Seize heure d'avion. Et d'une seule traite, en prime. Tous les touristes à qui j'donnais des cours et qui trouvaient leur voyage assez passionnant pour me le raconter avaient eu droit à une escale dans un coin bizarre : Abu Dhabi, Bangkok, Dubaï ou un nom encore pire que j'ai pas retenu. Mais au moins ils l'avaient eue, leur pause !

Bon, j'dis ça, mais je suis effectivement restée éveillée que quatre heures avant de sombrer dans un sommeil proche du coma. La soirée de la veille avait été...arrosée, disons. Un départ, ça se fête ! Mes affaires étaient déjà prêtes, de toute façon. Du coup, le voyage est passé plus vite, mais en atterrissant dans la matinée à JFK j'avais encore l'impression qu'un troupeau de kangourous m'avait piétinée.

Je m'étais fait une liste de trucs à faire. Premièrement, trouver un hôtel pourri pour entreposer mes sacs à pas cher. J'avais pris ma planche de surf, au cas où je décide sur un coup de tête de me barrer pour la Californie, et je voulais surtout pas me la faire tirer. Ca a pas été bien long, j'avais acheté un plan du genre "New York pour les nuls", et il était dit que le quartier le plus craignos c'était Hell's Kitchen. J'ai trouvé un bouge dans une rue dont l'éclairage avait l'air d'être en plutôt bon état, assez pour avoir une chance raisonnable de pas me faire dévaliser dans les deux prochains jours. J'ai noté l'adresse, pour être sûre de le retrouver même avec un taux d'ébriété ou d'autre chose un rien trop élevé. Ca, c'était fait.

Deuxièmement, je devais m'acheter un truc chaud. On m'avait pas menti, il faisait froid. Froid genre froid. Genre le temps qu'il fait à 1200 mètres d'altitude dans les Montagnes Bleues en plein mois de juillet. Ou le temps qu'il faisait en Nouvelle-Zélande quand les Hobbits ont décidé qu'il valait mieux passer par les mines de la Moria. Bon, j'exagère un peu, OK, mais mon mode de vie rendait toutes les fringues épaisses complètement superflues, et j'étais pas venue à Big Apple pour attraper une pneumonie.

Comble de bonheur, et à ma grande surprise, faut avouer, j'ai trouvé plein d'enseignes auxquelles j'étais habituée, parce qu'elles étaient dédiées au surf, et j'ai pu m'acheter un sweat large à capuche qui a progressivement fait remonter ma température corporelle jusqu'à des niveaux plus agréables. Ensuite seulement, je me suis demandé pourquoi Billabong avait ouvert une échoppe à NY, et j'ai compris qu'il devait y avoir autant de pigeons ici que sur Manly Beach. Tant mieux pour moi, même si ça allait quand même être difficile de les persuader de surfer sous la statue de la liberté.

Cela étant dit, le troisièmement qui venait était de trouver un job. J'en avait sincèrement pas besoin dans l'immédiat pour les finances, puisque dans le pire des cas, papa-maman pouvaient me dépanner si je me retrouvais dans le pétrin. Mais je me connaissais, et si j'avais rien à faire de la journée, je m'amuserais pendant trois ou quatre jours, et après ça je deviendrais folle - ou camée, ou bourrée du matin au soir - et ça me convenait pas. J'ai donc repris mon "New York pour les nuls", et j'ai fait le tour de tous les endroits proposés qui contenaient une vraie piscine en me proposant pour le poste de maître-nageur. J'avais pensé à prendre mes affaires de bain, mais les trois premiers ne m'ont même pas demandé de montrer que je savais nager. Ils ont juste regardé mon passeport australien, et dans leur tête, ça a du dire "elle sait forcément nager, puisqu'ils en sont encore à pêcher le poisson au harpon sur cette île d'arriérés".

Le quatrième lieu, un centre de fitness près de Central Park, a été un peu plus pro. J'ai du remplir les papiers d'usage, évidemment, mais après ça, le type m'a dit qu'il voulait me voir faire deux longueurs dans chacune des quatre nages. Et alors que je m'attendais à un petit bassin, il m'a amenée devant une piscine de taille olympique.

Autant dire qu'un 400m 4 nages à froid, ça calme. J'ai un peu triché avec le courant pour le papillon, vu que j'aime vraiment pas cette nage et qu'il faudra qu'un jour on m'explique à quoi elle sert - puisqu'elle est plus lente et plus fatigante que toutes les autres - mais je pense que je m'en suis pas mal sortie vu la tête que faisait le gars quand je suis sortie de l'eau. Ca, ou il souriait pour une autre raison, mais ça pouvait pas être mauvais signe non plus. Il m'a dit qu'il me rappellerait, mais j'étais plutôt confiante.

J'ai pu prendre une douche sur place, et histoire de me reposer un peu après mon 400, j'ai pris la direction du gymnase du lieu, ma serviette toujours sur la tête pour protéger mes cheveux mouillés, histoire de passer le temps en observant des Américains courir. Je me suis vautr...assise dans les gradins, surélevés de quelques mètres par rapport au terrain, mon sac à dos à côté de moi.

Sans surprise, ils jouaient au basket, un sport que j'avais toujours trouvé stupide car totalement discriminatoire : même quand on mesure un mètre soixante, on peut devenir un excellent surfeur, ou plongeur. Là, faut chausser du 52 et porter du 4XL pour espérer s'en sortir. En plus, les paniers étaient beaucoup trop hauts ! Prenez le soccer - je trouve le sport idiot aussi, mais bon : les buts sont grands, comme ça les joueurs peuvent facilement viser ! Et au foot Australien, on met carrément trois buts pour chaque équipe, comme au quidditch, pour être certains qu'il y'ait des points ! Non, au basket, c'est un rond minuscule à cinq mètres de haut.

