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 Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]

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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyJeu 13 Sep - 15:46

L'avantage de se donner rendez-vous dans un lieu connu, c'est qu'il est difficile de se perdre et en effet, Salem n'eut aucun mal à atteindre SoHo. C'était plutôt bien indiqué et au moindre doute il lui suffisait de demander au premier passant qui passe pour pouvoir être aiguillé. L'inconvénient, c'est que les lieux connus n'avait pas cette réputation pour rien, les rues grouillaient de touristes armés de leurs appareils photo admirant l'architecture et de jeunes branchés qui faisait les boutiques. En quelques minutes Salem avait distingué au moins huit langues, enregistré des dizaines de dizaines de visages, coiffures et styles et repérer sept paires de chaussures au prix prohibitif. S'il avait préféré éviter ce genre de quartiers c'était pour limiter les overdoses d'informations, et en effet il ne tarda pas à sentir monter la migraine.

Cela dit, c'était un coin sympa, typique, comme l'avait dit Adam avant de partir l'air complètement perturbé, il n'avait pas bien compris ce qu'il s'était passé, il devait probablement réfléchir à quelque chose. Enfin bon, pas grave, son nouveau tuteur était un peu spécial, mais intéressant. D'ailleurs Salem le voyait mal arpenter ce genre de rues, peut-être aimait-il le shopping, ou la pléthore de restaurant de tous les pays même ceux dont on ignorait où ils pouvaient se trouver dans le monde et qui faisait soudain passer le hot dog pour un met insipide et has-been. Non, même ça, ça ne lui allait pas, il avait dû choisir cet endroit pour lui.

Bon, tout ça, c'est très bien.
Mais le centre culturel, il est où ?
Salem regarda sa montre, 19h36, il n'était pas vraiment en retard, il s'arrêta à un croisement pour lancer un regard circulaire autour de lui, mais ne repéra aucun panneau ou indicateur qui pouvait l'orienter, technique n°2, il interpella un jeune.

« Excusez-moi... »

« Ich kann helfen ? »

« Heuu... Nicht, nicht, ich liebe dich, gute nacht ... »

Tant pis, Salem tenta de sonder encore quelques rues, amplifiant sa migraine au fur et à mesure, puis finalement s'appuya contre une grille pour souffler un peu et réfléchir calmement. De toute façon, ça ne pouvait pas être bien loin, il n'y avait qu'à demander la direction à Adam. Chose qu'il avait pensé à faire à de nombreuses reprises pendant les dix dernières minutes sans s'y résoudre.
Au cas où, il jeta un dernier regard sur sa droite, sa gauche, derr...

JARDIN BOTANIQUE
Ouvert du mardi au dimanche
De 8h à 20h30

L'immense panneau lui prit la vue et il recula, pfff, y'a vraiment des gens qui vont dans des endroits pareils juste pour regarder des fleurs ? Il regarda à travers la grille, un étang, une cahute appelée « Musée des insectes » et... des fleurs, et des arbres avec leurs noms latins sur des écriteaux. La seule chose qui l’intéressa là-dedans c'est le calme, il n'y avait personne en vue, pas étonnant vu l'endroit, et l'heure, les gens normaux cherchaient probablement un restaurant, pas un flamboyant bleu (Jacaranda mimosifolia) de la famille des Bignoniaceae, originaire du Paraguay. Il sortit son téléphone.

« Hey, Adam ? Bon, je sais pas où est ton centre machin, je suis un peu paumé... Mais je suis tombé sur un jardin botanique, je t'attends dedans c'est plus calme. »

Il entra dans le parc d'un air méfiant, un peu comme s'il avait besoin de montrer aux gens - qui n'était pas là, d'ailleurs - que s'il était là ce n'est pas parce qu'il aimait mater des fleurs, non, les fleurs, c'est pour les tapettes, il était juste un peu obligé de rester le temps qu'Adam le trouve.
Oooh des gros poissons rouges, Salem s'avança à grand pas de l'étang pour observer la danse des carpes koi, les pauvres, vingt-sept pour un aussi petit point d'eau, ça devait être la guerre à l'heure du dîner. Il y avait aussi des tas de petites grenouilles, des bestioles qui marchaient sur l'eau et d'autres qui marchaient sous l'eau, à l'envers. Et puis il y avait des nénuphars, c'est marrant de voir des bestioles s'installent dessus. Et finalement son attention fut attiré par des œillets d'inde, puis d'autres encore, et en quelques minutes Salem s'était perdu dans la contemplation de formes et de couleurs inédites pour lui, ça changeait, c'était bien, pourquoi il était là, déjà ?

[Bon je dois y aller alors je me relis pas, rip xD]


Dernière édition par Salem Cordova le Ven 21 Sep - 19:46, édité 1 fois
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptySam 15 Sep - 23:01

Depuis que ce matin-là Adam avait quitté le garage de Brad Redford, une étrange sensation n’avait cessé d’agiter ses pensées. Des préoccupations de première importance s’y mêlaient à des considérations futiles et il y avait, à côté de sentiments qui lui étaient familiers, des sensations indéfinissables qui lui échappaient complètement.

C’était la perspective d’être responsable désormais d’un autre être humain qui d’abord l’avait frappé, et l’idée d’avoir contracté un engagement un peu formel, destiné à durer pendant quelque temps, inquiétait son tempérament libre et indépendant. Il n’était pas certain de savoir se montrer à la hauteur de la tâche et se reprochait déjà un échec qui n’était pas encore arrivé.

Cette tâche engendrait bien des questions sérieuses : il y aurait des décisions et des mesures à prendre, sans aucun doute. Il ne savait pas précisément ce dont il s’agirait, mais il devinait que Brad n’attendait pas seulement de lui qu’il indiquât à son jeune protégé quelques supermarchés à bas prix et les laveries automatiques.

Puis tout cela s’évanouissait soudain et des angoisses d’un autre genre révolutionnait son flegme légendaire. Il ne voyait pas au-delà de ce simple événement : ce soir, il avait rendez-vous avec Salem. Qu’était-il censé faire, comment devait-il se comporter, qu’allait-il pouvoir porter ? Il ne se souvenait pas avoir jamais été dans cette situation simple et pourtant obscure.

Il avait beaucoup de connaissances sans doute, et à bien des égards il était difficile d’être plus sociable que lui, mais il n’avait aucun véritable ami, personne avec qu’il eût des rendez-vous réguliers. Il croisait des gens par hasard, fréquentait des groupes, allait à des soirées, des restaurants, des réunions, mais il y avait entre ces assemblées légères où la conversation changeait incessamment, où l’on n’était responsable de rien, et un tête-à-tête une différence considérable qui l’intimidait beaucoup.

Machinalement, Adam avait cherché d’abord à trouver, sur Internet, des informations sur Salem. Quelques détails susceptibles de l’éclairer. Mais son don ne lui avait livré que le prénom du jeune homme ; le reste lui manquait : ses recherches furent totalement infructueuses. Alors le mutant s’assit devant sa penderie et, d’un air grave, passa en revue les tenues qui s’offraient à lui.

Pour se distraire, il alla s’entraîner — des pompes, des tractions, des abdominaux, de la course, du sac de frappe, de l’escalade, de la corde à sauter — faisant naître chez ses camarades qui fréquentaient avec lui la salle de sport de l’Institut un désespoir bien compréhensible. Ces quelques heures firent une salutaire parenthèse dans ses ruminations, mais à peine Adam était-il sorti du vestiaire que les doutes recommencèrent.

Dans sa chambre, dans la douche, ils se firent soudainement plus sérieux. Pour quel parfum de gel douche fallait-il se décider ? Sans doute était-ce une décision considérable. Le shampoing n’était pas un choix à faire à la légère non plus. Cheveux noirs de la marque numéro A, cheveux noirs de la marque numéro B, force et brillance, brillance et souplesse, force et souplesse, shampoing importé du Japon par les soins de Maman. Devait-il confier son cuir chevelu à des soins biologiques relativement artisanaux ou au contraire se fier aux grandes marques ?

Une fois libéré de la ribambelle de flacons, Adam recommença à considérer sa penderie. Quinze jeans, sept chemises et dix-huit tee-shirts plus tard, le jeune homme vérifiait encore les points les plus importants : le jean faisait devenir la fermeté de son fessier sportif mais ne constituait pas une obscène invitation aux mains vagabondes, le tee-shirt noir savamment coupé dessinait sa silhouette athlétique sans trahir la prétention des adeptes de cabine UV, ses cheveux étaient (relativement) disciplinés. Bref, tout était…


— Affreux.

Adam poussa un soupir, parfaitement découragé. Parfaitement insensible à son propre charme, le jeune homme regardait d’un œil désespéré son reflet dans le miroir. Il se trouvait à la fois trop jeune et trop vieux, trop frêle et trop carré, trop grand et trop — trop stupide, trop froid, trop dissipé. Ces considérations qui n’avaient que peu à voir avec son apparence s’insinuaient sournoisement dans son esprit et développait en lui un sentiment de malaise beaucoup plus profond.

(L’innocence de Salem l’avait étrangement frappé — comme une accusation.)

Point trop en retard, et c’était un exploit, Adam garait trois quarts d’heure plus tard sa voiture rajeunie dans un parking périphérique avant de s’enfoncer dans la ville surpeuplée, qu’il eût été naïf de parcourir autrement qu’à pied ou en métro. Ce ne fut qu’après avoir attendu dix minutes devant le centre culturel qu’il eut la brillante idée de sortir son téléphone, d’activer le son et de consulter sa messagerie.

Adam raccrocha après avoir entendu le message, qui avait dissipé pour quelques secondes ses angoisses superficielles. Comment ça — plus calme ? Quel jeune homme de dix-huit ans qui venait d’arriver à New-York cherchait des endroits calmes ? Le redoutable esprit d’analyse d’Adam s’était mis aussitôt en branle, alors qu’il se dirigeait à pas mesurés vers le jardin botanique.

Et quel jeune homme de dix-huit ans, qui pouvait exercer son métier de garagiste dans n’importe quelle ville des Etats-Unis, venait se perdre dans une grande cité où il n’avait aucune connexion ? Brad le lui avait-il confié parce que ses problèmes dépassaient les simples vicissitudes du nouvel arrivant ?

C’était plongé dans ces pensées où il retrouvait sa véritable nature que le devin pénétra dans le jardin botanique, mais son regard ne tarda pas à se poser, non loin de l’entrée, sur une silhouette familière désormais — et s’il y avait bien une activité à laquelle il n’avait pas imaginé que Salem eût pu se plaire, c’était à la silencieuse contemplation des étangs.

Adam se porta à la hauteur de son camarade puis, après avoir un instant considéré en silence les frissons qui parcouraient l’eau, il glissa à voix basse :


— J’aime bien les jardins botaniques. Partout dans New-York, les gens passent, croisent des milliers de personnes, des milliers d’objets tous les jours, mais ils ne voient rien que la masse bruyante. Ici, les pancartes t’arrêtent et te disent de regarder chaque chose, individuellement, avec ses spécificités. C’est ça l’importance de Linné ou Buffon : dans la distinction des objets opère l’intelligence.

Décidément, Adam n’avait pas la moindre idée de la manière d’ouvrir une conversation banale mais plaisante ; c’était à se demander qui lui avait enseigné les rudiments de la vie sociale et comment il avait fait pour ne pas écouter la leçon qui interdisait de nommer des naturalistes européens du dix-huitième siècle pour briser la glace avec un inconnu de dix-huit ans.
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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyDim 16 Sep - 11:21

Comme souvent, la vue de Salem avait pris le dessus sur ses autres sens et perdu qu'il était dans sa contemplation, la voix d'Adam lui sembla sortir soudainement de nulle part. Il tourna la tête vers lui pour s'apercevoir qu'il était tout près et qu'il regardait l'eau aussi, depuis combien de temps était-il là, au juste ? La surprise passée, son regard descendit vers le t-shirt qu'il portait, très belle pièce de tissus, vraiment, et ce qu'il laissait entrevoir dessous n'avait rien à voir là-dedans, Salem aimait la mode et rien d'autre, évidemment. En tout cas, le fait qu'il soit kick-boxer l'étonnait beaucoup moins d'un coup.

Il se mit à douter de ses propres choix vestimentaires, il n'était pas du genre à passer deux heures à fouiner dans son placard, pour la simple raison qu'il connaissait son contenu par cœur, et le rendu que chaque vêtement avait sur lui aussi. Quelques minutes de réflexions dans le bus du retour lui suffirent à se décider. Un jean noir tout simple, un t-shirt à large col agrémenté d'une photo de Manhattan et des baskets montantes noires et dorées - unes de ses préférées. Et à part pour faire remonter ses cheveux avec une bonne dose de gel, il n'avait pas passé beaucoup de temps dans la salle de bain non plus, pas autant qu'Adam, sans doute, au vu des changements qu'il pouvait voir entre maintenant et ce matin.

