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Ma conversation avec Dante avait été abrégée. Et je ne savais toujours pas quoi en penser. Ces histoires de bombes, le fait d'avoir manquer de me faire sauter la tête sans en avoir eu le soupçon, tout ça me travaillait plus que je n'aurais bien voulu le dire. Une fois la communication coupée, je me suis légèrement reculé sur mon siège et en tapotant mon stylet dans le creux de ma main, les chevilles croisées et mon dos enfoncé dans mon fauteuil. Amy était à mes côtés, comme toujours et avait tout suivi et me voilà qui réfléchissait. Finalement, je me suis levé d'un coup et j'ai enfourné mes mains dans mes poches en pensant à voix haute.

– Je sais que ce ne sont pas les Damnés et Dante sait qui c'est. Des fois, tu sais, je me dis qu'il nous faudrait quelqu'un en plus. On n'est pas assez de deux pour ce genre d'enquêtes. Et Dante refusera de se joindre à nous, je pense.

J'ai monté les escaliers qui nous menaient hors de la salle et j'ai rejoint les grands couloirs lumineux en me dirigeant vers la cuisine.

– Mais j'ai de plus en plus de mal à être partout, quatre yeux ne suffisent plus. La preuve en est que nous ignorions tout de cette bombe. On aurait dû le savoir, on aurait dû pouvoir anticiper !

Une fois à la cuisine, j'ai pris une de ces fameuses boîtes de cookies que j'ai posé sur la table au centre de la pièce et j'ai sorti une brique de lait. J'avais conservé des plaisirs de gosse. un cookie, un verre de lait... Ca me plaisait et j'aimais ça. De plus, je ne mentais pas quand je disais que ces cookies étaient un véritable délice. Je n'avais pas menti du tout non plus quand j'avais parlé de la voisine. C'était ça tout l'art : utiliser la vérité à bon dosage. Ne jamais trop en dire mais suffisamment pour que ça semble réel. Je me suis servi un verre et je l'ai porté à mes lèvres.

– Ce n'est clairement pas le genre de Magneto de poser une bombe comme ça, de façon si aléatoire. Si ça avait lui, c'est qu'il y aurait eu quelque chose d'important dans ce bâtiment. Or, il savait que c'était moi. il savait ce que nous faisions, que ça n'avait aucun rapport avec lui ou les mutants donc... Quel aurait été son intérêt ? Aucun. Si ce n'est pas Magneto, ce ne sont pas les Damnés. Si ce ne sont pas les Damnés... Ca peut être un autre gang de mutants ou bien un gang d'humains qui veut attirer l'attention des Damnés.

J'ai reporté les yeux sur Amy. Je savais pour Cosima et je passais beaucoup de temps à réfléchir à comment l'aider. Mais je n'avais encore jamais rencontré cette "autre Amy", malheureusement. Je ne savais rien d'elle mais quelque chose me donnait envie de songer que c'était peut-être ça, la mutation d'Amy. Une sorte d'entité divisée en deux ? Quelque chose de ce genre. Je me demandais dans quelle mesure cela pouvait nous être utile. C'était assez cruel de ma part de penser ça mais peut-être que toute cette histoire me tournait un peu la tête. De toute façon, je n'en dirais rien à voix haute. Je savais que Amy avait quelques soucis avec cette autre... "elle".

– Qu'en penses-tu ? Sage décision que de recruter ?

J'avais suivi la conversation entre Dante et Naveen, je n'avais pas participé activement, mais je lisais et enregistrais les informations. Bien sur, j'avais entendu parler des bombes qui avaient fait beaucoup de bruits, dont une avait été trouvée chez nous. Mon dieu, on était passé pas très loin d'une catastrophe. A la fin, je me demandais ce qui allait ressortir de cette rencontre et si vraiment quelqu'un allait nous donner des informations. Bien sur, il y avait pas mal de choses qui étayaient ses dires, mais on manquait d'informations.

Il parla de toute cette affaire et nous étions d'accord sur une chose, ce n'était pas les damnés. Après pour ce qui était de Dante, je ne le connaissais pas assez pour savoir ce qu'il voudrait ou pas faire. Cependant du peu que j'en avais vu, je n'aurais pas parié sur une plus grande participation de sa part.

- Je ne pense pas que Dante s'impliquera plus. Sinon il l'aurait déjà fait un peu depuis le temps qu'il nous aide. Mais c'est vrai que sur cette affaire nous sommes très loin d'être au courant.

Je hochais la tête quand il parla du fait qu'on n'était plus à la page du tout. Cette affaire nous dépassait largement. Il fallait vraiment qu'on puisse faire plus, mais recruter... Comment faire ? Mon propre recrutement avait été des plus incongru. Je ne nous voyais pas mettre une petite annonce pour trouver quelqu'un. Mais je ne voyais pas non plus une autre solution, du moins pour le moment. Je le suivis quand il se leva et allais aussi à la cuisine, plongée dans mes pensées. Je connaissais ces couloirs par coeur, donc pas de risque de me casser la figure.

Il parla ensuite de Magnéto, expliquant que jamais il n'aurait fait ça ou en tout cas pas chez nous. J'avais beau ne pas être très en phase avec les Damnés, je savait au moins une chose, ils ne tiraient pas sur les alliés ni sans raison valable, même si les raisons valables de mon point de vue ne l'étaient pas. Enfin, je ne me mêlais pas de leurs affaires. Il proposa plusieurs hypothèses et toutes et aucunes pouvaient marcher... Je soupirais.

- Ce n'est clairement pas les damnés... Par contre, il y a beaucoup de possibilités et il ne faudrait pas non plus laisser de côté le gouvernement ou quelque chose venant de ce côté là. Ils aiment enfoncer les mutants et avec tout ce qui se passe en ce moment, ils auraient pu vouloir enfoncer le clou des meurtres des mères de famille.

Je n'avais plus aucune confiance dans le gouvernement depuis longtemps. J'avais vite compris qu'ils nous manipulaient comme ils voulaient, alors ça ne m'aurait pas étonné outre mesure s'ils étaient derrière cette histoire. Mais bon, beaucoup de monde aurait pu vouloir faire porter le chapeau sur les damnés pour quelque raison que ce soit... Ce n'étaient pas les ennemis qui leur manquait. Je me suis accoudée en le regardant se servir à manger avec un léger sourire. Il avait de ces goûts !

Il me regarda ensuite et je me demandais à quoi il pensait. J'étais bien loin de mes soucis personnels, j'arrivais à séparer les différentes parties de ma vie. Je réfléchis quelques secondes avant de lui répondre, c'était vrai que ce serait une bonne chose d'avoir quelqu'un pour nous aider.

- Oui, ce serait plus simple. Mais, le problème est de savoir comment et qui ! Ça va être difficile de recruter, quand on voit comment s'est passé le mien et notre besoin de discrétion. Comment savoir à qui faire confiance ?

La question était importante, après toute notre discrétion, il ne fallait pas que nous nous fassions avoir par le premier venu d'on ne sait où. Une autre question me taraudait... était-ce réellement un coïncidence que nous ayons été menacés par une des bombes ? Je devenais peut être paranoïaque, mais il fallait aussi y penser. Bon, au moins, on était sûr que notre réseau allait être sécurisé. Espérons que cela suffise !

- Tu ne penses pas qu'elle nous était destinée ? La bombe. Même sans être sur de nous toucher...