Cela étant dit, je m'attendais à voir des obèses, et les joueurs sur le terrain étaient plutôt en bonne forme. Ils portaient des maillots avec un logo qui me semblait être celui d'une banque d'affaires, et étaient donc sans doute des employés en pleine séance de renforcement de l'esprit d'entreprise. Pour des amateurs, ils ne s'en sortaient pas trop mal.

J'ai sorti mon téléphone, au cas où le type me rappelle vraiment dans les plus brefs délais, et une barre de céréales que j'ai avalée en trois bouchées, sans la moindre recherche d'élégance. Il fallait que je recharge mes batteries. Le rythme du ballon sur le sol a alors commencé à progressivement me faire sombrer dans le sommeil, et j'allais m'affaler sur le côté quand je me suis aperçue qu'il y'avait quelqu'un à côté de moi. J'ai sursauté, et je me suis retournée.

Cette dernière semaine avait été des plus folles! Le manque d’un superviseur manquait cruellement à leur bureau, mais il ne tarderait pas à voir un engager prochainement. La situation ne pouvait pas continuer ainsi, le remplaçant de Mary était peut être bien doué dans un bureau mais il ne vallait pas un pied dans le feu de l’action. Elle avait jamais eu l’occation de voir une personne avec une si forte tendance à être incapable de prendre une décision toute simple. Au moins, les intervenants comme elle savait leur travail et pouvait un peu compenser le manque d’expérience et de leadership du subalterne temporaire que Mr. Timmens avait mis en place. Elle souhaitait que le prochain superviseur soit plus… qualifié, un temps soit peu du moins.

Antony son fidèle accolyte et elle-même avait passé une avant-midi éprouvante à terminer de rattrapper le coup sur une affaire d’une famille qui devait arrivée au pays. Ils avaient frôlés la catastrophe à cause de se superviseur, elle avait passé la matiné avec Antony à refaire le dossier pour éviter une expulsion à cette famille qui avait besoin de leur aide plus que d’avoir l’immigration sur le dos. Les deux amis une fois le dossier clos ils n’avaient pas tardé de l’envoyé en Xpress. Encore des frais supplémentaire qui aurait pu être évité, tandis qu’Antony terminait pour sa part Ksenia était allé directement voir Mr. Timmens qui s’était installé dans l’ancien bureau de Mary pour un certain temps. Elle était représentante pour les autres intervenants et lui explica les nombreux problèmes et les mesurent coûteuses qu’ils devaient utilisés pour corriger ce qui normalement ne devrait même pas arrivé. L’épuisement se faisait ressentir et les tensions au bureau rendait le lieu autrefois chaleureux et invitant désagréable. Le tout nuisait autant à leur futur clientèle, qu’aux cas présent et au relation qu’ils entretenaient avec des organismes depuis de longues dates. Certains pensaient à les laisser, mais pour le moment les intervenant avaient été capable d’en apaiser la pluplart, mais pour combien de temps encore?

Antony vit sortir Ksenia du bureau, il l’attendait impatiemment comme les autres intervenants présents qui voulaient savoir ce qui serait fait pour que la situation se corrige.

Et alors? Il a dit quoi…
Il se rend bien compte que la situation est pénible et problématique, il a dit qu’il ne tarderait pas à mettre un nouveau superviseur en poste… ce n’est plus qu’une question de temps.
Un soupir de découragement se fit entendre de part et d’autres du bureau, elle aurait bien sourit à tous et chacun pour les rassurer, mais elle-même n’était pas tout à faire convaincu que ça allait s’arranger bientôt. Ils devaient continuer leur bon travail et faire confiance à Mr. Timmens.
Ecoutez, je sais que ce n’est pas ce que vous vouliez entendre… mais faces aux circonstances c’est ce qui arrive. On s’en est toujours bien sortie, si on regard en arrière nous avons toujours été très indépendant. Vous faites un travail exceptionnelle tous autant que vous êtes et il faut continuer, on est une équipe et on peut s’entraider. Nos expériences nous complètes en temps qu’équipe. Je sais que si j’ai besoin d’un contact dans le quartier latin je peux compter sur Antony ou Eddy, Judith n’a pas son pareil pour dénicher des appartements propres et pas cher et qui accepter les immigrés. Et toi Max, tu es de loin un de meilleur pour organiser des activités communautaire. Et j’en passe…. Il ne faut pas se décourager, on a tous nos forces, et on peut s’entraider. Avec nos efforts on va s’en sortir… Je sais que pour tout le monde la dernière semaine a été pénible...
Pénible… un calvaire plutôt
Antony s’il te plait.... écoutez, pendant que nous sommes tous présent. Je propose une réunion général, prenez vos dossiers en cours qui vous poses problème et on se retrouve dans le salle de conférence dans 10 minutes. D’accord.

Le moral était au plus bas et cogité en groupe même si cela comportait un risque était nécessaire à cet instant, d’instint c’était ce qu’elle croyait. Ksenia s’en alla à son bureau et ramassa ses propres dossiers après quoi tout le monde se rejoind dans la salle de conférence. La discution fut riche et au final après 2 heures tous voyaient une solution à leur problème. Pour remercier tout le monde Ksenia prit sur elle-même de proposer aux intervenants un après-midi de congé. Ils avaient tous donné leur 200% et le méritait emplement. C’est comme cela qu’elle se retrouva à suivre Antony et quelques autres garçon du bureau au Gym. Elle n’allait pas jouer avec eux, mais au plutôt encourager les garçons. C’était mieux que de rester toute seule et de se replonger dans son travail.