Le silence avait suivi la réplique d'Adam, il lui fallut quelques secondes pour le réaliser. A vrai dire, Salem n'avait absolument pas suivis ce que lui disait l'asiatique et seules quelques idées lui étaient restées. Il aimait les jardins botaniques, avait dit quelque chose sur l'inné et les bufflons, et autre chose sur les gens qui ne regardent pas assez autour d'eux, de ce qu'il avait compris. Drôle de façon d'entrer en scène, tout de même, Salem détacha ses yeux « du t-shirt » et tenta de montrer qu'il avait écouté.

« Je... j'aime pas vraiment les jardins botaniques, la seule fois où j'y suis allé c'était avec ma classe en primaire. Je me suis juste dis que s'il y avait moins de monde, ce serait plus facile de se retrouver. »

Oui, voilà, les fleurs, c'est pas pour lui, c'est un vrai mec, non mais. Bon, pour la suite, il préféra passé sur l'histoire des bufflons parce qu'il n'avait pas trop compris, pour se consacrer à ce qui l'avait le plus interpellé.

« Je ne pense pas que distinguer chaque chose soit un signe d'intelligence, au contraire ce n'est pas plutôt faire le tri, d'instinct, entre ce dont on a besoin et ce qui est inutile, qui l'est ? Tout regarder en détails, individuellement, c'est voir un monde complètement différent à chaque minute qui passe. Ça fait beaucoup d'énergie dépensé pour peu de choses. Il vaut mieux passer à côté d'une chose absolument magnifique sans la voir, que la distinguer parmi des milliers de détails inutiles qui polluent la vue. »

Salem avait dit cela sur un ton sûr de lui, comme s'il y avait réfléchi longtemps, son expression, quant à elle, trahissait une légère lassitude. Sa migraine ne l'avait pas complètement lâchée, c'était sans doute la cause de cet élan de sincérité qui sentait un peu le vécu, en cet instant, il aurait bien abandonner son don pour un peu de repos. Mais uniquement le temps d'une seconde, car il avait beau dire, il ne pourrait pas se passer de son don, certaines choses valaient la peine d'être vues. Son regard balaya l'étang.

« Tu es très bien... habillé, la coiffure et tout ça te vas bien, faudra que tu me montre où tu fais ton shopping. Sinon... on suit le chemin vite fait, pour voir ? »

Sans trop s'attarder sur ce qu'il venait de dire, il montra d'un signe de tête le sentier de gravier qui sillonnait le parc, il ferait bientôt trop sombre pour y voir grand-chose, même si quelques éclairages étaient installés ça et là, mais Salem n'avait pas envie de sortir tout de suite. Il voulant en voir plus. Ne laissant pas vraiment le choix à Adam, il partit devant en lançant des coups d’œils rapides partout autour. Encore une fleur intéressante, un arbuste inédit, des bestioles cachées sous les feuilles... Décidément, il aimait bien les nouveautés, c'était rafraîchissant.

Le chemin se mit à serpenter dans la fameuse forêt de bambous, celle qui est dans tous les jardins botaniques, tous les parcs, toutes les forêts. Dès que l'Homme laisse pousser des arbres quelque part il se sent obligé de rajouter des bambous pour une raison qu'aucun chercheur d'aucune sorte n'a encore tenté de déterminer, et pourtant il y aurait sans doute beaucoup à dire. Bref, quelle que soit la raison de la présence de cette abondance de bambous, elle donna à Salem une idée digne de sa grande maturité. Profiter de la semi-obscurité pour partir se cacher et bondir sur Adam au moment où il s'y attendrait le moins, voyons s'il saura garder son air impénétrable après ça.

Il quitta donc le chemin pour s'enfoncer dans cette pseudo forêt et attendit de le voir arriver, sauf que les bambous étaient tellement rapprochés qu'en quelque pas il n'y vit plus grand-chose, à part des feuille et des tiges en full HD.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyDim 16 Sep - 12:19

Sans doute Adam eût-il fait réflexion sur l’air étrangement absorbé qu’avait Salem en contemplant l’étang s’il n’avait pas été lui-même disposé, sans aucun pouvoir particulier dans le domaine, à se perdre dans ses pensées quand il observait telle scène ou telle paysage. Il était trop souvent distrait ou pensif pour supposer qu’il y eût, dans la pensive distraction de son camarade, quelque chose de plus, peut-être, que la vague mélancolie que faisait naître parfois le mal du pays.

Son propre regard s’était perdu sur l’étang à son tour et, quoiqu’il mît souvent un point d’honneur à s’abstraire des stéréotypes qui menaçaient toujours de l’enfermer et de le définir, s’il était souvent, pour les esprits pleins de préjugés, une source de surprise — brillant mais sans diplôme, Asiatique même détaché de toute tradition, homosexuel et perdu dans des passe-temps typiquement masculins, issu d’un milieu modeste et doué d’une solide culture humaniste — Adam n’en conservait pas moins pour la contemplation de la nature une sensibilité forgée par des millénaires de culture japonaise et qui lui avait été transmise par ses parents et ses grands-parents.

L’esprit favorablement apaisé par l’imperceptible frémissement des nénuphars, il ne se rendit pas compte que pendant quelques secondes, le regard de son interlocuteur s’était détourné de son innocente contemplation pour se livrer à une scrutation nettement plus concupiscente ; ce ne fut que lorsque Salem reprit la parole qu’Adam reporta son regard sur lui et, en guise de réponse à la protestation d’esprit pratique qui repoussait au loin toute perspective de sensiblerie, Adam opposa un sourire peu dupe.

Mais la suite des propos de Salem, moins convenue, chassa sans peine de son esprit les flexuosités végétales de l’étang. Le regard noir d’Adam s’était fait plus concentré et il avait presque paru qu’il tentât de lire dans celui de son cadet le secret qui supportait une si pleine et si soudaine conviction. Comme un chien de chasse lancé dans la forêt, Adam flairait là une piste qui réveillait ses précédentes interrogations.

Le mutant eût volontiers répliqué pour entraîner Salem dans le piège inextricable de ses conversations méandreuses, mais déjà le jeune homme se détournait de son étrange déclaration pour en faire une autre qui ne l’était pas moins. Et Adam qui encaissait bien mieux les coups que les compliments ne put s’empêcher d’afficher un air un peu désarmé en entendant Salem le flatter ainsi et quand ce dernier n’eût pas jugé bon d’enterrer aussi ce chapitre de la conversation en visitant plus avant le parc, le devin sans doute n’eût rien trouvé de très intelligent à dire.

Pendant une ou deux secondes, Adam suivit du regard Salem qui s’engageait sur l’allée principale. Dans l’ombre grandissante du jardin botanique, un petit miracle venait de se produire : un être humain venait de désarçonner assez Adam Tenseï pour endiguer son flot de paroles. Et en effet Adam ne savait plus trop où il en était, ni ce qu’il était censé dire, ni quelle conversation il fallait raviver, ni exactement où se trouvait la source des interrogations que Salem suscitait en lui.

Sortant de sa stupeur interdite pour rejoindre à grands pas son rendez-vous, Adam revint marcher à côté de son camarade, dans un silence qui lui était fort inhabituel. Ses pensées désormais l’occupaient plus que les beautés végétales du jardin et, dans le soir qui tombait, il ne prêtait plus guère attention au chemin que la curiosité de son camarade leur faisait emprunter, se contentant de reconnaître du coin d’œil distrait telle ou telle partie du parc dont il était, depuis tant d’années, familier.

Ce fut de cet état méditatif que Salem décida de tirer déloyalement parti en se faufilant dans la bambouseraie, à l’insu d’Adam. Quelques secondes plus tard, le jeune homme s’arrêta et promena son regard autour de lui. Plus de Salem. Une soudaine anxiété le submergea un instant — née d’une vie passée à être le témoin, dans son propre esprit, des crimes les plus affreux nés des situations les plus anodines.

Déjà, Adam se reprochait de n’avoir pas été assez vigilant — il ne lui fallut pas une seconde pour sentir se déployer en lui toute l’étendue de son maladif sens du devoir et des responsabilités, de sa curieuse, secrète et perpétuelle culpabilité. Dieu seul savait ce qui pouvait arriver à Salem seul dans cette ville — dans ce jardin — dans cette imperscruptable obscurité.

Mais, homme de sang-froid et d’action, Adam n’était guère du genre à se laisser dominer même par ses propres névroses et, ensevelissant comme il l’avait toujours fait les manifestations de son esprit un peu dérangé dans les tréfonds de sa personne, il ne lui fallut guère plus d’un instant pour prendre les choses en main — et, singulièrement, son téléphone portable, où le numéro de Salem était enregistré.

Une sonnerie ne tarda pas à retentir. Mais était-ce vraiment rassurant ? L’objet avait pu tomber lorsque Salem avait été enlevé par des pervers psychopathes. La chose était, après tout, fort possible. Adam fourra l’appareil dans sa poche et se décida à pénétrer dans la bambouseraie — bientôt les tiges et les feuillages s’opposaient assez à la lumière électrique des lampadaires pour qu’il pût aisément s’orienter.

Fort heureusement, Adam sentait son sixième sens s’éveiller. Il fallait s’y abandonner — c’était ce que lui disaient les professeurs de l’Institut quand (en de rares occasions) il acceptait de recevoir des conseils. L’intuition plutôt que la raison, tel était bien un pari qu’il n’aimait pas faire, quand l’urgence du combat ne l’y contraignait pas encore, mais les circonstances ne lui laissaient guère le choix.

Seulement voilà : contrairement à bien des pouvoirs, celui d’Adam ne réagissait presque jamais aux injonctions de son propriétaire et, ce soir-là, tout ce que son sixième sens semblait décider à lui livrer était une vague sensation de danger imminent, plutôt qu’une indication nette de la direction à suivre.

Jusqu’au moment où Adam sentit brusquement près de lui une présence indéniablement hostile et, cédant à ses réflexes où se mêlaient le pouvoir et l’entraînement, le jeune homme plongea à sa gauche, attrapa le bras de celui qui était très certainement l’agresseur de Salem (et par extension le sien) pour le tordre, le forçant dans un même mouvement à tomber à genoux grâce à un habile croche-pied.

Puis Adam se rendit compte que son agresseur n’était pas très agressif.
Que d’ailleurs ce n’était pas un agresseur.
Et même, que c’était Salem.
Et qu’en somme, comme cela arrivait souvent, son intuition l’avait presque entièrement trompé.

Adam relâcha aussi son infortunée victime pour s’agenouiller à son tour près de l’adolescent.


« Ca va ? J’t’ai pas fait mal ? J’suis désolé. Tu m’as surpris et tout… »

C’était à se demander comment il réagissait quand il n’était pas surpris.

« J’voulais pas, j’pensais que… »

Que tu avais été enlevé ? Adam sentait bien, à présent que son esprit s’éclairait, combien ses hypothèses sembleraient farfelues à toute personne normalement constituée, qui ne passait pas ses journées dans un perpétuel thriller. Alors, à la fois évasivement et sincèrement, Adam se contenta de conclure :

« J’suis vraiment, vraiment désolé. »
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyDim 16 Sep - 18:47

Salem avait cru rater son coup, lorsque son portable avait sonné mais au contraire, il avait ainsi attiré Adam dans la bambouseraie et il pu alors s'en approcher discrètement. Enfin, il pensait être discret, mais ce fut Adam qui lui sauta dessus, il eut une exclamation surprise et tenta de reculer mais l'asiatique était bien plus rapide et lui retourna le bras en arrière. Salem perçut ensuite un mouvement vers le bas et baissa les yeux juste à temps pour se voir partir dans les feuilles mortes d'un coup de balayette. Il resta au sol sans rien dire quelques secondes, le temps de réaliser ce qui venait de se passer, tandis que son tuteur se confondait en excuses. Il lui fit finalement un sourire histoire de le rassurer.

« Rappelles-moi de ne plus jamais faire ce genre de blagues à un boxer. »

Il se releva en s'appuyant sur son poignet qui le lança douloureusement, bon, c'est pas grave, dans sa grande bonté la nature l'avait doté de deux bras et une fois debout, il épousseta la terre et les feuilles accrochés à ses vêtements. À part son poignet qu'il tenta de masser un peu et un léger élancement dans l'épaule, il n'avait rien, ça aurait pu être pire. Il n'était par contre pas tout à fait remis de sa surprise.

« Et ben, t'as une sacré force, tu m'apprendras à faire ça un jour ? »

Dit-il en repartant prudemment vers le chemin, au moins là c'est sûr, il allait se tenir à carreau pour la soirée. Il préféra refaire le chemin en sens inverse, pour retourner plus rapidement à l'entrée du parc et trouver une source de lumière suffisante pour pouvoir juger de l'état de son poignet. Ça n'était probablement pas grand-chose, une petite foulure sans doute, mais il préféra s'abstenir d'en parler à Adam qui semblait déjà suffisamment inquiet comme ça.

