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 Entrainement nocturne [Adam-FINI]

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Hella Healt

Hella Healt
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MessageSujet: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptySam 4 Fév - 1:14

Elle n’arrivait pas à dormir, ses cauchemars ne s’arrangeaient pas. Le temps n’y faisait rien… Une fois plus elle s’était assise sur le rebords de son lit à se demander ce qu’elle pouvait faire pour se changer les idées. Elle aurait bien chercher à voir Phen mais elle n’avait pas réussi à avoir des nouvelles de lui ses derniers temps. Elle avait bien un tuteur ici, dans cet institut, mais à quoi bon déranger Logan et son caractère encore pire que le sien à elle. Max ? Ca faisait un moment qu’elle ne l’avait pas croisé dans l’institut. Garder ses distances avec les gens était une bonne chose mais, y a des fois, où… Disons qu’elle aurait aimer que les choses soient moins compliquées. Bien sur il lui restait l’option qu’elle choisissait toujours : attraper un manteau et faire le mur de l’institut, se balader pendant des heures et rentrée quand le sommeil serait assez présent pour qu’elle puisse dormir. Au moins quelques heures… Mais, ce soir, elle n’en avait pas envie. Se défouler était une bonne idée mais la marche ne suffirait pas.

Hella se releva ébouriffant un peu plus ses cheveux bruns en se grattant l’arrière de la tête. Geste un peu bizarre dans le fond, rien ne la grattait réellement mais ça avait quelque chose de presque rassurant sans qu’elle ne sache vraiment d’où ça lui venait. Elle ouvrit un tiroir pour en sortir un pantalon et un débardeur, le genre de vêtements typiquement réservé au sport. Un sourire lui passa sur le visage alors qu’elle secouait doucement la tête : vraiment il fallait qu’elle arrête de prendre toutes ses affaires en noires. La variété avait probablement du bon de temps en temps. Habillée, elle reprit place sur son lit et enfila ses basket qu’elle lassa avec soin. Elle avait toujours tendance à négliger cette étape sauf quand une session de sport se profilait dans un futur proche. Elle était maintenant parée, à un détail près. En se relevant elle attrapa un élastique qu’elle enfila autour de ses cheveux de manière à lui faire une queue de cheval sur l’arrière du crane. Même comme ça elle trouvait que ses cheveux bouclés retombait trop bas, il serait peut être temps de songer à les couper !

Doucement elle sortit de sa chambre et, comme elle commençait à connaitre l’institut, elle prit un soin tout particulier à marcher sur les endroits qui faisaient le moins de bruit. Le but n’était pas de réveiller tout l’institut. Des flash, celui de ses cauchemars, de sa vie, ne cessèrent de lui revenir en tête à chaque pas qu’elle faisait. Aller jusqu’à la salle d’entrainement allait être une véritable torture à ce rythme là ! Elle s’arrêta sur une marche, ferma les yeux et se força à prendre une inspiration longue et lente. Elle ouvrit à nouveau les yeux et continua de descendre, cela n’avait rien changé. Il y avait des soirs comme celui où tout semblait vouloir lui revenir en pleine figure. Ca la flinguait, elle avait cette désagréable sensation d’être vulnérable… Bien qu’en y réfléchissant elle l’avait toujours été. Elle l’avait tellement été que son seul moyen de défense était de garder les gens à distance. Ca la fatiguait, elle avait parfois envie d’envoyer tout voler, devenir elle-même, sans crainte, plus ouverte. Et c’est dans ces moments là que son cerveau se chargeait de lui rappeler ce qui arrivait quand des gens l’entouraient. Ca suffisait, généralement, pour qu’elle décide de continuer sur sa voix. Mais d’autres fois ça ne suffisait pas et c’est dans ces moments-là qu’elle avait se besoin presque vital de se défouler.

Elle était maintenant devant la porte de la salle d’entrainement, ce fut presque un soulagement pour elle. Dans peu de temps elle pourrait enfin se défouler sur un quelque chose, n’importe quoi du moment que ça lui permettait de ne penser à rien d’autre que les coups qu’elle mettrait. Ca serait peut être plus efficace si elle avait un peu technique mais ce n’était pas le cas. Elle se savait se défendre avec les moyens du bords, comme n’importe qui qui aurait eu à se débrouiller seul dans la rue. Mais ça n’allait pas plus loin. Elle aurait pu demandé de l’aide à un prof mais elle avait tellement peur de passer pour une attardé ou de l’ennuyer qu’elle préférait s’abstenir. Elle venait ici de temps en temps, essayait de reproduire ce qu’on pouvait leur apprendre mais ce n’était jamais bien glorieux. Un vulgaire mannequin ne tremblerait jamais devant elle à ce rythme là. C’est peut être à cause de cette dernière pensée un peu étrange qu’elle décidé, une fois dans la salle, de se mettre face à un sac de sable. Elle avait cette idée un peu stupide qu’un sac de sable la jugerait moins qu’un mannequin qui avait une forme trop humaine pour ne pas pouvoir se moquer d’elle. C’était débile, un mannequin d’entrainement n’avait pas de conscience mais y a des fois où ne valait mieux pas chercher à comprendre ce qui pouvait se passer dans sa tête.

Et voilà elle était devant le sac, suspendu, semblant attendre de se prendre des coups. Le premier qu’elle donna était tellement ridicule qu’il n’arriva même pas à lui enlever un des flash qu’elle avait eu durant son cauchemar. Elle frappa plus fort : toujours les même images. Elle frappa, frappa, et frappa encore, lus fort à chaque flash jusqu’à ce qu’il n’y est plus que ses coups et son envie de se défouler comme pour laisser échapper ses images. Elle frappait sans s’arrêter sans s’y prendre de la bonne manière. Elle avait bien entendu un cours qui parlait de la manière dont il fallait s’y prendre pour donner un coup de poing. Elle n’avait pas du saisir cette technique ou cette astuce parce que, bien vite, elle s’arrêta dans un juron en se massant les poignets. C’est elle qui frappait et c’était elle qui se retrouvait avec des légères douleurs, c’était quoi ce bordel ? Ca la fit tellement enragée que, tout en se massant les poignets, elle décida de donner un coup de pied dans le sac qui avait à peine remué. Elle en donna un deuxième, qui fut celui de trop. Mauvaise position, mauvais coup, et voilà qu’elle se retrouvait sur le sol en pestant…


Dernière édition par Hella Healt le Sam 6 Oct - 18:51, édité 1 fois
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptySam 4 Fév - 11:17

Adam observait les cartes de l’Etat de New-York qu’il avait patiemment étalées dans sa chambre : sur le lit, sur le sol, sur le bureau. Sur certaines, des cercles se croisaient, tracés au compas. Sur d’autres, des petites gommettes marquaient de mystérieux emplacements. Le jeune homme passait de l’une à l’autre, relisait quelques lignes écrites précipitamment dans un petit carnet noir et se mordait les lèvres avec perplexité.

De place en place, des photographies de lieux étaient jointes à l’une ou l’autre des cartes : c’était un restaurant routier, un centre commercial, un immeuble des quartiers populaires. Adam, parfois, prenait une photographie, l’observait d’un air concentré, jetait un nouveau regard vers son carnet, puis soupirait encore. Ses recherches ce soir n’étaient décidément pas fructueuses.

Depuis des années il se débattait avec ses visions et, à force de pratique, il avait appris à en extraire les informations essentielles. Mais tout paysage ne présente pas nécessairement de particularités et les rues qu’il voyait ressemblaient à toutes les rues, les magasins à tous les magasins, les immeubles à tous les immeubles. Comment pouvait-il espérer trouver quoi que ce fût ? Empêcher la moindre catastrophe ? Il ne savait même pas si tout cela se passait à New-York ou quelque part dans les profondeurs de l’Ukraine.

Comme souvent, un immense sentiment de découragement l’envahit. Il rejeta sur le bureau le carnet dans lequel il notait, avec le plus de précisions possibles, toutes ses visions du passé et du futur, rassembla les feuilles sur lesquelles il consignait ses recherches, les fourra dans un tiroir, avec les photographies des lieux probables, et replia toutes les cartes, qui embrouillaient plutôt qu’elles n’éclairaient l’écheveau de ces réalités futures.

Assis par terre désormais dans sa chambre vide, le mur appuyé contre le mur, dans la demi-pénombre que diffusait la lampe de son bureau, Adam observait le plafond. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être, mais il était certain de ne pas avoir sommeil. Infructueuses, ses recherches avaient éveillé en lui une sensation de frustration, l’impression d’avoir mal employé son énergie et le désir de réaliser quelque chose de concret, ce soir, avant d’aller dormir.

Ses activités habituelles se présentèrent à son esprit. Aller voir quelqu’un ? Il était sans doute un peu trop tard pour les visites de courtoisie. Explorer un bâtiment désert ? C’était toujours plaisir, mais un froid mordant régnait ce soir-là sur la ville. Faire du sport ? C’était probablement la meilleure des solutions et le Manoir proposait tout ce qu’il fallait pour oublier quelques heures durant ses tracas.

Adam se releva, extirpa de son armoire un pantalon de jogging passé d’âge et un tee-shirt, se changeant rapidement, jeta quelques affaires dans son sac de sport et quitta son modeste domicile, pour s’orienter nocturnement dans les couloirs de l’Institut. Il y vivait désormais depuis assez longtemps pour ne pas avoir à se soucier de retrouver son chemin et il n’hésitait pas à considérer ces lieux comme un second foyer.

Avant d’entrer dans la salle d’entraînement, le jeune homme fit un détour par les vestiaires pour y abandonner son sac. Les casiers métalliques, les bancs alignés, les douches désertes, tout prenait un air un peu fantomatique dans la nuit. Pas de jeunes et musculeux rugbymen pour sortir nus des douches prises en commun. Adam poussa un léger soupir de déception qui n’était pas, il faut bien l’avouer, entièrement innocent, puis sortit de sa rêverie pour ranger ses affaires, avant de rejoindre la salle d’entraînement.

Il n’avait pas encore poussé la porte qu’une idée germa soudainement dans son esprit : « tiens, je ne suis pas seul. » C’était une intuition. Il secoua la tête : probablement l’un de ces avertissements que son pouvoir lui envoyait en différé et qui ne trouverait son application que dans quelques heures. Mais une fois rentré dans la salle, il dut bien reconnaître que, pour une fois, son don ne s’était pas joué de lui.

De dos, à une dizaine de mètres, il pouvait apercevoir une jeune femme plongée dans une lutte frénétique mais entièrement inefficace contre un sac de frappe. Adam observa silencieusement la technique désastreuse de sa camarade et ne fut pas étonné de la voir s’effondrer sur le sol après un coup mal placé. Vraiment, c’était à se demander ce que les gens apprenaient à l’école !

Mû par sa traditionnelle propension à secourir les demoiselles en détresse et refoulant la déception tout aussi traditionnelle que ces demoiselles ne fussent jamais des damoiseaux, Adam courut jusqu’à la jeune femme et vint s’agenouiller à ses côtés, posant, sans prendre le temps de se présenter, les yeux sur la jambe infortunée. Ca n’avait pas l’air trop grave.


« Ca n’a pas l’air trop grave. »

Une douleur passagère sans doute, une perte d’équilibre due à la position du corps, rien d’alarmant : l’amputation était une perspective lointaine et l’Inconnue allait bientôt pouvoir gambader librement sur ses deux guiboles. Guiboles que les yeux noirs d’Adam abandonnèrent pour rejoindre le visage de la jeune femme qui, comme tous les visages de l’Institut, lui disait vaguement quelque chose, mais sur lequel il ne parvenait pas réellement à mettre un prénom.

« Non, pas vraiment. »

Il réfléchit une seconde et secoua la tête.

« Non, mauvais ordre, je veux dire… »

Son esprit remettait péniblement les événements dans une suite chronologique et forçait son don à refouler les intuitions d’épisodes futurs au fond de sa conscience.

« J’m’appelle Adam. Adam Tenseï. Tu frappes pas correctement. C’pas étonnant qu’tu t’fasses mal. »

Adam et son tact légendaire.

Le jeune homme se releva et tendit une main pourtant secourable à sa camarade : son sens de la diplomatie était inversement proportionnel à son altruisme et il ne comptait pas l’abandonner en si mauvaise posture. Entraîner quelqu’un était une activité beaucoup plus satisfaisante et utile que de s’entraîner soi-même.


