sa jouvencelle lui fit un charmant strip-tease avant de le rejoindre, apparemment très heureux de pouvoir faire du sport. Sans sous entendu graveleux, bien entendu, on parle ici du sport qui mouille.

En toute innocence, Salem enroula ses bras autour du cou de son infirmier à domicile – pour ne pas couler s'il venait à faire un malaise – tandis que celui-ci s'enquérait de son état de santé de façon très professionnelle. Comme tout bon patient, Salem lui répondit avec le plus de sincérité possible pour que son praticien puisse trouver le traitement adéquat. Il ne chercha donc pas à paraître plus fort qu'il n'est et avoua l'immensité de sa douleur.

« Ça me brûle, oui, mais je crois pas que ce soit le chlore.

Ni la cicatrice.
 »

De toute évidence, il fallait agir d'urgence, Adam, qui bien sûr connaissait les gestes de premier secours, entreprit donc de masser sa... pas sa manette de wii en tout cas, ça, ça va pas être possible vu ce que les gens font avec leurs manettes de wii. Ça casse tout – littéralement – quoique, peut-être qu'Adam aimerait ça. Pour le moment, Salem tenait de toute façon plutôt de la DS, tactile et portable. Il se laissa pousser contre le bord du bassin en dévorant le cou d'Adam de manière un peu plus sauvage qu'il n'avait pu le faire dans leurs premiers ébats. Ses mains serpentèrent le long de sa colonne vertébrale et dans le vrai bas de son dos, en toute ingénuité, juste pour l'inciter à se rapprocher plus et emprisonner sa taille entre ses jambes, pressant ainsi ses fesses contre... ce qui sans être une wiimote, en avait la dureté.

Et c'est là que l'idée d'aller chercher les maillots à l'étage eut pu paraître bonne, peut-être n'auraient-ils pas mit un pied dans la piscine après ça, mais au moins ils auraient eu accès à l'énorme poche de préservatif qu'Adam avait fourré dans leur sac en préparant leur week-end – Adam la pucelle médiévale, bien sûr, fidèle à lui-même. Puisque qu'un des auteurs semblait prendre un malin plaisir à tout casser à chaque fois avec des histoires de préservatifs comme s'il était sponsorisé par le gouvernement pour inviter les jeunes à la prudence, et bien Salem n'alla pas plus loin parce qu'il n'avait pas ce qu'il fallait, voilà. Sortez couverts, jeunes gens.

Enfin, tout ça était quand même un peu frustrant, heureusement que l'adolescent avait de la suite dans les idées. Après avoir bien profité de la proximité de leurs corps pour embrasser son partenaire et taquiner les recoins le plus sensibles de son anatomie, il appuya ses mains sur le rebord du bassin et se hissa hors de l'eau pour s'y asseoir. Offrant ainsi à Adam la joie inestimable d'expérimenter une toute nouvelle façon de jouer, sans les mains, et sans les dents aussi, de préférence. L'invitation pouvait difficilement être plus explicite vu comment sa virilité se dressait pile devant le nez de son amant, mais au cas où – n'est-il pas innocent, après tout – Salem lui caressa le visage en lui lançant des regards brûlants pour l'inciter à se lancer, et contrairement aux regards noirs, ceux-là ils savaient bien les faire.

Dans la pénombre de la pièce, des gémissements un peu étouffés se mêlèrent bientôt aux bruits d'eau. Salem avait plus que jamais envie de se laisser-aller, mais il ne pouvait s'empêcher de penser, quand Adam lui offrait ce genre de caresses, qu'il ne lui avait jamais rendu la pareille. Il savait que son compagnon ne lui imposerait jamais rien dans l'intimité et qu'il n'avait donc pas à se forcer à faire une chose avec laquelle il ne sentait pas tout à fait à l'aise, mais quand même. Après quelques bribes de réflexion supplémentaires – et il fallait vraiment s'appeler Salem pour trouver encore l'énergie de réfléchir dans un pareil moment – l'ambiance de l’hôtel, tout ce qu'Adam lui avait offert, tout ce qu'il avait promis et le simple bonheur d'être avec lui lui donnèrent l'envie de laisser tomber ses à priori et de lui offrir plus. Il interrompit avec douceur son compagnon et l'invita à s'asseoir à ses côtés, sa main s'empressa de caresser son torse et ses lèvres de l'embrasser. Il le fit un peu languir avant de venir le caresser à son tour, puis, toujours un peu hésitant, il se pencha et déposa ses lèvres sur l'intimité d'Adam.

Spoiler:

Bon, ce n'était pas désagréable, bien loin de ce qu'il avait pu imaginer. Seul bémol, ça avait un peu un goût de chlore, et puis ensuite un goût qui lui fit apprécier la saveur du chlore. Mais sentir le plaisir de son amant augmenter progressivement sous ses caresses valait bien ça, il continua donc, prenant un peu plus d'assurance au fil de ses expérimentations, jusqu'à oser le prendre entièrement dans sa bouche. Se souciant du fait que son camarade eut pu ne pas savoir quoi faire de ses mains pendant ce temps-là, Salem bougea pour s'offrir autant qu'il le pouvait, histoire qu'il puisse continuer ce qu'il avait si bien commencé.

Qu'est-ce que je disais, une vraie DS, touch me ~
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyLun 3 Déc - 23:37

Il n’y avait pas à dire, avec Salem, Adam avait quotidiennement l’occasion de parfaire sa formation de secouriste, et de s’attaquer à des problèmes difficiles, qui nécessitaient une longue expérience pratique ; heureusement, il n’avait peur de rien, aucun travail ne l’effrayait et il n’hésitait pas à étudier en profondeur les descriptions anatomiques pour être certain de bien maîtriser son sujet, tout comme il se laissait volontiers pénétrer par ces connaissances nouvelles et précieuses. Seulement, il était un peu lent d’esprit : il fallait recommencer souvent la leçon.

Heureusement, Salem veillait à sa bonne éducation et, en se pressant contre l’adolescent, Adam avait des difficultés immenses pour ne pas céder aux sirènes de l’érudition. Il eût été si osé de brûler les étapes, de ne pas songer à toutes les judicieuses protections qui attendaient sagement dans leur sac, tout là-haut, dans cette chambre si lointaine. Mais tout romantique qu’il fût, Adam avait parfaitement conscience qu’une partie de ses soirées était occupée à barboter dans le sang, à crapahuter dans les caves pleines de seringues usagées et que, quoique sa fidélité à Salem fût parfaite, tout cela n’était pas sans danger.

Ce n’était pas sans regret cependant qu’il s’écartait légèrement, sans relâcher son massage malgré tout, pour laisser entendre à Salem qu’il avait également et parfaitement conscience qu’ils ne pouvaient pas aller plus loin. Mais il faillit gémir de protestation quand l’adolescent s’arracha à l’étreinte de ses doigts — ils pouvaient quand même continuer le cours sans cela. Avant de sourire à sa nouvelle position.

Sans doute, si leur couple avait été moins serein, Adam eût-il été un peu surpris du caractère un peu direct et un peu dominateur de la demande de son compagnon, mais il savait pertinemment que chez Salem, il n’entrait aucune malice et aucune violence dans cette proposition pour le moins explicite. Et, quoiqu’il regrettât, secrètement, et sans jamais l’avouer, que les caresses de son ami ne lui rendissent pas la pareille, cela n’ôtait en rien le plaisir qu’il pouvait prendre à s’exécuter.

Témoins en étaient ses lèvres qui, sans se faire plus prier, vinrent envelopper docilement l’objet qui s’offrait à elle. La maladresse et la réticence qui avaient été la sienne, des années auparavant, quand il s’était pour la première fois essayé à un semblable exercice, dans des conditions, il fallait le reconnaître, nettement moins propices que celles qui étaient désormais les siennes, s’étaient depuis longtemps évaporées pour laisser la place à une excitation et un plaisir qu’il ne s’expliquait pas lui-même entièrement.

Cette passion zélée, dont Salem était désormais l’unique et, à en juger par ses réactions, bienheureux bénéficiaire, avait atteint avec ce dernier de nouveaux sommets chez Adam. A vrai dire, c’était toutes les caresses, de la plus innocente à la plus profonde, qui s’étaient trouvées transformées par les sentiments qui les liaient, parce qu’au plaisir physique se joignait désormais une sensation d’une autre sorte.

Adam eût volontiers continuer sa caresse qu’il rendait à chaque seconde un peu plus ardente jusqu’au dernier plaisir, comme il l’avait fait déjà auparavant, mais Salem le repoussa doucement. Adam se dégagea et releva les yeux, d’un air un peu déconcerté (et surtout déçu), mais se tira de la piscine, faisant au passage jouer ses muscles (on n’était jamais trop prudent, des fois que Salem ne les eût pas abondamment observés), et s’assit à côté de son ami.

Il allait lui demander si tout cela ne lui plaisait pas, mais ses mots disparurent dans un baiser et furent bientôt remplacer par un gémissement, quand la main de Salem s’égara sur le vibrant hommage qu’il rendait à sa beauté (c’était purement esthétique — artistique — bien entendu). Lorsque leurs lèvres se séparèrent, un soupir échappa à l’Asiatique — mais déjà son ventre se nouait alors qu’il observait Salem se pencher. L’idée de protester lui vint aussitôt à l’esprit, car sans doute, c’était évident, Salem se forçait, c’était une sorte de reconnaissance, une obligation, et donc une violence que lui, Adam, imposait à son ami. Il était un horrible manipulateur et…


— Hmm…

Bon. Il protesterait peut-être plus tard. C’était qu’il aimait autant être le destinataire que le destinateur de la caresse et qu’il était difficile, après en avoir été longtemps privé et l’avoir beaucoup souhaitée, d’y résister. Alors que sa tactile déesse perdait un peu de sa timidité à mesure que le jeune homme exprimait plus nettement son plaisir (en tentant néanmoins de ne pas alerter le concierge sur l’usage douteux qu’il faisait des aménagements balnéaires de ce respectable hôtel), Adam songeait avec une insistance croissante à quelque chose qui, à ses yeux, valait presque ce que l’absence de préservatifs les empêchait de faire.

Au bout d’un moment, il incita Salem à se redresser, comme l’adolescent l’avait fait pour lui quelque temps plus tôt. Dans un souffle, il murmura :


— Attends. Bouge pas…

Puis il se releva, se dirigea vers le fond de la piscine et revint presque aussitôt avec trois ou quatre serviettes de bain épaisses et moelleuses sur lesquelles était brodé le blason de l’hôtel. Il entreprit de les étendre sur le sol de pierre, pour former un matelas de fortune et, d’une main sur les épaules de Salem, engagea son amant à s’y allonger.

Il s’installa à son tour, mais de sorte à ne pas empêcher Salem de reprendre sa brillante initiative, tout en s’offrant la possibilité de se remettre lui-même à l’ouvrage. Il effleura pendant quelques secondes du bout des doigts l’objet de ses attentions, avant d’y déposer un baiser qui se fit bientôt fort possessif et de s’engager dans un massage qu’il comptait bien cette fois porter jusqu’au bout.

Quant à Salem, il l’avait laissé libre de poursuivre ou non ses entreprises, veillant à ne suggérer par aucun mouvement de bassin ce qu’il attendait, pour ne rien imposer à l’adolescent. Même si la première tentative avait été finalement éphémère, puisqu’il l’avait interrompue, il en était déjà assez flatté pour ne pas songer à exiger une attention plus prolongée — mais il était vrai qu’en matière de sexualité, Adam avait conservé de leurs débuts difficiles l’habitude de rien exiger, au point d’être un peu opaque sur la nature de ses désirs et de ses fantasmes — c’était que, même si tout allait beaucoup mieux désormais, le souvenir des premiers échecs restait douloureusement gravé dans son esprit et, s’il n’en parlait plus, il n’était pas rare que ses gestes, quand ils devaient impliquer son plaisir à lui, fissent preuve d’une étrange retenue.

Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyMar 4 Déc - 19:47

Sa timidité envolée, Salem se prit au jeu et ce n’est pas sans un certain plaisir qu’il offrait maintenant à son aimé les caresses qu’il s’était si longtemps refusé à donner. Il faut dire que même sans avoir jamais pratiqué lui-même, il l’avait souvent reçu et était donc moins en pleine improvisation paniquée qu’en train d’essayer sur Adam ce qu’il avait déjà eu le plaisir d’expérimenter – il n’y avait pas que le devin qui tenait à connaître parfaitement les gestes qui sauvent. Les gémissements et autres réactions de son compagnon ne laissait de toute façon pas beaucoup de doutes sur le fait que, même inexpérimenté, Salem ne devait pas trop mal s’en tirer en la matière. Appuyé sur un bras, il libéra l’autre pour pouvoir caresser les jambes d'Adam, la naissance de ses fesses ou donner plus d’ardeur encore à ses caresses intimes, et ce jusqu’à ce qu’Adam l’interrompe.

Conclusion, c’était un peu troublant d’être stoppé comme ça, en pleine inspiration artistique. Salem regarda son partenaire d’un air un peu déconnecté.

« Huh ? »

Après cette prose inspirée, il suivit des yeux Adam tandis qu'il partait beaucoup trop loin de lui. Comme quoi, il y avait quelques moyens de ralentir les réflexions perpétuelles de l’esprit de Salem, en ce moment même il ne pensait strictement à rien. Durant ce moment de flottement il se demanda juste ce qu'Adam put avoir de si important à chercher dans les étagères de la salle de balnéo alors qu'il ne lui semblait pas que son initiative lui fût désagréable. Avant de le voir revenir avec ce qu'il fallait pour se mettre un peu plus à l'aise – et il avait bien raison, l'hôtel était temporairement à eux de toute façon.

Une fois les serviettes étalées sur le sol, Salem s'allongea en dévorant Adam des yeux, car il n'avait pas besoin que son compagnon fasse jouer ses muscles pour apprécier son corps. Il se mordilla la lèvre inférieure en le voyant se pencher sur son intimité pour reprendre ce qui avait été interrompu quelques minutes plus tôt. De son côté il ne resta pas inactif très longtemps même si son camarade ne le poussait pas à faire quoi que ce soit. Ce flegme qui avait toujours su le rassurer, même avec leur début un peu foireux en la matière, l'incitait plus à s'offrir à son amant si adorablement prévenant qu'autre chose. Une de ses mains se posa donc sur le bas du dos (le faux) de son compagnon pour l'attirer un peu plus à lui, et c'est avec légèrement plus d'aisance que ses lèvres parcoururent à nouveau la virilité d'Adam. Assez vite il se mit à suivre le mouvement déjà initié par celui-ci, la sensation grisante de plaisir partagé, décupla son plaisir plus qu'il ne l'aurait d'abord imaginé. Tout ça était décidément nettement plus agréable que ce qu'il avait pu concevoir – faut vraiment lui interdire les pornos, à ce gamin. Le plaisir se faisait plus fort et incontrôlable à mesure que leurs caresses se faisaient plus pressantes. Et il eut de plus en plus de mal à se consacrer à son amant tellement son propre les sensations le submergeaient.

Jusqu'à ce qu'il ne puisse plus s'y consacrer du tout, Salem laissa sa tête glisser contre le ventre de son ami en se laissant complètement aller. Ses gémissements à peine contenus résonnèrent contre les pierres – les 1457... pierres – tandis qu'il se libérait, il resta un petit moment contre lui à reprendre son souffle, avant de se redresser sur les genoux pour se mettre au-dessus d'Adam, bien décidé à l'achever pour de bon, cette fois Sans faire de cérémonie, il prit à nouveau sa virilité entre ses lèvres et suivit immédiatement un rythme soutenu – faudrait pas que ça refroidisse. Ses mains, qui étaient restée sages depuis leur petit tour dans le bosquet vinrent se poser innocemment sur ses fesses pour les caresser, en se rapprochant subrepticement de l'intérieur de ses cuisses. L'objectif n'étant évidemment que de rappeler à Adam d'autre gestes qui sauvent qu'il avait très certainement oubliés – c'est comme ça l'enseignement, répéter, et répéter encore.

Concentré sur sa leçon, jouant de la langue d'un côté et de ses doigts de l'autre, Salem en oubliait presque ce qui arrivait lorsqu'un garçon atteignait le saint des saints. Heureusement, les cours étaient fait pour ça et Adam le lui rappela très concrètement en emplissant sa bouche de... Salem se redressa d'un bond, en avala la moitié en toussant, cracha le reste dans l'eau et essuya comme il pouvait son menton avec un bout de serviette.

« Oh la vache... »

Puis se disait que sa réaction allait peut-être – sûrement – donner l'impression à Adam qu'il l'avait sali à jamais et qu'il ne s'en remettrait pas, il entreprit de le rassurer même s'il faisait encore un peu la grimace.

« Ça va t'inquiète, je l'avais vu venir, presque. »

C'était un peu dégoûtant, mais ça faisait déjà un challenge de réussit pour le week-end.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyMar 4 Déc - 20:48

A vrai dire, si les anciens amants d’Adam avaient pu le voir — et, merci bien, ils ne le pouvaient pas — ils eussent probablement été étonnés par la retenue dont l’Asiatique faisait preuve, lui qui s’était souvent distingué dans le passé par un style pour le moins… enthousiaste. Sauvage, même. Le fait que ses précédents amants fussent tous beaucoup plus expérimentés que Salem avait sans doute joué dans sa propension à exprimer son affection de manière fort athlétique.

C’était aussi que, jusqu’à lors, le sexe avait été pour Adam beaucoup moins une union charnelle qu’une manière de procurer et de se procurer un plaisir presque entièrement physique, partagé certes, mais qui n’avait pas l’intensité inexplicablement mystique qu’il éprouvait quand il s’offrait et possédait Salem — ce n’était pas exactement une surprise pour lui, car son imaginaire romantique l’avait de longue date convaincu que, lorsqu’on était amoureux, tout était mieux ; la seule surprise était que cela pût lui arriver, à lui.

Il trouvait ainsi à constater que l’habileté de ses lèvres forçait celles de Salem à abandonner leur caresse une satisfaction supérieure à celle qu’il eût goûté en profitant simplement de la soudaine dévotion de son amant. La confusion grandissante dans laquelle le plaisir plongeait l’adolescent flattait non seulement l’orgueil mâle d’Adam — qui aimait à voir qu’il s’y prenait comme il le fallait — mais également son amour pour cette adorable, gémissante et tactile déesse qui s’alanguissait (quoique fort tendue) contre lui.

Parce qu’il était parfaitement pervers sans doute (par intermittences), Adam attendait pour sa part la jouissance de Salem avec un certain plaisir ; c’était un peu comme les épinards : il avait appris à aimer. Alors le prix de ses efforts, contrairement à ses premières expériences, ne lui inspira aucun dégoût, ce qui en disait long finalement sur l’authenticité de son innocence médiévale.

Il libéra lentement Salem, avant de se retourner pour l’enlacer, sans songer que son compagnon pouvait désirer reprendre ses initiatives novatrices. Avec le souci perpétuel et un peu névrotique de ne surtout pas s’imposer, et particulièrement de ne pas imposer ses désirs, Adam ne songeait guère qu’à rester allongés quelque temps sur ce lit de serviettes, avant de regagner paisiblement la chambre, pour chercher un restaurant sur internet.

Mais Salem avait décidé d’intercaler dans ce nouvel emploi du temps digne Mr. and Mrs Johns une activité plus digne de Mr. and Mr. Cordova-Tenseï. Sans s’en rendre compte, Adam se retrouva plaqué contre le sol avec un peu plus de force qu’auparavant et à nouveau capturé par les lèvres de son amant — la surprise fit s’effondrer ses sages réflexions dans un long et peu chaste gémissement, tandis que ses cuisses s’ouvraient un peu, si d’aventure les mains de Salem désiraient se faire un peu plus inquisitrices.

