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 La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]

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Tess Hour

Tess Hour
Mutante de niveau 1

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Localisation : Enfin à New York !
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Age du personnage : 17
Pouvoirs : Immunité contre les maladies allergènes, infectieuses, virales, vénériennes, tumorales… Petit à petit, Tess développe un système immunitaire aussi résistant qu'une chape de plomb. Sans pour autant guérir plus vite, elle est simplement immunisée contre toute forme de maladies. Immunisation des autres contre ces mêmes maladies.
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MessageSujet: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyMer 4 Sep - 19:00

La photo, c'est un vilain défaut


J'ai vu tous les Twilight, tous les Dawn of the Wolf. J'ai même vu Red Dawn (les deux, ne le répète à personne mais quand Hemsworth se fait abattre dans le corridor, j'ai hurlé avant de me planquer). Que j'ai aimé ou pas, on s'en fout, franchement. Mais je les ai vus. Donc je peux critiquer. J'ai le droit. Donc quand je dis que j'ai vu Edward Cullen fait la boule à facettes dans la jungle de New York, je sais de quoi je parle. Mais je t'ai perdu. Je reprends.

En arrivant à New York avec Neil, on peut pas dire que c'était ce à quoi je m'attendais. En fait, c'était même carrément l'opposé. Le genre de trucs qui te bouleverse bien et qui te paume quoi que tu veuilles bien dire. Alors Neil m'avait récupérée et on était partis crécher chez une connaissance à lui pendant quelques jours, le temps de trouver mieux. Ce que j'étais censée devenir à ce moment-là ? Aucune idée. Mais avec le peu d'argent qu'il nous restait, on s'était refait une garde robe, on en avait vachement besoin. Bon d'accord, j'en avais vachement besoin. Mais j'avais plus rien ! Et puis j'avais un défaut : j'aimais les belles choses. J'ai beau être adoptée, quoiqu'il en soit, biologique ou pas, mes parents avaient de la tune ! Mais je reviendrai sur tous ces détails un autre jour. Concentrons-nous sur ce qui s'est passé ce jour-là. J'avais lu dans la presse - je ne lis plus que ça, ici - qu'il y avait un événement à être absolument dans New York : le jardin botanique où se tiendrait une exposition de photos de guerre avec, pour auteurs, des journalistes reporters. Viet Nam, Corée, Irak, Afghanistan, Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, même l'Australie, le Japon... Toutes les guerres des deux derniers siècles ou presque, civiles comme mondiales... Depuis que la photo existe, dans l'endroit le plus paisible de la ville, aménagé pour l'occasion lors d'une soirée chic et bon goût. Le genre de soirée dont je n'avais pas vraiment l'habitude parce que ça me gonflait plus qu'autre chose, je laissais toujours mes parents partir seuls et moi, je restais à me gaver de popcorn devant les films cités plus haut. J'invitais des copines, aussi de temps en temps. J'aurais bien aimé inviter un copain un jour mais ça s'est jamais fait. Soit ils étaient trop nuls soit j'ai pas eu le temps avant de les larguer. Mais cette fois je voulais y être. J'avais l'impression que c'était une soirée très importante, avec le maire, des vétérans de toutes les guerres, sûrement des journaux, quelques médias... J'étais sensible à la photo, j'étais sensible à la guerre, j'étais avant tout sensible aux armes qui détruisaient notre monde. Qui avait inventé ces armes. L'homme ? Et aujourd'hui, certains s'en servaient comme... décoration ? Pardonne-moi si je ne comprends pas bien ce principe. Ôter la vie d'un homme est pour moi avant tout question de survie et beaucoup trop de civilisations ont connu des génocides avec des armes de ce genre. Des lâches. Rien de plus. Mais je voulais voir ça de plus près. Ca me fascinait sans que je puisse réellement me l'expliquer.

Par conséquent, j'avais attendu que Elirys et Neil aient le dos tourné pour ressortir en ville et m'acheter un truc pour l'occasion. En fait, je m'étais payée une robe avec tout ce qu'il me restait. Quand Neil l'apprendrait, il me tuerait très certainement ! Mais ça, il l'avait déjà fait plein de fois dans sa tête, alors... j'avais pris une robe qui me faisait envie, et comme j'étais plutôt grande, elles m'allaient presque toutes. Une noire parce que je n'avais pas non plus envie d'attirer trop l'attention. Et puis bah une paire de chaussures qui va avec, tu penses bien. J'avais tapé dans le maquillage d'Elirys, je m'étais fait une coiffure assez simple, quelques mèches relevées mais pour un cou et une gorge dégagés. Oui parce que mes cheveux sont très longs et très noirs. Je viens du British Columbia, autant dire de l'Alaska sans vouloir taper dans le Manitoba. Alors d'accord, si ça se trouve, je viens d'ailleurs mais quoi qu'il en soit : je suis blanche comme un cul d'esquimaux. Tout ça pour dire qu'il me fallait un peu de couleur. Depuis que Neil m'avait récupérée à Vancouver, je n'avais plus mis de talons. J'avais gardé mes bottines qu'on avait trouvées à la frontière parce que sinon j'étais pieds nus. Disons qu'on était partis de chez moi en urgence sous la banderole de quelques sifflements de balles, je n'avais pas trop réfléchi. Mais c'était un plaisir de retrouver quelques centimètres, je me sentais grandes. Pas que j'avais réellement cherché à retrouver ma vie canadienne mais... Ca me faisait du bien de me sentir un peu à nouveau comme celle que j'étais avant que tout ça n'arrive : normale - mis à part mes problèmes alimentaires bien sûr.

J'avais espéré que mon nom de naissance - j'avais changé à la frontière et non je ne te le donnerai pas - m'ouvrirait la porte même si je n'étais pas sur la liste des invités. Il s'est avéré que mon nom ici ne servait... à rien ! Sinon à bien fouler le tapis rouge pour ceux qui seraient derrière moi. Alors j'ai pris mes meilleurs airs, les plus grands, mes plus beaux chevaux, le vent dans les boucles.

– Comment ça, mon nom n'est pas sur cette liste ? Je viens de Vancouver exprès pour cette soirée, revérifiez à nouveau, je vous prie !

Mais il faut croire que j'avais à faire à des pros que ni ma poitrine ni mes beaux mouvements capillaires soyeux n'impressionnaient. J'ai poussé un bref soupir exaspéré avant de regarder autour de moi. Ce jardin avait sûrement une barrière plus basse que l'autre par laquelle je pourrais escalader.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
Mutant de niveau 1

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyJeu 5 Sep - 10:31

— Carol les a vus ?
— Pas encore.
— Hmm.

Le reporter haussa les épaules.

— Somme toute, ça pourrait être n’importe quoi.

À l’ombre d’un saule pleureur, loin de la fête à proprement parler, et des photographies artistement exposées, pour convaincre les riches de New York de donner de l’argent, oh, beaucoup de l’argent, à toutes les associations nécessaires, à Médecins du Monde, la Croix Rouge, n’importe quoi — et ces événements, avec ce qu’ils avaient de futilité et d’hypocrisie, il fallait le reconnaître, dans ce domaine fonctionnait très bien — les deux hommes discutaient à voix basse en regardant d’autres sortes de clichés.

Ulysses releva les yeux.


— N’importe quoi ?
— C’est des camions. Dieu sait ce qu’ils transportent.
— C’est de la fabrication allemande. Il n’y a que les Israéliens pour acheter de la fabrication allemande, là-bas.
— Et même si c’était ça ?

Ulysses examina à nouveau, rapidement, les photographies prises à la dérobée, à la frontière de l’Arabie Saoudite. Il finit par secouer la tête et tendre les clichés au reporter qui les avait prises « sur le côté » — pas pour les journaux, certainement pas.

— Donne-les à Carol.
— Elle travaille pour toi, maintenant ?

Ulysses haussa les épaules. Un peu blasé, le reporter suggéra :

— Secret ?
— Je dois aller serrer des mains.

Avec un bref sourire, Ulysses s’éloigna, suivit par le regard du reporter qui, comme les regards de la plus grande partie des invités ce soir-là, et des passants dans la rue, et des téléspectateurs, s’était fait un peu rêveur en détaillant la silhouette de son interlocuteur. Quelques secondes plus tard, Ulysses se fondait à nouveau dans l’assemblée avec aisance, parce qu’en effet il avait fait cela toute sa vie, comme si, pour lui, il n’y avait pas de pallier de récupération entre les discussions les plus confidentielles et les discussions les plus médiatisées — les deux extrêmes de son existence.

Il serra des mains, il adressa des sourires, quelques mots sympathiques — Madame la Représentante du Dakota, Monsieur l’Adjoint au Mère, Monsieur le Secrétaire, Madame la Présidente de la Commission. Il avait tout cela dans la tête, Ulysses, les noms, les prénoms, les noms et les prénoms des enfants et des petits-enfants, les généalogies, les occupations, les intérêts. Pour les quelques invités mondains qui circulaient dans ces événements, il n’y avait là rien que les bulles du champagne et les petits fours, mais pour les gens comme lui et les gens comme ceux qu’il saluait, c’était une sorte de réunion informelle, loin des minutes des greffiers de commissions, là où se décidaient, aussi, des choses graves et importantes.

Ulysses continua à remonter vers l’entrée, pour aller jeter un coup d’œil à ce qui se passait juste dehors, sur le tapis rouge : ceux qui arrivaient encore, les quelques journalistes qui attendaient, pas vraiment pour couvrir l’événement en lui-même, qui n’intéressait déjà plus les dernières pages des journaux, mais pour poser une question, au passage, à tel ou tel invité qui jouait un rôle quelconque dans une enquête qu’ils avaient en cours. D’ailleurs, ils se contentaient de jeter un œil à chaque passage, et puis ils rabaissaient leur regard sur leurs téléphones, pour envoyer des messages plus importants. En attendant.