« J’t’aide si tu veux. C’est pas compliqué. »

Pas compliqué, sans doute, quand on est un sportif de haut niveau. Mais ce qu’Adam trouvait simple, il était persuadé que tout le monde le trouvait simple.
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Hella Healt

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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptySam 4 Fév - 17:53

Une voix se fit entendre, une personne entra dans son champ de vision et elle ne pu s’empêcher d’avoir un léger sursaut, ne s’attendant pas à voir quelqu’un. Un pouvoir un peu trop tatillon qui l’entraîna à voir le jeune homme lui tendre la main pour l’aider à se relever. Elle secoua la tête négativement, elle n’avait pas besoin d’aide pour se relever, elle pouvait y arriver toute seule. Un non fait de la tête qui répondait pourtant à une toute autre question qu’elle n’avait pas entendu. Un temps d’avance mais comment aurait-elle pu le savoir. Ce qu’elle ne comprenait pas, par contre, c’est que dans les secondes qui avait suivit la demande d’aide à se relever, l’homme se retrouvait soudainement à genoux, à coté d’elle, en répondant un « non pas vraiment » qui n’avait rien à voir avec ce qui venait de se passer.

Hella ouvrit les yeux comme des soucoupes, en se demandant ce qui était en train de se passer. Est-ce qu’elle devenait folle ? C’était-elle cogner la tête sur le sol ce qui la faisait divagué complètement ? Et avant qu’elle n’eut le temps de chercher à comprendre quoique ce soit pour répondre n’importe quoi voilà que l’inconnu parlait de mauvais ordre. Ok, elle ne devait pas le savoir mais elle avait forcément prit un coup sur la tête parce que, là, elle ne comprenait plus rien à ce qui se passait. Comment une conversation qui avait à peine débuté pouvait déjà lui échapper à ce point. Bon… Zen… Elle inspira un bon coup et se décida à ne pas alarmer cette personne sur un problème qu’elle ne comprenait pas.

Hella rattrapa le fil de la conversion au moment où il se présentait. La présentation tait bien faite, lui balancer en pleine figure qu’elle n’était pas douée était une toute autre histoire. Un manque de tact évident et, pourtant, c’était une strict vérité. Elle-même n’étant pas douée pour le tact, elle n’arriva pas à s’offenser de ce qu’il venait de dire et ne pu s’empêcher de laisser un léger rire. Elle haussa les épaules comme une fatalité avant de répondre.

« A croire que rien ne peut t’échapper. Et moi qui pensait pouvoir donner le change, faire semblant de savoir frapper. Pas très convainquant, hein ? »

Elle ne su pas pourquoi mais la réponse qu’il avait dit juste avant lui reviens en mémoire : « non, pas vraiment ». Une réponse qui étrangement pouvait parfaitement répondre à ce qu’elle venait de dire. Elle plissa légèrement les yeux, un peu paumée. Une coïncidence, rien d’autre. Cette réponse aurait pu être la réponse à tellement de question que cela ne voulait rien dire. Sans parler du fait qu’elle avait complètement perdu le fil du début de cette conversation. Elle divaguait, c’était tout. Dans quelques minutes elle retrouverait l’intégralité de ses esprit. Elle priait juste pour que cela arrive vite parce qu’elle n’aimait pas vraiment quand une situation lui échappait. Encore plus quand cette situation était aussi simple qu’une conversation.

Le problème fut ce qu’il fit après : voilà qu’il se releva, parlait d’aide, et tendit une main pour l’aider à se relever. Hella resta figé pendant un temps qui lui paru une éternité alors que cela n’avait pas durer plus de deux secondes. Ne lui avait-elle pas déjà fait comprendre qu’elle n’avait pas besoin d’aide pour se relever ? Pourquoi cette scène était totalement identique à la première qu’elle avait vu ? Le problème avec le pouvoir d’Hella c’est qu’elle n’avait aucun truc qui lui permettait de lui faire comprendre qu’elle avait le même pouvoir que quelqu’un. Et voir un truc passé ou qui va se passer ne lui était jamais arrivée. Si bien que l’hypothèse de s’être cognée la tête lui venait plus facilement à l’esprit qu’une autre explication.

Sans réfléchir et pour ne pas passer pour la blonde de service, elle tendit sa main jusqu’à celle d’Adam pour se relever. Un contact qui ne devait pas aider à lui faire comprendre que tout allait bien, parce qu’une fois sur pied, elle tourna autour d’elle. Devant ses yeux, autour d’elle, un tas de carte, de rond dessiné dessus, des photos, … Elle venait de faire un tour sur elle-même en observant tout ça, et se retrouva à nouveau devant Adam qui venait de l’aider à se relever. Ok, peut être qu’elle n’était pas si folle que ça. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose. La referma en se ravisant puis sortit le premier truc qui lui venait en tête.

« Hella… Euh… Je m’appelle Hella. »

Son regard vert se posa dans les yeux noirs d’Adam, comme si cette simple action allait lui permettre de comprendre ce qui était en train de se passer. Oh elle aurait pu lui demander son pouvoir, ça aurait probablement réglé un bon nombre d’interrogation mais elle avait déjà tentée ce genre d’approche et les gens avaient, bizarrement, une tendance à se senti agressés quand on leur demande leur pouvoir sans préambule. Chose qu’elle ne comprenait pas vraiment, après tout, ils étaient dans une école pour mutant ! Elle décida de mettre ça dans un coin de sa tête pour répondre à son offre d’aide.

« Si tu as des conseils, je suis preneuse. Disons que c’est vraiment pas quelque chose que je maîtrise. »

En même temps il n’y avait pas grand-chose qu’elle maîtrisait vraiment. Ah si, elle pouvait ouvrir une serrure les yeux fermé. C’était probablement le genre de chose qu’il valait mieux éviter de dire. Tout comme elle était capable de tirer une balle dans un type avec qui elle faisait équipe lors d’un braquage de banque. Parait que ça fait mauvais genre dans une conversation.

« Enfin, si ça ne te dérange pas, bien sûr. »
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptySam 4 Fév - 18:39

Adam avait beau être largement plus perspicace que la moyenne de ses camarades, l’expérience inédite ne lui laissait pas beaucoup de pistes à explorer : c’était la première fois de son existence qu’il se retrouvait à observer le spectacle qu’il avait de si nombreuses fois donné à ses interlocuteurs et cette situation, si familière pourtant, vue de l’extérieur, lui paraissait entièrement originale. Si bien qu’il se demandait effectivement si Hella n’était pas légèrement dérangée.

Comment aurait-il pu deviner que la jeune femme faisait l’expérience de ce qui avait formé les premières années de son adolescence, quand sa mutation s’était déclarée et qu’à chaque instant, il était incertain de ce qui constituait la réalité et de ce qui relevait plus probablement d’une vision ? Le temps l’avait aidé, sinon à maîtriser, du moins à s’habituer à tout cela, mais il n’était pas prompt à supposer à d’autres personnes ses propres facultés.

Et puis, de toute façon, des gens un peu dérangés, on en croisait si souvent à l’Institut qu’au bout de quelques mois, on n’y prêtait plus guère d’attention. Les jeunes gens qui arrivaient dans le Manoir n’avaient pas tous eus une histoire aussi tranquille que la sienne et les accidentés de la vie étaient légions entre ces murs vénérables : il fallait faire preuve d’un peu de patience, voilà tout.

Le jeune homme laissa donc son interlocutrice reprendre doucement contact avec la réalité, sans faire trop de réflexions sur son air perdu et se contenta de la hisser sur ses deux pieds, avec une force qu’on ne lui eût pas nécessairement soupçonnée. Puis il la regarda tourner sur elle-même. Hella venait de passer de « légèrement dérangée » à « un peu atteinte » dans l’échelle psychologique toute personnelle d’Adam Tenseï, ce qui ne suffisait toujours pas à éveiller la méfiance du garçon.

Il ne répliqua rien en entendant le nom de la jeune fille, mais il était de toute façon assez clair qu’il n’était pas du genre à s’embarrasser des formules de politesse les plus basiques et « enchanté », « ravi de vous connaître » et autres « c’est un plaisir » ne devaient pas figurer dans la liste de son vocabulaire. Après tout, n’était-ce pas absurde de s’estimer heureux de rencontrer une personne qui demeure une inconnue et dont, par définition, l’on ne sait rien ? Attendre et observer, c’était un précepte selon lui beaucoup plus sain.

Il soutint le regard inquisiteur de la jeune femme sans ciller, mais il était vrai qu’à moins d’être un jeune et joli garçon, les moyens n’étaient pas nombreux de le forcer à détourner les yeux. Elle était peut-être télépathe ? Cette pensée non plus n’alarma pas Adam. Il n’avait de toute façon pas grand-chose à cacher. Et puis, bon courage pour trier parmi les souvenirs qui peuplaient son esprit ceux qui avaient réellement un rapport avec lui et ceux qui concernaient il-ne-savait-qui, il-ne-savait-où, il-ne-savait-quand.

Il hocha la tête et répondit en même temps :


« Nope. »

Que son geste fût en contradiction directe avec sa réponse ne semblait pas le perturber plus que cela et qu’il fût impossible de déterminer ce qui répondait à quoi ne l’inquiétait guère non plus. Décidément, Hella avait le droit à une initiation expresse au « débrouillez-vous pour comprendre ce qu’il veut dire » qui définissait la moitié des interactions sociales d’Adam. Et tout cela avait beaucoup plus à voir avec la propension du jeune homme à ne jamais rien expliquer plutôt qu’avec une quelconque bizarrerie de son pouvoir.

Son regard quitta celui de la jeune femme et se posa sur le sac de frappe.


« Hmm. »

Malheureusement pour Hella, Adam était l’un des pires pédagogues du monde et il ne savait absolument pas par où commencer. Ni quand s’arrêter. Alors il prit le parti qui lui paraissait, à lui, le plus simple : tout expliquer d’un coup.

« S’entraîner avec un sac de frappe, ça sert surtout pour le cardiotraining, à développer ta vitesse de frappe, à maintenir ton énergie, ta nervosité, si tu préfères, mais enfin, pas vraiment à augmenter ta puissance. Pour ça, il te faudrait de la musculation, y a des appareils là-bas, mais j’suis pas sûr, j’veux dire, t’as pas forcément envie de ressembler à Rambo, et puis de toute façon peu importe — ce qui compte, c’est d’accompagner le mouvement, et que tu frappes fort ou pas, généralement, un corps humain, c’est fragile, alors ça fera mal, à moins que tu tombes sur un loubard, mais alors, t’auras beau frapper fort, tu seras foutue de toute façon. »

Il avait dit tout cela d’un ton un peu distrait et avec un débit infernal, comme s’il s’était agi de faire la conversation en rappelant des évidences. Bien sûr, ses évidences à lui s’enchaînaient les unes aux autres par une logique qu’il n’était pas toujours très facile de retrouver et, souvent, il s’arrêtait au milieu d’une chaîne de pensées, supposant que la suite était évidente pour tout le monde.

Il avait fait une petite pause pour réfléchir à un problème entièrement différent de celui qu’il était en train d’évoquer et son regard avait été brusquement absorbé par le sac de frappe, comme si l’objet, soudainement, était devenu digne du plus vif intérêt. Au bout de cinq secondes, il revint à la réalité, reposa son regard sur Hella et, comme mû par la soudaine révélation qu’un peu de sens didactique ne ferait pas de mal à son exposé, il reprit de façon plus posée :


« Donner un coup de poing, c’est pas bouger le bras pour envoyer son poing contre quelque chose. Tu dois accompagner le mouvement de tout ton corps. Non seulement ça donne à ton coup plus de puissance, mais ça te permet de pas te faire trop mal. Maintenant, ce qui est important, c’est de frapper assez vite pour surprendre ton adversaire. Encore une fois, frapper fort, ça sert vraiment à rien : une glotte, une cotte, un poumon, n’importe, c’est fragile — il suffit de pas grand-chose. »

L’art de balancer des coups poings prenait, quand Adam l’exposait, l’allure d’un problème d’échecs, ce qui avait quelque chose d’un peu rassurant, parce qu’une logique sous-jacente semblait structurer la question, et d’un peu déstabilisant, parce que tout paraissait soudainement plus compliqué.

« Parce que, bon, faut voir les choses en face. A moins qu’tu sois super-méga-baraquée et que tu l’caches vachement bien, tu vas pas l’emporter dans une compétition de celui qui cogne le plus fort. Donc si tu te bas, c’est pour gagner du temps, histoire de trouver une autre solution. C’qui te faut, c’est donc pas forcément un coup qui mette KO, mais quelque chose qui te permette de te carapater en vitesse. Ca réduit les cibles : la gorge, les yeux, les genoux, le foie et l’entrejambe. Autrement dit, uppercut, crochet, coup de genou et coup de pied. »

Adam poussa le sac de frappe sur son rail pour se placer devant Hella.