Maintenant silencieux, Salem repassait dans tête les derniers événements, Adam était sans doute un combattant hors-pair, sa rapidité de réaction était juste fulgurante, lui n'aurait jamais pu faire la même chose même aidé de son pouvoir. Il espérait en voir plus un jour, pas sur lui, de préférence, mais en combat ce devait être encore plus impressionnant. Il faudra qu'il lui demande.

Mais pour le moment, ce qu'il souhaitait le plus, c'était un sachet de glace, il avait connu pire comme blessure dans sa pratique du basket mais même si la douleur était supportable il s'en serait bien passé. D'un autre coté, il n'avait pas du tout envie de terminer la soirée sur ça. Arrivé à l'entrée il se tourna vers Adam sans trop savoir quoi dire.

« Heu... Tu me devais un hot-dog, je crois bien. »

Salem lui fit un mince sourire, il pouvait bien tenir un peu, de toute façon il fallait qu'il s'habitue à faire bonne figure. Il se voyait mal demain matin, en train d'expliquer à Brad qu'il ne pouvait pas travailler parce que son tuteur nouvellement attitré lui avait cassé un truc. Non, il ferait tout pour éviter ça, en plus c'était de sa faute, quelle idée il avait eu, encore. Maintenant qu'il y repensait, il se trouvait parfaitement stupide et s'en voulait d'avoir causé une situation pareille. Ses deux papas new-yorkais faisait de leur mieux pour l'aider et lui ne trouvait rien de mieux à faire que des idioties qui les mettaient dans l'embarras. Encore une fois il se demanda pourquoi des gens qui n'étaient même pas de sa famille perdait leur temps avec un imbécile, c'était bien fait pour lui.
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyLun 17 Sep - 11:14

Une fois de plus, Adam maudissait son pouvoir. Les visions étaient assez éprouvantes en elles-mêmes pour que d’autres désagréments ne vinssent pas s’y ajouter et, en vérité, il avait cru ces dernières semaines que, du côté de ses intuitions, les choses s’étaient un peu améliorées — oh, bien entendu, il ne les contrôlait pas le moins du monde et elles ne survenaient jamais qu’au petit bonheur la chance, mais du moins n’avait-il pas eu à déplorer de semblables incidents.

Fallait-il qu’ils ressurgissent le soir de son premier rendez-vous avec Salem ? Sans songer à ce que cette expression, précisément, de premier rendez-vous pouvait bien impliquer, Adam ruminait cette sinistre circonstance. Sans doute eût-il été navré d’assaillir n’importe laquelle de ses connaissances et même, du reste, un parfait inconnu, mais il lui semblait que le faux-pas, ce soir-là, avait quelque chose de particulier — de plus grave — qui prêtait à de plus lourdes conséquences.

Fort heureusement, son camarade était loin de fournir beaucoup de grain à moudre à la machine de sa culpabilité et Adam se sentit un peu soulagé en constatant — et en entendant — que Salem n’était pas trop meurtri. Au moins l’ancien sportif pouvait-il encore compter sur la précision de ses gestes pour que ses réflexes à contretemps n’eussent pas de suites plus malheureuses qu’un poignet un peu endolori.

Adam se releva en même temps que Salem et, au soulagement de le voir sorti sain et sauf de sa réaction un peu vive s’ajoutait celui d’observer que, manifestement, l’apprenti garagiste n’avait pas été la victime d’un pervers, d’un culte de satanistes ou de trafiquants d’organes. Adam éprouvait la même sensation de libération attendrie que la mère qui retrouverait, après quinze minutes d’une recherche frénétique, son jeune enfant égaré dans les dédales de l’hypermarché.

Si ces émotions vives n’engendraient pas chez Adam d’expressions démonstratives, son flegme naturel ne suffisait pas à les couvrir toute entière ; son regard, et sa voix surtout, plus aisément perceptible dans l’obscurité de la bambouseraie retirée, trahissaient, avec pudeur et maladresse, que son inquiétude avait été plus forte qu’il ne l’exprimait et plus forte, sans doute, qu’il n’était compréhensible.

Adam se rengagea sur le chemin aux côtés de Salem, profitant de la lumière qui grandissait à mesure qu’ils se rapprochaient de l’allée éclairée par les lampadaires pour jeter sur son protégé quelques regards prudents. Il haussa les épaules à la requête du jeune homme.


— On verra.

Salem n’était pas le premier à tenter de soutirer des cours à Adam — une activité à laquelle il rechignait souvent. D’abord, il se savait fort mauvais pédagogue et ses entraînements, lorsqu’il les prenait sérieusement, ressemblaient pour les novices à d’interminables séances de torture dont il ressortait avec la nette impression de ne plus pouvoir se servir de leur corps. Ensuite, il était d’avis que la fuite était la meilleure solution, mesurant le gouffre qui séparait sa pratique intensive de plusieurs années et quelques leçons dispensées une fois la semaine pendant deux ou trois mois.

Mais ce qui venait de se passer offrait à Salem une sorte de passe-droit, un passeport diplomatique qui lui permettait de sillonner pendant quelque temps entre les écueils de la personnalité d’Adam. Et la première faveur qu’il lui soutirait, inconsciemment sans doute, était de ne pas se voir opposer les refus directs et sans détour qu’Adam servait d’ordinaire à ses interlocuteurs.

Mais le passeport diplomatique avait ses inconvénients comme ses avantages et la culpabilité d’Adam le poussait à ne pas prendre à la légère la blessure — peut-être affreusement douloureuse ! — qu’il avait infligée à son cadet. Alors, arrivés à l’entrée du parc, quand Salem tenta de faire bonne figure, le jeune homme balaya le hot-dog d’un :


— Hmm hmm. Fais voir.

Avant de prendre la main et l’avant-bras du jeune homme, pour les lever précautionneusement vers lui et examiner le membre meurtri. Bien. Il n’y avait pas d’os, il n’y avait pas de sang, c’était un excellent début. Entre sa carrière sportive et les situations moins ragoutantes encore vers lesquelles ses visions l’avaient conduit, Adam ne manquait pas d’une certaine expérience dans le domaine, une expérience qui n’avait rien de systématique, mais qui lui permettait malgré tout de se faire une idée.

Il frôlait d’abord du bout des doigts le poignet, pour savoir si ce simple et léger contact suffisait à susciter des soubresauts de douleur — ses yeux noirs, fixés sur le visage de Salem, conservaient leur profondeur analytique, mais il s’y était joint une sorte de sollicitude qui en tempérait grandement l’originelle rudesse. Adam appuya un tout petit plus fort, encore un peu, jusqu’à s’arrêter au premier frémissement d’inconfort.


— C’pas très grave. On va aller acheter d’la glace. Ou un bandage. Y a plein de pharmacies dans le coin.

A vrai dire, dans le centre-ville commerçant, il y avait plein de tout, partout et tout le temps.

— Et ton épaule ?

Sans laisser à Salem le loisir de répliquer et (surtout) de protester, Adam se glissa derrière lui, fit descendre un peu le blouson du jeune homme et, sondant à travers le tissu du tee-shirt l’épaule de Salem, en palpa d’une main fort assurée le contour. Il ne comptait pas les fois où on lui avait à lui-même remboiter l’épaule au cours d’un combat mal engagé et il n’avait aucun mal à se représenter la manière de déterminer la blessure.

Libérant finalement Salem de ses auscultations, il revint en face de son interlocuteur.


— Bon, ça va. On va passer à la pharmacie et puis on ira manger où tu veux.

Il fit un geste vers la direction où se trouvait l’établissement, deux rues plus loin, et commença à s’engager avec Salem dans les rues plus fréquentées que les allées du parc. Soucieux autant de détourner l’attention de Salem de la douleur qu’il ressentait peut-être en le distrayant et d’en apprendre plus sur sa pupille, Adam entreprit de faire la conversation.

— Alors, à part les blagues stupides, comment t’occupes ton temps ? Tu vas à la fac ? Tu fais du sport ? Un club de lecture ?
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyLun 17 Sep - 18:54

Adam n'était absolument pas dupe et la tentative de Salem de passer à autre chose tomba complètement à l'eau. Il lui attrapa la main pour la palper en le regardant. Ce qui était un peu perturbant quand même, étrange le ressenti différent que l'on peut avoir d'un même geste lorsqu'il est effectué dans le cabinet d'un médecin ou au milieu de l'allée d'un parc, le soir. Et puis il y avait ces yeux, on avait déjà fait la remarque à Salem sur cette façon qu'il avait de scruter les gens, qui en dérangeait certains, maintenant il comprenait pourquoi. Adam lui donnait l'impression qu'il pouvait le percer à jour d'un simple regard. Comme quoi, pas besoin d'avoir de pouvoir pour avoir un regard perturbant. En tout cas, si une personne lambda se serait mit à admirer la benne à ordure de l'autre coté du grillage. Salem lui le regarda droit dans les yeux, non pas pour le défis, il n'y avait aucune provocation dans son regard, mais juste pour tenter de comprendre d'où lui venait cette impression que ses yeux avaient comme un point commun avec ceux d'Adam. Ça n'était sans doute rien, l'asiatique semblait savoir beaucoup de choses, il devait beaucoup lire et observer. Un élancement dans son poignet mit un terme à ses réflexions, au final tout ce qu'il gagna, c'est une image de ces yeux gravés pour longtemps dans sa tête.

— Et ton épaule ?

« Pardon ? »

Il eut un clignement d'yeux surprit, c'était si simple de lire en lui ? Il avait pourtant essayé d'être discret mais il fallait croire que rien n'échappait à Adam. Il voulu lui dire que ce n'était vraiment rien mais déjà son tuteur s'était mit dans son dos et faisait glisser son blouson. Ça n'avait vraiment définitivement rien à voir avec le cabinet médical, quoiqu’il essaya de se dire, mais il se laissa faire sagement.
Sur le chemin de la pharmacie, Salem se mit à regarder tous les restaurants qui passaient à portée de ses yeux et se massant distraitement le poignet, y'a pas à dire, se faire jeter à terre, ça creuse. C'est en continuant ses observations qu'il répondit aux questions d'Adam.

« Les blagues débiles me prennent une bonne partie de mes journées, j'avoue. Après j'ai mes cours dans un lycée le lundi, le mardi matin et le jeudi en fin d'aprèm, et je bosse chez Brad comme tu as pu le voir, c'est sympa, j'aime bien. Sinon j'adore le sport, je m’entraîne au basket tous les jours avant de partir au boulot, et après, et pendant, parfois, il est trop facile à passer Brad d'ailleurs. J'aime bien le skate et le jogging aussi. Sinon... Les bâtiments déserts j'ai pas testés mais je traîne souvent sur les docks, j'ai trouvé un coin avec une super belle vue, du coup maintenant c'est ma planque. Et sinon je sors un peu en boite et tout mais tout seul c'est pas passionnant, je parle trop, non ? »

Il tourna la tête vers son interlocuteur avec un sourire amusé, conscient du flot de paroles qu'il venait de balancer. Mais au moins, lui, il répondait clairement aux questions posées, et puis ça avait passé le temps sur le chemin, la pharmacie était maintenant devant eux. Il entra en laissant Adam passer devant et gérer lui-même ce qu'il fallait demander à la pharmacienne. Puis une fois sortit il tendit sagement son bras à son « docteur » pour qu'il lui fasse le bandage.

« Bon, j'hésite entre le kebab et le thaïlandais, mais si tu as vu quelque chose tu peux proposer aussi. J'suis pas chiant. »

Il y avait à peu près tous les choix de restaurants possibles et tout ce qu'il avait pu voir à l'intérieur l'avait fait saliver. Alors maintenant, le plus important pour lui c'était de se remplir l'estomac. Il adressa à Adam un « merci » lorsqu'il eut fini de lui panser la main et se remit à marcher avec lui dans les rues bondées.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMar 18 Sep - 9:14

L’animation des rues de Soho tranchait décidément avec le calme un peu irréel du parc. Là, il était impossible d’entendre les frémissements de l’eau contre les rives de l’étang, la flexion des bambous sous le passage du vent ni les pas des promeneurs sur les graviers de l’allée ; aux rumeurs des voitures dans les artères principales, à quelques rues de là, se joignaient les conversations nombreuses des passants, la réclame des vendeurs de journaux du soir, l’incessant tintinnabulement des téléphones portables.

Adam avait toujours vécu à New-York et jamais il n’avait vraiment envisagé qu’une ville pût être une ville si elle n’était pas de la première heure du jour à la première heure du jour suivant animée par une incessante activité humaine. Les villes de l’intérieur des terres, dont les commerces fermaient le soir, dont les rues se dépeuplaient peu après la tombée de la nuit, lui paraissaient sorties tout droit d’un autre temps.

Ce n’était donc pas la prévenance d’un guide touristique qui le poussait à veiller à ce que Salem ne se perdît pas dans le flot de citadins qui, à chaque seconde, menaçait d’emporter deux rues plus loin le badaud peu vigilant et s’il se tenait près de lui, et s’il le couvait d’un œil un peu protecteur, c’était qu’autre chose le poussait à se comporter ainsi.