Bras dessus-dessous le petit groupe de joyeux lurons s’en alla gaiement évoquant en riant la tête que le superviseur-temporaire ferait en voyant les bureaux fermés pour l’après-midi. Leur téléphone d’urgence étaient tous allumés au cas où un client aurait besoin d’eux mais s’en cela c’était l’heure de s’amuser. Ksenia laissa les garçons aller se changer pour sa part, elle alla aussi enfiler une tenue plus décontracter, les garçons l’ayant convaincu qu’il lui apprendrait à jouer au 21. Une fois sur le terrain de basket, il y avait déjà un autre groupe. Ses collègues se joingnirent aux autres gens et le match commença. Antony et Max était survoleté et n’arrêtait pas de déconner. Ksenia accompagner de Jack son fidèle chien se laissa guider jusque dans les estrades où elle prit place. Elle n’avait pas remarquer la personne qui y était déjà, c’était sans un bruit qu’elle avait monter et s’était insallé. Jack après quelques minutes à être bien sage se mit à s’intéresser quelques choses un peu plus loin sur la gauche de K. Se pensant seule, elle garda simplement la laisse en main sans trop retenir Jack qui s’approcha curieux de la jeune femme non loin. Ksenia après un instant à se demander ce qu’il pouvait bien renifler de loin comme ça se retourna vers où la laisse se tendait pour rejoindre Jack. Elle aperçu les ondes d’une silhouette, en bonne ‘’ aveugle ‘’ qu’elle était s’accroupit à côté de son chien et le caressant.

Qu’est-ce que tu as trouver coquin… un embêterait pas une personne par hasard? Ksenia tendit l’oreille entendait remuer légèrement la silhouette qu’elle percevait. Elle sourit en sa direction.

Veuillez m’excusez, j’ai encore à lui apprendre les bonnes manières.
Ksenia se rassit sur le banc et tira légèrement Jack qui revint sans rechigner vers elle enjoué et lui mordillant doucement les mains pour jouer. Il portait toujours son fameux petit foulard avec le logo qui l’identifiait comme un chien d’assistance, c’était un très beau border collie. Ksenia le caressait doucement et il se calma un peu, mais continuait de fixer curieux l’inconnue.

Bon, "quelqu'un" était peut-être une réponse un brin inexacte. Il y avait une personne, une fille - une femme - avec des yeux étranges, mais ce qui s'était approché de moi, c'était un chien. Une belle bête, le genre sympa qui donne envie de le caresser spontanément. Pas le clébard de deux mètres au garrot qui est là pour dissuader les voleurs d'entrer dans la maison et qui peut t'arracher la main quand tu essaies de lui dire bonjour. Pas le caniche à sa mémère non plus, le genre qui se promène avec son petit manteau à motifs en tweed pour être sûr de pas attraper froid quand il met une patte de hors en plein mois d'août.

- Nan, c'est OK, mate, pas la peine de t'excuser.

Pour éviter de trop montrer mon état ensommeillé, je me suis frotté les yeux. Comme j'avais oublié que je tenais mon téléphone en main, je l'ai lâché, et il a heurté le siège avec un bruit sourd. Coup de bol, il est pas tombé plus bas. Par sécurité, avant toute autre chose, je l'ai remis dans mon sac. Puis, je me suis retournée vers le duo.

- Sorry, je suis un peu naze, j'suis descendue de l'avion ce matin.

Le chien avait vraiment l'air sympa, alors j'ai tendu le bras pour voir s'il voulait venir le renifler. C'est seulement là que j'ai remarqué son foulard, et que j'ai pigé que c'était pas une coquetterie. C'était la raison qui expliquait les yeux et les attitudes de sa maîtresse. J'ai retiré précipitamment ma main et je l'ai rangée sous mes fesses, me rappelant que certains aveugles n'appréciaient pas que l'on touche à leur chien. Il avait vraiment pas l'air agressif, mais je me sentais un peu bête, et toujours embrumée par cette satanée envie de dormir, à laquelle s'ajoutait maintenant les débuts de crampes dues aux trop nombreuses longueurs que j'avais du me taper. Je me suis éclaircie la voix histoire de reprendre un peu de contenance.

- Heu...il est très beau, ce chien. Comment il s'appelle ? Ou elle ?

La race me disait quelque chose. J'avais eu une époque, petite, où j'étais passionnée par les chiens, leur race, leur taille, leur type - de garde, de troupeau, de chasse - et tout ça. C'était au moment où mes parents avaient acheté Sub. Chiot, il était tout mignon, tout noir avec des pattes trop grosses pour lui et l'impression de ne rien voir ce qui se passait à cause des poils devant les yeux. Je l'adorais. Et puis il avait grandi, et je pouvais plus aller me baigner sans qu'il me fasse revenir de force sur la plage. Or, quand un Terre-neuve décide de ramener quelqu'un hors de l'eau, le quelqu'un a pas voix au chapitre. Surtout quand le brave toutou pèse soixante-dix kilos.

On avait réglé le problème en faisant des groupes de plage séparés. Les bronzeurs emmenaient Sub, et les baigneurs, ou surfeurs, se baignaient (ou surfaient). Parfois, il ramenait aussi sur la plage des gens qu'il connaissait pas. Ceux qui criaient trop fort, ou qui faisaient semblant de se noyer.

Ce chien-ci était sûrement un chien de berger, mais mes compétences d'identification avaient disparu depuis belle lurette. J'ai tourné les yeux vers sa maîtresse, la tutoyant naturellement. Elle avait l'air d'être de mon âge, après tout, et c'était pas ma patronne ou mon avocat. Le vouvoiement me mettait mal à l'aise, ça me donnait dix ans de plus - et j'étais pas vraiment pressée de vieillir.

- Tu es...aveugle, non ? Mais j'sais pas comment dire ça, tu as l'air de vachement...ressentir les choses. C'est impressionnant.

Elle avait pas l'air mélancolique et dépressive, donc pas la peine de sortir les violons pour la plaindre sur son handicap. Les quelques aveugles que j'avais croisés - ils sont pas particulièrement amateurs de cours de surf, donc je n'en voyais qu'épisodiquement - donnaient souvent l'impression de ne pas savoir exactement où j'étais, changeant la direction de leur regard en fonction de ma voix, ou regardant tout simplement au-dessus de ma tête. Mais cette fille savait clairement où j'étais. C'est à ce moment que je me suis aperçue que j'avais zappé toutes les politesses d'usage.

- Oh, sorry mate, j'suis mal élevée. Mon nom c'est Lanikai.

