Une nouvelle journée de travail en perspective s'anonçait et avec elle une certaine appréhension, qu'allait-il se passer aujourd'hui ? La bonne nouvelle c'était qu'elle commençait par une patrouille. Seul le coéquipier pouvait être embettant, vu nos divergeance d'opinion au sujet des mutants. Mais nous avions fini par trouver un terrain d'entente. Heureusement vu le temps que l'on pouvait passer ensemble.

J'allais donc au boulot à l'heure et allait directement me prendre un café pour me réveiller. J'attendais mon coéquipier pour pouvoir partir. Etonnement il n'était pas là même une demi-heure après. Je profitais de son retard pour mettre de l'ordre dans mes papiers. J'entendis la dispute entre Hart et le chef. Une fois encore, ils se prenaient la tête. Je me demandais comment il faisait pour toujours mettre ses suppérieurs en rogne.

J'écoutais d'une oreille distraite la conversation, inquiète de voir qu'il était encore plus en retard que Hart. C'est d'ailleurs ça qui nous permettait de savoir à quel point on était en retard. Je décidais d'aller me prendre un autre café, je dormais sur place. Quand je revins, le chef était dans son bureau et tout était calme. Camerdon s'adressa à moi.

- Pascale ! Philips est à l'hopital, dos coincé.

Je me dis qu'il avait pas de chance. Ce n'était pas la meilleure manière d'être excusé au travail. Mais je me demandais ce que j'allais faire et surtout avec qui j'allaks me retrouver. Il continua sur sa lancée pour m'anoncer la suite des choses.

- Tu pars quand même en patrouille mais avec Hart. Vous partez aussi vite que possible. Vous savez ce que vous devez faire...

Je hochais légèrement la tête. Hart, d'après ce qu'on disait ce n'était pas le meilleur coéquipier possible. Enfin beaucoup disait la même chose de moi avec ma volonté d'aider les mutants. Je le regardais et lui souris, essayant d'être polie. C'était la première fois qu'on ferait équipe, il faut une première à tout. Malgré ce changement il ne semblait pas si mécontent que ça. Qui sait comment s'était terminé la confrontation.

- Bon apparement on va faire équipe... On prend quelle voiture ?

- Un conseil conduit si tu tiens à la vie... Encore que s'attaquer à un mutant sans avoir d'arme venant de toi est étonnant, et surtout qu'il finisse derrière les barreaux. On déteindrait sur toi ?

Je serrais les dents et lui jetais un regard noir. Qu'est ce qui m'avais pris de me mêler de cette histoire. C'est sur que venant de moi une arrestation de mutant était étrange mais ilne me connaissaient pas. Jack était le pire et j'évitais de partir en mission avec lui depuis notre seule et unique intervention. Je décidais de couper court aux autres remarques dans ce genre en sortant sans rien dire. A quoi bon ?

- Tu viens... ?

- Quel sens de l'humour, non mais c'est vrai on devrait te decerner une médaille, ton premier mutant arrêté !

Je crus que j'allais lui sauter à la gorge et il me fut très difficile de rester humaine. Surtout que là je n'aurais pas été contre le fait de lui régler son compte une bonne fois pour tout et mon pouvoir essayer de se la ramener en me poussant à la transformation. J'entendais tous les petits bruits dans la pièce et je sortis en vitesse avant de faire un malheur.

Malgré tout je n'avais pas peur de monter à côté de quelqu'un qui avait une conduite... sportive. Ce que je me demandais c'est si on serait sur la même longueur d'onde concernant la façon de traiter les mutants. D'après les rumeurs oui, mais je n'avais jamais tenu compte des rumeurs. Alors on verra bien, même si j'aurais que là elle soit vraie.

- Tu ferais mieux de conduire...

Même une fois dehors j'avais envie de me transformer pour pouvoir passer mes nerfs sur quelque chose et je tremblais de colère. Il valait donc mieux que ce soit lui qui conduise pour éviter un accident. Je voulais qu'on parte vite fait ou qu'il me parle histoire de me calmer...

La journée avait pourtant bien commencé, je savais que je ne passerais pas beaucoup de temps au bureau, j'étais avec mon partenaire habituel, que demander de plus. Sauf que ce début heureux fut vite piétiné, mon collègue étant à l'hopital. Enfin, vu que je partais quand même avec quelqu'un d'autre ça aurait pu aller, sans les commzntaires de mes collègues, qui ne savaient pas ce qu'ils risquaient à me mettre en boule.

On avait fini par sortir et j'essayais de me calmer. Je lui dis de prendre le volant histoire de ne pas nous faire avoir un accident. Il dit qu'il avait bien l'intention de conduire. Cela me rendit un peu méfiante, mais je ne me doutais pas de ce qui m'attendait, suftout que la colère reprit le dessus sur l'inquiétude.

Je montais dans la voiture de fonction qu'il avait décidé de prendre. J'étais toujours sur les nerfs, mais il ne faisait aucun commentaires sur ce qui avait été dit. Je lui en étais reconnaissante. De toute façon, un commentaire aurait été à ses risques et périls. Aux miens aussi mais je ne le savais pas. Il démarra alors. J'eus juste le temps d'attraper la poignée au dessus de la portière qu'il sortait en trombe. Je comprenais ce qu'avait voulu dire notre collègue. Mais je n'avais pas peur de ce genre de conduite. J'avais surtout peur pour les autres.

Heureusement il n'y avait personne et on prit la route sans problème. Je me demandais comment de temps on allait pouvoir rouler sans accident. Parce que vu comme c'était parti je craignais le pire, surtout pour les autres. Enfin, malgré sa façon de ne pas regarder s'il y avait quelqu'un la où il allait il conduisait plutôt bien.

Là il me demanda des précisions sur les paroles prononcées sur l'histoire du mutant. Je passais un moment silencieuse. Je prie le temps de voir la raison de cette question. Apparemment c'était juste de la curiosité, donc je restais calme même si je n'aimais pas raconter ça.

- Oui, c'est moi. Je vois que tu en as entendu parler. Un meurtre et trois tentatives... j'ai finalement réussi à l'arrêter, enfin à le mettre ko, et ce sont d'autres quu s'en sont occupés. Je ne sais même pas exactement pourquoi tout ça est arrivé.

Je ne racontais pas la totalité de l'histoire, pour protéger les deux autres et surtout l'autre mutante. J'avais aussi caché l'utilisation de mon pouvoir, je ne lui faisais pas suffisement confiance pour ça. Enfin après il pensait ce qu'il voulait. Je n'imaginais même pas pourquoi il posait cette question, on m'avait assez souvent posé la question.

- Enfin, je n'avais pas le choix, c'était ça ou notre mort...

Je pensais soudain qu'on risquait de rencontrer un problème, celui de comment agir avec un mutant. Moi j'étais pour les traiter comme des humains, et s'ils étaient menaçants, agir en conséquence. Alors que d'autres voulaient les arrêter direct sans savoir ce qu'il se passait. Ce qui m'avait valu les remarques précédantes. Donc il valait être au courant.

- Je ne sais pas toi, mais je n'irais jamais arrêter un mutant avec pour seule raison que s'en est un. C'est comme ça que je fais et tu ne me feras pas changer !

Je sentais venir une dispute car je m'étais toujours montrée inflexible sur ce point là et je n'allais pas changer aujourd'hui. Le seul qui l'avait compris était Jim, il ne partageait pas ma façon de penser, mais il me laissait la possibilité de faire à ma manière. J'aurais aim que ce soit pareil avec lui.

On sortait du poste de police sur les chapeaux de roue. Malgré l'impression de laisser mon estomac sur le parking, je n'eus pas peur. Ça me rappelait certaines attractions, je n'y avais pas peur alors ce n'est pas ici que j'aurais peur. Il me demanda des explications sur le mutant que j'avais arrêté et je lui expliquais les grandes lignes. Je ne savais pas exactement s'il écoutait ce que je disais, mais il avait demandé.

Il ne réagit que lorsque je decidais de dire clairement ce que je faisais pour les mutants. Il me répondit que lui il arrêtait les gens comme les mutants qui dépassaient les bornes. Ben au moins on allait s'entendre et non se disputer. Cela m'enlevait un poids car je détestais ces moments. Surtout que la plupart du temps ils me prenaient pour une idiote.

- Tant mieux, au moins on s'entend la dessus.

