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 Livres et chamboulement - Ulysses -

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Laura Kinney

Laura Kinney
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MessageSujet: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptySam 2 Mar - 23:49

    Un soupir s’échappa de ses lèvres pendant qu’elle ajusta la lanière de son sac sur son épaule. Encore un cours où, pour ne pas changer, elle n’avait pas su donner son avis. Les livres qu’elle étudiait en cours étaient connu de tous, soit parce que les gens l’avait déjà lu, soit parce qu’ils en avaient déjà entendu parler ou avait vu une adaptation cinématographique. Sauf que, contrairement aux autres, tout le monde avait une enfance qui ne consistait pas à rester enfermé dans une cellule sans la moindre éducation. Alice aux pays des merveilles, tous les élèves avaient eus leur mot à dire aux questions du professeur Quire, tous avaient un avis parce qu’ils savaient de quoi ils parlaient. Elle s’était sentie particulièrement lamentable à ne pas comprendre un mot de ce qui avait pu se dire et, finalement, elle avait décidé de quitter le cours prématurément pour aller se renseigner à la source.

    Laura savait qu’elle trouverait le livre qu’elle voulait à l’institut mais, elle s’y résigna. Elle accumulait déjà bien assez de retard au niveau scolaire pour ne pas donner une preuve évidente de plus sur le fait qu’elle ne connaissait rien à rien. Bien sûr, elle pensa à la librairie d’Arkady, qui lui avait donné ses premières vraies leçons de lecture mais, elle s’était promis de ne pas remettre les pieds chez le Russe avant qu’un an se soit écoulée depuis leur dernière rencontre. Une longue histoire qui se résumait par l’obligation de prendre de mesures de sécurité avec lui. Finalement, il ne lui restait plus que l’option de la bibliothèque de Central Park, au moins, elle savait où la trouver. Elle quitta l’institut.

    La jeune mutante n’avait jamais été des plus à l’aise dans les lieux publics. En plus de ne pas comprendre la nature humaine, elle se sentait toujours surexposé dans ce genre d’endroit ce qui ne lui convenait guère. Elle préférait mille fois se faire enfermée dans une salle de cours à ne rien comprendre à ce qui se disait plutôt que de retrouver le chemin d’Arme X. heureusement, si on ne lui avait pas appris à lire, on lui avait, en revanche, bien apprit à cacher ce qu’elle pouvait ressentir et s’efforça de marcher comme une adolescente des plus normales. Et ce n’est qu’après une succession de bus et de métro qu’elle arriva au pied de la bibliothèque tant recherchée. Son entrainement, de toute une vie, restait toujours présent dans sa façon d’agir : elle avait à peine passé l’entrée qu’elle savait déjà où se trouvait les portes de sorties et le nombre approximatif de personnes présentes – pour celles qu’elle pouvait voir.

    C’est avec une étrange sensation de gêne qu’elle se dirigea vers le rayon des enfants pour y trouver le livre qu’elle voulait. C’était assez nouveau comme sensation mais elle aurait juré qu’elle se sentait mal à l’aise à l’idée de chercher un bouquin qui n’était pas censé être de son âge. Si devenir humaine voulait dire se sentir mal pour une action aussi futile, il allait peut-être falloir qu’elle revoit ses priorités. Sans parler du fait qu’elle venait de mettre ce qui lui semblait être une éternité pour le trouver parmi de nombreux titres. Son livre en main, elle décida d’aller fouiller dans une autre section de la bibliothèque pour avoir la biographie de l’auteur. A croire qu’elle n’aimait pas faire les choses à moitié.

    C’est dans cette section de la bibliothèque qu’elle regrettait de ne pas avoir mis ses chaussures compensées habituelles. Ses converses à semelle plates ne lui allait pas du tout mais, tout le monde en mettait alors elle avait voulue essayer pour voir si c’était si bien que ça. Pff. Une vraie plaie, elle n’arrivait même pas à atteindre l’ouvrage qu’elle désirait manquant de quelques centimètres. Perchée sur la pointe de ses pieds, une main sur l’étagère pour faire semblant d’y chercher un équilibre – dont elle n’avait pas besoin – elle tendait sa main vers le haut de l’étagère, sans que le bout de ses doigts n’arrivent à effleuré le livre qu’elle voulait. Dans un soupir, elle quitta sa position, regarda fixement le livre qui était perché et pointa un doigt dans sa direction.

    Je te conseil de descendre là. Tout de suite !

    D’accord elle n’avait pas suivi la même éducation que tout le monde mais, tout de même, elle était au courant que menacer un livre ne servait à rien. Ils n’avaient pas de volonté propre. C’était bien dommage selon elle, parce qu’en plus d’être accessible, ils pourraient se lire tout seuls ! Nouveau soupir mais cette fois pour se donner du courage et, al revoilà sur la pointe des pieds plus déterminée que jamais à avoir ce bouquin et, oubliant par la même occasion qu’elle n’avait pas pu prendre quelques centimètres en quelques secondes.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyDim 3 Mar - 9:26

— Bonjour.

La bibliothécaire quitta son écran des yeux pour les poser sur Ulysses. Il lui fallut quelques secondes pour se remettre de cette apparition et répondre d’une voix encore un peu rêveuse :

— Bonjour…
— Je cherche le rayon d’ichtyologie.


Margret Burns travaillait dans les bibliothèques de New-York depuis trente-six ans et, en trente-six ans, foi de bibliothécaire, personne n’avait jamais eu la curieuse idée, l’étrange lubie, de lui demander le rayon d’ichtyologie. D’ailleurs, Margret devait l’avouer, l’ichtyologie, elle n’était pas entièrement sûre de savoir ce que cela pouvait bien être.

— Le rayon d’ichtyologie ?
— Oui. Mon petit ami m’a offert un poisson. C’est un combattant. Le poisson. Pas mon petit ami. Enfin si, d’une certaine manière. Mais bon.


Depuis quelques jours, à chaque fois qu’il trouvait l’occasion de prononcer ces deux mots magiques, « petit ami », Ulysses se sentait envahi d’une chaleur agréable. D’ailleurs, en ce moment même, un sourire s’épanouissait sur son visage alors qu’il s’imaginait Ivan en train de sauver un hérisson malade d’une mort certaine. Quel héros. Pendant ce temps, Margret regardait d’un air de plus en plus sceptique cet ange homosexuel en costume-cravate hors de prix qui était descendu dans sa bibliothèque pour lire des livres sur les poissons.

D’un air mal assurée, elle suggéra :


— Il y a un rayon sur la biologie. Au premier étage. Et un rayon sur les animaux. À gauche. Mais nous n’avons pas, précisément, de rayon d’ichtyologie.
— Hmm. Je vois. Merci.


Le jeune homme adressa un sourire ravageur à la bibliothécaire qui le suivit des yeux alors qu’il partait à la recherche du rayon sur les animaux. À cette heure-ci, après le travail et les cours, la bibliothèque était bondée. Les étudiants qui n’habitaient pas sur le campus délaissaient celle du domaine universitaire pour venir réviser plus près de leur domicile ; certains se contentaient d’errer pendant des heures sur Facebook avant de retourner chez eux rongés par la culpabilité d’avoir encore perdu une soirée, d’autres faisaient et refaisaient leurs calculs, ou lisaient pour la seizième fois une nébuleuse décision de la Cour Suprême, d’autres encore rêvassaient.

Quand Ulysses longeait les grands espaces qui, de temps à autre, interrompaient la succession des rayons par des rangées de tables, nombreux étaient les regards, souvent féminins, parfois masculins, qui se relevaient pour le suivre pendant cinq ou six secondes, avant de rester perdus dans le vide, habités soudain par la mélancolie d’une beauté éphémèrement aperçue et dont le passage trop rapide souligna la froideur du monde.

La beauté en question avait trouvé le rayon sur les animaux. Ulysses était bien décidé à ne pas interrompre perpétuellement Ivan de ses questions quand le jeune homme lui parlait océanographie et biologie marine. Ivan, c’était certain, allait finir par le trouver un peu crétin. Ulysses avait résolu de s’instruire un peu sur la question, au moins pour maîtriser quelques termes techniques qui échappaient parfois à son compagnon pourtant très pédagogue. Et puis, les poissons, c’était très intéressant, il avait toujours aimé la plongée, ce ne devait pas être bien difficile d’en apprendre plus.

Hélas, le rayon « Animaux » de la bibliothèque de Central Park ne ressemblait pas exactement au rayon « Biologie marine » de la bibliothèque universitaire. Ulysses s’y était attendu il est vrai et il comptait bien faire un saut sur le campus — peut-être en profiterait-il pour retrouver Ivan — qui était son petit-ami — rappelons-le. Pour l’heure, tout ce qu’il voyait, c’était des livres pour éduquer son chien, pour comprendre le langage des chats, pour élever une tarentule ou pour nourrir un oiseau tombé du nid. Pas exactement ce qu’il cherchait.

Il marchait lentement dans la travée, en parcourant des yeux la tranche des livres dans l’espoir qu’un titre comme
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la biologie marine, son rapport à l’océanographie et aux grandes questions écologiques de l’époque contemporaine surgît devant lui, mais hélas cet espoir un peu fou était perpétuellement déçu. Finalement, il trouva deux ou trois choses sur les aquariums, les poissons d’appartement et la manière de s’en occuper ; rien de plus décisif, à vrai dire, que ce qu’il pouvait trouver en quelques gestes sur Internet.

Le jeune homme poussa un soupir un peu contrarié — un peu, mais pas trop, parce que désormais, il avait une excellente excuse pour aller sur le campus, et retrouver Ivan, vous savez, Ivan, son petit ami (si si). Ulysses s’apprêtait donc à rebrousser chemin pour regagner l’ascenseur et redescendre au parking quand, dans une travée voisine à celle où il se trouvait, une étrange injonction fut proférée. Descendre de là ? Ulysses se pencha pour apercevoir la scène à travers les livres.

Une demoiselle en difficulté. Qui parlait aux livres, certes, mais en difficulté tout de même. L’esprit chevaleresque d’Ulysses ne pouvait pas laisser cette jeune fille sans le secours nécessaire d’un bras courageux. Le jeune homme contourna les étagères, s’approcha de la demoiselle, tendit le bras, attrapa le livre et le donna à l’inconnue. Il lui adressa l’un des sourires dont il avait le secret (ou, plus exactement, dont il ignorait lui-même le secret) et murmura, pour ne pas déranger les étudiants qui faisaient semblant d’étudier :


— Tenez.

Il jeta un coup d’œil sur le titre de l’ouvrage — une biographie de Lewis Carroll.

— Oh. Une lecture, hm… Courageuse.

Le regard vert d’Ulysses se reporta sur le rayon des biographies pour voir s’il n’y en avait pas d’autres du même auteur.

— Si j’étais vous, je ne lirais pas celle-là. Vous savez, Carroll est l’un de ses écrivains qu’on a enveloppé de fantasmes plutôt que de vérités. Dans son cas, hélas, les inventions tendent à embrumer plutôt qu’éclairer la compréhension de l’œuvre. Il y a des biographies plus récentes… Plus austères sans doute, mais, hm…

Le jeune homme esquissa une moue songeuse.

— Pas ici, manifestement. Vous êtes étudiante ? Vous devriez trouver plus de choses à la bibliothèque universitaire.
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Laura Kinney

Laura Kinney
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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyDim 3 Mar - 16:40

    Une main, très logiquement accompagnée de son bras, passa devant son champ de vision pour prendre le livre qu’elle désirait et pendant une brève seconde elle s’imagina découper en lamelle la personne qui osait lui voler son livre, sous prétexte d’avoir la bonne taille. Une vision qui s’arrêta au moment où le livre lui fut tendu pour comprendre qu’en réalité, on venait de l’aider. Laura ne se fit pas prier, elle prit le livre sans même relevé la tête dans un « merci » dont le ton, elle s’en rendait bien compte, était bien trop bourru pour sembler sympathique. Un ton qui était une véritable histoire de famille, à croire que ce genre de chose pouvait se transmettre grâce aux gènes. Merci papa Logan ! Sauf que voilà, Laura était dans une optique « soyons sociable », elle devait apprendre à devenir un peu plus humaine et comprit par la même occasion que le ton qu’elle venait d’employer n’était pas des plus adéquate. Alors, avant de relever la tête vers la personne qui venait de récupérer son livre elle décida de poser un sourire sur ses lèvres. Il faut savoir que Laura ne savait même pas ce que c’était qu’un sourire et encore moins sa signification avant de s’enfuir d’Arme X alors le simuler n’était pas chose aisé et se traduisait par une exposition de ses dents, serrée les unes contre les autres afin de donner le sourire le plus crispé que l’on pouvait avoir.

    C’est gen… Elle venait de relever la tête, avec son sourire crispé qui, étrangement était en train de se transformer en un sourire niais face à la personne qui lui faisait face et qu’elle voyait pour la première fois. C’était très étrange parce qu’elle ne s’était jamais demandé si quelqu’un était beau ou non, elle avait toujours été très loin de ce genre de considération. Elle ne savait même pas à quoi ressemblait son type d’homme (ou de femme, après tout) mais là, face à lui, elle pensait que ça devait être ça son genre parce que l’adjectif « beau » semblait avoir été créé pour lui et bien plus encore. Elle avait tellement été frappé par cet homme qu’elle en avait oublié la fin de son mot et du plisser les yeux dans une réflexion intense pour enfin réussir à finir ce qu’elle était en train de dire. …til !

    Le problème c’est qu’elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et, comme à chaque fois dans ce genre de moment, elle se demanda si ce n’était pas plus intéressant de planter la personne en face d’elle pour supprimer le problème. Heureusement, on lui avait vite appris que régler les problèmes de cette façon n’était pas une bonne chose, elle ne comprenait toujours pas pourquoi mais avait décidé de se plier aux règles de la société. Son regard était un mélange de plein de chose : une grande part d’étonnement pouvait se reflétait dans ses pupilles avec aussi pas mal d’émerveillement et un peu d’interrogation. Elle se demandait même si ce ne serait pas judicieux d’utiliser ses sens surdéveloppés pour voir si il ne se cachait pas quelque chose de louche sur cette personne, pas qu’il avait l’air irréel – quoique, si, un peu quand même – mais c’est surtout parce qu’elle ne comprenait pourquoi elle réagissait de cette manière.

    Hein ?

    Elle avait bien vu qu’il bougeait les lèvres dans une forme de communication utilisée par tout le monde mais, elle avait tellement cogité que, sur le coup, elle n’avait rien capté. Heureusement, le cerveau était une chose merveilleuse et ce n’est qu’une fois qu’il avait fini de parler que son cerveau décida de lui refaire le discours en différé. Elle secoua la tête dans l’espoir de se sortir de l’état dans lequel elle se trouvait afin de pouvoir lui donner une réponse à ce qu’il avait expliqué.

    Heu… Oui, non, enfin… Elle lâcha un soupir, énervée contre elle-même pour ne pas être capable de dire une phrase sans avoir l’impression de patauger. Grande inspiration, elle baissa les yeux en faisant semblant de se concentrer sur la couverture de son livre, lui donnant une excuse pour ne pas regarder le jeune homme qui lui faisait face. J’ai des cours par correspondance, je ne suis pas certaine qu’on me laisse l’excès à la bibliothèque universitaire.

    Elle n’avait même pas pensé à cette solution là en réalité, pensant naïvement qu’on trouvait les mêmes choses dans toutes les bibliothèques. Elle s’était mise à parcourir rapidement quelques lignes sur la couverture du livre avant de s’interroger sur un point. Prenant son courage à deux mains, elle se décida à nouveau d’affronter le regard du jeune homme qui semblait tout droit sorti d’une affiche publicitaire.

    Pourquoi est-ce que des gens auraient écrit des choses qui ne sont pas vrais dans un livre qui parle d’une personne réelle ?

    Elle avait posé cette question de la même manière qu’une enfant de 4 ans, aussi innocente que possible parce qu’elle ne comprenait pas. Elle imaginait que si un livre s’écrivait sur des faits réels alors ça avait dû être vérifié et les infos se trouvant dedans devaient être vraies. Un tas de choses lui échappait.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyDim 3 Mar - 17:20

Fort heureusement pour le bon déroulement de cette histoire, Ulysses n’avait aucune idée que la demoiselle qu’il venait d’aider chevaleresquement était une psychopathe sanguinaire tout droit échappée des geôles d’une agence para-gouvernementale, sans quoi il eût sans doute réfléchi deux à fois avant de laisser son altruisme s’exprimer et eût pris ses jambes à son cou sans demander son reste, parce que son courage ne confinait pas à la témérité, encore moins à l’inconscience, et qu’il ne comptait certes pas se faire assassiner par dévotion pour l’exactitude biographique, quelque affection qu’il portât aux œuvres de Lewis Carroll.