J'ai insisté naturellement sur la prononciation de mon nom, malgré l'accent australien dont je cherchais vraiment pas à me débarrasser - ça permettait de repérer rapidement les gens qui me prenaient pour une sauvageonne ou une paysanne, et de les éviter. Comme cette fille allait certainement jamais avoir à le lire, elle l'écorcherait pas.

La voix de la personne près d’elle était certainement celle d’une femme, la manière dont elle avait de s’exprimé était particulière et très amusant pour ses oreilles. La fatigue qui teintait le timbre de sa voix n’était pas une illusion, car l’inconnue lui avoue subir le décalage horaire. Ksenia lui sourit compatissante, elle savait ce que cela pouvait produire car il lui arrivait souvent de voyager, quoi qu’un peu moins depuis qu’elle était à New York. D’un coin de l’œil elle aperçu la silhouette d’ondes s’étiré vers elle et son chien, puis reculer avec vigueur pour adopter une position étrange qu’il lui fit difficile à lire durant un instant. Elle comprit que Lanikai s’était avancé pour toucher Jack, et comme la plupart des personnes qui s’adonnait à vouloir le faire elle devait avoir vu son foulard et changer subitement d’avis. Il était vrai qu’il ne fallait pas toucher un chien au travail, mais Jack était un peu particulier; travail ou pas s’il avait envi d’avoir un câlin il allait le chercher de lui-même ce qui pouvait un peu embêter Ksenia dépendamment de la situation.

Ce grand garçon c’est Jack… s’il je le laissait faire il passerait son temps à jouer et à se faire câliner. dit-il avec un pointe d’humour, tandis que le Border collie essayait toujours de la mordiller affectueusement pour jouer. Contrairement à elle il était plein d’énergie en ce moment, alors qu’elle avait l’impression d’avoir la tête prête à exploser après une telle matinée au boulot.

Une chose évidente chez sa compagne du moment c’était qu’elle était du genre à déplacer de l’air, juste à la vitesse qu’elle lui sortait ses phrases les unes après les autres. Ksenia n’osait pas trop couper son élan et attention une pause pour répondre en bloc à ses questions-affirmations. La jeune femme se présentant en terminant, Lanikai… Les oreilles de K avait bien perçu la manière dont elle le lui avait prononcé. Tout comme elle, elle soupçonna que les gens avaient tendance à massacrer la prononciation de son prénom. La manière commun de Lanikai à s’exprimée était décontractée et naturelle, mais quelques mots qu’elle ne comprenait pas le sens comme ‘’ mate’’ qu’elle répétait tout le temps lui échappait. Était-ce un mot de langague populaire ou bien encore une expression propre au coin de pays où elle avait grandi. Il était vrai aussi que Ksenia avait suivit une éducation plutôt classique… quoique non très, très, très classique. De plus en Chine, l’étiquette voulait qu’on s’adresse toujours avec une extrême politesse et que l’on vouvoie pratiquement tout le temps. Dans cette situation par contre, elle jugea plus aviser de faire comme son interlocutrice et de le tutoyer.

Je m’appelle Ksenia… Effectivement je suis aveugle. Je n’irais pas jusqu’à prétendre que ma manière de ressentir les choses soit impressionnant, je dirais que c’est juste l’expérience. On s’habitue avec le temps, c’est propre au aveugle j’imagine. Nos autres sens compensent pour celui qui est perdu.

Mais merci.

Si j’ai bien tout suivi… tu viens d’arrivée à New York… et pourtant on dirait un poisson dans l’eau!
Je peux te demander ce que tu entends par mate… je dois admettre que je ne connais pas cette expression.

K! K! t’as vu!!! WOA! Les cris venant d’un des hommes sur le terrain, qui venait de faire un beau saut en expansion et avait marqué un panier. Elle se retrouva vers le terrain de basket d’où provenait la voix de son ami Antony, elle leva un ‘’thumb-up’’ pour le féliciter. Et retourna son attention sur Lanikai.

… un ami et collègue. Souvent en manque d’attention par contre. se moqua-t-elle gentiment.

K avait relâché la laisse de Jack qui en profita pour s’approcher de Lanikai et la renifler à distance raisonnable sans rentrée dans sa bulle vitale. Sa queue touffue balayait l’air d’un air ravi. Cet animal était trop sociable pensait-elle par moment, mais c’était pas mal non plus puisqu’elle travaillait avec le public et des gens de toutes âges. Il avait le don d’apprécier pas mal tout le monde, mais parfois il lui semblait plus amical envers certain type de personne sans raison apparente.

Je crois qu’il t’aime bien… Tu peux le flatter si tu veux, je suis certaine que c’est ce qu’il attend.

Effectivement elle lisait comme dans un livre à travers la gestuelle de son compagnon à quatre pattes, ces ondes particulières étaient les plus familières pour elle et toujours aussi intriguant. Il fallait avouer qu’elle pouvait se perdre facilement dans la contemplation des ondes qui l’entouraient, elle ne finissait jamais d’apprendre par la simple observation. Mais le temps n’était pas à l’observation et elle savait consacrer son temps adéquatement entre cet exercice et les restes de ses activités.

Le truc poilu qui était donc officiellement mâle - ce qui m'évitait d'avoir à vérifier par une manipulation ou une observation détaillée - se trouvait également être du genre affectueux, et maintenant que j'avais l'autorisation de la gardienne, je pouvais librement le papouiller, ce dont je ne me suis pas privée. J'ai toujours aimé les chiens, surtout les bergers comme celui-ci, qui ont un bien meilleur caractère que les roquets de chasse. J'ai commencé par tenter la tête, dans le doute, avant de me concentrer sur l'arrière des oreilles. Faute d'avoir jamais croisé un représentant de la gente canine qui n'appréciait pas ça, j'ai considéré qu'il s'agissait d'un choix sans risques.