« T’as compris ? Vas-y, essaye sur moi. »
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Hella Healt

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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyVen 10 Fév - 14:10

Si Hella avait été télépathe, elle aurait pu se demander à quelle catégorie elle serait passée, sur l’échelle psychologique d’Adam, si elle avait trouvé le moyen d’ajouter qu’elle avait déjà eu l’occasion de passer un séjour à l’hôpital psychiatrique de St Christophe ? Le genre d’information qui, de toute façon, n’avait rien à voir dans une discussion avec qui que ce soit, hormis Phen. En même temps, ils s’étaient rencontrés là-bas, tous les deux, donc le sujet pouvait venir de temps en temps. Bien loin de toutes ces pensées, Hella tentait de reprendre pied dans une situation qu’elle ne comprenait pas vraiment. Ce n’était, malheureusement, pas la première fois que ça lui arrivait. Prendre le pouvoir des autres sans même s’en apercevoir pouvait avoir des conséquences assez désastreuses parfois. Et puis Adam ne l’aidait pas vraiment à reprendre pied dans cette conversation en disant un mot qui était contraire au hochement de tête qu’il faisait en même temps. Hella devait vraiment apprendre à interagir avec les gens parce qu’elle avait l’impression d’avoir de plus en plus de mal à comprendre les autres…

Ce n’était pas la première fois qu’elle se sentait perdue dans une interaction avec une autre personne, elle serait bien s’y faire… Comme souvent, non ? Elle se mise droite, afficha un sourire – qui n’avait rien de réelle – jouant peut être à la pauvre idiote mais ça avait tendance à éviter qu’on la prenne pour une folle. Elle devenait, généralement, juste débile. Mais se reprenant bien vite, elle décida de tenter de suivre avec le plus grand soin ce qu’il s’apprêtait à lui expliquer… Et elle aurait besoin d’être attentive. Elle écouta tout le laïus qui expliquait à quoi servait quoi. Elle secoua vivement la tête pour confirmer le fait qu’elle n’avait aucune envie de ressembler à Rambo. Déjà que la version masculine était horrible, alors elle ne préférait pas imaginer la version féminine. Elle ne savait pas si c’était vraiment pédagogique d’expliquer à quelqu’un que face à certaine personne elle serait foutue mais elle passa ce détail, après tout Adam n’était pas un prof.

Elle imaginait qu’il avait fini mais n’en était pas certaine. Enfin, faut dire que c’était assez déstabilisant de le voir s’intéresser si soudainement au sac de frappe. A croire que c’était ce dernier qui lui expliquait les choses à dire. Hella ne savait pas trop si il fallait dire quelque chose, avoir un geste, n’importe quoi qui permette à Adam de se reconnecter avec la réalité. Mais l’action ne durant pas pu que quelque secondes elle n’eut pas le temps de prendre la moindre décision sur la marche à suivre. Adam semblait avoir une nouvelle inspiration parce que voilà qu’il reprenait déjà. C’était assez impressionnant de voir le débit de parole qu’il pouvait avoir. Enfin, ça faisait un tas de chose à retenir tout d’un coup. Ce n’est pas qu’Hella était plus stupide que la moyenne mais les évènements précédent l’avait fait un peu décrocher et se concentrer était un peu plus compliqué que d’habitude. Elle s’accrocha…

Elle écoutait tout en cherchant à imaginer ce qu’il disait. Frapper, accompagner le mouvement. Elle comprenait bien ce qu’il disait mais trouvait que c’était un peu dangereux d’accompagner le mouvement. Enfin, si elle loupait la cible, est-ce qu’elle ne risquait de se gaufrer lamentablement en accompagnant son geste ? Mais Adam semblait vraiment savoir de quoi il parlait alors elle préféra lui donner le bénéfice du doute. Il était probablement bien mieux callé qu’elle dans ce domaine… En même temps ce n’était pas bien compliqué vu son niveau ! Elle ne put s’empêcher de sourire quand il évoqua le fait qu’elle n’était pas baraquée… Ah moins de bien le cacher. Ce n’était évidemment pas le cas, à moins de se taper un pouvoir à la Hulk. Quoiqu’il en soit tout semblait se compliqué un peu. Enfin, ce n’était pas compliqué mais elle se demandait comment on pouvait être rapide si, en même temps, il fallait réfléchir à l’endroit où il convenait de frapper. Est-ce que ce genre de chose devenait naturel au bout d’un moment ? Elle en était là, dans ses réflexions quand Adam poussa le sac pour lui dire d’essayer sur lui. Un court instant, Hella bloqua totalement. Il était sérieux là ? Mais… Elle n’avait aucune envie de le frapper ! Finalement elle se secoua mentalement, il devait très bien savoir ce qu’il faisait et puis elle n’était pas une réelle menace de toute façon.

« Euh… Ok »

Elle repassa en revue tous les points qu’il avait dit, elle ne savait pas trop la différence entre un uppercut et un crochet mais préféra se dire qu’un coup de poing était un coup de poing. Ça ne devait pas faire de différence majeure ! Elle prit appuie sur ses jambes comme elle put, en tout cas de la meilleure façon pour elle de garder l’équilibre et positionna ses mains comme si elle allait disputer un match de boxe. De manière parfaitement ironique, Hella était TRES TRES impressionnante !

C’est au moment où elle allait se lancer qu’elle se vit partir sans toutefois bouger. Son poing droit partant directement en direction de la gorge d’Adam et se faire intercepter sans difficulté. Et la seconde d’après, elle se retrouvait, à la position initiale sans avoir bougé. Avant de se lancer, elle avait eu dans l’idée de demander à Adam si il était capable de voir les choses un peu avant que cela ne se produise mais elle avait préféré s’abstenir. Laisser sous-entendre qu’elle pouvait faire la même chose que lui serait donné un indice sur ce qu’elle est capable de « voir » ou non. Ça lui donnait une sorte d’avantage de ne rien dire. Ok, ce n’était qu’un entrainement mais dans la mesure où, en situation réelle, ça pouvait devenir un avantage, même pour un entrainement, elle préféra que ce soit le cas.

Elle prit une inspiration et décida de se servir de ce qu’elle venait de voir. Elle se lança, réellement, cette fois. Son poing droit, comme déjà vu, en direction de la gorge d’Adam. EN temps normal, si elle se faisait intercepter, elle aurait cessé son attaque à ce moment-là. Mais cette fois, ayant déjà vu la scène, elle décida de se servir de ce qu’elle avait vu pour lancer une deuxième attaque au moment où il intercepterait son poing droit, pour balancer son poing gauche au niveau des côtes du jeune homme. Aucun idée de si ça allait marcher ou non…
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyVen 24 Fév - 20:04

Soyons francs : Adam ne nourrissait pas une appréhension excessive à l’idée de se faire frapper par Hella. Il ne doutait pas que la jeune femme pouvait faire d’excellents progrès, mais à moins de rattraper une décennie d’entraînement intensif en quelques secondes, il était peu probable qu’elle devint soudainement une menace considérable pour le jeune homme, qui avait déjà triomphé d’adversaires autrement plus costauds qu’elle (et que lui, d’ailleurs).

Et puis, les explications qu’il avait fournies, quoique exactes et précises, étaient empreintes d’une si grande confusion qu’il était peu probable que la jeune femme pût, de but en blanc, appliquer tous ces nombreux conseils et donner, sans crier gare, le coup parfait. Naturellement, le professeur improvisé n’avait pas conscience d’avoir plongé son élève d’un soir dans la perplexité et il était convaincu que son exposé synthétique, certes un peu embrouillé, avait été parfaitement compris.

Le jeune homme ne fit donc pas un excès de zèle — après tout, son style de combat était réputé pour son apparente nonchalance, dont l’effet psychologique sur l’adversaire était redoutable. Combien de fois, sur le ring, son air relâché avait-il trompé un combattant un peu trop nerveux ? Bien sûr, le passage du repos au coup de poing ou à la parade exigeait plus de technicité et de rapidité, mais c’était dans ces domaines précisément qu’il excellait, à défaut d’être un poids lourd.

Donc, il attendait sagement que la jeune femme se décidât, observant paisiblement ses préparatifs. Il n’avait pas le moins du monde conscience que son air dégagé n’était pas très encourageant et qu’eût-il été apparemment un peu plus impliqué, Hella eût sans doute trouvé plus facile l’exercice curieux qu’il lui proposait. C’était qu’il avait oublié que, pour la majorité de la population, envoyer un coup de poing à un parfait innocent n’était pas un geste spontané.

Or, ce manque total de prise en considération de l’incompétence fondamentale de son élève (sans laquelle elle n’eût justement eu aucun besoin de ses compétences à lui) ne favorisait pas la patience, qui n’était déjà pas, naturellement, sa vertu cardinale. Fort heureusement pour la jeune femme, la perspective d’un entraînement imprévu l’avait mis de relativement bonne humeur et il lui épargna donc la remarque agacée qu’il n’eût pas manqué de lui servir en d’autres circonstances.

Ce qui ne l’empêcha certes pas de se demander pourquoi elle mettait autant de temps à réaliser un geste qui, malgré ses spécificités, était somme toute relativement simple. Il ne lui demandait pas le crochet parfait. Alors quoi ? Elle était une pacifiste convaincue et tentait péniblement de vaincre ses réticences idéologiques ? Ou juste un peu lente à la détente ?

C’était que le jeune homme était loin de supposer que Hella, en ce moment précis, goûtait aux charmes fort discutables de son pouvoir et se plongeait à son tour dans un univers où la chronologie avait été passée à l’essoreuse à salade. Adam n’avait jusqu’à présent jamais rencontré de mutant qui partageât ses capacités ni qui fût capable de les copier et, sans jamais y avoir réfléchi, il avait toujours songé machinalement qu’il était le seul à jouir de ce don — ou plutôt à être frappé par cette malédiction.

Comme décidément Hella s’éternisait à son goût — après tout, ne mettait-elle pas plus d’une seconde (quelle lenteur !) pour s’exécuter ? — le jeune homme commençait à laisser son esprit vagabonder de droite et de gauche, songer à la journée qui l’attendrait dans quelques heures, à tel bâtiment qu’il souhaitait explorer, à tel nouveau résident dont il avait observé discrètement le visage, au petit-déjeuner, la veille.

Mais l’inspiration prise par la jeune femme remit ses sens en alerte et ce fut évidemment sans la moindre difficulté qu’il dévia le premier coup de poing, avec cet air de tranquillité presque insolente que les adeptes du kung-fu exhibent dans les films douteux et qui n’était rendu possible dans la vie réelle que par la différence abyssale de niveau qui existait, cette fois-ci, entre l’assaillante et le défenseur.

Le second coup de poing, sans doute, l’eût surpris, si des années de pratique n’avaient pas ancré profondément en lui toutes les réflexes nécessaires à mener un bon combat : Adam n’eut besoin ni de réfléchir, ni d’hésiter, pour parer avec son autre main ce coup inattendu. Son corps, discipliné par des heures et des heures de labeur, réagissait de son propre chef, avec toute l’efficacité que l’on pouvait attendre de lui.

Ce ne fut que lorsque cette ébauche de combat fut finie que le jeune homme prit le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer. Malgré son manque presque total de pédagogie, il était capable de comprendre que cette double attaque constituait de la part d’une élève qui, de son propre aveu, était incapable du plus élémentaire mouvement de combat un progrès aussi surprenant qu’improbable.


« Hmm. »

Comme souvent, ses yeux se mirent à scanner la jeune femme : le regard sombre et pénétrant passait sur le corps d’Hella, avec une froideur analytique qui le rendait bien différent des observations concupiscentes auxquelles la gente masculine devait avoir habitué la mutante. Adam quêtait les infimes indices qui eussent pu lui expliquer les compétences curieuses de son apprentie occasionnelle.

Cette habitude de décrypter le réel pour mieux l’interpréter, dont Adam ne se souvenait plus très bien s’il avait été le produit de l’observation de ses visions déconcertantes ou bien s’il avait toujours été une part de sa personnalité, s’était développée en lui au fil des années et ce n’était certes pas sa fréquentation assidue de la compagnie d’Edward Livingstone qui pouvait éradiquer chez lui une habitude que les gens jugeaient bien souvent un peu inconfortable.

Mais cette fois-ci, il faisait chou blanc. Rien. Rien n’indiquait dans le physique d’Hella, dans les mouvements infimes de son corps, qu’elle disposait d’aptitudes particulières, mais inexploitées, au combat. Bien sûr, le jeune homme savait que, dans un univers comme celui de l’Institut, les choses n’étaient jamais aussi simples et la plus frêle des fillettes pouvait se révéler plus solide qu’un camionneur.

Pourtant, l’affaire était relativement importante. Si la mutation de la jeune femme était d’ordre physique, alors Adam était sans doute susceptible de lui conseiller des stratégies beaucoup plus adaptées à ses capacités, et par conséquent beaucoup plus efficaces, qu’un simple coup de poing. Les dons physiques ouvraient de vastes perspectives et c’était justement le rôle du séjour à l’Institut que de les exploiter.