Pour le reste je ne pouvais pas dire vu qu'on ne se connaissait pas tellement, mais on pourra faire notre boulot normalement. La dessus il redémarra en trombe quand le feu passa au vert et je ne sursautais pas. Tant qu'il ne grillerait pas de feu ou ce genre de chose, je ne lui ferais pas la morale, il conduit comme il veut c'est son problème. Surtout qu'à mon avis il se fait assez remonter les bretelles par nos supérieurs comme ça.

Il dit alors qu'il espérait que je sache faire mon boulot parce qu'il détestait les boulets. J'aurais pu le prendre mal, mais il avait plutot raison de s'inquiéter de mes capacités. Je savais pourquoi il sisait ça, certains flics on se demandait comment ils l'étaient devenus. D'autres étaient des bureaucrates qui avaient oubliés ce qu'était le terrain. Heureusement je ne faisais parti d'aucun de ces deux groupes.

- J'ai toujours bien fait mon boulot, je ne suis pas un boulet. Tu peux compter sur moi sur le terrain.

C'était le minimum qu'on demandait à l'autre, pouvoir faire confiance à l'autre pour assurer ses arrière et inversement. Sans ça, on riquait de finir avec une balle dans le corps plus vite qu'on ne le pense. Surtout dans certains quartier chaud de la ville, dont le hell's.

- J'espère que la réciproque est vrai !

Ce n'était pas pour remettre en cause sa façon de travailler mais je voulais savokr que je pouvais lui faire confiance, même si ce serait difficile au début. Enfin qui vivra vera et j'espère vivre longtemps.

- On commence par où ?

Une nouvelle fois, alors que cette fois c'était lui qui avait posé les questions, il répondit à peine. Ses réponses n'étaient pas faites pour me rassurer d'ailleurs, surtout le "L'espoir fait vivre...". J'étais censée être en confiance après ça. Enfin je ferais avec. L'essentiel était qu'il se concentrait sur la route, au moins on ne risquait pas un accident.

Je lui demandais alors par où il comptait commencer la patrouille. Il me répondit que ce serait par ici, direction le Hell's. Génial, comment bien commencer une patrouille, commencer par l'endroit le plus dangereux de New-York pour les flics. J'espérais malgré tout que rien de notable n'arriverait, je n'étais pas du genre à vouloir de l'action à chaque fois que je sortais. Même si parfois, il était appréciable de rompre la routine. Je hochais malgré tout la tête, comme si cela n'avait pas d'importance, de toute façon on finirait bien par y aller à un moment ou à un autre.

La dessus, la C-B fit du bruit et je la décrochais, préférant qu'il se concentre sur la route. Ce fut Camerdon qui fit une annonce au sujet d'un commerçant qui avait des ennuis avec des gars. C'était sur notre route, alors on allait s'en occuper. Je m’apprêtais à répondre quand Hart m'arracha l'appareil des mains pour dire qu'on prenait l'histoire. Je restais un instant étonnée, à cause du fait qu'il m'ai pris l'appareil, mais je revins à l'instant présent et le récupérais quand Camerdon me demanda de les tenir au courant. Il nous donna l'adresse et je levais les yeux au ciel, il ne sait pas lire ou quoi ? Je ne répondis pas vu qu'il avait terminé.

Le manque de confiance en Hart m'étonnait un peu, pourquoi c'était à moi qu'il avait demandé des compte et pas à Hart alors que c'était lui qui avait répondu ? Enfin je le verrais bien à un moment donné, le plus tard possible je l'espérais. Sa petite remarque n'était pas non plus faite pour me rassurer, il comptait s'amuser... Espérons que ceux qui était dans la boutique soient plutôt calme et enclin à déguerpir quand ils verront des flics. Je me concentrais sur la route, alors qu'il l'a remontait sans mettre de gyrophare et en slalomant. Pour ce qui est du gyrophare, j'étais mitigée, j'aurais préféré qu'il le mette pour conduire comme cela, mais d'un autre côté, il était préférable de ne pas prévenir de notre arrivée.

On arriva enfin devant la boutique en question et des bruits et des éclats de voix se faisaient entendre. Ben pour le calme s'était mal parti, il restait la possibilité de calmer le jeu. Je descendis de voiture et regardais la boutique. Rien ne laissait transparaître de l'extérieur, hormis les bruits. A mon avis, il y aurait pas mal de débris. Bon c'était simple, on entre, on les calme, s'ils ne se calment pas, on les coffre. Très simple en théorie, pourquoi dans la pratique ça ne marche jamais comme ça ? Enfin, espérons que pour une fois ça marche.

- Bon, on entre, on les calme, si ça marche pas on les coffre. A part si tu as une autre idée...

J'attendis sa réponse et on entra dans la boutique. Dés le premier regard, je vis qu'on allait pas les calmer aussi facilement que cela. Il y avait des débris de verre un peu partout. Ils étaient quatre, quatre contre deux ça pouvait aller, même si certains devaient avoir des armes, de nos jours qui n'en a pas ? D'ailleurs, l'un d'eux pointait un flingue en direction du commerçant. Et merde !

- Hey vous deux, on est occupé avec le chef, repassez plus tard !

Là ce n'était pas vraiment le moment de parler calmement et surtout pas de dire police, ce serait le meilleur moyen de se prendre une balle dans la peau. Je me tournais vers mon coéquipier pour voir quelle attitude il comptait adopter, pas question qu'on fasse deux choses différentes. Enfin on pouvait toujours essayer d'y aller calmement, on y perdrait rien.

- Vous feriez mieux de vous barrer avant d'avoir des problèmes, les flics n'aiment pas les têtes brûlées...

[HJ : Désolée pour le retard. S'il y a quoi que ce soit qui ne va pas dis le moi.]

[ Ne t'en fais pas pour le retard, y'a pas de mal, et ton post me va très bien. Si jamais quelque chose te chiffonne dans ce post ci, dis le moi aussi. ]

- Ça m'va, répondit Hart en claquant sa portière. C'est simple, ça me plait.

Mais quand on possède un seuil de patience dangereusement proche de zéro, calmer une bande de voyous s'avère plutôt délicat. Encore plus lorsque les voyous en question sont armés. Morgan fit cette constatation lorsqu'il entra, mains dans les poches, dans la petite boutique. Derrière les verres noirs de ses lunettes de soleil, il jeta un coup d'oeil autour de lui. Quatre hommes postés face au comptoir caisse, des débris d'un présentoir de verre à leur pieds, un caissier – petite quarantaine, type caucasien, pas du genre à savoir se défendre efficacement – visiblement pas très rassuré mais qui gardait son calme et un canon pointé dans sa direction. Maintenant c'était clair, ces petits cons n'étaient pas venus pour acheter un pack de bières.

- Hey vous deux, on est occupé avec le chef, repassez plus tard ! Lâcha alors l'un deux en voyant entrer les deux flics.

Celui là, Hart le prit immédiatement en grippe. Il se jura de le taper en premier quand viendrait le moment d'en venir au mains. Car naturellement, il pressentait qu'il leur faudrait en venir aux mains. Alix leur intima de prendre la poudre d'escampette, lui et ses potes et son collègue ne put qu'approuver. Mais naturellement, son ordre eût tout sauf l'effet désiré sûrement car ces braqueurs du dimanche ignoraient à qui ils avaient affaire.

- Ouais ! Et nous on aime ni les flics ni les nanas qui se mêlent de ce qui les regardent pas.

Tout en parlant, l'homme avait vaguement pointé son flingue en direction des deux policiers.

- Ça va vieux, fout leur la paix, ils vont dégager dans deux secondes, lança un autre sur un ton qui indiquait qu'il y avait tout intérêt à faire ce qu'il disait.

Son collègue armé agita son revolver dans un geste agacé avant de le braquer à nouveau sur l'épicier qui ne savait pas vraiment si la venue de ce coupe étrange augurait quelque chose de bon. Morgan de son côté sentait son dos le chatouiller, signe qu'il venait de faire un pas sur le chemin de la perte de patience. Il ôta ses lunettes de son nez pour les poser sur une étagère de boîtes de conserve juste à côté de lui. L'un des braqueurs s'écria alors :

- Putain ! C'est l'enfoiré de flic qu'a embarqué mon frère y'a un mois !