Sur le tapis rouge, une jeune femme bataillait avec les réceptionnistes. Quelques mois plus tôt, Ulysses eût senti une vague de désir, sans doute, monter brutalement en lui en l’apercevant. Ce temps-là était révolu. Il était plus calme, maintenant. Mais il lui restait une sorte de curiosité, vidée d’obsession charnelle enfin, pour cette scène. Il sortit du jardin pour rejoindre le pupitre qui servait de réception et interrogea d’une voix tranquille, conscient d’aller contre l’évidence :


— Tout va bien ?

Il n’avait même pas commencé à parler que les deux employés s’étaient brusquement redressés, d’un air nerveux, parce qu’avec lui, c’était le Parti Démocrate, Winford Electrics et la dynastique Winford qui, tout à la fois, venaient de leur adresser la parole. Le réceptionniste prit son air le plus professionnel et répondit, incapable de détacher son regard de celui d’Ulysses :

— Mademoiselle assure être sur la liste, mais nous ne trouvons son nom nulle part.

D’un rapide coup d’œil, Ulysses considéra l’étrangère. Elle n’avait pas l’air des coureuses de soirées mondaines que l’on trouvait parfois au bas des tapis rouges et qui étaient prêtes à n’importe quoi — vraiment n’importe quoi — pour rentrer dans le saint des saints. Il lui manquait les bonnes boucles d’oreille, qui seraient à la mode à New York pendant sept ou dix jours, ou bien l’exacte nuance de rouge à lèvres, qui servait comme un code, une reconnaissance.

D’une voix douce, d’une voix, même, surnaturellement douce, le jeune homme glissa :


— J’ai dû oublier de l’inscrire.

Il reporta son regard sur le réceptionniste et lui adressa un sourire navré et surréel.

— Je suis désolé.
— Ah. Mais, bien sûr, bien sûr, M-Monsieur Winford, je ne savais pas, je vous prie de m’excuser, Mademoiselle, je suis navré, j’ignorais que…

Ulysses secoua la tête.

— Ce n’est rien.

Et il tendit le bras à l’inconnue.

— Venez, ma chère, je crois que le maire va faire son imitation de George Clooney. Ce sera dommage de manquer cela.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyJeu 5 Sep - 19:35

Le fameux Edward Cullen, donc. Quand j'ai entendu sa voix, déjà rien que sa voix, j'ai raté un battement de coeur. Plus parce que j'avais la trouille de me faire virer ou qu'on appelle la sécurité, qu'on me demande mes papiers et tout ça que j'avais pas, que parce que l'homme qui parlait était beau. Pourtant, ça n'enlevait rien à son pouvoir. Je me suis retournée en ouvrant la bouche pour me plaindre de la mauvaise sécurité de l'événement et puis je l'ai vu. Je me suis figée, la bouche ouverte sans élégance alors que mes yeux s'étaient posés sur lui. J'avais dit à Neil que mon prochain arrêt dans la vie, c'était les garçons. Mais celui-ci ? Jamais j'avais rencontré un mec aussi beau de toute ma vie ! Et puis cette voix… J'ai baissé les yeux sur la liste alors qu'il disait m'avoir oubliée. Ce qui n'était pas possible, bien évidemment. Soit c'était un mec qui m'ait trouvée aussi belle qu'il ne m'avait coupé le souffle, soit c'était un abruti qui croyait vraiment m'avoir oubliée. J'ai cligné des yeux quand il m'a tendu son bras. Il était sérieux, le type ? Pour moi ? "Ma chère" ? On m'avait jamais donné du "ma chère" et ma traversée des USA m'avaient pas rendue plus raffinée. Ok donc je fais quoi ?

Et bah je prends le bras ! On me le tend, je vais pas refuser. Je tire la langue au guichetier qui doit se retenir de m'égorger et je sers un sourire radieux à mon sauveur en passant mon bras dans le sien. Un instant, j'ai cru qu'il y avait George Clooney, j'ai cru m'évanouir, je t'assure ! Mais cet inconnu est trop beau, je le voyais briller de mille feux au milieu des invités, je me suis demandée si c'était un pouvoir de mutant ou s'il était si naturellement… beau. Je n'arrivais pas à défaire mes yeux de son visage ou de ses cheveux et puis son bras dans le mien… J'ai posé ma main sur son avant-bras et je lui ai servi un nouveau sourire. Comment pouvait-on avoir dans l'idée de faire du mal à pareille créature ? J'avais rien d'une Bella, faut pas pousser. J'étais pas aussi insipide qu'elle. Mais je dois avouer que je me sentais un peu comme elle !

Je me suis mordue la lèvre inférieure. J'étais entrée. Pas comme je l'avais imaginé ni espéré mais j'étais entrée. La soirée pouvait commencer. Mais pas avec un mensonge. On ne pouvait vouloir mentir à cet homme si beau et si radieux ! Ce n'était pas humain, il méritait de connaître la vérité !

– Vous savez, mon nom n'était pas sur la liste mais cette soirée me faisait tellement envie que j'ai tenté ma chance.

Je venais de loin alors la tête de ce type ne me disait rien du tout. Je ne l'aurais pas reconnu, je m'intéressais un peu à la politique mais sans plus ! Pas assez pour hurler devant son nom et accrocher un poster dédicacé au-dessus de mon lit. La question "Vous habitez toujours chez vos mutants ?" frôla mes lèvres mais heureusement, j'avais assez de raffinement en souvenir pour ne pas oser. J'ai alors porté mon regard autour de nous, me sentant un peu comme une princesse. J'étais au bras de celui qui était visiblement dinde farcie de la soirée. Et heureusement, j'avais de beaux talons. Je ne cessais de sourire et tous mes cours sur la bienséance ressortaient. Comment marcher, comment sourire, comment serrer des mains qu'on ne connaissait pas. Soudain, je redevenais une femme du monde comme j'étais destinée à l'être encore quelques mois plus tôt.

– Vous semblez incarner l'étoile principale qui fait de l'ombre à George Clooney. Je n'ose pas même demander à qui ai-je l'honneur d'offrir mes remerciements pour m'avoir laissée entrer.

D'ici quelques jours, quand j'y repenserai, je me sentirais sûrement très stupide d'avoir pu croire un instant que ça… C'était ma vie, mon destin, mon futur, ou du moins celui qu'on m'avait réservé pendant si longtemps. Soudain, je me suis raccrochée à son bras en me rapprochant de lui dans un léger sursaut de surprise.

– Oh mon dieu, c'est Tony Stark là-bas ?!

Ouais alors lui par contre, canadienne ou pas, je m'en foutais, je savais qui c'était ! Tony Stark, finalement, c'était pas si étonnant de le voir là. Il avait financé des armes et puis son père avant lui avait plein de choses pour les militaires et l'évolution de la ville ! Mais pour rien au monde je ne me serai approchée. J'étais déjà en très bonne compagnie. Mais en fait, j'ai penché la tête en fronçant les sourcils. Il était pas un peu trop vieux pour être Tony Stark ?
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyVen 6 Sep - 11:37

Parmi tous les traits typiquement winfordiens dont Ulysses avait hérité, comme des générations d’ancêtres avant lui, il y en avait qui gouvernait assez régulièrement ses actions et qui n’avait pas peu contribué à l’analyste et au politicien qu’il était devenu, et ce trait, c’était la curiosité. Ce soir-là, il y avait quelque chose de presque scientifique dans sa manière d’introduire un élément étranger dans la solution relativement homogène que constituait la soirée mondaine en l’honneur des photographes de guerre.

Sans doute, la beauté de Tess l’avait frappé un instant : elle avait résonné avec ses vieux démons, comme l’eussent fait, jadis, bien des beautés de moindre valeur, mais cette distraction d’un instant, dominée par la réforme qu’il s’était péniblement imposée et dont il était sorti finalement triomphant, s’était effacé bien vite pour laisser la place à un intérêt plus pur, presque, pour ainsi dire, innocemment ludique.

D’une voix dégagée, alors qu’ils passaient sous l’arche florale qui ce soir-là servait d’entrée au jardin botanique, Ulysses remarqua :


— Oh, vous êtes Canadienne.

Il n’aurait pas su déterminer précisément la région du Canada dont venait Tess, mais n’importe quel New Yorkais de souche pouvait naviguer entre les principaux accents des autres anglophones, aussi aisément qu’il était capable de classer les visiteurs de l’intérieur qui, venus de toute l’Union, coloraient parfois de leurs inflexions provinciales les discussions de l’une des capitales du monde.

Ils étaient arrivés sur la partie semi-circulaire du tapis dont partaient les différentes allées bordées de présentoirs d’exposition en aluminium. Ulysses n’avait pas manqué de remarquer la réaction de la jeune femme lorsqu’il était apparu, mais il s’était contenté de l’ignorer. La découverte de son propre pouvoir n’était que récente, à en mesure que sa mutation avait cristallisé dans une beauté de moins en moins explicable par les seules propriétés humaines, et il n’était pas encore certain de la meilleure manière de la gérer au quotidien. Pour l’heure, il faisait ce qu’il avait toujours fait : vivre sa vie.

L’inconnue confessa que son nom n’était pas sur la liste. Avec diplomatie, l’Américain répondit :


— Je crois que je l’avais un peu déviné.