Sans doute un autre pensionnaire eût-il répugné à interroger directement Hella, mais la diplomatie n’était pas la principale qualité d’Adam, aussi procéda-t-il sans grand détour.


« Bon, hm. Le premier coup de poing, c’était pas mal. Enfin, j’veux dire, l’idée est là, après, faut s’entraîner. Le second, par contre, c’était vachement bien. Inattendu et tout. Si j’étais pas, j’veux dire, ‘faut être vigilant pour le parer. Dans les côtes, ça marche. Par contre, euh… »

Il marqua une petite pause qui fut sa seule concession à la politesse.

« C’est un peu surprenant ta part. J’croyais que t’avais pas l’habitude. C’était quoi, du coup ? Un rapport avec ton pouvoir, j’suppose. Super-réflexes ? Adaptation à la situation ? Quelque chose comme ça. Parce que, bon, du coup, y a sans doute des choses intéressantes à travailler de ce côté-là. »
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptySam 25 Fév - 2:39

Le premier essai prit fin et Hella se remise, droite, devant Adam qui semblait pensif. Elle ne bougea, n’exprima pas la moindre gêne quand l’étudiant se mit à la regarder de manière assez étrange. Elle aurait sûrement balancée une phrase ou deux – pas forcément agréable – si ce regard avec des connotations qui ne seraient lui plaire. Mais, ça ne semblait pas être le cas, un peu comme si le regard qu’il avait était celui que l’on pouvait poser sur un objet intriguant. Bon se qualifier d’objet n’était pas vraiment le but mais c’était la meilleure manière dont elle arrivait à exprimer ce regard qu’il avait sur elle. Un regard qui avait l’air tellement distant qu’elle ne s’en inquiéta pas. Par contre, elle cherchait à comprendre ce qu’elle avait fait pour avoir le droit d’être détaillée de cette manière.

Elle resta là, sans bouger, toujours aussi droite, le regard interrogatif. Est-ce que c’était si mauvais que ça ? Est-ce qu’il cherchait la manière de lui dire les choses ? Si c’était le cas ce n’était pas la peine de se prendre le chou. Ayant l’habitude d’être assez directe elle n’avait pas de problème avec les gens qui l’était en retour et puis, ça permettait d’évoluer plus rapidement qu’avec une personne qui ne dit pas les choses où cherche à arrondir les angles de peur de vexer la personne. Incapable de télépathie, sans qu’un mutant de cette nature soit présent, elle n’avait donc aucune idée de ce qui pouvait traverser l’esprit d’Adam. Elle se contenta d’attendre le verdict.

Il ouvrit à nouveau la bouche et Hella semblait presque soulagée d’entendre que ce n’était pas trop mal pour sa première attaque. Elle fut néanmoins surprise quand il annonça que le deuxième coup était « vachement bien ». Elle avait pourtant du mal à s’en réjouir. Après tout, de son propre chef, sans pouvoir, elle n’aurait jamais eu l’idée de continuer de cette manière. Son action découlait du pouvoir d’Adam, c’était stupide de s’en servir. S’entrainer avec un pouvoir qu’elle n’aura pas quand il serait absent n’était pas le meilleur réflexe que l’on pouvait avoir.

Une chose était certaine, Adam n’était pas fait pour le tact. Il semblait trouver qu’elle ne pouvait être à l’origine de cette action, ce qui aurait pu en vexer plus d’un. Mais dans la mesure où il avait raison, elle ne pouvait pas vraiment lui en tenir rigueur. D’ailleurs elle était même d’accord avec ce fait. Un sourire amusé passa sur ses lèvres quand il se mit à citer plusieurs pouvoirs dont elle pouvait être capable, affirmant qu’ils pouvaient travailler avec son pouvoir. Dans une légère moue elle se mise à réfléchir pour décrire son pouvoir, ou plutôt celui d’Adam. Mais honnêtement, elle ne savait pas vraiment ce qu’il pouvait faire. Elle s’était contentée de voir des choses sans comprendre la manière dont ça fonctionnait. Elle cessa de réfléchir et posa son regard sur Adam dans un haussement d’épaule.

« Je ne serais expliquer mon pouvoir actuel, c’est encore un peu confus. En fait, tu es le mieux placé pour savoir le pouvoir que j’ai vu qu’il semblerait que j’ai le même que toi… A moins qu’un autre mutant se planque dans le coin. Je prends le pouvoir des autres… Enfin, non, je le prends pas parce que tu le garde, en fait, pour être exact, je copie le pouvoir des autres mutants. »

Comment ça fonctionnait exactement lui échappait totalement. Même si depuis peu de temps elle trouvait que c’était moins chaotique que d’habitude, elle ne comprenait pas toujours comment ça se passait. Sans parler du fait qu’elle ne prenait conscience d’un pouvoir qu’en l’utilisant et s’en savoir comment il fonctionnait. On pouvait trouver ça cool comme pouvoir mais, en fait, ça lui donnait plus l’impression qu’on lui remettait une bombe entre les mains et qu’on la laissait se débrouiller avec. Le pouvoir d’Adam, a priori, n’était pas dangereux ce qui était plutôt une bonne chose. Mais vu que la discussion était lancée, elle voulait en savoir plus.

« Et j’avoue ne pas vraiment comprendre ce que tu peux faire. C’est assez confus. Je suis là, puis j’ai l’impression d’être ailleurs à regarder une scène comme si j’y étais. Comme toi, par exemple, devant un tas de carte et tout. Puis la seconde d’après, je suis de nouveau là. »

Elle ne voyait pas l’intérêt de cacher ce qu’elle avait vu. Au début elle avait même cru que le pouvoir servait à avoir des brides d’images que les personnes avaient vécues. Mais, il y avait eu cette phase, avant qu’elle ne s’élance. Du coup, elle avait plus l’impression de voir ce qui allait se produire. Partant de cette supposition, elle imaginait que la Adam devant ses cartes n’avait pas encore eu lieu.

« C’est ce qui s’est passé avant de me lancer. Je me suis vu partir, mettre le premier coup qui serait paré et m’arrêter là. Et comme ça paraissait assez ridicule, je me suis dit que j’allais m’en servir pour essayer d’aller plus loin comme tenter de frapper à un endroit qui semblait être dégagé. Mais je crois que c’est foutu, t’as trop de réflexe pour ça »

Elle avait imaginé que son deuxième coup était le mieux placé pour atteindre Adam vu la position qu’elle avait pu voir avant de se lancer. Ce qu’elle venait de dire était une sorte de compliment dans le fond parce que, oui, elle avait été impressionnée par la rapidité d’exécution. Il ne semblait même pas avoir pris le temps de réfléchir et avait paré son coup sans même se fouler. Ça pouvait presque en être frustrant. C’est au fil de cette pensée qu’autre chose lui traversa l’esprit.

« Hey attends, si je peux voir ce qui allait se passer… Ce qui s’est passé ? … Ouais, bref. Ça veut dire que toi aussi. C’est pour ça que t’as été si rapide à réagir ou c’est juste parce que... Bin parce que t’es doué »

L’idée qu’il est pu user de son pouvoir avait quelque chose de réconfortant. Mais si ce n’était pas le cas, elle imaginait que jamais elle ne pourrait égaler un tel niveau. Ou peut-être dans une centaine d’année quoique, là encore, c’est son corps qui rechignerait à faire des mouvements précis et rapides.

« Bref, quoique soit ton pouvoir, ça ne parait pas une bonne idée de s’entrainer avec. D’une je ne sais pas combien de temps ça dure et, de deux, en situation réelle, y a peu de chance que je dispose d’une personne avec le même pouvoir. »
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptySam 3 Mar - 19:31

Lorsque, des mois auparavant désormais, il était arrivé pour la première fois au sein de l’Institut et qu’il avait découvert ce monde dans le monde, cet univers aux lois changeantes et instables, Adam avait été un peu désarçonné. Il avait vécu sa vie un peu aux marges de la société, jamais tout à fait dans le rang, jamais tout à fait complètement exclu, menant son existence comme bon lui avait semblé et jamais il n’avait beaucoup réfléchi à la question mutante. Il s’était contenté de se dire que des autres comme lui, il devait y en avoir, et cela avait été tout.

L’Institut l’avait mis face à la réalité et, d’une certaine façon, face à ses responsabilités. Le monde mutant existait et s’il répugnait lui-même à rentrer dans cette catégorie trop pratique pour leurs ennemis, d’autres l’y rangeaient malgré lui : il fallait faire avec, se battre depuis l’intérieur pour faire bouger les choses. Et cela impliquait de s’intéresser un peu aux capacités des autres, aux infinies variétés des pouvoirs et des particularités. Pour se tenir prêt.

Il avait déjà, de temps à autre, donné quelques conseils à ses camarades. Après tout, il était peut-être l’un des combattants les mieux formés du manoir, celui qui avait reçu l’entraînement le plus régulier et depuis le plus longtemps : il était normal qu’il fît partagé un peu de son savoir et de ses compétences, si c’était possible. Bien sûr, il n’était pas, et n’aspirait pas à devenir, un professeur : il ne se faisait pas d’illusions, il sentait qu’il lui en manquait les qualités humaines. Mais enfin, cela ne l’empêchait pas de donner un coup de main.

Or, ce qu’il avait découvert au fil des mois, des petites séances d’entraînement, de l’assistance apportée à telle ou telle personne, c’était qu’un mutant gagnait toujours à mettre en avant sa mutation dans un combat, même si elle lui paraissait anodine, ou difficile à gérer. Dans la rue, et c’était bien de la rue qu’il s’agissait, la plupart des victoires se jouaient non sur une quelconque perfection technique mais sur la connaissance intime de ses propres limites et l’effet de surprise. Un jet d’encre pouvait être tout aussi efficace qu’un petit crochet du doigt.

Il avait donc appris à poser la bonne question : dès qu’il lui semblait que l’un de ses élèves intermittents faisait quelque chose que les lois de la physique, de l’habitude ou de la société n’autorisaient pas d’ordinaire, il lui demandait si cela venait de son pouvoir, soucieux d’exploiter un avantage qui, aussi minime fût-il, pouvait toujours s’avérer décisif. Et, à ses yeux, toute pudeur en la matière était déplacée (mais il était vrai que la pudeur n’était, en règle générale, pas exactement son fort).

Ce fut donc avec le plus vif intérêt que l’Asiatique écouta les explications de Hella. S’il était surpris, son visage n’en laissait rien voir ; il était de toute façon probable qu’en quelques semaines, n’importe quel élève de l’Institut apprenait à se faire aux mutations les plus étranges et tant qu’Hella ne lui révélait pas soudainement qu’elle avait une dizaine de tentacules dissimulés dans son dos, Adam était à peu près sûr d’aborder les choses avec calme.

Donc, elle copiait les pouvoirs. Eh bien, il lui souhaitait bien du plaisir. Elle venait probablement de copier l’un des pouvoirs les plus pénibles à des lieues à la ronde. Adam espérait pour elle qu’elle ne le garderait pas trop longtemps après l’avoir quitté, parce que, dans le cas contraire, sa vie allait vite devenir un enfer. Lui avait eu des années pour essayer de s’habituer à ces manifestations saugrenues de l’espace-temps — et il doutait d’y parvenir jamais. Son pouvoir, comme tous les dons des mutants, s’était déclaré progressivement : une maigre consolation, rétrospectivement, mais une consolation tout de même. Si Hella le copiait en son état actuel, sans passer par les étapes préparatoires, alors elle sautait à pieds joints dans le chaos.

Car il fallait bien avouer que la jeune femme n’avait eu le droit, pour l’instant, qu’aux aspects les plus utiles et les plus plaisants du pouvoir d’Adam : des visions du futur très proche. Quand les distances temporelles s’étiraient, que les visions se faisaient traumatisantes ou quand les prédictions se réduisaient à des intuitions à la source de mouvements instinctifs mais pas toujours bien chronométrés, la vie se compliquait singulièrement.

Et Adam devait bien reconnaître que, pour le coup, ce ne serait pas très, très utile en combat. Lui, il avait appris à guetter les micro-intuitions des moments de tension, mais cela lui avait pris beaucoup de temps et, de toute façon, il se reposait beaucoup plus sur un solide entraînement de boxeur que sur ses performances capricieuses de voyante. Il fut donc contraint de secouer la tête pour couper court aux espoirs d’Hella, qui peut-être se voyait déjà en train de prévoir tous ses combats à l’avance.