Morgan se redressa, piqué au vif et fusilla du regard ce type qui osait le traiter d'enfoiré. Lui aussi, il le prit en grippe.

- Parfait, aujourd'hui je vais pouvoir coffrer le deuxième morceau de la paire d'enfoirés, répondit Hart alors que tous les braqueurs et le vendeur tournaient la tête vers lui. Alors maintenant on arrête les conneries et on pose gentiment ces flingues, ok ? Je vais pas le répéter.

Ça pouvait ressembler à des négociations mais il était aisé de deviner que Morgan ne jouerait pas le jeu encore longtemps. Il jeta un oeil à Alix en espérant l'encourager à se tenir prête pour l'action. Dans son dos, sous ses vêtements, il laissa se former quatre tentacules pas plus gros que les doigts de sa main. Il était préférable qu'il n'ait pas à s'en servir – exposer sa mutation était loin d'être une chose judicieuse – mais ça avait le mérite de le détendre un peu. Le braqueur sortit alors prestement son pistolet qu'il avait dû garder dans sa poche arrière de pantalon et visa Hart avec. Ses copains délaissèrent le vendeur prostré derrière son comptoir et firent de même. Les deux policiers se retrouvèrent donc à cet instant avec quatre canons pointés droit dans leur direction. Morgan commença à lever prudemment les mains tout en réfléchissant à toute allure pour trouver une solution qui lui éviterai de finir transformé en passoire.

- Tu dégages ou j'te crève ! S'écria le frère de la victime de Hart en armant son flingue.
- Je crois que c'est foutu pour les négociations, grinça le flic entre ses dents à l'adresse d'Alix.

Hormis reculer doucement, les deux policiers ne pouvaient pas faire grand chose. S'ils faisaient mine de dégainer, leurs adversaires les cribleraient immédiatement de plomb. Cherchant toujours un plan, Morgan fit un nouveau pas prudent en arrière et se rappela soudain qu'il avait laissé sa paire de lunettes sur une étagère de boîtes de conserve. Il sourit intérieurement. Il l'avait, son plan.

- Ok, ok. On dégage mais je récupère mes lunettes avant.

Gardant une main levée, il s'avança précautionneusement pour récupérer son bien, suivi du regard par les braqueurs. Centimètre par centimètre, ses doigts se rapprochaient des lunettes noires avec une lenteur tellement exagérée que personne ne comprit ce qui se passa lorsque Morgan saisit une boîte de haricots à la tomate qu'il balança à toute vitesse en plein dans la tronche de l'homme le plus proche de lui. Il y eût un gros « SBEUM », puis un cri et une détonation et Hart eût tout juste le temps de saisir Alix par le bras pour l'abriter derrière un rayon avant que tous les autres n'ouvrent le feu.

Il était d'accord avec mon plan, c'était l'essentiel. Mais bien il fallait qu'ils y mettent du leur pour coopérer, ça c'était une autre histoire... Enfin, on verra bien, s'il était aussi simple de les calmer on ne nous aurait pas appelé a l'aide. Nous entrames donc dans la boutique, ne sachant pas ce qui nous attendait.

Nous pumes vite voir qu'il ne serait pas simple de ramener le calme. Ils nous dirent déguerpir dès notre entrée... Encourageant ! Au moins, ils ne nous menaçaient pas vraiment. Quand je leur signalais qu'ils feraient mieux de déguerpir avant l'arrivée des flics, ils m'envoyèrent promener. Je n'avais jamais aimé qu'on me parle sur ce ton, surtout venant de morveux dans leur genre. Je commençais à sentir mon calme fondre et mon pouvoir se manifester. Mais heureusement j'étais encore calme, pour l'instant.

L'un d'eux, le chef vu la façon dont il parlait, lui dit de se calmer. Il avait de l'autorité et semblait malin, avec un peu de chance on arriverait à parler. Heureusement pour nous, il détourna l'arme de notre direction, mais il la pointa en direction de l'épicier. Sachant que tout ce que je pourrais dire leur passerait au dessus de la tête, je préférais laisser une chance à Morgan de se débrouiller. Je tournais la tête dans sa direction en me reculant d'un pas, histoire d'avoir un angle de vue sur tout le monde.

Là il enleva ses lunettes. Cela m'étonna, mais il bossait comme il veut alors je m'en foutais un peu. Le seul problème ce qu'ainsi un des braqueurs le reconnu et apparemment il lui en voulait. C'était vraiment pas de chance. Vu que tout le monde était plutôt concentré sur lui je portais plus ou moins ma main à mon arme, suivant en meme temps la conversation sans intervenir. Sauf que la discussion s'envenima et le gars en question pointa une arme sur nous. Cela me fit lever les mains en signe de rédition, pas question de me prendre une balle bêtement.

- Je crois que c'est foutu pour les négociations...

Ses paroles m'étaient adressées et je lui jetais un regard noir. Il osait parler de négociations ?! Ça avait plutôt été un échange d'insultes...

- C'est comme ça que tu essaie de calmer le jeu ?! J'avais prononcé cette phrase sur le même ton que lui. J'espère que tu as une idée !

C'était lui qui nous avait mis dans ce merdier, c'était à lui de nous en sortir. On commençait à se diriger à reculon vers la sortie, quand il dit vouloir prendre ses lunettes. Je faillis dire qu'on en avait rien à faire de ses lunettes, mais cela devait avoir une importance. Je me préparais donc àtout, en espérant que ce ne soit pas juste une extravagance.

- Récupère tes lunettes et dégagez ! En vitesse !

Malgré le fait que je m'attendais à quelque chose, je fus surprise de le voir balancer la boite de.conserve sur celui qui nous tenait en joue. Je repris mes esprits assez rapidement pour, quand il me tirait à l'abris, garder suffisament d'équilibre pour ne pas me faire mal en atterrissant derrière un étalage. J'espérais que l'épicier avait eu la présence d'esprit de se planquer derrière sa caisse alors que les coups de feu partaient dans tous les sens -surtout dans notre direction... Je le remerciais d'un hochement de tête, l'heure n'étant pas aux effusions dans ce genre, plutôt aà celles de sang.

- Faut avoir le type qui semble les diriger, mais si on le tue, ils vont pêter un cable...

Je poussais une partie des marchandises tout en sortant mon arme. Bien sur eux aussi s'étaient surement réfugiés derrière des rayonnages, ils n'étaient pas aussi cons quand même... Je ne voyais pas grand chose de ma position, mais se relever aurait été du suicide. Il fallait bouger de là...

- Il faut qu'on dégage de là, on va finir par se prendre une balle qu'on ke veuille ou non. Il nous faut un point de vue...

J'espérais que pour une fois il ne serait pas laconique, ce n'était pas le moment. Je commençais à me déplacer à l'opposé de là où on avait attéri, de l'autre côté il n'y avait que du vide, pas de cachettes. Là j'arrivais à un endroit où il fallait changer de rayonnage, ce qui m'arrangeait, mais c'était aussi un endroit parfait pour se faire tirer dessus.

Je me retournais alors vers Hart et lui indiquait moi suivit d'un «grand» geste en direction de là où je voulais attérir puis je montrais leur direction. J'espérais qu'il comprenne que je voulais une diversion. Jusque là j'avais parlé à voix basse mais j'ignorais s'ils pouvaient entendre ou non. Alors autant ne pas prendre de risques et compter sur leur impétuosité pour qu'ils se concentrent sur l'attaquant.

- Faut avoir le type qui semble les diriger, mais si on le tue, ils vont péter un câble …
- Si on le tue, mes supérieurs vont m'emmerder encore plus que d'habitude, répondit Hart au milieu du vacarme de coups de feu.