Une manière tout à fait détournée de dire : « merci, c’est évident ». Ils commencèrent à naviguer dans la foule et Ulysses, à vrai dire, ne paraissait pas soucieux de donner une explication à son étrange invitation, ni même particulièrement pressé d’attirer Tess dans une allée obscure pour profiter de ses faveurs. Il la conduisait en suivant le mouvement de l’exposition, en glissant, de temps à autre, le nom de telle ou telle personne pas tout à fait aussi célèbre que George Clooney.

Quand Tess l’interrogea sur le sien, il répondit simplement :


— Je m’appelle Ulysses.

Ce n’était assurément pas un prénom très commun. Sur quoi son invitée entreprit de lui arracher le bras pour attirer son attention vers le playboy milliardaire autour duquel gravitaient une nuée de femmes. Ulysses, milliardaire mais pas playboy, hocha la tête et murmura, avec une once de reproche :

— Très cynique de sa part de venir à une semblable exposition.

Après tout, certaines des guerres dont les photographies étaient ce soir-là un témoignage avaient dû contribuer à augmenter la vaste fortune des Stark et il y avait sur ces clichés des cratères et des cadavres qui lui avaient rapporté quelques dollars. Naturellement, Ulysses lui-même n’était pas étranger à ce monde-là et ses recommandations, ses rapports et ses analyses avaient plus d’une fois décidé d’une attaque de drones ou d’une opération clandestine. Mais de son point de vue, ses motivations et celles de Stark étaient très différentes.

Il fallait dire qu’ils paraissaient être comme le jour et la nuit. Stark baignait dans l’attention collective sans faire aucun effort pour s’en détacher et Ulysses, à chaque fois qu’une poignée de main était un peu trop longue et que, dans le regard de l’autre, l’étincelle d’un intérêt désirant s’allumait, s’ingéniait, lui, à fausser la compagnie — un exercice de tous les instants, à en juger par l’universelle fascination qu’il exerçait sur la plupart des invités.

Mais ils furent bientôt trop engagés dans les allées pour rencontrer beaucoup de célébrités. Trop loin des projecteurs. Ulysses en profita pour reprendre le fil d’une conversation à peine entamée.


— Alors, vous n’êtes pas étrangère aux soirées mondaines, mais vous n’avez été à aucune de cette saison, ni de la précédente, autant que je puisse en juger, à New York.

Question de boucles d’oreille, donc.

— Et vous avez été éduquée à la danse populeuse du monde, comme disait Virginia Woolf, mais d’une façon toute, hm, canadienne, si je puis me permettre. Et vous ne l’avez pas dansé souvent, autant que je puisse en juger.

Ulysses baignait dans cet univers et, pour lui, décrypter la situation sociale des gens, avec un raffinement byzantin, était une seconde nature. Il avait beau préféré de très loin le ranch de Winford, ses vastes étendues sauvages, ses chevaux et ses troupeaux à toutes les paillettes de New York, il n’en était pas moins capable, comme tous les invités, de « sentir » les petites incohérences.

Ces remarques que d’autres, à cette soirée, eussent sans doute formulées avec une condescendance moqueuse, il les avait faites lui avec un air presque… reconnaissant.


— C’est un étrange mélange. Ah…

Il dégagea son bras de celui de Tess pour croiser les mains dans le dos de son smoking, arrêté devant une photographie qui représentait une partie du désert afhgan : il n’y avait rien, ni humains, ni animaux, ni véhicules, ni habitation, et la seule chose qui perturbât la monotonie du sable et du roc était une unique mine antipersonnelle, apparemment posée au milieu de nulle part.

Ulysses secoua lentement la tête.


— Décidément, c’est très soviétique. Laisser leurs armes trainer partout. Je suppose que c’est une manière de durer au-delà de la chute d’un empire. Une sorte de… relique.

Il jeta un coup d’œil à Tess et, d’un ton un peu inquisiteur, suggéra :

— Mais vous préférez peut-être les bulles du champagne ?
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyVen 6 Sep - 22:08

– De Vancouver, précisément !

Je ne devrais pas m'extasier comme ça d'où je venais et j'aurais dû rester plus discrète. Neil m'aurait sûrement battue à mort pour ce que je faisais ce soir. Mais hey ! Les diamants ne sont-ils pas les meilleurs amis de la femme ? En tout cas ! Si j'avais songé un instant que mon Edward Cullen puisse penser, même une fraction de seconde, me coincer dans une allée, de toi à moi ? Je me serais barrée en courant. ... Oui bon d'accord, probablement pas mais je peu bien tenter de montrer un peu de volonté, non ? Pis alors, quand il m'a dit son prénom, j'ai cru que j'allais tomber raide morte. Un si beau prénom sur un si beau visage, j'avais presque honte du mien. Dans un sourire, j'ai fini par lui avouer en me disant qu'à l'avenir ce serait plus simple.

– Tess.

Et là on coinçait. Qui j'étais, d'où je venais... Ce type devait s'en cogner des soirées comme celle-ci pour ne jamais m'y avoir vue. Ou alors sinon il devait se demander pourquoi il ne m'avait pas remarquée plus tôt, c'est ça ? J'ai pouffé de rire en décidant de jouer sur la situation. L'idée c'était que mon âge ne devait pas être flagrant pour ne pas dire indécis. J'avais la chance de faire un peu plus vieille que je ne l'étais alors je devais en profiter au maximum ! J'ai pris un air gêné et je crois que j'ai la capacité, sur commande, de me mettre à rougir dans un sourire intimidé.

– En réalité, je viens d'arriver à New York, il y a quelques jours. une nouvelle vie, j'imagine, j'ai toujours voulu venir à New York, c'est ici qu'est la vie, n'est-ce pas ?


Mais alors, quand il est parti dans ses citations, autant te dire que beau ou pas... Je le regardais comme s'il était stupide, un sourcil haut. C'était quoi le rapport avec le fait de danser ? Aucune idée. Je dansais pas, pour ainsi dire. Je savais qu'on dansait dans des soirées mais pas celle ci, pas vrai ? Moi, ce que j'en dis, c'est qu'on a pas besoin de savoir danser pour regarder des photos. Surtout celles-ci. Et puis heureusement que je n'étais pas télépathe. Han, tu crois qu'il l'était, lui ? J'ai levé un index.

– Techniquement, j'ai été éduquée par des bureaucrates et à défaut de danser, ils m'ont appris les bonnes manières !

Ils ont essayé, du moins. Je l'ai laissé dégager son bras en lui souriant. J'avais eu du mal à détacher mes yeux de lui, c'était assez fascinant, d'ailleurs ! Je sais pas ce que Bella ferait dans cette situation mais en ce qui me concerne, je ne voulais pas qu'il croit qu'il m'aveuglait ! Non ! Je voulais qu'il croit que j'étais une femme du monde polie et distinguée ! Alors j'ai souri encore et puis j'ai imité sa position en regardant les photos. Je sentais toujours fortement sa présence à mes côtés mais le fait de ne plus le regarder, c'était... Comme si sa beauté était surtout une impression, un souvenir, j'étais un peu plus objective, finalement. De toute façon, j'étais venue ici pour l'exposition, c'était ça qui m'intéressait le plus. J'ai penché légèrement la tête en étudiant ce que j'étais initialement venu voir. J'avais essayé de comprendre certaines choses, c'est pour ça que j'étais là, c'était ça le plus important.

En vérité... Cette photo me captivait autant que Ulysses. Pas parce qu'il me ôtait toute objectivité quant à ce que je pensais de lui mais par les réflexions qu'il engageait vis à vis d'une simple photo. Je ne savais peut-être pas qui était Virginia truc, je ne savais sûrement pas plus danser et je n'aimais très probablement plus les soirées mondaines que lui - fallait pas se leurrer - mais j'avais une chose pour moi : ma propre volonté et mon opinion personnelle. J'ai même fait un pas vers la photo en répondant à sa dernière question pendant que je réfléchissais aux précédentes.

– Non, je ne bois pas. Si je voulais boire, j'irais dans un bar.

De toute façon, l'alcool me rendait malade. Ouaip. Pas tous les alcools mais presque et je ne tenterai pas le diable ici à moins d'avoir un soda à la couleur du champagne. Un bon jus de pomme pétillant ! Y a que ça de vrai. J'ai cligné des yeux en étudiant un peu plus la photo. Ca voulait dire quoi une mine anti personnelle ? Qu'elle peut se retourner contre celui qui l'a posée ? C'est fourbe comme moyen de faire, tu trouves pas ? J'imagine le mec, il pose sa merde là et il attend, planqué derrière un buisson, qu'un abruti vienne poser le pied. Ca rimait à quoi au juste ?

– Je voudrais comprendre ce qui pousse les hommes à s'entretuer. J'essaye de comprendre pourquoi les armes ont pris le pas sur notre survie. "Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l’argent ne se mange pas." Je voudrais savoir ce qui permet un homme d'en juger un autre du bout de son canon.

J'espérais que cette exposition aurait les réponses à mes questions. Peut-être que je cherchais à savoir si j'avais eu raison, peut-être même une excuse, je n'en sais rien. Mais j'avais du sang les mains alors à présent ? Je faisais partie de ces gars-là parce que j'étais en guerre. Je n'étais pas un soldat, je n'étais pas une victime, je n'avais rien d'une héroïne alors qu'est-ce que je pouvais bien être car il était certain que je n'étais pas non plus un meurtrier.