D’ailleurs, il ne fit aucune réflexion sur le trouble qui s’était emparé de la jeune femme à la seconde où elle avait posé les yeux sur lui, parce qu’il avait l’habitude de ce genre de réactions. Les gens étaient toujours un peu étranges avec lui et il n’était pas très sûr de pouvoir l’expliquer, car sa propre beauté lui échappait largement et quoiqu’on se battît — parfois littéralement — pour ses beaux yeux, comme personne ou presque ne prenait la peine de souligner ce qui paraissait à tous une évidence et de lui dire, à lui, qu’il était beau, Ulysses abordait tout cela avec une certaine perplexité.

Machinalement, il supposa que l’inconnue était un peu gênée à l’idée qu’il l’eût surprise en train de tenter de convaincre un livre de descendre lui-même de l’étagère, ou bien qu’elle était timide, ou bien qu’elle nourrissait un féminisme farouche, que l’idée de se faire aider par un homme lui déplaisait profondément mais qu’elle le dissimulait sous une politesse forcée (ce que suggérait d’ailleurs son sourire un brin, hm…, carnassier). Bref, quelque chose dans ce goût-là.

Tout cela poussait donc Ulysses à se faire plus cordial et donc plus charmant, déployant sans s’en rendre compte et en toute bonne foi l’arme de séduction massive qu’était son pouvoir — un pouvoir dont il était loin, très loin d’avoir conscience. Ce fut donc avec un nouveau sourire qu’il balaya l’objection des cours par correspondance et expliqua :


— Il suffit de prendre un abonnement. Il faut payer, contrairement aux étudiants des universités locales, mais à vrai dire, ce n’est pas très cher et vous trouveriez des choses plus intéressantes qu’ici.

Il était lui-même abandonné, quoiqu’il n’eût jamais fréquenté aucune université de New-York et il s’approvisionnait dans le réseau des bibliothèques universitaires en livres étrangers, qui eussent mis plusieurs jours parfois à arriver aux Etats-Unis s’il les avait commandés chez un libraire. Comme, par la force des choses, il se découvrait une nouvelle tâche intellectuelle dans l’exploration de la biologie marine, il y avait d’ailleurs fort à parier que ses visites sur le campus se feraient plus fréquentes encore.

Il allait même proposer à la jeune femme de lui indiquer le chemin, à la rigueur de la conduire jusqu’à cette fameuse bibliothèque où lui-même s’apprêtait à se rendre, quand elle passa sans vergogne des détails les plus pratiques à une interrogation fondamentale de théorie littéraire et d’épistémologie historiographique. Rien de tel pour capter l’attention du très pédagogique Ulysses, qui comme bien des héritiers d’antiques familles de la grande bourgeoisie, avait été élevé dans une culture humaniste pétrie de semblables considérations.

Le jeune homme se fit un instant songeur, avant de murmurer :


— C’est une excellente question. Complexe et capitale. À vrai dire…
— Chhht.


Ulysses jeta un coup d’œil vers le bureau où un vieux bibliothécaire rassis pressait un index sur ses lèvres desséchées pour leur intimer le silence. Le jeune homme fit signe à son interlocutrice de le suivre et ils s’acheminèrent vers le bureau des prêts, pour qu’elle pût emprunter son exemplaire d’ Alice. Ulysses reprit ses explications.

— Tenez, essayez de vous rappeler de ce que vous avez fait hier. Et essayez de songer aux traces que vous avez laissées. Les choses que vous avez écrites. Les personnes auxquelles vous avez parlé. Projetez vous cinquante, cent ans dans l’avenir. Combien de ces traces auront survécu ? Et celles qui survivent ne seront que cela : des traces. Une empreinte sur le sable, ce n’est pas un pied : ce sont deux choses différentes. L’historien, et par exemple le biographe, qui se tourne vers le passé, n’a que les traces. La vérité du passé n’existe plus ; ce qui nous reste, c’est la possibilité d’interpréter les documents pour formuler des hypothèses. Ces hypothèses peuvent être contredites, si des interprétations plus pertinentes sont formulées ou de nouveaux documents découverts.

Le livre emprunté, ils avaient commencé à marcher vers les ascenseurs.

— Pour un grand personnage, un auteur par exemple, comme Lewis Carroll, aucune interprétation n’est innocente. On cherche toujours à donner du sens à une existence. On rassemble des éléments épars, on les oriente. On a envie, par exemple, que la vie de l’auteur explique le livre. Alors on va orienter le récit de cette vie pour éclairer l’œuvre. Mais la manière dont on comprend une œuvre varie selon les époques et les personnes, et ainsi la biographie se modifie.

Il y a aussi ce dont le biographie ne parle pas. Tenez, Virginia Woolf, dans son essai « L’Art de la Biographie », parle de la manière dont les biographes victoriens éludent les défauts et la sexualité de ceux sur qui ils écrivent. En revanche, à notre époque, ces choses ont une importance capitale, parce qu’on suppose que c’est là où réside la vérité secrète d’une personnalité. Deux conceptions différentes, deux biographies différentes.


Ulysses parcourait sans complexe les époques, les concepts et les disciplines, comme si tout ce dont il parlait relevait de l’évidence même, produit d’une solide éducation et d’une fréquentation assidue des œuvres littéraires comme historiques. C’était précisément pour parler des poissons avec la même aisance, ou au moins un millième de cette aisance, qu’il recherchait désespérement un livre d’ichtyologie dont la scientificité ne fût pas trop hermétique à son esprit essentiellement humaniste.

Les deux jeunes gens étaient arrivés devant l’ascenseur. Les yeux verts d’Ulysses se reposèrent dans ceux de la jeune femme.


— Si vous voulez, je vais à la bibliothèque universitaire, là. Je peux vous y conduire.

Et avec une délicatesse de courtoisie, il précisa aussitôt et tout naturellement :

— Ou, tout du moins, si vous préférez, vous indiquer la ligne de métro qui y mène.
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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyDim 3 Mar - 19:09

    D’une certaine manière, Laura apprécia le fait qu’il ne se mit pas à sourire, à rire, ou à lui faire une réflexion sur le fait qu’elle n’arrivait pas à aligner deux mots correctement. Ce qu’elle n’arrivait pas à déterminer, par contre, c’était si il ne réagissait parce qu’il n’avait pas envie de la mettre plus à l’aise ou si c’était parce que ce genre de réaction ne l’étonnait même plus. Parce que si elle était capable de le trouver si beau, ça devait être le cas de pas mal de personne, non ? Fait qu’elle vérifia bien vite en regardant un peu autour d’elle afin de remarquer que pas mal de regard se tournait vers le jeune homme. Elle se sentit horriblement banale de réagir comme tout le monde et, honnêtement, elle n’aimait pas ce sentiment. C’était bizarre que ce jeune homme puisse lui faire ressentir autant de chose contradictoire et, encore une fois, elle pensait au fait qu’un coup de griffe mettrait fin, rapidement, à tous ses ressentiments plus qu’étrange.

    Est-ce qu’il pouvait au moins arrêter de sourire ? Ca l’aiderait bien et, surtout, ça l’empêcherait de sourire comme une adolescente banale devant son acteur favori qui donnait, le plus souvent, un air particulièrement débile. La seule chose qui la ramenait sur terre un bref instant fut cette histoire d’abonnement, pendant quelques petites secondes on aurait facilement pu croire qu’elle était en train de paniquer à cette idée. Un abonnement… Entrer dans une base de donnée, donner son nom, être fiché quelque part. Même si ce n’était qu’une bibliothèque, même si il y avait peu de chance qu’on la cherche de ce côté-là, elle ne pouvait pas prendre ce risque. Après tout elle valait chère, littéralement parlant et les fédéraux n’aimait pas vraiment perdre leur investissement surtout quand ce dernier servait pour une raison bien particulière.

    Elle ne sut même plus ce qu’elle voulait répondre en faisant l’erreur de relever les yeux vers lui avec cette horrible sensation de se perdre dans le vert de ses yeux. Pourquoi est-ce que ce n’était pas le binoclard plein de boutons sur le visage qui était venu l’aider à récupérer son livre ? Les choses auraient été bien plus simples. Elle fut heureuse de la voir songeur un instant après la question qu’elle avait posé, lui donnant ainsi un moment de répit pour se donner une bonne raison de regarder ailleurs afin d’être moins perturber par la présence qu’il offrait. Il avait à peine commencé une phrase qu’une personne lui demanda de se taire et là, pour la première, c’est ce nouveau visage qu’elle eut envie de décapiter sur place pour empêcher le jeune homme de continuer à parler. Personne dont elle ne connaissait même pas le prénom.

    Jamais, jamais, elle n’aurait suivit bêtement une personne juste parce qu’il lui avait signe de le faire. Là, elle se surprit à se voir marché bêtement à la suite de ce jeune homme juste pour, inconsciemment, pouvoir passer un peu plus de temps avec lui. Elle aurait dû mettre fin à cette conversation surtout après cette histoire d’abonnement qui n’annonçait rien de bon. Mais, elle se rassura en se disant qu’il n’était pas en train de lui proposer de le faire maintenant, si ça avait été le cas, elle était persuadée qu’elle aurait trouvé le moyen de refuser, aussi beau soit-il.

    Elle avait pris son bouquin, signant juste un papier sous un faux nom qui ne pouvait pas la relier à sa véritable identité et s’étonna, une fois de plus de suivre le jeune homme qui se perdait dans des explications sur cette histoire de biographie dont elle ne compris pas la moitié. Surtout à cause de références qu’elle ne connaissait pas. Devait-elle lui dire qu’elle ne savait lire que depuis 2 ans ? Et puis elle ne se reconnaissait pas vraiment dans son explication étant donné que toute son existence était consignée dans des notes, dans des résultats d’expériences. Avec les bons documents, on pouvait retracer le début de sa vie avec une précision hallucinante qui ne laissait pas de place à l’imagination. Mais allez expliquer à quelqu’un qu’on pouvait créer votre biographie sans la moindre erreur tellement les évènements étaient consignés, encore et encore.

    C’est quand même perturbant, les gens devraient prévenir qu’ils ne sont pas certains de ce qu’ils écrivent mais que ce ne sont que des suppositions.

    Puis ça remettait tout en question, comme quand on était en cours d’histoire à retracer des évènements passés. Après tout, là aussi, ce n’était que des suppositions, ça se trouve on s’acharnait à nous apprendre des choses qui étaient complètement fausse, ou du moins, nous apprendre des choses comme on avait envie de nous les faire croire. Finalement, pourquoi est-ce qu’on nous prenait la tête à apprendre des choses qui n’étaient peut-être pas vrai ?

    Du coup, comment est-ce qu’on fait pour savoir quel ouvrage se rapproche le plus de la réalité ?

    Il avait quelque chose d’énervant – sans pourtant réussir à énerver réellement, très perturbant – parce qu’il n’était pas seulement beau, il donnait l’impression de connaitre un tas de choses et de pouvoir en parler sans même chercher à se souvenir de ce qu’il avait pu apprendre plus tôt dans sa vie. Ça lui venait naturellement alors que, elle, elle n’était même pas capable de savoir de quoi parlait Alice aux pays des merveilles.

    Sans, s’en rendre compte, elle était devant les ascenseurs, sonnant la fin de sa venue ici. La seule chose qui lui permit de s’en rendre compte c’était le jeune homme qui était en train de lui proposer de venir avec lui à l’université. Qu’est-ce qu’elle s’était dit un peu plus tôt ? Ah oui, si il lui proposait ce genre de chose, elle trouverait une raison pour refuser cette invitation. En plus il lui donnait une excuse pour refuser en lui proposant de lui donner l’itinéraire, c’était parfait. Tellement parfait qu’elle n’arriva pas à suivre ce qu’elle aurait dû répondre.

    Si vous y aller, je veux bien vous accompagner. Il parait que le campus est très grand alors ça m’évitera peut-être de tourner en rond bêtement pendant des lustres.

    Là, c’est elle qu’elle avait envie de découper en petit morceau. Comment elle ferait si on lui demandait une pièce d’identité pour souscrire à un abonnement ? Elle n’avait pas préparé de faux papier, pas préparer une vie inventée avec une adresse fictive et tout ce genre de chose qu’elle faisait à chaque fois qu’il y avait besoin de laisser son identité dans un système informatique. Incapable de prendre la décision de fuir, elle s’offrit une porte de sortie… Enfin, pas vraiment, parce que ça ne dépendait pas vraiment d’elle.

    Enfin, il ne faut pas que ça vous dérange, ou que vous vous sentiez obligé. Je ne suis pas capable d’attraper un livre en hauteur mais je devrais être capable de trouver une bibliothèque.
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Ulysses Winford

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Livres et chamboulement - Ulysses - Vide
MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyLun 4 Mar - 9:58

Ah, décidément, Ulysses aimait les gens. À chaque fois qu’il discutait avec une personne inconnue, il découvrait des interrogations inédites, des angoisses informulées, une attitude face au monde qui le surprenait et enrichissait ses propres perspectives. Sans doute sa foi en l’humanité était-elle parfois un peu déraisonnable et il n’était pas rare que ses amis proches en vinssent à le mettre en garde contre sa tendance à s’intéresser à tout le monde, avec une égale confiance, mais la vérité était là : il était venu à la bibliothèque pour trouver un livre sur les poissons et il en sortait en discutant de la philosophie du temps avec une jeune femme dont il ne connaissait pas encore le prénom.

Bon, elle, certes, elle ne discutait pas tellement de la philosophie du temps qu’elle ne posait des questions sur l’exactitude historiographique en se débattant avec les paradoxes sceptiques qu’Ulysses venait allègrement de lui fourrer dans l’esprit. De là à douter que les cités grecques eussent jamais existé, que la bataille de Marignan se fût jamais tenu en 1515 et que les Puritains eussent bien entamé une propagande politique dès la fondation de la Nouvelle-Angleterre, il n’y avait qu’un pas.

Pas vraiment pertubé par le trouble de son interlocutrice, Ulysses appuya sur le bouton de l’ascenseur et précisa, pour qu’elle ne crût pas qu’il l’entrainait sciemment dans les bas-fonds de la bibliothèque afin de profiter de son innocence :


— Ça ne me dérange pas du tout, je vous emmène. Ma voiture est au parking et, de toute façon, je dois y aller aussi.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et Ulysses s’effaça pour laisser galantement passer la demoiselle avant d’entrer à son tour et d’appuyer sur le bouton des sous-sols.

— Par contre, il y a plusieurs bibliothèques. Je vais devoir aller à celle de sciences et vous à celle de lettres et elles ne sont pas au même endroit, mais enfin, une fois sur le campus, il y a des panneaux partout et une fois dans la bibliothèque, vous trouverez facilement quelqu’un pour vous conseiller.

L’ascenseur dévalait rapidement les étages de la bibliothèque et Ulysses était ravi de constater qu’il ne produisait pas cette petite musique agaçante qui était la curieuse marque de fabrique de certains constructeurs.

— D’ailleurs, si vous suivez des cours par correspondance, vous avez peut-être une carte d’étudiante. Il est possible que ça soit gratuit, je ne sais pas.

Les portes se rouvrirent et Ulysses sortit en premier car la galanterie, comme chacun sait, implique que l’homme précède la femme dans les endroits qui peuvent être intimidants et dans les restaurants, pour s’assurer que l’établissement est bien fréquenté ; chez Ulysses, ces gestes relevaient d’un certain automatisme contre lequel il veillait à lutter, de temps à autre, parce qu’il y avait là un vague sexisme, mais il arrivait souvent qu’il les exécutât spontanément.

Comme on pouvait s’y attendre, le parking de la bibliothèque ne regorgeait pas de ninjas assassins, qui n’eussent probablement pas fait le poids, de toute façon, contre la mutante qui l’accompagnait. Ulysses se tenait à un bon mètre d’elle, pour qu’elle n’eût pas l’impression qu’il pouvait profiter d’une quelconque proximité et de l’isolement des sous-sols pour tenter un geste suspect — précautions purement américaines.


— Pour répondre à votre question, pour les biographies, c’est souvent une question de documents et d’objectivités. Les premières biographies que l’on consacre à un auteur, fréquemment, mélangent les mythes à la fiction. Il y a un investissement émotionnel très fort — c’est ma voiture, là — et la volonté de présenter une certaine image. Après, les passions se calment et les gens se font plus objectifs.

Ulysses avait désigné une berline noire qui avec l’élégance sobre des vraies voitures luxueuses, loin du clinquant affecté des bolides de sport. Il sortit une carte de sa poche, l’effleura et offrit à celle qui l’accompagnait de s’installer, pendant qu’il prenait place au volant, avant de glisser la carte en question dans l’endroit prévu à cet effet, pour démarrer la voiture. Et d’attacher sa ceinture — bien entendu.

Ils commencèrent ainsi à sortir du parking et Ulysses poursuivait ses explications.