Soumis donc à une forme de Question qui eût indubitablement redoré le blason de l’Inquisition espagnole si elle avait été popularisée à cette époque, Adam avait un peu de mal à maintenir ses bonnes résolutions, notamment celle qui lui prescrivait de se retirer des lèvres de Salem avant le dernier moment, pour ne pas imposer à l’adolescent une expérience qui, concrètement, pouvait n’être pas toujours très plaisante, et que certains interprétaient (à tort selon Adam, il était vrai) comme une forme d’humiliation.

Hélas, Salem, pour un débutant, ne manquait pas de talent — un talent qu’Adam comptait bien développer — et, du bosquet à la piscine, la constance de l’Asiatique avait été mise à trop rude épreuve pour résister encore longtemps, si bien qu’à sa propre surprise (et bientôt à sa plus grande consternation), Adam s’abandonna dans la bouche de l’adolescent — dont la réaction ne se fit pas attendre. Ce qui évidemment coupa court aux derniers flux de plaisir chez Adam, pour leur substituer une culpabilité immédiate, écrasante et temporairement irrémissible.

Le jeune homme se redressa, tandis que remontaient en lui toutes les craintes qui avaient jadis fleuri lors de leurs premières et malheureuses étreintes. Il murmura d’une voix parfaitement contrite :


— …désolé…

Bien entendu, la réponse de Salem, qui l’enjoignait de ne pas s’inquiéter, n’eut absolument aucun effet sur le devin. Salem, de toute évidence, avait été traumatisé et s’il cherchait à le cacher, c’était parce qu’il craignait sa réaction de tyran pervers et violent. Rien de plus clair. Convaincu, comme deux ou trois mois auparavant, d’être un monstre fini, Adam se releva en ajoutant :

— Je vais… J’vais chercher nos vêtements. On va remonter, tu pourras… J’sais pas. Te laver les dents.

Et sans laisser l’occasion à Salem, décrété victime d’office, de protester, Adam partit collecter les effets que l’adolescent avait semé ici ou loin, se rhabillant au fur à mesure qu’il trouvait les siens. Il avait déjà remis boxer et pantalon (pour cacher l’arme de son délit, vraisemblablement) quand il revint poser les vêtements de Salem à côté de l’adolescent et, pour ne pas avoir à affronter son regard, repartit aussitôt mettre les serviettes dans la corbeille à serviettes.

Puis il s’ingénia à mettre un temps infini à enfiler ses chaussettes et son tee-shirt, une activité qui nécessitait soudain de sa part la plus grande concentration. Le couple sortit enfin de la piscine pour remonter dans la chambre, dans un état d’excitation considérablement diminué. Adam trainait des pieds, les mains dans les poches, les yeux baissés, mais brutalement le silence fut rompu par un murmure paniqué :


— Non… non non non…

Adam releva les yeux vers Salem — des yeux qui commençaient à s’emplir de vagues noires. Soucieux de ne pas imposer à son ami la difficile tâche de devoir le traîner jusqu’à leur chambre, ce qui, même dans un hôtel presque désert, pouvait attirer l’attention, Adam courut aussi vite que possible à la porte de la chambre, s’y reprit à plusieurs fois avant de parvenir à l’ouvrir, alors que la réalité commençait à disparaître et, bientôt, un bruit sourd annonça qu’il était tombé sur le sol, rattrapé par sa vision.

***

Salem. Salem en blanc, et bordeaux, en costume, à la fin d’une large allée. Et lui à droite. Et le maire de New-York devant eux. Et des rangées de chaises avec un public derrière eux. Et une musique — une musique classique — il la connaissait, celle-là, il l’avait déjà entendue, quand il était petit, une sorte de marche. Toute cette configuration lui était familière. Il jeta un coup d’œil à sa droite. Sa sœur attendit, debout, en robe du dimanche, et elle tenait à la main une petite boîte, comme pour les bagues. Et le maire parlait, disait quelque chose, quelque chose qui fluctuait, non, finalement, c’était très net, il disait : « Nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer le mariage de Salem Cordova et Adam Tenseï… »

***

Une heure plus tard, Adam rouvrait des yeux embrumés — avec un sourire béat.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyMer 5 Déc - 12:44

(Bon okay j'avoue, j'ai eu un sourire débile en lisant. En plus mon prof d'informatique à dit que ça s'était déjà vu, un enfant avec deux pères biologique, l'avenir sourit aux Cordova-Tenseï ! )

Il n'y avait pas que Brad qui pouvait faire des rechutes, en cet instant Salem se sentait aussi perdu et désemparé que durant le départ difficile de leur relation. C'était sans doute le signe que quelque chose n'allait toujours pas dans le domaine de leur relations intimes. Même si pour le reste leurs progrès avaient été formidables, les craintes et les doutes des deux garçons sur ce sujet, pourtant si important, avait été laissées de cotés et ressurgissaient donc telles quelles à présent. En voyant Adam s'éloigner, Salem se sentit tout à fait minable. C'était encore de sa faute, évidemment, s'il avait eu la même aisance qu'un acteur porno ils n'en seraient pas là. Dans le malaise grandissant, il laissa Adam prendre tout le temps qu'il voulait pour se rhabiller, même si lui s'était dépêché d'enfiler ses vêtements, pressé de sortir de là et de cacher à nouveau le problème sous le tapis. Il ne put s'empêcher de se demander pourquoi toutes ses premières fois finissaient comme ça, certainement, quelque chose n'allait pas chez lui. Puisque c'était comme ça il n'allait plus rien faire de nouveaux dans la matière, voire plus rien faire du tout, dans quelques mois ils ressembleraient au couple Johns et ce serait réglé.

Silencieusement, il suivit Adam dans le couloir en fixant ses pieds et sans oser prendre la parole, le ne voyait pas quoi dire pour que son compagnon ose encore le toucher un jour après ça. L'expérience avait beau ne s'être pas si mal passée, elle lui laissait maintenant un goût amer – sans mauvais jeu de mots. Pour ne rien gâcher, son compagnon sembla se sentir mal, Salem regarda immédiatement ses yeux pour savoir si c'était son pouvoir ou pas et vit les volutes sombre les envahirent

« Adam ? »

Salem voulut lui prendre le bras et le faire asseoir pour éviter qu'il ne se fasse mal en tombant mais celui-ci ne se montra pas très coopératif. Un peu surprit, il le vit partir en courant vers la chambre et disparaître dans la pièce avant d'entendre un bruit sourd. Le cœur quelque peu mit à mal par ce problème supplémentaire et son éternel incapacité à aider Adam ne serait-ce que pour lui éviter de se fracturer le crâne, Salem s'empressa d'entrer dans la chambre, et après avoir fermé la porte, vérifia que son ami ne s'était pas blessé dans sa chute.

Ça avait l'air d'aller, physiquement du moins parce que, sans aucuns doutes, il allait passer les prochaines heures à voir un viol sous tous les angles, ou peut-être un meurtre dans une piscine, ou alors dans une baignoire comme sur l'un des tableaux qu'ils avaient vu en se promenant. Après tout, ses visions semblaient en général liées à ce qu'Adam avait vécu peu de temps avant, et il était évident que l’événement le plus marquant de la soirée n'était pas la touchante surprise qu'il lui avait faite, ni le romantisme du lieu, ni leur projet d'appartement ou leur étreinte au bord du bassin, mais bien son cuisant échec. Concrètement, Salem ne fut pas vraiment inquiété par cette manifestation soudaine de son pouvoir, cela faisait partie de son quotidien depuis que son ami partageait sa vie, il en avait vu d'autre et c'était plus ce qui arriverait après qu'il le préoccuper. Peut-être n'aurait-il plus envie de s'amuser et voudrait-il rentrer ? Avec la vision et leurs précédentes aventures, ce n'était as impossible. Il se contenta pour le moment d'essayer de le mettre au lit sans se rouvrir le ventre – il ne manquerait plus que ça – et après quelques minutes laborieuses, borda son ami tandis qu'il convulsait joyeusement.

Bon, il n'y avait plus qu'à attendre, Salem le regarda un moment avant d'aller dans la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage et boire quelque chose de plus neutre. Il se trouva vraiment une tête de chien battu en se voyant dans le miroir, avec ses cheveux ruisselant et son tee-shirt collé à la peau parce que dans son envie de fuir, il n'avait pas vraiment prit la peine de se sécher. Ses yeux trahissaient encore ce qu'il venait de faire et sa bouche...

Moui bon, mieux valait surveiller Adam que de rester là à se remémorer ce qu'il avait pu faire... Une serviette sur les épaules il s'assit sur le bord du lit et se sécha un peu mieux, il passa ensuite le reste de son temps à se morfondre piteusement dans son coin. Jusqu'à ce qu'un mouvement d'Adam lui signale qu'il était en train d'émerger, Salem se pencha aussitôt sur lui.

« J'suis désolé pour tout à l'heure, mais fallait pas t’inquiéter, c'était vraiment rien j'ai juste été un peu... surprit, on va dire, mais c'était bien ! »

Vouloir rassurer Adam, c'était bien aussi, mais il ne se rappela qu'après que ce n'était pas parce qu'il avait ouvert les yeux qu'il était tout à fait revenu de ses dimensions parallèles. Il avait d'ailleurs l'air particulièrement à côté de la plaque cette fois-ci, il souriait même, pour sourire après avoir vu un crime odieux et non élucidé, c'était sans doute que ce traumatisme de plus avait été celui de trop, et qu'Adam était devenu taré, ou alors sa chute sur le parquet avait fait plus de dommages qu'il ne le croyait. Cependant il n'en aurait le cœur net que quand le prophète serait pleinement de retour, il attendit donc.
Cinq minutes.

« Je sais que je suis pas encore très doué mais je m'améliorerais, promis. Je t'aime, j'voulais pas te décevoir, mais faut pas... faut pas que ça nous re-bloque, toute façon je te laisserais pas faire. Je suis pas une pucelle moyenâgeuse, moi, même si des fois on dirait. »

Hum... Salem fixa les yeux de son ami, c'est bien ce qu'il semblait, il est encore un peu perdu, ce qui était plutôt embêtant pour engager une discussion importante, quand même. Surtout qu'elle était assez gênante pour qu'il n'ai pas envie de se répéter, il sentait déjà qu'il avait le rouge aux joues.

« Ça va ? T'as l'air un peu... »

Bizarre, ça c'est sûr, Adam était pas spécialement démonstratif de nature – c'est le cas de le dire – alors le voir sourire était déjà un peu étrange en soi, mais là, il avait en plus l'air très... il ne savait pas trop, content en tout cas, pas comme il avait pu l'être avant de sauter dans la piscine, mais content quand même. Salem se demanda s'il pouvait lui poser des questions sur ce qu'il avait vu, depuis sa confrontation avec Rylan il avait préféré éviter de se mêler de la vie de super-héros d'Adam, mais c'était quand même difficile pour lui de ne rien savoir.

« Heu... »

Non, ce devait encore être vraiment horrible, mieux valait ne pas savoir.


On dirait l'oeil d'Adam O:
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyMer 5 Déc - 22:22

Des petits papillons voletaient dans l’esprit d’Adam Cordova-Tenseï ; des licornes gambadaient dans son cœur sur des arcs-en-ciel enchantés et Dorothée se promenait avec Toto tout autour de lui en chantant la mélodie du bonheur. Quelque chose comme cela. D’ordinaire, Adam se fût fait la réflexion qu’auprès de Salem, il avait une étrange propension à se sentir à la fois complètement stupide et parfaitement heureux, mais les répliques du séisme prophétique qui venait d’agiter sa conscience du temps ne lui laissaient guère le loisir d’explorer des réflexions si élaborées.

Le fait que Salem le surprît pour ainsi dire au saut du lit en lui déversant des mots qu’il ne comprenait pas dans les oreilles, mais qui se répercutaient contre les replis de son cerveau et faisaient émerger des bouts de visions si inintéressantes que, d’ordinaires, elles n’eussent jamais fait surface, n’étaient pas pour aider à sa reprise de contrôle. Pendant que le mot « surpris » imposait fugacement à ses yeux le prochain goûter d’anniversaire de la petite Mary, dans le Delaware, au mois de mars et que celui de « pucelle » évoquait la fête médiévale de Bergerac, il y avait de cela deux ou trois mots, Adam tentait de se concentrer sur quelque chose de plus immédiat et de plus concret.

Mais il fallait bien avouer que l’envie lui en manquait un peu. A mesure que son esprit rassemblait les bribes de sa propre chronologie, celle de son existence personnelle, et constatait que le dernier événement en date était enregistré sous l’étiquette « tu as encore brutalisé Salem comme l’infâme pervers psychopathe que tu es et il ne voudra plus jamais te toucher », Adam trouvait beaucoup plus agréable de rester confortablement lové dans le futur, où tout un public l’applaudissait, lui et son nouvel époux.

Il n’avait donc absolument rien compris à ce que Salem lui avait raconté, à part que cela impliquait la trousse Hello Kitty de Mary et les joutes de chevalier. Hélas, son don avait le double vice de se déclencher quand il ne le désirait pas et de ne pas se poursuivre quand il le souhaitait, si bien que le devin ne parvînt pas à susciter à nouveau cette agréable vision — alors qu’il n’avait pas eu le temps de voir les anneaux, et les chaussures que portaient Salem, et les boucles d’oreilles de sa future belle-mère.

Ses yeux firent le point et découvrirent un Salem nettement moins radieux (mais tout aussi nerveux) que celui de sa vision.


— Hmmm ? De quel côté ?

Après cette question fort à-propos (le lendemain, quand le préposé aux inscriptions lui dirait de rejoindre son stand), Adam entreprit de se redresser sur le lit — tiens, il ne se souvenait pas s’être effondré sur un lit. Machinalement, il jeta un coup d’œil au tee-shirt de Salem, pour s’assurer qu’une grande tâche de sang ne suggérait pas quand l’effort fait pour le hisser sur le matelas géant, son compagnon s’était éviscéré.

La question de son ami atteignit finalement son esprit — sans lui offrir une réponse très simple. Il était à la fois aux anges à cause de ce qui allait se passer (et toute idée de futur possible, fragile, incertain, était jetée aux oubliettes pour l’occasion : pour une fois Adam avait une confiance aveugle en son pouvoir) et traumatisé par ce qui s’était passé. Le sourire du jeune homme disparut.


— Ca va… Je suis… C’était… Particulier.

Après ce bel euphémisme, Adam se mit à scruter avec une intensité singulière les traits du visage de Salem, dans l’espoir de déterminer si le Salem de sa vision était beaucoup plus âgé que celui qu’il avait devant lui. A dix-huit ans, Salem était encore en pleine croissance, alors tout cela ne devait pas être trop difficile à déterminer. Mais l’air fatigué, perplexe et contrit de l’adolescent ne favorisait guère la comparaison.

— T’as l’air bizarre…

C’était l’hôpital qui se moquait de la charité avant de lui rouler dessus avec une ambulance. Mais, pour une fois, Adam était résolu à ne pas laisser les choses s’aggraver dans le silence d’une pudeur mal placée et à ne pas pousser la poussière de leurs infortunes sexuelles sous le tapis de la fierté et de la culpabilité. Non : il voulait rencontrer le maire de New-York, il voulait son mariage, et probablement le repas qui allait avec (mais pour les jeux stupides et vulgaires, c’était d’avance hors de question — son mariage, ce serait un mariage de princesse, la musique en moins).

A ces réflexions, un nouveau sourire crétin s’était installé sur ses lèvres, qu’il s’empressa de réprimer, pour avoir l’air sérieux et entamer une conversation sérieuse, très sérieuse, puisqu’elle concernait l’usage qu’ils feraient de leur stock conséquent de préservatifs.


— J’suis désolé pour tout à l’heure, Salem. C’était… Tu t’y prenais très bien, et j’ai perdu le contrôle, alors que j’aurais dû me retenir. J’voulais pas t’imposer ça. D’autant moins que je sais que c’était pas un truc avec lequel t’étais très à l’aise.

Et à en juger par l’air embarrassé qu’il avait adopté dès les premiers mots, Adam était pour sa part beaucoup plus dans son domaine lorsqu’il s’agissait d’agir que d’en parler. Fort heureusement, Martha ne songeait pas à lui confier le dossier « Education sexuelle » après sa mission à l’urbanisme social (vraisemblablement parce que l’ensemble du Congrès l’accuserait de vouloir transformer l’Amérique en pays d’invertis libidineux et damnés — ce qui possiblement entamerait les chances du succès du Parti Démocrate aux prochaines élections).

Adam était occupé à triturer très consciencieusement un bout des draps et à ne pas regarder Salem. Il reprit néanmoins :


— J’espère que tu sais que t’es pas obligé de faire quoi que ce soit. Je sais que… J’ai un peu de mal à te dire ce dont j’ai envie et… enfin, j’ai peur de m’imposer, ou d’aller trop vite, ou d’être trop… physique, je sais pas. J’ai un peu peur que tu me juges, aussi. C’est bête, sans doute, mais enfin, voilà.

Je suppose qu’on devrait en parler plus, comme on parle du reste, pour que ça aille mieux. Et même, de toute façon, la plupart du temps, c’est très bien, hein ! Juste, j’ai pas envie… J’ai pas envie qu’on recommence comme au début.


Moitié pour couper court à une conversation qui serait de toute façon embarrassante, et parce qu’il désirait plutôt rassurer Salem provisoirement que de se lancer séance tenante dans cette discussion, moitié par un élan de sincérité ventrale, le jeune homme rajouta d’une voix songeuse :

— J’ai faim.

Ce qui, Salem avait pu s’en rendre compte, lui arrivait à peu près en permanence.

Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyJeu 6 Déc - 17:04

De quel côté ? Salem ne put s’empêcher de regarder l’autre côté du lit avant de se dire que ces mots ne lui étaient probablement pas adressés, ou qu’ils concernaient probablement un extrait de leur futur – savoir de quel coté du couloir installer leur chambre dans le nouvel appartement, peut-être. Salem n’y prêta pas vraiment attention, ce fut plutôt la nouvelle remarque qui lui fit hausser un sourcil, lui, il avait l’air bizarre ? Et bien, qui se ressemble s’assemble, comme on dit, parce qu’Adam avait beau avoir un peu récupéré ses esprits, il n’avait pas l’air très net non plus. Salem essaya quand même d’avoir l’air un peu moins préoccupé, histoire qu’Adam ne se sente pas encore plus coupable. Il se frotta un peu les yeux, essaya de remettre ses cheveux en place – mais ceux-ci profitaient que son gel soit partit dans la piscine pour goûter à la liberté – et lui fit un petit sourire.

« Ça va, t’inquiètes. Puis dans le genre bizarre t’es pas mal aussi. »

Cette remarque le fit sourire de façon plus franche, même s’il était toujours un peu mal à l’aise, et que la suite de la conversation ne l’aida pas beaucoup, ses yeux se baissèrent instantanément vers un point indéfini du lit tandis qu’il écoutait. Adam n’avait pas l’air d’avoir entendu ce qu’il lui avait dit à son réveil, Salem ponctua donc sa réponse de « Mais non, t’inquiètes » et autres « ça va, c’était rien. » et ce jusqu’à arriver à la deuxième partie de sa réplique. À ce moment-là il se mit quand même à forcer les sourcils en réfléchissant intensément, avant de lancer d’un air un peu incertain.