Sa maîtresse dit s'appeler Ksenia, un prénom qui ne sonnait pas franchement américain à mes oreilles - mais Lanikai ne l'était sans doute pas plus, donc difficile de le lui reprocher. Elle parlait aussi avec un accent différent de celui des douaniers et des touristes, les personnes sur lesquelles je pouvais me baser par expérience respectivement récente et répétée, donc il était assez logique de conclure qu'elle était elle aussi étrangère. D'où, c'était une autre question. J'ai jamais été douée pour reconnaître les origines, généralement je préfère juste demander.

Quand c'est mon tour de parler. Je suis pas si mal-élevée.

- Oh, "mate" ? J'sais pas trop, ça veut dire...genre "amie", je pense que c'est le plus proche. C'est pas méchant, j'te rassure. C'est juste que maintenant, je le dis par réflexe, c'est comme "dude". En Australie, tout le monde dit ça. Presque tout le monde.

D'un coup elle allait croire que Lanikai était un prénom Aussie, donc j'ai ajouté une précision sur mon identité. En plus, c'était un bon moyen de demander ensuite sans passer pour la grosse curieuse que j'étais réellement.

- Mais en réalité, je suis à moitié hawaïenne, c'est de là que vient mon prénom. Et toi, Ksenia, c'est européen non ?

Il me semblait avoir entendu ce prénom dans un film, mais ma mémoire à ce sujet étant franchement inefficace, j'étais incapable de me souvenir du titre.

- Poisson dans l'eau, c'est franchement une super façon de me définir !

Et même plus qu'elle ne l'imaginait.

- J'ai toujours été au bord de l'eau depuis que je suis petite. En fait, si je suis ici, c'est parce que j'ai postulé pour un poste de prof de natation. D'habitude, j'enseigne plutôt le surf, mais à New York...

J'ai écarté les bras pour signifier que le lien entre le surf et la Grosse Pomme était aussi évident que celui entre la Norvège et l'étude de la vie des éléphants, mais je me suis rappelée à qui je m'adressais - une personne qui était sans doute insensible au langage des signes.

- ...c'est pas le sport dominant, disons.

Si j'avais été fondue de basket, ça aurait été plus simple, comme le prouvaient les camarades de Ksenia qui jouaient à la baballe en contrebas. C'est seulement à ce moment que j'ai percuté qu'un des gars lui avait dit "T'as vu", et qu'elle s'était tournée vers lui pour lui faire un signe. Wow. Elle était vraiment douée en écholocation, en plus d'être plutôt ouverte à ce genre d'humour. D'autres auraient fait un scandale à sa place. J'étais pas vraiment tombée sur l'aveugle la plus handicapée du monde.

- Et toi, m...euh, Ksenia, tu bosses ici ?

J'ai jeté un nouveau coup d'oeil vers les basketteurs, tout en bougeant la main pour grattouiller le flanc de Jack qui avait l'air un peu lassé de mon manque d'imagination, ou alors c'était moi qui me faisais des idées. Ils continuaient à courir derrière leur ballon, alors que ce serait tellement plus simple de leur en donner un chacun. Au surf, tout le monde a sa planche, et tout le monde a une vague.

Mate… finalement c’était une étrange expression, mais elle était contente que ça ne soit pas à caractère négatif et simplement un morceau de langage populaire. Ksenia sourit en écoutant Lanikai, donc elle arrivait d’Australie d’après ce qu’elle pouvait conclure, malgré qu’elle n’ait pas dit clairement qu’elle en arrivait. De pas le fait qu’elle parle de l’Australie plus que tout autre pays c’était un lien à faire tout simplement.

Mon prénom est russe… un peu dire que c’est européen d’une certaine manière même si je suis d’une région plus éloignée de l’Europe.

Il allait s’en dire qu’au-delà de ses origines hawaïennes, elle semblait apprécier grandement l’eau et tout ce qui s’y rapportait sinon pourquoi embrasser une carrière qui nécessite un contact avec cet élément. Elle trouvait très énergique Lanikai et c’était rafraichissant, elle lui rappelait à sa manière Jeanne. Elle aussi avait une énergie incroyable et elle ne manquait pas de la trainer lorsqu’elle se voyait à des sorties, des partys plus fou les un que les autres. Depuis quelques temps, elles n’étaient pas sorties… Jeanne était occupée à sa nouvelle collection et à son sport préféré la chasse aux aubaines et aux hommes bien entendu. Elle voyait son amie un peu comme une collectionneuse de la mode, quoi qu’à bien y penser… tout ce qui rentrait dans sa définition du beau, sexy et attirant pouvait être sujet à être collectée par ses soins.

La question qui tue fut posée, comme dans toute bonne conversation entre inconnue c’était clair qu’il y aurait mention du travail. Simple échange d’ascenseur puisqu’elle savait maintenant que l’australienne était professeur de surf.

Non, non… je ne travaille pas ici. En vérité je ne viens que très peu ici, mais c’est relativement proche du travail et quand les hommes on besoin de sortie leur testostérone on les sort ici. Je travaille à l’A.I.E. c’est L’Organisme d’Aide à l’Intégration des Etrangers, je suis interprête et intervenante là-bas.

Avec son horaire de fou, elle avait de loin besoin de s’inscrire pour faire du sport; exception faites des cours d’Aikido qu’elle suivait depuis de nombreuses années pour des questions pratiques et d’amélioration de sa perception de son espace elle n’était pas la plus grande sportive au monde. Elle courait de temps à autre à condition d’être accompagnée par un voyant, mais elle marchait principalement pour se rendre partout où elle était appelée à se rendre.

Sur le terrain les hommes se faisaient aller, ils succombèrent un peu au zèle d’Antony qui tentaient de les déstabiliser en leur lançant des vannes ici et là. Les deux équipes qui se disputaient le ballon jouaient avec un peu plus d’agressivité… l’instinct primaire qui remontait à la surface.