– Je ne vois pas vraiment une relique. Je dirais plutôt une pièce à conviction.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptySam 7 Sep - 13:51

Ulysses, lui, il ne trouvait pas que la vie était à New York. La vie qu’il voulait, elle était pleine de forêts, de montagnes, de déserts et d’océans. Ce qu’il y avait à New York, c’était tout autre chose : les responsabilités, le sens du devoir et les obligations. Pour lui, il n’y avait pas de fêtes, que des négociations. Pas de concerts, que des entractes aux discussions feutrées. Et pas de photographies artistiques : que des images stylisées de ce qu’il voyait, le reste du temps, sur des clichés satellites ou entre les lignes des rapports d’incidents, le long des frontières.

Il ne répondit rien, préférant laisser la discussion dériver vers la mine que s’empêtrer dans les menues considérations. De toute évidence, il ne comptait pas profiter du petit ascendant qu’il avait pu éventuellement acquérir sur Tess, en la faisant entrer, pour s’immiscer dans sa vie personnelle et l’interrogea plus au-delà que son prénom et ses origines. Il voyait probablement trop d’interrogatoires et trop de réponses détournées toute la journée pour vouloir encore s’engager dans ce genre de devinettes, une fois la nuit tombée.

Tout ce qu’il voulait, c’était un peu de compagnie, et une compagnie qui ne fût pas strictement encadrée par les ambitions et le protocole d’un monde clos, pour pouvoir passer le temps un peu plus agréable qu’il ne l’eût fait sinon, en attendant de pouvoir quitter la soirée sans paraître impoli d’être resté trop peu. Tess était une distraction, en quelque sorte, mais enfin, c’était un échange de bons procédés : lui n’avait été pour elle, d’abord, qu’un ticket d’entrée.

Le jeune homme écouta le commentaire de sa compagne d’un soir sans détourner les yeux de la photographie. Il esquissa un demi-sourire, beaucoup plus mélancolique qu’ironique, et murmura :


— Ah, une idéaliste…

Il n’avait guère l’habitude de ce genre de discours, du moins pas lorsqu’il travaillait. Quand il rentrait chez lui, le soir, bientôt, dans la jungle qu’était la maison d’Ivan, son petit ami l’enveloppait de son idéalisme à lui, plein de pacifisme, d’écologie et de tendresse, et Ulysses se laissait volontiers charmer par ces idées en lesquelles il ne croyait à vrai dire pas du tout, parce qu’elle venait d’Ivan et qu’elles venaient ouater la violence du monde extérieur, mais lorsqu’il était lui-même immergé dans le bal de la politique, des renseignements et de l’armée, son pragmatisme était bien différent.

— Nous vivons décidément dans un temps d’idéalistes. Plus personne ne veut faire la guerre. Pas les électeurs en tout cas. Quand on y songe, cela dit, il n’est pas étonnant que la volonté populaire en la matière soit inversement proportionnelle au progrès technologique de nos industries militaires.

Il manquait sans doute une demi-douzaine d’étapes logiques dans son raisonnement, qu’il avait laissées implicites, habitué qu’il était à n’exprimer ce genre de choses qu’à demi-mots, pour passer plus vite et plus tôt à des problèmes plus pressants. Mais ce soir-là, il n’avait pas à décider dans la minute s’il était judicieux ou non de conseiller une frappe chirurgicale sur une région montagneuse, alors, finalement, il prit le temps d’élaborer un peu ses réflexions.

— Je ne crois pas qu’il soit souvent question de juger un autre homme du bout de notre canon, pour reprendre votre expression. Selon mon expérience, qui n’est pas très considérbale il est vrai…

C’était une modestie à moitié fausse : petit-fils d’amiral, fils de général, employé par la C.I.A. depuis le début de ses études, spécialiste lui-même de géographie militaire et de géopolitique des renseignements, Ulysses était probablement l’un des penseurs stratégiques les plus avertis à des kilomètres à la ronde — en tout cas, dans ce jardin botanique, à cette heure même, c’était absolument certain.

— …l’homme est un facteur négligeable en temps de guerre. La guerre se fait avec des ressources pour des ressources. Ce n’est pas un temps pour les calculs d’humanité. Ce n’est que parce que la guerre dépend de la texture de la paix et que la paix, elle, se soucie des hommes, que la guerre, très indirectement, parle des hommes qu’elle tue et de ceux qui les tuent.

Il marqua une pause et ajouta :

— Ceux et celles, devrais-je dire. L’armée est une constante marchée vers l’égalité, n’est-ce pas ?

Sa dernière phrase avait été prononcée avec une amère ironie et, de toute évidence, il se mêlait à son réalisme pragmatique une distance qui était loin d’exprimer son entière approbation. Pour être lucide, son analyse n’en était pas pour autant cynique.

— Mais il y a une chose que les idéalistes ne considèrent jamais, c’est que leurs propres évidences ne sont pas plus évidentes ni nécessaires que d’autres constructions. D’un certain point de vue, se demander ce qui pousse les hommes à s’entretuer est absurde. Le meurtre, pour conquérir des ressources ou un territoire, est une constante de la nature. On tue par domination. Nos ressources sont plus raffinées et nos territoires plus complexes, aussi nos destructions sont-elles plus violentes, mais dans l’ensemble, les principes ne sont pas nouveaux. La véritable question serait : pourquoi les hommes ne devraient-ils pas s’entretuer ?

À dix mètres de là, autour des plateaux de petits fours, on discutait en de menus propos du programme de la nouvelle saison du Metropolitan Opera.

— Ne vous méprenez pas cependant sur mes opinions. Ce n’est pas parce qu’une question n’est pas rendue nécessaire par la marche de la nature qu’elle n’est pas celle que nous devons nous poser. Ce qui me chagrine, c’est l’orientation chronologique d’un idéalisme qui envisage notre violence comme un produit de notre civilisation, alors que précisément notre civilisation est un effort perpétuel, quoique souvent tâtonnant, pour s’arracher à cette violence. Je ne crois pas que nous ayons une innocence à retrouver du fond de notre perversion, mais bien plutôt une innocence à construire, au prix de grands labeurs.

Et c’était ce qu’il estimait faire lui-même, en s’engageant dans les renseignements plutôt que l’armée : tout y était plus secret et, parfois, sans aucun doute, plus sordide, mais à la fin de nombreuses journées, le bilan des morts et des blessés était souvent bien moindre que celui des opérations militaires. Il fit un geste de tête vers la photographie.

— D’où ma remarque. Une relique. J’espère.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyDim 8 Sep - 15:36

Moi, idéaliste ? Ca c'était la meilleure. J'étais rien du tout en ce qui me concernait. Je tentais déjà d'être quelque chose avant de ne pas être ce que j'étais. Ce n'était pas idéaliste que de refuser de pointer son arme sur quelqu'un pour le soumettre à sa propre volonté. Je l'avais fait par survie, par protection. J'avais agi à chaud, sans réfléchir parce que Neil était en danger et moi aussi, par conséquent. Mais ce serait à refaire ? Je me souviendrai de mes actes et je tenterais de trouver une autre solution. Non, je n'étais pas une idéaliste, j'avais du vécu. Et ce vécu, je tentais de m'en amender. Mais aussi beau et convaincu qu'il pouvait être, ce n'était pas ça qui me faisait chavirer de mes opinions. Il ne s'agissait pas non plus de ne plus faire la guerre. Je n'avais pas d'avis arrêté là-dessus car il fallait bien se battre un jour. Je ne voulais juste pas tuer… Comme ça. Cependant, ses opinions m'ont faite tiquer parce qu'il essayait - sûrement sans le vouloir et sans le savoir - de m'attribuer des idées alors qu'il ne savait rien de moi. Je me suis redressée, sortant de ma contemplation de la photo et j'ai froncé les sourcils. Enfin, je me suis tournée vers lui et sa beauté m'a à nouveau frappée. non pas que j'en perdais toute objectivité sur ce qu'il pensait savoir de moi mais j'ai bu ses paroles comme si elles étaient l'évidence même. J'avais presque l'impression… de bugger. Oui c'est ça, je buggais car je n'étais pas d'accord avec ce qu'il disait, que j'avais l'impression qu'il cherchait également à me dominer par ce moyen - et ça, riche ou pas riche, mec buté ou pas Neil, je m'en foutais : personne me dominait. Et en même temps, il était si beau qu'on lui donnait le bon Dieu sans confession. J'étais tellement confuse que j'ai fermé les yeux pour secouer la tête. Ah, fermer les yeux, ça m'aidait à rester concentrée.

– Je ne suis pas une idéaliste ! Je dis juste qu'il doit bien exister d'autres moyens qu'en passer par des trucs aussi… barbares !

J'avais pincé les lèvres sur mon hésitation, en agitant ma main vers la photo en cherchant le bon mot. "Barbare", ce n'était pas tout à fait ça mais ça s'en approchait. Quant à la suite, j'ai grimacé. Ses propos se mélangeaient à ma confusion déjà installée et je n'étais pas sûre de comprendre tout ce qu'il me disait. De toi à moi, même sans confusion, je crois que j'étais paumée. Trop de mots savants pour moi. J'ai secoué la tête et je me suis remise en marche pour regarder les autres photos. Lui tourner le dos m'aidait à rester concentrée sur ce que je voulais dire et ce que je pensais. Je ne pensais même pas à un mutant, jusque mes hormones me jouaient des tours. Et mutant ou pas, le cas des hormones était bien réel. Couple donc ça à un jeune homme dont la beauté te faisait oublier toute souffrance dans le monde pour ne penser qu'à ton propre besoin naturel,  et paf, te voilà asservi à un inconnu. Je me suis frotté le front avant de ramener mes cheveux par dessus mon épaule pour jouer avec quelques mèches, mes yeux se baladant sur les photos au rythme lent de mes pas.

– Je n'essaye pas de justifier quoique ce soit ou de dire que la guerre c'est mal etc. J'essaye simplement de comprendre quelque chose.