« Non, j’suis juste très fort. »

Bon, ce n’était pas très modeste, mais c’était la vérité. Comme Adam n’était pas spécialement un vantard, il crut bon de préciser que cette force ne lui venait pas d’une élection divine :

« Enfin, j’veux dire, de la boxe, j’en fais depuis que je suis tout petit. J’faisais des compétitions internationales y a encore pas longtemps. Du coup, les réflexes, rien à voir avec le pouvoir, c’t’une question d’entraînement. »

Certes, dit comme cela, c’était tout de suite beaucoup moins séduisant. Tout le monde préférait s’imaginer acquérir l’art martial du champion de kung-fu en claquant les doigts et la perspective d’enchaîner les cordes à sauter, les séances d’abdominaux et les coups de poings dans un sac était beaucoup moins riante. Et beaucoup moins rapide.

Cela dit, même Adam se rendait compte que tout cela n’était pas très bon pour le moral des troupes — enfin, pour l’heure, de la soldate — et qu’il importait de mettre du baume au cœur de sa toute nouvelle recrue.


« Cela dit, c’est pas grave ! C’qui compte, c’est que t’as eu un vachement bon réflexe en exploitant ce que la situation te présentait. Cette fois-ci, c’était mon pouvoir, d’autres fois, ce sera un couvercle de poubelle qui traînerait dans une ruelle obscure. Mais c’est fantastique. »

Il fallait bien entendu un peu de gymnastique intellectuelle pour trouver fantastique l’idée de se faire agresser dans une ruelle sombre où l’on entreposerait des ordures.

« La rue, c’pas un ring. Tous les coups sont permis. Quand on s’entraîne, souvent, on pense trop par les règles. Genre, tu vas croiser un type et il va se mettre en position de judo. Non, c’qu’il faut, c’est exploiter ce que tu as autour de toi. Bien sûr, tu dois développer tes coups de poings et tout, mais tu dois surtout apprendre à improviser. Avec les moyens du bord. Et ça, t’y arrives plutôt bien. »

Adam était peut-être plus doué à l’art de motiver ses élèves qu’il ne voulait pas se l’avouer. C’était un peu comme s’il essayait de convaincre la jeune femme que, à l’instar du flic de Shangaï, elle serait bientôt capable d’assommer ses assaillants avec les objets du quotidien : plante verte, serveur de restaurant, gomme à papier. Tout ce qu’il fallait, c’était un peu de pratique.

Mais après ce discours enthousiasmant, Adam sembla mettre un point d’honneur à redescendre un peu sur Terre.


« Bon, ‘faut quand même travailler les coups de poing, cela dit. »

Il s’éloigna de quelques pas et revint en tirant un second sac de frappe, pour le placer non loin de celui de la jeune femme.

« Comme ça. »

Il exécuta un premier mouvement très au ralenti, pour montrer à Hella la posture exacte d’un crochet. Puis il décocha pour de bon un coup de poing au sac, qui trembla violemment. Message envoyé si besoin était : éviter de se tenir sur le chemin des poings d’Adam.

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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyMar 3 Avr - 21:51

Bon, au moins, les choses étaient claires. Les réflexes d’Adam n’avaient rien à voir avec son pouvoir. Mais la manière dont il annonça qu’il était, tout simple, très fort ne manqua pas de faire sourire Hella. Elle avait pu voir certain élève au combat et elle se put s’empêcher de se demander si il aurait l’air aussi sur de lui face à Laura Kinney, par exemple ? C’était le premier nom qui lui était venue à l’esprit parce qu’elle l’avait vu se battre, sans parler d’une certaine gomme lancé à un élève pour se dire qu’elle n’aimerait pas être dans les mauvais petits papiers de cette fille. Bon après elle n’y connaissait tellement rien en combat qu’elle pouvait être impressionnée par cette élève, alors que celle-ci n’était peut-être pas réellement douée. Peu probable, cela dit.

Adam laissa passer plus d’explication, notamment sur le temps qu’il avait passé à s’entrainer et le fait qu’il avait eu des accès à des compétitions. Ca ne l’étonnait pas réellement vu ses capacités. Mais là encore, elle était capable de trouver tout le monde très doué parce que, bien plus doué qu’elle. Ce qu’elle se demandait c’est si elle devait faire semblant d’être impressionné, si c’était le moment ou quelqu’un de social flatterait l’égo de l’autre face à ce qu’il venait de dire. Parce que, en réalité, bien qu’elle n’ait rien contre Adam, elle se foutait complètement de son parcours sportifs. Elle ne savait pas si ça avait été dit pour impressionner la galerie ou juste pour information. Décidément elle ne comprendrait jamais les gens. Alors, tout naturellement la seule chose à dire qui lui vienne à l’esprit fut :

« Euh… Ok… »

C’était pas terrible, même elle, elle en était consciente. Mais c’était mieux que rien… Quoique, il aurait peut-être mieux fallu qu’elle garde le silence. En tout cas, à aucun moment elle ne se sentit déçu d’apprendre qu’il avait paré son coup juste par l’entraînement. Elle se savait peu douée alors il y avait peu de chance qu’elle arrive à mettre un coup parfait, surtout face à une personne qui avait de l’expérience dans le combat. Du coup elle ne comprenait pas trop ce qu’il cherchait à faire en lui disant que ce n’était pas grave. Apparemment il cherchait à l’encourager, ce qu’elle trouvait assez étrange. Enfin, en tout cas, elle trouvait normal de ne pas avoir réussi son coup, ce n’était pas pour ça qu’elle allait baisser les bras, taper du pied, tourner les talons et se barrer.

De vachement bons réflexes ? Carrément ? Elle afficha un air septique. Non mais sérieusement, elle ne pouvait pas vraiment le croire sur ce coup là. Ça aurait pu être cool si elle avait voulu utiliser son pouvoir, si elle avait voulu faire cette action sans essayer un peu au petit bonheur la chance. Il n’y avait rien de bien, c’était juste une tentative qui s’était soldé par un échec et elle aurait encore beaucoup avant de commencer à se débrouiller. Les choses fonctionnaient de cette manière de toute façon, rien n’était vraiment naturel, tout se travaillait. Tout comme elle était loin de trouver fantastique le fait de se faire agressée dans la rue mais, ça devait être une question de point de vue. Et, elle trouvera ça encore moins fantastique dans quelques jours mais, là, rien ne pouvait la prévenir de ce qui lui tomberait dessus à ce moment-là.

Elle écouta ce qu’il disait sur le fait de se défendre avec ce qu’on pouvait trouver. Et là, ça lui parlait déjà vachement plus, parce que ça elle savait faire. En tout cas, à chaque fois qu’elle s’était retrouvée dans une bagarre, c’était comme ça qu’elle s’en était sortie. Elle n’avait jamais vu ça comme quelque chose de bien, au contraire, elle trouvait surtout que c’était de la débrouille pour pallier au manque d’expérience. Mais se défendre avec son environnement, c’était la seule chose qu’elle savait faire. Bien sûre elle ne disait pas qu’elle s’en sortait indemne à chaque fois mais elle se débrouillait comme elle pouvait. Enfin, il semblait mettre un point d’honneur à ce que les coups de poings soient quand même bossés.

« Et la précision aussi parce que me servir de mon environnement c’est la seule chose qui a pu m’aider les fois où je me suis retrouvée en mauvaise posture. Cela dit, ça n’a pas toujours eut l’effet voulu. »

Hella avait quand même passé pas mal de son temps à être trimballé à droite et à gauche, avant de choisir la rue. Les problèmes elle connaissait et il lui était arrivé assez souvent d’avoir à se défendre. Mais il est vrai que, parfois, elle avait envie de faire un truc et que son manque de précision ou une mauvaise analyse de l’environnement lui avait donné quelques sueurs froides.

Mais il avait dit de travailler les coups de poings, alors elle essaya de se concentrer sur cette tâche. Elle verrait les problèmes d’environnement plus tard. Pour ce qui était de la précision, ça viendrait sûrement avec l’entrainement. Adam attrapa un sac pour lui montrer le geste à faire qu’elle examina avec intention en le remerciant intérieurement de la faire au ralenti pour qu’elle puisse bien voir. Finalement, il pouvait très bien s’en sortir comme pédagogue. Quand il remontra le même coup sans être au ralenti, Hella arriva presque à avoir mal pour le sac de frappe en se disant qu’elle n’aurait franchement pas aimé être à sa place. Ok, elle n’aimerait pas, non plus, être dans les mauvais petits papiers d’Adam.

Se mettant, à son tour devant son sac de frappe, elle se mise en position essayant d’imiter le geste d’Adam au ralentit. Comme ce n’était sûrement pas parfait, elle demanda son avis sur la position et le laissa rectifier si besoin était. De là elle frappa doucement une première fois, son objectif n’était pas de frapper le plus fort possible mais d’exécuter le geste de manière correcte. La force et la rapidité, elle travaillerait ça après. Déjà, bien faire les choses et, après, les faire avec force. Elle frappa une fois, deux fois, puis d’autre coup arrivèrent à la suite, écoutant les remarques d’Adam et s’y adaptant dans ce cas-là.

Étrangement, elle pensait qu’elle aurait bien plus mal que ça au poing mai il faut croire que taper plus ou moins correctement aidait. Par contre, son bras n’était pas habituer à tant de mouvement, surtout après une journée active et à une heure aussi tardive. C’est plus une douleur musculaire qu’elle ressentait au bout d’un moment dans l’ensemble de son bras, plus que sur son point d’impact avec le sac. Elle ne sut combien de coup elle avait donné, bien sûr aucune fois ne lui permit de voir son sac bouger comme celui d’Adam. Elle trouvait que c’était d’ailleurs normal. Elle ne sut pas non plus combien de temps elle passa à écouter les conseils d’Adam, à se laisser corriger, et à frapper dans le sac mais ça devait faire un bon moment parce qu’elle en était au stade ou son bras demandait une pause, un peu de repos.

« Ok, je crois que j’en ai marre là. »

Elle se laissa tomber sur le sol, en sachant que lors d’un réel combat il n’y avait pas vraiment moyen de dire à son adversaire qu’elle en avait marre – bien qu’elle en était capable – mais, après tout, ce n’était qu’un entrainement, donc bon. En position assise – ce qui lui fit un bien fou – elle reporta son attention sur Adam.

« Merci en tout cas, ça me fera des bases sur quoi travailler. Puis, qui sait, quand j’aurais besoin de passer au stade au-dessus, je viendrais te trouver. »

Ce n’était pas vraiment son genre mais elle avait vraiment envie d’évoluer dans ce domaine alors peut-être qu’elle pourrait faire un effort de ce côté-là. L’avantage d’un entraînement c’est que ça ne demandais pas beaucoup de points de sociabilité mais une fois fini, elle ne savait pas vraiment ce qu’il fallait dire ou non. Le merci lui avait semblé important et réellement pensé. En fait la seule chose qui lui vint à l’esprit était par rapport au fait de filler des petits cours.

« C’est souvent que tu aides les personnes en leur faisant des cours de ce genre ? Parce que si c’est le cas tu devrais demander une compensation financière aux profs pour faire une partie de leurs boulots. »
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyDim 22 Avr - 16:38

Le jeune homme s’était reculé de quelques pas, pour laisser un peu plus d’espace à sa camarade et observer ses mouvements. D’un air tranquille et un peu distrait, il promenait son regard sur le corps d’Hella mais, comme la première fois, il y avait quelque chose de si dégagé qu’il était impossible de prendre cette attention en mauvaise part — et certaines jeunes filles, sans doute, eussent été vexées d’un désintérêt si total.

Quelque peu pédagogique qu’il se fût montré, Adam n’en avait pas moins procédé à de multiples simplifications, en concentrant l’attention de la jeune femme sur les parties essentielles du mouvement. Mais, désormais, il observait la position de ses jambes, l’inclination de son dos, la manière dont elle accompagnait instinctivement, avec le reste de corps, un coup pour paraissait n’impliquer d’abord que le poing et le bras.

Tout cela n’était certes pas parfait mais, soit que la jeune femme eût déjà quelque expérience, même confuse, dans le domaine, soit qu’elle fût une combattante née, le mutant trouvait que pour une néophyte, elle ne s’en sortait pas trop mal. Sans doute n’avait-elle rien de la parfaite technicité qui, dans les grandes compétitions, pour certains commentateurs, transformait tout sport de combat en une sorte d’art, mais elle avait l’intuition des rues, en quelque sorte, un sens de l’efficace qui l’emportait sur les considérations esthétiques et, après tout, c’était bien suffisant.

De temps à autre cependant, il glissait un petit conseil, une infime correction. Rien de très compliqué. Il avait conscience malgré tout que sa leçon devait décanter un peu pour être bien assimilé et ses rectifications de dernière minute visaient plus à empêcher Hella de se blesser dans un faux mouvement que d’augmenter encore la force ou la précision de ses coups.