Tu résides dans un hotel? Où une auberge de voyageurs?... à moins que tu n’es pas encore trouver un endroit pour t’arrêter… Dépendamment du temps que tu comptes passer à New York, je peux t’aider à trouver un logis qui te reviendrait probablement moins cher qu’un hotel

Elle se proposait à lui donner un coup de pouce, si elle était pour rester quelques temps à New York plus vite elle aurait trouvé un petit chez-soi plus facile serait son ‘’intégration’’. Par expérience, K savait que ça rassurait les nouveaux arrivants que de pouvoir se sentir à l’aise dans leur affaire, de savoir qu’ils pouvaient avoir quelques choses bien à eux. C’était important d’avoir son petit coin à soi et les hôtels malgré leur confort ne donnaient pas cette impression de chez soi que pouvait offrir le plus miteux des appartements. Evidemment il ne fallait pas tomber non plus dans les extrêmes.

- Ah ouais, t'es européenne ? J'ai été en Europe pour deux ou trois ans, mais c'était loin de l'Asie, plutôt Italie et France.

C'était cool de trouver quelqu'un avec qui échanger. Le chauffeur de taxi qui m'avait ramenée de l'aéroport était bavard, mais c'était plus par réflexe que par véritable intérêt. Je lui aurais annoncé que j'étais une Vénusienne venue coloniser la Terre pour la transformer en base militaire extra-terrestre qu'il n'aurait semblé ni plus, ni moins intéressé. Pour lui, parler était simplement un moyen de rendre les trajets moins ennuyeux dès lors qu'il était lassé de ce qui passait à la radio. Enfin, je suppose.

J'ai fini par lâcher Jack en le poussant un peu pour qu'il retourne vers sa maîtresse, avant de frotter mon poignet qui avait fini par s'engourdir à cause du mouvement répétitif. Je l'ai tranquillement massé en continuant à écouter Ksenia - pas Zenia, même si c'était plus facile à prononcer - expliquer quel était son job. Quelque chose d'opposé à ce dont j'étais capable, où il fallait réfléchir plutôt qu'agir. J'en serais incapable, et pas seulement par manque d'action.

La meilleure partie, c'est qu'elle me proposait de l'aide pour trouver où me loger. Une brève image de mon cagibi ma chambre d'hôtel m'est passée par la tête, et effectivement, je me suis dit qu'une alternative serait envisageable si je voulais pas vivre dans la peur que le plafond me tombe sur le coin du nez pendant mon sommeil.

- Ben écoute, ça pourrait m'être utile, oui...

Et puis je me suis souvenue de la signification de l'acronyme. Aide aux Etrangers, ça concernait sans doute des gens dans une signification plus désespérée que celle de la prof de surf australienne. Ma vie n'était pas rose, mais j'étais pas non plus prête à l'échanger avec celle d'un immigrant mexicain qui venait de passer la frontière en secret.

- ...mais j'pense que t'as des dossiers plus urgents, mate. J'suis pas dans le besoin, j'ai de l'argent de côté. Mais c'est super cool de proposer ! Moi, à part des cours de crawl à prix réduit, j'peux pas te proposer grand chose en retour.

Au moins, j'étais clairement pas tombée sur une intolérante, si son job était d'aider les étrangers. Ca me mettait plus à l'aise. Je m'étais pas documentée sur les problèmes que pouvaient avoir les mutants, mais j'imaginais que ceux qui n'aimaient pas les génétiquement différents n'aimaient pas non plus les nationalement différents. C'était un truc qui m'effrayait un peu aux USA, de me faire étiqueter à peine arrivée. Comme surfeuse fainéante, c'était pas dramatique, mais comme mutante, ça pouvait l'être. Il allait falloir que je mette mes informations à jour.

Mais discrètement. Pour exploser ma couverture, poser de but en blanc "Hé, et au fait, qu'est-ce qu'il leur arrive aux mutants ici" était la meilleure des solutions. Je voulais pas qu'on me jette des pierres.

- Mais ça consiste en quoi ton job ? Tu trouves des apparts comme pour moi, ou c'est autre chose, genre jobs, argent ou faire venir la famille ?

Je doutais que même en demandant gentiment, mes parents acceptent de venir me rejoindre. Y compris pour une semaine ou deux seulement. Ils considéraient que Hawaïï était la seule partie tolérable du territoire américain, surtout au niveau du climat.

- Ou alors c'est des combines comme en Australie, genre déclarer des faux mariages ou des contrats de travail bidons pour aider les gens à rester ? Te méprends-pas, mate, ça me choque pas, c'est un moyen comme un autre.

Et voilà, elle allait confondre ma curiosité avec de la malhonnêteté, alors que je n'avais enfreins la loi que sous l'emprise de l'alcool ou de substances prohibées. Histoire de pas montrer que mes joues rougissaient, j'ai jeté un nouveau coup d'oeil au match en contrebas, le temps d'assister à un alley-oop manqué et à un rebond férocement disputé. Ca s'animait, en tous cas.

Européenne pas exactement, je suis Russo-chinoise pour être exacte.

Elle connaissait Lanikai que depuis quoi quelques minutes, mais elle l’appréciait déjà beaucoup… y avait-il des gens qu’elle n’appréciait pas rapidement? Quelques-unes sans aucun doute, mais c’était rare. Elle aimait particulièrement comment elle s’exprimait, décidément le langage était une manière fascinante de pouvoir échanger avec une personne; c’était fascinant… tout à fait fascinant. Lanikai avec de très jolie ondes qui détachait sa silhouette du reste des autres ondes autour d’elle. Elle était très stable et mobile, une belle teinte aussi. Son regard se reposa sur le visage invisible de la jeune femme, elle lui sourit doucement amusé par son inconfort indiqué par ses nombreux questionnements.

Mon travail est tout ce qu’il y a de legal, je suis interprête. Par exemple, dans le quartier chinois il y a 2 ans, un jeune couple américain à ouvert une épicerie et ils voulaient aider le quartier qui manquait d’emploi… le problème était la langue, l majorité des gens ciblé ne parlant pas ou très peu anglais… alors ils ont fait appel à nos services pour brisés se fossés linguistique. Mon travail consistait à apprendre au propriétaire une base en chinois pour se faire comprendre de leurs employés, et inversement apprendre aux employés à comprendre et parler l’anglais. C’est un exemple de travail à long terme… et ça a fonctionné, ils ont ouvert une seconde épicerie il y a quelques moins déjà et ça marche aussi très bien.
Nos dossiers sont divers et un client ne ressemble pas à une autre.