Je me suis arrêtée devant cette célèbre photo de la guerre du Viet Nam où un homme tire sur un autre et qu'on voit ses cheveux en mouvement, on devine que le premier a tiré. La photographie m'a surprise par sa violence et j'ai même tressailli en serrant les dents. Je me suis revue, moi-même l'arme de Neil levée de cette même manière sur cet homme dont je ne sais rien mais qui était une menace pour nous deux. Je me revois encore tirer et le bruit de son corps heurtant le sol. J'ai dégluti en portant ma main à mon nez et je me suis raclée la gorge pour dissimuler mon trouble. Se dire qu'on va voir des photos de guerre, c'est bien, y faire face, c'était tout à fait autre chose. J'ai tourné la tête pour sourire à Ulysses, à nouveau rassurée d'être en si bonne compagnie sous l'oeil bienveillant de ce jeune homme au sourire ravageur.

– Je ne suis pas sûre qu'il me reste beaucoup d'innocence à présent… Alors en construire… Après, je vais pas vous mentir, je crois que j'ai pas tout compris à ce que vous avez dit.

J'ai souri un peu plus, riant très légèrement. Je me sentais gênée et péteuse d'oser dire à mon Cullen que je comprenais rien à ce qu'il disait. C'était comme si ce qu'il disait ne m'intéressait pas ou que je m'en fichais totalement. Ce n'était pas le cas, juste… j'avais 17 ans et je n'apprenais à connaître le monde que maintenant.

– J'ai longtemps été laissée dans l'ignorance alors aujourd'hui, j'essaye de rattraper mes lacunes. L'une d'entre elle concerne ma vision de l'homme face à l'homme. C'est pour ça que je tenais à venir ce soir. Je voulais… me fondre dans la masse, essayer de me comprendre moi-même comme le monde qui m'entoure. Je ne sais pas trop si c'était une bonne idée. Mais j'ai envie de trouver la vérité par moi-même, cette fois. Je n'ai plus envie d'entendre de mensonges ou de vérités alternées… Plus que la guerre elle-même, ce qui me met tellement en colère, c'est ce que les médias en font.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyDim 8 Sep - 16:32

Le raisonnement subrepticement nietzschéen d’Ulysses avait peut-être égaré son interlocutrice : il n’en était pas très sûr. Ce n’était pas particulièrement qu’il jugeât de haut les capacités intellectuelles de Tess. La condescendance ne se faisait pas exactement partie de son répertoire : il était bien trop occupé pour méditer sur sa propre valeur et les défauts des autres. Simplement, il savait d’expérience que, dans ce genre de soirées, même les invités les plus curieux étaient généralement réticents à l’idée d’engager la moindre conversation qui ne concernât pas ou les futilités des dernières actualités mondaines, ou leurs propres intérêts bien compris.

D’ailleurs, une bonne partie de son commentaire s’adressait autant à lui-même qu’à Tess. Vivre avec Ivan était pour Ulysses une expérience beaucoup plus éprouvante qu’il ne voulait bien l’admettre : l’idéalisme confiant et solide de son petit ami le mettait face à ses propres choix et, pour la première fois depuis longtemps, le jeune homme avait dû retracer les raisons implicites qui avaient guidé ses choix. Ses convictions n’avaient pas vacillé cependant : elles s’étaient modifiées, nuancées, affermies. Juste : il se devait désormais de les rendre plus claires, pour lui autant que pour les autres.

Il s’abstint donc de répondre quand il sentit l’agacement de Tess, soucieux de ne pas transformer la soirée que la jeune femme avait, manifestement, attendu avec une relative impatience en un pugilat stérile qui sans doute en eût gâché le plaisir. Il lui emboîta le pas, non sans remarquer que c’était avec moins de spontanéité, désormais, que la Canadienne le regardait — il avait l’habitude, désormais, de noter cette manière que les gens les plus sensibles à son pouvoir avaient de le chercher et de le fuir, selon les hauts et les bas de la conversation.

Avec son tact habituel, moitié naturel, moitié acquis en politique, quand Tess lui confessa n’avoir pas compris tous ses propos, Ulysses répondit simplement :


— Je crois que ce n’était pas très clair, en effet.

Il ressentait lui-même trop souvent cette sensation, lors des briefings sur le développement des expériences nucléaires iraniennes, par des scientifiques de l’Agence, pour songer à se moquer d’une incompréhension, superficielle ou profonde. Lui, c’était la physique ; d’autres, la philosophie politique : chacun ses impasses.

Ulysses considéra la nouvelle photographie devant laquelle Tess s’était arrêtée d’un œil un peu lointain. Comme devant la première, il ne semblait pas transporté par la charge tristement poétique des clichés. Lorsque Tess recommença à parler, en évoquant son éducation, il détacha d’ailleurs sans peine son regard celui-là pour observer la jeune femme et tenter de déterminer son âge. À bien y regarder, elle était peut-être plus jeune qu’il ne l’avait d’abord supposé. Dix-huit ans ? Peut-être moins. C’était au moins six ans de moins que lui.

En six ans, il était lui-même passé du petit prodige en langues des meilleurs pensionnats privés des États-Unis en stratège et analyste de première ordre au sein de la plus puissante agence de renseignements au monde : ses rêves de piano, de poésie et de culture arabe avaient explosé contre le mur de la réalité et du patriotisme. En un sens, il n’entretenait plus qu’une ressemblance très lointaine avec le jeune homme de ses dix-huit ans. Du moins le croyait-il.

Lorsque Tess évoqua les médias, Ulysses intervint sans enthousiasme :


— Je suis secrétaire de presse. Au Parti Démocrate.

Pas pour l’ensemble du parti, bien sûr, mais au parti.

— Les médias, c’est un peu mon travail.

La guerre aussi, beaucoup plus, même, mais cela, c’était un secret défense — difficile à soupçonner de sa part.

— Pour moi, les médias sont les ennemis perpétuels. On voudrait leur faire parler de quelque chose, de quelque chose d’important, d’un débat d’opinions…

Parce que lorsqu’on était le secrétaire de presse de la partie la plus progressiste du Parti, du moins de la partie la plus progressiste qui fût encore éligible, on espérait souvent gagner sur le terrain des débats sérieux plutôt que sur celui d’une image médiatique superficielle nécessairement défavorable.

— …et eux, ils ne se soucient que de… l’image.

Il désigna la photographie qu’ils observaient depuis un moment : une œuvre d’art, indubitablement. Très efficace. D’un air un peu amer, il confessa :

— À vrai dire, je n’aime pas vraiment cette exposition. La guerre n’est pas à mon sens une affaire de beauté et de poésie, quand même cette poésie se jouerait dans la tristesse et la violence d’une dénonciation. Je crois que l’expérience esthétique nuit à l’appréhension rationnelle du monde, de cette partie du monde, et que cette appréhension rationnelle est pourtant la moindre des choses que l’on doive aux vies ôtées.

Avec un sourire, il rajouta :

— Nous sommes un peu d’accord, alors, finalement.

Sans doute — mais ce n’était peut-être pas très évident, formulé comme cela. Ulysses se détourna de la photographie pour observer les gens qui illuminaient le jardin botanique de leur auguste présence, sur le tapis rouge, un peu plus loin.

— Mais enfin, si vous êtes venue ici pour découvrir le monde, vous en avez une partie ici. Un échantillon certes très particulier du monde. Mais c’est un microcosme, avec ses règles. Une expérience sociologique, en quelque sorte.

Et, l’air de rien, comme une question en passant, Ulysses interrogea :

— Vous faites de la sociologie, vous, à l’université ?

Parce que jeune mais nécessairement majeure (n’est-ce pas ?) comme elle l’était, elle devait être à l’université. Bien sûr.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyDim 8 Sep - 20:02

Il aurait pu être n'importe quoi, n'importe qui. Un mannequin, un grand designer, un conseiller de mode, un philosophe, j'en sais rien. Nan. Un secrétaire de presse. En politique. Mec, je sais même pas de quel bord je suis mais je sais déjà pour qui je vais voter. Que veux-tu que je te dise, je suis faible ! Mais quand il revient sur les médias, après avoir dit que je ne les aimais pas ? J'ai eu un léger rire et j'ai levé les mains pour mes les frotter en hochant la tête et regardant ailleurs.

– Bien, comme ça, tout est dit, je ne vous aime pas !

Bien entendu, je faisais de l'humour. Autant que je pouvais en faire. Mais je n'aimais déjà pas beaucoup les médias avant alors pourquoi maintenant ? Non, ça ne changeait pas trop de ce côté-là. Mais il m'aurait dit être consultant à la CIA, je crois que j'aurais ri. Il ne le dirait jamais, là n'était pas la question mais je voulais soulever que je ne le croirais pas. Tu crois que je le croirais ? Non, je suis jeune mais pas si crédule. Quel âge il avait ? Une vingtaine d'années ? Il avait l'air si jeune ! Pas l'âge d'être mon père, ni mon grand père, à peine celui de mon frère (que je n'avais pas). Si je paraissais un peu plus âgée que je ne l'étais, il faisait plus jeune ! Mais quand je l'entendais parler ? Bon sang, on aurait dit mon grand père. Quel âge avait ce mec pour être secrétaire de presse au parti démocrate et assister à des soirées pareilles en faisant entrer qui il voulait ! Sûrement son beau visage, même moi j'étais tombée dedans. Mais bon, j'étais pas difficile, il fallait que je le reconnaisse. Je crois que j'avais envie d'être un peu comme tout le monde, j'avais envie de faire des trucs un peu comme tout le monde, tu vois ? Un petit copain, des études, une maison ou un appartement, j'aurais voulu un chien mais je suis allergique, tu penses bien ! A quoi je ne suis pas allergique, je me le demande.