Il dégaina ses deux flingues, les arma puis osa un bref regard vers l'endroit où se tenaient encore cette bande de braqueurs de pacotille quelques secondes auparavant. Ils n'y étaient plus. Ils venaient de se planquer eux aussi derrière un rayon. Le vendeur lui, avait trouvé refuge derrière son comptoir. Morgan rentra la tête à l'abri pour éviter de se prendre une balle en plein dedans mais quelques secondes plus tard, les coups de feu cessèrent. Il pût entendre les quatre hommes les couvrir, Alix et lui, d'insultes et de menaces en tous genre tandis qu'ils rechargeaient. Ils n'étaient pas venus les mains vides. Ce petit gang devait adorer jouer aux plus malins avec leurs pistolets mais force était de constater qu'ils manquaient cruellement de savoir faire question maniement des armes. Ils tiraient partout sans réellement prendre le temps de viser. Les deux policiers, Alix la première, comptèrent profiter de cette très brève accalmie. La jeune collègue de Morgan s'avança jusqu'au bout du rayon tout en exposant ce qu'elle voulait. Morgan, laissant de côté son cynisme récurrent pour laisser s'exprimer son professionnalisme, acquiesça d'un signe de tête, pensant avoir compris son plan. Il allait devoir attirer l'attention des tireurs. Mais alors qu'il avançait sans se relever vers l'extrémité du rayonnage opposée à celle d'Alix, le vendeur rampa de derrière le comptoir où il s'était caché, dans l'espoir de rejoindre la petite porte de service située tout près. Hart voulu lui hurler « NON !! » mais il était déjà trop tard. Le petit homme reçu deux balles dans la jambe droite et dans un sursaut, retourna d'où il venait en gémissant de douleur.

- Mais quel crétin celui-là ! Pesta Hart.

Bon, au moins il avait son début de diversion. Il jeta un regard à Alix pour voir où elle en était puis attrapa une nouvelle boîte de conserve.

- Écoutez tas de lopettes, on a trois voitures qui vont arriver en renfort d'ici deux minutes, hurla le flic de sa voix des mauvais jours. Alors vous allez être raisonnables et arrêter de tirer dans tous les sens comme des manches. Vous avez aucune chance SAUF SI VOUS ARRÊTEZ VOS CONNERIES !

Alors qu'il parlait, les tentacules miniatures qu'il avait matérialisés quelques instants plus tôt se mirent à s'étirer et serpentèrent sous ses vêtements pour former une couche noirâtre par dessus sa peau. Seuls sa tête et ses doigts ne furent pas recouvert. La substance, en complément de son épais blouson de cuir, pourraient faire office de gilet pare-balles à Morgan. Quand il eût terminé sa tirade, il se retourna et lança la conserve dans la direction des braqueurs embusqués. Il espéra qu'Alix comprendrait qu'il était en train de faire ce qu'elle lui avait implicitement demandé : distraire leurs adversaires. La boîte métallique s'écrasa au sol dans un grand bruit et Morgan bondit alors par dessus le rayonnage dont le haut arrivait à peu près à hauteur de ses hanches quand il se tenait debout. Deux coups de feu retentirent, accompagnés d'éclats de voix. Le grand flic se positionna de façon à être moins aisé à toucher. A présent, deux étagères comme celle qu'il venait de franchir le séparaient encore des quatre enfoirés qui avaient eût ce matin la très mauvaise idée de venir braquer cette épicerie.

- J'ai dit on arrête les conneries maintenant ! Aboya Hart en lançant cette fois une boîte de céréales.

C'est vrai qu'il serait bientôt temps que cela s'arrête, son coup de bluff quand aux trois voitures de police ne fonctionnerait pas pendant une éternité. Il regarda à nouveau l'endroit où Alix avait dû passer pour savoir où elle en était, mais il ne la vit pas. Son champ de vision était bloqués par les rayons. Il n'y avait plus qu'à souhaiter que la tentative d'approche désespérément ostentatoire de Hart ait permis à sa collègue d'avancer sans se faire repérer.

[ Pardon d'avoir pris un peu de retard moi aussi, j'espère que ce que j'ai raconté te convient. ]

La journée n'avait pourtant pas si mal commencée, mais bon, la chance ne dure jamais longtemps. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous nous étions retrouvés mitraillés dans une épicerie où nous étions juste venus discuter pour calmer des jeunes. Sauf que cela avait mal tourné, et sans Hart, nous serions dehors ou criblés de balles, au choix. Bien sur, il ne fallait pas en demander plus à mon pouvoir pour qu'il se réveille encore, massacrant mon caractère qui était déjà pas mal énervé. Ce qui expliquait que je parlais de descendre leur chef sans sourciller.

Ce fut Hart qui me ramena à la réalité et coupa plus ou moins mon pouvoir. Le fait qu'il parle des ennuis avec les chefs me rappela que moi non plus je ne devais pas les tuer. Je détestais mon pouvoir quand il faisait ça, surtout quand j'étais dans l'état d'esprit où lui pouvait être. Tuer était la réaction primaire à un danger, sauf que je ne voulais pas vraiment réagir ainsi. C'est pourquoi je hochais la tête quand il parla des ennuis. Il regarda à son tour du côté de nos adversaires pour constater qu'ils s'étaient planqués.

Je décidais donc, puisque attaquer de front n'était pas envisageable, à moins de vouloir mourir, de contourner le problème. Je me déplaçais donc vers l'autre côté du rayon pour pouvoir les prendre à revers. Je demandais alors une diversion à Hart pour ne pas me faire canarder en changeant de rayon. Car s'ils avaient arrêté de tirer -surement pour économiser les balles- les insultes qui fusaient ne laissaient aucun doute sur le fait qu'ils nous descendraient sans hésiter. Il semblait avoir compris ce que je voulais et j'attendais, sans plus le regarder sa diversion. Je ratais donc le fait que le caissier avait essayé de sortir, je n'entendis que le coup de feu et les gémissements. Je me retournais donc, craignant que ce soit Hart qui soit touché, mais compris qu'à défaut qu'il soit blessé, ce soit le caissier qui ait encaissé une balle.

Je me reconcentrais alors sur mon plan et attendis la suite, jetant un bref coup d'oeil pour voir s'il n'y en avait pas un qui était planqué juste à cet endroit là. A ce moment là, il commença à les menacer et je passais rapidement vers l'autre rayon, n'attirant apparemment pas l'attention. Je n'écoutais que d'une oreille ce qu'il disait, mais je comprenais qu'il parlait de renfort et autre, sauf qu'on n'en avait pas et que cela ne marcherait donc qu'un temps. Il allait donc falloir agir et vite, surtout que quelqu'un était blessé et peut être gravement.

Je courrais presque accroupie, manquant à tout instant me manger le sol. Je me fiais au son de la voix de Hart et des insultes des autres, plus les coups de feu qui avaient fini par reprendre. N'entendant aucun bruit de plainte, je compris que personne n'avait été touché cette fois ci. Je pensais alors arriver à peut près derrière eux, après tant de changement de rayons, d'ailleurs cela avait quelque peu brouillé mon sens de l'orientation, surtout en position accroupie comme celle là.

Je me relevais donc doucement pour me situer et la porte d'entrée m'indiqua que j'étais arrivée où je voulais. Par contre, je ne voyais pas où étaient exactement situés les autres, ni Hart. Alors que je me rasseyais pour réfléchir, je vis un de ces miroirs qui permettent aux caissiers de voir ce qu'il se passe dans les rangées. Je me déplaçais donc jusqu'à voir ce qui m’intéressait, c'est à dire les malfrats. Je n'avais pas une bonne vue, mais je ne pouvais faire mieux à moins de me mettre à découvert. Apparemment, ils étaient tous dans la même rangée -les idiots- et j'avais une idée de comment les avoir.

Je jetais à nouveau un regard à côté du rayonnage pour vérifier que personne ne me voyait, à part Hart, lui j'aurais bien aimé qu'il me voit et qu'il comprenne ce que je faisais. Impossible, il n'est pas télépathe, dommage... Mais bon, le connaissant -je sais je ne le connais que (très) peu- il devait se tenir prêt à toute éventualité. Je passais ainsi sans encombre jusqu'à derrière eux, j'aurais préféré être loin, mais les rayons étaient trop espacés pour cela, et aller jusqu'au côté droit du rayon (ta gauche). J'hésitais un instant avant de me lancer.

- Bande d'idiot !!

La phrase criée était surtout pour Hart, qui comprendrait que j'allais agir. Je poussais donc le rayonnage devant moi, tout en le faisant un peu translater vers l'avant avant qu'il ne s'écroule, sur eux j'espérais. Là dessus, je me relevais tout en allant en direction du rayon à côté, pour pouvoir m'y plaquer si ça ne marchait pas.

- Jetez vos armes ou je tire !

La translation avait permis de faire tomber, en partie, le rayonnage devant eux, libérant l'espace pour Hart. En fait celui de devant c'était à moitié effondré.