— Mais je vous l’accorde, quand on est devant les rayons de la bibliothèque, ce n’est pas facile de choisir. Par définition, si on cherche un livre, c’est qu’on ne sait pas encore ce qu’il faut savoir et par conséquent, on est obligés de s’en remettre à des éléments extérieurs. Le mieux est encore de choisir des ouvrages écrits par des universitaires spécialisés, c’est un bon gage de qualité.

La voiture s’engouffra bientôt dans la circulation à cette heure-ci difficile du centre de New-York.

— Pour les grands auteurs, les gens très célèbres, vous pouvez aussi regarder sur Wikipédia. Déjà, il y aura une biographie succincte et ensuite, il y aura des sources, des citations et éventuellement le résumé des controverses. C’est très utile.

Et puis c’était une encyclopédie libre, et le libre, c’était bien — Ulysses en était convaincu avant même de rencontrer son alter-mondialiste de petit copain, c’est dire. Pendant qu’il parlait, ils avançaient à un train sénatorial dans le flot de taxis et de voitures qui encombraient le centre de New York et machinalement, Ulysses pianota sur l’écran de la voiture, pour la forcer à rechercher un trajet plus loin, mais plus dégagé.

Pendant que l’ordinateur de bord dernière génération réfléchissait activement à la question, le jeune homme se tourna vers la jeune femme.


— Au fait, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Ulysses.

Prénom peu commun, même aux Etats-Unis. Le jeune homme, comme à son habitude, évitait de donner son nom de famille lorsque la chose n’était pas nécessaire ; la perspective de converser avec l’héritier des Winford était généralement peu faite pour mettre ses interlocuteurs à l’aise et comme il n’avait aucun moyen de deviner si sa nouvelle connaissance suivait ou non activement les nouvelles économiques, militaires et politiques, et si donc le nom de Winford lui évoquait quelque chose, il préférait se prémunir contre un pareil embarras.

— Et vous ? Et, si ce n’est pas trop indiscret, quel genre d’études faites-vous ? Littérature, je suppose.

Hélas, même avec tout le tact du monde, Ulysses ne pouvait pas deviner que son interlocutrice en était encore à se débattre avec l’anglais victorien.
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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyLun 4 Mar - 17:53

    Ça ne le dérangeait pas et, Laura, était incapable de savoir si elle en était soulagée ou non. Les deux points de vue se discutaient surtout qu’il avait parlé de voiture. Elle avait pensé, naïvement, qu’ils iraient en transport en commun, comme la plus part des gens qui habitaient dans cette ville et cherchait à éviter les embouteillages. Monter dans la voiture d’un inconnu, elle chercha à se souvenir depuis quand elle n’avait pas ça pour en venir à la conclusion que ça ne lui était JAMAIS arrivé. Bordel ! Qu’est-ce qui lui arrivait ? Suivre une personne juste parce qu’on la trouve belle était la chose la plus stupide que l’on pouvait faire et, pourtant, son cerveau semblait décidé à n’avoir aucune volonté face à lui.

    Elle se sentait comme une gamine, hochant bêtement – et, presque tristement – la tête quand il lui apprit qu’il ne faisait que la déposer avant de la laisser pour aller dans la section des sciences. Elle arrivait à s’en vouloir d’avoir autant de retard au niveau de ses cours pour ne pas être capable de se lancer dans une discussion « scientifique » juste pour ne pas avoir l’air aussi stupide, juste pour pouvoir échanger avec lui sur un sujet qui l’intéressé et, inconsciemment, pour avoir envie qu’il la trouve intéressante. Elle s’en aurait donné des claques tellement elle était descendu au rang d’adolescente de base. Laura essaya juste de relativiser les choses, au moins, elle pourrait esquiver l’interrogation sur l’identité et éviter l’abonnement sans avoir à trouver d’excuses si le jeune homme ne se trouvait pas avec elle. Ce qui l’amenait à penser qu’elle allait se rendre dans une bibliothèque juste pour faire le trajet en voiture avec un pur inconnu. Pathétique.

    Une carte étudiante ? Non, je n’en ai pas – pourquoi j’en ai pas ? (questionnement plus pour elle que pour son interlocuteur) – on est censé nous en donner ? Je ne savais pas.

    Et, elle ne s’en était jamais réellement soucier. Peut-être que si elle avait fait des études comme tout le monde elle aurait été au courant de cette carte mais, arrivé sur le marché des études depuis moins de deux ans, elle n’y connaissait rien. La paperasse et tout ce genre de chose n’était pas vraiment une priorité chez elle, surtout qu’elle trouvait ça bien compliqué et que son but était de ne pas apparaitre dans une base de donnée quelconque. Elle se devait de ne pas exister ce qui, étrangement, était très compliqué dans ce genre de société où on demandait un nom de famille pour un oui ou pour un non.

    A aucun moment elle ne s’inquiéta de rentrer dans un sous-sol avec un parfait inconnu. Si vraiment il essayait quoique ce soit, il lui donnerait enfin une excuse valable pour pouvoir le découper en rondelle, ce qui ne serait pas pour lui déplaire. Ca éviterait sûrement tout ce tas de chose qui lui arrivait et qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Mais, la distance qu’il mit entre eux deux laissait penser qu’il ne tenterait rien. Dommage. Dommage aussi parce que, bizarrement, elle aurait aimé plus de proximité. Promis, elle s’enfoncerait la tête dans le premier mur qu’elle trouverait, une fois qu’elle serait seule.

    Elle était perdue, peut-être même impressionnée par le fait qu’on aurait dit une encyclopédie vivante. Laura n’était pas particulièrement stupide mais manquait cruellement de culture générale sur certains points qui ne semblaient pas important pour Arme X. Lui, alors qu’il n’avait pas l’air bien vieux, semblait déjà tout avoir pour lui. S’en était presque énervant. Elle devait faire un effort considérable pour essayer de noter mentalement ce qu’il disait. Ne pas prendre la première biographie d’un auteur parce qu’il écrivait de manière trop émotionnelle. Chose que, bien évidemment, elle ne pouvait pas comprendre parce qu’on lui avait appris à réagir de toutes les manières que ce soit du moment que ça ne fait pas appel à un sentiment quelconque.

    Et voilà qu’elle se retrouvait assise dans une voiture sans trop savoir comment elle devait s’y installer. Est-ce que s’appuyer un peu trop risquait d’abimer les sièges ? Ca semblait bien trop luxueux pour entrer dedans et elle n’avait pas envie d’abimer quoique ce soit. Elle avait déjà l’impression d’avoir l’air stupide, ce n’était pas pour ajouter un côté maladroite à son palmarès. Décidant de laisser ces considérations de côté, elle décida de se concentrer sur ce que disait le jeune homme. Choisir des ouvrages écrits par des universitaires spécialisés. Elle hocha la tête pour laisser comprendre qu’elle avait bien enregistrer l’information sans être certaine d’avoir réellement compris ce que ça voulait dire.

    « We Kipédia » ? C’est où ? C’est quoi ?

    La question était sortie de manière complètement spontanée sans qu’elle pense à la fermer pour ne pas sembler encore plus inculte. Laura savait se servir d’un ordinateur, on lui avait appris à craquer des choses moyennement simple parce qu’on avait estimé que cela serait utile pour ses missions. Mais on s’était bien gardé de lui donner une culture de ce qu’était internet et de ce qu’on pouvait y trouver, le but n’avait jamais été qu’elle pense par elle-même mais comme on la voulait, ce n’était pas la peine de lui donner la possibilité d’apprendre par elle-même. Du coup, elle n’avait aucune idée de quoi il parlait.

    Ulysses. Elle haussa un sourcil pendant quelques secondes. C’était vraiment un prénom, ça ? Aucune idée d’où ça pouvait venir, aucune idée de si ça existait réellement. Elle n’avait jamais entendu ce prénom de sa vie. Finalement elle décida de ne pas se formaliser, chacun pouvait avoir les droits à un prénom original. Et puis, de manière incontrôlée, elle se sentait heureuse de donner un prénom à ce visage, ça le rendait presque plus réel.

    Littérature ? Sérieusement ? Elle se mise à sourire de manière bien plus spontanée que le premier qu’elle avait tenté de lui servir. J’imagine que si c’était le cas, je serais capable de savoir comment juger si un livre est fiable ou non. Je suis un cursus général, en fait parce que… Enfin, disons que mes parents n’ont pas jugé intéressant de me mettre à l’école pendant mon enfance alors, je suis loin d’en être à me spécialisé.

    Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s’était sentie obligée de se justifier – avec un mensonge – sur son niveau d’étude. Peut-être qu’elle avait simplement envie de faire savoir que si elle n’avait aucune culture c’est que ce n’était pas réellement de sa faute. C’était débile, depuis quand elle se souciait de l’avis des gens. Elle côtoyait un tas d’élève dont le niveau était bien plus élevé que le sien et, pourtant, elle n’avait jamais cherché à en donner la moindre explication.

    Tu – vous, pardon – cherchez quoi comme genre de livre ? Et vous donnez toujours autant d’infos à une simple question ? Parce que, franchement, faut réussir à vous suivre des fois ^^

    Elle était bien consciente de ne pas avoir donné de prénom mais, elle estimait qu’il avait bien assez d’emprise sur elle – sans qu’elle ne sache pourquoi – pour lui en donner encore plus. Après tout, son identité c’est tout ce qu’elle avait pour elle et avait beaucoup de mal à la donner comme ça.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyLun 4 Mar - 18:23

Aux yeux d’Ulysses qui vivait entouré des ordinateurs de pointe au summum de la technologie et qui évoluait constamment connecté aux flux d’informations qui arrivaient sur son téléphone, sa télévision ou son ordinateur portable dans une dizaine de langues, demander ce qu’était Wikipédia revenait à peu près à demander ce qu’était une roue ou un couteau mais fort heureusement pour Laura (et pour lui, sans doute, qui ne voulait pas finir décapité), le jeune homme avait appris à accueillir toutes les questions avec une égale disponibilité, compétence fondamentale de tout secrétaire de presse et porte-parole qui se respecte.

Ce fut donc avec un naturel exemplaire, tandis qu’il empruntait une rue de traverse délaissée par le gros de la circulation mais qui promettait un trajet plus rapide, qu’il répondit à cette curieuse interrogation :


— Une encyclopédie. Un gros dictionnaire, sur Internet, édité par des milliers de personnes, sur tous les sujets et entièrement gratuits. Ce n’est pas toujours d’une absolue fiabilité, mais cela fonctionne en général extrêmement bien, surtout pour les sujets bien balisés.

Quant à ce qui pouvait conduire une jeune femme à ne pas connaître Wikipédia, Ulysses ne manquait pas d’hypothèses — certes, son tempérament imaginatif le laissait rarement à cours de suppositions sur les causes de tel ou tel événement, suppositions qui s’étalaient souvent du plus probable au parfaitement fantaisiste. En l’occurrence, il s’en tenait à des choses bien courantes : l’inconnue avait été élevée dans une famille amish et venait tout juste de prendre son indépendance, ou bien elle avait grandi dans les quartiers pauvres et subi la fracture numérique encore si préoccupante, selon Ulysses, dans les disparités socioscolaires aux Etats-Unis.

Bien sûr, il supposait qu’elle avait aussi pu grandir enfermée dans le laboratoire de scientifiques fous, parce qu’il avait vu des films d’espionnage et lu des romans de science-fiction, mais très franchement, l’hypothèse des Amishs ou des immeubles les plus défavorisés du Bronx était beaucoup plus crédible à ses yeux. Les étranges réactions de la jeune femme étaient donc loin d’éveiller sa suspicion — mais Ulysses, on l’aura compris, n’était pas un jeune homme naturellement très suspicieux.

D’ailleurs, les précisions que son interlocutrice apporta à propos de son éducation confirmait l’une ou l’autre de ces hypothèses. Un jeune homme pétri de culture humaniste comme l’était Ulysses ne pouvait guère regarder la descolarisation que comme un fléau et s’il existait certes des procédures de contrôle pour les enfants qui apprenaient à leur domicile, elles étaient notoirement efficaces quand elles impliquaient de pénétrer dans les campagnes profondes ou les cités sensibles. Ulysses, machinalement, nota dans un coin de son esprit de se pencher sur ces questions — après tout, l’éducation était le sujet de préoccupation numéro 1 des Américains, selon tous les sondages en vigueur.

Il balaya la gêne de Laura avec un sourire, tout en tendant le cou pour mieux apercevoir une intersection.


— Bah, vous êtes jeune encore, vous avez largement le temps de vous décider. Vous verrez, une fois qu’on a choisi une spécialité, on regrette un peu l’époque de l’indétermination, où toutes les voies étaient encore ouvertes.

Il parlait d’expérience. Combien de fois avait-il songé que sa vie eût été bien plus agréable s’il ne s’était engagé dans des études de sciences politiques et de géographie pour faire plaisir à son père et honorer la tradition des Winford ? Elles ne lui avaient pas déplu, finalement, ces études, mais il avait eu d’autres rêves et, aujourd’hui encore, il ne pouvait s’empêcher de ressentir parfois la vague insatisfaction des vocations frustrées, quand il s’asseyait devant son piano.

Très loin d’avoir l’esprit d’investigation systématique de son ancien presque-fiancé Adam, Ulysses ne se rendit pas compte que la jeune femme avait évité de lui donner son prénom et, alors qu’il s’engageait vers la route plus dégagée qui menait au campus universitaire, il esquissa un sourire amusé en l’entendant souligner le flot d’informations dans lequel il l’avait peut-être noyée.


— Ah, désolé, je suis parfois un peu bavard. C’est aussi que j’aime bien la littérature. Et l’histoire. Et j’aime bien discuter. Mais il faut m’arrêter, si ça vous ennuie. Parfois, je me laisse un peu emporter.

Jusqu’à présent, cela dit, personne ne s’était jamais plaint. Certes, il avait parfois soupçonné certains de ses interlocuteurs et beaucoup de ses interlocutrices de ne pas écouter ce qu’il pouvait bien raconter et de se concentrer sur quelque chose d’autre — le mouvement de ses lèvres, le vert de ses yeux, mais enfin, comme il posait des questions, répondait aux questions qu’il posait, il n’avait jamais eu l’impression d’être perdu dans un monologue solipsiste.

— Moi, je cherche un livre d’ichtyologie. L’étude des poissons. Une sorte d’introduction, parce que je n’ai pas l’esprit très scientifique. Mais mon petit ami…

Bon, il n’avait pas pu s’empêcher de le dire et les mots « petit ami » avaient fait rayonner sur son visage la joie d’un sourire spontané.

— …m’a offert un poisson combattant, et puis il fait des études d’océanographie et de biologie. Alors j’essaye d’apprendre un peu, pour tenir la conversation. Je ne voudrais pas avoir l’air idiot, vous voyez.

Oui, parce qu’il se souvenait encore du regard un peu navré de son professeur de mathématiques quand il avait renoncé à lui faire comprendre ce qu’étaient les sphères de congruence et ce à quoi cela pouvait bien servir ; la biologie, c’était tout de même un peu plus concret, heureusement, et Ulysses était d’ailleurs loin d’être aussi réfractaire aux sciences qu’il ne voulait bien le dire, tant qu’on n’essayait pas de le plonger dans les abstractions mathématiques trop poussées. La topologie analytique, ce n’était pas pour lui.

— Quant à la question de la carte d’étudiant, je vous avoue que je ne sais pas trop. Les choses fonctionnaient comme ça là où j’ai fait mes études, mais ici, je ne sais pas. Au pire, il y a peut-être des versions ebooks que vous pouvez acheter. Ou… Récupérer.

Il lui fallut quelques secondes pour songer que si la jeune femme n’était pas familière de Wikipédia, il était peu probable qu’elle eût une liseuse numérique quelque part dans ses affaires et l’habitude de télécharger des livres électroniques. Mais il précisa finalement :

— Les ebooks, ce sont des livres qu’on trouve sur Internet. Vous pouvez les acheter et les télécharger, ou essayer de les trouver gratuitement. Ensuite, vous pouvez lire sur votre ordinateur, sur votre téléphone, sur une tablette numérique ou sur un appareil spécial qu’on appelle une liseuse. C’est assez pratique.

Ulysses jeta un regard à son interlocutrice pour juger si cette explication succincte suffisait ou s’il fallait rentrer dans plus de détails.
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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyLun 4 Mar - 22:44

    Spoiler:

    Il aurait peut-être été préférable qu’Ulysses s’étonne d’apprendre que Laura ne sache pas ce qu’était Wikipédia. Parce que là, elle avait l’impression de détenir une information super importante qui n’était pas connue de tous et, il y avait fort à parier qu’elle en parlerait de cette manière. D’un autre côté, elle n’était plus à une bizarrerie près auprès des autres étudiants de l’institut. Quoiqu’il en soit, il était certain que, dès qu’elle en aurait l’occasion, elle tenterait de voir à quoi ressemble cette encyclopédie en ligne même si l’idée que tout le monde puisse y écrire quelque chose la perturbait et lui donnait l’impression de peu de fiabilité. Elle hocha un nouvelle fois la tête pour dire qu’elle avait bien comprit son explication.