Mais plus il parlait, plus je me sentais profondément débile pour pas dire ignare. Pourtant, j'avais de la culture non ? Bon, d'accord, j'étais pas non plus un prix nobel et cette traversée du pays m'avait un peu rendue sauvage. Mais quand même ! Cela dit, il ne travaillait pas pour les médias mais un peu contre eux, ce qui a adoucit ma flagellation. Je lui ai souri en l'écoutant, jouant avec la pointe de mes cheveux comme je le faisais à chaque fois que j'étais nerveuse. Il m'intimidait. Je n'aurais su dire si c'était à cause de son pouvoir ou si c'était simplement parce que c'était le premier mec que je rencontrais à New York, d'environ mon âge et tout à fait mon style. Alors quand il m'a montré les gens derrière, j'ai ouvert la bouche pour l'interrompre mais je n'ai pas réussi, je voulais encore écouter sa voix. Quand il s'est arrêté, j'ai doucement secoué la tête dans un sourire pincé.

– Non… Avant, peut-être que ce monde-là m'intéressait mais… Plus maintenant. J'ai changé. Avant, je serais venue pour voir Georges Clooney. Ou pour me faire bien voir du manager de America New Year's Model. Aujourd'hui… Tout est différent.

A nouveau, j'ai jeté un oeil à cette photographie du Viet Nam qui m'avait tant choquée. A nouveau, elle m'a faite tressaillir, j'avais si froid en m'imaginant à la place de celui qui tenait l'arme. J'ai haussé les épaules.

– Non, je ne vais pas à l'université non plus. Je ne saurais même pas quoi y étudier. A dire vrai, je n'ai pas eu le temps de finir ma dernière année de lycée. Vous savez… Pour moi, tout ça c'est pas de la poésie, c'est juste la vérité. C'est ce que je suis venue chercher… Une réponse vraie.

C'était bizarre mais j'avais confiance en ce type, il m'inspirait quelque chose de bien, j'avais envie de m'ouvrir à lui, de me confier. Peut-être que j'avais aussi envie qu'il m'aide. C'était comme si New York l'avait envoyé à moi pour me faire prendre conscience de cette réponse. Et maintenant, il était là, à mes côtés. J'imaginais qu'il avait la réponse que je cherchais. S'ouvrir ainsi à un inconnu, Neil aurait hurlé. Il m'aurait probablement séquestrée pendant des jours, j'en sais rien de ce qu'il aurait fait mais en tout cas, il n'aurait jamais approuvé. Je fixais toujours la photo. J'espérais qu'un jour, ce que je ressentais, cette culpabilité, ce mal aise en moi qui me hantait, finirait par s'échapper quelque peu, que je pourrais recommencer à vivre. J'aurais voulu que ça devienne une habitude pour ne plus ressentir ça, jamais. Parce que quelque chose me disait qu'un jour, ça arriverait de nouveau.

_ J'ai… tué un homme il y a environ un mois.

J'ai alors montré la photo d'un index bref avant de le porter entre mes dents. Puis je me suis raclée la gorge, je n'osais même pas le regard et mes joues rougissaient.

– C'est moi sur cette photo. Il allait tirer sur mon ami, je me dis que j'ai pas eu le choix mais… Je crois qu'on a toujours le choix, en fait. Je voudrais juste comprendre pourquoi c'était si… facile. Vous voyez ?

J'ai tourné la tête pour relever les yeux vers lui. Bien sûr qu'il avait la réponse à ma question. C'était mon Edward Cullen, il avait toutes les réponses.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyLun 9 Sep - 8:49

Tess eût été sérieuse qu’Ulysses n’eût pas été surpris : la politique n’était pas le domaine le plus populaire du monde, particulièrement chez les jeunes de son âge. Faire la révolution, c’était encore ce qui pouvait s’admettre : mais y travailler pour de vrai, dans les partis, dans les lentes machines faites de projets complexes souvent inintéressants et, supposait-on facilement, de manipulations sans fin, c’était un peu trahir la belle espérance de la jeunesse. Rien de très glamour — particulièrement quand on s’occupait des médias.

Naturellement, dans le milieu que fréquentait ordinairement le mutant, les choses étaient bien différentes : les grands emplois politiques ou les hauts postes d’administrateurs étaient inscrits dans les perspectives familiales de jeunes gens dirigés dès leur plus jeune âge vers l’État. Mais même là, s’occuper des médias était une sorte de disgrâce : ce n’était pas vraiment de la politique, puisque l’on n’avait pas le pouvoir de balancer des milliards ou d’appuyer sur des boutons rouges.

Ulysses, lui, s’en accommodait. Sans passion, certes, mais c’était une manière de travailler ses idées et, de toute évidence, un métier auquel il ne pouvait qu’exceller. Il ne comptait du reste pas l’exercer très longtemps : il avait été, pour lui, une occasion de revenir à New York après ses études, de reprendre ses marques et de déterminer le rôle qu’il pouvait jouer dans la ville. Pour plus tard, il avait d’autres projets. C’était peut-être parce qu’il songeait déjà à ce qu’il y aurait après la succession infinie de ce genre de réceptions que cette réception-là lui pesait plus que les autres.

Il avait gardé son regard fixé sur les invités et, quand Tess reprit la parole, machinalement, il observait tour à tour les gens qu’elle évoquait. Lui-même n’avait pour eux aucune animosité : ils jouaient leur rôle, comme autant de pièces nécessaires dans une machine compliquée, mais finalement utile. À peu près. Simplement, il ne se sentait plus partager grand-chose avec ce monde, si toutefois il l’avait jamais fait. Il avait été élevé différemment, avec d’autres ambitions que de briller en société.

En bon politicien, Ulysses n’eut aucun mal à sentir que l’inflexion de la voix de Tess avait changé : plus personnelle. Un moins perspicace que lui l’aurait deviné aussi sans doute, tant le trouble qui commençait à affleurer chez la jeune femme semblait profond. Le regard du mutant se détacha de l’assemblée pour se poser brièvement sur son interlocutrice, mais sans insister, de peur de rendre ses paroles encore plus difficiles en l’observant. Il se mit à regarder les plantes du jardin qu’on devinait à peine dans la pénombre, où tous les projecteurs servaient à magnifier les photographies exposées.

La confession fut accueillie dans le silence — entre eux. Au loin, on continuait à entendre les rires des invités, la légère musique d’un quatuor engagé pour l’occasion, et puis, tout autour du jardin, les bruits de la ville. La mort et le meurtre, les assassinats surtout, faisaient trop partie du quotidien d’Ulysses, et depuis trop longtemps, pour qu’il se sentit encore violemment ému par leur rencontre inattendue. Lorsque Tess eut fini de parler, ce fut sans avoir besoin d’un temps de transition pour assimiler l’information qu’il répondit :


— La guerre et le meurtre, ou la légitime défense, sont deux choses assez différentes. Ce n’est pas là que je serais venu chercher des réponses à un problème semblable.

Il jeta de nouveau un regard à Tess, sans sourire cette fois-ci : il devinait sans peine que, devant la détresse de la jeune femme, tout sourire, et surtout l’un des siens, eût été obscène. Ulysses inclina la tête vers la photographie.

— La photographie d’art n’a aucun rapport avec notre réalité. La photographie capture un moment, elle le rend célèbre si la photographie est réussie, et ce moment-là cristallise pour nous un ensemble de données que nous ne pourrions pas nécessairement appréhender toutes ensemble, à chaque fois. Voir un char devant un étudiant sur une place chinoise, décennie après décennie, c’est comme lire un discours sur le totalitarisme et la résistance : c’est une argumentation complexe, à la fois logique et émotionnelle. Quand vous voyez cette photographie-ci, vous pensez Viet Nam, et quand vous pensez Viet Nam, parce que vous vivez en Amérique du Nord, parce que vous avez reçu une éducation secondaire, vous ne voyez pas seulement un homme qui en tue, va en tuer ou en a tué un autre : vous voyez, peut-être confusément, les machines complexes de l’histoire, arrêtées pour vous le temps que vous puissiez réaliser, humainement en quelque sorte, l’ampleur de leurs implications.

Changeant brusquement de ton, Ulysses décréta :

— Venez, on coupe à travers champs.

Et il se remit à marcher, délaissant le tapis rouge pour s’engager, en contournant l’un des panneaux en aluminium où attendaient d’autres photographies, dans une allée du jardin botanique qui n’avait pas été réquisitionnée pour l’occasion et qui, par conséquent, ce soir-là, était vide. Il n’y faisait pas une obscurité totale, parce qu’au centre de New York, une pareille chose n’existait. Ce n’était pas la Lune non plus qui l’éclairait, mais la constance luminescence de l’électricité urbaine.

— Lorsque que quelqu’un tue un homme dans sa vie, ailleurs qu’à la guerre, son existence à lui ne s’arrête pas brusquement pour se figer dans un instant photogénique savamment choisi et ses gestes ne sont pas l’illustration d’une petite ou d’une grande morale, pour l’édification populaire. La vie continue, je suppose que votre vie a continué, je suppose que vous vous êtes enfuie du Canada, que c’était pour cette raison, et que cette mort a d’abord été noyée dans beaucoup d’autres choses, dans beaucoup d’événements qui, sur le moment, étaient infiniment plus importants que cette mort que vous aviez laissé derrière vous : continuer à protéger votre ami, vous enfuir, éviter d’être poursuivie ou, tout du moins, si vous êtes restée sur place, gérer la police, les avocats, les procès. Et vous n’avez pas d’instant à médiatiser, même pour vous-même, pas d’image bien nette, bien arrangée, bien éclairée, bien développée, que vous pouvez regarder pour réfléchir et tenter de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi. Mais c’est normal. Mieux vaut ne pas en chercher ailleurs.