Cela ne l’empêchait pas de prêter une oreille attentive à la description du quotidien de son jeune ami, d’autant plus attentive que cette description l’attendrissait — il y avait une insouciance, une douceur de vivre, qui le touchait au fond de la tumulte qu’était devenue sa propre existence. Salem lui faisait l’effet d’une innocence préservée près de ce monstre affreux et tentaculaire qu’était New-York — la vie à New-York.

Il l’imaginait sans peine au basket — sans peine sur un skateboard — il l’imaginait baguenauder sur les docks le soir après le travail, s’ennuyer dans sa salle de cours quand il était contraint de retourner au lycée et se gausser de Brad Redford quand il parvenait à tromper sa vigilance. Adam n’était pas certain d’avoir jamais eu une vie semblable et c’était précisément ce qui en rendait le tableau à ses yeux plus agréable.

Il répondit au sourire de son interlocuteur.


— Tu parles pas trop. En tout cas, ça m’gêne pas. J’préfère ça aux gens taciturnes.

Adam n’en était pas moins prolixe habituellement, mais il fallait avouer que si les paroles de Salem apportaient dans leur babillage toutes les informations que l’on avait demandées, les discours d’Adam, eux, avaient l’étrange vertu de perdre leur destinataire, de mêler à la vérité des inventions fabuleuses et de retourner les questions plutôt que d’y répondre.

D’un geste de tête, le jeune homme désigna la pharmacie. C’était un grand établissement qui vendait plutôt des accessoires que des médicaments, des crèmes en tout genre, des brosses à dents exotiques, des compléments alimentaires, des solutions minceurs, du matériel du puériculture, des essences aux extraits de plante, toute la parfaite panoplie de la simili-médicine des quartiers bourgeois de New-York.

Laissant Salem errer quelques instants dans les rayons, Adam s’approcha de la pharmacienne et, en quelques mots qui n’étaient certes pas un exemple de chaleur, indiqua la nature de sa recherche, obtint l’objet désiré et en régla le prix, pendant que la femme, le regard fixé sur l’horloge qui bientôt indiquerait l’heure de sa libération, exécutait mécaniquement les tâches nécessaires au bon déroulement de la transaction. C’était qu’il était bientôt l’heure de son feuilleton favori — Docteurs et Passions.

Adam sortit de la boutique avant son acolyte et, une fois dans la rue, un peu à l’écart du flot humain, ouvrit la boîte du bandage et entreprit d’en parer le poignet de son ami. Ce n’était guère contraignant et, à vrai dire, il entrait dans ces soins, de la part d’Adam, une précaution un peu excessive sans doute.


— Thaïlandais alors. On sera assis dans un vrai restaurant et tout. Ce sera plus…

Il ne savait pas exactement. Plus quelque chose, cela, c’était certain. Il avait envie de dîner en tête à tête avec Salem — de pouvoir l’observer — et de n’être pas sans cesse interrompu par les éructations joviales des supporters qui regarderaient, à la télévision du kebab, le dernier match de baseball ou de football américain.

Adam mit la touche finale au bandage et les deux jeunes gens reprirent la route, rebroussant chemin pour retrouver le restaurant en question. Ils ne tardèrent pas à atteindre l’établissement propre et élégant, comme tous les restaurants de Soho, où la cuisine du monde s’alliait avec une exigence de standing ; ici, il ne fallait pas que la propreté le sacrifiât à la couleur locale — tout était agréable à l’œil et, dans les assiettes, la cuisine n’était jamais ni trop épicée, ni trop originale : un dépaysement mesuré pour les habitants des beaux quartiers.

Sans doute Adam ne fréquentait-il que rarement ces établissements policés, mais il n’avait pas pour eux un mépris d’initié. Après tout, si les gens voulaient s’initier aux cuisines exotiques sans vomir d’abord des torrents de feu, il ne lui paraissait pas que l’exigence fût entièrement déraisonnable, et c’était le manque d’habitude, plutôt qu’une opposition de principe, qui le tenait d’ordinaire éloigné de ces tables trop sages.

A peine furent-ils entrés qu’un serveur obséquieux, qui d’ailleurs était, selon Adam, beaucoup plus Vietnamien que Thaïlandais les dirigea vers une table baignée dans la lumière tamisée d’une applique orientalisante. Toute la décoration était faite pour suggérer cet espace indéfini — l’Orient — et il s’y mêlait, comme dans le menu d’ailleurs, un joyeux syncrétisme asiatique, où, exception faite de l’Inde et du Pakistan peut-être, se mêlaient les influences culinaires de tout le continent.

Une fois installé, Adam, comme à son habitude, reposa son regard droit dans celui de Salem.


— Alors… Tu te promènes sur les docks. Dans les jardins botaniques. Pour la vue. Pour être au calme aussi. Passer à côté des belles choses pour éviter des milliers de détails — c’est c’que t’as dit.

Sous les yeux de Salem s’assemblaient dans l’esprit d’Adam, avec une redoutable efficacité, toute une série de petites remarques éparses, séparées les unes des autres par tous les épisodes de la soirée, et que pourtant le jeune homme associait comme si elles avaient toujours formé un tout cohérent.

— C’t’étrange. T’as pas l’air d’être un garçon à aimer le calme et la contemplation, à t’entendre parler.

Encore une fois, Adam confirmait son manque total de diplomatie — les tours et les détours d’une conversation mondaine ne faisaient manifestement pas partie de son répertoire social. Et cependant il n’avait pas formellement posé une question à Salem, se contentant de souligner, avec une précision redoutable, les contradictions et les étrangetés de son comportement, dont l’adolescent avait pu espérer qu’elles pussent passer inaperçues.

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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMar 18 Sep - 17:22

Une fois son bandage et le choix du restaurant fait, Salem mena la marche, puisqu'il savait exactement où il fallait aller. Très précisément, c'était après le chinois, le buffalo grill et à dix mètre soixante-douze d'une blonde au téléphone portant des adidas belles à tomber par terre. Bref, en très peu de temps ils se retrouvèrent dans le restaurant et furent immédiatement accueilli et placé par le serveur. L'endroit était aussi sympa qu'il l'avait pu le voir de l'extérieur, même s'il avait le coté un peu pompeux de la plupart des restaurants asiatiques d'occident. Comme si les nouilles sautées étaient un plat de luxe.

Salem s'assit à la table et se mit immédiatement à parcourir le menu, il hésitait un peu entre les brochettes de porc sucré-salé et les beignets de calamar à la romaine - même si ça fait un peu tâche dans un restaurant thaï. Il sentit sans avoir besoin de le voir que ces yeux étaient à nouveaux posés sur lui et comme par réflexe, planta lui aussi son regard dans le fond de ses pupilles. C'est ainsi qu'il écouta les observations d'Adam, décidément, il ne laissait rien passer, au moins ça lui confirmait que c'était vraiment un sacré observateur. Un instant, il l'aurait bien vu en policier, mais finalement non, il avait d'autres côtés qui n'irait peut-être pas trop avec le métier.

« Toi, alors. »

Lâcha-t-il avec un sourire en coin, plus pour se donner une seconde de réflexion que pour exprimer quoi que ce soit.

« C'est pas que j'aime le calme et la contemplation, comme tu dis, mais de temps en temps ça fait bien. Les lumières, les gens partout, c'est cool, je pourrais pas m'en passer, mais ça me fatigue... »

« … les yeux. » s'apprêtait-il à dire, mais il buta sur le mot à la dernière seconde et laissa sa phrase en suspend. Il faut dire que cela avait une résonance particulière pour lui et dans ce qu'il ressentait vis-à-vis d'Adam. En plus si ce dernier voulait le connaître en détail, ce qui semblait être le cas, il allait devoir être plus généreux en infos lui aussi, sinon Salem n'allait pas lui faciliter la tâche. D'ailleurs que savait-il de lui ? 21 ans, coursier, ancien kick-boxeur qui se balade la nuit dans des immeubles et se traîne une voiture hors d'âge... Voilà, un peu léger quand même. Il détourna les yeux pour fixer le serveur, qui compris le message et vint prendre leur commande, brochettes de porc, finalement, histoire de jouer le jeu un minimum.

Après avoir passé commande il posa ses deux coudes sur la table, son menton sur ses mains jointes et ses yeux dans les siens, prêt pour la riposte graduée.

« Pourquoi tu es seulement coursier ? Tu vaux plus que ça, non ? »

L'attitude d'Adam jouait sans doute beaucoup là-dedans, mais elle ne faisait pas tout. Il savait beaucoup de chose, ça se voyait, ça s'entendait, et ça n'était pas que du vent. Les connaissances ne servent qu'à ceux qui parviennent à les utiliser et lui y arrivait parfaitement. Nul besoin d'être très futé pour sentir qu'il avait plus sa place sur les bancs d'une université qu'à slalomer dans les embouteillages new-yorkais. S'il avait été plus vieux, Salem aurait sûrement trouvé là un beau gâchis, mais il était pour un moment encore bien plus un fils qu'un père. Il comprenait bien que les études longues pouvait plus ressembler à un long chemin de croix qu'à un enrichissement, mais quand même. Si les études sont ennuyeuses, il aurait pu trouver autre chose, voir créer lui-même son business - ce qui était bien l'intention de Salem, à terme. Autant d’intelligence et si peu d'ambition, c'était ce qui l'étonnait.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMar 18 Sep - 18:08

Lui, alors. Adam haussa les sourcils. Comment ça, lui alors ? Qu’avait-il encore dit de travers — du moins, de particulier ? Incapable de se rendre immédiatement compte de la distance qui séparait sa manière de faire civilement la conversation lors d’un premier rendez-vous de celle que l’on voyait dans les films et les séries télévisées (qu’il ne regardait pas), Adam en toute bonne foi avait été pendant quelques secondes persuadé d’avoir procédé de la plus normale des manières.

Fort heureusement pour lui, Salem n’était pas très à cheval sur les traditions ni les règles les plus élémentaires de la politesse et, quand ce dernier eût pu légitimement acquérir la solide conviction qu’Adam était un peu bizarre et probablement une sorte de psychopathe, tout au contraire il se contentait de lui répondre avec une sincérité elliptique et néanmoins véritable.

Une réponse qui plongeait Adam dans un océan de perplexité — l’Asiatique plissa légèrement les yeux, comme pour mieux sonder le regard de Salem. Comment un jeune homme dans la force de l’âge, qui embrassait New-York avec toute la ferveur des nouvelles découvertes, qui paraissait être en pleine santé, pouvait-il ainsi se déclarer fatigué par le spectacle de la vie quotidienne ?

Il y avait là une petite énigme qui ne s’éclaircissait guère et qui attisait indéniablement la curiosité du mutant. Il ne pouvait se défaire de l’impression que Redford, consciemment ou non, avait soupçonné chez Salem une fragilité sans commune mesure avec le dépaysement d’un nouvel arrivant et que c’était pour cette raison qu’il l’avait confié à lui — une fragilité dont Adam était déterminé à découvrir la source.

Une enquête suspendue cependant par une tâche de la plus grande importance : choisir son dîner. Adam détourna le regard pour poser les yeux sur le menu qu’il avait délaissé jusque là et parcourut rapidement, pendant que Salem formulait sa commande, les diverses rubriques culinaires. De toute façon, tout cela n’exigeait pas beaucoup de réflexion : tous les restaurants thaïs de New-York et probablement de l’Occident proposaient peu ou prou les mêmes plats.


— Monsieur ?
— Hmm hmm.


Adam tourna promptement les dernières pages avant de relever les yeux vers le serveur, dont il n’était que trop aisé de sentir poindre l’impatience derrière une politesse de façade.

— J’vais prendre une salade de chou blanc. Et des nems au porc. Et du poulet à l’ananas avec du riz blanc. Et un peu de nouilles sautées.

Cette commande étendue ranimait la sympathie du serveur à l’égard de ses deux clients, quoiqu’il fût un peu sceptique sur la capacité d’un être humain à engloutir une pareille quantité de nourriture en un seul repas. Adam conclut finalement :

— Et deux cocas. S’il vous plait.

L’homme embarqua commande et menu, calculant mentalement le montant plausible de l’addition et, par conséquent, le pourcentage que représenterait son pourboire. Les yeux d’Adam retrouvèrent le chemin de ceux de son interlocuteur.

Du tac au tac et sans vraiment réfléchir, comme un animal qui a développé un système de défense éprouvé, Adam répondit à la question du jeune homme.


— C’pas si mal coursier. Pas contraignant.

Comme à son habitude il avait joué la désinvolture un peu naïve, comme s’il n’avait pas compris ce que sous-entendait la question de Salem, les implications les plus évidentes, l’invitation à développer un peu plus avant. Il s’apprêtait à enchaîner aussitôt sur la seconde étape de sa stratégie ordinaire (noyer son interlocuteur sous ses propres questions), mais le regard de l’adolescent, toujours planté dans le sien, lui intima un instant de silence.