    Si Laura donnait l’impression de ne pas beaucoup parler, cela n’avait rien de vrai. Selon son humeur, ses phrases oscillaient entre une syllabe et trois mots, rarement elle ne s’embarrassait de longues phrases. Elle se trouvait donc extrêmement loquace dans cet échange, bien que son débit de parole fût bien moins impressionnant que le jeune homme. Elle en arrivait même à se demander comment les gens pouvaient se montrer aussi sociables avec des personnes qu’ils ne connaissaient pas. Ca avait souvent tendance à l’énerver en réalité, dès que les gens parlaient trop, elle voulait tout le temps les faire taire. Avec lui, les choses étaient différentes, d’une parce qu’elle apprécier l’écouter parler et, surtout, parce qu’il lui apprenait un tas de chose et qu’elle ne demandait que ça. C’est juste, qu’en général, elle n’aimait pas quand on la prenait pour une débile.

    Si elle devait arriver à expliquer à une personne qu’elle avait 19 ans de retard sur son éducation scolaire, elle se ramassait toujours un air halluciné, à moins qu’on pense qu’elle était en train de blaguer. Elle pouvait compter sur les doigts d’une main les personnes qui ne la jugeaient pas à cette évocation et, elle fut surprise qu’Ulysses soit dans cette catégorie. Et voilà qu’elle se retrouvait, une fois de plus, en train de sourire. A coup sûr, elle finirait par avoir des crampes avant la fin de la journée à ce rythme non habituel. Et puis sourire avait l’avantage de ne pas l’obliger à répondre parce que, franchement, elle n’avait jamais réfléchi à une éventuelle orientation. Peut-être qu’elle aurait dû y songer parce que, dans le fond, elle ne savait faire qu’une chose dans la vie mais, il parait, que tuer tout le monde pour un oui ou pour un non, n’était pas encore une activité très apprécié.

    Ah non, c’est bon. Elle secoua les mains. C’est juste que c’est étonnant, plus que dérangeant. Enfin, c’est surtout que quand on s’y connait pas trop, ça fait beaucoup d’infos à enregistrer en même temps.

    C’est limite si elle ne s’était pas fait un dossier dans son cerveau pour noter toutes les infos qu’il avait donné, juste pour trouver une bonne biographie. Qu’est-ce que ça pouvait donner quand il était lancé sur un sujet plus complexe ? Heureusement, elle avait une bonne mémoire et avait peu de chance de ne pas se souvenir des conseils qu’il avait donnés quand elle aurait à choisir un livre parlant d’un auteur. N’empêche qu’elle avait l’impression qu’il parlait une langue étrangère des fois : Ichtyologie… Ca existait vraiment comment mot ? Cependant, ce qui était bien avec lui c’est qu’il donnait toujours plus d’information que nécessaire, ce qui lui permit de comprendre de quoi il s’agissait. Elle n’eut pas le temps de s’interroger sur le besoin de se renseigner sur les poissons que, déjà, il parlait de petit ami. Alors si lui avait un visage qui s’illuminait, elle, de son côté, se décomposa avant de tenter de se reprendre. Forcément, trop beau pour être libre, en plus d’être intéressé par les hommes. Y a des mots qui devraient être banni, juste pour laisser les autres se bercer dans leur illusion !

    Un poisson combattant, comme cadeau ? Il en a un aussi, vous comptez faire des paris sur celui qui va gagner ? Oh, ou alors, c’est une forme de message subliminal parce que chez ce poisson c’est l’homme qui s’occupe de ses descendants – enfin les premier jours – en virant la femelle après qu’elle est pondu ses rejetons... Euh, ok, là, c’est moi qui parle trop, désolée.

    Bon d’accord, elle ne connaissait pas l’histoire d’Alice aux pays des merveilles mais savait ce qu’était un poisson combattant. Pour sa défense elle avait été élevée par des gens complètement tordus. Enfin disons qu’elle avait eu l’occasion d’avoir tout un cours sur ses poissons et surtout sur le fait qu’à l’époque de leur découverte en Thaïlande, le gagnant n’était pas forcément celui qui avait infligé le plus de dégât mais celui qui mettait le plus de volonté dans son combat. Enfin, il existait plusieurs règles en fait, n’empêche que ce poisson avait servi d’exemple à un moment de sa vie. Cela dit, elle ne se faisait pas d’illusion, les recherches qu’il devait faire devaient aller bien plus loin que ses connaissances sur ce sujet.

    Punaise, elle venait à peine d’apprendre que Wikipédia existait qu’il était déjà en train de lui parler d’un e-book. Vraiment toute une éducation à refaire chez Laura ! Mais là encore elle n’eut même pas le temps de poser la moindre question qu’il était déjà en train de lui expliquer de quoi il s’agissait. Bon, ok, elle était carrément à la ramasse mais elle travaillait à s’améliorer sur ce point-là.

    Téléphone, ordinateur, tablette numérique… Mes parents n’ont pas pu me payer des études parce que, c’est bien connu, il vaut mieux offrir ce genre de chose à ses enfants plutôt qu’une éducation !

    Contrairement à ce qu’elle aurait pu faire d’habitude, son ton n’avait rien d’ironique. Du moins, si, un peu mais en aucun cas le ton était méchant. Bien au contraire, elle avait surtout lancé sa phrase de façon amusée parce que ça lui paraissait logique de ne pas avoir tout ça, si elle s’en tenait à son histoire de base. En fait elle était même amusée à l’idée de demander à Arme X, si il la récupérait, ce genre de chose pour pouvoir continuer d’étudier. Elle était certaine que cette demande ne serait pas très bien accueillie.

    J’imagine que le plus simple reste l’emprunt de livre dans une bibliothèque, difficile de faire des petits dessins en bas de page sur un appareil numérique.

    Pas conseillé non plus sur un livre qu’on empruntait à une bibliothèque publique – ou universitaire – mais elle était restée sur le ton de l’humour. Finalement, le fait d’apprendre qu’il avait quelqu’un dans sa vie – et surtout un homme – permettait de mettre une certaine barrière d’inaccessibilité, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Même si, bien trop souvent à son goût, elle se surprenait à lui lancer des regards, ne comprenant toujours pas comment il était humainement possible d’être aussi beau.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyMar 5 Mar - 9:46

Ulysses haussa un sourcil en entendant la théorie de son invitée concernant le poisson combattant. Parce que ça combattait vraiment, ces choses-là ? En observant le poisson, qui lui paraissait plus de taille à parader dans un défilé de mode qu’à attaquer ses congénères, Ulysses avait plus ou moins supposé que ce nom lui avait été attribué pour… une raison totalement obscure à laquelle il n’avait pas encore réfléchi, certes, mais dont il comptait bien trouver le détail dans son fameux livre d’ichtyologie.

De toute façon, ce qui avait retenu son attention, c’était la méandreuse suggestion de son interlocutrice. Le poisson combattant s’occupait des œufs et abandonnait la poissonne combattante. Ulysses n’était pas sûr du message que la jeune femme essayait de lui faire passer. Que le poisson combattant était un poisson queer qui s’habillait avec des couleurs flashy et n’aimait pas les femmes ? Soit. Ou bien qu’Ivan voulait des enfants et que donc il lui avait offert un poisson qui s’occupait des enfants pour susciter chez lui une sorte d’instinct paternel ? C’était peut-être un peu prématuré.

Ou que Ivan allait l’abandonner, comme le poisson combattant abandonne la poissonne combattante sur un récif, comme Thésée abandonna Ariane sur un rocher désolé, comme la mer en se retirant abandonne la plage, comme… Ivan allait l’abandonner. Cette idée frappa l’esprit d’Ulysses. Naturellement, sa peur maladive de l’abandon en favorisait la progression et son esprit se laissait aisément convaincre par cette analyse concise et métaphorique : Ivan lui avait offert un poisson combattant parce qu’il comptait l’abandonner.

D’ailleurs, pourquoi serait-il resté avec lui ? Qu’avait-il à lui offrir à part une conversation vivante, une beauté surhumaine et un empire financier ? Ces médiocres avantages ne suffiraient jamais à conserver près de lui le futur commandant Coustaud, ce brillant océanographe qui allait révolutionner la zoologie marine, cet idéaliste cheguevaresque qui ne rêvait probablement que de guérillos velus à l’ombre d’une jungle humide, la mitraillette sur le flanc, le bandana rouge noué autour du front et l’âme plein des chants idéaux d’une internationale humaine.

C’était officiel, Ulysses était inquiet et déprimé. À son air tranquille avec succédé un visage soucieux et quand la jeune femme lui adressa à nouveau la parole, ce fut d’un air fort distrait qu’il réagit.


— Hmmm… ?

Son cerveau entreprit de recoudre les unes aux autres les bribes de la conversation et, sans grande conviction, il répondit :

— Il y a des programmes pour prendre des notes.

Certes, il n’était jamais tout à fait sûr de ce qui existait déjà sur le marché ou de ce dont il profitait parce qu’il le tirait des départements de recherche et développement de l’une des nombreuses entreprises du groupe Winford Electrics, mais enfin, il lui semblait qu’un programme pour tablette tactile qui permît de dessiner des bonhommes sur les livres électroniques, ce ne devait pas être totalement exotique.

Tant bien que mal, le jeune homme tentait de se reconcentrer sur la conversation et de chasser de son esprit les images d’un Ivan en train de rassembler ses affaires — même s’il n’avait pas (encore) d’affaires chez lui — et de lui dire adieu, parce qu’il avait trouvé un hippie sympathique moins névrosé que lui pour discuter du Grand Soir. Fort heureusement, il était en train de conduire : l’activité occupait un peu son esprit et l’empêchait de fondre en larmes immédiatement, sur le siège de sa voiture, en confessant que sa vie était une succession d’échecs sentimentaux et que, probablement, tout le monde le détestait, d’ailleurs, c’était évident : les gens n’arrêtaient pas de le regarder bizarrement.

Tout cela ne disposait certes pas au bavardage et, quoiqu’Ulysses fît des efforts pour se creuser l’esprit à la recherche d’un bon sujet pour détourner l’attention de la mélancolie qui faisait des progrès grandissants, un silence s’installa pendant quelques minutes dans le véhicule. Finalement, en désespoir de cause, il abandonna la question de la biographie et des études littéraires pour profiter de sujets toujours disponibles et, d’un ton aussi joyeux que possible, il interrogea :


— Et sinon, vous travaillez, pour financer vos études ? Ce ne doit pas être…

Il s’interrompit parce qu’une douce mélodie de piano venait d’envahir la voiture tandis que l’écran de l’ordinateur de bord affichait les mots « Appel entrant » et l’une des successions de chiffres et de lettres parfaitement hermétiques grâce auxquels Ulysses classait consciencieusement ses innombrables contacts. Le politicien s’excusa :

— Navré, il faut que je réponde. On va se ranger quelques minutes.

La voiture quitta la route principale pour gagner une place d’arrêt minute, Ulysses tira son téléphone du réceptacle de l’ordinateur et effleura l’appareil avant de le porter à son oreille. Après avoir ponctué ce qui semblait être un long discours de la personne à l’autre bout du fil de « hmm » songeurs, il se mit à parler en arabe littéral, elliptiquement, et avec un air décidément fort préoccupé. La conversation dura moins d’une minute, après quoi Ulysses raccrocha et se mit à tapoter son volant du bout de doigts, plongé dans une intense réflexion.

Sortant brusquement de ses pensées, il entreprit de taper des messages à toute vitesse sur son téléphone et après en avoir envoyé une demi-douzaine, il replaça l’engin dans l’ordinateur.


— Désolé. Pour ça. On y va.

La voiture reprit la route et bientôt, le véhicule s’engageait dans le campus. Désormais, Ulysses avait l’air tout à fait ailleurs, et ce n’était plus l’éventualité que son tout nouveau petit copain eût prévu de l’abandonner avant même de lui demander de sortir avec lui qui le préoccupait. De temps en temps, l’ordinateur affichait « Message reçu » et une nouvelle suite de lettres, Ulysses jetait un coup d’œil à l’écran, reportait son attention sur la route et recommençait à pianoter du bout des doigts sur le volant.
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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyMar 5 Mar - 10:53

    Quand Laura affirmait ne pas être douée en relation sociale, ce n’était pas des conneries. Elle tourna en boucle ce qu’elle avait pu dire, peut-être un simple mot de trop, qui avait plongé Ulysses dans une sorte de réflexion intense qui l’avait plongé dans un mutisme quelque peu dérangeant venant de sa part. Jusqu’à présent il avait l’air de ne pas manquer de conversation, de toujours avoir quelque chose à dire ou même à expliquer, puis, d’un coup, plus rien. Il ne semblait même plus l’écouter à voir la façon dont il répondait à ses dernières interrogations et elle l’aurait facilement prit pour elle si Ulysses n’avait pas l’air si… Si quoi ? Anxieux ? Triste ? Elle ne savait même pas quelle expression elle devait attribuer au visage qu’il avait et qui, étrangement, n’enlevait rien de sa beauté.

    Bien sûr elle avait envie de lui demander ce qui n’allait pas, si elle avait dit quelque chose de travers, si… Elle finit par se mordre légèrement la lèvre inférieure pour s’empêcher d’ouvrir la bouche. Apparemment, elle avait déjà été suffisamment à côté de la plaque pour ne pas en rajouter. D’un autre côté, si elle ne posait pas la question, comment est-ce qu’elle pouvait apprendre à être plus sociable et éviter des bourdes du genre qu’elle avait faite sans même pouvoir l’identifier ? Franchement elle se foutait royalement qu’il existe des programme pour prendre des notes, ce n’était pas sa préoccupation du moment et puis elle avait une très bonne mémoire. Ce qui l’inquiétait, en revanche, c’était de savoir ce qu’elle devait faire pour rattraper une connerie qu’elle avait faite sans le savoir. Vraiment, elle n’était pas faite pour les relations humaines.

    Ce qui était le plus énervant c’est que, généralement, elle se foutait d’avoir dit quelque chose de travers. Elle ne cherchait pas la sympathie des gens, encore moins de ses camarades de classe dont elle trouvait les préoccupations souvent futiles. Limite, ça l’arrangeait quand elle disait un truc de travers, ça permettait de voir les gens partir sans l’obliger à faire des efforts de sociabilité mais là, Ulysses ne pouvait pas quitter sa propre voiture et il semblait bien trop élevé pour la virer après lui avoir proposé de l’emmener. Peut-être qu’elle pouvait sauter en route et ne pas lui imposer sa présence mais faire ça, pour se remettre de ses blessures devant tout le monde n’était pas la meilleure idée qu’elle puisse avoir. Finalement, elle se décida à ouvrir la bouche pour lui proposer de finir à pied, elle ne devait plus être très loin maintenant. Mais avant que le moindre son ne sorte, une sonnerie se fit entendre et elle regard à travers sa vitre quand il décrocha se demandant si elle devait sortir ou non pour lui laisser plus de tranquillité durant son appel. Mal à l’aise par la situation, elle n’osa même pas bougé.

    Bien sûr elle avait noté son effort pour reprendre la conversation avant que le téléphone ne sonne. Le problème demeurait dans le fait que ça semblait effectivement être un effort ce qui ne lui ressemblait pas. Pour le peu qu’elle puisse en juger avec ce qu’elle avait vu de lui. Cet appel l’avait d’ailleurs bien arrangé parce que, de manière spontanée, elle n’aurait pas su quoi répondre à sa question. Devait-elle dire qu’elle travaillait ? Ca semblait logique mais si elle devait parler de son boulot, là, ça craignait étant donné que les seuls trucs pratiqués avaient été l’assassinat en étant à Arme X et prostituée une fois qu’elle s’était enfuie de là-bas. Bien qu’elle n’ait aucun souci avec ces deux « métiers », par expérience, elle savait que ce n’était pas le genre de chose à aborder avec une personne. Intérieurement, elle finit par se dire que l’appel l’avait empêché de répondre et que, avec de la chance, il n’attendait pas réellement de réponse. Elle n’aurait pas besoin de trouver quelque chose à répondre.

    Elle ne comprit rien à la conversation qu’Ulysses pouvait avoir, même si elle avait cherché à vouloir la saisir, la langue employé l’en empêchait. Il aurait parlé en Français ou en Japonais, elle aurait pu comprendre – et faire semblant que ce n’était pas le cas car il était compliqué d’expliquer comment elle pouvait connaitre plusieurs langues sans avoir été à l’école – mais là, c’était impossible, hors de son domaine de compétence. Et même quand il eut fini de téléphoné, il se lança, avec une rapidité déconcertante, dans l’envoie de plusieurs messages. Elle ne put s’empêcher de sourire quand il s’excusa parce qu’elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il le faisait. C’était sa voiture, ses règles.

    Pas de problème.