A partir du moment où Alix décida de passer proprement à l'action, tous les évènements s'enchaînèrent remarquablement vite. Mais pour les participants de cette petite fête improvisée, au sang gorgé d'adrénaline, tout sembla se dérouler bien plus lentement. Assez lentement pour garder un semblant de cohérence. Un grand fracas retentit quand la collègue de Hart fit tomber un rayonnage en avant, mettant un peu plus la « bande de guignols » - comme disait Morgan – à découvert et la forçant à reculer toujours plus vers le fond du magasin.

- Jetez vos armes ou je tire ! Invectiva Alix.

Contrairement à son équipier, elle prenait la peine de lancer un avertissement avant de passer à l'acte. Morgan lui se pencha sur le côté, remarqua qu'aucun braqueur n'avait lâché son pistolet et décida de tirer. Mais alors qu'il allait presser la gâchette, l'un des hommes en face, celui qui semblait être le chef, laissa tomber son revolver à terre et leva lentement les mains en l'air. Ses compagnons hésitèrent un instant puis firent de même avant de reculer lentement contre le mur le plus proche. Morgan sentit un rictus lui étirer le coin des lèvres. Ces abrutis devaient croire à son coup de bluff. En plus de cela ils avaient dû comprendre que les deux policiers n'abandonneraient pas la partie de sitôt !

Le flic se releva doucement, adressa un petit signe à sa collègue qu'il distingua enfin, et s'approcha de ses proies en les menaçant de ses deux flingues.

- C'est bien, grogna-t-il sans les quitter des yeux. On ne bouge plus.

Il était en train de réfléchir auquel il allait frapper en premier. Comme il se l'était promis un peu plus tôt, il opta pour le premier qui leur avait adressé la parole quand ils étaient entrés. Frapper cet empaffé aurait deux utilités : 1 ) lui apprendre qu'on ne doit pas jouer au malin et braquer des épiceries 2) défouler Morgan. Celui-ci rangea un de ses flingues dans son holster et récupéra la paire de menottes qu'il portait à la ceinture. Il toisa du regard les quatre hommes alignés devant lui avec dans son regard une expression de parfaite domination lorsqu'un gémissement attira son attention. Le tenancier blessé était toujours caché derrière le comptoir et il faudrait songer à s'occuper de lui avant d'avoir des ennuis. Alors que cette pensée effleurait l'esprit de Hart, le braqueur le plus proche de lui profita de ce minuscule instant d'inattention pour désarmer le flic d'un coup d'une précision diabolique. Morgan lâcha son arme et son adversaire lui envoya une superbe droite dans la mâchoire. Le voleur fût immédiatement rejoint par un de ses complices tandis que les deux autres se jetaient sur Alix, profitant de l'agitation.

Surpris, sans arme, Hart fût projeté au sol. Il reçut un nouveau coup de poing puis en para un second, sentant la rage l'envahir. Il s'était fait avoir ! Ce qu'il pouvait détester ça ! Il tenta de se redresser et aperçu soudain un éclair argenté dans son champ de vision. Une lame de couteau. Ses adversaires avaient l'intention de le découper en tranches. Il détesta encore plus ça et mit encore plus d'énergie dans ses coups. Mais il était à terre, position peu pratique pour avoir le dessus. Le premier braqueur lui plaqua l'épaule contre le carrelage et le second lui envoya un premier coup de couteau … qui fût arrêté in extremis par le tentacule noir qui venait de surgir de sous le blouson de Hart. Le membre caoutchouteux s'enroula autour du poignet de l'homme pour tenter de le tordre. Un autre tentacule apparut et, comme s'il semblait doué d'une raison propre, s'enfonça droit dans la narine du braqueur qui maintenait Hart par terre et ce jusqu'à atteindre le fond de sa gorge, bloquant l'arrivée d'air dans ses poumons. Morgan profita de cette diversion pour frapper son adversaire le plus proche puis il se releva et se jeta sur l'homme au couteau, laissant l'autre se débattre tant bien que mal avec le tentacule qui l'étouffait. Le flic hérita de plusieurs coupures là où son blouson de cuir ne l'avait pas protégé – sa seconde peau avait bien minimisé les dégâts mais ça faisait mal quand même – dont une tout près de sa gorge et qui saignait beaucoup. Mais, aidé par un membre supplémentaire, il finit par avoir le dessus et assomma son ennemi en lui claquant le front contre le carrelage.

Il fit volte-face pour voir l'autre braqueur qui s'agitait de façon spasmodique en essayant de se débarrasser de la chose répugnante qui tentait de le tuer, la bouche écumante et la face violacée. La strangulation ne lui réussissait pas … Hart décida d'ôter son tentacule avant de trop esquinter le bonhomme, ce qui risquait de lui attirer trop de problèmes, puis se souvint d'Alix. Alix ! Il tâcha de voir ce qu'il était advenu d'elle et se prépara à bondir pour l'aider à en finir avec les deux braqueurs toujours debout.

J'avais réussi grâce à Morgan et à sa diversion à contourner les braqueurs et à les prendre à revers. J'avais pu entendre que malheureusement, quelqu'un s'était pris une balle, quand à savoir qui... Mais je n'avais pas le temps de m'en occuper, pour l'instant on devait s'occuper des quatre gars, on s'occuperait des blessés plus tard. Rapidement, je fis abstraction de l'inquiétude liée à qui était blessée, pour me concentrer sur ce que je faisais, l'adrénaline aidant. Je me retrouvais finalement derrière eux, à une rangée seulement et me posais. J'ignorais où se trouvait Morgan et comment il allait réagir.

Finalement, j'agis et réussis à mettre à découvert des deux côtés nos adversaires. Hart surgit à son tour en face d'eux et je les invectivais de jeter leurs armes. Je détestais avoir à faire cela et étais sur les nerfs en attendant, j'avais toujours trouvé idiot dans les séries que les flics invectivent les gens plutôt que de tirer, puisqu'il y avait peu de chance qu'ils le fassent. Mais je n'avais pas le choix et devais le faire, ce qui ne m'empêcherait pas de leur tirer dessus au moindre mouvement suspect. D'ailleurs ils ne faisaient pas mine de lâcher leur flingue et j'étais à deux doigts de tirer malgré tout.

Finalement, la tension redescendit d'un cran quand ils se décidèrent à jeter leur armes. Le chef n'était pas si bête que cela et les autres suivirent le mouvement. Je laissais échapper un soupir, je vis Morgan rengainer un de ses flingues, surement pour avoir une main de libre pour leur passer les menottes. Moi même je portais une main à ma ceinture, pour récupérer ma paire. Soudain, j'entendis un gémissement venant de la caisse, inquiète je tournais la tête dans cette direction, j'avais un peu oublié qu'il y avait un blessé.

Malheureusement, Morgan fit la même chose et les braqueurs profitèrent de notre moment d’inattention pour se jeter sur nous. Deux sur moi et deux sur Morgan. Je ne fis pas vraiment attention à ce qui lui arrivait, vu qu'être attaqué par deux personnes n'est pas la meilleure des situations et que par ailleurs mon flingue avait rapidement été éjecté de mes mains. Rapidement, les coups plurent et, soit esquivant, soit encaissant, je me retrouvais par terre, mais avec le plaisir de leur avoir porté quelques coups, un au menton pour celui de droite et l'autre à l'estomac pour le gauche.

Bien sur, cela ne leur plut pas du tout et, profitant de leur position de force, les coups commencèrent à pleuvoir. Après plusieurs coups à l'estomac et au visage, après m'être pas mal débattue, ma jambe entra heurta l'entre-jambe de celui de gauche qui laissa échapper un cri et partit en retraite tout en se tenant. L'autre ne se laissa pas émouvoir par la douleur de son ami et il continuait à me filer des coups. Ma jambe gauche enfin libre partit en direction de ses côtes qui firent connaissance avec mon genoux. Mais lui ne se laissa pas aller à la douleur et son poing frappa avec force ma mâchoire, manquant la briser -heureusement pour moi-, mais brisant ma concentration et mon emprise sur mon pouvoir -malheureusement pour lui. J'étais déjà pas mal sur les nerfs depuis que j'étais entrée dans le magasin et la bagarre avait peu à peu rognée mon calme et ma retenue.