Malgré lui, Adam se souvint de la conversation qu’il avait eue quelques jours plus tôt avec Quentin, lors de l’un de ses rares moments de faiblesse ouverte. Parler aux gens. Mais il ne savait pas faire — parler comme ça. Adam baissa les yeux.


— Suis pas sûr d’valoir tellement mieux qu’ça. Ni d’avoir envie d’valoir tellement mieux qu’ça. J’ai jamais aimé les chemins déjà tracés. Les futurs déjà réalisés. C’pas parce que j’suis…

Le mutant hésita un instant et se rabattit finalement sur un bel euphémisme.

— …pas trop bête que j’dois faire des études. Devenir, j’sais pas. Prof. Chercheur. C’t’un peu comme si on naissait dans un couloir. Y a toujours qu’une ou deux portes. Pas comme si on avait vraiment le choix. Mais ce qui est inéluctable est toujours en quelque manière une partie de la mort. J’préfère éviter ça.

Une chose était certaine : la sincérité ne rendait pas Adam moins obscur. Mais il avait malgré tout fourni un effort considérable et il semblait que cette confession avait effrité son masque — sans doute conservait-il encore une sorte de sagesse un peu étrangère à son âge, mais elle était moins calme et uniformément flegmatique que ce qu’il avait fait paraître jusqu’à lors.

L’arrivée des boissons jeta entre les deux jeunes gens un silence un peu embarrassé. Adam avait attrapé les baguettes de métal posées à côté de l’assiette et les observait évasivement. Sa déclaration lui avait paru ridicule et il était gêné désormais de s’y être livré. Il eût aimé pouvoir se jeter sur un autre sujet, quelque chose d’anodin et d’exagérément masculin, les voitures ou le sport par exemple, comme s’il devait y avoir là un refuge contre toutes les complexités de l’existence.
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMar 18 Sep - 20:47

La première réponse d'Adam prêtait à rire, et si Salem n'avait pas déjà utilisé son « toi, alors » la minute précédente il le l'aurait fait maintenant. Son camarade avait parfaitement compris la question, mais s'esquivait une fois de plus. Quoique...
Il ne s'arrêta pas là, et Salem l'écouta silencieusement tandis qu'il se confiait, et ne reprit pas la parole immédiatement à sa suite. Il était loin d'être embarrassé, et encore moins occupé à analyser sa réplique pour en tirer une déduction quelconque. Non, c'était juste que pour la première fois Adam avait laissé tomber son impassibilité habituelle pour se montrer un peu et cet égard l'avait touché plus qu'il ne l'aurait cru. Ensuite, il fallait reconnaître que ses yeux baissés et son ton beaucoup plus hésitant que d'habitude lui donnait un petit coté vraiment... comment dire...

Adorable.

Qui fit naître un mince sourire sur ses lèvres. Et pour enfoncer le clou, ce qu'il venait de dire parlait beaucoup à Salem, choisir son destin, tracer sa route c'était vraiment son sacerdoce, oui monsieur. Après tout s'il se retrouvait seul aujourd'hui dans la grosse pomme à tentacules, c'était pour ça. Voler de ses propres ailes, ne rien devoir à personne, tout ça, tout ça. S'il avait trouvé Adam intriguant jusque là, venait de s'ajouter une touche de sympathie attendrie qui adoucie immédiatement la façon qu'il avait de le regarder.

« Je te comprends, si c'est toi qui l'a choisis et que ça te plais alors, c'est parfait. »

Il resta un moment silencieux, l'air de réfléchir.

« Une partie de la mort... j'y avais pas pensé. Mais on est un peu jeune pour parler comme ça, au lieu de dire que tu évites la mort, dis que tu profite de la vie. »

En ce bas monde, il y a deux types de personnes, ceux qui voient le verre à moitié plein, et ceux qui le voient à moitié vide. Salem faisait partie de la première catégorie, voire même d'une troisième catégorie qui dirait « Non seulement mon verre est à moitié plein mais en plus il est chouette ! ». Ce n'est vraiment pas le genre de personnes à ruminer des idées noires ou à se rabaisser, l'humilité ne rend pas riche, après tout. Mit en confiance par les confidences de son tuteur et comme pour lui rendre la pareille, il ajouta.

« Pour moi, la question ne s'est même pas posée, les études, c'était pas la peine. Finalement, on me voyait dans un boulot manuel et c'est ce que je fais, mais je l'ai voulu, alors bon. Et j'suis pas idiot, hein, j'aurais pu faire mieux que certains je suis sûr. Mais je me serais fatigué pour rien à... »

Salem enleva ses bras de la table pour laisser le serveur déposer son assiette, il lui adressa un merci qui ne reçu pour toute réponse qu'un rictus vaguement poli. Puis il contempla la collection de plat que recevait Adam, déjà en entendant son énumération, il avait trouvé que ça faisait beaucoup, mais le voir était encore plus époustouflant, et donnait envie aussi. Son assiette l'intéressait soudain beaucoup moins et il se mit à scruter chacun des plats de son compagnon avec intérêt. L'idée de tenter de lui chiper quelque chose, juste pour rigoler, lui traversa l'esprit, mais il préféra éviter pour ne pas se retrouver avec un plâtre de la main jusqu'à l'épaule. Avec Adam, mieux valait jouer la carte de la diplomatie.

« Ça à l'air super bon tes trucs, je peux t'en piquer un peu ? »

Il approcha subrepticement sa fourchette pour quand même tenter une feinte, difficile de chasser le naturel.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMar 18 Sep - 21:22

Adam était très loin d’imaginer qu’on pût le trouver adorable. A vrai dire, il n’avait pas tout à fait tort : ceux qui croisaient sa route ces derniers temps n’avaient guère eu l’occasion d’observer cet aspect de sa personnalité. Tout au plus les plus chanceux d’entre eux avaient-ils pu le trouver sympathique — ou tout du moins, secourable — mais adorable, non, décidément.

Il fallait dire que le jeune homme ne faisait guère d’efforts pour se rendre très populaire. Il était distant, évasif, parfois manipulateur, occasionnellement brutal. Il avait cette intelligence pragmatique froide qui ne reculait pas devant les méthodes les plus directes, celles-là même qui eussent déplu aux esprits trop imbus de leur propre supériorité intellectuelle, et si ses amis, du moins ce qui s’en rapprochaient le plus, savaient pertinemment qu’Adam ne poursuivait jamais que des entreprises louables, il était rare que sa détermination ne laissât pas un peu songeur.

Sans doute y avait-il eu quelqu’un, quelque part, dans son existence, qui l’avait trouvé louable — des années auparavant, quand sa mutation ne l’avait pas enfoncé dans l’univers sordide de ses visions et quand il n’avait pas encore tout à fait décidé de s’armer pour les affronter. Il y avait eu cette époque durant laquelle il avait été simplement jeune et un peu perdu, mais elle était révolue depuis longtemps déjà.

Le jeune homme hocha la tête quand Salem tenta de glisser en toute bonne foi un peu d’optimisme dans sa façon de considérer les choses — mais il fallait bien reconnaître que pour l’Asiatique, le futur se présentait rarement sous des auspices aussi riants et, plutôt qu’un pessimisme, c’était le réalisme de son sordide quotidien qui avait parlé dans cette expression crépusculaire : une partie de la mort.

Et cependant, quelque convaincu qu’il était d’avoir raison, Adam ne pouvait s’empêcher d’être touché par l’insouciance juvénile de Salem, d’être émerveillé par l’aisance avec laquelle son interlocuteur ramenait à une assurance simple et enthousiaste les détours un peu obscurs de son propos et reconnaissant que l’adolescent ne l’abandonnât sur le bas côté de sa mélancolie.

Adam n’avait aucune envie de gâcher l’opportunité d’un excellent repas par les sombres considérations qui l’obsédaient depuis quelques jours. Ses yeux se relevèrent pour rejoindre ceux de Salem et un sourire, cette fois-ci un peu timide, mais peut-être plus authentique, s’installa sur son visage. D’un ton faussement grave il commenta :


— Toi t’es jeune. Moi j’suis ton tuteur. Un aîné sage et vénérable.

Adam avait parfaitement conscience qu’un observateur extérieur ne lui eût sans doute pas prêté plus d’années qu’à Salem et parfaitement conscience que, d’ailleurs, il n’était pas beaucoup plus vieux — mais, soit fatigue, soit expérience, soit réelle maturité, il ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu plus âgé que son jeune compagnon de table — et de le regretter.

Le sourire d’Adam s’affermit encore un peu en entendant le jeune homme partager ses propres expériences. Il était bien placé pour le comprendre : lui-même n’avait jamais eu qu’un goût très modéré pour les études, tout du moins pour les études dans lesquelles il ne pouvait jouir d’une pleine et parfaite indépendance ni progresser à sa pure fantaisie. Il avait toujours été un élève terrible.

Quant aux métiers, il s’en tenait au bon vieil adage qu’il n’y en avait point de sots et ses parents lui avaient toujours inculqué l’amour des tâches bien faites, petites comme grandes, qui sans doute n’était pas étranger à leur propre éducation beaucoup plus rigoureuse et traditionnelle que la sienne. De la sorte, Adam n’avait ni un mépris d’éthéré pour les basses besognes manuelles ni une méfiance populaire pour les choses de l’esprit et il n’y avait guère que les affaires où la finance avait trop de part qui lui parussent suspectes.

Du reste, d’après ce qu’il avait vu, et si vraiment Salem ne travaillait au garage que depuis quelques semaines, que cet emploi était sa première expérience professionnelle, la mécanique devait être pour lui un terrain de prédilection. Adam savait pertinemment que réparer sa voiture exigeait beaucoup plus qu’une simple connaissance, aussi parfaite fût-elle, des mécanismes habituels et exigeait une certaine intelligence créative doublée d’une solide capacité d’improvisation — c’était précisément pour entretenir en lui-même ses propres facultés qu’il conservait ce véhicule au-delà du raisonnable, comme un puzzle ambulant.

Le jeune homme se recula pour laisser le serveur étendre les plats autour de lui, visiblement peu impressionné par la quantité de nourriture qu’on lui proposait — mener une existence aussi tumultueuse que la sienne, après tout, exigeait de larges réserves d’énergie. Adam ne tarda pas à répondre aux regards insistants de son invité en poussant la plupart des plats vers le centre de la table.


— Fais toi plaisir.

Il avait attrapé pour sa part ses baguettes et commençait à picorer à droite et à gauche, de nem en chou blanc et de chou blanc en poulet. Entre deux bouchées il continuait à faire la conversation.

— En tout cas, t’as d’la chance d’être tombé sur Brad. J’l’ai rencontré quand j’boxais encore dans le circuit local, il y a quelques années.

La formulation laissait bien plutôt croire qu’Adam s’était arrêté après ces expériences locales plutôt qu’il n’avait continué au-delà et, à vrai dire, le jeune homme n’avait jamais exactement précisé à Salem la part qu’avait occupé la boxe dans son existence.

— C’t’un chic type. Il est toujours très…

Adam haussa les épaules.

— J’sais pas. Droit. Il conseille, il juge pas. J’croisi qu’il aime autant réparer les gens que les voitures.

Ce qui impliquait tout de même assez clairement qu’Adam avait besoin d’être réparé. Le jeune homme engloutit un nouveau nem avant de se resservir — sans soucier du fait que ses baguettes ne croisaient jamais, jamais celles de Salem, comme s’il savait toujours intuitivement le plat que son interlocuteur allait choisir avant même qu’il ne le choisît — mais à vrai dire, qui pouvait remarquer de si anodins détails ?

— Et le lycée où tu vas ? C’est bien ? C’est où ? T’as rencontré des gens sympas ?

Et si Adam s’était manifestement détendu, ses yeux conservaient leur profondeur analytique, comme si aucune des réponses que Salem pouvait fournir ne pouvait tout à fait être anodine.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMer 19 Sep - 16:44

Salem ne se le fit pas dire deux fois, il poussa son assiette pour la mettre parmi les autres et se mit à picorer dans tous les plats d'un air ravi. Ce qui ne l'empêchait pas d'écouter Adam et de hocher la tête à ses remarques, il était entièrement de d'accord avec lui.

« Brad est génial, il m'a beaucoup aidé, il a un don les petits trucs qui te font avancer sans te prendre par la main pour autant. J'aurais bien aimé le croiser plus tôt. »

Il eut un moment de nostalgie, s'il était certes un peu perdu à New-York, cela n'avait aucune commune mesure avec les errances qui avait suivi la mort de sa mère. Salem avait alors cruellement manqué d'un repère, quelque chose d'absolument fiable. Même dans sa famille d'adoption, aussi aimante qu'elle ait pu être, il avait gardé une légère impression que tout pouvait s'arrêter d'un moment à l'autre, comme pour se contraindre à garder une distance qui le protégerais en cas de coup dur. L'apparition de son pouvoir avait aussi causé pas mal de désordre dans sa vie, et renforcé cette impression que personne ne pouvait le comprendre et que qu'il risquait d'être abandonné si sa bizarrerie se savait.