    Finalement, même si elle avait voulu répondre à sa question précédente, elle n’oserait pas. Ulysses avait l’air concentré sur un tas de chose mais pas sur la conversation d’avant. Une éternité semblait s’écouler sans qu’elle ne sache quoi faire. Ca la surprenait parce qu’elle était, généralement, la première à apprécier le silence des autres. Mais là, elle avait tellement l’impression d’avoir foiré une étape quelque part qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de se repasser leur échange. Le problème était survenu après cette histoire de poisson combattant mais elle en ignorait la raison. C’est très logiquement qu’elle en vint à se demandé si il n’avait pas un problème avec le fait que certaine personne puisse savoir des choses que lui ignorait et, cette idée, le rendait un peu moins sympathique. Ca expliquerait aussi pourquoi il tenait tant à se renseigner sur ce poisson que son petit ami connaissait mieux que lui. Était-ce vraiment une tare de ne pas tout connaitre ? C’est hésitante qu’elle décida de se lancer, de toute façon ça ne pouvait pas être pire.

    Euh, vous savez, je connaissais quelqu’un qui avait un poisson combattant et qui l’adorait. Donc il m’a dit plein de chose sur le sujet, c’est juste pour ça que je sais un peu de choses dessus. Enfin je veux dire que j’ai pas voulu sortir ma science ou quelque chose comme ça. J’aurais mieux fait de me taire, c’est ça ? Non parce que depuis j’ai l’impression que…

    Elle mit ses deux mains devant sa bouche s’étonnant elle-même de son débit de parole. Pas son genre. Elle avait déjà remarqué que certaines personnes devenaient de vraie pipelette quand elle était nerveuse et, c’est de manière désastreuse, qu’elle comprit qu’elle réagissait de la même manière. Jamais elle ne s’était sentie nerveuse, du coup, elle ignorait comment elle réagissait dans cet état. Maintenant elle le savait et ça ne lui convenait pas du tout. Mais, alors, vraiment pas ! Elle écarta ses deux mains.

    Désolée.

    Et les replaça instantanément sur sa bouche pour s’empêcher de repartir dans un tas d’explication sans aucune forme. Les yeux grands ouverts elle s’horrifiait elle-même de ce genre de réaction. Quelle punition est-ce qu’elle aurait subi pour s’être montrée aussi humaine si elle avait eu ce genre de réaction chez ses créateurs. Elle préféra ne même pas y penser, ça devait être au-dessus de tout ce qu’elle imaginait. Et si, jusque-là elle s’était surprise à vouloir passer le plus de temps possible avec quelqu’un comme Ulysses, elle se sentait tellement gênée que sa seule envie était de s’enfuir sous terre pour en ressortir dans plusieurs années.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyMar 5 Mar - 16:42

We have at our disposal a captive audience of schoolchildren. Some of them don't go to the blackboard or raise their hand 'cause they think they're going to be wrong. I think you should say to these kids, "You think you get it wrong sometimes, you should come down here and see how the big boys do it." I think you should tell them you haven't given up hope and that it may turn up, but, in the meantime, you want NASA to put its best people in a room and you want them to start building Galileo 6. Some of them will laugh and most of them won't care but for some, they might honestly see that it's about going to the blackboard and raising your hand. And that's the broader theme.
C. J. Gregg, secrétaire de presse de la Maison Blanche, in The West Wing, saison 2, épisode 9

***

Signe immanquable que, depuis quelques années, les névroses profondes d’Ulysses s’étaient améliorées grâce à une psychothérapie intensive et coûteuse, les problèmes beaucoup plus objectifs et réalistes que l’appel qu’il avait reçu avait fait émerger dans son esprit avaient pris sans peine le pas sur l’angoisse chimérique d’un abandon que rien ne justifiait et Ivan, en quelques secondes, avait repris de plein droit sa place dans le ciel radieux de sa conscience, entouré de ses poissons et de son auréole de bonheur inespéré.

Alors quand sa passagère revint inopinément sur le sujet des poissons combattants, Ulysses ne put s’empêcher d’être un surpris ; quittant les sombres réflexions qui l’occupaient depuis qu’il avait raccroché son téléphone, il rougit un peu d’avoir cédé à une inquiétude qui rien ne rendait légitime et qui trahissait la profonde instabilité de son caractère. Sous l’œil des caméras et des journalistes, au bureau, il dissimulait sans mal les petits aléas de sa psychologie, mais rendu à la vie civile, les choses avaient toujours été pour lui beaucoup plus compliquées et ce jour-là comme souvent, il se reprocha d’avoir eu une réaction disproportionnée.

Reproche d’autant plus sensible que sa nouvelle connaissance paraissait un peu perplexe devant sa brusque saute d’humeur et, à vrai dire, n’eût-elle pas été élevée coupée de toute relation sociale normale qu’elle n’eût probablement pas eu beaucoup plus de succès pour expliquer la psychologie labyrinthique d’Ulysses. Le jeune homme s’empressa de chasser les scrupules de sa malheureuse interlocutrice.


— Non, non, ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas de votre faute. C’est moi qui suis un peu…

Ulysses n’était pas particulièrement secret mais il ne se voyait tout de même pas donner le détail de ses névroses à celle qui demeurait, malgré tout, une parfaite inconnue. Exit donc les considérations sur sa peur phobique de l’abandon — et du noir — et de la solitude — et du silence — et de toutes sortes de choses, à vrai dire. Il se résolut à fournir des explications en des termes plus généraux et plus courants, pour ne pas passer séance tenance pour un parfait cinglé.

— C’est juste, cette histoire de poisson qui abandonne ses partenaires, ça m’a rendu un peu… songeur. C’est idiot de ma part, bien sûr. Mais vous savez, je n’ai jamais eu beaucoup de chance avec les garçons. Ou les filles, d’ailleurs.

Quand on posait les yeux sur ses traits angéliques pourtant, on imaginait mal ce qui pouvait rebuter chez lui et il était bien plus aisé de se le représenter entouré d’admirateurs et d’admiratrices prêt(e)s à exécuter ses quatre volontés que laissé sur le bord de la route par quelque partenaire indélicat(e). Il essaya de balayer de ses propres souvenirs avec un sourire un peu triste et conclut finalement :

— Avec Ivan, la relation est encore… Toute nouvelle. C’est toujours un peu inquiétant, je suppose.

Comme, pour être ouvert à la discussion, il n’en avait pas non plus particulièrement envie de s’étaler indéfiniment sur ses anciennes relations et sur des problèmes de couple qui, pour l’heure, n’existaient pas et, espérait-il, n’existeraient jamais — quoiqu’il fût permis d’en douter — le politicien entreprit de faire un peu bifurquer la conversation, rebondissant comme à son habitude sur les propos de la jeune femme.

— En tout cas, vous ne devriez pas vous excuser de sortir votre science. C’est toujours bien de savoir des choses. Et de les dire pour faire la conversation. C’est quand le savoir devient un instrument de domination qu’il est condamable ; quand il est partagé, il ne peut qu’émanciper.

Chez Ulysses, la politique, la vraie, celle qui organisait la société et permettait aux individus de participer au bonheur commun, n’était jamais loin et les sincères convictions humanistes du jeune homme avaient toujours relié l’accroissement des connaissances personnelles et communes à l’excellence éthique et politique ; ainsi son insiatiable curiosité tenait-elle tout autant à des convictions philosophiques profondes qu’à un tempérament vif en perpétuelle quête d’activités.

La voiture s’engagea finalement dans les rues du campus et Ulysses murmura pour lui-même :


— …c’est là que ça se complique…

La plupart des parkings étaient investis par les caisses à savon des étudiants et par les voitures un peu plus respectables des professeurs.

— On va essayer du côté de la fac de droit.

Tout autour d’eux, la population des passants s’était légèrement métamorphosée : des jeunes entre dix-huit et vingt-cinq ans sillonnaient le campus en tout sens, par groupes, en duo, certains couraient pour arriver à l’heure à leurs cours, d’autres flânaient dans les allées en regardant passant les gens, d’autres encore placardaient sur les murs des affiches pour un concert de musique électronique, une réunion d’activistes ou des cours de salsa. L’ambiance était bien différente du flot de passants stressés et anonymes du centre de New-York, à la même heure.

Ulysses jeta un coup d’œil à sa passagère.


— Vous verrez, il y a des plans un peu partout. Dans cette partie du camps, ce sont les humanités, la philosophie, l’histoire, les langues, les lettres, les sciences politiques et le droit. Il y a une grande bibliothèque universitaire pour tout ça et des bibliothèques dans chaque faculté. Et dans les départements. Et dans les centres. Partout, en fait. La partie scientifique est un peu plus loin.

De toute évidence, Ulysses avait retrouvé un peu de sa loquacité, même si à intervalles réguliers, l’écran de bord continuait à afficher les mots « Message reçu » et les yeux du jeune homme continuaient alors à se voiler fugacement d’une ombre préoccupée. Entre l’ichtyologie, la philosophie, les considérations historiographiques, la conversation en arabe et la voiture de luxe et cet air préoccupé, il n’était pas facile de deviner ce qu’Ulysses pouvait bien faire de son existence, quand il n’orientait pas les demoiselles en détresse vers les meilleures biographies de Lewis Carroll.
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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyMar 5 Mar - 17:34

    Elle était partie pour garder les mains sur sa bouche, pour ne plus parler jusqu’à ce qu’ils soient arrivés. Ca l’empêcherait de dire d’autres âneries sans même en avoir conscience. Elle s’était attendue à ce qu’Ulysses garde également le silence, se plongeant dans des réflexions qu’elle ne pouvait pas suivre, faute de télépathie ou d’un autre pouvoir. Quoique, elle pouvait toujours lui mettre une griffe ou deux sur la gorge en le commandant de lui dire à quoi il était en train de réfléchir mais c’était sûrement très excessif comme réaction, lui demander simplement était une meilleure idée. Elle s’en garda bien. Éviter de dire quelque chose qui le plongerait encore plus dans ses pensées et il finirait par ne plus regarder la route. De toute façon, elle n’était pas curieuse de nature quand il s’agissait de la vie des autres, bien qu’elle l’était plus volontiers sur les réactions que l’ensemble des personnes pouvaient avoir. Les comprendre c’était pouvoir les imiter et, de ce fait, devenir un peu plus « normale » selon un schéma social qui lui échappait complètement.

    Ce qui l’étonna, en revanche, c’est qu’il venait de reprendre la parole et, surtout, qu’il expliqua les raisons de ce récent mutisme. Il s’agissait bien des poissons mais sûrement pas de la manière qu’elle aurait imaginée. Elle enleva ses mains de sa bouche affichant un air complètement médusé. Il avait réellement fait un lien entre l’abandon et un poisson ? Décidément, elle ne comprendrait jamais rien aux gens, semblables et tellement différent en même temps. Trop perturbant. Pire, il annonçait ne pas avoir beaucoup de chance dans sa vie sentimentale. Sérieusement ? Il avait l’air tellement parfait, presque trop en fait, tout le monde semblait se retourner sur son passage et il n’avait pas de chance en amour ? En fait elle décida de ne pas chercher à comprendre pourquoi parce qu’elle n’y connaissait rien dans ce genre de sentiment, on lui avait pas appris à ressentir quoique ce soit de positif. Ses critères étaient loin d’être ceux de tout le monde, elle se foutait des sentiments, ça rendait faible. Alors comment pouvait-elle comprendre ce qui pouvait clocher chez lui.

    Bin franchement, je ne sais pas si c’est toujours inquiétant. Je trouve qu’en général les gens se prennent beaucoup trop la tête sur des choses qui ne devraient pas. M’enfin, quoiqu’il en soit, je suppose que si… Euh, Ivan, c’est ça ? Si Ivan aime les poissons et s’y connait, il ne voudrait pas que l’un d’eux soit maltraité, surtout si c’est lui qui l’a offert. Du coup, je me dis que si il vous l’a offert c’est plus pour vous aider à vous en occuper que pour vous quitter. De toute façon, j’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’on lui avait offert un truc pour le quitter ensuite.

    Ce qui restait que son raisonnement et non une vérité absolue. Elle n’y connaissait rien en relation amoureuse, sans parler du fait qu’elle ne comprenait encore moins comment on pouvait s’embarquer dans ce genre de considération. Elle lâcha un bref sourire au fait qu’elle ne devait pas s’inquiéter de parler de ce qu’elle savait, du moment que c’était bien utilisé mais ne répondit rien. Elle connaissait plus le savoir comment instrument de domination, comme il l’avait dit, que le contraire. Même si cette tendance commençait à s’inverser au fur et à mesure qu’elle étudiait à l’institut. Puis, son esprit fut bien vite accaparé par ce qu’il se passait dehors. C’était immense, il y avait des étudiants partout, s’en était presque flippant. Comment ils faisaient pour s’y retrouver ? A coup sûr, si elle suivait des cours là-dedans, elle ne serait jamais à l’heure en cours à force de tourner en rond pour trouver une direction. A croire qu’il pouvait lire dans les pensées parce qu’il parla des plans partout à ce moment-là. Et, parce que Laura était ce qu’elle était, le fait d’entendre quelqu’un parler de ce qu’elle pensait la faisait automatiquement passer, mentalement, en japonais. Les télépathes existaient réellement, elle s’en protégeait comme elle pouvait. Cependant, elle était loin de penser qu’il l’était mais le moindre doute la forçait à prendre ce genre de précaution, ce qui était dans sa tête devait y rester.

    Ok, je cherche le bâtiment des lettres, une bibliothèque et un livre. Dans le pire des cas je hurle à l’aide et j’attends que quelqu’un joue les chevaliers en venant à mon secours.

    Comme si c’était son genre. Le sourire employé montrait, de toute façon qu’elle n’était pas plus sérieuse que ça sur la fin de sa phrase. Elle s’interrompit un bref instant et s’excusa du regard par avance pour ce qu’elle allait dire par la suite mais, finalement, en y réfléchissant y a un truc qui la perturbait un peu.

    Je suis désolée mais… Comment vous pouvez ne pas avoir de chance dans vos histoires ? C’est à cause d’un métier illégal ? Parce que, j’ai jamais vu personne ce payer ce genre de voiture sans faire quelque chose de louche. C’est ça qui plait pas aux gens ?

    Le problème quand on n’avait pas été élevé avec les règles sociales de tout le monde c’est qu’on était incapable de poser des questions sous entendue, ou en tournant autour du pot. En y réfléchissant bien, elle posait des questions de la même manière qu’une gamine de 5 ans, sans vraiment prendre de détour. A aucun moment il ne lui était venu à l’esprit qu’il pouvait simplement venir d’une famille riche parce qu’elle les imaginait dans un autre monde fréquentant des endroits qu’elle-même ne verrait jamais. Puis elle était bien plus habitué aux milieux illégaux alors c’était ça qui lui était venu en premier et qui lui semblait le plus logique. Et, partant de là, elle trouvait nul qu’on puisse en vouloir à une personne si cette dernière faisait des activités peu légales. Enfin, ce n’était pas la fin de monde. D’un autre côté, elle n’était pas ce qu’on faisait de plus objectif sur ce sujet.

    Enfin, je pense que les personnes qui ont pu vous approcher ont bien de la chance et ils sont stupides de vous laisser.

    Bordel s’était quoi, elle sentait comme une chaleur dans ses joues. Choses qui n’étaient encore jamais arrivé. Sur le coup elle paniqua, ne sachant pas ce qui lui arrivait et c’est dans cette panique qu’elle baissa le miroir sur le pare-brise du côté passager pour se regarder dedans. Ses joues étaient rouges. Est-ce qu’elle était en train de faire une allergie ? Un défaut de construction peut-être ? Est-ce qu’elle allait mourir ? Elle se toucha les joues, paniqué, ignorant ce que c’était que de rougir et comme on lui avait jamais dit ce que c’était, elle paniquait forcément.

    Qu’est-ce qui m’arrive ? Une question qui fut surtout pour elle-même pensant, injustement qu’Ulysses ne pourrait pas lui dire ce que c’était étant donné qu’elle ne le savait pas elle-même.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyMer 6 Mar - 9:04

Les sentiments, en théorie, c’était le domaine d’Ulysses. Un domaine peu chaotique, mais qu’il connaissait bien : c’était une partie incontournable de son travail de secrétaire de presse que de prévoir et développer les émotions que tel ou tel événement ferait naître chez ceux qui liraient le soir les nouvelles ou regarderaient les journaux télévisés et c’était une partie tout aussi incontournable de son existence que d’éprouver la vaste gamme des sentiments humains, parfois un peu dans le désordre, parfois trop vivement, mais toujours, au moins, avec une sincérité et une authenticité parfaites.

Les sentiments réciproques, en revanche, c’était une toute autre histoire. Il avait fugacement cru, en tombant amoureux d’Adam et en profitant de la sollicitude chevalresque de l’Asiatique qu’il avait enfin trouvé son bonheur, mais la douche froide de cette rupture pourtant déjà ancienne avait achevé de le rendre perplexe et, désormais, il se gardait bien d’interpréter avec trop de certitude les comportements de ceux qui l’entouraient ; dans ces conditions, il suffisait d’une petite suggestion, même involontaire, pour qu’il retrouvât ses anciens démons et la crainte de faire fausse route de bout en bout.