Ce coup fut la goutte qui fit déborder le vase et je me transformais. La rage, plutôt que la colère, me fit sortir les griffes, alors que j'étais toujours sur le dos, et ma patte gauche griffa sa joue, lui lacérant le côté visage. Alors qu'il se reculait en criant, je me remis sur mes pattes et alors que je me retournais, dans un effort de volonté, repris forme humaine. Je réussis à reprendre forme humaine, mais c'était difficile, car j'avais vraiment envie de lui faire payer ça. Mais cela serait difficile à expliquer cela à mes supérieurs, déjà que la trace de griffure ne serait pas simple. Enfin, alors qu'il reculait devant moi, mon poing partit dans sa figure, l'assommant, et je me tournais vers l'autre, qui finit lui aussi évanouit à cause de ma colère alors qu'il ne faisait plus mine de vouloir se battre.

Enfin, le calme retomba sur le magasin. Je me tournais vers Hart, pensant enfin qu'il m'avait peut être vue utiliser mes pouvoirs. Moi qui voulait rester discrète, c'était manqué pour le coup. Enfin, avec un peu de chance vu qu'il avait été occupé, il n'avait rien vu de ma transformation. Je constatais que ses adversaires avaient été aussi mis KO. L'adrénaline retombait et l'inquiétude augmentait. Que se passerait-il ? Ils parleraient sans aucun doute de ce qu'ils avaient vu. Enfin avec un peu de chance personne ne prêterait fois à leurs paroles. A moins que Morgan ne m'ai vu...

Un autre gémissement me ramena à mes priorités et je rejoignais le caissier qui serrait sa jambe. Il s'était prit une balle et elle était plutôt mal placée. Je sortis donc mon portable histoire d'appeler une ambulance et après nos chefs. J'eus rapidement les secours qui nous envoyaient une ambulance aussi rapidement que possible. Je cherchais n'importe quoi qui aurait pu servir à arrêter le sang de couler et trouvais une sorte de chiffon, qui ferait l'affaire, en attendant les secours. Je le nouais autour de sa jambe en faisant pression sur la blessure. Ça calma quelque peu l'écoulement, mais il avait besoin d'aide.

En attendant les secours, je décidais d'éclaircir un certain point avec mon coéquipier. Je me relevais pour aller lui parler quand le caissier attrapa ma manche.

- Ne me laissez pas...

- Du calme les secours arrivent. Il faut aussi qu'on s'occupe de ceux qui vous ont agressé...

Demi mensonge, pas vraiment. Il fallait qu'on leur passe les menottes et qu'on prévienne nos supérieurs de ce qu'il s'était passé. Mais ce n'était pas cela qui me tracassait. Ce qui m'inquiétait était ce qu'avait pu voir Hart... Je retournais donc vers lui et parlais plus doucement qu'il n'était nécessaire.

- Bon... On peut enfin les arrêter... Tu as vu quoi de l'affrontement ?

A ce que Morgan constata, Alix se débrouillait très bien toute seule. Mais elle avait sans doute du employer des moyens assez peu conventionnels … Alors qu'il se tournait vers elle après avoir terrassé ses deux braqueurs à lui, Morgan remarqua une chose assez anormale : ce n'était pas Alix qui était au prise avec l'un des hommes mais une forme noire, massive et rapide. Le temps d'un battement de cil plus tard, sa collègue était réapparue et envoyait un superbe coup à son adversaire. Tout cela n'avait duré que pendant un si court instant que Hart se demanda s'il n'avait pas halluciné. Il n'eût pas trop le loisir cependant de se poser des questions. Deux adversaires assommés plus tard, Alix courait déjà auprès du caissier blessé et Morgan dût rétracter précipitamment ses tentacules sous son blouson, espérant qu'on ne l'avait pas vu.

Décidant que sa collègue n'avait pas besoin d'aide pour s'occuper du tenancier, il se tourna vers ses deux « proies » toutes deux étendues par terre, l'une inconsciente, l'autre commençant à reprendre son souffle. Morgan jeta un regard haineux à l'homme qui le dévisageait en hoquetant. Lui il allait poser problème car il avait bien compris la véritable nature du grand flic au blouson de cuir. Morgan s'approcha d'un pas lent, les yeux aussi noirs que ceux d'un taureau, attrapa les menottes accrochées à sa ceinture, se pencha et murmura un vague « Désolé. » plein de mépris avant d'attraper le braqueur par l'arrière de la tête pour lui taper le front contre le carrelage. Assez fort pour l'assommer, pas assez fort pour l'esquinter. Tout était une question de dosage. Morgan l'avait appris à force de pratique. Avec un peu de chance, s'il jamais il racontait ce qu'il avait vu, il serait facile de faire croire à un simple délire causé par la perte de connaissance. Il menotta ensemble les poignets des deux types puis se dirigea vers le comptoir pour emprunter la paire de menottes d'Alix.

- Bon... On peut enfin les arrêter... Tu as vu quoi de l'affrontement ? Demanda alors celle-ci.

Au ton qu'elle empruntait, il pensait deviner ce dont quoi elle voulait parler. Apparemment cette fille n'était pas l'humaine qu'il s'imaginait. L'hallucination ne devait pas en être une. Morgan était pro-mutant, chose qui ne datait pas d'hier, et son équipière aussi mais ignorant si elle avait vu quelque chose de lui et s'il pouvait lui faire confiance, il choisit de ne pas lui laisser de prise pour l'instant.

- Des tas de choses, répondit-il d'une voix froide. On en discutera plus tard.

Il désigna du menton les braqueurs toujours éparpillés au fond du magasin. Il allait intimer à Alix de lui confier sa paire de menottes lorsque qu'une sensation désagréable le rappela l'ordre. Il passa la main à la base de son cou et se souvint du coup de couteau que lui avait donné son adversaire – ce fieffé fumier - tout à l'heure. La plaie saignait. Morgan pesta et tira un mouchoir en tissus de sa poche pour éponger le sang. Il gardait toujours un truc comme ça sur lui, ça servait toujours. En plus de cette blessure, il allait bientôt devoir s'occuper de son armure corporelle et trouver un endroit discret où il pourrait l'arracher avant qu'elle ne se liquéfie et ne devienne trop pénible à se débarrasser. Et pour cela il disposait d'un bon quart d'heure, pas plus.

- Allez, pressa le flic tout en appuyant un peu plus le mouchoir sur sa plaie, passe moi tes menottes qu'on s'occupe de ceux qui restent. Et arrête de couiner toi, ajouta-t-il au pauvre tenancier, on crève pas d'une balle dans la jambe.

La discussion avait fini en bataille bien rangée et malheureusement à notre désavantage, enfin en apparence. Certes je pris quelques coups et piquais une crise de colère, qui me transformait en panthère, même si je contrôlais plutôt bien cette partie de mon pouvoir, pas tout le temps malheureusement. Enfin, pour le coup, j'étais plutôt contente que mon pouvoir se soit déclenché, même si j'aurais préféré éviter que ce soit devant des témoins et mon collègue surtout.

Enfin, je ne vis pas tout de suite s'il avait vu qui j'étais -ce que j'étais- ou non. Mais je n'avais pas le temps de m'arrêter la dessus pour l'instant. Il y avait un blessé et on devait s'en occuper. Enfin, ce fut surtout moi qui m'en occupait, vu que Hart lui s'occupait de ses deux adversaires. J'avais d'ailleurs cru voir quelque chose niveau de son ventre, mais cela disparu trop vite pour que je puisse déterminer ce dont il s'agissait ou même si je n'avais pas rêver.

Je m'occupais donc de caissier et lui fit bandages, quelque peu simple, mais bon, mieux vaut cela que rien. Je le rassurais, il ne semblait vraiment pas bien, enfin surtout paniqué mais bon. D'ailleurs, Hart revint vers nous et je lui demandais ce qu'il avait vu de mon affrontement. J'avais été brusque et cela avait du lui mettre la puce à l'oreille s'il n'avait rien vu. Enfin, finalement, il avait vu quelque chose, je me mordis les lèvres et il dit qu'il valait mieux en parler plus tard. Il me demanda alors mes menottes et explosa quelque peu envers le pauvre ars et il faut dire que je le comprenais.

Je lui tendis les menottes et vérifiais que le caissier allait bien, enfin aussi bien que possible avec une balle dans la jambe. Je vis d'ailleurs que Hart avait été blessé et qu'il saignait du cou, pas très grave, mais bon ce n'était pas pratique. Je me tournais vers le caissier pour lui demander un renseignement, qu'il me donna.