« Que je te juge ? Pourquoi, t’as envie de quoi ? »

L’expression de Salem trahissait le fait qu’il s’imaginait probablement des choses un peu bizarres – ou plutôt qu’il se remémorait ce qu’il avait pu voir sur le net. Pour avoir si peur de sa réaction, il devait penser à des trucs vraiment… ou alors il croyait vraiment que Salem était en sucre, peut-être, tout ça demandait réflexion. Des réflexions d’autant plus compliquées qu’il atteignait les limites de ce qu’il arrivait à concevoir d’une relation intime entre garçon, qu’est-ce qu’était ces choses inconnues auxquelles Adam faisait référence ? Voyons voir, peut-être qu’il aimait le cuir et le martinet, les menottes ? Ou les plans à plusieurs, avec un nain et de la chantilly au chocolat, heu… ou peut-être que son usage des légumes ne s’arrêtait pas à la cuisine, aussi… Qu’est-ce qui pourrait être « trop physique » d’ailleurs, trop physique… le sexe, c’est déjà physique de base, alors… Sans doute faisait-il référence à quelque chose de plus hard… le poing ?

Salem avait un peu cessé d’écouter, trop occupé à se fabriquer de nouveaux complexes, et aidé en cela par tout un tas de vidéos bien crades qu’il avait eu la curiosité – pour sa culture personnelle, évidemment – de visionner. Pour débloquer la situation, c’était de plus en plus mal barré, et malgré sa bonne foi Adam n’arrangeait pas les choses.

« La plupart du temps, ah... »

Salem avait palis d’un coup, donc, il y avait donc eu des moments où ça n’avait pas été bien du tout, et puis « très bien » il était content lorsqu’il pouvait lire ça sur ses feuilles de contrôles. Mais même en connaissant la retenue de son ami, entendre ses mots de sa bouche, deux fois de suite, cela lui faisait plutôt penser qu’il ne trouvait rien d’autre à dire sans avoir à mentir. Il n’osait simplement pas lui avouer qu’il était loin d’être exceptionnel, parce que, sans aucuns doutes Adam avait connu mieux. Il avait eu avant lui un paquet de copains nettement plus expérimentés, alors forcément Salem ne tenait pas la comparaison, et ses incertitudes devaient plus l’agacer qu’autre chose.

C’était la fin du monde, il fallait tout changer sûrement, arrêter de douter sans arrêts, avoir l’air assuré, aller plus vite, faire des trucs physiques, ne pas s’étonner des nouveautés, ne pas tout recracher... Tout un programme, sauf qu’il doutait un peu d’y arriver, mais il n’avait pas le choix s’il ne voulait pas passer de très bien à juste bien, puis assez bien, à revoir, des erreurs et des confusions, vous devez vous ressaisir. L’horreur.

Encore plus perturbé, Salem se contenta de hocher la tête en entendant Adam, bien sûr, il avait faim, il n’avait rien mangé depuis qu’il avait piqué un bout pain et de fromage dans le frigo en rentrant du travail, ou quelque chose comme ça. Salem lui s’était contenté de grignoter un sandwich à midi et avait donc un gros petit creux aussi, et puis c'était un bon moyen de passer à autre chose.

« Y'a le restaurant de l’hôtel, mais sinon j'en ai vu pas mal en ville, je te laisse choisir. »

Comme ça, au moins pour le repas, il sera pleinement satisfait.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyJeu 6 Déc - 18:00

Le talent d’Adam pour rassurer ceux qui l’entouraient était inversement proportionnel à son sens de la psychologie et, en observant son compagnon réagir à ses propos et en percevant, dans le ton de sa voix, des inflexions inquiètes, le jeune homme fut contraint de se rendre à l’évidence : la déclaration qu’il avait conçue, dans la brume de son réveil, comme un instrument de pacification pour leur relation n’avait fait qu’envenimer les choses et compliquer un peu plus leurs ébats futurs.

Cette constatation le poussa bien entendu à culpabiliser, signe infaillible qu’il reprenait pleinement contact avec la réalité. Encore une fois, il s’était montré insensible, grossier probablement, brutal dans ses mots après l’avoir été dans ses gestes, indigne de la douceur et de la gentillesse de Salem, pervers et maladroit. La vie à ses côtés devait être une torture perpétuelle pour l’adolescent, qui finirait bientôt par se rendre compte des dangers peu fructueux auxquels il s’exposait.

Et naturellement, il irait voir David. Le souvenir de la vision dans laquelle Adam avait aperçu Salem en train de chérir trop corporellement David revint à l’esprit du prophète et, quand il la comparait à ce qui s’était passé dans la piscine, aux débuts de leur relation et à la réaction que venait encore de susciter leur énième discussion épineuse sur le sujet, Adam ne pouvait que se rendre à l’évidence : David était un bien meilleur parti pour son ami et il saurait le rendre pleinement heureux.

L’extase béate de sa dernière vision avait été finalement de brève durée. Le passage brutal du tableau idyllique de son futur désormais bien hypothétique et lointain à la rude réalité de son existence immédiate le laissait tout à fait découragé — il sentit les larmes lui monter aux yeux et, aussitôt, pour en prévenir le flux et dissimuler le spectacle de sa propre tristesse qui eût été, évidemment, une insulte pour Salem, il ferma les paupières et tenta de se calmer.

Il fit tous les efforts pour garder une voix neutre et murmura :


— Tu devrais te sécher et te changer. Tu vas attraper froid comme ça. Moi je vais… Chercher un restaurant sur Internet.

L’excuse n’était certes pas très crédible : la ville comptait tout au plus cinq rues principales qui formaient son centre-ville historique et qu’il eût été aisé de parcourir en une dizaine de minutes, pour avoir un panorama presque complet de tous les restaurants. Mais l’Asiatique avait besoin d’une bonne excuse pour s’éclipser, juste quelques secondes, et reconstruire son impassibilité.

Il rouvrit les yeux, adressa un vague et rapide sourire à Salem et se leva du lit — pour se rattraper de justesse au montant. Dans son magnifique projet d’évasion, il avait oublié qu’il sortait à peine d’une crise et que le monde, autour de lui, tournait un peu. Il se rassit aussitôt au bord du matelas, avec une légère grimace qui témoignait de la migraine que sa tentative de départ prématurée et inconsidérée lui avait imposée.

Le sang qui battait dans ses tempes ne favorisait guère ses plans d’accalmie. La douleur physique exacerbait la frustration de ne pas pouvoir conduire les discussions et nourrir la relation comme il l’eût désiré, la frustration de voir s’éloigner brutalement ce futur qui, quelques minutes plus tôt à peine, lui avait paru si proche et si réel. Il se sentait faible, détestable et méprisable ; au pied d’un mur trop haut qu’il lui serait à jamais impossible de gravir.

Tout ce qu’il avait souhaité — le week-end romantique, idyllique, un peu naïf sans doute, un peu mièvre peut-être, mais qu’il avait préparé avec un secret enthousiasme, l’appartement conjugal dans lequel il s’était déjà imaginé, le nom de Cordova-Tenseï — tout cela vacillait en même temps que le lit king size et les meubles Empire et il y voyait autant de témoignages qu’un homme comme lui ne méritait pas un compagnon comme Salem.

Pour se donner une contenance, le jeune homme sortit d’une main un peu tremblante son téléphone, s’y reprit à plusieurs fois pour tracer le code et il se mit à passer sans même les lire les descriptions des divers restaurants de la ville sur un site social, ainsi que les avis des internautes (qui étaient tous soit dithyrambiques, soit incendiaires).

Il reniflait de temps en temps, ce qui n’était pas très élégant, et finalement une grosse larme s’écrasa sur son écran. D’un revers de manche, il essuya ses yeux, posa le téléphone sur la table de chevet et déclara soudainement, comme un secret trop lourd pour être gardé en soi et qui forçait la barrière de ses lèvres :


— Tu seras beaucoup mieux avec David, tu sais. Serais… Seras. Vous allez bien ensemble, et puis, avec lui, ça a l’air de se passer bien, je veux dire, ça se passera bien, de toute évidence, et sur tous les plans. Ou alors avec Jenny — elle, au moins, elle sourit, et puis avec elle tu sais que y a pas de problèmes, et puis c’est facile, c’est une fille.

Parce que là, bon, j’ai encore tout gâché, et je fais tout le temps ça, je gâche tout avec toi, et à chaque fois que j’ouvre la bouche, même quand c’est pour arranger les choses, t’es encore plus triste. Je viens de voir notre mariage et la minute d’après, j’ai l’air de t’balancer que t’es un mauvais coup, si c’est pas être nul, ça, j’sais pas c’que c’est.


Peu désireux de s’apitoyer sur son propre cas, Adam leva les yeux vers Salem et reprit :

— Tu devrais pas perdre ton temps avec moi, Salem. T’es quelqu’un de parfait. T’es intelligent, et drôle, et généreux. T’es sociable, gentil, et attendrissant. Fragile. Tu mérites que quelqu’un s’occupe de toi. Prenne soin de toi. Tu mérites pas qu’des mutants essayent de t’assassiner avec des couteaux de cuisine parce que tu sors avec un type qui vit en enfer.

J’espère que tu t’rends compte que j’te mérite pas. Que tu fais rien mal. Que t’es pas un mauvais coup. Quand je te vois, j’ai envie de t’plaquer contre le mur pour te faire l’amour ou d’me mettre à quatre pattes sur la moquette, comme tu disais… Pas tout le temps. Je veux dire, pas tout le temps comme ça. Je sais pas. J’ose pas te dire ces choses, parce que j’veux pas être… parce que c’est trop vulgaire pour toi. Trop brutal. Je suis trop brutal.

Tu vois, j’ai l’impression que ça a déteint sur moi, que c’est partout dans ma tête, et sur ma peau, et dans mon ventre, tout ce que j’ai vu, en vrai et dans mes visions, le sang, et la peur, et les cris, et les coups, j’ai l’impression que j’suis devenu laide, et rude, et violent à l’intérieur. Parfois… Parfois…


Embarqué dans l’une de ses confessions névrotiques, à la fois salvatrice et inquiétante, dans lesquelles il passait toujours insensiblement de la certitude professée que Salem devait partir à l’explication de ses maux intérieurs pour que Salem le comprît et pût rester, sans se rendre compte lui-même que ses propos cherchaient beaucoup plus à se livrer plus entièrement encore à l’adolescent qu’à se séparer de lui, Adam s’interrompit en butant sur une réalité trop sinistre à ses yeux de son existence puis, ayant déglutit péniblement, emporté par le flot de ses émotions, reprit en désespoir de cause :

— Parfois j’me suis laissé prendre, je sais pas, comme une bête, ou quelque chose comme ça, quelque chose de vraiment, complètement, brutalement physique, et c’était bien, je veux dire, c’était satisfaisant, et je veux pas… Je veux pas faire les choses comme ça avec toi, et quand j’ai envie qu’on soit plus… plus sauvages… J’ai peur que ça redevienne pareil. Je veux pas que tu partes. Je veux pas que tu me trouves sale, dégoûtant et violent, et que tu partes.

Donc, si cela ne tenait qu’à Adam, David et Jenny pouvaient aller se rhabiller, finalement — fausse alerte.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyJeu 6 Déc - 21:46

Dans d'autres circonstances, Salem se serait sans doute un peu emporté en entendant Adam lui suggérer de partir avec un autre, comme si tout ce qu'ils avaient vécus étaient sinon jetables, au moins aisément remplaçable. Lui si prompt aux réactions vives et immédiates fut dans un premier temps tenté de le secouer, de lui faire comprendre avec force brutalité à quel point il faisait fausse route. Mais il apprenait, à force, le Salem, et loin de voir dans ces mots un signe d'abandon, une envie de tout arrêter pour se tourner vers quelque chose de plus facile, il ressentit pleinement la détresse de son compagnon. De façon plus criante encore que s'il avait exprimée directement. Sans doute le fait qu'Adam sembla sur le point de s'écrouler aidait aussi, les migraines et les vertiges, Salem connaissait par cœur, il n'avait aucun mal à deviner ce qu'il pouvait ressentir en ce moment même. Mais surtout, il avait mûri, il avait appris à le connaître et peu à peu les choses lui paraissaient plus claires.

Avec une douceur rare pour lui, Salem entoura son ami de ses bras et le prit contre lui comme s'il était un tout jeune enfant qui avait un chagrin inconsolable. Il maintenu sa tête dans son cou en lui caressant les cheveux, se balançant légèrement pour le bercer tandis qu'il vidait son sac et continuant même après, alors que le silence n'était brisé par les très discrets sanglots d'Adam.

« T'es un amour, Adam. »

La voix de Salem était un peu lointaine, tout ce qu'il venait de lui dire tournait dans sa tête et se liait à ce qu'il savait déjà, répondant à certaines questions pour en poser d'autres, et donner plus de force à ses sentiments.

« Il t'arrive des choses horribles tous les jours, mais ce n'est pas toi qui est violent, c'est ce que tu vois, c'est ce que d'autres font. Et je les hais tous autant qu'ils sont pour ça. J'me prend trop la tête parce que, j'aimerais qu'avec moi ce soit différent, que tu aies quelque chose de... stable, de sûr, où tout irais bien, où tu pourrais te reposer de tout ça. Sans doute que je transpose un peu mes propres problèmes sur toi, parce moi aussi mon pouvoir me prend la tête et que j'aimerais bien me reposer parfois. Mais j'ai beau essayer, j'ai plutôt l'impression de rendre les choses encore plus difficile pour toi, comme si t'avais pas assez de soucis... »

L'épreuve de la confession névrotique auquel s'était si souvent adonnée Adam était plus compliquée qu'il n'y paraissait et Salem, pourtant nettement plus loquace que lui quand il s'agissait d'énoncer des banalités et de faire dans l'humour ou le social, était là nettement moins doué que son compagnon. Cependant il n'abandonna pas, et après une inspiration qui trahissait que ses yeux aussi étaient un peu trop humides, il enchaîna.

« Et ça me tue de voir que je suis incapable de te protéger, que je suis pas à la hauteur même pour des trucs tout bêtes, que je vois pas quand tu vas mal, que je t'enfonce encore plus dans les moments où je devrais te remonter le moral, que je... ce week-end que tu as préparé, j'aurais jamais cru ça de toi avant. Pourtant en y réfléchissant, c'est vraiment ton genre, maintenant je te vois bien étaler des pétales de roses sur le lit et préparer un dîner aux chandelles. Mais je m'en rend compte tard, j'aurais du le voir depuis longtemps mais avec toi je réfléchis pas autant que je le devrais, je réagis toujours avec les tripes et je casse tout. J'arrive pas à prendre du recul et j'ai l'impression de faire presque autant de mal que les horreurs que tu peux voir.

Je te juge pas mon ange, tu peux me les dire ces choses-là, y'a pas de mal. Tu es beau, je te jure. Tu es adorable, tu m'as touché comme jamais personne ne l'a fait. J'aimerais tellement que tu comprennes qu'avec moi t'as pas besoin de te torturer comme ça. Je sais que c'est de la folie, qu'on se connaît à peine, qu'on en aura sans doute jamais fini avec les turbulences, mais je veux t'épouser, je veux faire des projets avec toi, je veux que tu parles quand tu en a besoin et que tu me plaques contre le mur quand tu en as envie. Je veux que tu saches qu'avec moi tu peux être toi et que tout ira bien parce que tout ce que tu fais m'éblouis. Tu es splendide, Adam. 
»

Salem embrassa ses cheveux et fit glisser une main sur son ventre juste pour le plaisir d'effleurer son corps. Sa révélation l'avait mis dans un état étrange, il avait des papillons dans le ventre et l'impression de nager dans une dimension où la seule chose tangible était son amour pour Adam et la confiance aveugle qu'il avait en leur avenir, quel que soit leurs mésaventures passées. Ce futur qu'ils avaient au départ imaginé en plaisantant, il avait l'impression de pouvoir le toucher du doigt. Ce n'était pas le fait qu'Adam l'ai vu qui le lui confirma, car après tout, il l'avait vu avec David, c'était cet hôtel, c'était le nom avec lequel cette chambre avait été réservée. C'était leur confessions actuelles et passés, ce qu'il avait pu ressentir en entendant les infirmières parler de ce mariage, en en parlant à ses amis, à sa mère, en accueillant Adam dans son studio. Au final, et malgré cette expérience malheureuse et les quelques doutes qui pouvaient encore planer sur leur relation, il ne leur manquait que très peu de choses, presque rien.

« Est-ce que tu veux m'épouser, Adam ? »

Quelques petits rien qui en valent beaucoup.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyJeu 6 Déc - 22:49

Salem avait l’extraordinaire et discutable privilège d’accéder, semaine après semaine, aux secrets névrotiques qui s’étaient accumulées année après année dans l’esprit torturé d’Adam et que des générations successives de psychologues scolaires s’étaient tour à tour essayés à mettre au jour, sans jamais rien obtenir qu’un silence fermé dans le meilleur des cas et, beaucoup plus souvent, des sarcasmes acides.

Sous les yeux de Salem, au fil des jours, Adam avait révélé, la plupart du temps malgré lui, les liens irrationnels que son esprit n’avait cessé de former entre les diverses parties de son existence, les fondements mystérieux de son omniprésent sentiment de culpabilité, de son désir de sauver le monde, de sa propension à manipuler ceux qui l’entouraient, de son indifférence flegmatique et presque maladive aux vicissitudes de l’existence.

Il avait révélé encore ce qu’il avait de meilleur et que le sentiment de sa propre infirmité, une certaine pudeur mal placée, l’avait conduit à maintenir également caché : ses espoirs idéalistes dans l’avenir de la politique démocratie et des institutions républicaines, sa passion pour les sports, les jeux, les rêves, toutes les règles inutiles et ludiques qui rompaient le sérieux oppressant du monde, son romantisme de jeune homme rêveur que des années de traumatismes n’étaient pas parvenues à broyer.

Alors Adam avait beau dire que la vie pour Salem serait plus aisée avec David, que Jenny lui correspondait mieux, et peut-être était-il même rationnellement convaincu de la justesse de ces affirmations, il avait suffi qu’il sentît le bras de son ami l’effleurer pour qu’il se réfugiât contre lui, enfouît son visage dans son cou et se mît à pleurer presque silencieusement, en serrant le tee-shirt encore humide que sa confession n’avait pas laissé à Salem le temps de changer, entre ses mains tremblantes.

Sans doute se sentait-il en sécurité — lui qui n’avait jamais accordé à personne sa confiance, et qui avait vécu dans le monde comme s’il s’était échappé d’une série d’espionnage, s’abandonnait à Salem, difficilement, laborieusement, et au prix de grandes crises et de torrents de mots plutôt que de discussions pacifiées et sereines, mais s’abandonnait malgré tout, comme il ne l’avait jamais fait ; alors, sous le chaos que constituait leur existence commune depuis leur premier rendez-vous s’était construite une indéniable stabilité.

A mesure que Salem lui parlait, le noyait sous les compliments et les excuses, les larmes d’Adam devenaient plus rares, ses hoquets plus espacés et, finalement, comme un enfant dont le chagrin insurmontable était finalement passé, il respirait paisiblement, pressé toujours contre l’adolescent. Il y eut un silence, Adam s’apprêta à répondre, sans trop savoir précisément ce qu’il avait à dire, mais la question finalement murmurée dans la quiétude surréelle de la chambre fit courir des frissons sur sa peau.