Qu’il en fût encore à découvrir Ivan n’apaisait certes pas ses angoisses et quand il songeait à son tout nouveau petit ami, avec la même confusion agréable qui faisait la siège de son interlocutrice, il comprenait qu’il en savait peu encore sur lui et que sans doute ses réactions seraient d’abord parfaitement imprévisibles. Comme savoir ce qui se tramait dans l’esprit de ce Suédois un peu énigmatique, entouré de ses plantes et de ses animaux, dans sa jungle privée ?

Ceci étant dit, le raisonnement de sa passagère était beaucoup, beaucoup plus logique que le sien. Songer qu’Ivan lui avait offert un poisson pour avoir l’excuse de lui donner des conseils d’élevage de poisson et donc de le revoir souvent était beaucoup plus logique que de penser qu’Ivan lui avait offert un poisson, pour lui dire qu’il comptait l’abandonner juste après lui avoir demandé de sortir avec lui. Objectivement, le combat entre les deux argumentations étaient parfaitement inégales et un sourire un peu soulagé s’épanouit sur les lèvres d’Ulysses quand il reconnut bien volontiers :


— Vous avez sans doute raison.

La jeune femme n’eut cependant pas une chance égale dans ses autres supppositions et, alors qu’Ulysses se garait à une place tout juste libéré par la vieille guimbarde d’un professeur de droit qui cahotait vers la route principale, la mutante le peignait en trafiquant de drogue ou faussaire professionnel. Le jeune homme coupa le contact et retint un sourire amusé, de peur que son interlocutrice le trouvât désobligeant — mais il devait avouer que c’était bien la première fois qu’on lui prêtait ce genre d’activités.

Il allait sortir de la voiture pour répondre à cette étrange question avec un exemple à portée de main, mais le dernier compliment de la jeune femme retint son geste. Ulysses tourna ses yeux verts et un peu étonnés dans sa direction, ce qui certes ne dut pas beaucoup arranger la rougeur qui s’en prenait aux joues de la demoiselle. Le jeune homme, lui-même, était fort embarrassé, quoique ce genre de situations, on l’aurait deviné, se présentait à lui assez souvent.

Sa protégée du jour acheva de le plonger dans un océan de perplexité en s’interrogeant d’un air un peu paniqué sur l’état de ses joues. Ulysses commençait un peu malgré à lui à souhaiter n’être jamais rentré dans la bibliothèque de Central Park, parce que s’il voulait bien donner un cours de littérature accélérée, il n’était pas certain d’être le mieux placé pour fournir les rudiments de l’éducation sexuelle. Ce qui le rassurait cependant c’était que, quelques années plus tôt, il eût sans doute mis à profit l’évidente séduction qu’il exerçait sur la jeune femme pour concrétiser les choses en cédant à son addiction sexuelle et que ce jour-là, tout ce qu’il éprouvait, c’était un sain embarras.

Cette petite victoire personnelle sur ses névroses secrètes ne résolvait certes pas entièrement la situation. D’ailleurs, Ulysses n’était pas trop sûr de savoir la manière dont s’y prendre. Qu’on pût grandir loin de Wikipédia, il pouvait (difficilement) l’admettre. Mais la jeune fille devait avoir, quoi ? Une vingtaine d’années ? Qu’on pût passer par les montagnes russes de l’adolescence sans avoir rougi devant un garçon, c’était ce qu’Ulysses avait un peu de mal à envisager, même en ne se fondant pas sur sa découverte précoce et frénétique de la sexualité.

Bon. La première étape était vraisemblablement de rompre une promiscuité gênante.


— C'est rien. Vous devez avoir chaud. Sortons, vous vous sentirez un peu mieux.

Il adressa à la jeune femme un sourire rassurant avant de sortir lui-même de la voiture, de récupérer son manteau sur la banquette arrière et de l’enfiler en promenant son regard sur le campus. La tentation était grande de s’en tenir à cette explication succincte sans entrer dans les détails et de laisser sa nouvelle connaissance songer que sa réaction tenait à une simple bouffée de chaleur. Mais Ulysses était bien incapable d’abandonner quelqu’un dans sa détresse, aussi légère fût-elle ; du reste, comme il était loin de supposer que son interlocutrice était une tueuse à l’abri de la concupiscence trop brutale de jeunes gens mal intentionnés, il lui semblait que cette profonde inexpérience, dans une ville comme New York, pouvait lui attirer de sérieux ennuis, si elle se mettait à fréquenter les milieux étudiants et leurs fêtes parfois un peu douteuses.

— Du coup, je vous accompagne jusqu’à la bibliothèque de lettres. C’est hm… Oui. Par là.

Il se mit à marcher à pas lents et d’un air un peu songeur. L’idée de justifier ses revenus et d’assurer à la demoiselle qu’il n’avait pas un kilogramme de cocaïne pure dans le coffre de sa voiture lui était complètement sortie de l’esprit et il s’en tenait à essayer de trouver le meilleur moyen de présenter les choses. Au bout d’un moment, il débuta sous une soudaine impulsion :

— C’est normal de rougir quand…. Hm…

C’était malgré tout un peu prétentieux de sa part que de supposer que les réactions de la jeune femme étaient dues à sa présence même si un effet de dix ans l’eût aisément deviné et Ulysses n’aimait pas trop se mettre en avant.

— Vous savez, quand quelqu’un…

Plus il y songeait, plus il trouvait impossible que quiconque pût atteindre l’âge de vingt ans sans avoir connu de premiers émois, fussent-ils purement physiques. Mais après tout, il n’était pas psychologue et vraisemblablement il devait exister des dizaines de circonstances susceptibles d’expliquer ce genre de phénomènes ; ce qui était certain, c’était que la jeunesse de la jeune femme n’avait pas dû être des plus faciles. Cette idée augmenta encore la tendresse protectrice qu’Ulysses éprouvait naturellement à son endroit, depuis qu’il l’avait découverte désemparée devant le rayon de la bibliothèque.

— Quand on trouve quelqu’un attirant, on rougit, parfois. On est un peu gêné, on perd ses moyens. C’est une réaction normale. Il ne faut pas vous inquiéter.

Voilà. Maintenant, il allait certainement passer pour un petit prétentieux qui s’imaginait être un canon de beauté. Pendant qu’Ulysses s’inquiétait de paraître suffisant, une partie des étudiantes qu’ils croisaient jetaient des regards à lui admiratifs, à Laura un peu jaloux.
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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyMer 6 Mar - 13:49

    Ne pas savoir ce qu’il y arrivait était une sensation très étrange, propice à l’imagination d’un tas de scénario. Sa première idée avait été un défaut de fabrication, ou une façon ingénieuse de lui avoir transmis quelque chose qui l’obligerait à retourner elle-même chez les fédéraux pour se faire soigner. Ce qui, en y réfléchissant bien, ne l’aurait pas étonné plus que cela. Chaud ? Elle regarda Ulysses un peu perplexe. Elle avait déjà eu chaud sans que cela se finisse par des rougeurs sur les joues, cependant, elle ne se fit pas prier pour sortir de la voiture dont le chauffeur avait enfin réussi à trouver une place. Et, forcément, s’inquiéter de son état lui fit oublier la gêne qu’elle avait pu ressentir – et dont elle n’avait pas conscience – permettant à ses rougeurs inconnues de disparaitre. Elle ne s’en inquiéta pas moins, pensant sérieusement à aller voir quelqu’un à l’infirmerie de l’institut – ou même Logan – pour exposer le problème et y trouver une solution.

    Sur le coup elle ne capta même pas qu’il proposait de l’accompagner jusqu’à la bibliothèque qu’elle souhaitait, sinon, il y avait fort à parier qu’elle lui aurait dit que ce n’était pas la peine, qu’il avait des choses à voir et qu’elle saurait se débrouiller. Mais, préoccupé par son problème, elle se mit à le suivre plus par réflexe que pour une autre raison. Mais, bien vite, elle releva les yeux vers lui pendant qu’il essayait de dire quelque chose. Très étrange, elle l’avait vu loquace, puis silencieux mais jamais, encore, elle ne l’avait vu hésitant. Comment les gens étaient capables d’avoir une telle panoplie de réactions aussi différentes que contradictoires. Elle haussa un sourcil interrogateur, désireuse de savoir en quoi ça pouvait être normal – peut-être n’avait-elle pas de problème finalement ? – mais il semblait vouloir mettre du temps à donner son explication et, une fois de plus, elle se demanda si le secouer un peu l’aiderait. La violence et les menaces étant, selon elle, des moyens très persuasifs d’avoir des réponses. Elle préférait néanmoins ne pas faire usage de ses pouvoirs dans un lieu public.

    L’explication tomba et Laura s’arrêta, sans même sans apercevoir. Rougir quand on trouve une personne attirante ? Une moue songeuse se dessina sur son visage afin de réfléchir de manière logique. Il était évident qu’elle le trouvait attirant, elle l’avait compris depuis un petit moment à force de réagir de manière complètement désordonnée par rapport à ses habitudes. Elle se mise à réfléchir un peu plus pour savoir si je genre de chose lui était déjà arrivé afin de pouvoir validé l’explication d’Ulysses mais, même si elle prenait 3h de plus pour y réfléchir, la réponse serait toujours la même : non. Non, parce qu’elle ne s’était jamais intéressé à ce genre de chose. Non, parce que cela impliquait forcément ressentir quelque chose, ce qu’on lui avait appris à ne pas faire. Non, parce qu’elle n’avait pas été élevé avec des critères de beauté à retrouver chez des gens, parce qu’elle n’avait jamais fantasmé sur un acteur ou un chanteur en étant plus jeune. Non, tout simplement parce qu’elle ne s’était jamais posé la question de savoir si une personne était belle ou non. Du coup, l’explication d’Ulysses pouvait se tenir, c’était la première fois qu’elle trouvait une personne attirante, la première fois qu’elle rougissait. Elle secoua la tête et se remit en route en essayant de se reprendre.

    Je trouve ça très inquiétant, au contraire. Enfin, que des joues puissent trahir ce qu’on peut penser sans qu’on veuille le dire, c’est tout de même gênant. Déjà qu’elles n’ont pas de grande utilité mais, si, en plus elles servent à dire des choses aux gens, franchement ça craint.

    Que son corps puisse agir contre sa volonté pour exprimer des choses qu’elle tenait à garder précieusement dans sa tête était plus qu’ennuyeux. Bon, là, ce n’était pas très important, la situation n’avait rien de dramatique mais si ce genre de chose arrivait alors qu’elle faisait une action plus périlleuse, est-ce que ça pouvait jouer contre elle ? Pourquoi est-ce qu’on ne lui avait pas expliqué ces choses-là ? Peut-être qu’en le sachant elle aurait pu apprendre à se contrôler… Humm… Elle savait sur quoi allait porter ses prochains entraînement, il était hors de question que des gens puissent lire à traverse elle grâce à des joues rebelles.

    A aucun moment elle n’essaya de réfuter ce qu’impliquait l’explication d’Ulysses : elle le trouvait attirant. A quoi bon chercher à le nier ce qui, de toute façon était devenue une vérité depuis que ses joues avaient décidé de la trahir. Elle s’en trouvait des plus banales parce qu’en voyant les autres se retourner sur le passage d’Ulysses, elle fut bien forcée de comprendre qu’elle trouvait beau le même type de personne que les autres. Aucune originalité, s’en était affligeant. D’ailleurs c’était peut-être pour ça qu’Ulysses n’avait pas de chance dans ses relations, ça devait être ennuyeux – et très énervant – de voir tout le monde se retourner sur la personne que l’on fréquentait et, en plus, de devoir se taper les regards jaloux de ces personnes. Personne ne pouvait imaginer l’effort qu’elle faisait pour ne pas se mettre à agresser quelqu’un à cause de regard de travers, elle avait tout de même un peu évoluée depuis ses premiers temps dehors. Heureusement pour certaines étudiantes qui passaient.

    M’enfin, Elle haussa les épaules, je me dis que c’est sûrement plus ennuyant pour vous qui devez faire face à ce genre de comportement tout le temps.

    Ça lui paraissait évident qu’il soit au courant de sa beauté et du fait que tout le monde se retournait sur son passage ou alors, il avait une capacité hallucinante à ne pas voir ce qui se passait autour de lui. Elle, la première, agissait de manière complètement inédite avec lui. Elle ne devait pas être la première. Laura n’en revenait toujours pas de l’avoir suivi jusqu’ici alors que, généralement, elle coupait court à toute tentative de discussion, n’ayant jamais été très à l’aise avec les gens. Ce qui lui rappela qu’il était en train de l’accompagné dans la bibliothèque qu’elle cherchait.

    Hey, au fait, je peux trouver toute seule, ou demander le chemin à quelqu’un d’autre, hein ? Pas que vous me déranger mais vous aviez aussi quelque chose à faire et je ne voudrais pas vous prendre trop de temps.

    Techniquement parlant, elle n’avait aucune envie de le laisser partir mais dû faire un effort pour écouter ce qui lui semblait être logique plutôt que de réagir comme une adolescente qui écoute un truc très étrange en elle. Il l’avait déjà conduite jusqu’ici, expliquer comment choisir un livre, c’était plus que suffisant et bien plus que ce qu’elle avait attendu de lui. Ca le faisait presque culpabiliser de lui prendre encore de son temps pour trouver un bâtiment dans ce campus qu’elle n’imaginait pas aussi grand.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyJeu 7 Mar - 9:11

Ce dont Ulysses se rendait compte, personne n’avait jamais réussi à le déterminer très exactement. Il était vrai que personne ne s’en était jamais soucié. C’était une chose d’être subjugué par sa beauté surnaturelle, c’en était assurément une autre que de lui prêter attention et pour beaucoup de ses congénères, depuis que sa mutation s’était exprimée, Ulysses était devenu une sorte d’objet, admiré parfois comme une œuvre d’art, utilisé d’autres fois comme un jouet sexuel, mais rarement considéré au-delà de l’angélique perfection de ses traits ou du dessin surréellement symétrique de ses muscles.

Sans doute, au fil des années, les choses s’étaient-elles un peu arrangées. Il avait appris, il avait mûri et, surtout, il avait développé son esprit. Assurément, il était désormais un politicien très compétent, un expert en renseignements fort respecté, un bon gestionnaire, un philantrope, mais ces qualités, non seulement n’avaient pas modifié en profondeur la réaction d’une bonne partie de ceux et celles qui croisaient, mais avaient encore contribué à l’enfermer dans une perfection qu’il se sentait loin d’incarner, et surtout loin d’avoir envie d’incarner, au prix de ses propres doutes, de sa propre fragilité, de sa personnalité, en somme.

Comme Laura, quoiqu’à moindre degré et pour des raisons entièrement différentes, Ulysses avait été privé, depuis son adolescence au moins, de tout contact sain avec le monde et l’arrivée d’Ivan dans son existence n’apportait pas seulement la joie d’avoir un nouveau petit ami ; elle était le signe d’une salvation possible, d’un retour, sinon à l’existence normale, du moins à une forme d’identité personnelle, de sentiments, de vie privée. Il y avait là beaucoup trop à perdre pour qu’Ulysses ne se sentît pas nerveux.

Alors quand la jeune femme suggéra que l’essentiel du désagrément était de son côté à lui plutôt que du sien, Ulysses haussa les épaules et mentit d’une voix un peu triste :


— Non… C’est flatteur.

La vérité, c’était qu’il avait arrêté depuis très longtemps d’être flatté par une admiration qui ne reposait sur aucun de ses accomplissements mais sur un hasard de la Nature et qu’il avait parfois envie de s’enfermer chez lui pendant des jours pour ne plus croiser aucun regard humain — envie d’autant plus difficile à supporter qu’il était par ailleurs terrorisé par l’idée de la solitude. En somme, alors même qu’il ignorait sa mutation, elle avait transformé profondément son existence, comme pour chaque mutant de la planète, et avait compliqué les aspects les plus élémentaires de l’existence.

Mais il préférait de loin ne pas s’arrêter sur ces considérations ; il en avait fait l’objet de ses réflexions les plus noires depuis qu’Adam l’avait quitté, elles avaient au moins eu le mérite de le conduire à pousser la porte d’un cabinet de psychothérapie mais désormais, il aavit envie d’autre chose — d’aller de l’avant, simplement, aussi improbable et simpliste que cette expression, jusqu’à lors, lui avait toujours paru. Il avait envie de lire un livre sur les poissons pour impressionner son petit copain, bref, il avait envie de normalité.