Bien sûr, il savait ce que cela faisait. Ce n’était pas longtemps auparavant qu’il s’était échappé, avec l’aide d’un agent du SHIELD, d’un camp dans le désert et que, sur leur chemin, ils avaient laissé des cadavres. Le nombre de morts dont il était responsable lui-même, directement ou indirectement, de sa main ou de ses conseils, il n’y songeait jamais particulièrement, mais il supposait qu’il devait se compter en dizaine.

— C’était facile peut-être parce que la mort d’un autre, même lorsque nous la causons, n’est pas un instant important en soi. Face à notre propre survie, ou à celle de nos intérêts supérieurs, elle est immédiatement une quantité négligeable. Ce n’est qu’après, lorsque nous avons le loisir, je veux dire le luxe, de nous arrêter et de considérer ce que nous avons fait, que nous lui donnons de l’importance. C’est un peu ce que je vous disais tout à l’heure : la morale vient après.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyLun 9 Sep - 18:51

Je ne m'attendais pas à autant de paroles. En fait, je ne m'attendais pas à grand chose. A une réponse oui mais j'ignorais laquelle et comment. Quand Ulysses a proposé de nous éloigner, je n'ai pas protesté mais je crois que inconsciemment, j'aurais préféré rester dans la foule. J'ai tourné la tête pour voir les autres discuter entre eux et j'ai suivi mon hôte. Je marchais tranquillement à ses côtés, au simple son de sa voix qui me berçait autant que ça m'embrouillait. Ouais parce qu'il disait des trucs, moi ça m'embrouillait. Mais je sentais bien que c'était profond et sincère alors j'ai fait un effort. Difficile d'imaginer que ce gars-là avait descendu des dizaines de mecs, franchement. J'en avais eu qu'un seul et je sentais déjà les cernes sous mes yeux alors imaginer la même chose sur ce beau visage, c'était un blasphème, non ? Je me suis arrêtée à un moment, nous sentant déjà bien assez éloignés comme ça puis je me suis retournée vers lui, mes mains autour de mes bras pour me protéger de la brise et du fait que les lampadaires ne réchauffait plus ma peau qui s'était bien habituée à notre traversée du Nevada, du Kansas, de l'Utah et du Nouveau Mexique ! On aurait pu prendre une autre rouge mais c'était la plus rapide et puis il ne valait mieux pas rester collés à la frontière. Alors on s'était rapprochés du sud sur la 66. J'avais pu découvrir plein de nouveaux paysages !

– J'ai toujours cru que jamais ça ne m'arriverait, pas à moi. J'avais ma petite vie tranquille, ma grande village, une piscine chauffée. Ouais, à Vancouver il fait pas chaud suivant la période de l'année. Parfois, j'avais même le droit d'aller sur des lieux de tournage de célèbres séries et tout.

J'ai haussé les épaules en regardant ailleurs.

– Mais j'ai réfléchi. Enfin, non. Je veux dire, je n'ai pas réfléchi, j'ai pris l'arme et je l'ai levée.

J'ai join le geste à la parole en levant mes bras vers un point fictif.

– C'était clair dans ma tête, je savais ce que je faisais mais j'ai pris quelques secondes. J'ai hésité. Est-ce que je faisais le bon choix, n'y avait-il pas une autre solution ? Et bang ! Ma décision était prise.

Lentement, j'ai baissé mes bras. Pourquoi est-ce que je disais tout ça ? Pourquoi est-ce que je me confiais à ce parfait inconnu ? J'ai tourné les yeux vers lui et cligné des paupières. J'avais confiance. J'ignorais pourquoi mais j'avais confiance. Avec lui, rien ne pouvait m'arriver. Et il avait mes réponses, il savait de quoi il parlait en tout cas il avait l'air. Et puis… Et puis j'étais là pour ça. Si j'étais tombée sur la bonne personne d'entrée alors tant mieux ! Dans d'autres circonstances, je n'aurais pas ouvert la bouche mais lui était si différent ! Je me mettais en danger si ça pouvait me donner 5 minutes de plus avec lui.

– Sur le moment, pas plus qu'ensuite, je n'ai regretté mon geste. J'avais juste peur pour Neil, peur qu'il puisse lui arriver quelque chose et je n'aurais pu me pardonner si ça avait été le cas. Il m'a sauvé la vie, je devais sauver la sienne à mon tour. Alors… Toutes ces choses incompréhensibles… Je ne cherche pas à m'en pardonner. Il est trop tard pour moi. Je n'irai jamais finir mes études au lycée, je n'irai pas à l'université, je ne serai pas promise à un grand destin comme mes parents… Enfin.. Peu importe.

J'ai balayé l'air d'une main et me suis remise à marcher en me frottant les bras. J'avais pris le temps d'y penser. Je crois que je m'étais résignée. Inconsciemment, je voulais devenir comme Neil et en même temps me forger ma propre vie. Toute mon enfance, mon adolescence, on m'avait menti ! Je n'appartenais pas à cette famille. Alors à qui, à quoi ! Je me fichais de pas devenir riche avec un tailleur à 1000 dollars, je m'en fichais de ne pas avoir mon nom sur une plaque en or ou mon emprunte de main sur Hollywood Boulevard ! J'étais en vie. Et à présent, je faisais ma propre vie. J'ai soupiré en m'arrêtant à nouveau, soudain lasse.

– Je n'ai pas besoin d'une photo pour immortaliser ou méditer ou médiatiser, peu importe l'instant. Je veux comprendre comment on sort de ça. Si ça devient une habitude ensuite ou juste plus facile… est-ce que ça va m'arriver encore ? Est-ce qu'on aime tous faire ça, est-ce qu'on s'en sort ?

J'ai croisé les bras sur ma poitrine et j'ai fini par m'asseoir sur un banc de pierre en bordure de chemin, dégageant mes talons qui commençaient à rougir.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyMar 10 Sep - 14:56

Ulysses n’était peut-être pas la personne la plus indiquée pour offrir à Tess la consolation simple dont elle avait besoin. Pour lui, les expériences spontanées de la violence et de l’incompréhension qui lui eussent aidé à mieux comprendre, instinctivement, avec empathique, les tourments de la jeune femme n’avaient jamais existé et le monde s’était toujours présenté bien différemment ; elle avait rêvé à une vie paisible ou, à défaut, glorieuse et insouciante, il avait songé dès l’enfance aux difficiles décisions qu’il fallait prendre, dans le délicat calcul de l’intérêt commun. Ils venaient de deux univers dont la différence était beaucoup plus fondamentale que celle des simples ressources.

Le politicien observa en silence Tess qui reproduisait sous ses yeux, avec son bras, la scène qu’elle avait vécue. Il se rendait bien compte que ses réponses avaient quelque chose d’inapproprié. Son interlocutrice était trop jeune, ou peut-être d’un tempérament simplement trop différent, pour trouver le moindre réconfort dans les considérations morales contre-intuitives qu’il lui proposait en guise d’explications. Mais si Ulysses mentait et cachait en guise de profession, en dehors de l’Agence et du Parti, il préférait les vérités, moins complexes ou inadaptées, aux consolations trop faciles.

Il s’assit à côté d’elle, les coudes appuyés sur les genoux, les mains croisées devant lui. Des mèches de cheveux blonds tombèrent en travers de son regard.


— Vous ne l’avez pas fait par plaisir, manifestement. Ni sans remord. Les circonstances de l’acte étaient extérieures à vous. Il ne saurait donc devenir une habitude que si ces circonstances se répétaient régulièrement.

À cette pure logique, il se retint d’ajouter qu’alors, il était douteux que l’on pût la condamner moralement : visiblement, les conceptions machiavéliennes n’avaient pas le vent en poupe auprès de la jeune génération.

— Ceci étant dit, il y a des acteurs qui ont le trac à chaque fois de rentrer en scène. Même les actes répétés ne produisent pas nécessairement des habitudes au sens où, je suppose, vous l’entendez : de désensibilisation. Notez qu’il y a quelque chose de paradoxal à se sentir coupable par avance de ne plus se sentir coupable, peut-être, un jour.

Il n’avait tout de même pas pu résister à la tentation de souligner cette petite difficulté. Bien sûr, son dessein n’était pas de transformer Tess en tueuse cynique. Mais les discussions auxquelles il avait pris part avant que la jeune femme n’arrivât, au rythme des photographies, avec les généreux donateurs et les bienveillants sénateurs, l’avaient trop irrité de leur pacifisme bien-pensant pour qu’il ne soulignât pas la complexité et la vertu des mesures nécessaires maintenant qu’il en avait l’occasion.

— Quant à l’aimer…

C’était une discussion entièrement différente, puisqu’il quittait le domaine de la morale pour entrer dans celui de la psychologie, et si Ulysses s’estimait relativement compétent dans le premier, il n’était certain de rien dans le second — un bon millier de séances chez sa psychologue ne lui avaient pas pour autant décerner un grade de docteur en psychiatrie. Prudemment, il avança :

— Je crois que la situation qui a été la vôtre est trop complexe pour que vous puissiez dire en toute certitude que vos sentiments, je ne sais pas, disons de satisfaction ou de soulagement, aient été produit par cet acte en tant que tel, plutôt que, par exemple, par la survie de votre ami. En tout cas, je doute que vous vous découvriez psychopathe comme ça, du jour au lendemain, à…

Il sourit et, pas vraiment dupe, acheva :

— …dix-huit ans. Je ne suis pas une expert, mais je crois que le plaisir pris à la violence et à la souffrance des autres s’exprime, en général, assez tôt.