Je m’occupe d’accueillir des réfugiés politiques et de leur trouver emploi et logement, je fais les suivis pour voir à ce que tout se déroule. Il nous arrivée aussi de préparer l’arrivée de famille qui déménage ici ou bien qui veut s’en aller dans un autre pays. On s’assure de les aider et de trouver un intervenant d’un Organisme similaire au notre où ils pourront se référer… c’est un peu ce que nous faisons…

Mais je m’occupe aussi d’un local à l’Universitaire, Antony et moi formons des intervenants en milieu scolaire pour de l’aide au devoirs, préparer des levées de fonds pour venir en aide aux jeunes des quartiers défavorisés ou de cultures différentes, l’essentiel de notre clientèle est basé sur le bouche à oreille. Nous nous autofinançons par des souper-communautaire à 5$, etc, ou principalement par les dons.

L’Organisme A.I.E. était un petit bijou dont elle était très fière de faire partie. Son travail était diversifié et ne manquait pas de la tenir occupé; l’entraide quelques choses de très important pour elle c’était un moyen de voir des gens, mais surtout très satisfaisant en voyant les soucis de certains s’alléger par leur action. Malgré tout le temps qu’elle pouvait passer avec des étrangers, il devenait en quelques sortes sa famille, c’était agréable de donner et de ne rien demander en échange; c’était magique car les gens qu’il aidait les épataient à chaque fois en leur redonnant à leur tour.

Tu sais Lanikai peut importe le travail que tu aurais il y aura toujours ceux qui font bien leur travail et ceux qui profite des failles, 98% sont intègres… mais il n’y a rien de totalement blanc ou totalement noir. C’est une réalité.

Une réalité qui frappait dure… elle savait de quoi elle parlait, même à son lieu de travail elle qui pensait être entouré de gens scrupuleusement intègres et droit avait vite était mis au pied du mur avec Mary. Cette femme avec qui elle avait temps appris et qui l’avait cruellement déçu avec toute cette histoire de fraude, elle avait très naïve… et maintenant c’était le chaos parmi les troupes. Quel gâchis!

Des cours de crawl… je ne suis pas une bonne nageuse, je dois admettre que j’évite un peu. Je n’ai pas nagé dans l’eau depuis un sacré bout de temps, je ne fais que barboté c’est tout…je pourrais comparé cela à être un gros chamallow dans une boisson chaude.Elle sourit amusé par l'image Mais j’étais sérieuse pour t’aider à trouver un logement et ce n’est pas dans mes habitudes des demander quoi que soit en retour.

On pouvait voir qu’entre l’eau et elle ça ne collait pas trop bien. Dans sa jeunesse alors qu’elle était depuis peu aveugle elle s’était presque noyé en jouant dans la rivière avec ses cousines depuis le seul sport nautique qu’elle pratiquait c’était l’arrosage, les lave-autos ou encore barboter avec les toutes petites qu’ils amenaient à la piscine municipal. Elle n’était pas à l’aise, le fait que les ondes de l’eau étaient très présente me donne une certaine sensation d’étouffement et quand je me retrouve submerger je n’ai plus aucune référence spatiale… vive la panique.

Depuis un petit moment déjà Ksenia jouait distraitement avec une des ses mèches de cheveux, tandis que Jack, après avoir délaissé Lanikai, s’était mit à renifler un peu l’endroit avant de choisir un coin pour s’allonger sagement.

Je n'étais donc pas la seule métisse dans la place. Mais bon, Hawaïïo-australienne, c'était pas SI extravagant, y'avait quand même de l'échange. Pour comparer les spots de surf, par exemple et au hasard. La Russie et la Chine, à l'opposé, je savais pas qu'il y'avait beaucoup d'amour depuis leur période rouge, et ça expliquait en partie que j'ai été incapable de reconnaître ses intonations. Je n'avais jamais donné de cours de surf à des russo-chinois. A des Russes, oui, à des Chinois, aussi, mais pas à leur synthèse.

Plus Ksenia expliquait ce qu'elle faisait dans sa vie, plus je me sentais insignifiante. Elle parlait d'aider des gens comme de quelque chose de naturel, de presque habituel, alors qu'à la réflexion, mes actes ne concernaient que ma petite personne. J'aurais pu donner des cours de surf à des gosses dans un club, leur apprendre semaine après semaine à défier les mers, et je me serais sentie éducatrice. A la place, j'aidais des touristes à dépenser leur argent en suivant scrupuleusement le plan prévu par leur agence de voyage, et ils étaient tous fiers de tenir sur la planche face à une vaguelette à la fin de leurs trois jours de stage dont le coût aurait pu nourrir un village somalien pendant un mois.

J'étais intègre. Je ne culpabilisais pas de prendre leur argent à des gens qui le dépensaient de bonne grâce, et qui en avaient largement assez pour manger après. Je m'apercevais juste que c'était pas quelque chose dont je puisse me targuer. Certes, je bossais alors que mes antécédents familiaux pourraient presque m'en dispenser, et je savais que mes parents auraient accepté de m'entretenir pendant le temps qui m'aurait paru nécessaire. Mais entre gagner de l'argent et gagner de l'estime de soi...

Je n'ai pas arrêté de sourire pour autant. J'aimais bien cette fille, je me sentais à l'aise avec elle. Peut-être que c'était parce qu'elle ne pouvait pas me ranger de but en blanc dans la catégorie "fille superficielle qui veut rien faire de sa vie et qui pense qu'à s'amuser", alors même qu'à côté d'elle, je méritais mille fois d'y appartenir.

- Wow. C'est juste énorme, mate. Je suis impressionnée.