- Y a-t-il un lavabo quelque part ?

- Oui dans l'arrière boutique. Dit-il un peu étonné.

- Hart, si tu veux aller laver ta blessure, il y a un lavabo derrière... Je vais appeler les secours et nos supérieurs.

J'appelais donc en premier les pompiers, qui comme d'habitude réagirent rapidement et prévinrent qu'ils arrivaient. Je les remerciait plus part habitude qu'autre chose, j'avais l'habitude de les appeler. Après les avoir appelé, je respirais un grand coup. Je savais que j'allais mentir sur ma version des faits, mais je n'avais pas trop le choix, je ne tenais pas à ce que tout le monde sache pour ma mutation. Je finis donc par appeler et attendis qu'on me fasse transférer à qui je souhaitais.

- Allo ?

- Ici, l'agent Pascale, on a régler le problème à l'épicerie et on aurait besoin de gens pour emmener tout le monde au poste.

- Je vous envoie cela tout de suite, tout s'est passé sans problèmes ?

- Pas exactement... On a eu un accrochage avec les malfrats et le caissier est blessé, j'ai prévenu les secours.

- Très bien... J'attends vos rapports...

Et il raccrocha sans que je puisse répondre. Je savais qu'il n'aimait pas forcément que l'on règle les problèmes par la manière forte, mais nous n'avions pas le choix. Il devait peut être aussi se dire que Hart avait fait des siennes, ce qui... était faux. On avait réagit en conséquence de la situation et rien de plus. Il n'empêche qu'il allait falloir régler un petit problème entre tous les deux, mon histoire de mutation...

Un lavabo dans l'arrière boutique. Parfait, Hart irait nettoyer sa plaie et en profiterait pour enlever son « armure » avant que pompiers, flics et compagnie ne débarquent. Hart fit jouer les menottes entre les doigts de sa main qui ne tenait pas le mouchoir en place et se dirigea vers les deux braqueurs qu'avait occis Alix. Pour une femme, elle ne s'était pas mal débrouillée. Un coup de chance sans doute, songea le mutant avec un haussement d'épaules indifférent. Enfin, il valait mieux tomber sur une équipière qui savait filer deux ou trois gnons que sur une potiche. Il s'agenouilla, menotta les deux hommes tout comme il avait menotté les autres et remarqua soudain un petit détail qui confirmait plutôt bien ses soupçons. La joue d'un des bandits portait quatre entailles profondes, parallèles, qui ressemblaient à s'y méprendre a des traces de griffures. Hart n'avait rien d'un spécialiste en félins mais il se souvenait avoir déjà vu de telles cicatrices lorsque lui et d'autres policiers étaient intervenus dans une scène de ménage qui avait mal tourné. Madame avait jugé en avoir assez des infidélités de monsieur et, pour lui apprendre la loyauté, avait fini par lâcher sur lui son léopard apprivoisé. Comme quoi les gens immensément friqués avaient d'aussi mauvaises idées que les autres.

Ses sourcils se froncèrent et il poussa un grognement désapprobateur. Il commençait à faire le rapprochement. Une forme noire, une marque de griffure, une équipière inquiète, ça pouvait coller. Mais en attendant de connaître la vérité, il ne serait sans doute pas le seul à être intrigué par ces traces. Autant éviter d'attirer les soupçons. Il sortit son couteau de sa poche et fit deux entailles supplémentaires sur la joue du braqueur inconscient, croisant les quatre autres. Au moins comme ça, ça ressemblait moins à une griffure. Morgan essuya la lame dans son mouchoir puis se releva. Il comptait bien avoir une petite discussion avec Alix plus tard. En tendant l'oreille, il entendit Alix résumer vaguement la situation à ses supérieurs. Bien, elle n'était pas entrée dans les détails, ça l'arrangeait.

- Surveille, je vais nettoyer ça, ordonna-t-il à son équipière tout en désignant sa plaie.

Une fois dans l'arrière boutique, il entra dans un minuscule cabinet de toilettes. Il se dépêcha de passer un peu d'eau sur la blessure dont le saignement commençait à tarir. Après quoi il ôta son blouson, ses holsters et son t-shirt, toucha la surface noire et luisante de son armure. Un liquide noir vint tacher légèrement le bout de ses doigts, signe que l'armure commençait à se dégrader. Il devait s'en défaire rapidement. Heureusement pour lui, il avait appris comment faire. Il chercha une faiblesse au niveau des fentes de son dos, fit une entaille dedans grâce à son couteau, pinça l'épaisseur de l'armure et commença à tirer dessus. La seconde peau se décolla, puis se fendit sur toute la longueur de son dos, si bien qu'il n'avait plus qu'à l'ôter comme on enlève une combinaison de plongée. Il fit de même pour la partie basse et se rhabilla en moins de trente seconde. Hart se retrouva donc avec une plaie en tout début de cicatrisation et un tas informe de matière noire et caoutchouteuse dont il allait devoir se débarrasser.

Il sortit des toilettes en vérifiant que personne ne se trouvait dans l'arrière boutique et avisa une porte qui devait donner sur l'extérieur. Manque de chance, elle était fermée à clé. Hart pesta entre ses dents. Il voulut la forcer d'un coup d'épaule mais remarqua un objet qui lui éviterait cette peine : une poubelle prête à être placée dehors. Il traversa l'arrière boutique en deux foulées et s'apprêta à jeter le paquet noirâtre dans la poubelle. Dans moins d'un quart d'heure, il n'en resterait plus qu'une flaque visqueuse de toute façon.

Après le combat, qui m'avais vu utiliser mes pouvoirs, ce qui allait me causer pas mal de problèmes assurément. Mais pour l'instant, ce n'était pas le plus urgent, chaque chose en son temps et chaque problème a son heure. Pour l'instant, je m'occupais du plus urgent, la blessure du caissier. Je faisait un pansement de fortune, en attendant que j'appelle les pompiers et qu'ils arrivent, histoire qu'il arrête de se plaindre et qu'il éviter de trop perdre de sang.

Ayant remarqué que Hart avait une petite blessure, qui ne nécessitait pas de soin particulier, je demandais où il pourrait se la nettoyer et lui indiquait la réponse que m'avait donné le caissier. Je lui donnais aussi mes menottes, me rappelant un peu tard la blessure que j'avais faite à l'un des braqueurs. De toute façon, il semblerait qu'il ai vu quelque chose de ma part qui était déjà suffisamment étrange pour qu'il soit encore étonné par une trace de griffure un peu trop caractéristique. Je préférais remettre à plus tard mes inquiétudes, pour l'instant je ne pouvais rien y faire.

Je décidais donc de passer deux coups de fil. Le premier aux pompiers, histoire qu'ils viennent s'occuper du blessé, ce n'est pas que je ne savais pas faire de vrai pansement ou quoi, mais je ne savais pas recoudre ou reconnaître si quelqu'un en avait besoin, donc autant laisser faire les spécialistes. Puis j'appelais le commissariat, histoire de tenir enfin au courant mes supérieurs. Il sembla assez peu apprécier la tournure qu'avait pris les évènements, mais ne pouvait plus rien y faire, alors il ne fit que peu de commentaire. Je jetais alors un regard circulaire sur la pièce. C'était le bordel... Enfin, au moins, on avait arrêté les braqueurs, personne n'avait été tué et rien n'avait été volé.

J'attendis donc les pompiers et les renforts, qu'on puisse aller s'occuper d'autre chose, et surtout discuter de ce qu'il avait vu ou deviné. J'avais quelque peu oublié la petite chose que j'avais vu d'étrange sur lui, étant un peu trop préoccupée par mon propre problème pour m'y intéresser vraiment. Je n'avais pas à m'inquiéter des braqueurs, on s'était bien occupé d'eux et donc ils allaient rester évanouis un moment, de plus ils étaient menottés, donc pas de soucis à se faire.

Finalement, les pompiers arrivèrent et allèrent directement s'occuper du caissier que je leur avais montré. Un d'entre eux me demanda si quelqu'un d'autre était blessé. Je leur signalais la blessure à la joue d'un des braqueurs, sans expliquer sa présence, le fait qu'ils avaient pris pas mal de coups, ce qui ne semblait pas les étonner. Je signalais aussi la blessure reçue par mon collègue qui semblait être seulement superficielle. Ils insistèrent quand même pour l'examiner, on ne savait jamais ce qu'ils avaient fait avec leur lame. Je leur dis alors que j'allais le chercher.