Même s'il avait réussi à enterrer une partie de ces idées, et masquait ses doutes en se poussant à voir ce qu'il y a de bien dans sa vie plutôt que de se focaliser sur les méandres de son passé, Salem ne pouvait pas totalement passer outre. Heureusement, dans sa fuite en avant qui le mena jusqu'ici, il avait croisé Brad et son incroyable capacité à mettre les gens à l'aise et à les faire exprimer le meilleur d'eux-mêmes.

D'un coup, tout cela le fit tiquer et il arrêta net de manger pour lever les yeux et réfléchir intensément.

« Heu mais attends... Il avait une idée derrière la tête quand il a lancé cette histoire de tutelle ? »

Il n'y avait pas pensé jusque-là mais d'un seul coup cette affaire lui paraissait hautement suspecte, il y avait un truc, c'était certain. Et comme Salem trouvait qu'il allait parfaitement bien, alors ce devait être chez Adam qu'une réparation était à faire. Déjà, il voyait le verre à moitié vide, premier indice, ensuite il mangeait comme quatre tout en gardant la ligne, d'accord, c'était peut-être un grand sportif mais quand même. Même les sportifs ne se nourrissent pas comme ça, dans l'école de basket où il était leur alimentation était d'ailleurs ultra-surveillée - et immonde, à croire que c'était des infirmiers qui cuisinaient. Alors à quoi ça pouvait lui servir, tout ça, à nourrir son gros cerveau ?

Bon, il se remit aussi un peu en question, après tout c'était lui qu'Adam était chargé de surveiller, il y avait bien une raison, mais il ne voyait pas laquelle. Il ne se débrouillait pas si mal, même avec les inquiétudes venues de son passé et son pouvoir qui lui pompait pas mal d'énergie, ça allait bien. Bon, il ne restait plus qu'à trouver ce qui n'allait pas chez Adam, l'asiatique avait certes un comportement un peu hors norme, mais quand même, ça n'avait pas l'air d'être bien grave, en tout cas de son point de vue.
Les questions d'Adam le détournèrent de ses réflexions.

« Oui ça va, il est où ? Heu... je connais pas l'adresse... à quatre rues d'un H&M sur quatre étages et à sept-cent mètres d'un starbuck, y'a un petit parc en face avec une statue d'un type à cheval au milieu et des arbres qui doivent bien faire trois étages et demi de haut et... ah, mais pas loin y'a le Flatiron building, tu dois connaître... quoique non le lycée est pas dans ce district... heu... »

Une minute de silence, comme à chaque fois qu'il devait se rappelé de l'emplacement d'un lieu, il devait passer en revue toutes les images qu'il avait en tête, sachant que les premières qui lui venaient étaient celle qui l'avaient le plus marquées et qu'elles n'avaient donc pas toujours de rapport. C'était un sacré boulot qu'il préféra ne pas poursuivre plus longtemps, et qu'il conclu d'un :

« Bon, j'arrive à y aller c'est le plus important, vu le peu d'heures que j'ai eu j'ai pas trop sympathisé encore, mais ça se passe bien et on va faire une soirée d'intégration la semaine prochaine avec les deuxièmes années. »

Première mission de tuteur d'Adam, offrir une carte à Salem.
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMer 19 Sep - 17:33

Brad et Adam avaient au moins une chose en commun : une curieuse propension à détourner les conversations pour mieux faire accepter à leurs interlocuteurs les idées qu’ils venaient de glisser sournoisement dans son esprit. Si la nature exacte des projets de Redford les concernant échappait encore à Adam, il était certain de ne pas vouloir s’étaler sur les raisons qui pouvaient laisser supposer au garagiste qu’il avait besoin de compagnie — et de singulièrement de la compagnie de quelqu’un qui voyait le verre à moitié plein.

Il avait certes fait un effort pour répondre aux questions directes de Salem, mais il n’en était pas arrivé à se livrer de lui-même et à céder trop aisément à la curiosité de son interlocuteur — sans qu’il sût très bien d’ailleurs si sa retenue naissait de sa pudeur, de sa fierté, de son habitude de garder la maîtrise de la conversation ou d’un simple réflexe d’autodéfense qui avait cessé d’être utile depuis très longtemps.

De toute façon, il n’était pas un sujet très intéressant et il préférait de très loin, et en toute bonne foi, entendre Salem parler de son nouveau quotidien new-yorkais que de s’étaler sur sa propre existence — et puis, pendant que son interlocuteur parlait, Adam avait tout le loisir de plonger ses habiles baguettes dans les plats, avant que l’appétit adolescent de son cadet ne les vidât entièrement (ce qui peut-être, tout bien considéré, n’était pas prêt d’arriver).

Et il ne fallait pas un observateur aussi vigilant qu’Adam, un auditeur si à l’affût des étrangetés de son vis-à-vis, pour être interpellé par la curieuse tentative de localisation à laquelle Salem se livrait péniblement, dans l’espoir de situer son lycée. Les baguettes levées en l’air, Adam fixait son compagnon de table d’un regard de plus en plus étonné (ce qui chez lui ne se traduisait certes que par un léger haussement de sourcils).

Il ne savait pas si ce qui le frappait le plus était l’extraordinaire quantité de détails que Salem fournissait pour donner l’emplacement de l’établissement par rapport aux autres bâtiments notables et qui offrait la curieuse impression d’entendre la description d’une vue satellite sur un logiciel d’itinéraires ou bien la densité toute nouvelle que cette tentative laborieuse donnait aux doutes que Brad avait jeté sur la capacité de l’apprenti à s’orienter dans la ville.

Adam ne pouvait s’empêcher de trouver le spectacle attendrissant. (Il s’empêchait en revanche fort bien de faire preuve de lucidité et de se rendre compte qu’à peu près tout ce que faisait Salem depuis une demi-heure trouvait dans son esprit une place entre les adjectifs adorable et attendrissant.)

D’une voix lente dans laquelle il contenait son amusement pour ne pas vexer son interlocuteur, le jeune homme murmura :


— Je vois…

Mais à cette première réaction ne tarda pas à venir s’ajouter quelque chose de plus raisonnable et de plus réfléchi. Qui évaluait les distances si précisément ? Qui estimait la taille des arbres en immeubles ? Qui même prêtait attention à la taille des arbres mais ignorait l’adresse de son lycée ? Qui était fatigué par le spectacle de la rue d’une mégalopole ? Qui, à dix-huit ans, pouvait bien avoir envie de s’en reposer ?

Signe infaillible que quelque chose se tramait dans son esprit, les yeux d’Adam se baissèrent vers les plats, alors que le jeune homme méditait ces informations glanées au fil de la conversation. Il se méfiait un peu de sa propension à interpréter ces éléments : entre ces visions qui étaient loin de l’habituer aux coïncidences et à la quotidienneté du monde et ses fréquentations à l’Institut qui faisaient de ses petits-déjeuners et de ses soirées télé des réunions des êtres les plus étranges de la planète, il n’était pas exactement le mieux placé pour raisonner calmement en la matière.

Le mutant rangea ses interrogations et ses hypothèses un peu plus précises dans un coin de son esprit avant de relever les yeux vers Salem.


— Une soirée d’intégration ? C’est là où vous finissez complètement ivres et nus dans les fontaines, avec de la peinture partout ?

Adam faisait des efforts considérables pour ne pas songer aux conséquences beaucoup plus sinistres de semblables fêtes qu’il apercevait de temps à autre dans ses visions, mais il lui était impossible de ne pas sentir se développer en lui le besoin d’aller chaperonner Salem pour veiller à ce qui ne lui arrivât rien.

Parce qu’Adam avait beau être un jeune homme décontracté et cool, avec une voiture, une moto, des jeans et un blouson sympa, des bons plans pour toutes les occasions, s’il y avait bien un domaine dans lequel il n’excellait pas, c’était les fêtes. Les boîtes de nuit. Les clubs. Les raves. Les soirées. Ce n’était pour lui qu’autant de nids de cauchemars en devenir qu’il fuyait comme la peste.

Il lui fallait ainsi résister à l’impérieuse tentation de donner des conseils à Salem. Pour ne pas paraître trop vieux. Trop ennuyeux. Sans songer que le rôle d’un tuteur était peut-être précisément de paraître vieux et ennuyeux. Par esprit tactique, Adam préféra changer de sujet.


— Et l’basket ? Vous faites des matchs ? Avec d’autres clubs ?

A peine Adam avait-il fini de parler qu’il lâcha ses baguettes et tendit la main vers le sol — une seconde plus tard, une serveuse qui passait près de la table avec un plateau chargé laissa échapper un verre qui vacillait déjà et atterrit exactement dans la main du jeune homme. Adam tendit le verre à la jeune femme, qui s’éloigna avec des remerciements confus.

Seulement, voilà : si les quelques clients qui avaient prêté une attention distraite à la scène pouvaient bien supposer qu’Adam avait simplement d’excellents réflexes, de sa position privilégiée, Salem avait été bien placé pour constater que le jeune homme avait réagi avant quoi que ce fût se fût produit.

Adam reprit évasivement le fil de la conversation.


— Oui parce qu’il faudrait que je vienne te voir jouer. Un de ces jours.

Mais le ton de sa propre voix laissait entendre qu’il n’espérait guère s’en tirer à si bon compte.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyMer 19 Sep - 20:15

Salem avait en partie conscience que ses explications, quand il s'agissait d'indiquer une localisation, étaient assez atypique. Pour éviter tous problèmes, il se contentait généralement de marmonner un « je sais pas trop, j'suis pas d'ici » avec une mine de circonstance. Mais pour parler de son propre lycée, ça aurait quand même paru un peu étrange, d'où l'effort absolument vain qu'il venait de fournir. Il ne pouvait pas s'expliquer autrement et d'ailleurs, il avait déjà fais un gros effort de tri pour ne parler que des choses qu'une personne lambda - un peu étrange peut-être, mais quand même lambda - auraient pu remarquer. Car la plupart de ce que mémorisait Salem était absolument insignifiant et allait du nombre de mégots de cigarettes sur le parvis à la distance jusqu'à laquelle portait le regard depuis la salle de classe 135 B.

Vraiment, ça aurait pu être pire, aussi se contenta-t-il d'un sourire mi-amusé, mi-navré en entendant le « Je vois » de son interlocuteur. Adam voyait qu'il était un peu louche, certes.

Préférant ne pas s’appesantir sur le sujet, Salem enchaîna sur la soirée d'intégration, il avait hâte d'y être, ça s'annonçait comme un grand événement.

« Oui, c'est ça, mais avant on va tous se déguiser en pirates ! »

Il eut un éclat de rire, ce sera sa première grosse soirées à New-York avec des gens qu'il connait un minimum, il comptait bien s'y amuser le plus possible.
La conversation partit ensuite sur le basket, sujet ô combien passionnant pour lui, et il se serait probablement lancé dans longue tirade sur sa nouvelle équipe, leurs points forts et faibles, le tournoi qui s'annonçait, sa conviction que c'était gagné d'avance.
Mais il cessa d'écouter Adam quand il vit arriver une serveuse fatiguée dont le plateau était chargé des verres vides de la table 7 et 11. Ça allait tomber, c'est sûr, Salem amorça un mouvement pour pouvoir lui remettre tout ça en équilibre quand elle passerait près d'eux. Et c'est alors qu'Adam changea de position et...

Attends, attends là...

Tandis que la serveuse se perdait en excuses Salem fixait sa fourchette en se repassant le fil des événements un dixième de seconde après l'autre, ce qui eut pour effet de faire grimper en un instant sa migraine à un niveau à la limite du soutenable, mais il réussit quand même à extraire de tout ça ce qu'il recherchait, un petit exploit, donc.
Une seconde dix-sept, un être humain capable de réagir en une seconde dix-sept serait déjà plus de deux fois plus rapide que la normale, mais Adam, lui, avait agi avant que le moindre signe que quelque chose allait se produire n'apparaisse. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas avec une petite tentative pour reprendre le cours de la discussion qu'il allait s'en tirer.

« Comment t'as fais ? »

Salem ne détachait plus ses yeux d'Adam, mais il n'y avait ni peur, ni choc dans son attitude, ce qui aurait pourtant pu être attendu après une scène pareille. Au contraire, le regard de Salem brillait d'un intérêt fébrile. Comme s'il avait voulu voir une scène de ce genre toute sa vie sans oser l'avouer et qu'il espérait maintenant pouvoir obtenir des réponses aux questions qu'il s'était posées des années durant sur son propre pouvoir.

Mais il commençait à connaître un peu son tuteur et se doutait qu'il ne serait pas du genre à reconnaître de but en blanc qu'il venait de faire une chose extraordinaire. Lui qui n'arrivait déjà pas à parler de son ressenti ou même à reconnaître sa propre intelligence.