Cela faisait des jours qu’ils en plaisantaient, mais dans certaines de leurs conversations, la légèreté avait cédé la place à une gravité confuse, et ils avaient joué avec un avenir bien réel, en se cachant derrière les conventions sociales pour prétendre n’y voir qu’une fonction — alors que la société n’avait guère de cadre à leur offrir. Ce soir-là, le jeu se muait un engagement solennel, en un accord véritable, sérieux — enfin.

Adam se redressa pour regarder Salem dans les yeux, encore voilé de larmes, et murmura simplement :


— Oui.

Puis il poussa doucement Salem à s’allonger sur le lit, lui retira silencieusement son tee-shirt humide, pour pouvoir s’installer contre lui, la tête sur son épaule, une jambe passée au-dessus des siennes, une main sur son torse — dans une étreinte, cette fois-ci, véritablement chaste, mais non moins étroite et intime que celles plus charnelles qu’ils avaient souvent partagées. Adam se sentait dévasté, comme une plaine après une longue et violente bataille, quand l’herbe piétinée commençait à se redresser, et que la mort des légions n’était plus qu’un souvenir lointain.

Au bout d’un long moment, Adam reprit enfin à la parole :


— Je suis bien avec toi, tu sais. Je comprends que ça ne se voit pas forcément. Mais tout ça… Ce que je vis chaque jour, ce que tous les jours précédents ont accumulé dans mon crâne, cette… Façon que j’ai d’être. Difficilement. Par des détours. Par des effondrements soudains. Tout ça, ce serait pire sans toi, Salem.

Je sais pas comment t’expliquer ça clairement. C’est difficile à décrire. Pour toi, je ressens pas seulement une… disons une passion, quelque chose de fort, de soudain, des emportements. Il y a aussi autre chose, de différent, une confiance et un bonheur calmes, continus, solides. J’ai envie de dormir avec toi. Ou de faire les courses avec toi. Et de recalculer les factures d’électricité. Et ça, c’est… Parfait.

J’veux qu’un jour on soit deux papys et que toi, tu regardes les voisins à travers sept murs de béton et que tu critiques leur garde-robe, et que moi j’écoute les jeunes parler dans cinquante ans et que je me lamente sur leur stupidité, et qu’ensuite on joue sur nos consoles complètement has been à nos jeux vintages en se disputant sur la soupe qu’on mangera le soir.

Quand j’pense à ça, ça me rassure. Quand j’pense à toi, ça me rassure. Quand une vision arrive et que t’es près de moi, j’ai moins peur. Quand j’me sens triste et que t’es près de moi, ça va un peu mieux. J’ai accepté l’emploi au Parti pour t’impressionner, et que tu sois fier, et c’était une bonne chose pour moi. Et tout ce qu’on fait, c’est une bonne chose pour moi. J’veux dire, c’est pas que des trucs abstraits, ou seulement des sentiments, des sensations : concrètement, rationnellement, ma vie elle est mieux, parce que t’es là.


Du bout des doigts, il avait commencé à caresser la peau de Salem, traçant les contours de son torse. Il se redressa sur son coude libre et esquissa un sourire d’excuses.

— J’suis désolé, j’aimerais te dire ces trucs-là de manière plus poétique. J’suis pas super doué pour le lyrisme. Et puis les pétales de rose, tout ça, ça ruinerait ma réputation de baroudeur viril, tu vois.

Parce que le week-end en amoureux dans un hôtel de charme, ça, par contre, ça collait parfaitement au personnage qu’il cultivait — ou sa façon de cuisiner consciencieusement de petits plats en suivant scrupuleusement les indications d’un vieux livre de cuisine dont la couverture exhibait le sourire figé d’une ménagère des années 1950, c’était aussi parfaitement ce qu’on attendait de lui — bien sûr.

Sa main descendit sur le ventre, évitant soigneusement la cicatrice, qui pouvait être sensible encore.


— Tu dois avoir faim. Tu manges n’importe quoi au garage. T’aurais envie de quoi ?

Et cette fois, ce n’était plus une fuite — mais les préparatifs nécessaires à leur victoire demain. Et à leur nuit de fiançailles.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyVen 7 Déc - 15:38

C’était le calme après la tempête, sans doute. Dès que Salem eut entendu la réponse d’Adam, il se sentit incroyablement paisible, le contraste entre le déferlement de doutes et d’émotions de l’instant d’avant et cette soudaine certitude que quoiqu’il arrive tout irait bien, parce qu’ils seraient ensemble, accroissait son sentiment d’avoir touché le summum de la plénitude, c’était presque trop. Il se laissa allonger sur le lit en regardant d’un air parfaitement subjugué celui par qui son bonheur était venu. Sa main retrouvant le chemin de ses cheveux, pour finalement descendre dans son cou et sa nuque pendant qu’Adam le rassurait tout à fait.

Il n’y avait certes pas eu entre eux qu’une succession d’embrasement suivit de courtes périodes de calme, mais aussi tout le banal quotidien qu’ils avaient lentement construit et ne cessaient d’améliorer. Une foultitude de détails auxquels l’on ne faisait généralement pas attention parce qu’ils n’ont pas la richesse émotionnelle d’un film romantique, et qui sont pourtant tout aussi important, voire plus. Du baiser rapidement échangé en rentrant du travail aux longs discours politiques qui se lançaient un peu malgré lui, quand Salem tentait d’alimenter la conversation avec quelques bouts d’actualités grappillés sur le net, pour avoir l’air un peu plus intéressant à ses yeux – et qui finissaient généralement par un petit tour sur wikipédia pour comprendre pleinement ce qu’il venait d’entendre. Des conseils un peu maladroits de son ami pour la décoration de ses châteaux cubiques à sa moue boudeuse, lorsqu’il lui signifiait que puisqu'il souffrait encore le martyr, c’était à lui de passer l’aspirateur. Toutes ces petites choses créaient finalement le cadre calme et rassurant dont ils avaient tous les deux besoin pour s’épanouir, qui les rapprochaient chaque jour un peu plus, et qui avait pris corps dans l’engagement qu’ils venaient de se murmurer.

Alors qu’Adam s’excusait une nouvelle fois d’être lui, bien qu’il vienne de lui dire que c’était tout ce qu’il voulait, Salem lui fit un sourire. Il se redressa sur les coudes à son tour et déposa un baiser sur ses lèvres.

« Tu veux encore que je te dise que tu es parfait ? Je pourrais continuer toute la nuit si le faut. »

Il eut ensuite un petit rire.

« Ta réputation de baroudeur viril, hein ? Non mais j’aurais tout entendu, je vous jure. »

Peu importes où se situait Adam sur l’échelle allant du baroudeur viril à la pucelle médiévale, il était juste ce qu’il lui fallait. Et si sa fierté l’empêchait de faire des trucs bien mièvres, Salem pouvait s’y essayer pour lui – mais encore fallait-il qu’il se renseigne parce que c’est pas en lisant les nouvelles aventures de batman qu’il apprendra à le faire chavirer, il allait encore découvrir des terres inconnues grâce à lui.

Cela dit toutes ces bonnes résolutions, ces beaux projets, ces belles paroles s’effritèrent temporairement lorsqu’Adam lui rappela à quel point il avait la dalle. C’est que le temps passait, mine de rien, et le salami-jambon-dinde-emmental-tomates(pour les légumes)-mayo n’était depuis un moment déjà qu’un très lointain souvenir. Il fut un peu désespéré de constater qu’ils étaient obligés, pour leur survie, de quitter leur béatitude pour affronter le monde cruel qui les entouraient et soupira.

« J’aurais bien répondu « de toi », mais je crève de faim et toi aussi. »

Adam avait toujours faim alors ça ne comptait pas trop, mais bon, Salem clôtura leur étreinte par quelques bises, qui se muèrent en vrais baisers, auxquels s’ajoutèrent des mains baladeuses – la faute à Adam, tout ça, il l’a contaminé – avant de se dire que, décidément, même s’il aurait bien volontiers dévoré son ami sur place, son estomac posait son veto pour cette fois. Il finit par se détacher de lui à contre cœur et se leva pour se chercher un tee-shirt dans les sacs posés par terre, sans le vouloir il commença par ouvrir la valise d’Adam, et eut une seconde d’observation.

« Ça va, les préservatifs, tu crois qu’on en aura assez ? T’es vraiment un grand romantique quand tu t’y met.  »

Avec une discrétion très relative, Salem s’en prit quelques-uns qu’il fourra dans la poche arrière de son jean, celles de devant étant réservées pour son portable et ce que contient normalement un portefeuille sauf que lui il n’en a pas, si je me rappelle bien de sa fiche, ça remonte à loin, bref. Après ça il ouvrit la bonne valise, sortit ce que le hasard des hauts de piles lui avait laissé de mieux, prit dans ses affaires de toilette ce que le hasard du c’est quoi tous ces tubes et ces pots je prends lesquels avaient laissé de plus utile et rejoignit la géniale salle de bain dont il ressortit une (très) grosse demi-heure plus tard – il s’était vraiment dépêché – le plus éblouissant possible – c’était tout de même un jour très particulier.

« On y va ? Laisse tomber internet, on trouvera bien quelque chose tout seuls. »

Il le prit par la main pour l’emmener hors de la chambre et rejoindre leur voiture pourrie – en se rappelant qu’Adam n’avait pas répondu à sa suggestion d’en acheter une autre, mais il verra ça plus tard. Un rapide trajet pour rejoindre le petit centre-ville qu’ils avaient dépassé plus tôt et s’y garer, et les voilà qui arpentaient les rues, tels des chasseurs aux aguets, en quête d’un bon repas. Salem stoppa un instant devant un restaurant mexicain, avant de se dire que manger des ailes de poulets épicées dégoulinantes de graisse gâcherait peut-être un peu le romantisme de la soirée, idem pour le quebab du coin et le mac do. Décidément, faire dans le romantisme, ça demandait du travail, heureusement, ici comme ailleurs il n’y avait pas que des fast-food, et finalement Salem repéra un endroit qui devait probablement convenir.

« On va là-bas ?  »

Il n’avait pas prêté attention au menu, mais il y avait un aquarium avec des crabes et des langoustes dedans, c’était romantique, un peu, et puis Salem aimait bien observer des bestioles qui gigotent – c’était surtout ça, en fait. Il entra donc – en laissant Adam passer devant, parce que c’était romantique et que lui aussi pouvait être un baroudeur viril, alors son ami n’avait qu’à être plus rapide s’il voulait ouvrir les portes. Là, une serveuse en tenue noire et blanche leur demanda combien ils étaient – hum, deux ? – et ils se firent placer à une table contre l’aquarium, à la grande joie de Salem qui se mit à tapoter la vitre pour embêter un crabe amorphe, avant d’avoir un moment de réflexion.

« Heu… j’aurais pas du acheter une bague, avant de te demander en mariage... ? »

Une vieille leva le nez de sa dorade tandis que son mari, aussi vivant que le crabe, tourna un instant les yeux vers eux. Mais Salem était trop occupé à se dire que c’était comme ça dans les films romantiques et qu'il avait encore loupé un truc, décidément il n'en ratait pas une. Bon, il n’y avait plus qu’à se dépêcher de rassembler ses économies pour corriger ça, du romantisme, que diable.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyVen 7 Déc - 16:18

Adam était Hollywood à lui tout seul — alternativement jeune premier d’une comédie romantique (ou d’un teen drama coréen de seconde zone), agent secret d’un film d’espionnage à grand succès, détective torturé de la série noire, politicien prometteur d’un long-métrage d’Aaron Sorkin et, bien entendu, Indiana Jones. Si sa virilité ne pouvait pas exactement correspondre aux stéréotypes du genre quand on le connaissait comme Salem, qu’on l’avait vu faire le ménage, la cuisine et s’offrir aux assauts masculins avec une sensualité voluptueuse, l’Asiatique restait, pour une bonne partie de ceux qui ne le connaissaient qu’un peu, qui le croisaient dans la rue et qu’il avait sauvés d’une mort presque certaine, la version réelle de Dean Winchester ou du James Bond de Daniel Craig.

Ce fut donc virilement qu’il se redressa sur le lit pour s’asseoir en tailleur et suivre du regard son fiancé, cette fois-ci pour de vrai, qui inspectait les sacs — et son regard se posa sur les fesses de Salem qui se baissait. Il lui fallut se tirer de sa studieuse observation pour répondre à la remarque de l’adolescent, que la quantité de protections — fournies, rappelons-le, par le Ministère de la Santé qui sponsorise cette histoire.

Adam haussa les épaules, pour se dégager de toute responsabilité lubrique.


— C’pour qu’on ait le choix.

Réponse d’autant moins crédible qu’ils étaient tous de la même marque et à peu près du même modèle, parce que c’était en lui en général qui les achetait et qu’il n’était pas exactement un expert dans les accessoires ; ce n’était pas parce qu’il possédait deux ou trois objets pour ses moments de solitude, bien cachés dans un carton quelque part avec les affaires de Salem dans la cave prêtée par le concierge, qu’il était une encyclopédie ambulante des anneaux vibrantes, latex fluorescent et têtes rotatives.

Comme il était malgré tout un peu vexé que Salem remît en doute son sens du romantisme, il déclara :


— Faire l’amour, c’est très romantique. C’est dans le nom.

Et cette fois-ci, c’était un argument de toute bonne foi. Avec ses précédents compagnons, il n’en eût sans doute pas été aussi certain, mais auprès de Salem, c’était une évidence. D’un geste de la tête, il désigna la salle de bain, et, pendant que l’adolescent se lançait dans cette longue et incompréhensible entreprise qui consistait à se préparer, Adam se changea en une minute trente-sept secondes, se laissa retomber sur le lit et se mit à parcourir les restaurants sur son téléphone.

Au bout de quatre minutes, cette activité le lassa et il se lança dans sa boîte mail. Après avoir effacé, non sans une éphémère et inconsciente hésitation, le messages qui lui proposaient d’élargir son pénis et avoir réservé le même sort à Monsieur Untel qui désirait faire sortir une cargaison de lingots d’or de Côte-d’Ivoire, le jeune homme se mit à répondre à l’adjoint de l’attaché du sénateur Y, à la responsable du service des eaux du quartier 234, au service des relations publiques de la ville de New-York, etc.

Tout cela était palpitant — enfin, lui, il trouvait cela palpitant — mais le retour de Salem dans la chambre rejeta le développement de l’urbanisme new-yorkais dans les oubliettes de son esprit. Les yeux d’Adam capturèrent son fiancé avec l’innocence d’un personnage de Marc Dorcel, ajoutant encore un peu à sa panoplie cinématographique. Le téléphone disparut dans sa poche, la poche, avec le pantalon, et Adam qui l’occupait, se leva pour s’approcher de Salem, qui fut bientôt capturé beaucoup plus manuellement.

Quoique de baiser en baiser Adam parût vouloir profiter séance tenante de la générosité du Ministère de la Santé, il finit par se détacher et les deux fiancés rejoignirent leur voiture puis, par le moyen d’icelle, le centre-ville. Là, les couples du troisième âge, les parfaites familles américaines, les adolescents boutonneux et désoeuvrés, côtoyaient l’étrange population qui avait temporairement investi les rues et qui portaient des tee-shirts à l’effigie de personnages qu’Adam ne connaissait que très vaguement — fort heureusement, Salem lui faisait une visite guidée de cette galerie mouvante comme lui-même l’avait fait plus tôt, dans les couloirs de l’hôtel.

Pendant que leurs futurs adversaires se déversaient dans les fast food, les kebabs, les pizzerias et, étrangement, l’unique restaurant végétarien de la ville, Salem et Adam élurent un établissement traditionnel qui n’avait pas mauvaise mine et dans lequel étaient déjà attablés quelques dîneurs. Les regards se levèrent vers eux, à la fois parce que des Asio-Américains, il n’y en avait pas tant que cela dans cette ville, et parce que les tatouages de Salem et ses « trucs dans les oreilles » ne se mariaient pas très harmonieusement à la moralité un peu prude de cette communauté protestante.

Comme tout New-Yorkais précipité dans la cambrousse des consanguines intégristes, Adam était un peu mal à l’aise, mais il s’assit sagement à la table qui enchantait son compagnon, en jetant des regards soupçonneux aux paisibles arachnides qui y dormaient indolemment — parce que vous comprenez, tout de même, toutes ces pattes, ce n’était pas très naturel. Machinalement, il tendit le cou pour évaluer la distance qu’un crabe aurait à parcourir pour atteindre la surface, sauter à son visage et lui arracher les yeux, pendant que Salem s’ingéniait à réveiller la bête.

Fort heureusement, la question de l’adolescent détourna son attention de ces dangereuses possibilités. Un sourire s’installa sur le visage d’Adam.


— Non. C’est très bien comme ça. Mais on achètera des alliances, pour la cérémonie. Il faudrait aussi… Attends, on va noter.

Il sortit son téléphone, créa un fichier qu’il intitula avec un plaisir parfait « Mariage », et entreprit de faire la liste de toutes les étapes concrètes qui les séparaient encore du jour de conte de fées.

— Les alliances, une date à la marie, des fleurs, le code couleur, une salle, un traiteur, les invitations chez l’imprimeur, l’avocat pour être sûr de l’application fédérale du contrat…

Tout cela lui venait très naturellement et, quand il s’en rendit compte, il releva les yeux pour fixer Salem (comme tous leurs voisins) et rougit légèrement.

— Oui euh… J’y ai peut-être réfléchi une ou deux fois, déjà. Comme ça, tu sais, avant de m’endormir. Bref…

Les yeux les quittèrent et les conversations reprirent à voix basse, pendant qu’on se proposait de commander plus vite le dessert pour pouvoir partir dès que possible et qu’on se félicitait qu’il n’y eût pas, dans le restaurant, des enfants pour être corrompus par ce spectacle odieux. Parfaitement indifférent à toute cette activité plus ou moins discrète qui l’entourait, exception faite des mouvements obliques du crabe, Adam regarda le bas de la liste, réfléchit quelques secondes et ajouta d’une voix un peu moins enjouée :

— Il faudra aussi… Enfin… Rencontrer les familles. Je suppose.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyVen 7 Déc - 18:37

L'énumération dans laquelle se lança Adam fit sortit Salem de sa contemplation des crustacés, il le fixa en haussant un sourcil, avant de tendre le cou pour regarder sur son portable si tout n'était pas déjà écrit tellement il semblait connaître la liste par cœur. Il y avait réfléchi une fois ou deux... Moui, très crédible en effet, un large sourire se dessina sur les lèvres tandis qu'il le laissait continuer sa liste plutôt exhaustive. Autour d'eux, une légère agitation commença à monter, pour Salem, tout ça était toujours aussi agaçant, il ne comprenait pas le besoin que les gens avaient de juger leur situation alors qu'ils ne savaient rien d'eux et ne les reverraient jamais une fois qu'ils auraient quittés le restaurant. Il choisit cependant d'ignorer ce qu'il entendait se chuchoter plus ou moins discrètement, même si son regard quittait parfois Adam pour se planter directement dans les rétines d'un client plus scrutateur que les autres, et le foudroyer sur place.

Quand les gens semblèrent enfin se désintéresser de lui, Salem se mit à réfléchir avec Adam à ce fameux mariage.