Je me dirigeais donc vers l'arrière boutique, pendant qu'on entendait doucement un autre bruit de sirène, les renforts arrivaient. J'avais juste le temps de prévenir Hart, pour ensuite les accueillir. J'entrais donc sans faire attention au bruit que je pouvais faire ou autre et vis Hart près d'une poubelle avec une drôle de chose entre les mains. J'ouvris de grands yeux en me demandant ce que cela pouvait être. Puis je me rappelais le petit détail que j'avais aperçu sur lui peu avant de m'occuper du caissier. Il était lui aussi un mutant ? Même si ce que j'avais vu ne me laissait pas la possibilité de deviner quoi ou si c'était vraiment le cas. Mais bon, sinon qu'elle était l'autre explication à cette chose. Je préférais donc taire ça, comme il avait pour l'instant tu mon pouvoir, pour juste le prévenir.

- Les pompiers sont là et ils aimeraient examiner ta coupure. Les renforts vont pas tarder à arriver alors finit... ce que tu as à faire et vient, on va pas rester des plombes non plus.

Je préférais rester sur un ton neutre, histoire de ne pas le brusquer ou qu'on finisse par se disputer, ni l'un ni l'autre ne voulait que d'autres soient au courant à mon avis et je me félicitais d'être venue voir pourquoi il était si long juste pour laver sa blessure. Je repartis donc dans le magasin et allais accueillir les autres policiers qui venaient juste de se garer dehors

Morgan allait placer les … résidus de son armure dans la poubelle lorsque soudain il manqua de sursauter. La porte de l'arrière boutique s'ouvrit, Alix passa la tête par l'entrebâillement, Hart jeta précipitamment le paquet visqueux dans la poubelle et replaça le couvercle dessus. Il se détourna, comme pour signifier qu'il n'avait rien fait et décocha un regard noir à sa coéquipière.

- Les pompiers sont là et ils aimeraient examiner ta coupure, dit-elle. Les renforts vont pas tarder à arriver alors finit... ce que tu as à faire et viens, on va pas rester des plombes non plus.
- Examiner ma coupure … Comme si j'avais que ça à foutre de me faire examiner, grommela Hart alors que Alix s'éloignait.

Il gratifia le couvercle de la poubelle d'un coup de poing et sortit de l'arrière boutique. A l'intérieur du magasin commençait à se former une petite foule qu'il dût traverser en repoussant à coup de jurons les pompiers qui insistaient pour recoudre sa plaie. Il manqua de trébucher contre une secouriste en train de s'occuper du caissier et, quand il parvint enfin à sortir, il tomba nez à nez avec le lieutenant Camerdon.

- Alors Hart, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda celui, le sourcil légèrement froncé.
- On nous a appelé pendant notre patrouille. Quand on est arrivés ici, le proprio était en train de se faire menacer par ces quatre couillons, il fit un signe de tête vers l'intérieur du magasin. Ils étaient armés, ils nous ont menacés, on a répliqué, on les a neutralisés, vous êtes arrivés. Fin de l'histoire.
- S'il y a eu des blessés, ça va entraîner des sacrés discussions. Vous allez devoir témoigner en plus de faire votre rapport complet, toi et Alix.
- Mais ouais, tu l'auras ton rapport Camerdon. En temps et en heure.

Et il s'éloigna vers sa voiture, enfourchant ses lunettes de soleil sur son nez. Se faire bien voir auprès de Camerdon lui permettrait de racheter ces petites erreurs qui insupportaient le sergent Fenwick. Morgan avait appris, au fil du temps, à jouer les anguilles pour éviter de se faire virer trop rapidement. Et visiblement, il faisait ça bien car dieu savait s'il en commettait, des « erreurs ». Il ouvrit la portière de son véhicule de fonction, mais s'aperçut que Alix n'était pas à l'intérieur. Il attendit trois secondes et demi puis, voyant qu'elle ne venait pas, il retourna vers l'entrée du magasin où elle était encore occupée à accueillir ses collègues qui débarquaient sur place. Les femmes, jamais là quand il faut ! Il s'approcha, posa une main sur l'épaule d'Alix et lui dit :

- Ils peuvent se démerder. Nous on a du boulot, on a un rapport à faire.

Le flic tira presque son équipière vers lui d'un geste peu amène, retourna à la voiture et une fois qu'il se fût assuré que personne ne pouvait entendre, il se tourna vers Alix avant de s'assoir au volant :

- Ok. Qu'est-ce qui s'est réellement passé à l'intérieur ?

Surtout, montrer que c'était lui qui posait les questions et ne pas laisser son équipière faire la même chose avec lui. Morgan voulait savoir la vérité mais ce n'était pas pour ça qu'il désirait lui même passer aux aveux ...

Les pompiers avaient fini par arriver et les renforts aussi. Je répondis rapidement aux questions qu'ils pouvaient poser sur les braqueurs ou sur mon collègues qui était aux abonnés absants et j'expliquais qu'il était dans l'arrière boutique pour rincer sa blessure. Il mettait d'ailleurs un peu trop de temps pour une simple coupure. C'était donc pour cela que j'étais finalement allé voir ce qu'il était en train de faire. J'avais donc fini par atterrir dans l'arrière boutique à jeter un coup d'oeil et à voir qu'il avait quelque chose d'étrange dans les mains et dont il se débarrassa bien vite.

Je ne parlais pas de cela et repartais aussitôt des questions plein la tête. Je les gardais pour moi et allais voir nos collègues qui arrivaient enfin. Je commençais à répondre à quelques questions et recevais quelques félicitations. Il y avait aussi des petits malins pour me demander si Hart était toujours en vie et s'il ne m'avait pas trop exaspéré. Je leur fis remarqué que si eux continuaient, ce serait eux que je tuerais par cause d'exaspération.

Je ne vis d'ailleurs pas Hart revenir et échanger quelques paroles avec Camerdon. Ce qui n'aurait servi qu'à m'inquiéter un peu plus, surtout par rapport aux futurs interrogatoires à propos de ce qu'il s'était passé ici. Je continuais à parler avec ceux qui venaient d'arriver, sans voir non plus Hart partir de la boutique. Heureusement, il remarqua que je n'étais pas dans la voiture et revint me chercher. J'étais aussi contente qu'il vienne parce que c'était dans ces cas là je détestais devoir rester avec eux discuter comme si de rien n'était. J'avais légèrement sursauté quand il avait posé sa main sur son épaule, mais ce fut le soulagement qui arriva ensuite. On allait enfin pouvoir discuter de tout cela.

- J'arrive !

Je me détournais sans plus de paroles et pris une nouvelle fois place du côté de lui. Me demandant comment j'allais aborder cela avec lui ou lui poser des questions sur ce que j'avais vu, ce fut lui qui commença en posant LA question... Je réfléchis alors à la façon dont j'allais tourner les choses car je ne savais pas vraiment comment dire tout cela. Alors, autant y aller d'un coup, je n'ai jamais été très forte pour tourner les choses de la bonne manière. Mon regard se perdit dans le vide à travers la fenêtre côté passager.

- Il s'est passé qu'à force de me frapper, ils m'ont énervé et... ça a déclenché mon pouvoir. Je peux... me transformer en panthère. Et on va dire que je suis encore moins douce sous cette forme...

Voila, un résumé de ce qui s'était passé. La colère avait encore une fois poussé ma transformation. Comme souvent... Enfin, j'aurais préféré qu'il n'en voit rien et qu'il ne le sache jamais. Enfin, au moins il ne m'avait pas dénoncé et pour l'instant il ne semblait pas avoir envie de dire quoi que ce soit. Je me doutais qu'il avait vu suffisamment pour deviner certaines choses, mais rien ne me disait qu'il n'allait pas paniquer ou quoi. Malgré tout, j'avais aussi envie de savoir et de comprendre ce qu'était ce truc dont il s'était débarrassé.

- Et toi ? C'était quoi ce truc dont tu t'es débarrassé ?

Je m'étais retournée dans sa direction pendant un instant, avant de revenir la tête contre la fenêtre. J'étais las, toutes ces années à cacher cela à tout le monde et voila qu'une erreur faisait que mes pouvoirs avaient été découverts et en plus par un collègue...