J'ai basculé vers l'arrière, appuyée sur mes bras, tandis que du terrain en bas émanait le bruit de rires récompensant un magnifique loupé. Jack s'était blotti dans un coin, son intérêt pour moi ayant fini par s'évaporer naturellement.

- Tu peux pas savoir à quel point je me sens nulle à côté de toi ! On doit avoir le même âge, si ça se trouve je suis même plus vieille, et j'ai l'impression d'avoir rien fait de ma vie.

Enfin, si on pouvait compter le surf, les cuites et les soirées joints dans les grands accomplissements d'une existence, alors j'étais quasiment Mère Térésa.

- Je pense que j'vais garder ma piaule pour quelques temps encore, histoire de m'habituer à la ville et de trouver les coins les plus sympas. Mais j'peux prendre ton numéro de tel ? Comme ça quand j'ai trouvé où je veux vivre, je te passe un coup de fil.

J'avais acheté un téléphone à l'aéroport. C'était le genre de truc qui coûtait le même prix partout, alors autant être équipée le plus tôt possible. La mauvaise surprise, c'était que les prises électriques étaient pas les mêmes aux USA, ils avaient pas notre super système triangulaire. Enfin, si, mais pas le même, c'était bizarre, moitié européen, moitié australien, comme s'ils hésitaient.

- Tu devrais réessayer de nager, c'est une sensation géniale d'être dans l'eau quand on est en confiance. J'peux t'aider, même s'il est pas question d'appart, t'inquiète.

J'avais presque envie d'ajouter qu'au pire, je pouvais faire baisser le niveau d'eau de la piscine pour qu'elle ait pied. J'étais en confiance, mais j'avais pas envie de jouer les m'as-tu-vue.

Elle s’était retournée légèrement de manière à mieux entre Lanikai, le bruit du ballon dans le gymnase résonnait plutôt fort dans le local presque vide… dans le sens où il n’y avait pas foule pour couvrir le bruit de claquement à chaque dribble ou rebond.

Ne dit pas ça, tu n’as absoluement rien à m’envier .

Non, c’est vrai elle n’avait rien a envier… même si ce qu’elle faisait chaque jour aidait les gens, parfois elle se demandait si c’était pas simple égoisme. Elle le faisait pour ne pas rester cloitrer chez elle, pour voir des gens pour se sentir vivant et ce rappeler qu’il y avait pire que ses propres malheurs. C’était son moyen à elle de ne pas s’enfler la tête et de rester en contact avec la réalité, il était si facile de tomber dans l’excès et l’oppulence. Elle pourrait rester assise à son piano toute la journée et parcourir le monde simplement pour faire voir son talent musicale. Elle savait qu’elle ne pouvait pas se contenter d’être simplement sous les feux des projecteurs, elle détestait cela, mais s’en accommodait pour faire plaisir à un homme qui s’en éloignait de plus en plus.

C’était elle qui enviait les gens, les voyageurs ceux qui vont là où ça leur chante et quand ils le désirent. Elle secouea légèrement la tête pour chancer ses idées moroses qui allaient à coup sur lui saper le morale pour le reste de la journée voir de la semaine. Elle se rendit compte que Lanikai lui avait parler et n’avait rien retenu. Elle était resurgit à la fin de ses paroles, et ça lui prit un moment pour saisir qu’elle lui avait demander son numéro.

Ah… mon numéro… euh… une petite minute… Tiens voilà…

Le déclic fait quoi qu’un peu en retard, elle se mit à fouiller dans son sac à la recherche de son porte monnaie où elle garder toujours quelques cartes sur elle. C’était une habitude, ça lui évitait d’énuméré ses numéros pour la rejoindre et c’était très pratique lorsqu’elle avait des rendez-vous imprévue où des intervantions sur le pouce.

Tu as mon numero de portable… et celui au bureau, je suis rarement là mais il me font passer tout les messages. Je ne suis pas très bavarde, donc ne reste pa surprise si je ne décroche pas; le plus simple est de laisser un message.

Un petit rire nerveux m’échappa lorsqu’elle revint à la charge avec la nage et tout l’eau que ça sous-entendait. C’était vrai que je pourrais m’y remettre… en commença dans une barbotteuse! Je m’imaginais très mal dans une piscine, ma dernière expérience dans la rivière m’avait suffit et fort probablement traumatisé. Qui ne risque rien n’a rien, peut être qu’elle pourrait arrivé à me réconcilier avec les grands étendues d’eau. Pour moi une piscine c’était comme un océan, il faudrait que je penses, un jour ou l’autre à modifier cette perception, pour le moment j’étais pas très emballer par l’idée et ça devait probablement se remarquer. J’étais hésitante et pas rien qu’on peu, était-ce normal après avoir froler la noyage? À mon avis j’avais toute les raisons du monde pour ne pas me replonger dans quelques choses de plus gros qu’un bain et encore j’avais une nette préférence pour les douches.

Nager… je ne suis pas certaine de pouvoir me réconcilier avec mon bain, alors de m’imaginer dans une piscine pour nager ça relève du rêve. Moi et l’eau on ne s’entend pas très bien lorsqu’elle m’enveloppe et qu’elle se retrouve en grande quantité autour de moi. La dernière fois que j’ai nagé j’ai bien failli y rester. C’est un peu ironique, on dit qu’après une chute il faut se remettre en selle et moi j’ai rangé tout simplement la selle pour ne plus la sortir depuis.

L’entrain qu’elle démontrait en parlant de tout ça m’étonnait et piquait ma curiosité, ça faisait si longtemps que je ne me souvenais plus que de la peur que j’avais eu, et non pas de l’effet que ça faisait d’être dans l’eau. J’étais curieuse et probablement très folle et avant même que je ne le réalise j’avais bien accepté la proposition de nage de Lanikai.

Je veux bien essayer… mais je ne te promets rien comme résultat

J’avais les mains moites juste à penser que j’allais éventuellement me réessayer à la nage, c’était sûre j’étais malade cette fois.