Et il n’eut pas non plus de remarque réprobatrice quand la jeune femme décida d’abandonner pour l’heure l’entraînement : il était loin d’être un tyran et, de toute façon, elle faisait bien comme elle voulait. Il n’était pas son coach et ne se sentait pas quelque soudaine responsabilité de parfaire ses techniques de combat séance tenante.

Adam s’assit donc en tailleur sur le sol, à un ou deux mètres de sa camarade. D’un hochement de tête, il lui confirma qu’elle pouvait venir le trouver si jamais elle avait besoin de conseils supplémentaires ou même d’un camarade pour s’entraîner. Il n’était peut-être pas très facile à joindre et, même, parfois, pas très facile à aborder, mais il n’avait pas pour habitude de rejeter les appels à l’aide, pour les petites choses comme pour les grandes.

Le regard noir de l’Asiatique était posé sur Hella et, de la même façon qu’il avait paru analysé le moindre de ses mouvements pour en offrir une critique constructive, il semblait tenter de déchiffrer les expressions de son visage. Il y avait quelque chose d’un peu inconfortable peut-être dans cette scrutation silencieuse. A qui posait des questions, il était toujours possible de mentir, mais Adam avait cette façon d’observer les gens qui, à tort ou à raison, paraissaient les percer à jour.

Mais il n’était besoin d’un sens de l’observation très aiguisé ni d’une intuition de fin psychologue pour deviner qu’Hella n’était pas très à l’aise. C’était une conclusion d’autant plus évidente que les jeunes gens peu sociables ne manquaient pas à l’Institut : des passés brisés avaient souvent de lourdes conséquences sur la capacité des nouveaux arrivants à s’adapter à leur environnement et à se lier aux autres de la manière la plus paisible et la plus naturelle.

Adam esquissa un demi-sourire.


« J’ai assez d’argent, c’est bon. »

Question de point de vue. Il ne roulait pas sur l’or, c’était le moins que l’on pût dire. Mais il n’avait pas de plaisirs dispendieux, pas de grands projets, pas de famille à soutenir. Manger, dormir, s’habiller et entretenir sa voiture étaient les seules activités pour lesquelles il lui fallût quelques ressources et son salaire de coursier y suffisait amplement.

« Et puis, j’suis un mauvais prof. J’ai d’bons conseils. Parfois. Mais comme t’as pu t’en rendre compte, c’est pas toujours très clair. »

Il n’avait pas l’air du genre de personnes qui diminuait ses mérites pour chercher les compliments de ses interlocuteurs et sa constatation procédait d’un banal bon sens. Il eût détesté de toute façon devenir professeur : il manquait de pédagogie, c’était une chose, mais surtout il n’avait pas la moindre patience — il fallait absolument que l’on comprît vite, sinon, il se lassait.

Il fit un geste de tête vers le bras d’Hella.


« Ca va te faire mal. C’est le muscle qui se déchire pour grossir. En gros. C’est bien. Suffit d’boire beaucoup. »

Le mutant détacha son regard de la jeune femme et promena ses yeux dans le gymnase vide, tout autour d’eux.

« Alors ? »

Adam mit une ou deux secondes pour comprendre que, comme d’habitude, il s’était exprimé dans le mauvais ordre. Après un petit effort nécessaire à la remise en ordre de ses idées, de ses intentions et de ses intuitions, il reprit :

« La plupart des gens qui ont des insomnies vont regarder le téléshopping ou manger des cookies dans la cuisine. C’t’une drôle d’idées de venir dans le gymnase à une heure pareille. »

C’était pourtant précisément ce qu’il avait fait, mais cela n’avait pas l’air de le perturber plus que ça dans son raisonnement.

« Alors ? Un besoin urgent de frapper quelqu’un ? »

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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyMar 22 Mai - 10:18

Assise face à lui, elle avait dit qu’elle saurait où le trouver si elle avait besoin d’autres conseils. Une phrase qui avait été plus pour la forme qu’autre chose, si bien que de le voir accepter lui fit voir les choses différemment. Si vraiment, il était OK pour l’entrainer de temps en temps en lui filant des conseils, elle aurait probablement plus de facilité à lui demander et ça ne pouvait pas être un mal que de savoir se défendre et attaquer un peu. Surtout quand on voit dans le monde dans lequel ils évoluaient. Du coup, d’un bref et léger sourire, elle le remercia silencieusement d’accepter ce qui, à la base, n’avait pas été une réelle proposition.

Il avait ce regard insistant qu’elle n’avait pas pris mal jusqu’à présent parce que s’en suivait des conseils. Mais maintenant qu’ils étaient assis, qu’il n’était plus question de taper dans un sac, elle ne comprenait pas ce regard qui avait l’air de vouloir la percer à jour. Elle décida néanmoins de s’en accommoder parce qu’il y avait peu de chance d’entrer dans un sujet qu’elle voulait éviter, en tout cas c’est ce qu’elle imaginait. Et combien même ça serait le cas, à la regarder comme ça, il comprendrait vite qu’il valait mieux éviter de parler de certaine chose.

Ca l’énerva presque un peu qu’on puisse dire qu’on a assez d’argent. En tout cas, assez pour ne pas chercher à s’en faire un peu plus. Enfin ça ne l’énervait pas vraiment mais elle ne put s’empêcher de se dire qu’elle aimerait bien pouvoir dire la même chose aussi. Et, en même temps, un jour, elle finirait bien par pouvoir gagner sa vie aussi. Les choses étaient un peu compliquées en ce moment par son emploi du temps partagé entre l’école et son travail obligatoire au commissariat. Mais ça ne durerait pas éternellement. Elle préféra ne rien répondre.

« Question de point de vue, je trouve que ça va. »

Une certaine forme de compliment, dans un sens. Elle n’avait pas à se plaindre de sa méthode même sin, parfois, c’était riche en explication qu’il fallait vraiment vouloir suivre pour ne pas perdre le fil. Mais, dans le fond, elle tapait un peu mieux – sans que ce soit parfait, loin de là – alors la mission était remplie, non ? Mais voilà, c’était une question de point de vue, elle ne le connaissait pas et il était mieux placé qu’elle pour savoir s’il pouvait faire un bon prof ou non. Elle finit par hocher la tête quand il expliqua – semblant lire dans ses pensées – pourquoi le muscle lui ferait mal et comment y palier. Bon savoir que son muscle se déchire n’est pas très engageant mais vu la manière dont il avait annoncé les choses, ça semblait être normal. Elle boirait beaucoup.

Elle marqua, cependant, rapidement un regard interrogatif quand il laissa échapper un « alors ? »… Alors quoi ? Est-ce qu’elle avait oublié quelque chose ? Est-ce qu’elle n’avait pas entendu une question ? Est-ce qu’elle était seulement censée savoir à quoi elle devait répondre ? Un silence se fit quelques secondes et elle allait lui demander de quoi il parlait quand il reprit par lui-même pour lui donner son point de vue sur l’activité des personnes ayant des insomnies, finissant par lui demander si elle avait une envie présente de frapper quelqu’un.

« Un prof ou deux… »

Réponse spontanée mais dite sur un sourire qui laissait penser que ce n’était pas vrai. Bon il y avait bien un prof ou deux qui l’énervait, ce n’était pas un secret mais, franchement, elle était loin de vouloir les frapper. Dans le fond, cette école était une bonne chose et elle aurait tort de cracher dessus. Elle resta quelques secondes silencieuse pour pouvoir répondre sincèrement à Adam mais, il fallait qu’elle y réfléchisse. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait envie de se battre. Et puis, la réponse finie par s’imposer à elle, posant son regard sur un point fixe, elle répondit.

« Disons que j’ai pu me retrouver dans des situations ou je me dis que si j’avais su mieux me défendre ça aurait évité pas mal de soucis par la suite. Reportant son regard sur Adam. Et puis, j’me dis que le meilleur moyen de lutter contre une insomnie est de se défoulée pour se fatiguer. »

On ne pouvait pas lui reprocher de ne pas être sincère sur ce coup là. En même temps, ce genre de réponse n’engageait à rien même si dans son esprit, la situation ou elle aurait voulu savoir se défendre était bien nette. Si elle avait agi différemment lors du braquage, elle n’aurait peut-être pas fait un tour par la case prison, elle ne serait peut-être pas là à cause d’un contrat de conditionnel à la noix… Enfin, les choses auraient pu être bien différentes mais tout ça n’avait pas de grande importance comparer au fait que si elle avait su se battre, elle n’aurait peut-être pas eu besoin d’aller jusqu’à tuer quelqu’un pour l’arrêter dans sa folie.

« Et toi, pourquoi tu ne profites pas de la télé ou des cookies alors que tu sais déjà pas mal de chose le combat ? »
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyMar 22 Mai - 10:49

Loin de poser sur la jeune femme un regard réprobateur, Adam esquissa un léger sourire en l’entendant suggérer que les professeurs de l’Institut ne lui inspiraient pas toujours la plus grande sympathie. Il avait trop souffert lui-même des établissements scolaires pour ne pas comprendre combien ils pouvaient apparaître comme des prisons pour ceux qui s’y sentaient mal.

Et puis, comme son interlocutrice n’avait pas exactement l’air d’une folle furieuse qui poignardait ses enseignants quand elle ne comprenait pas les équations différentielles, Adam supposa que c’était une manière de parler. De toute façon, la plupart des professeurs de l’Institut étaient des mutants qu’il valait mieux ne pas songer à agresser et cela, tout le monde en avait parfaitement conscience.

Il hocha la tête en écoutant la réponse d’Hella.


« Enfin, fuir reste quand même mon meilleur conseil quand c’est possible. »

Un avis judicieux qu’il n’appliquait pratiquement jamais lui-même, trop occupé à s’engager dans des batailles pour sauver la veuve et l’orphelin. Cela dit, il avait pour sa part d’excellentes chances de sortir victorieux, mais il ne jugeait pas les possibilités qui s’offraient aux autres à l’aune de ses propres capacités et, comme tous les combattants bien entraînés, il était beaucoup plus prompt à recommander la prudence que la témérité.

« Mais c’est vrai, parfois, on est obligé de taper un peu pour pouvoir fuir. Il faut garder ça à l’esprit : qu’on cherche à gagner du temps pas à remporter le combat. C’est beaucoup plus encourageant pour l’entraînement. »

Il était manifeste qu’il continuait à tourner autour de sujet par pudeur et discrétion, soucieux de ne pas brusquer Hella. Si son regard se faisait souvent si pénétrant, c’était précisément pour éviter d’indisposer ses interlocuteurs avec des questions trop gênantes. Il se doutait que les situations auxquelles la jeune femme faisait allusion avaient été douloureuses et il ne voulait surtout pas remuer le couteau dans la plaie.

En réalité, si l’on accusait souvent Adam de manquer de tact, c’était parce qu’il réservait ses prévenances aux situations qui l’exigeaient vraiment et, dans les petites affaires de la vie, il avait tendance à considérer que les gens accordaient trop d’importance à des secrets dérisoires. Alors de la diplomatie, il en avait, mais seulement lorsqu’il considérait que la chose était fort nécessaire.

Quand la jeune femme lui retourna la question, Adam esquissa un sourire tranquille.


« J’peux pas regarder la télé. Enfin si, je peux, mais c’est pas très productif. Quand j’regarde un film ou une série, je finis toujours par voir la fin de l’histoire en plein milieu, et du coup, ça gâche un peu le plaisir. Et puis le téléshopping ou les émissions de chasse, c’est pas très palpitant. »

Il était aisé de deviner d’après ses dernières paroles et ce qu’il avait un peu révélé de lui au cours de leur entretien décousu qu’il n’était pas un jeune homme particulièrement placide et que, dans son existence, il avait besoin d’action. Sans ce don, Adam n’eût pas trouvé beaucoup plus de plaisir à regarder la télévision ou à écouter simplement de la musique : il avait perpétuellement besoin de faire quelque chose, de parler à quelqu’un, de réfléchir à un problème, d’employer son temps, en somme, d’une façon un peu utile.

« Quant aux cookies, c’est ma prochaine étape sur la liste des choses à faire cette nuit. »

Manger, de toute façon, figurait toujours quelque part sur sa liste des choses à faire. Le jeune homme avait un appétit gargantuesque dont les calories étaient rapidement brûlées par une vie effrénée. Il connaissait la cuisine de l’Institut comme sa poche et, à force de farfouiller dans les placards, il était à peu près certain d’en pouvoir faire l’inventaire de mémoire.

Il promena son regard autour de lui, d’un air un peu songeur.


« J’aime bien me défouler, aussi. Quand j’ai l’esprit saturé de problèmes. »

Lui non plus ne s’étendait pas sur la nature de ces problèmes, mais il n’y entrait là aucune discrétion douloureuse. Adam s’expliquait volontiers sur son existence, sans faux mystère, et tant que l’on ne cherchait pas à percer trop en profondeur ses sentiments, il donnait volontiers des détails qui lui paraissaient, à lui, anodins et peu révélateurs.