« Autant que tu m'explique, parce que je sais exactement ce que j'ai vu et que je suis pas près de l'oublier tellement c'était génial. »
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyJeu 20 Sep - 8:25

[justify]Comme bien des membres de l’Institut, Adam préférait de très loin de ne pas faire étalage de ses compétences. Sans doute n’était-il pas en la matière le plus mal loti. Certes, son pouvoir n’avait pas la discrétion presque parfaite de celui de Douglas, mais enfin, il n’envoyait pas des boules de feu et ne jetait pas ses pensées dans l’esprit des gens ; il était rare en réalité que ses interlocuteurs fussent assez vigilants pour remarquer que ses réflexes n’en étaient pas vraiment et que certaines des informations qu’il possédait sortaient de son chapeau.

Il y avait bien sûr les visions. Dans ces moments-là, il ne lui manquait plus que les éclairs et alors il ressemblait tout à fait à un possédé de cinéma. Mais curieusement, et comme il s’escrimait à le faire comprendre à l’infirmière du Manoir, elles ne surgissaient presque jamais quand il désirait absolument cacher ses compétences ou quand elles l’eussent mis en danger, comme si son esprit avait développé une sorte de sécurité.

En somme, pour quelqu’un qui n’exerçait à peu près aucun contrôle conscient sur son pouvoir, Adam s’en tirait plutôt bien. Il était probable même — quoiqu’il ne s’en rendît absolument pas compte — que la confiance que lui inspirait Salem n’eût pas joué un médiocre rôle dans la récente manifestation de ses capacités et que, en compagnie d’un interlocuteur moins agréable, son pouvoir ne se fût pas déclenché.

Les explications n’en paraissaient pas moins ardues au jeune homme. Ce n’était pas tant la question de la mutation, qui était désormais l’objet de la rumeur publique, que celle du Temps : de ses enroulements, de ses événements non encore advenus et déjà là pourtant, de ses périodes révolues qui faisaient retour, de ce qui n’existerait jamais que comme un futur avorté parce que précisément il avait été observé, bref, de l’océan de paradoxes dans lequel Adam nageait quotidiennement.

Mais pour l’heure, Adam était absorbé par le regard de Salem. Peut-être était-ce le soulagement de ne pas le voir réagir avec dégoût ou horreur, peut-être était-ce un effet de l’applique qui continuait à diffuser sur eux sa pâle lumière tamisée, peut-être le coca lui montait-il à la tête, mais Adam ne pouvait s’empêcher de trouver que son vis-à-vis avait, somme toute, de bien jolis yeux.

Cette curieuse constatation fut cependant rapidement chassée par l’inévitable question. Comme à son habitude, Adam tenta un pas de côté désinvolte.


— J’ai des super réflexes. C’pour ça que j’ai fait de la boxe.

Et si en effet ses réactions étaient toujours aussi vives que celles qu’il avait eues successivement dans la bambouseraie et avec le verre, la raison pour laquelle Brad avait souhaité bonne chance à son futur adversaire ne devenait que trop évidente. Et il fallait reconnaître que si les intuitions d’Adam étaient loin d’être toujours parfaites, elles avaient néanmoins joué un rôle considérable dans sa carrière de boxeur.

Mais il était évident que cette réponse cette fois-ci ne satisferait pas Salem et, à vrai dire, Adam ne l’avait guère espéré — n’importe qui dans la même situation eût cherché à en savoir un peu plus et l’Asiatique commençait à comprendre que son interlocuteur n’était pas de ceux qui laissaient trop aisément s’échapper le poisson.

Un regard à droite — un regard à gauche. Les tables autour d’eux n’étaient pas si proches et les clients y étaient replongés dans leur conversation. Il y avait peu de risques que l’on surprît leurs propos. Adam baissa un peu la voix cependant, non sur le ton de l’absolue confidence d’un secret considérable, mais assez pour parer à toute tierce indiscrétion.


— C’est une mutation.

Il avait dit cela avec une certaine gravité, qui laissait deviner que ce n’était peut-être pas aussi génial que Salem pouvait le supposer.

— Ce que je disais sur le futur… Ce qui est arrivé dans le futur ou le passé est toujours encore ou déjà là. Quelque part. J’sais pas trop pourquoi. Ni comment. Juste, des fois, ça s’invite dans ma tête. Enfin, des fois. Souvent. Parfois, c’est des intuitions. Plus que des intuitions : comme si le futur était déjà en train d’arriver. Et j’me comporte en conséquence, par réflexe. Là, ça a bien marché, mais souvent, c’est la catastrophe.

Adam marqua une pause comme un serveur passait à côté d’eux puis, quand l’homme se fût suffisamment éloigné, il reprit sa confidence.

— D’autres fois, c’est des… Visions, je suppose. Des hallucinations. Pas comme un film. Comme si j’y étais vraiment. Mais j’contrôle rien. Et le truc, c’est qu’plus un événement est traumatisant pour ceux qui le vivent, plus il insiste dans le temps. Et plus j’ai de chance de le récolter. Du coup, disons que c’est un peu…

Le jeune homme chercha pendant quelques secondes ses mots puis conclut pudiquement :

— Eprouvant.

L’esquisse d’un sourire un peu faible avait donné à ce dernier mot une incommensurable tristesse. Signe infaillible que cette conversation n’avait pas jeté une très grande joie dans son esprit, Adam avait reposé ses baguettes à côté de lui, alors qu’il restait (un peu) de nourriture dans les plats.
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyJeu 20 Sep - 17:59

La fourchette suspendue en l'air, Salem buvait ses paroles. La mutation, il en avait entendu parlé, mais il avait aussi entendu parler de petites hommes verts qui dessine dans les champs alors... Lui qui faisait clairement partie des gens qui ne croient que ce qu'ils voient n'avait pas prêté beaucoup d'attention à ces histoires et ne se sentait absolument pas concerné par le problème. Certes, il était un peu spécial, mais de là à être un mutant.

Mais aujourd'hui, justement il avait vu, et la façon qu'avait Adam de décrire ce qui lui arrivait donnait encore plus de corps à cette histoire qui juste l'instant d'avant n'était rien de plus qu'une légende urbaine à ses yeux. Sans qu'il ne sache pourquoi, ça lui fit mal de sentir la souffrance d'Adam qui, même s'il la cachait bien, n'était pas bien difficile à imaginer. Ça s'invite dans sa tête, c'est souvent la catastrophe, les images les plus traumatisantes arrivent plus facilement... Pas très joyeux tout ça, cela n'avait aucune commune mesures avec ses propres capacités, et pourtant lui était déjà facilement épuisé. L'asiatique devait vraiment être désespéré par moments, et il comprenait soudain beaucoup mieux sa vision un peu sombre des choses.

« Éprouvant... tu m'étonne. »

Il s'appuya très fort sur la tempe gauche comme s'il allait réussir à calmer sa migraine en se faisant mal et laissa tomber la fourchette. Il lui fallait un peu de temps pour réfléchir à tout ce qu'il venait d'apprendre.

« Tu en connais d'autres ? Des gens comme toi ? Je... J'aurais jamais cru ça possible... »

Il s'arrêta, en intense réflexion, d'un seul coup c'était comme si un océan de possibilités s'ouvraient à lui. Il revit tous les pouvoirs qu'avaient ses super-héros favoris, il y avait des gens, en vrai, qui pouvaient faire ça ? Et tous ceux qu'il avait connus ? Jenny, Kevin et les autres, ils lui avaient peut-être caché ça. Et Brad, il le voyait bien en empathe ou quelque chose du genre. Il en avait forcément croisé, obligé, le nombre de personnes sur lesquelles il avait posé ses yeux avoisiner les 12 589... non, ne pas compter, surtout ne pas compter. Un flot d'images l'envahit, tout ce qu'il avait pu retenir d'insolite jusque-là lui semblait soudain comme une partie potentielle de ce monde dont il faisait peut-être, éventuellement, partie. Car c'était ce qu'il cherchait à savoir avant tout.

Son autre main rejoignit son autre tempe, en plus de la scène d'aujourd'hui, il y avait eu cette fille en sport qui ne semblait jamais essoufflée ou fatiguée, est-ce que cela suffisait à la cataloguer, il n'aurait su dire. Mais il lui restait encore quantités d'infimes détails à passer en revue, les images défilaient à une telle vitesse que si quelqu'un avait pu lire dans sa tête, il n'aurait rien pu comprendre, mais pour lui tout cela s'enchaînait naturellement, ou à peu près. Car il voulait tout arrêter mais impossible pour lui de s'empêcher de réfléchir, ça le travaillait. Il ne pouvait pas en être un, quand même ? C'était un garçon banal, à part ce truc, non ?

Sa tête lui sembla sur le point d'exploser, il y avait aussi ce mec, là... non, stop...

« Toilettes. »

Un éclair de lucidité lui avait rappelé qu'il était dans un restaurant, avec quelqu'un. Il lui fallut un effort considérable pour revenir au moins un peu à la réalité. Salem ignorait si on lui avait parlé, s'il s'était passé quelque chose, et pour l'instant il s'en fichait royalement. Il fila rapidement dans les toilettes et s'enferma dans le premier ouvert avant de s'écrouler au sol la tête dans les mains. La seule chose qui le raccrochait encore un peu à la réalité était le froid du carrelage contre son front.

Stop, stop, bordel...
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyJeu 20 Sep - 18:38

Adam n’était peut-être pas la personne du monde — ou simplement de l’Institut — la mieux placée pour introduire ce genre de sujets. Même si son affection pour Salem, qui ne cessait de croître dans le silence de son esprit, le disposait à bien plus de diplomatie et de délicatesse envers le jeune homme qu’il n’en était d’ordinaire capable, il lui demeurait cependant difficile d’imaginer l’effet d’une pareille nouvelle.

C’était que, contrairement aux mutants dont les pouvoirs s’éveillaient discrètement, ceux qui étaient destinés à devenir des surhommes — forts, rapides, endurants, intelligents, avec des sens hyperdéveloppés — ceux en somme dont les compétences n’étaient que des améliorations exponentielles des compétences humaines et qui pouvaient s’imaginer être tout bonnement et tout simplement meilleurs que leurs petits camarades, Adam avait très tôt dû se rendre à l’évidence de sa propre altérité.

Habitué du reste à être le garçon le plus étrange de la classe, du club de boxe ou du quartier, le jeune homme ne s’était jamais vraiment inquiété de cette particularité qui s’ajoutait à la longue liste de ses bizarreries et il avait éprouvé bien plus de difficultés à accepter ses attirances masculines qu’à admettre que le futur frappait avec une insistance surnaturelle à la porte de son esprit.

Bien sûr, la vie à l’Institut lui avait appris que pour beaucoup de ses semblables, la découverte du pouvoir avait été une expérience traumatique non seulement en elle-même, comme effectivement il en avait fait l’expérience, mais au regard de la société et de la place qu’ils y avaient jusqu’à lors occupée. Et la découverte d’un monde de mutants avait été une nouvelle étape plus ou moins heureuse — c’était une chose de se savoir différent, c’en était une autre de comprendre que l’on appartenait à un groupe plus vaste.

Tout cela donnait naissance à des discussions fort compliquées qu’Adam, avec une lâcheté parfaite, s’ingéniait d’ordinaire à éviter, peu désireux d’accompagner les nouveaux venus au cours du long et pénible processus de la prise de conscience. Et s’il avait cru un instant que la réaction de Salem le sauverait d’une semblable exploration, la chute de la fourchette le fit aussitôt déchanter.

La fourchette — les questions — le regard — un garçon de dix-huit ans fatigué par New-York — un lycée à sept cents mètres de ceci et trois cents de cela — des arbres de trois étages et demi — ne pas acheter le spectacle d’une beauté au prix d’un millier de détails insignifiants — un jeune homme aux futurs encore informulées — toutes les petites notes qu’Adam avait prises mentalement depuis sa rencontre avec Salem et qui attendaient au fond de son esprit qu’un nouvel élément vînt y donner du sens s’associèrent les unes aux autres.

Et le tableau était fort clair. Inquiétant — peut-être. Car Salem ne semblait pas prêter une attention très soutenue aux questions que précisément il avait posées avec une ferveur très concernée. Adam était trop familier de ces brusques instants de déconcentration, qui était le lot de tous les mutants dont le pouvoir touchait en quelque manière l’esprit, pour ne pas deviner, au moins dans les grandes lignes, ce qui se passait dans la tête de son vis-à-vis.

L’Asiatique eût sans doute été bien incapable de décrire exactement le pouvoir qu’il était prêt à supposer désormais à Salem. Quelque chose en rapport avec la vue, les détails et les chiffres. De toute façon, les dons des mutants étaient tous trop étranges et trop particuliers pour être pleinement compris, même après de laborieuses descriptions, par d’autres qu’eux-mêmes ; quant à les supposer à partir d’éléments ramassés au détour de la conversation, c’était une tâche des plus ardues.