« La musique, on en mettra pas ? J'veux pas que tu finisses dans le coma le jour de notre mariage... Ah oui, la famille... »

La quasi-totalité de leur famille avait été tenue à l'écart de leur relation pendant tout ce temps. Celle de Salem était loin et il n'y avait qu'avec sa mère qu'il avait vraiment parler d'Adam. Celle-ci avait un peu colporter la nouvelle, mais il ne connaissait les réactions de son père ou de ses oncles et tantes que par son biais, ce qui faisait qu'il n'était pas vraiment certains de la meilleure façon de leur présenter Adam. Et puis la plupart des retours était un peu mitigés, si ils n'étaient pas du tout homophobe, il y avait dans ce revirement soudain, en corrélation avec le fait qu'il venait de devenir majeur et de prendre son indépendance, quelque chose qui laissait penser à ses proches que tout ça n'était que pure rébellion, et qu'il se calmerait tout seul d'ici peu. Même sa mère, malgré ses efforts pour accepter la nouvelle avec le sourire, n'avait pu s'empêcher de faire remonter les vieux dossiers des tatouages et des piercings qu'il avait commencé à se faire à son insu au début de l'adolescence. S'ajoutait à cela que s'il commençait à leur parler de mariage, il savait déjà qu'on lui rabattrait les oreilles avec son âge, la jeunesse de sa relation et tout un tas de stupidités du même genre.

« Ma mère commence à me parler des fêtes de fin d'années, je pense qu'elle tient absolument à ce que j'aille les faire à Boston, avec la famille. Mais t'as peut-être aussi des gens à aller voir pour les fêtes, en plus on est pas mal nombreux chez nous, je pense que tu vas un peu flipper... Mais si ça peut te rassurer je pense pas que ça se passera mal pour toi, c'est plutôt moi qui vais avoir droit à tout un tas de remarques pour me faire comprendre que j'ai pas assez réfléchis, que ça va trop vite et que je suis encore en pleine crise existentielle, ce genre de choses... Pour tes parents, je... »

Tout ce dont il était certain à propos des parents d'Adam c'est que celui-ci baissait les yeux et semblait embêté quand il en parlait, ce n'était pas à proprement parler rassurant, surtout qu'il avait bien conscience de ne pas être exactement le genre idéal. Adam était intelligent, cultivé, il avait une bonne situation, et lui, il gagnait même pas la moitié d'un smic et avait une tête de mort sur l'épaule gauche, pour ne citer que ça, il pouvait comprendre que ça avait de quoi refroidir n'importe quel parent sérieux.

« J'peux enlever mes trucs dans les oreilles s'il faut... mettre quelque chose à manche longue, avec un col qui remonte et tout... J'ai réussis à cacher mes tatouages à ma famille pendant des mois alors bon, si t'as peur que ça dérange. Après... je sais pas... »

il n'avait pas assez d'information pour juger de ce qu'il était judicieux de faire et s'en remettait donc à Adam pour savoir s'il y avait quelque chose à connaître pour que la rencontre se passe au mieux. Salem n'était pas vraiment sûr d'avoir très envie de se faire jauger par des inconnus mais après tout, ils n'allait pas se marier en secret comme un Roméo et sa Juliette – si c'est pour finir pareil, merci bien.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyVen 7 Déc - 19:11

Tout observateur extérieur et objectif eût affirmé que la famille d’Adam n’avait rien, vraiment rien de très désagréable. Au contraire, à bien des égards, les Tenseï étaient la vivante incarnation de ce que les Etats-Unis cosmopolites avaient de meilleur, une classe moyenne prospère, bigarrée, intégrée, des parents aimants, relativement progressistes, des enfants qui n’étaient devenus ni médecins, ni secrétaires d’Etat (encore que du côté d’Adam, ce fût en bonne voie), ni avocat, mais qui avaient des situations stables.

Mais l’adolescence d’Adam n’avait pas été une partie de plaisir. Entre les crises d’on-ne-savait-trop-quoi que les médecins n’étaient pas parvenus à expliquer et sur lesquelles le jeune homme avait refusé d’offrir le moindre éclaircissement, les psychologues scolaires qui s’étaient succédés, le gouffre parfois béant entre son intelligence fulgurante et ses résultats médiocres, sa propension à se jeter dans tous les dangers, ses amants parfois beaucoup plus vieux, ses fugues, ses bagarres, son insolence, sa froideur croissante, les dix dernières années avaient été faites de tensions, d’incompréhensions et de larmes dont Adam, et il le savait très bien, était à peu près exclusivement responsable.

Les choses s’étaient un peu améliorées, depuis deux ans, sans aucun doute. Pour ses parents, il était toujours un jeune homme instable, incompréhensible et difficile à aimer avec la même dévotion que son frère et sa sœur, mais enfin, ils étaient à peu près rassurés sur sa situation matérielle. Ils n’avaient pas compris exactement où il vivait, le métier qu’il faisait, les projets qu’il pouvait avoir et, en gros, ne savaient rien de très précis sur son existence, mais ils percevaient confusément une amélioration.

Adam avait évoqué Salem, au détour d’une conversation, avec le même style elliptique que pour n’importe quel autre élément de sa vie personnelle. Il était « avec un garçon » et c’était tout : pas de réponses aux questions. Mais la présence de Salem à ses côtés continuait d’irradier sur le reste de son existence et l’avait engagé dans une entreprise de réforme généralisée : un meilleur travail, une meilleure relation au monde, des amis. Ses parents étaient les prochains sur la liste.

En tentant de ne pas songer à l’expérience catastrophique que serait probablement sa propre rencontre avec les parents de son compagnon, Adam se mit à observer l’adolescent : les trucs dans les oreilles, les tatouages, les cheveux en désordre (de son point de vue, et soigneusement coiffés de celui de Salem). L’Asiatique murmura d’une voix songeuse :


— Tu es magnifique comme ça…

Certes, pour les rares privilégiés (ou maudits) de ses amis qui avaient pu suivre ses coups de cœur successifs, au fil des années, les goûts esthétiques d’Adam en matière de garçons tenaient du mystère : entre les Apollons de publicité imberbes et juvéniles aux hommes d’affaires velus de quarante ans, il y avait un monde que le jeune homme parcourait joyeusement. Salem représentait un style jamais encore expérimenté, ce qui n’empêchait pas Adam de le contempler régulièrement comme la Première Merveille du Monde.

Mais, de toute évidence, ses parents ne partageraient sans doute pas cet enthousiasme. Adam supposait que Salem entrerait à leurs yeux dans la catégorie des « jeunes drogués » (qui étaient presque un pléonasme, à les entendre parfois), non content d’appartenir déjà à celle des « Américains » (parce que les Tenseï n’étaient Américains que lorsque ça les arrangeait) et, ce qui était beaucoup plus grave, de ne pas être membre de celle des « jeunes filles de bonne famille ».

Adam allait donc répondre à l’épineuse proposition de Salem quand une serveuse se présenta à eux avec un sourire radieux qui contrastait étrangement avec l’animosité latente du reste du restaurant. Elle posa sur le coin de la table une double ardoise : sur la gauche s’étendaient les entrées, sur la droite les plats principaux.


— Bonjour et bienvenue à la Table de Jessy. Je suis Anya et je serai votre serveuse pour ce soir. Ce soir, en plat du jour, le gratin de queues d’écrevisses. Nous avons également notre spécialité locale, le mouton aux pommes mijoté dans du vin.

Le prophète parcourut la liste des plats du regard. Depuis qu’il avait été initié aux déjeuners d’affaires, il commençait à maîtriser autre chose que les noms de burger et les variétés de nouilles du quartier juif. D’ailleurs, les repas qu’il servait à Salem s’étoffaient lentement (moyennant quelques échecs, entièrement imputables à la médiocrité du matériel culinaire à disposition, bien entendu).

Pendant qu’Anya était occupée à les oindre silencieusement de bonne humeur, le jeune homme réfléchissait. Il finit par se décider :


— J’vais prendre le foie gras aux figues en entrée. Et le saumon au beurre blanc en plat.

La femme opina du chef et braqua son regard d’un bleu limpide sur Salem. Quand l’adolescent se fût sorti des intitulés heureusement explicites du menu, qui n’avaient pas le caractère curieusement sibyllin de ceux qui fleurissaient sur les cartes de la plupart des restaurants de Soho, Anya entreprit de faire l’éloge des vins et de les décrire avec des termes précis qui témoignaient d’une solide connaissance oneologique.

Arrivé en territoire inconnu, Adam se contentait d’avoir l’air de comprendre ce qu’on lui racontait, même s’il avait l’impression qu’on lui parlait bulgare. Après cet exposé érudit, il confessa d’un air un peu honteux :


— Moi, j’vais prendre un coca…

Puis il tourna les yeux vers Salem et, avec une satisfaction manifeste, déclara :

— Mais peut-être que mon fiancé prendra quelque chose dans la carte des vins/

Laissant à Salem le loisir de faire son choix entre les tanins, les robes et les il-ne-savait-trop-quoi ou de se rabattre sur les valeurs très sûres et très patriotiques des sodas, pendant qu’Anya avait l’air plus ravie que jamais, Adam se remit à observer avec circonspection les gesticulations (très limitées) des crabes dans l’aquarium, tout en songeant à sa belle-famille.

Une fois Anya partie avec ses ardoises et sa joie de vivre, Adam, sans ardoise mais non moins heureux, quoique terrorisé, reporta son attention sur Salem. D’une voix décidée, il déclara :


— T’inquiète pas pour mes parents. J’te dis pas que ce sera facile, mais au bout d’un moment, ils seront contents que j’me range, même si c’est pas avec une Japonaise comme il faut. Ce sera toujours mieux que ce qu’ils imaginent depuis des années, tu sais. Parle moi plutôt de ta famille.

Il s’était bien rendu compte que son propre silence autour du clan Tenseï avait forcé Salem à adopter le même genre de discrétion. En vérité, il ne savait presque rien des Cordova.


Dernière édition par Adam Tenseï le Sam 8 Déc - 12:52, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyVen 7 Déc - 22:39

Salem sourit au compliment, il était rare qu'on lui parle des dessins et des trous dans sa peau de façon très élogieuse, en général, à part quelques jeunes qui trouvaient ça cool, ça passait moyennement, quand on ne lui faisait clairement comprendre que ça ne lui allait pas du tout, qu'il regrettera amèrement d'avoir fait ça quand il serait plus vieux et qu'il fallait qu'il arrête avant de finir tout noir – mais il n'avait pas pour projet d'en rajouter de toute façon. Jamais encore on n'avait utilisé le terme de magnifique pour parler de ça.

Ses réflexions, aussi bien sur ses modifications corporelles que sur sa famille qui venait de s'agrandir sensiblement furent interrompues par une serveuse qui transpirait la joie de vivre – à croire qu'il n'y avait pas qu'Adam qui avait reçu une demande en mariage ce soir. Salem contempla la carte, il n'était pas vraiment en proie à une vague d’indécision, comme c'était souvent le cas dans ce genre de situation, mais il essayait laborieusement de trouver ce qui pouvait distinguer la lotte du merlu, ses connaissances en la matière se limitant au poisson pané, et au poisson pané à la tomate. Finalement, il se rabattit sur le mouton, et prit en entrée un carpaccio de saumon aux saint-jacques. Puis se fut l'épreuve des vins, Salem écouta comme son compagnon l'exposé qui dépassait en longueur la liste des promesses des démocrates pour les prochaines présidentielles, avec pleins de noms français bizarres, histoire d'ajouter à la confusion – Beaujolais ?.

Il laissa Adam se débrouiller, jusqu'à ce que celui-ci lui balance le bébé de la plus belle des manières, mon fiancé qu'il avait dit. Les yeux bleus emplis d'amour et de joie béate de Salem se posèrent dans le regard tout aussi bleu et jovial de la serveuse et pendant un bref moment tous les deux se sourirent bêtement.

Ah oui, le vin.

« Heu... Coca aussi. »

Salem la regarda ensuite repartir, l'air de chercher s'ils étaient encore tombés sur une yaoiste ou si la raison de ces sourires étaient ailleurs. Mais il eut bientôt d'autres sujets de préoccupations, d'abord, la conclusion d'Adam sur ce qui se passerait avec sa famille n'était pas à proprement parler rassurante, les premières rencontres s'annonçaient horribles. Ensuite, le sujet revint sur sa propre famille, ce qui était assez normal puisqu'il n'en avais pratiquement pas parlé depuis le début, tout juste avait-il évoqué sa mère, celle qui était en vie, et celle qui était morte.

Le gros du problème reposait d'ailleurs là, certes, puisqu'Adam ne parlait pas de sa famille, il en avait profité pour ne pas aborder le sujet non plus, mais il savait aussi que sa façon d'aborder les choses gênaient les gens. Parler de morts dérangeait toujours tout le monde, et considérer sa mère biologique comme sa « vraie » mère alors qu'elle n'était plus là pour lui depuis dix ans posait aussi des soucis, comme s'il ne pouvait en aimer une sans trahir l'autre. Et puis il y avait son père – non, pas celui-là, l'autre – la grande inconnue de l'équation. (Purée je vois trop notre 137ième rp, Brad : Salem, je suis ton père... Oh la la ça gérerait trop un truc comme ça quand même, j'y avais même pas pensé ! D:)

Et puis il y avait toutes les autres familles plus ou moins stables et plus ou moins aimantes qui l'avait successivement prises en charge. Tout cela donnait à Salem une vision du cercle familial assez atypique, où les fantômes étaient parfois plus prégnant que les membres effectifs, et où le besoin de se sentir aimé se mêlait à la peur de tout perdre. Le besoin qu'il avait de cacher son ressenti comme un secret honteux faisait qu'il n'évoquait presque jamais sa famille, et toujours de façon très vague, sous forme de sa mère avait dit... son oncle avait fait... De sortes que le très vague « parle-moi de ta famille » d'Adam le laissa un bon moment sans savoir que dire.

« Ma famille, heu bah... elle est normale. »

C'était sans doute un peu léger, Salem se gratta la tête tout en se la creusant, cherchant par où commencer.

« Ils sont tous à moitié porto-ricains, enfin, sauf moi bien sûr. Cordova, c'est de là-bas que ça vient. J'ai un frère et une sœur, comme toi, Julian et... Ashley, comme Ashley, tu sais, le pianiste. Et puis y'a mon père, et ma mère, mon père il parle pas beaucoup, on sait jamais ce qu'il pense, ma mère, elle est super gentille je suis sûr qu'elle va t'adopter direct... un peu comme elle l'a fait avec moi... »

Les mots venaient plus ou moins naturellement, de toute évidence tout ça demandait de Salem un certain effort, mais ça ne faisait pas de mal d'en parler un peu, bien au contraire. Il adressa un sourire à Anya lorsqu'elle leur apporta leurs boissons et sirota quelques gorgées de son coca avant de reprendre.

« Après, j'ai pas mal d'oncles, de tantes et de trucs plus éloignés, à part quelques-uns je les connais pas mieux que toi mais ils ont toujours été cool avec moi, même si je suis un peu le vilain petit canard avec mes tatouages et tout le bordel que j'ai pu faire...



Tu sais, les Cordova, normalement ça aurait pas dû être ma famille, parce que caser des petits africains dans des familles de blancs ça gène personne, mais l'inverse est nettement moins naturel pour les gens. Mes parents, ils voulaient adopter un enfant, mais à l'époque y'avait pas de vraies adoptions avec des gamins un peu typés, que des trucs où les familles biologiques veulent garder je sais pas quels droits, ce genre de trucs. Bref, elle était venue gueuler une fois de plus, et elle repartait, c'est là qu'elle m'a vue, pourtant je m'étais planqué. Je voulais pas qu'on me parle, j'avais du encore m'engueuler avec je sais pas qui et je connaissais des passages pour me barrer, même si j'allais juste traîner dans le parking. Et là elle m'a parlé, c'était un peu bizarre parce qu'elle me parlait comme une mère, et elle m'a ramené à l'intérieur, même si je voulais pas y retourner. Puis elle a bataillé, mais bataillé pour m'avoir... Pourtant elle avait dû voir que j'étais chiant. 
»

Salem leva le nez de son verre, comme s'il revenait d'un coup à la réalité.

« Désolé, je sais pas pourquoi je te raconte ma vie comme ça, c'est pas ça qui va t'aider. »
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyVen 7 Déc - 23:22

Les propos d’Adam n’avaient certes pas été entièrement rassurants, mais le jeune homme avait habitué dès le début son compagnon à une franchise sans détour, qui contrastait avec ses immenses mensonges par omission ; quand Adam désirait cacher quelque chose, il ne le recouvrait presque jamais d’une contre-vérité et se contentait de laisser planer un silence que son regard disposait peu à briser, et lorsqu’il parlait, ce n’était pas (systématiquement) avec pessimisme, mais il n’embellissait pas les choses (et donc Salem était, objectivement, Dieu descendu sur Terre, puisqu’il le disait).

La famille de Salem, paradoxalement, lui paraissait un peu plus rassurante. Il n’avait certes qu’une idée très vague de ce qu’avaient été l’enfance et l’adolescence de son ami, les époques surtout étaient floues, les dates de la mort, du foyer, des familles d’accueil, de l’adoption. Adam n’avait jamais posé de question directe, parce qu’une relation naissante ne lui avait pas paru propice à ce genre d’intrusions d’abord, parce que leur vie avait été chaotique ensuite et parce que leur récent bonheur, enfin, les avait isolés loin du monde dans un paradis enchanté.

Mais tout allait devenir plus concret et, désormais, il avait besoin de savoir. Si sa question n’avait originellement eu pour but que de l’aider à se faire une idée du sort qu’on lui réserverait, là-bas à Boston, il comprenait qu’en réalité, il souhaitait en apprendre plus. D’ordinaire, la difficulté avec laquelle il se livrait était inversement proportionnelle à l’attention qui était la sienne quand les autres se livraient à lui. Mais avec Salem, tout était toujours un peu plus compliqué.

Cette fois-ci cependant, c’était la bonne. Ses yeux noirs s’étaient fixés sur Salem, comme pour faire comprendre à l’adolescent qu’il n’avait guère le choix et que tout ce qu’il ne dirait pas, de toute façon, serait déduit et analysé. Ce fut à peine si le jeune homme murmura un remerciement à la serveuse (qui n’en eut pas moins bonne mine), quand elle déposa un verre et la bouteille de soda devant lui. Même le crabe n’était plus digne de son attention.

Que l’adolescent gardât les yeux rivés sur les bulles qui remontaient à la surface de son Coca ne dissuadait pas Adam de le fixer et, comme à son habitude, il resta de marbre pendant tout le discours — une attitude que certains appréciaient, parce qu’elle leur permettait de se livrer encore et encore comme dans un soliloque sans craindre un jugement, et qui dérangeaient les autres, trop inquiets de ce qui pouvait se passer dans cet esprit à l’air impassible pour s’abandonner tout à fait.

Il avait posé les coudes sur la table, croisé les mains et déposé son menton sur ses pouces. Quelques dizaines de seconde suivirent en silence les explications de Salem, puis Adam murmura :


— On va s’marier…

Il baissa les mains, les yeux braqués dans ceux que Salem avait eu la bonne idée de relever. Il répéta :

— On va s’marier. Ta vie c’est ma vie, maintenant.

Ce qui certes avait été le cas quelques dizaines d’heures à peine après leur première rencontre — et, quoique les amis de Salem pussent se demander de temps à autre comment deux personnes si différentes pouvaient former un couple aussi fusionnel, leur relation n’en cessait de devenir plus étroite. Et cette dépendance sans cesse exacerbée, loin d’oppresser Adam, le rassurait et lui paraissait combler des espoirs secrets qu’il avait longtemps cru irréalistes.