Simplement, il n’était pas du genre à expliquer les choses de lui-même, estimant toujours que ses interlocuteurs étaient suffisamment intelligents pour déduire de ses propos des conséquences qu’il trouvait nécessaires. Il ne songeait que rarement que tout le monde ne partageait pas ses capacités d’observation et de déduction, et il était ainsi, parfois, un peu déconnecté du monde.

Il n’en restait pas moins que, puisqu’il avait consacré l’essentiel de son temps à assister Hella, du sport, il n’en avait pas fait beaucoup ce soir-là. Mais comme il ne désirait pas brusquer la jeune femme et paraître impoli en se lançant dans une activité quelconque à laquelle elle ne pût pas participer, il s’était résolu à remettre à un autre moment son entraînement nocturne.


« J’suppose que ça me manque un peu. Le sport, je veux dire. Avant, c’était mon métier. »

Une fois de plus, il n’apportait pas beaucoup de précisions. Qu’avait-il été ? Entraîneur personnel ? Employé d’une salle de sport ? Professeur de gymnastique ? Vendeur dans un magasin spécialisé ? Les possibilités ne manquaient pas et sportif de haut niveau n’était pas réellement l’éventualité la plus probable et la plus spontanément envisageable.

Son regard revint sur la jeune femme, mais il s’était fait entre temps un peu moins inquisiteur.


« Et toi ? Comme métier. Qu’est-ce que tu voudrais faire ? »

Son ton avait beau paraître simplement poli, il était difficile de se défaire de l’impression que toute réponse formulée serait immédiatement décortiquée et interprétée jusqu’aux dernières conséquences.

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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyVen 8 Juin - 14:46

Fuir… Hella eut un léger sourire. Si les choses étaient toujours aussi simples, elle ne se prendrait pas autant la tête. Si fuir était toujours possible, sans qu’aucun cas de conscience ne vienne foutre son grain de sel dans l’équation, c’est sûrement ce qu’elle ferait à chaque fois. Ce n’était pas une question de lâcheté ou un truc dans le genre, mais si c’était possible d’éviter un affrontement, elle était pour. En tout cas, elle n’avait rien contre le fait de fuir. Le problème demeurait dans le fait que la fuite n’était pas toujours la chose la plus évidente. Sur le point de vue technique, ça posait rarement de problème mais quand d’autres personnes étaient en jeu, tout commençait sérieusement à se compliquer.

Hella ne s’estimait pas spécialement téméraire ou courageuse mais elle avait des principes et une certaine fierté. Généralement c’était ce genre de choses qui la faisait entrer dans une bataille, ou qui l’empêchait d’en partir. Ca ne l’empêchait pas pour autant de ne pas prendre en considération ce qu’était en train de lui dire Adam sur le fait qu’il fallait surtout chercher à gagner du temps et non pas gagner une quelconque bagarre. Fuir, quand c’était possible, elle était la première à savoir le faire. Après tout, elle avait vécu longtemps dans la rue et, fuir, c’est ce qu’on apprend à faire en premier laissant toute fierté de côté. Mais, comme l’avait dit Adam, il fallait le faire quand c’était possible… Possible… c’était là tout le problème.

« Si ça peut te rassurer – c’était qu’une formule parce qu’elle se doutait bien, dans le fond, qu’il en avait un peu rien à foutre – je ne cherche pas à apprendre pour gagner mais juste pour m’en sortir face à certaine situation »

Elle ne serait pas la personne à chercher le clash toutes les 30 secondes juste pour le plaisir de foutre sur la tronche de quelqu’un. Ce n’était pas son genre. Son but n’était pas de mettre KO une personne. Tout ce qu’elle voulait c’était de rester en vie, et s’en sortir avec le moins de dégât de possible. Et surtout, ce qu’elle ne voulait plus, c’était de tuer une personne pour l’arrêter parce qu’elle était incapable de le maitriser autrement. Il n’y avait pas beaucoup de chance que ce genre de configuration lui arrive à nouveau mais l’avoir vécu une fois suffisait à la motivée au cas où ça arriverait une nouvelle fois.

Mais elle n’avait pas de raison de s’attarder sur sa propre histoire. D’un, ça ne regardait pas Adam. De deux, elle culpabilisait tellement qu’elle avait l’impression que le monde entier lui en tiendrait rigueur et elle n’avait pas envie d’entendre une morale allant dans ce sens. Et, de trois, elle n’était pas le genre à parler de ce genre de chose avec une personne qu’elle ne connaissait pas. Avec une personne qu’elle connaissait aussi, d’ailleurs. Alors elle avait retourné la question à Adam, plus à l’aise quand les questions ne la concernait pas.

Le sourire d’Hella fut plus amusé, plus franc quand il expliqua voir la fin du film vers le milieu. Son pouvoir n’aidait pas à garder le suspense sur une trame. Ca le faisait sourire parce que ce n’était pas cool mais c’était probablement le côté le moins chiant de ce genre de pouvoir. Sérieusement, elle n’était pas certaine d’aimer ce genre de pouvoir. Savoir des choses qu’on n’est pas censé savoir, c’était un peu trop perturbant pour elle. Peut-être parce qu’elle était la première à se monter tout un personnage pour que les gens restent loin d’elle et qu’elle n’apprécierait pas que quelqu’un sache tout d’elle juste à cause de son pouvoir. Elle se donnait trop de mal pour qu’un pouvoir foute tout en l’air.

« Ouais, vu comme ça, je comprends que la télé ne soit pas ta passion première. Ça craint de ne pas pouvoir être surpris, ou que très rarement. »

En gros elle disait que le pouvoir d’Adam craignait. Enfin on pouvait le prendre de cette manière même si ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait voulu dire. Elle n’avait jamais su mettre les formes aux choses, ce qui pouvait créé pas mal de malentendu. Tout ce qu’elle voulait dire c’est qu’elle trouvait dommage que personne ne puisse le surprendre, ne serait-ce que pour son anniversaire ou des trucs de ce genre. Bien qu’elle ne pensait pas que le pouvoir d’Adam soit actif à longueur de temps et qu’il devait bien y avoir des choses qui se passait dans sa vie sans qu’il puisse l’avoir prévu.

Elle n’ajouta rien sur le fait que la bouffe figurait sur sa liste de chose à faire. Il faisait bien ce qu’il voulait et ce n’est pas elle qui allait l’empêcher de manger quoique ce soit. L’air ailleurs, il expliqua qu’il aimait bien se défouler quand il avait l’esprit saturé de problème. Elle fut un peu forcée de déduire que c’était le cas en ce moment vu qu’il était dans la salle d’entrainement à une heure improbable de la nuit. Mais elle ne savait pas comment parler aux gens, et encore moins comment les aider. De toute façon, elle partait du principe que ce n’était pas son rôle de poser des questions, si il avait envie d’en parler, elle écouterait mais elle ne le forcerait pas à quoique ce soit avec des questions trop personnelles.

Si y a une chose qu’elle commençait à comprendre avec lui, c’est qu’il était capable de sortir des trucs et que ça devait lui paraitre assez logique pour estimer que les autres étaient en mesure de comprendre. Sauf que ce n’était pas le cas. L’exemple du moment était cette histoire de sport qui était son métier. Sérieusement, était-elle censée savoir ce qu’il faisait ? Mais ça devait être logique dans son esprit à lui si bien qu’elle estima que si elle ne posait pas la question, elle ne risquait pas d’avoir la réponse. Mais avant qu’elle ait pu dire quoique ce soit, il posa à nouveau son regard sur elle pour savoir ce qu’elle voulait faire. Blocage. Bouche légèrement ouverte. La question qui tue.

Ce qu’elle voulait faire de sa vie ? Elle ne s’était jamais posée la question parce qu’elle n’avait jamais estimée avoir le moindre avenir. Les choses étaient différentes aujourd’hui, on lui offrait une sorte de deuxième chance, avec une instruction en prime. Mais ce qu’elle voulait… Jamais cette question ne lui avait traversé l’esprit. Jusque-là elle avait vécue au jour le jour, sans avoir besoin de voir plus loin. Elle cligna des yeux et reprit vie après quelques secondes pour hausser les épaules.

« Aucune idée. Elle fronça les sourcils semblant réfléchir à comment formuler le fond de sa pensée. En fait, je me suis jamais posé la question. Avant d’arrivée ici, tout ce qui m’importait c’était de me réveiller le lendemain, tout se décidait au jour le jour sans que j’ai à penser à l’avenir parce que, dans le fond, je ne pensais pas en avoir un. Un léger sourire passa sur ses lèvres. J’crois que j’ai pas encore réalisé que j’étais dans une école avec un tas de possibilité qui s’ouvre à moi. »

En règle général elle aurait probablement répondu un « j’en sais rien, et j’m’en tape » mais Adam avait ce regard qui semblait lire en vous comme pas permis et, étrangement, elle se sentait assez mal à l’aise à l’idée de mentir, ce qui la poussait à une certaine sincérité qu’elle n’aurait pas imaginé jusque-là.

« Et toi, tu faisais quoi dans le sport ? Désolée mais c’est super large comme domaine. Pourquoi avoir arrêté, si ça te manque ? »
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyDim 10 Juin - 6:45

Adam eut un hochement de tête approbateur en constatant qu’Hella tombait d’accord avec lui sur le principe de ce bref entraînement et de ceux dont il avait proposé qu’il fût suivi. Le jeune homme se fut sans doute senti coupable s’il avait appris que sa camarade, rendue trop confiante par les compétences acquises de ces sessions, s’était engagée dans un combat dont il avait été sorti qu’elle ne pût sortir victorieuse et eût été gravement blessée.

La réponse d’Hella le suggérait, encore une fois, qu’elle n’avait pas vécu une vie paisible et le jeune homme soupçonnait que son désir d’apprendre à se défendre était né d’expérience douloureuse et qu’il y avait, dans ces coups portés au sac, sinon une volonté formée d’améliorer son style de combat, du moins une certaine anxiété face à l’adversité.

Souvent, Adam regrettait que son sens aiguisé de la psychologie ne fût pas accompagnée d’une égale propension à la diplomatie et à la conversation et il trouvait lui-même que ses bons conseils étaient toujours accompagnés d’une sorte de rudesse dont il ne parvenait pas tout à fait à se défaire et qui, parfois, en détruisait l’effet.

C’était que la vie à l’Institut impliquait de rencontrer souvent des jeunes gens dont l’existence avait été douloureuse et semée d’embûches et face à cette souffrance, dont Adam estimait qu’elle dépassait de loin les traumatismes de sa propre existence, sans se rendre tout à fait compte que les épreuves qu’il traversait par procuration lui eût permis de concourir et peut-être de remporter aisément le prix de la vie la plus horrible, face à ces histoires jamais tout à fait formulées mais qui affleuraient, parfois, dans les conversations, le jeune homme se sentait un peu démuni.

Il était bon camarade, et même très bon camarade indubitablement, et il n’était pas rare que sa compagnie apportât quelque soulagement dans des moments de grande détresse, comme il lui semblait que cela avait été le cas, quelques jours plus tôt, avec Douglas. Mais ces soulagements passagers ne lui suffisaient pas, comme les missions qu’il s’imposait à lui-même au fil de ses visions ne lui suffisaient pas et, tout au fond de lui, Adam se sentait condamné à être perpétuellement inutile.

La faute qu’il cherchait à racheter par cet altruisme qui frôlait parfois l’autodestruction, il l’ignorait lui-même, mais souvent, il lui semblait que quelque chose, au fond de lui, comme une noirceur inexprimée, exigeait qu’il se dévouât complètement à ces existences qui n’étaient pas la sienne, dans les petites circonstances comme dans les plus importantes, et à cette impulsion ambiguë, Adam n’avait pas appris à résister.

Pendant quelques secondes l’image de Douglas continua à se superposer au visage d’Hella et Adam ne put se défaire de l’impression qu’il existait entre eux un rapport informulé ; chez l’un comme chez l’autre, abusé peut-être par les traits de leurs visages ou bien guidé par une intuition à peine conscience, il trouvait une innocence dont il lui paraissait injuste qu’elle fût malmené par ces choses horribles qu’il ne faisait que soupçonner, mais dont il devinait l’ampleur.

La réponse sincère de son interlocutrice confirma une partie de ses suppositions ; c’était un passé que fuyait la jeune femme, de ces passés qui n’avaient laissé envisager aucun futur. Pour bien des mutants, l’arrivée au sein de l’Institut était comme une tempête qui se dissipait et dont les nuages en s’écartant révélaient un horizon jamais précisément observé. Sur son propre futur, Adam ne formait guère de spéculations, mais il soupçonnait aisément que cette découverte pouvait être aussi intimidante qu’enthousiasmante, et le trouble indécis de la mutante ne lui paraissait pas déraisonnable.