N’était-il pas ironique de désirer cette normalité quand on conversait avec une jeune femme qui, de toute évidence, en était si éloignée ? Parce que le raisonnement de Laura à propos de ses joues venaient une fois de plus de souligner l’étrangeté de son éducation. Rien dans tout cela qui ne fût pas Amish, certes, et Ulysses était loin de remettre en doute ses premières hypothèses raisonnables. De toute façon, cela n’avait pas grande importance : de toute évidence, la jeune femme souhaitait prendre un second départ et il n’allait certes pas la forcer à se replonger dans son passé pour le petit plaisir de sa curiosité.

Il secoua la tête quand Laura se proposa de se débrouiller toute seule.


— Non, c’est bon, je vous accompagne. De toute façon, j’attends des appels, du coup, je ne vais pas rentrer dans une bibliothèque pour l’instant.

Il tourna dans une allée et s’arrêta devant un bâtiment arrondie dont le fronton portait l’inscription : Winford Center For Bioethics.

— À propos de votre question sur mes hypothétiques activités illégales et le prix de ma voiture. Ça…

Il fit un signe de tête vers le bâtiment.

— C’est à moi. En partie. Je suis Ulysses Winford. L’héritier de Winford Electrics.

Naturellement, si Laura était Amish, Winford Electrics, ça devait lui parler autant que Boeing. Ulysses précisa d’un ton purement informatif :

— On gère des centrales électriques, quelques centrales nucléaires, un parc solaire et éolien, beaucoup d’énergie. On a aussi un constructeur automobile, un constructeur aéoronautique, un laboratoire pharmaceutique. Ce genre de choses. Et on finance des organisations caritatives ou scientifiques. Comme le centre de bioéthique, ici présent.

D’un coup, forcément, le prix de sa voiture paraissait absolument dérisoire. Ulysses observa quelques secondes le Winford Center avant de se détourner et de se remettre en route pour la bibliothèque.

— Je siège à des conseils d’administration et je supervise certains des financements caritatifs, mais dans la vie, moi, je suis secrétaire de presse. Au Parti Démocrate, pour Martha Orckmann. Je m’occupe des relations publiques de la campagne, du rapport avec les journalistes, de la diffusion des événements, de la stratégie de communication. Des discours, aussi. L’équipe de campagne n’est pas non plus très étendu, Orckmann aime les comités réduits, du coup, je me retrouve avec beaucoup de choses.

C’était à se demander comment il trouvait le temps de lire des livres sur les poissons. Il jeta un regard vers Laura :

— Ça vous intéresse, la politique ?

Manifestement, il avait décidé de ne pas creuser sur la gêne de la jeune femme et de ne pas épiloguer sur la rougeur passagère de ses joues. Son interlocutrice avait eu l’air assez catastrophé en se découvrant dans le miroir de la voiture, Ulysses ne jugeait pas nécessaire d’en rajouter ; traumatiser les demoiselles perdues dans le vaste monde inconnu de la vie new-yorkaise ne faisait pas partie de ses passe-temps favoris.
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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyJeu 7 Mar - 12:54

    Laura ne comprenait pas beaucoup de chose dans les relations sociales, elle ne comprenait d’ailleurs pas grand-chose au genre humain mais, elle savait écouter d’une manière différente des autres. Peut-être que son ouïe plus développée aidait à sentir des différences d’intonations ou, peut-être, qu’elle était capable de très vite s’habituer à une voix pour en saisir les changements. C’est ce qui venait de passer quand Ulysses avait répondu, quelque chose clochait dans cette réponse, elle le savait. Mais, voilà, on en revenait à son ignorance des gens et de leurs sentiments, elle savait que le timbre de voix voulait dire quelque chose mais elle était incapable de savoir de quoi il s’agissait exactement. Elle était consciente qu’il ne servait à rien de pouvoir noter des différences dans le discours de quelqu’un si, derrière, elle n’était pas capable d’analyser ces différences. Chaque chose en son temps, un jour, elle y arriverait mais, pour l’instant, elle n’avait pas envie de poser de question sur ce changement d’intonation. Pas qu’elle ne s’intéressait pas à Ulysses mais, elle préférait lui proposer de la laisser seule à s’occuper de ses propres recherches alors, il était mal venu de s’aventurer dans un autre sujet.

    Il secouait la tête, pendant qu’elle s’en étonnait en se demandant comment il trouvait encore le courage de passer du temps avec elle, qui ne comprenait rien à rien, alors qu’il avait de nombreuses recherches à faire. Le fait de prétexter attendre de nombreux appel attira encore un peu plus sa curiosité, surtout en se souvent qu’il était capable de tenir une conversation dans une autre langue. Peut-être que c’était un terroriste, ça expliquait aussi le prix de sa voiture, non ? Pas le temps de s’interroger plus longtemps qu’elle dû se stopper pour regarder un bâtiment qu’il était en train de désigner, un soit disant rapport avec sa voiture. Ce qu’elle ne comprenait pas au début jusqu’à ce qu’elle associe le nom d’Ulysse à celui inscrit sur le bâtiment.

    Laura avait appris à ne pas poser de question trop rapidement avec lui, parce qu’il avait tendance à les donner de lui-même et cette fois-ci n’échappait pas à cette règle. C’était presque ironique pour elle de se retrouver devant ce genre de bâtiment, imaginant très bien y entrer et demander quelque chose du genre : « Bonjour, je suis né d’une expérience dans le but d’avoir les même gênes qu’un mutant. D’ailleurs je suis le 23ème essai de cette expérience, le 22 précédentes ayant servi à essayer de faire un sujet masculin comme le mutant voulu mais se sont soldées par un échec. Vous en pensez quoi ? » De toute façon, pour elle, tout ce qui touchait à l’éthique était juste la plus grande connerie qui pouvait exister vu que cela n’arrêtait pas ceux qui avaient les moyens de se protéger. C’est parce que des gens, comme Ulysses, aidait à financer des projets scientifiques qu’Arme X avait pu voir le jour et, tout de suite, il lui paraissait beaucoup moins sympathique. Limite, elle aurait préféré l’entendre parler d’un travail vraiment illégal.

    Et, en plus, il donnait dans la politique. Tout ce qu’elle détestait. Exemple récent en cours, cette vidéo qui avait tourné dans les médias mettant les mutants en faute en s’attaquant à des mères de famille et des forces de l’ordre, une vidéo qui, selon elle, ne montrait que ce qu’elle voulait bien parce que quelqu’un au gouvernement, chargé de la communication en avait décidé ainsi. Enfin elle ne savait pas vraiment ce qui s’était passé mais, elle arrivait très bien à supposer des choses, après tout, elle avait déjà vu les X-men passé pour les méchants mutants de l’histoire. C’était très perturbant, elle trouvait Ulysse tellement beau qu’elle avait naturellement envie de lui accorder toute confiance et, si elle essayait de réagir de manière parfaitement logique, elle ne pouvait que le détester. Deux sentiments contradictoires entrant en collision donnaient un mélange qu’elle n’arrivait pas à saisir.

    Beaucoup de chose à gérer en politique, beaucoup d’autre à gérer pour votre nom et, en plus, y a les recherches pour comprendre mieux la passion de votre petit ami. C’est drôle, je pensais qu’une journée ne faisait que 24h pour tout le monde.

    Le ton était ironique, peut-être un chouia agressif et elle s’en voulu très vite car elle n’avait encore jamais employé ce ton là avec lui mais, en même temps, elle en était contente parce qu’elle avait l’impression de se retrouver un peu. Encore une fois tout était partagé entre deux ressentiments parfaitement contradictoires, ce qui, finalement, représentait très bien l’état dans lequel il était capable de la mettre. Mais, il faut croire que c’est le pouvoir –ignoré – du mutant qui reprit le dessus parce qu’elle trouva le moyen de culpabiliser de cette façon de parler, tout en s’en voulant de culpabiliser. Ce type allait la mener tout droit à l’asile le plus proche si ça continuait de cette manière.

    Désolée, je ne voulais pas dire les choses comme ça. Bien sûr que si, c’est ce qu’elle voulait ! C’est juste que j’ai du mal avec ce genre d’activité. Enfin, je trouve que ce que fais votre héritage familial est à la base de réel progrès mais aussi de dérive assez importante. Enfin, peut-être pas vous personnellement, ni votre famille mais y en a qui investisse dans des projets qui ne devrait jamais voir le jour. Puis la politique, sérieusement, je trouve que c’est juste un moyen de manipuler tout le monde histoire qu’ils rentrent tous dans un moule servant les intérêts de celui qui est au pouvoir.

    Selon elle, il n’y avait pas de politique honnête, peut-être aussi parce qu’il était impossible de répondre aux attentes de tout le monde. De toute façon elle n’était pas objective, la politique était associée au gouvernement et, donc, à ce qu’elle détestait le plus au monde, on aurait pu lui sortir tous les arguments du monde qu’elle ne trouverait toujours pas que ce soit quelque chose de bien. Mais, les gens avaient besoin d’être gouverner et c’est un fait qu’elle avait franchement du mal à comprendre.

    En fait, selon moi, la politique c’est juste un boulot pour très bons menteurs. Elle s’excusa du regard. Ce qui est étonnant parce que vous n’étiez pas particulièrement convainquant dans votre « c’est flatteur » de tout à l’heure.

    Elle s’excusait parce que le but n’était de l’agresser, c’est juste qu’elle n’avait jamais su dire les choses de manière détournée ou avec un tact sans faille. Pour sûr, elle ferait une très mauvaise politicienne.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyJeu 7 Mar - 14:09

Yeah, make all the jokes you want but let me tell you something they claim to speak for the underprivileged but here in the blackest city in America, I'm looking at a room with no black faces. No Asians, No Hispanics. Where the hell's the Third World they claim to represent?
Toby Ziegler, directeur de la communication de la Maison Blanche, dans un congrès d’altermondialistes, The West Wing, saison 2, épisode 16

***

Si Ulysses avait décidé d’être courtois et prévenant et, de toute évidence, la stratégie n’était pas très payante. Alors qu’ils s’éloignaient de concert du Centre Winford pour la Bioéthique et qu’ils pénétraient un peu plus avant dans la partie du campus dévolue aux humanités, où la population était un peu différence, où les habitudes vestimentaires, les affiches et les conversations dont on pouvait entendre des bribes en passant à côté des petits groupes d’étudiants avaient soudainement une inflexion un peu plus protestaire, la jeune femme avait, de toute évidence, décidé de passer à l’attaque.

Ulysses haussa les sourcils en entendant le temps brusquement agressif de son interlocutrice, qui suggérait assez qu’elle désapprouvait chacune des activités décrites, des conseils d’administration jusqu’à Ivan, en passant par la politique. L’authenticité avait certes été, depuis le début de leur rencontre, la maîtresse qualité de la jeune femme, mais son guide était un peu surpris de constater que cette disposition qui s’était jusqu’à lors exprimée en une propension à poser tout de go des questions un peu étranges trouvait désormais l’ingéniosité de se faire acide et presque moqueuse.

Le jeune homme détourna le regard, pour observer plutôt les passants, les bâtiments, les arbres, tandis que son interlocutrice s’ingéniait à souligner combien son emploi, sa famille, et finalement une bonne partie de ce qui faisait sa personne, était méprisable et reposait sur la manipulation et la domination. Ce n’était certes pas la première fois, loin de là, qu’Ulysses était confronté au mépris généralisé pour la politique ni aux discours catastrophistes sur les évolutions scientifiques, mais outre qu’il n’était pas, ce jour-là, dans la meilleure humeur du monde, entendre ces propos de la bouche d’une personne envers laquelle il s’était montré si serviable avait quelque chose d’un peu blessant.

Comme souvent, la première impulsion du tempétueux Ulysses eût été de planter Laura au milieu du campus, de tourner les talons et de gagner la bibliothèque des sciences, pour trouver son livre sur les poissons en songeant à son petit-ami qui, en bon altermondialiste, ne devait pas être très loin d’avoir les mêmes opinions que la jeune femme et — et aussitôt cette idée dont Ulysses, depuis qu’il avait rencontré Ivan, était douloureusement familier, se développa dans son esprit et, combien bien des fois depuis quelques semaines, il se mit à s’interroger sur le mépris éventuel que le Suédois pouvait ressentir, tout au fond de lui, sans même s’en rendre compte peut-être.

Il devait sérieusement avoir l’air de broyer du noir, parce que la jeune femme commença à adoucir le ton de sa voix et à revenir à des dispositions, sinon plus favorables, du moins un peu plus diplomatiques. Ulysses resta un petit moment silencieux et finit par désigner d’un geste de tête un groupe d’étudiants passablement hippie qui, assis dans l’herbe, gratter une guitare et, à haute voix, parlaient de refaire le monde.


— Il y a deux attitudes. La mienne et la leur. Eux, ils pensent comme vous, que le monde politique est pourri et qu’il faudrait tout à fait autre chose. Qu’il n’y a que mensonges, malversations, corruption. Et face à cette constatation, qu’est-ce qu’ils font ? Ils jouent de la musique et parlent écologie dans leurs vêtements népalais importés d’Inde par avions-cargos, revendus par des boutiques de mode ultra-capitaliste avec une marge scandaleuse.

Ils ne se vaccinent pas parce qu’ils se méfient des vaccins, d’ailleurs ils se méfient de la science en général, pardon de la techno-science et de sa collusion avec le complexe militaro-industriel. Dans le même temps, ils sont capables d’exiger que les compagnies pharmaceutiques distribuent les médicaments contre le SIDA partout en Afrique, sans songer que ces médicaments sont accomplissements de la science, que les convoyer par desuss les océans exige non seulement de la science mais précisément les structures économiques qu’ils méprisent, des autoroutes, des camions, des législateurs et des politiciens, des vrais, pour s’assurer que les seigneurs de guerre ne monopolisent pas les ressources.

Ils sont à la fois luddistes et marxistes, sans comprendre que l’avénement de la machine est précisément la condition nécessaire à la constitution du prolétariat et donc à l’avénement du communisme. Ils nagent dans les concepts sans savoir de quoi ils parlent, sans avoir lu ceux qu’ils citent et sans avoir jamais vu, de leurs yeux vus, la moindre trace de misère dans un monde dont ils ignorent, bien au chaud au cœur de Manhattan, la brutale réalité.

Je ne suis pas fier de ce que je fais. Il n’y a pas de raison d’être fier. La politique est un devoir. C’est une nécessité de la vie humaine. Il n’y a pas d’état de nature, il n’y a pas de réalité en dehors de notre organisation politique. Rousseau disait que l’absence de lois était la loi du plus fort et la politique, singulièrement la démocratie, est le seul moyen d’assurer à ceux qui n’ont pas la puissance physique, militaire et économique une chance de se faire entendre.

La démocratie n’est pas un état de fait de notre république, elle est un idéal vers lequel nous tendons. Bien sûr, une partie des politiciens mentent. Une partie, quoique très faible, est corrompue. Et chaque jour, des dizaines d’autres politiciens réfléchissent aux manières d’améliroer le système. Parce qu’on peut soit attendre et se plaindre, soit agir. Mais la politique, comme l’économie, comme le progrès scientifique, sont des nécessités qui ont évité la barbarie, la violence, la tyrannique, la famine, la maladie et la mort. Il n’est pas question de s’en passer, il est question de les améliorer.


Ulysses s’arrêta de marcher devant un immense bâtiment sur le fronton duquel on pouvait laire « Bibliothèque Universitaire des Humanités ». Plusieurs étudiants pianotaient, à l’entrée, sur leurs téléphones, ou fumaient négligement une cigarette en discutant avec des amis, avant de rentrer à nouveau pour reprendre des révisions fastidieuses.

— Je crois à la science et je crois à la politique. Je crois qu’il y a des personnes mal intentionnées et que quand ces personnes travaillent en science ou en politique, il y a de mauvais scientifiques et de mauvais politiciens. Que donc il faut de bons scientifiques et de bons politiciens, sans cela c’est la tyrannique qui triomphe. Détourner le regard pendant que l’État se désagrège…

Le jeune homme haussa les épaules. Pendant un instant, son regard avait rejoint celui de Laura, mais bientôt il se détourna à nouveau. D’un geste de la main, il désigna, comme pour souligner l’évidence, le bâtiment qui se dressait devant eux.

— Vous êtes arrivée.

Et assurément la politesse de son ton, qui avait au fur et à mesure de leur conversation, dans la voiture, prit quelque chose de spontanément chaleureux, sans être diminuée, était désormais un peu froide, distante.

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Laura Kinney

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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyJeu 7 Mar - 22:16

    Le défaut – ou pas – majeur de Laura était qu’elle ne croyait pas en la démocratie. Pour elle c’était une notion complètement vouée à l’échec parce qu’il était impossible de mettre tout le monde d’accord. Des bonnes idées pouvaient être proposées pour venir en aide au plus grand nombre mais, les plus aisés pouvaient donner leur voix, se faire contestataire et, de ce fait, empêcher de bonnes initiatives de passer. Une dictature participative, ça, elle trouvait que c’était cool à condition d’y mettre une personne à sa tête qui n’était pas là pour, pour ses profits ou à se demander si telles ou telles lois l’arrangerait plus qu’un autre. Il fallait quelqu’un avec un sens pratique et qui soit intègre en plus de savoir raisonner avec logique pour le bien du plus grand nombre. Le côté participatif parce que cette personne pourrait s’entouré d’une équipe capable de lui soumettre des idées qui seraient ensuite examiné et débattue afin de déterminer sa fiabilité et ce qu’elle apporterait mais, quoiqu’il arrive la décision ne reviendrait qu’à la personne désignée pour diriger. Mettre trois personnes d’accord était déjà un putain d’exploit mais, mettre tout un gouvernement sur la même longueur d’onde, ce n’était même pas la peine d’y songer.