L’Asiatique réfléchit encore un moment puis, détournant enfin les yeux pour libérer Salem et ne pas augmenter son embarras, il se servit du soda en reprenant :


— Tu devrais pas t’excuser de les aimer, tu sais.

Cette remarque un peu sibylline se passa pendant quelques secondes d’explications, pendant qu’Adam buvait une gorgée.

— Enfin, j’comprends sans doute pas très bien, évidemment, mais quand tu me parles d’eux comme n’importe qui parle de sa famille, et qu’ensuite tu me parles de l’adoption, c’est comme si tu te tenais à m’faire voir que t’as bien conscience que c’est pas la même chose, que c’est pas vraiment ta famille.

Mais t’as pas à t’excuser de les aimer. Comme les gamins dont la mère se remarie après un divorce ont pas à s’excuser d’aimer leur beau-père, si c’est un chic type. Ca veut pas dire qu’ils aiment moins leur père. C’pas parce que les gens viennent après qu’ils sont moins biens. C’est différent. Y a des parents qu’aiment pas leurs enfants, des enfants qu’aiment pas leurs parents, c’pas une chose naturelle et nécessaire. Et comme c’est pas une chose naturelle et nécessaire, ça veut dire que quand cet amour est fondé sur d’autres raisons que les liens du sang, il est pas moins normal, légitime ou valable qu’un autre.

C’pas parce que tu les aimes eux que tu l’aimes pas elle. C’est différent. Y a assez de place pour tout le monde. Et puis…


Adam esquissa une moue de réflexion, joua machinalement une seconde ou deux avec l’étiquette de la bouteille, la grattant du bout de l’ongle, et reprit d’une voix songeuse :

— Les pharaons construisent des pyramides. Bon. C’était pas obligé. Ils auraient pu se faire enterrer sous une dune. Mais la dune, le vent souffle, le sable est emporté, et les dunes se déplacent, elles passent, elles changent. Les pyramides, elles, elles restent. Bien sûr, il y a des cabanes qui prennent feu et des immeubles qui s’effondrent. Mais il y a des choses qui sont construites, qui n’allaient pas de soi, qui ont été faites après la nature, et qui durent toujours.

Le jeune homme poussa un soupir et abandonna la bouteille pour relever les yeux vers Salem.

— J’suis désolé. J’suis sûr que j’comprends rien. C’est… Compliqué pour n’importe qui. Et la famille, c’est pas ma spécialité, en plus. Juste, les émotions, c’est pas des opérations mathématiques. C’est pas parce que t’es triste à cause du passé que ça veut dire que tu les aimes pas assez. Et c’est pas parce que tu les aimes que ça veut dire que tu l’as oubliée.

Adam avait l’impression d’être à-côté de la plaque, sans savoir si cette impression naissait d’une insatisfaction rationnelle et de l’angoisse irraisonnée de n’être pas à la hauteur des tristesses et des doutes de Salem.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 12:36

Une légère mélancolie avait envahie Salem, comme c'était souvent le cas lorsqu'il évoquait son passé. Dans un moment comme celui-là, les paroles d'Adam apportaient un réconfort bienvenu, étrangement, sa relation avec lui était peut-être la plus simple, il n'avait pas cette impression d'avoir presque volé quelque chose, comme si l'amour qu'il recevait n'aurait pas dû être pour lui. Ni le sentiment d'être traître à son sang. L'idée que sa vie serait – ou plutôt, était déjà – irrémédiablement liée à celle d'Adam était, contrairement à tout ce qu'il avait pu ressentir avant, rassurante, parce qu'il avait une foi aveugle en eux. C'était l'assurance qu'il ne serait plus jamais seul, qu'il pouvait enfin se reposer sereinement sur quelqu'un.

Aussi, puisqu'Adam avait eu la judicieuse idée de baisser ses mains, Salem fit courir la sienne le long de la table et captura ses doigts pour les entremêler aux siens.

« Sois pas modeste, j'pense que c'est plus ou moins ça, oui, en fait tu viens de battre tous les psys que j'ai pu voir, peut-être même Brad... Non, faut pas exagérer. Ça me fera sans doute toujours un peu bizarre d'avoir ma mère et... ma mère. Mais finalement, c'est un peu comme pour toi et moi, on s'est rencontré par hasard et maintenant, bah... on est une famille en fait... c'est un peu magique quand même, et puis... »

Une aura éblouissante lui fit tourner les yeux, la serveuse était de retour, avec son sourire et ses entrées, voyant la nourriture, son estomac fit un punch et quoi qu'il ait voulu dire – sûrement une réplique étudiée, indéniablement romantique, avec des pyramides et tout – cela s'évapora en un instant, alors qu'il regardait son assiette, mais aussi celle d'Adam, avec grand intérêt.

« C'est un foie, ça ? On dirait du pâté... »

Salem ne se souvenait pas avoir déjà goûter à ça, même pour les fêtes de fin d'année où l'on en entendait souvent parler. De toute façon, ça n'avait pas l'air fameux, ça devait être comme le caviar, un truc de frimeur, quoi. Il se rabattit donc sur son saumon, qui avait bien meilleure allure, de son point de vue. Finalement, son estomac un peu rassasié l'autorisa à reprendre le cours de la conversation.

« J'les aiment tous, même si je l'ai sans doute pas assez montré, et ils t'aimeront aussi, aucuns doutes là-dessus. J'espère vraiment que ce sera pareil pour moi, avec tes parents, ton frère et tout. Sinon, pour les projets dont on parlait dans le parc... »

Le regard de Salem se posa sur le crabe, parfaitement réveillé, qui s'était discrètement dirigé vers Adam et escaladait maintenant un rocher décoratif et des langoustes complices pour pouvoir bondir hors de l'aquarium et le dévorer vivant, évidemment.

« Tu aimes les animaux ? »

Car oui, Salem aimait les animaux, ils faisaient, tous autant qu'ils sont, l'objet du certaine fascination pour l'adolescent. Il les trouvait tous beaux, même les moches, parce qu'il leur trouvait toujours un petit côté inédit dans son quotidien remplit essentiellement de visages et de comportement typiquement humain. Alors il pouvait passer des heures à jouer avec le chien d'un ami, le cochon d'inde d'un autre, ou à admirer avec un certain respect l'araignée installée entre son placard et le mur depuis une bonne dizaine de jours. Il ne pouvait donc s'empêcher de penser que, si leur appartement s’agrandissait, il y aurait sans aucuns doute de la place pour une bestiole à poil, à plume ou à écailles, voire un peu de chaque – ça promet.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 13:09

Le mariage, l’appartement, l’hôtel romantique, tout ce qui les rapprochait l’un de l’autre et donnait à leur existence commune une stabilité parfaitement inédite dans le cours de sa vie n’empêchait pas Adam de nourrir des inquiétudes perpétuelles et, convaincu qu’il était de sa propre froideur et de son défaut d’empathie, quoique son quotidien fût en contradiction perpétuelle avec cette conviction, il craignait de n’être pas pour Salem un compagnon assez solide et compréhensif.

Ses doigts se lièrent à ceux de Salem et un sourire s’installa à nouveau sur son visage, à mesure que l’adolescent lui affirmait qu’il ne s’était pas entièrement trompé et qu’il se mettait à chanter les louanges de leur couple. Cela, Adam en était convaincu : Walt Disney pouvait venir faire un film sur eux — à condition de retrancher de l’histoire les (nombreux) passages où ils ne faisaient pas que se tenir la main et toutes les occasions dans lesquelles ils se trouvaient couverts de sang. Mais à part ça, c’était un conte de fées.

D’ailleurs, Marraine la Bonne Fée revenait avec les entrées. Adam se recula un peu pour la laisser déposer l’assiette et la remercia, cette fois-ci, avec bien plus de cordialité qu’au moment de l’apéritif, la poussant à un nouveau degré de bonne humeur. Comme à son habitude, Salem se mit à lorgner sur son assiette et l’Asiatique plissa les yeux d’un air faussement méfiant.


— Oui, c’est un foie.

Adam s’abstint d’en faire l’éloge, à la fois parce qu’il savait pertinemment qu’un discours trop dithyrambique pousserait son ami à lui voler la moitié de son entrée qu’il avait pourtant bien méritée, et parce que le créateur de son ami n’était pas capable de faire la distinction entre foie gras servi avec des figues et mousse de foie gras et devait donc être privé de l’occasion de jouer plus avant cette magnifique description culinaire.

Salem se replia donc très raisonnablement sur sa propre entrée et Adam promena machinalement son regard autour d’eux. Les gens de bonne famille de la petite ville s’étaient finalement désintéressés de leur cas, quoique de temps à autre ils jetassent un coup d’œil soupçonneux dans leur direction. De la même manière qu’un New-Yorkais reconnaissait un provincial, les provinciaux avaient reconnu ceux de la grande ville, même si l’accent bostonien de Salem était plus difficile à situer, et ils avaient finalement conclu que là était la perversion des grandes cités.

Le mutant reporta son attention sur son ami qui, de toute évidence, ne désirait pas trop s’attarder sur ces sujets familiaux. Ils avaient fait quelques progrès malgré tout et Adam ne tenait pas particulièrement à envelopper leur week-end dans des considérations importantes, mais parfois tristes et difficiles, et il lui suffisait que le sujet eût été abordé une fois pour être assuré qu’il le serait encore dans le futur.

Le jeune homme suivit le regard de son fiancé et décala prudemment sa chaise vers la droite, en constatant que l’aquatique arachnide avait entrepris une ascension peut-être bientôt couronnée de succès vers le sommet de l’aquarium. La question de Salem le rendit un peu nerveux, parce qu’il s’imaginait déjà l’adolescent en train de ramener une tarentule et un boa constrictor dans leur nouvel appartement, le sourire aux lèvres, avec un air de désarmante supplication.


— Euh… J’sais pas…

Il détacha difficilement son regard du crabe pour le poser sur Salem.

— On en a jamais eus à la maison.

Il se mit à réfléchir sérieusement à la question, qu’il n’avait jamais réellement envisagée. Il était exclu de rien adopter à l’Institut et, durant la période où il n’avait vécu ni chez ses parents, ni au manoir, il avait connu des chambres et des studios peu faits pour accueillir d’autres occupants que lui-même. D’une voix songeuse, il exposa le fil de ses pensées :

— J’aime pas les insectes, ou les araignées, ou les trucs comme ça. C’est… J’sais pas, y a trop de pattes, et tout. J’aime pas non plus tellement les serpents, ça glisse, et puis…

De toute évidence, à voir son air incertain, il fallait comprendre par « j’aime pas » quelque chose comme « j’ai peur » — une confession que le baroudeur viril n’était manifestement pas prêt à faire explicitement.

— Les poissons, c’est un peu globuleux, et puis les oiseaux, ils ont pas de bras, et du coup…

A mesure qu’il faisait le menu de ses petites et grandes peurs, Adam se rendait compte qu’il excluait l’essentiel du règne animal et, à en juger par l’enthousiasme plus ou moins contenu qui avait guidé la question de Salem, ce n’était pas exactement la bonne stratégie. A toute force, il se mit à chercher plutôt les animaux qu’il aimait que ceux, nombreux on l’aura compris, qui lui inspiraient de la méfiance.

— J’aime bien les mammifères, en fait. Les chiens, les chats, les rongeurs. Les trucs classiques, je suppose. C’pas très original, désolé…

Il aimait bien les koalas et les lémuriens aussi, mais il n’était pas certain que leur adoption fût tout à fait légal et quant aux chimpanzés et aux gorilles, il se voyait mal en héberger un dans la chambre d’amis qu’ils n’auraient de toute façon pas les moyens de s’offrir (et encore moins sur le canapé convertible de leur futur salon).

— Un chat, c’est b…

Il s’interrompit et se retourna soudainement vers les cuisines. Comme il ne se passait rien, il revint vers Salem et, naturellement, deux secondes plus tard, un fracas de vaisselle se fit entendre, puis une voix enjouée émergea des profondeurs du restaurant :

— Tout va bien !

Adam jeta un coup d’œil à droite et à gauche pour s’assurer que personne ne le regardait bizarrement et conclut enfin :

— Un chat, c’est bien. Tant qu’j’suis pas le seul à m’en occuper, ça me va.

Mais à en juger par le sens redoutable de l’ordre de Salem, il ne se faisait guère d’inquiétudes sur la question.
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 15:11

Le créateur de Salem était de toute évidence un rustre sans aucun sens du style et du bon goût. D'un autre coté, comme les figues, c'est pas super, autant les laisser dans un coin de l'assiette. Enfin, puisqu'il en était ainsi, il laissait le soin au créateur d'Adam de lui faire une description belle à tomber par terre d'un saumon au beurre blanc en se contentant pour sa part de décrire la lente ascension du crabe contre la paroi de l'aquarium, pour se venger sur le personnage, et parce que c'est drôle.

Le crabe, donc, tel Moïse sur le mon Sïnai, était arrivé au sommet de son rocher, au prix de lourds efforts et de la glissade inopportune de plusieurs langoustes dont le sens du sacrifice ne sera jamais oublié. Il s'appuya alors sur ses multiples pattes, côté gauche, pour tenter d'atteindre avec ses multiples pattes côté droit le rebord de l'aquarium, et le fait est qu'ainsi dressé sur le caillou, il ne s'en serait fallut que d'un petit coup de pouce divin pour lui faire franchir les quelques centimètres manquant qui lui ferait atteindre son but – les genoux d'Adam.

Salem, évidemment, n'avait pas manqué de remarquer la défiance avec laquelle Adam avait regardé ce noble animal, quand ils s'étaient installés à table, c'est donc avec une pointe d'inquiétude qu'il attendait la réponse de son ami. Lui non plus n'avait pas eu d'animal, à part quand il était encore avec sa mère biologique, ce qui remontait à loin. Il aurait pu continuer à vivre sans, si Adam préférait, mais il sentait tout de même qu'une petite boule de poils – sachant que les tarentules ont aussi des poils – lui procurerait sans aucuns doutes beaucoup de joie, et lui permettrait d'avoir quelque chose à câliner quand Adam ne serait pas là.

Le début de réponse très frileux de son compagnon, lui fit un peu peur, s'il n'aimait pas les animaux avec beaucoup de pattes, sans pattes, avec des gros yeux et sans bras, ça ne laissait pratiquement que Ewan dans la liste des animaux de compagnie envisageables. Salem suivit le regard d'Adam quand celui-ci tourna vivement la tête pour... rien... Ah si ! Il eut un sourire en entendant la voix de la jeune femme leur parvenir depuis la cuisine, cette serveuse était vraiment trop.

« Deux secondes dix-sept, bravo. »

Oui, Salem aimait bien, et depuis toujours, chronométrer le temps d'avance d'Adam et de temps en temps il partageait le résultat. Ce n'est qu'après ce petit temps de réflexion qu'il réalisa ce que son fiancé venait de dire.

« Un chat ? Oh oui ! Ce serait trop bien ! »

Salem en sautillait sur sa chaise, en cœur avec le crabe sur son rocher, un chat, c'était mignon, et drôle, et attachant. Et puis Adam était d'accord, alors c'était parfait.

« Bien sûr que je m'en occuperais, je vais l'habituer à l'eau comme ça je pourrais le laver, se sera plus propre. Puis je vais lui trouver un super collier sur internet, noir avec des trucs argentés, ce serait joli, quoique plusieurs collier ce serait bien pour pouvoir en changer de temps en temps. Puis va falloir un panier, une litière, des jouets...



J'vais faire une liste. 
»

Salem sortir son téléphone pour écrire un sms qu'il enregistrerait en brouillon, son rustre de créateur ne lui ayant pas donné de téléphone avec traitement de texte intégré. Il se mit à inscrire rapidement tout ce qu'il avait dit.

« Ah, faudrait déjà trouver un chat, ça devrait pas être très difficile. »

Il semblait avoir un peu oublié que le chat était originellement prévu pour après leur déménagement, mais après tout, même s'ils en trouvaient un un peu avant cela ne devrait pas poser beaucoup de problème, il faudrait juste se serrer un peu plus et éviter de marcher dessus le matin au réveil. Après avoir prit ses notes, Salem avisa son assiette vide, et y adjoint le fait qu'il semblait y avoir eu quelques soucis en cuisine et que le plat de résistance allait potentiellement être retardé, son regard se posa alors sur l'assiette d'Adam, qui avait l'air de savourer son entrée avec un certain plaisir.

« Je peux goûter ? » (Vengeance !)

L’intérêt que Salem montrait maintenant pour le foie gras accompagné de figues – ou la mousse de foie gras aux figues – en disait long sur le fait que s'il aimait, il comptait bien subtiliser une bonne moitié de ce qu'il restait. Entre le crabe et Salem, Adam était assaillit de tous cotés.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 15:48

Adam esquissa un sourire en entendant le résultat de sa performance. Deux secondes dix-sept, ce n’était pas mal — tant qu’on parlait de ses intuitions, parce que de retour à l’hôtel, il espérait bien pouvoir prendre un peu plus son temps. Ceci étant dit, ses intuitions, justement, étaient beaucoup plus harmonieuses ces derniers temps ; l’amélioration était sensible et il percevait avec plus d’aisance et de sûreté la durée qui le séparait de l’événement pressenti. Sauf au réveil, bien entendu.

Il n’y avait pas accordé beaucoup de réflexion, jusque là, mais il devait bien avouer qu’il n’était pas habitué à ce que des améliorations du côté de son pouvoir. Etait-ce une évolution génétique, physiologique, ou bien le bonheur que Salem lui injectait droit dans le cœur et qui lui faisait voir des petits poneys roses dans le ciel lui permettait-il, en apaisant son esprit, de mieux contrôler son don ?

La résolution de ces questions fut très vite repoussée aux calendes grecques par l’enthousiasme dévastateur de son fiancé. Adam, dont l’exubérance émotionnelle, en dehors de ses crises de nerf et de certains moments où il n’avait pas de vêtements, était somme toute très limitée, haussa les sourcils en contemplant cette débauche de bonne humeur qui faisait de Salem en concurrent sérieux pour Anya.

Alors l’Asiatique se sentit fier — parce que c’était quand même grâce à lui que Salem était heureux. Parce que des gens heureux, comme ça, tout simplement, il n’en avait pas croisé beaucoup dans son existence. Parce que sa vie était décidemment devenue beaucoup plus simple, beaucoup plus rassurante et beaucoup plus belle, depuis qu’il ne passait plus ses soirées à éplucher les rubriques nécrologiques en les comparant avec ses notes, un hamburger douteux à la main.

Pendant quelques instants, rien ne lui parut plus beau que la voix de Salem qui égrenait la liste des objets absolument nécessaires à leur futur chat, dont Adam commençait à comprendre que les jouets envahiraient bientôt l’appartement comme les vêtements de l’adolescent les placards. Un détail fit naître sur le visage du jeune homme un sourire aimablement moqueur.


— Plusieurs colliers pour pouvoir en changer, hmm ? Si ça, c’est pas gay…

Il tapota le téléphone de Salem du bout du doigt.

— Rajoute une collection de petits manteaux pour l’automne, l’hiver et le printemps. On peut prendre un chihuahua sinon, si tu préfères.

Mais Adam fut bien vite puni de ses moqueries par un remous suspect à sa gauche. Il jeta un coup d’œil à l’aquarium et constata, pour sa plus grande horreur, que le Crabe avait presque achevé son héroïque ascension. Le devin promena un regard précautionneux autour de lui, pour s’assurer que personne ne le regardait, puis se saisit de son couteau et, tout doucement, soit qu’il ne voulût pas malgré tout blesser l’animal, soit qu’il eût peur de sa réaction, probablement un peu des deux, il le repoussa au fond de l’eau.