Adam s’apprêtait à commenter les propos de la jeune femme quand les questions de cette dernière agitèrent des souvenirs qu’il ne pouvait s’empêcher de considérer encore avec une certaine nostalgie. Il esquissa un sourire un peu triste.


« J’étais sportif. Je veux dire, c’était mon métier. Boxeur. Kick-boxeur, plutôt. »

Une information qui expliquait la précision de ses conseils d’une part et l’efficacité redoutable avec laquelle il les appliquait lui-même.

« Il y a quelques années, j’étais entré dans le circuit international, mais disons que… »

Il haussa évasivement les épaules.

« Je n’y ai pas trouvé exactement l’honnêteté et le fair-play que j’aurais voulus. On m’a fait toute sorte de propositions douteuses et du coup, j’ai préféré ne pas m’éterniser. Donc je suis revenu à New-York. »

Il avait l’air de considérer que sa décision était parfaitement normale et, vrai dire, la seule qu’il eût été possible de prendre, comme si les avantages financiers et le prestige qu’il eût pu amasser en transigeant quelque peu avec ses principes moraux n’avaient aucune sorte d’importance.

« Ensuite, j’ai enchaîné les petits boulots. J’suis arrivé ici, aussi. Par conviction, je suppose, plutôt que par nécessité. Mais j’ai pas vraiment profité de l’école. Ca m’a jamais beaucoup intéressé. »

A l’entendre, on eût dit qu’il avait choisi la voie sportive parce que ses résultats scolaires laissaient à désirer et il était difficile d’y soupçonner la complexité d’un esprit et la vivacité d’une intelligence qui n’aspiraient guère qu’à vivre librement, sans se soucier de correspondre aux attentes de sa famille, de son entourage et de la société.

Néanmoins, Adam n’était pas (toujours) un prosélyte de la rébellion et, soucieux que son exemple ne parût pas destiné à détourner Hella d’études avec lesquelles elle venait de renouer et dont il était lui-même persuadé que, pour bien des personnes, elles étaient le plus sûr moyen de parvenir à réaliser certaines aspirations, il s’empressa de préciser :


« Cela dit, c’est bien. Je veux dire, l’école, ici. C’est une chance, en effet, qu’il ne faut pas laisser passer. Ici, on peut aller à son rythme. On n’a pas la pression d’être normal, d’avoir à suivre une scolarité normale. C’est juste qu’il faut aborder ça avec une certaine tranquillité d’esprit, je crois. »

Il adressa un nouveau sourire à la jeune femme.

« De toute façon, t’es encore jeune, t’as le temps de voir venir. »

Il n’avait pas vraiment l’air beaucoup plus vieux que son interlocutrice et pourtant il ne paraissait pas qu’il nourrît les mêmes pensées à son propre sujet, comme s’il n’avait aucun autre avenir qu’une succession d’emploi s très éloignés de rendre justice à ses capacités. A nouveau, qu’il parut qu’un peu de mélancolie se mêlait à son expression et son regard dévia vers le punching-ball — décidément, la séance de défoulement nocturne qu’il prévoyait ne serait pas superflue.
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Hella Healt

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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyDim 30 Sep - 15:04

Préférant de loin parler de ce que lui faisait plutôt que des projets inexistant qu’elle pouvait avoir, Hella écouta les explications qu’il donna sur une vie qui semblait derrière lui. Elle comprenait mieux la faculté qu’il avait à pouvoir donner des conseils sur la manière de placer des coups, si il était réellement monté en international – elle n’avait pas de raison d’en douter – il était probablement un des élève les plus entrainés de cet institut, même si certain n’avait franchement rien à lui envié. Ce n’était pas le cas d’Hella qui aurait préférée avoir appris à se défendre convenablement depuis un moment, ça lui aurait évité pas mal de situation en réalité. Mais, dans le fond, ce qui l’interpella le plus c’est qu’Adam semblait être intègre si on en croyait ses paroles. En tout cas il semblait vouloir suivre une certaine ligne de conduite et a préféré se retirer plutôt que de sortir de cette ligne. Ce qui était amusant, c’est que si on lui avait raconté ça avant qu’elle ne connaisse l’institut, elle aurait explosé de rire parce que, il n’y a pas si longtemps, elle ne croyait pas assez en l’humanité pour imaginer qu’il existe encore des gens intègres.

Il y avait quelque chose d’assez envieux. Suivre ses idées, même si ça implique de laisser quelque chose qu’on apprécie n’était pas donné à tout le monde. Enfin, tout le monde rêvait probablement d’être ce genre de personne sans pouvoir s’y tenir face aux diverses propositions et tentations pouvant s’offrir à eux. Et puis, il y avait un type comme Adam, qui lui préférait arrêter quelque chose qu’il devait apprécier pour finir dans une école, avec des petits boulots. Hella n’aurait probablement jamais réussi à avoir autant de volonté ou de conviction pour faire ce genre de chose. A aucun moment elle n’arriva à se dire qu’il avait été stupide de perdre tout ce qu’il avait pu avoir pour suivre ses convictions, elle le trouvait juste impressionnant d’être arrivé à le faire.

S’ils avaient été dans un autre établissement, elle se serait demandé ce qu’un type comme lui fou ici si les cours ne l’intéressent pas. Mais c’était l’institut Xavier, les cours n’étaient qu’une partie de ce qui pouvait être ici mais elle comprenait qu’il puisse être intéressé par autre chose. Dur de revenir dans les études quand on les a arrêtés pour s’assumer – plus ou moins bien – tout seul. A aucun moment elle ne mit en doute une potentielle intelligence, en fait elle ne se posa même pas la question de savoir si, oui ou non, il en avait une supérieur ou non de la moyenne. Ca faisant bien longtemps qu’elle avait mis les clichés de côté comme : sportif = stupide. Mais c’était presque mignon de le voir se reprendre en expliquant que l’école était une bonne chose pour aller de l’avant. Et puis il estimait qu’elle était encore jeune, qu’elle avait le temps de voir. Le genre de phrase bien trop dérangeante pour elle. En fait elle avait l’idée que c’était ce que les adultes pouvaient dire à des gamins complètement paumés, le genre de discours qu’elle avait déjà bien assez entendu pour ne pas avoir à l’entendre une nouvelle fois par une personne qui avait que quelques années de différence avec elle. Elle s’efforça tout de même de sourire, histoire de laisser entendre qu’elle prenait en compte cette dernière phrase alors qu’elle lui était passée un peu au-dessus de la tête.

« Ouep, je sais. »

Réponse un peu basique qu’elle aurait été capable de sortir à n’importe quel adulte lui faisant la morale. Finalement, elle estima qu’il était temps pour elle d’aller voir ailleurs, ou de tenter de retrouver le sommeil qui l’avait abandonné avant qu’elle ne se retrouve ici. Alors, après une longue inspiration, elle se releva pour poser une dernière fois son regard sur Adam.

« Merci pour le cours, mais maintenant je crois que je vais aller profiter d’une douche et des heures de sommeil qu’il me reste »

Les gens civilisés auraient probablement tendue la main pour saluer la personne d’en face. Hella n’en fit rien ce qui n’avait rien à voir avec un problème de civilisation – même si elle en manquait cruellement – mais avec son pouvoir elle avait appris à ne pas toucher les gens plus qu’il ne fallait même si ça ne fonctionnait pas au contact elle préférait ne pas tenter les choses. Et puis, de toute façon, le pouvoir d’Adam était bien trop bordélique pour qu’elle prenne un risque en plus de le voler. Dans un dernier sourire pour le remercier, elle se tourna et retrouva rapidement le chemin de la sortie pour aller directement prendre une douche ne supportant rester sans se laver après une séance de sport.

Elle avait beau croire que ce qu’il avait dit lui était passé au-dessus de la tête, les perspectives d’avenir lui trottèrent dans la tête. Réfléchissant à ce qu’elle serait capable de faire plus tard et sans être capable d’en trouver la moindre réponse. Son contrôleur judiciaire – et d’autres – lui avait assez répété qu’elle était un cas désespérer et qu’on ne pourrait rien tirer d’elle. Peut-être que, dans le fond, elle avait tendance à avoir pris ce genre de phrase pour une réalité et bien qu’elle n’avait aucune envie de donner raison à ce genre de type elle devait bien avouer que l’avenir n’était pas la chose qu’elle envisageait avec le plus de sérénité. Incapable de savoir ce qu’elle était capable de faire. Et, finalement, la fin de la nuit fut surtout sous le signe de la remise en question ce qui, une fois couchée, ne lui permit pas vraiment de trouver le sommeil…

(Alors, carrément désolée, les vacances, la reprise du taf, certaines choses à voir, bref j’suis d’une lenteur tellement horrible que je te libère. Mais merci pour ta patience ^^)
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MessageSujet: Re: Entrainement nocturne [Adam-FINI]   Entrainement nocturne [Adam-FINI] EmptyDim 30 Sep - 22:39

Adam sans doute avait parlé comme un homme âgé parle à une jeune personne, et pourtant il ne songeait pas qu’il y eût entre eux une certaine différence d’âge, et il eût été bien incapable de dire précisément celui qu’avait son interlocutrice. Son âge à lui, il n’y songeait plus guère : le temps avait cessé d’avoir pour lui le sens et la densité qui étaient les siens pour les êtres normaux.

Mais, en vérité, il se sentait vieux — fatigué, et un peu triste, aussi : comme asséché. Il n’y avait pas jusqu’à ses souffrances qui lui parussent venir de loin, comme si tout son être était une ancienne maison de famille à la campagne, que la poussière habitait désormais et dont les meubles, qui jadis avaient accueilli des assemblées nombreuses, étaient couverts des années plus tard de draps, afin qu’ils fussent préservés pour des visiteurs qui ne viendraient jamais.

Etait-il réellement un homme intègre et admirable, ou bien tout son être n’était-il plus guidé que par les vagues mécanismes que de trop nombreux traumatismes avaient laissé survivre en lui finalement en guise de principes et de sentiments ? Parfois, il ne se sentait pas différent d’un automate et quand il se rendait compte que cela était faux, qu’il était capable de souffrir les mêmes petites et grandes douleurs que n’importe lequel de ses semblables, il se prenait à songer que la vie d’automate était peut-être celle qu’il désirait profondément.

D’une voix un peu songeuse, Adam répondit simplement au remerciement de son élève d’un soir :


— De rien.

Il la suivit du regard, qui se relevait et partait. A peine eût-elle disparu dans les vestiaires qu’il eut l’impression que ses conseils avaient été vains, qu’il n’avait rien dit qu’elle n’eût trouvé plus amplement et mieux expliqué dans un ouvrage spécialisé et que, pour tous ceux qui l’entouraient, et qui croisaient un jour ou régulièrement son chemin, il n’était guère que cela : la forme inaboutie d’un livre.

Un soupir s’échappa de ses lèvres. Il n’en savait pas la raison mais, depuis quelques temps, ces songes mélancoliques le prenaient beaucoup plus souvent qu’ils n’en avaient eu la coutume jusqu’à lors. Une vague insatisfaction, qui lui semblait à la fois simple et complexe, hantait tous les moments de son existence et glissait dans les secondes les plus anodines les réflexions les plus amères.

A son tour le jeune homme se releva, mais bien loin d’abandonner le gymnase, il se positionna face au sac de frappe et commença à y lancer des coups, des coups de poing d’abord puis des coups de pied, puissants, rapides et précis. Sans doute n’était-ce pas l’heure la plus raisonnable pour s’entraîner, et d’ailleurs il ne cherchait guère à travailler ses gestes ; ce qu’ils avaient de technicité venaient plus de l’habitude que d’une décision quelconque de parfaire son entraînement.

Non, se défouler, se fatiguer, sentir assez ses muscles se plaindre et réclamer le repos pour pouvoir dormir d’une nuit sans songe, tel était le véritable but. Dans le gymnase désormais désert les coups, même étouffés par le sac, résonnaient et ce bruit inhumain accusait plus vivement sa solitude. Tous ses bons conseils à lui ne servaient de rien et ni sa force ni son intelligence ne l’aidaient à éclaircir les ennuis les plus élémentaires de son quotidien.

Deux longues heures encore il frappa dans le sac, jusqu’à ce que ses mains fussent meurtries et prêtes à saigner. A son tour il se dirigea vers les vestiaires, vers leurs douches, il remonta jusqu’à sa chambre, se déshabilla, se laissa tomber sur son lit, dans le noir, entouré par les cartes, les photographies, les transcriptions de conversations incompréhensibles et les plans, et les paupières lourdes s’endormit, son but enfin atteint d’une nuit sans rêve.

FIN
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