Mais pour l’heure, peu importait à Adam que Salem pût contrôler les chaussettes par l’esprit ou parler aux abribus : la retraite soudaine de son interlocuteur lui faisait craindre le pire. Comment savoir à quelles manifestations peut-être dramatiques pouvaient conduire les crises de Salem ? Adam avait vu des camarades de l’Institut que leurs pertes de contrôle laissaient dans un état déplorable.

Le jeune homme ne tarda donc guère à emboiter le pas à son ami pour pénétrer dans les toilettes des hommes. Un rapide coup d’œil à l’espace sous les portes des cabines l’informa de l’endroit où se trouvait Salem et que le reste de la pièce était inoccupé. Adam avisa une lourde poubelle de métal près des lavabos qu’il poussa contre la porte principale, pour être sûr de ne pas être dérangé.

Puis il se glissa dans la cabine adjacente, rabattit le couvercle des toilettes et s’en servit de marche-pied pour se hisser à la force des bras de l’autre côté et ratterrir sur un autre couvercle, dans la cabine où Salem avait élu domicile. Etrangement, il se sentait un peu plus à l’aise dans cette situation rocambolesque que dans le calme un peu formel d’un dîner en tête-à-tête.

Assis sur la chasse d’eau, les pieds sur le couvercle, les coudes sur les genoux et les mains croisées, Adam couvait Salem du regard. Après quelques secondes de réflexion, il se décida enfin :


— OK, mon grand. Ca va bien s’passer. Tu fermes bien les yeux. Tu fais l’vide dans ta tête. En gros. Et tu m’écoutes. C’pas compliqué, on t’demande de faire que ça. Ecouter ma voix. Faut penser à c’que j’te dis. Pas au reste.

Adam adaptait son discours à partir des techniques que l’on avait utilisées à l’Institut sur sa propre personne, quand son pouvoir en déraillant menaçait de l’ensevelir sous des visions en cascade, techniques dont il avait pu encore constater l’efficacité sur des télépathes un peu trop sensibles. Ce n’était pas décisif bien entendu, et quand les crises étaient très graves, elles se trouvaient parfaitement inutiles, mais dans bien des cas, elles étaient des perches tendues à un esprit qui se noyait mais qui avait encore les forces, avec un peu d’aide, pour se hisser hors de l’eau.

— Un jour j’t’emmènerai à Korster Falls. C’est un peu plus dans le nord. Pas très connu. Pas très touristique. Tu imagines une route qui longe une campagne vallonnée, d’un vert sombre, avec des bosquets de temps à autre, et plus loin s’élève une montagne d’abord arrondie par le temps, mais plus acérée en haut. On monte dans la montagne par une route en lacet, on s’arrête dans un chemin, on sort de la voiture, on suit le chemin qui est un peu escarpé.

Ca sent la terre, et la pluie, et la mousse. Tu vois, c’est un peu comme si c’était perpétuellement le début de l’automne. On entend autour de nous des bruissements dans les feuilles mortes ou dans les arbres — les oiseaux, les petits rongeurs, le vent. On continue sur le chemin, il y a un passage plus rocheux et on entend le bruit de l’eau déjà et là on arrive à une petite cascade. C’est pas très grand, mais c’est beau. Il y a cinq, six mètres peut-être de chutes. C’est là Korster Falls.

L’eau tombe dans un bassin qu’elle a creusé au fil des siècles, un mètre et demi de profondeur peut-être. C’est assez frais, bien sûr, mais enfin, on peut s’y baigner. Ensuite, elle descend par une rivière ou un torrent vers le pied de la montagne. La source est plus haut, bien entendu. Mais c’est là, Korster Falls.

Ca te plairait ? Qu’on y aille.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyJeu 20 Sep - 20:42

Salem pressait son front contre le mur, se concentrer sur sens autre que la vue et tenter laborieusement de faire le vide, c'était la seule technique qu'il avait trouvé pour reprendre un peu plus rapidement le contrôle. Mais il savait qu'il allait devoir supporter ça encore un bon moment, jusqu'à ce que son esprit trouvât au moins un début d'information qui le satisfasse. [Tu détiens sur moi, maintenant j'ai des temps dont je connais même pas le nom qui me viennent]

Un bruit inhabituel lui fit cependant ouvrir un œil, et ce qu'il vit lui fit ouvrir les deux. Adam le regardait, tranquillement installé sur les toilettes, ce spectacle pour le moins original eut le mérite de retenir suffisamment l'attention de Salem pour qu'il comprenne ses paroles. Et il réalisa immédiatement ce qui se passait, son tuteur avait compris avant lui, il n'y avait pas d'échappatoires possible, il en était un. Il ne savait pas trop s'il fallait se sentir inquiet ou soulagé, difficile, de toute façon, de penser à soi tout en se repassant le troisième match du tournoi inter-lycée d'il y a quatre ans seconde après seconde pour voir si ce mec-là était normal ou pas.

Sa voix, bon, pourquoi pas, il ferma les yeux sagement, essayant de suivre. Le Nord, une route, du vert, chaque mot renvoyait à des milliers d'images, Salem n'était pas vraiment doué pour l'imagination. Pour ce qui était des images, elles arrivaient et revenait telles quelles. Mais il pouvait toujours piocher dans ses préférées, la route Boston-New-York, par exemple, 306,18 km pour un nombre de platanes de... non, juste la voix, se concentrer...

Elle était plutôt agréable, sa voix, d'ailleurs, il n'avait pas fait attention. Elle n'avait pas la chaleur des grands sociables mais elle était posée et rassurante. Il en avait bien besoin.
Une montagne, d'accord, il ressortit une montagne et plaça Adam au milieu du décor, puisqu'il dit qu'il y est. Hum... un peu d'herbe pour adoucir. Adam qui grimpe sans difficultés la pente escarpée, la terre, la mousse, les feuilles mortes, les arbres, les oiseaux, les rongeurs, le vent dans les cheveux d'Adam. Et puis la cascade de 5, 6 mètres.

5 ou 6 mètres...
Mais il y a un monde entre 5 et 6 mètres, inconscient.

Adam qui dépasse de 35,23 centimètres après avoir plongé dans le bassin au pied de la cascade approximative. Si ça lui plairait ?

« Évidemment... »

Salem était un peu hagard et blême, malgré cela un mince sourire s'étirait sur ses lèvres. S'il avait toujours la tête en vrac, au moins ça c'était arrêté. Il préféra ne pas se lever tout de suite par mesure de prudence, au vu du léger vertige qui s'était ajouté à sa migraine. Il regarda Adam de dessous, les images de la cascade encore dans sa tête le firent sourire un peu plus.

« Merci, vraiment... Moi aussi j'ai mes petites particularités, t'as vu... »

Il essayait comme il pouvait de lui montrer que ça allait mieux, maintenant, se laissa quand même quelques secondes de répit supplémentaires, puis se leva lentement et ouvrir la porte pour pouvoir aller se passer une bonne rasade d'eau fraîche sur le visage, histoire de se ressaisir un peu.

« Je suis désolé mais... Je crois que je vais te fausser compagnie, j'ai besoin d'un lit et d'une aspirine, là... »

Ce n'était sans doute pas la meilleure des politesses de partir comme ça, mais il ne se sentait plus vraiment en état de continuer la soirée, et supposa qu'Adam devait comprendre ses raisons. Il ajouta, comme pour s'excuser.

« Mais si un jour tu veux m'emmener dans ta caisse pourrie pour aller voir une cascade qui fait même pas deux étages de haut, pourquoi pas. C'était vraiment une bonne soirée, excuses-moi pour... ça... »
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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MessageSujet: Re: Mais non j'aime pas les fleurs [Fini]   Mais non j'aime pas les fleurs [Fini] EmptyVen 21 Sep - 17:22

Adam n’était peut-être pas très doué pour mener calmement une conversation où il fallait faire preuve de délicatesse et il s’avérait sans doute un piètre interlocuteur quand il était question de ménager les autres, mais lorsque la situation prenait un tour un peu plus dramatique, ses instincts d’homme d’action ; là, dans la crise, il se sentait véritablement à son aise — il sentait sur ses épaules le poids familier d’une responsabilité qu’il trouvait parfois écrasante mais sans laquelle il se fût senti désoeuvré.

Il savait pertinemment qu’il connaissait mal Salem, quoiqu’il lui semblât qu’ils étaient amis depuis longtemps déjà, alors il ne s’aventurait pas en de trop hardies spéculations, il n’essayait pas d’inventer des méthodes nouvelles pour calmer l’adolescent : il se fondait sur ce que ce dernier lui avait dit clairement et sans détour — se reposer loin de la foule, le calme d’un parc — et sur ce qu’il avait vu pratiquer à l’Institut.

Bien sûr, il ressentait au fond de lui l’envie irrépressible de paniquer, de prendre Salem par les épaules, de le secouer, de lui dire toutes ces choses stupides qui étaient les premières à venir en de pareils moments — est-ce que tu m’entends ? reprends-toi ! ça va ? essaye de te calmer ; réponds-moi — mais il avait l’habitude depuis des années désormais de cette peur naturelle, de l’inquiétude, de l’incertitude, de l’irréductible nouveauté de chaque souffrance.

Alors, quelque calme qu’il parût peut-être, le soulagement n’en fût pas moins grand quand la voix de son camarade émergea du fond de sa prostration, quand un sourire passa sur ses lèvres qui avaient semblé si lointaines et quand Salem, finalement, parut s’extirper des pensées trop nombreuses qui avaient envahi son esprit.

Adam répondit au sourire de son cadet avec une douceur qui contredisait le flegme distant et analytique qu’il affichait au premier abord, comme si cette contradiction traversait son être tout entier. Quand Salem évoqua ses propres particularités, le regard du jeune homme se mit à pétiller.


— J’avais cru comprendre, oui.

Comme à son ordinaire, sa remarque demeurait ambiguë. Etait-ce qu’il s’en était rendu compte au moment où il avait vu Salem prostré dans les toilettes du restaurant et ne fallait-il interpréter sa réponse que comme la marque d’une ironie bienveillante ou bien avait-il compris plus tôt ? Mais alors, sur quels éléments et par quels raisonnements ?

Adam quitta à son tour la cabine et se félicita intérieurement d’avoir bloqué la porte principale. Il n’osait imaginer à quelles suppositions douteuses se fût livré un client qui eût aperçu les deux jeunes hommes sortir des mêmes toilettes et observé Salem se rafraîchir le visage. Une existence de situations improbables n’avait pas fait oublier à Adam tout son sens commun.

Mais l’euphorie de la victoire ne tarda pas à être refroidie par les décisions de Salem. Le sourire d’Adam s’effaça brusquement — ses yeux un instant laissèrent percer une pointe de déception — mais bientôt son visage et son regard reprirent leur stoïque tranquillité, dissimulant les redoutables mécanismes de son esprit bancal qui se mettaient en branle.

Salem partait — et puisqu’il avait dit « fausser compagnie », c’était manifestement qu’il ne désirait pas qu’il le raccompagnât — donc qu’il ne partait pas seulement pour se reposer, mais également pour n’être pas avec lui — car sans doute lui reprochait-il d’avoir déclenché cette crise — et sans doute ne voudrait-il plus le revoir — tout cela était à la fois parfaitement logique et parfaitement douloureux.

En jeune homme merveilleusement doué pour gérer de manière mature et réfléchie les déconvenues de l’existence, Adam s’empressa d’enfouir ses réflexions dans un recoin de son esprit pour répondre avec un calme olympien :


— T’excuses pas. C’est sans doute mieux que tu ailles te reposer.

Pour éviter de trop avoir à regarder Salem — car somme toute ses talents d’acteur, il le savait pertinemment, seraient vite épuisées — Adam avait entrepris d’ôter la pesante poubelle qui entravait la porte pour libérer le passage à son ami. Il se redressa finalement et, regardant un point indéterminé à gauche du visage de Salem, dans le vague, il conclut :

— T’inquiètes pas pour la table et tout. J’vais juste régler l’addition. Du coup, on s’appelle.

En ces termes Adam laissa son interlocuteur s’éloigner et partit récupérer pour sa part son blouson, avant de patienter devant la caisse pour régler un repas qui ne s’achevait certes pas selon ses espérances — sans qu’il sût très exactement ce qu’avaient été ses espérances. Il ne voyait ni qu’il avait été bien plus inquiété que de coutume par le malaise de Salem, ni que sa déconvenue avait été bien plus grande en entendant qu’il allait partir.

Il se sentait juste triste — un peu bêtement triste — sans savoir trop pourquoi. Il comptait machinalement ses petites coupures devant un guichetier désespéré, et déjà il se reprochait mille choses : mille phrases mal tournées, mille réactions manquées, mille prudences oubliées qui, agencées différemment, eussent sans doute rendu la soirée plus agréable pour Salem.

Définitivement, Adam devait se rendre à l’évidence : les mondanités n’étaient pas son domaine.
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