A peine eût-il courageusement repoussé ce premier assaut qu’un autre, plus sournois encore, tentait de percer ses défenses. On en voulait à son repas. Adam regarda successivement son assiette et le visage absolument adorable de Salem puis, avec un soupir de résignation, incapable de résister à des armes si agréables, il poussa l’assiette au centre et déclara sincèrement :


— Fais toi plaisir.

Ce qui certes n’impliquait en aucune manière qu’il arrêtait de manger et, de temps à autre, il repoussait la fourchette de Salem de la sienne pour attraper le morceau convoité, ce qui entrainait toujours quelques passes d’armes — et à nouveau les regards des respectables dineurs se posaient sur la table où ces crétins de jeunes s’amusaient à faire de l’escrime avec les fourchettes.

Bientôt, l’assiette fut vide et, pour la énième fois depuis qu’il avait rencontré Salem, Adam avait fait ce qu’il n’avait presque plus fait depuis des années : il s’était amusé comme le jeune homme qu’il était. Alors, sans se soucier des bourgeois provinciaux qui achevaient de toute façon de dîner pour rejoindre leurs masures où, très probablement, ils n’avaient pas l’électricité ni l’eau courante (au moins), le jeune homme se leva pour se pencher en avant et pouvoir embrasser Salem, avant de murmurer :


— …je t’aime…
— Trop chou !


Adam manqua de faire une attaque et se rassit sans attendre, pour constater qu’Anya se tenait devant eux.

— La suite va bientôt arriver. Désolée pour l’attente.
— Euh… Oui… Pas d’problème.
— Dites…


Elle le fixait intensément de ses grands yeux bleus.

— Oui… ?
— J’peux avoir un autographe ?


Adam cligna des yeux d’un air perplexe, avant de jeter un regard vers Salem, pour tenter de savoir si son ami devinait de quoi il était question. Peut-être qu’il ressemblait à un acteur de Hong-Kong qui jouait dans les films d’arts martiaux, quelque chose comme cela.

— J’vous d’mande pardon ?
— Vous êtes bien Adam Tenseï ?
— Euh… Oui.
— J’ai vu presque tous vos combats ! Enfin non, pas tous, parce que Grand-Mère me laisse pas toujours voyager, et puis il y a le restaurant, et puis des fois c’était à l’étranger, mais quand même, j’suis trop fan, j’me souviens la fois où vous avez gagné en cinq minutes, et le combat à Atlanta contre machin chose, c’était vraiment trop bien, c’est dommage que vous ayez arrêté, pourquoi vous avez arrêté d’ailleurs ?, mais vous devez faire des choses bien aussi maintenant, et du coup, j’peux avoir un autographe ?


Elle lui tendit son carnet de commandes et un stylo, le temps de reprendre sa respiration. Un peu désarçonné par cette requête qu’on ne lui avait plus adressée depuis des années désormais et que, surtout, on ne lui avait jamais présenté en dehors du milieu somme toute très fermé des championnats, juste après les combats, Adam prit les objets et apposa sa signature, pour le plus grand bonheur d’Anya, qui s’exclama :

— J’ai un poster de vous dans ma chambre !
— Parce qu’il y a des posters de moi ?
— Un seul modèle, je crois.


Tout cela n’étonnait certes qu’à moitié Adam, tant il était familier de l’audace avec laquelle les organisateurs de championnats exploitaient l’image des athlètes et rassemblaient les sponsors sans se soucier de redistribuer les profits.

Le regard de la serveuse se posa enfin sur Salem.


— Vous avez trop d’la chance ! Il est tellement sexy ! J’parie que vous adorez ses publicités pour les sous-vêtements. C’est dommage, j’aurais dû amener le magazine, il m’aurait signé l’autographe dessus. Ah, j’dois y aller, c’est peut-être vos plats.

Et Anya disparut, laissant un Adam cramoisi sur sa chaise, qui songeait à plonger dans l’aquarium pour se cacher, tandis que défilaient dans sa tête les clichés de la publicité faite pour une marque de sous-vêtements masculins de Pennsylvanie et dont il avait toujours secrètement espéré que personne ne les verrait. Qu’est-ce qu’on ne fait pas pour pouvoir s’acheter une moto !

Il tenta à tout hasard de relancer la conversation sur ses anciens rails :


— Et hmm… On l’appellerait comment, le chat ?
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 19:41

« Hey ! J'en suis pas à ce point là ! »

Salem était hilare en entendant la remarque d'Adam sur le chihuahua, bon, depuis qu'il assumait sa sexualité, son goût pour le shopping était souvent vu comme un signe extérieur de gaieté – de gaieté, oui, exactement – mais qu'Adam s'y mette lui aussi, c'était quand même fort. Il souriait encore de toutes ses dents quand son ami entreprit d'affronter le crabe, un combat que ses années de pratique du kickboxing rendait bien inégal. Le crabe chuta du mont Sinaï sans avoir pu goûter à la liberté, Salem secoua la tête.

« Mon baroudeur viril à peur des crabes, hum ? »

Il ne calma son hilarité que pour goûter à l'entrée d'Adam, et encore, voyant que Salem semblait finalement décidé à vider l'assiette – parce que c'était vraiment très bon, en fait – son fiancé usa à nouveau de ses couverts pour se défendre. Salem ne se laissa évidemment pas faire, ses calculs ultrarapides se trouvèrent à nouveau confrontés aux intuitions d'Adam, et rendirent le combat pour le moins frénétique, et pas du tout discret, surtout que le jeune drogué couvert de tatouages était maintenant tout à fait mort de rire. La discrétion n'étant plus de mise depuis longtemps, il se rapproch également de son compagnon quand celui-ci se pencha vers lui et l'embrassa, son aura de bonheur faisant maintenant sérieusement concurrence à celle d'Anya.

Comme Adam, il frôla donc la crise cardiaque lorsque la donzelle sortit de nulle part et s'adressa à eux, leur repas était sans aucuns doutes très en retard, mais à s'amuser comme il l'avait fait, Salem n'avait pas vu le temps passer et assura lui aussi qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour ça, une fois que son cœur eut repris un rythme normal.

Cependant Anya n'en avait pas fini avec eux, et c'est la bouche de plus en plus grande ouverte qu'il l'écouta parler. Bien sûr, Salem avait une bonne connaissance de la carrière sportive d'Adam, pas parce qu'il lui en ait parlé, non, il l'avait à peine évoqué, cependant Brad et Eigon s'en était chargé pour lui. Mais, peut-être parce que tout ce qu'il avait pu voir de la boxe étaient des combats au fond de clubs douteux où l'on pariait sous le manteau. Ou parce que la boxe était nettement moins médiatisée que d'autres sports sans doute jugés plus nobles, comme le basket, par exemple, Salem avait largement minimisé la portée qu'avait pu avoir cette carrière, aidé en cela par la désinvolture d'Adam.

Aussi, ces histoires d'autographes, de combats à Atlanta et de poster étaient-elles à des lieux de ce qu'il avait pu concevoir de la vie d'Adam à cette époque. Sans parler de la campagne de pubs pour des boxers. Salem regarda la serveuse repartir comme elle était venue, sans que son air halluciné ne s'efface, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait maintenant autre chose en tête que les futurs peluches de son chat.

« Cette fille a... des photos de toi à moitié nu... »

Les informations étaient en cours d'analyse et lui revinrent rapidement pour s'entrechoquer avec toutes les autres. D'un geste rapide, il s'empara du portable pour faire ce que n'importe quel jeune de sa génération aurait fait à sa place, taper « Adam Tenseï » sur Google. L'instant d'après il écarquillait les yeux devant les pixels de photos et de vidéos, le plus souvent capturées par des téléphones de fans, mais parfois aux airs un peu plus officiels, des articles aussi, des commentaires. Certes, Adam n'avait pas été une star ultra connue, mais internet était loin de l'avoir oublié.

« Et donc, tu signes des autographes ? Et puis, c'est vrai, pourquoi t'as arrêté ? Pourquoi c'est toujours les autres qui me parlent de ça alors qu’apparemment c'était plutôt cool ? Moi j'avais arrêté la NCAA à Boston parce qu'on m'avait trop mis la pression, c'était le même problème pour toi ? »
« Ah ? Vous faites du basket ? »

Salem se colla contre l'aquarium, il commençait à s'y faire mais les crabes étaient quand même moins dangereux pour le cœur que la serveuse. Celle-ci déposa leurs assiettes couvertes d'une cloche avant que la question de Salem la stoppe net.

« Heu... Oui, rien de très glorieux de mon côté. Dites, du coup vous étiez au combat d'Adam, il y a dix jours ? »
« Il y a dix jours ? De quel combat vous parlez ? »
« … Ah mais oui, vous parliez que de ses combats pro vous... non, c'est rien, faites pas attention. »

Salem se recentra sur son assiette, même si d'une main il martyrisait le portable d'Adam pour faire défiler les images à toute vitesse, il ne lui fallut pas longtemps pour tomber sur les fameuses photos en boxer, soigneusement rangé par ordre de « sexytitude » par une Brésilienne de 15 ans sur son blog rose flashy.

« Oh purée... »
« Il est pas trop beau ? Ma préférée, c'est celle où il porte le boxer noir avec les écritures fluo »
« Celle-là ? Il a un de ces regards, c'est vraiment trop... »
« Sexy ! Vous avez vu ! »

Ses cloches à la main, la serveuse s'était penchée sur le portable, et leur quatre yeux azur scrutaient les photos tandis qu'ils donnaient leurs avis. Après quelque temps de réflexions, et encouragé par la serveuse, Salem décréta que la photo la plus hot était celle où Adam était en boxer rouge et caressait distraitement ses abdos en regardant ailleurs, ce qui était la deuxième photo préférée d'Anya. La demoiselle, par contre, était aussi intéressée par autre chose.

« Et donc, il combat toujours ? Vous combattez toujours ? »
« Une fois par mois, je crois. C'est ça, non ? »
« C'est vrai ?! Où ça ? Où est-ce qu'on peut acheter des places ? »

Maintenant, c'était elle qui sautillait sur place en les encensant de bonheur.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 20:27

Ce restaurant était la Bouche de l’Enfer. Entre l’ascension du crabe, la prédation de Salem sur son assiette, les irruptions intempestives de la serveuse et la désapprobation de tous les autres clients, Adam se prenait à souhaiter qu’une vision l’informât d’un meurtre prochain, pour avoir une excellente excuse de quitter la table et de retourner dans son univers si simple et si reposant, peuplé de ruelles sombres, de caves malsaines et de psychopathes sanguinaires.

Evidemment, Salem n’avait aucune intention de laisser courir cette affaire d’autographes et de sous-vêtements pour s’intéresser au chat, qui n’avait toujours pas de prénom, ni de couleur, ni d’âge. Adam se mit à triturer nerveusement un bout de mie de pain en murmurant :


— Ben… J’combats à moitié nu. Techniquement, les pubs, c’est presque totalement nu. A part les boxers, quoi.

Quand les boxers en question n’étaient pas sensuellement baissés pour éveiller un peu plus encore la convoitise des ménagères de moins de cinquante ans, qui les achèteraient alors dans l’espoir que leur mari pût ressembler un peu plus à ce charmant Asiatique dont elles ignoraient le nom et qu’elles avaient vu dans le catalogue de vente par correspondance d’une obscure société locale.

Ce qu’Adam avait oublié, qui pourtant passait son temps sur Internet pour débusquer des informations relatives à ses visions, c’était que rien ne restait totalement obscur à l’âge du multimédia. Il allait se saisir de son portable pour parcourir les pages des refuges animaliers new-yorkais, dans un espoir irréaliste d’appâter Salem avec des photographies de chatons en quête de nouveaux maîtres, mais l’adolescent le prit de vitesse.

Terrassé par la honte (sans trop savoir pourquoi), Adam observait, intérieurement médusé, les doigts de Salem qui passaient frénétiquement page après page sur l’écran du téléphone, tandis que son fiancé l’accablait de questions relatives à sa carrière sportive, dont tout le monde autour d’Adam parlait, sauf Adam précisément — d’un autre côté, Adam parlait toujours de tout sauf de lui-même.

Le retour de la serveuse, qu’il avait cette fois pressenti, lui parut d’abord providentiel. Elle allait mettre de la nourriture sous le nez de Salem, ce qui suffisait en général à distraire l’adolescent pendant quelques minutes. Durant cet interlude, Adam aurait sans doute le temps de récupérer le portable et de l’éteindre en prétendant qu’il n’avait plus de batterie, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Adam guettait donc la levée de la cloche, prêt à bondir sur le téléphone — c’était sans compter sur la trahison d’Anya, qui abandonnait leur (implicite) accord stratégique pour se ligueur avec Salem et la Brésilienne de quinze ans au sens du web design et de l’orthographe portugaise assez douteux. Le devin en fut donc réduit à fixer son saumon au beurre blanc d’un air désespéré.

Le débat qui se mit en place pour contester l’ordre adopté par la Brésilienne et rétablir les justes proportions acheva l’éphémère mannequin qu’il avait été. Entre les « là, ses cheveux lui donnent un air tellement ténébreux » et les « celui-ci met bien en valeur son… enfin, vous voyez », Adam ne savait plus où se mettre. Lui qui était loin, très loin d’être pudique, comme les voisins qui habitaient en face de Salem pouvaient régulièrement le constater, regrettait pour une fois amèrement de n’avoir jamais dévoué un peu de son énergie névrotique à complexer sur son physique.

Tout cela n’eût pas été trop grave, en toute objectivité, si Salem ne s’était mis à vanter ses récentes prouesses sportives. Brusquement, les yeux noirs de l’Asiatique quittèrent le saumon, son cœur s’arrêta et il fixa Salem d’un air authentiquement paniqué. A l’autre bout du restaurant, une voix agacée s’éleva :


— Mademoiselle ? Mademoiselle ! L’addition, s’il vous plait.
— Oui ! J’arrive ! Pardon ! Désolée ! Excusez-moi !


Et, avec un dernier coup d’œil à la photographie où Adam regardait très naturellement le soleil se couchant sur une ville lointaine, les bras héroïquement croisés et les fesses savamment sculptées par un boxer d’un vert profond, Anya s’éloigna pour s’occuper de clients nettement moins jeunes, nettement moins atypiques et nettement moins conciliants.

Adam la suivit des yeux pendant quelques secondes avant de reporter son regard sur Salem. Son embarras cette fois-ci s’était fait grave, et il était aisé de voir que la gêne de se voir exposé sur Internet n’en faisait pas la plus grande part, temporairement. Mais le jeune homme ne savait pas comment exprimer les choses — il ne voulait pas avoir l’air de formuler des reproches et, surtout, il ne voulait pas gâcher le bel enthousiasme dont Salem faisait preuve, que ce fût ou non à ses dépends.

Après quelques nouvelles secondes de réflexion, il murmura :


— Salem…

Il joua machinalement, du bout de sa nouvelle fourchette, avec la julienne de légumes.

— ‘Faut pas trop parler des combats, en fait. Ils sont pas illégaux, mais disons que… Tout ce qui se passe là-bas est un peu dans l’entre-deux. Et si ça arrivait aux oreilles du Parti, j’suis bon pour redevenir coursier. Et du coup, on fera pas nécessairement beaucoup mieux que le studio.

Les menaces point du tout voilées de sa supérieure, la nuit où Salem avait été poignardé et où elle lui avait rendu visite à l’hôpital, planaient dans son esprit. Les photographies, la carrière sportive, tout cela participait du passé et construisait l’image de marque que la politicienne avait embauchée en engageant Adam — mais le milieu interlope de Hell’s Kitchen, c’était une toute autre histoire.

Il n’en avait pas parlé à Salem, bien entendu, parce qu’il ne voulait pas l’inquiéter. Mais cette soirée constituait un tel tournant dans leur vie qu’il commençait à se sentir mal à l’aise avec ce passé, proche ou lointain, qui demeurait dans l’ombre, pour des raisons qui n’avaient probablement à voir qu’avec son incapacité chronique à se livrer. Quitte à refroidir l’ambiance, autant en profiter pour tout clarifier.


— Quand t’étais à l’hôpital, Martha est passée. C’pour ça que t’avais une chambre cool, après, d’ailleurs. Bref… Elle m’a fait clairement comprendre que le moindre remous dans mon image et c’était la porte. Si elle m’a engagé, c’pas seulement parce que j’apprends vite et que j’connaissais déjà des gens, c’t’aussi…

Adam laissa son regard dériver sur l’aquarium alors qu’il cherchait ses mots.

— Comment dire… J’ai arrêté la boxe quand ma carrière commençait à devenir internationale et qu’on s’est mis à me proposer des trucs louches. Genre, des produits pour augmenter mes performances. Ou de me coucher sur certains matchs. J’ai claqué la porte d’un coup, tout le monde savait pourquoi et tout le monde en a parlé. J’veux dire, dans le petit milieu du kick-boxing, bien sûr, mais ça a fait de moi un coincé hypocrite pour certains et un héros de moralité pour d’autres. C’t’un peu à ça que j’sers aussi, au Parti.

J’dis pas que c’était un milieu entièrement pourri, hein. T’as raison, c’était cool. J’étais bien, à faire ça. Quand j’ai arrêté, ça a été…


Il haussa les épaules.

— C’était difficile. J’ai cherché des trucs pour combler le vide. J’en suis pas forcément super fier, c’est pas une période glorieuse de ma vie. Les combats informels, c’est aussi pour ça. Combler le manque. C’est toujours mieux que…

Adam répéta plusieurs fois « que » sans parvenir d’abord à compléter sa phrase, manifestement trop occupé à battre des paupières pour retenir quelques larmes et conserver son aura de baroudeur viril et finit par reprendre, à voix très, très basse, pour être absolument certain que personne d’autre que Salem, pas même le crabe, ne pouvait l’entendre :

— Que coucher avec des types inconnus rencontrés dans des bars glauques, ou prendre des cachets coupés achetés dans des parkings…

Ces précisons apportées, « pas une période glorieuse de ma vie » sonnait comme un doux euphémisme.

— C’est à cette époque que j’ai rencontré Anne. Et puis Brad. Et d’autres personnes. Ca a pas vraiment duré longtemps, en fait. J’sais pas, deux mois, trois mois. Après j’ai remonté la pente, plus ou moins. J’veux dire, j’étais toujours déprimé, mais j’faisais plus n’importe quoi. Juste les combats. Mais si quelqu’un commençait à chercher de trop près, toutes les histoires viendraient avec, j’pourrais pas tout contrôler, et ce serait la catastrophe.

Il y eut un silence pendant lequel les deux fiancés purent mesurer le chemin parcouru depuis l’enjoué combat de fourchettes, puis Adam conclut amèrement :

— J’t’avais dit, pas quelqu’un d’bien. Si tu m’en veux, j’comprendrais…
Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 22:38

Salem porta la main à sa bouche dès qu'il entendit parler de la légalité très relative des combats d'Adam et des risques pour son travail s'il était découvert.

« Désolé, je savais pas. »

C'est vrai que personne ne lui avait parler de ça, mais il s'en voulu quand même de ne pas avoir y avoir pensé, après tout, les lieux de combats étaient assez craignos et les gens qu'on y trouvait aussi. Il aurait pu deviner et ne pas commettre une erreur pareille, c'était évident. L'explication lui fit comprendre que matériellement du moins, leur futur dépendait même en partie de leur capacité à garder ce genre d'histoires secrètes. Salem avant vraiment fait une très grosse bêtise, il baissa les yeux vers son assiette, sincèrement contrit.