    Ulysses avait beau montrer le groupe, elle ne ressentait pas plus de sympathie pour ces personnes que pour ceux qui faisaient de la politique – bien que, dans les deux cas, il y avait sûrement des contres exemples de ce qu’elle détestait -, si on changeait le monde en discutant autour d’un feu de camp, ça se saurait. Mais on ne pouvait pas lui demander d’aimer les politiciens et le gouvernement. Elle était née de leurs mains, de leurs expériences qui n’avaient pas vraiment de justification. Elle ne doutait pas qu’il y ait de « bonnes » personnes en politique, elle doutait juste de leur ascension dans le monde de la politique. On ne montait pas juste avec de bonnes idées, c’était bien trop utopiste pour elle. Il fallait faire des alliances, des accords qui amenaient trop souvent à se renier et à dévier de l’intégralité que certains pouvaient avoir à la base. Des bonnes idées, tout le monde était capable d’en avoir. Des solutions pour tel et tel problème se trouvaient et un tas de gens pouvaient en proposer mais, une fois tout en haut, ces gens devaient subir trop de pression extérieure pour mettre à exécution leurs idées. Enfin, c’était peut-être débile mais elle ne comprenait pas comment on pouvait soulever des fonds, demandé de l’aide financière à des gens capable d’aider pour promettre de les démunir un peu par la suite afin d’aider les classe inférieur. Quelqu’un de riche tenait trop à son argent pour sponsoriser quelqu’un qui allait le suicider financièrement parlant. Et quand elle parlait de suicide financier s’était plus que relatif.

    Il croyait à ce qu’il faisait et c’était tout à son honneur mais, franchement, ça durerait combien de temps ? De toute façon on ne pouvait pas lui demander d’être objective, pas de là où elle venait. Trop récent, pas assez de vécu dehors pour avoir une image positive des gens qui dirigeaient l’état et le pays. Bien sûr ses des gens intègres pouvaient monter les échelons, pouvaient arrivés à faire des choses autrement que localement, elle n’aurait rien contre et serait ravie de pouvoir revoir son jugement mais, aujourd’hui ce n’était pas encore le cas. Finalement, il n’y avait qu’un seul réel problème pour elle et c’est en relevant les yeux vers Ulysses qu’elle finit par hausser les épaules.

    Le problème c’est que c’est souvent ces mauvais scientifiques et politiciens qui ont le pouvoir.

    Elle aurait pu livrer le fond de sa pensée, donner des exemples concrets qu’elle avait en tête mais c’était impossible sans s’exposer directement. Ce qu’elle ne pouvait pas faire. Elle regrettait presque d’être passée devant ce bâtiment qui avait tout déclenché et qui avait fait basculer le ton. Sa faute, elle le savait mais, ça avait été plus fort qu’elle. Elle regrettait parce qu’en le voyant quelque chose en elle refusait que ça se finisse dans ces conditions. Si elle mettait son cerveau de côté ou tout ce qu’elle était, elle aurait presque été capable de se jeter à ses pieds pour s’excuser, pour lui supplier de ne pas lui en vouloir comme le ferait une écervelée refusant de laisser partir le type le PLUS beau qu’elle n’ait jamais vu. Surtout que la destination était atteinte que la séparation était inévitable. Heureusement son cerveau était encore en service – bien que défectueux vu qu’elle n’avait agi en rien avec ce qu’elle est d’habitude – ce qui l’empêcha de se ridiculiser de la sorte.

    Elle se sentait un peu nulle, c’était elle qui avait changé de ton la première et, maintenant elle se devait de le remercier. Elle n’avait jamais mal parlé à quelqu’un pour ensuite le remercier, ça lui paraissait incompatible. Mais, dans le cas présent, les remerciements étaient une obligation – et une envie – parce qu’il l’avait quand emmener ici, renseigner et perdu pas mal de son temps – a priori précieux – pour la mener aux portes du bâtiment recherché.

    Merci beaucoup.

    Elle n’osait même pas le regarder tellement son remerciement était ridiculement sincère après avoir haussé le ton avec lui. Franchement elle n’avait pas été très cool sur ce coup-là, surtout après le temps qu’il lui avait accordé. Elle avait fait un pas, peut-être deux, en direction de l’entrée quand, finalement, elle décida de se retourner – et de l’interpellé si il avait déjà tourné les talons – pour lui dire quelque chose qu’elle avait oublié de lui signifier.

    Betta Splendens. En y réfléchissant bien, elle commençait à se dire que ça ne devait pas vouloir dire grand-chose et si, il ne lui avait pas appris à prendre les devants pour donner une explication, elle aurait attendu qu’il lui demande ce que ça signifiait. Heureusement, elle retenait vite. C’est un autre nom pour le poisson combattant et, heu… je ne sais pas comment est fait le classement mais, si ça peut aider, ça vient des eaux douces tropicales genre la Thaïlande et, si mes souvenirs sont bons, c’est de la famille des Osphronemidae. Elle ajouta un léger sourire. Mais faut pas me demander comment ça s’écrit.

    Après tout on lui en avait parlé, on lui avait pas fait un cours écrit là-dessus. Quoiqu’il en soit, c’est la seule chose qu’elle pensait faire pour lui. Une sorte de juste retour des choses après toutes les infos qu’il avait pu lui donner et, sa manière à elle de s’excuser du comportement qu’elle avait eu.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyVen 8 Mar - 9:40

Ulysses était un peu découragé. Il commençait à le comprendre, il y avait une règle invariable dans la politique professionnelle : les journées finissaient toujours beaucoup plus mal qu’elles n’avaient commencé. Il était entré d’un pas guilleret dans la bibliothèque de Central Park, il était désormais au pied d’une bibliothèque universitaire, déprimé par la perspective qu’Ivan pût mépriser son métier et décidé brutalement de l’abandonner, anxieux à cause de l’appel téléphonique qu’il avait reçu et contrarié par la réaction de Laura, qui pour être courante, n’en était pas moins difficile à affronter.

Il avait une soudaine envie de rentrer chez lui, de se cacher sous la couette, de fourrer la tête sous l’oreiller et de pleurer un bon coup, pour décharger le stress, avant de se remettre à téléphoner, écrire des messages, lire la presse, répondre aux journalistes, prendre des rendez-vous, synthétiser des dossiers, formuler des recommandations, organiser les emplois du temps, rédiger des discours, corriger des discours, écouter des discours, etc. Il se sentait fatigué, épuisé même, même si non son teint parfait ni ses yeux n’étaient capables de le trahir.

Eût-il eu plus d’énergie qu’il se fût peut-être lancé dans la démonstration que les scientifiques mal intentionnés et les politiciens verreux ne sauraient détenir le pouvoir dans un pays qui, de toute évidence, n’étaient pas au bord de la guerre civile, ni de la dictature, ni de l’annihilation nucléaire, que du reste « déternir le pouvoir » n’était pas un concept politique suffisant pour décrire la complexité d’un gouvernement polycéphale où la puissance circulait de manière dynamique, comme dans toute démocratie et singulièrement aux Etats-Unis, mais il n’avait plus le courage ni de se lancer dans une analyse de sciences politiques, ni de tenter de réveiller l’instinct citoyen de cette étrange interlocutrice qui, de toute évidence n’était pas près de se laisser convaincre.

Elle avait haussé les épaules à ses explications, il ne répondit à sa remarque que par un très vague :


— Hmm…

De toute évidence, la conversation venait de mourir brutalement et aucun geste de survie rhétorique ne serait susceptible de la ranimer. Le regard d’Ulysses évitait toujours celui de Laura, dont il ne se rendait compte à présent qu’il ignorait toujours le nom, signe s’il en fallait que la discussion, depuis le début, n’avait peut-être pas été tout à fait honnête. Soudain, l’hypothèse Amish lui apparaissait un peu moins probable, mais pour l’heure, il n’avait guère envie de démêler les mystères de son interlocutrice.

Les remerciements de la jeune fille furent accueillis par des remerciements à la fois très polis et peu enthousiastes :


— De rien. C’est normal.

Du reste, il en était toujours convaincu et si Laura lui avait demandé de l’accompagner encore pour choisir son livre, il l’eût sans doute fait, en trainant des pieds certainement, mais avec dévotion malgré tout, parce que son sens du service public était à peu près illimité. La demoiselle partait, Ulysses allait se mettre en route vers la bibiothèque scientifique, quand il l’entendit parler à nouveau.

Il releva les yeux vers elle. Betta Splendens ? C’était son nom ? Dire que les gens trouvaient que « Ulysses » était un prénom étrange, finalement, il ne s’estimait pas si mal loti. Ulysses écouta la jeune femme d’un air un peu distrait, notamment parce qu’il avait récupéré ces informations sur Wikipédia, le jour suivant celui où Ivan lui avait offert son poisson, quand il s’était retrouvé face à face avec l’animal, un peu désemparé. Peu importait, du reste ; il comprenait bien que les propos de la jeune femme étaient aussi destinés à fournir à cette rencontre une issue moins glaciale que la leur et Ulysses fit l’effort d’un sourire et d’une réponse un peu plus chaleureuse que ses précédentes :


— Merci. Je vais aller creuser tout cela.

Il fit un petit geste de la main avant de se détourner pour de bon et de s’éloigner à grands pas, tirant le portable qui vibrait dans sa poche.

— Alors ? … Non. Au sud du pays. Je ne sais pas, des rebelles, des terroristes, des pirates qui passent la frontière… L’ambassadeur, alors… Non… La Suisse… Je vais l’appeler moi. On est… On a des loges voisines, à l’opéra.

Ulysses raccrocha et, en marchant, il fit le bilan de cette curieuse fin d’après-midi. Il avait rencontré une jeune femme coupée du monde, dont il ignorait encore le nom, qui voulait apprendre la vie de Lewis Carroll, qu’il avait aidée et qui l’avait plus ou moins jeté en apprenant qu’il faisait de la politique ; il avait craint qu’Ivan pût l’abandonner pour un hippie plus idéaliste qu’il ne l’était et cette crainte allait épanouir en lui ses fleurs empoisonées ; l’une de ses amies journalistes venait de se faire enlever au sud de la Syrie et il allait devoir se rappeler au bon souvenir de l’ambassadeur de Suisse pour pouvoir jouer les intercesseurs — avec tout cela, il n’avait toujours pas son livre sur les poissons.

Une heure plus tard, Ulysses poussa la porte de la bibliothèque de sciences naturelles, au troisième étage, au fond d’un bâtiment des années soixante-dix, après avoir été aiguiller de bibliothèque en bibliothèquep par une série d’employés et d’étudiants tous très aimables et très distraits. Il règnait dans la pièce unique la même atmosphère silencieuse et un peu poussiéreuse que dans certains muséums, la même chaleur boisée et mystérieuse que dans les collections de papillons.

Le jeune homme s’approcha de la bibliothécaire et murmura :


— L’ichtyologie ?
— 420.
— Merci.


Une fois devant le rayon tant recherché, le jeune homme sortit son téléphone et tapota un message.

Ulysses a écrit:
[Destinaire : Ivan]
Tu me manques.

Et il tira de la bibliothèque les deux volumes de l’Introduction aux poissons du Pacifique.

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Laura Kinney

Laura Kinney
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MessageSujet: Re: Livres et chamboulement - Ulysses -   Livres et chamboulement - Ulysses - EmptyJeu 21 Mar - 22:52

C’était sûrement pour cette raison que Laura n’était pas douée en relation sociale, elle ignorait l’impact que pouvait avoir des paroles sur les gens. Pourtant, elle trouvait tellement plus simple de s’exprimer le plus logiquement possible et le plus sincèrement possible. Les gens devaient juste apprendre que des avis n’étaient pas des vérités absolues et ne pas tout prendre au pied de la lettre. Non, vraiment, un tas de chose la dépassait. Mais, en y réfléchissant bien, elle ne valait pas mieux que ces gens qu’elle critiquait. Il avait suffi qu’Ulysses lui annonce qu’il était dans la politique pour qu’elle se braque en mettant tout le monde dans le même panier. Cette rencontre avait été perturbante en un tas de point mais surtout dans le fait qu’elle se rendait compte qu’elle entrait dans une sorte de banalité, à l’image de tout le monde, qu’elle avait voulue et que, en même temps, elle détestait.

Elle ne comprenait tellement rien dans les relations sociales, « De rien. C’est normal » lui paraissait absurde vu le peu d’enthousiasme fourni avec. Enfin, selon elle, ça revenait plus à répondre de manière automatique et polie plus que quelque chose de sincèrement pensé. Elle trouvait ça étrange, pourquoi dire quelque chose qui ne soit pas réellement pensé ? Ca ne lui serait pas venu à l’idée de le remercier si elle n’avait pas apprécié le geste et si elle ne l’avait pas trouvé particulièrement utile, même par simple politesse. Elle avait tellement de chose à apprendre, peut-être qu’un jour ça lui permettre de comprendre pourquoi les choses s’étaient dégradées aussi si vite. Et pourquoi, au fond d’elle, elle regrettait d’avoir déçu quelqu’un qu’elle trouvait tellement beau.

Elle avait donné quelques informations qu’elle possédait sur le sujet qu’il recherchait, un sourire un peu désolé de ne pas pouvoir l’aider plus. Elle était déjà incapable de trouver une biographie d’un auteur plus que connu, alors chercher un truc sur des poissons, ce n’était même pas la peine d’y penser. Elle se détourna quand il la remercia et prit la direction de la bibliothèque un peu perturber par cette rencontre, cette finalité et, surtout par tout ce que ça avait déclenché chez elle. Elle en arrivait même à se sentir triste de n’être plus à ses côtés sans comprendre pourquoi. Finalement ce n’était peut-être pas une biographie qu’il lui fallait mais surtout un bouquin sur la biologie adolescente, ce truc d’hormone ou quelque chose dans le genre.

Elle était arrivée devant l’accueil et se renseigna sur les modalités pour emprunter un livre. Il avait suffi que la femme mentionne une « pièce d’identité » pour que Laura décide qu’il était vraiment inutile de se ficher volontairement quelque part, surtout avec son vrai nom. Elle remercia la personne, assurant revenir plus tard avec le nécessaire et quitta les lieux. Cependant avant de réellement ressortir elle vérifia qu’Ulysses n’était plus dans les parages – ne sachant pas quoi lui répondre si elle ressortait sans aucun livre en moins de 10 minutes – et espérait sincèrement qu’il soit partit. Ce qui était bien évidemment le cas, elle l’avait vu prendre une autre direction et, contre toute attente, elle ressentie une légère frustration.

Il aurait été tellement facile pour elle de le retrouver, rien qu’à l’odeur, juste pour le voir une dernière fois tellement elle avait trouvé cette beauté complètement irréelle. Et elle dû faire un effort surhumain pour se diriger vers l’arrêt de bus le plus proche sans répondre à ce que ses instincts lui commandaient de faire. Le bus arriva et elle monta dedans machinalement en se demandant à qui elle pouvait demander des explications sur ce qui venait de lui arriver. Est-ce que ça arrivait souvent ? Est-ce que c’était normal ? Est-ce que c’était ça être humain ? Avoir envie de réagir de façon déraisonnable et illogique, juste parce qu’elle trouvait quelqu’un de beau ? Par pure expérience, elle avait posé son regard sur tout le monde dans le bus et il lui semblait étrange que tout ce monde lui semble aussi fade à côté d’Ulysses. Elle avait peut-être besoin d’aide, peut-être qu’elle déraillait complètement, qu’elle avait un disfonctionnement dans son code génétique, un truc dans le genre.

Elle dû changer plusieurs fois de bus et décida de rentré par la forêt à pied. La route était longue mais, entouré d’arbre, elle pouvait un peu plus se laisser aller à ses instincts. Cette normalité qu’elle voulait tant, lui semblait soudainement dangereuse et bien éloignée de ce qu’elle était. Ce tour en forêt avait pour but de la réconciliée un peu avec elle-même et, elle devait bien l’avouer, ça lui fit le plus grand bien. Au moins, ici, elle ne rencontra aucune tête à comparer à celle d’Ulysses et elle espérait bien que ce « dérangement » lui passerait assez vite. Promis, la prochaine fois que quelqu’un viendrait lui parler et qu’elle le trouverait beau, elle le découperait en rondelle dans la seconde qui suit. Au moins, ça évite un tas de tracas pour la suite.
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