Adam ne lui laissa néanmoins pas le temps de se morfondre puisqu'il enchaîna sur ce qui l'avait conduit à arrêter la boxe, et la difficile période qui avait suivie, et, bien sûr, il en profita pour rappeler qu'il était un monstre, et que Salem ne lui pardonnerais jamais d'avoir... heu... d'avoir eu une morale et d'avoir traversé une période difficile. Quel odieux personnage, effectivement. L'adolescent ne pouvait qu'admirer les trésors de talents que son ami déployait lorsqu'il s'agissait de se sentir coupable. Il se mit à chercher intensivement une jolie phrase à faire, avec des pyramides ou des pots de confitures, mais il était un peu trop rustre pour les choses comme ça.

« Mes premiers tatouages, je les ais fais à quatorze ans, sur mes avant-bras, pour cacher les marques que j'avais à force de faire des traits dessus avec la pointe de mes ciseaux. Tu m'en veux ? »

Il croisa les bras et resta pensif un moment. Une histoire, voyons voir...

« Quand j'étais petit, on avait parfois gym à l'école, et y'avait ce putain de cheval d'arceau. Tout le monde le sautait, les grands sportifs comme les intellos mais moi, y'avait rien à faire. Le prof était très gentil, très rassurant, il me disait que je pouvais le passer, mes amis aussi, même moi j'me le répétait, mais je continuais à penser que c'était trop haut pour moi, et je m'arrêtais toujours juste avant de sauter. J'ai grandis depuis, je suis vachement plus mûr, mais je suis sûr que si demain je devais faire au saut au-dessus de ce machin, même s'il fait même pas un mètre de haut, je continuerais à m'arrêter devant en me disant que c'est impossible pour moi. »

Bon, Salem n'était pas vraiment certain d'avoir été très convainquant, il se demandait même s'il n'avait pas perdu le fil de son raisonnement en racontant son histoire, il préféra donc reprendre avec la méthode traditionnelle.

« Tu n'as pas besoin de moi pour savoir que tu es quelqu'un de bien. Tu me dis... que tu as traversé une mauvaise passe parce que tu as agi en accord avec tes principes, et qu'aujourd'hui encore tu risques de payer pour ça. Et ensuite tu me dis que je vais t'en vouloir... Mais, franchement, tu ne penses pas sérieusement que je peux t'en vouloir pour ça ? Je suis sûr que tu sais déjà que je vais te dire que c'est faux, que tu es quelqu'un de bien, que tu es magnifique. Mais si c'est moi qui te le dis, ça te remontera le moral deux minute et après, tu recommenceras à douter de toi. Tu te sentiras mal aussi longtemps que tu te feras du mal. Je sais que tu te reproches tout un tas de choses, ça reviens sans arrêt, mais c'est un cercle vicieux que tu as initié tout seul et que tu es le seul à pouvoir stopper. Moi je ne peux qu'écoper la barque, mais s'il y a un trou dans la coque elle ne fera jamais qu'être à la limite du naufrage. »

Bon, c'est en espérant avoir été à peu près clair, et surtout avoir aidé Adam à faire un tout petit pas de plus sur le chemin qui le mènerait peut-être à enterrer son omniprésente culpabilité, que Salem s'attaqua à son plat qui refroidissait, tout en cherchant quand même ce qu'il pouvait faire de plus.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptySam 8 Déc - 23:23

Le regard d’Adam se posa sur les bras de Salem. Naturellement, l’information relative aux tatouages suffisait très largement à détourner le jeune homme de ses propres problèmes, même s’il était probable qu’il suffirait à Salem de se casser un ongle pour détourner Adam de ses plaies ouvertes. Lentement, à mesure que son compagnon parlait, Adam laissait ses yeux remontés des bras jusqu’aux épaules, des épaules jusqu’au visage.

Songer que cet être si parfait de tout point de vue, et c’était l’objectivité parfaite qui était la sienne qui le lui faisait dire, que cette perfection, donc, eût jadis été assez triste pour tenter de se faire du mal (alors qu’elle pestait en se cognant contre le minibar, quelle petite nature !), cela lui fendait le cœur — et pourtant, dans cette idée horrible du passé de Salem, il y avait quelque chose d’autre, d’un peu plus rassurant.

Et pour Adam, ce fut (encore) une révélation — décidément, ce week-end avait été profitable. S’il se sentait si bien avec Salem, ce n’était pas seulement parce que l’adolescent était drôle, attendrissant, prévenant, intelligent, original, inventif, beau, sexy, sensuel et charmant, c’était aussi parce que, contrairement à Ulysses, Salem vivait un peu dans son monde, dans cet univers où tout n’était pas parfait et idyllique, où les souffrances étaient cachées, réelles et troubles, que Salem, en somme, pouvait le comprendre.

Certes, l’Asiatique n’avait absolument rien compris à cette histoire de gymnastique, mais il se sentait mieux — Salem n’était pas parti en courant après lui avoir jeté son verre au visage, Salem ne le lui reprochait pas d’avoir écorné son image d’adulte responsable, stoïque et qui surmontait toutes les épreuves (si toutefois une pareille image avait survécu aux premiers temps de leur relation, ce qui était fort improbable), Salem était toujours en train d’essayer de le convaincre qu’il était le meilleur.

Bien sûr, Adam n’était pas vraiment persuadé. Son passé et ses futurs continuaient à lui inspirer une crainte mêlée de dégoût. Mais ce dont il se tenait plus assuré désormais, c’était que son fiancé n’allait pas s’enfuir à la moindre déconvenue et il lui paraissait possible, presque certain, que cette seule assurance pût condamner bon nombre de ces avenirs sinistres pour n’en laisser qu’un seul, peut-être pas radieux, peut-être pas parfait, mais heureux malgré tout (une fois qu’ils auraient choisi le fleuriste, la salle, la date, etc.).

Le devin resta silencieux et, imitant son ami, entreprit de goûter son saumon. Manifestement, Anya avait communiqué son enthousiasme au cuisinier : le repas n’était gâché, quant aux plats, par aucune fausse note. Au bout d’un moment, Adam murmura, comme sortant de ses réflexions :


— C’en est pas un. Un cercle vicieux. C’est pas un cercle vicieux. Depuis que je suis avec toi, ça va mieux, un peu plus chaque jour. C’est peut-être pas très rapide, et pas très visible, mais c’est vrai.

Il lui adressa un sourire timide avant d’ajouter :

— Merci.

Et de recommencer à lorgner le crabe en mangeant son saumon, tout en jetant des coups d’œil intéressé au mouton, parce que Salem avait volé la moitié de son entrée et qu’il n’y avait pas de raison qu’il ne se rattrapât pas sur le plat de résistance de l’adolescent. Il fallut malgré tout quelques minutes pour que la tension nerveuse de sa nouvelle confession s’estompât et lui permît de ressentir à nouveau le sentiment dominant de cette étrange soirée : une céleste (ou très charnelle) béatitude.

D’ailleurs, il fallait avouer que, bon an mal an, il avait réussi à détourner l’attention de Salem de ces fameuses photographies, dont certaines flirtaient beaucoup plus avec la couverture d’un magasin érotique qu’avec la publicité pour sous-vêtement. Mais Adam n’avait fait que se plier (trop) naïvement aux indications de la photographe. Toujours était-il que le jeune homme se trouvait libre de reprendre le sujet initial.


— Dimanche soir, en rentrant, on regardera les refuges de New-York sur Internet. Je suppose qu’il y a les photos des chats. Peut-être même qu’il y a des chatons.

Parce qu’Adam avait beau jouer les gros durs en se moquant de la collection de jouets et de colliers que Salem prévoyait pour leur nouvelle connaissance, s’ils pouvaient mettre la main sur un petit chat tout mignon, comme sur le calendrier des pompiers de New-York (celui avec les chatons, donc, pas celui avec les faux pompiers dénudés), il ne disait pas non. Et quand Salem aurait le dos tourné, il lui ferait des papouilles.

Le mutant attrapa le téléphone de son ami, ouvrit le message dans la brouillon et entreprit de compléter la liste.


— Faut regarder pour le nom. J’crois qu’il y a des lettres, pour les années, ou un truc du genre. Et puis aller chez le vétérinaire, aussi, pour s’assurer qu’il est vacciné et tout. Acheter de la litière, de la nourriture, un arbre à chat, un griffoir.

Adam acheva de pianoter laborieusement sur le clavier de l’antiquité que Salem osait faire passer pour un téléphone portable avant de la rendre à son légitime propriétaire, pour pouvoir récupérer sa fourchette et voler un morceau de pomme de terre dans l’assiette du dit propriétaire (du téléphone et de la pomme de terre).

— Lundi, après le travail, on pourrait aller à la banque, pour ouvrir le compte. Et puis quand tu seras au basket, dans la semaine, je chercherai des appartements, pour qu’on puisse en visiter assez vite.

En évoquant toutes les mesures pratiques qui encadraient leur nouveau quotidien, Adam paraissait habité d’une joie secrète et, de toute évidence, la déclaration de Salem en réponse à ses nouvelles inquiétudes avait été efficace. Si le sourire de l’Asiatique restait toujours discret, comme à son habitude, son regard avait abandonné la tristesse angoissée pour un secret éclat.

— T’as des préférences, pour l’appart ? Genre, l’étage, baignoire ou cabine de douche, cave ou grenier, chauffage individuel ou collectif, ces trucs-là. On aura pas forcément toujours beaucoup le choix, mais enfin, y a quelques critères qu’on peut se permettre de sélectionner, je pense.

Par exemple, la cabine de douche. C’était quand même beaucoup plus pratique, selon Adam. Pour se laver, bien entendu.

Revenir en haut Aller en bas
Salem Cordova

Salem Cordova
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 361
Date d'inscription : 30/08/2012
Localisation : Entre Adam et leurs chats
Clan : neutre
Age du personnage : 18 ans
Pouvoirs : Vision analytique | Oeil absolu
Profession : Mécanicien en apprentissage
Points de rp : 365

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 9 Déc - 9:33

Salem ne dit rien aux remerciements d'Adam, mais un sourire mince et durable s'était dessiné sur ses lèvres tandis qu'il mangeait. Il se sentit à nouveau bêtement heureux, heureux de rendre Adam heureux – l'amour rend bête. Il eut ensuite un air amusé en l'entendant revenir sur le sujet du chat, son baroudeur viril avait l'air au moins aussi pressé que lui d’accueillir la boule de poils dans leur minuscule logis.

« Ah oui t'as raison, y'a des lettres... »

Une fois de plus, il s'empara du téléphone d'Adam, sans doute prenait-il goût à ce céleste galet tactile de la connaissance – qui permettait en plus de jouer à angry bird – et un rapide pianotage plus tard il lut.

« 2012, année des H, bah on a intérêt de se grouiller avant 2013 parce que j'ai pas envie de l'appeler Italy ou Igor, mon chat... On peut faire le tour des gens qu'on connaît, aussi, et regarder les annonces chez les vétérinaires ou ce genre de trucs, des chatons à donner doit y'en avoir un paquet à New York. Hey ! »

Mais c'est qu'on venait de se servir dans son assiette ! La réaction de Salem ne se fit pas attendre, sa fourchette se planta droit dans le saumon et il en piqua un bout, avec quelques légumes en prime. Revanche immédiate, comme en Syrie. Et puisque le saumon, il adorait ça, sinon il n'en aurait pas prit en entrée, il ne tarda pas à revenir à l'assaut tout en hochant la tête pour approuver tout ce qu'Adam disait.

« La douche me paraît mieux, je pense que ça devrait pas être bien difficile d'en trouver une un peu plus grande que la nôtre. Ça va plus vite, puis j'aime bien être... »

Il regarda Adam, puis l'héroïque crabe qui s'éloignait, puis Adam, conscient que sa pensée, qui était venu si naturellement avant qu'il ne la stoppe, pouvait être mal interprétée, et peut-être pas tout à fait à tort.

« Debout, pour me laver. »

Bien sûr, mais Adam avait certainement comprit, il reprit.

« J'aime bien les appartements en hauteur, ça fait une plus belle vue, mais bon dans ce cas, ce serait quand même mieux d'avoir un ascenseur, je préfère prendre les escaliers mais quand y'a les courses à faire monter ou que t'es juste crevé c'est relou. Le chauffage... Bah je sais pas si c'est parce que le studio est petit mais pour le moment c'est les voisins qui chauffent pour nous, moi, j'ai pas froid et je crois que toi non plus. D'ailleurs faudrait peut-être mettre des stores vénitiens aux fenêtres, histoire que tous ceux de l'immeuble d'en face se mettent pas à installer leur longue vue de notre côté. »

Il eut un sourire entendu avant de repousser la fourchette d'Adam pour attraper l'un de ses derniers morceaux de pomme de terre. Son assiette était presque vide maintenant, il se recula sur sa chaise en se tapotant le ventre et avisa la vitrine pleine de gâteaux près de la porte des cuisines.

« Tu veux un dessert, toi ? Ou peut-être qu'il vaudrait mieux partir avant que notre amie Anya revienne poser des questions. »

C'est vrai qu'il en avait presque oublié sa bourde, avec tout ça. Dommage, elle était sympa et avait peut-être pleins d'autres secrets à lui révéler sur la carrière sportive d'Adam.
Revenir en haut Aller en bas
Adam Tenseï

Adam Tenseï
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 430
Date d'inscription : 14/01/2012
Localisation : New York
Clan : apprenti Xmen
Age du personnage : 21 ans
Pouvoirs : Précognition / Postcognition
Profession : Coach sportif
Points de rp : 470

Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) EmptyDim 9 Déc - 10:31

Adam réfléchissait vaguement aux noms qu’ils pourraient donner à leur chat et qui commenceraient par H, pour se rendre compte, assez rapidement, qu’il n’était pas très doué pour ce genre d’exercices. Hop. Hip. Hermaphrodite ? Hermogène ? Hiérophanie ? Haridelle ? Tout cela n’était pas très probant et s’accordait assez mal avec l’image adorable de chaton joueur et pataud qui circulait depuis quelques secondes dans son esprit — aussi décida-t-il qu’il s’occuperait de faire jouer le chat, et Salem de lui donner un nom (auquel il ne répondrait de toute façon jamais).

Mais le court-métrage de Hellequin en train de jouer avec une boule de papier cachée sous le canapé fut bientôt chassée par l’image de Salem debout dans une cabine de douche, puis de Salem plaqué contre le carrelage dans une cabine de douche, puis des jambes de Salem nouées autour de sa taille, puis…


— Hmm…

La fourchette levée, Adam regardait un point indéfini entre deux langoustes, dans l’aquarium, tandis que son saumon se faisait la malle. Il fit un effort considérable, surhumain, épique, pour se concentrer sur ce que Salem disait et non sur ce qu’il pourrait faire à Salem dans leur nouvelle cabine de douche, dans un futur plus ou moins proche, et pour se donner du cœur à l’ouvrage, il recommença à voler de la nourriture dans l’assiette de son fiancé — un médiocre profit, puisque la sienne se vidait parallèlement.

Il hochait la tête de temps à autre. L’ascenseur, ce serait peut-être le plus compliqué, mais pour le reste, Salem n’était pas trop difficile. Pour peupler son esprit de songes moins compromettants, le New-Yorkais de souche se mit à éplucher les différents quartiers, pour cibler un peu leur recherche. Il fallait encore trouver un bon compromis entre l’Institut, le garage, la salle de basket et le siège du Parti Démocrate, ce qui avait au moins le mérite de réduire le champ de recherche.

Son relevé du cadastre fut interrompu par une remarque incongrue. Avec une parfaite et, cette fois-ci, authentique innocence, Adam interrogea :


— Pourquoi, une longue vue ?

Lui ne regardait pas chez les voisins (la vie des autres défilait déjà dans son esprit, merci bien), alors il ne voyait pas vraiment pour que les voisins pouvaient vouloir regarder chez eux et le fait qu’il eût l’habitude de s’habiller plutôt dans la pièce que de la salle de bain ne lui fournissait manifestement aucune indications quant aux motivations de ce voyeurisme. Mais comme Salem se contentait de lui opposer un sourire entendu, Adam, pour ne pas avoir l’air trop stupide, abandonna provisoirement l’élucidation de cette pulsion scopique.

De toute façon, il avait une question bien plus importante à résoudre. Il suivit le regard de Salem et l’interrogation de son ami le déstabilisa un peu. Comment ça, un dessert ? Il y avait des repas où les gens allaient au restaurant sans prendre de dessert ? Le monde était décidément de plus en plus étrange. D’une voix incertaine, il répondit :


— Ben oui… Enfin, un peu… Non ?

L’Asiatique posa un regard interrogateur sur Salem. Il y avait tout de même du framboisier, du tiramisu, vraisemblablement du fondant au chocolat, qui serait peut-être servi avec de la glace à la vanille.

— T’inquiètes pas pour les questions.

Il entreprit de faire son regard le plus persuasif possible, soucieux de ne pas voir lui échapper le fondant au chocolat (c’était décidé), après avoir déjà perdu la moitié de son saumon et une bonne partie du foie gras. Fort heureusement, Anya, dont le potentiel de téléporteuse était à étudier sérieusement, surgit pour les débarrasser de tout doute et, avec une autorité enjouée, déclara :

— Vous prendrez bien un dessert.
— Certes. Un fondant au chocolat, pour moi.
— Glace au caramel ou à la vanille ?
— Vanille.
— Et pour le futur Monsieur Tenseï ?


Parce qu’elle avait accessoirement décrété que Salem porterait le nom de son idole, pour perpétuer l’aura épique d’Adam à travers les âges. Une fois la commande de l’adolescent dument notée, Anya disparut à nouveau. Autour d’eux, le restaurant se dépeuplait : on dînait tôt dans les petites villes (Adam en était certain — parce qu’on se couchait tôt, puisqu’il n’y avait rien à faire), et puis eux étaient arrivés tard, occupés qu’ils avaient été à « nager ».

Adam observait Salem. L’appartement, c’était décidé. Le chat, c’était décidé. Le compte, c’était décidé. Il y avait désormais des choses à ses yeux beaucoup moins agréables mais qui exigeaient également d’être réglées.


— On pourrait aller les voir dimanche prochain. Mes parents. A midi. Comme ça, ce serait fait. C’est pas très loin, dans la banlieue de New-York.

Le jeune homme calculait le temps qu’il faudrait passer dans cette curieuse et délicate réunion de famille. Une demi-heure avant de mange, une heure et demie pour manger, une heure après le repas. Au moins. Bien sûr, si tout le monde se disputait, les choses auraient au moins le mérite d’aller beaucoup, beaucoup plus vite.

Adam tenta de balancer cette perspective peu engageante avec une proposition qui serait sans doute plus agréable à Salem, même si, de son point de vue, l’épreuve, cette fois-ci entourée d’inconnu, était plus intimidante encore.


— Et le week-end prochain, on irait à Boston.

Un détail très pratique frappa soudainement sa conscience.

— Mais euh… C’est loin, Boston ? Est-ce que ça veut dire qu’on devra dormir là-bas ?

Il s’imaginait déjà rentrer dans les murs au réveil devant Maman Cordova et passer pour un abruti profond.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé



Challenge is Everything (Salem) Vide
MessageSujet: Re: Challenge is Everything (Salem)   Challenge is Everything (Salem) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Challenge is Everything (Salem)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
X-Men Extended :: HORS VILLE :: Ailleurs-