Quant à vivre sa vie, Ulysses savait une chose : il y avait beaucoup de numéros de sécurité sociale inemployés que l’on pouvait se procurer avec un bon de persévérance et recommencer une existence aux États-Unis n’était pas impossible. S’inscrire à l’université sous une nouvelle identité, poursuivre des études, tout cela était faisable. Mais exigeait bien des mesures tout à fait illégales que le jeune homme n’allait certes pas suggérer à une parfaite inconnue, quand bien même l’inconnue en question semblât décidée à se confier à lui.

Il resta donc sagement sur le terrain psychologique et conclut :


— De toute façon, vous n’avez pas l’air d’avoir aimé cela, sans quoi vous ne seriez pas ici à vous poser des questions, mais en train d’éviscérer un passant dans une ruelle obscure.

Paraît-il que cela se pratiquait beaucoup à New York : c’était en tout cas le discours de tous les conservateurs de l’intérieur des terres qui pointaient des doigts accusateurs sur la mégapole en la comparant à une nouvelle Babylone. Ulysses, pour sa part, n’aurait su dire : il n’avait jamais affaire qu’à cette catégorie très particulière des psychopathes — ceux que le gouvernement avait recruté pour en faire des membres très efficaces des opérations spéciales.

En tout cas, Tess n’avait pas encore essayé de l’égorger : c’était plutôt bon signe.


— Je crois que le meurtre n’est pas une chose si violemment étrangère à notre nature que, l’ayant commis une fois, nous en soyons si profondément modifiés que nous le commettions encore.

C’était une vérité labyrinthique comme il en avait le secret et, cette fois-ci, il se rendit compte lui-même qu’elle ne devait pas être très aisé à déchiffrer. Il doutait de toute façon beaucoup que cette conversation servît à Tess : il était conscient de ses propres qualités et de ses propres défauts et, définitivement, l’art de la consolation humaine ne faisait pas exactement parti des premières. Même si les gens qui posaient les yeux sur lui avaient souvent une envie de se faire consoler par lui.

Il tourna le regard en direction de la musique, que l’on entendait encore sans peine monter du cœur de la soirée.


— Vous voulez retourner là-bas ? Moi, je ne vais pas rester longtemps, mais je peux vous présenter à deux ou trois personnes.

Ce serait toujours un peu plus réjouissant, supposait-il.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyMer 11 Sep - 5:46

Depuis quand on tuait quelqu'un par plaisir ? Est-ce que j'avais des remords, ça je ne sais pas trop encore. Disons que ça chamboulait toute ma vie et puis… En même temps, ça avait sauvé celle de Neil, alors, je sais pas trop. Peut-être que j'ai besoin de plus de temps. Si je n'avais pas trouvé de côté obscène à sa façon de me regarder ou de me répondre comme il se l'était suggéré à lui-même, j'ai néanmoins trouvé la comparaison entre mon acte et le trac d'un acteur… Passablement gonflée ! Mais je n'ai pas relevé, je me suis contentée d'en sourire légèrement en baissant la tête et me frottant un bras. Et quand il reprit, je me suis mordue une lèvre en relevant les yeux vers lui. Je crois que je l'ai vraiment trouvé trop beau quand une de ses mèches est tombée sur son visage. Il ne paraissait pas s'en soucier, il semblait assez naturel, pas tellement comme les autres et il prenait le temps de s'asseoir avec moi pour parler. Je lui avais confié quelque chose d'extrêmement personnel et il était toujours là, à m'écouter, à m'aider à trouver une réponse à mes questions. Il avait sûrement tellement mieux à faire mais non, il était avec moi. Je lui ai souri un peu plus, comme la bonne adolescente que j'étais. Il était… Si parfait ! Il était comme celui que j'avais cherché pendant tant d'années ! Non, ce n'était pas son pouvoir qui me faisait dire ça. Si seulement je savais… J'ai rougi à son estimation de mon âge.

– 17.

J'ai baissé la tête à nouveau, un peu honteuse parce que je n'étais absolument pas majeure, je n'avais rien à faire ici, j'aurais dû être au lit à préparer mes examens de fin d'années et de fins d'études, j'aurais dû être à préparer mon arrivée en université, mon père aurait dû m'aider à trouver un appartement, ma mère m'aurait acheté des nouvelles fringues et tous les deux m'auraient offert une nouvelle voiture. J'allais mieux, je n'étais plus tout le temps malade comme avant, si je continuais de faire attention alors personne ne pourrait se douter que je ne pouvais presque rien manger encore.

Je ne me révélais pas psychopathe, non peut-être mais je me souvenais des dires de ma tante parlant de mes vrais parents. Je crois que je vais y retourner, juste pour qu'elle le répète, des fois que j'ai mal entendu. Mais si mes parents avaient peur d'avoir un second sociopathe dans la famille, je me demandais s'ils n'avaient pas eu raison… En tout cas, je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait ici, à New York. On était venus ici pour ma famille et finalement, il s'avérait que je n'en ai plus. Neil avait l'air de vouloir rester ici mais fondamentalement, rien ne m'y retenait - en dehors d'Ulysses, maintenant ! Oui, je sais… Quitte à recommencer une vie, j'aurais bien aimé choisir la ville. Mais après tout, pourquoi pas New York. De toute façon… Même si je le voulais, je ne pourrais pas aller bien loin sans Neil, alors…

– Je ne pense pas être une psychopathe, non…

J'avais rougi un peu plus en ramenant une mèche de cheveux derrière mon oreille, me recroquevillant légèrement sur moi-même. Cela dit, devais-je lui avouer maintenant qu'une part de moi avait aimé ? Autant ce pouvoir sur l'autre que le cran que ça m'avait demandé, cette décision que j'avais pris moi-même contre une autre vie ? Je m'étais sentie si forte et si confiante que j'avais tiré en y réfléchissant à peine. Bien sûr que je n'étais pas à me retrouver dans une ruelle pour recommencer mais c'était suffisant pour que si jamais ça se reproduisait… Et bien si ça devait se reproduire, j'agirais de la même façon. Est-ce que ça faisait de moi une psychopathe ? Une sociopathe ? J'avais besoin de quel psy ? Thérapeute, psychologue, psychiatre ? J'avais besoin d'un truc comme ça au moins ? Ou est-ce que je pouvais me contenter d'Ulysses ? De tout ce qu'il m'avait dit, ce que je comprenais le mieux et sans avoir besoin de réfléchir, c'était ce qu'il pensait que j'aurais le plus de mal à déchiffrer. Ca aussi, ça faisait quoi, de moi ?

Quand il a repris la parole, j'ai suivi son regard et j'ai observé les invités d'un oeil distant. Est-ce que j'avais envie d'être présentée ? Non, pas trop. Je n'avais pas trop envie de me faire remarquer, qui plus est, si Ulysses partait alors je n'avais plus vraiment de raison de rester, pas vrai ? J'avais ce pour quoi j'étais venue. Rentrant la tête dans les épaules, j'ai doucement secoué la tête.

– Non… Je crois que je n'ai pas très envie de voir du monde. Un comble à New York, pas vrai ?

J'ai eu un léger rire avant de relever les yeux vers lui.

– Je ne voulais pas vous déranger, vous avez vraiment été gentil avec moi. Vous avez sûrement tellement mieux à faire que de m'écouter parler de ce truc qui me trotte dans la tête, pas vrai ? Et je ne crois pas que quoique ce soit d'autres ici aurait pu mieux m'aider à résoudre certaines énigmes. Si vous partez alors… J'imagine que je vais faire un dernier tour avant de vous imiter. On risque de m'attendre, personne ne ne sait que je suis venue ici, alors…

J'ai à nouveau pouffé de rire en me recroquevillant légèrement.

– Je suis un peu rebelle, on va dire. C'est l'effet New York, je viens de loin, je crois que l'excitation de la ville déteint sur moi. La banlieue de Vancouver, c'est plutôt calme en comparaison et j'ai traversé le pays à dos de chameau en plein désert. Quand bien même tout ça m'aura émerveillée, arriver ici, c'est… Un peu le choc. Ca vous dérangerait... de me raccompagner ? Dehors, je veux dire… pas… Là où je vis.

Ce n'était ni chez moi, ni chez mes parents, ni la maison, c'était… Là où je vivais, juste.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyMer 11 Sep - 11:48

Lui, il ne trouvait pas que ce fût un comble. Mais New York et Ulysses, ce n’était pas une histoire d’amour. Ce qui décrivait Tess, c’était exactement l’effet que lui faisaient ces soirées : ne plus avoir envie de voir du monde. Il préférait de très loin la compagnie parfois un peu austère des stratèges du parti, des analystes de l’Agence ou des agents de terrain, à celle des brillants mondains qui avaient toujours quelque chose dont parler mais jamais beaucoup à dire. Leur vacuité nerveuse était trop épuisante.

Le jeune homme hocha la tête que sa compagne d’un soir lui demanda de la raccompagner. Jusqu’où, il n’avait pas précisé, mais il voulait bien étendre un peu sa compagnie, avant de rentrer chez lui et de retrouver Ivan, penché sans doute sur un aquarium ou une nouvelle plante. Ulysses se releva et ils recommencèrent à marcher, lentement, dans les allées. Il ne tarda pas à répondre aux propos de Tess sur la ville.


— Je n’aime pas trop cette ville, à vrai dire.

Il sourit et reconnut :

— Ou, plus généralement, je n’aime pas trop la ville. Je suis plutôt un enfant de la campagne.

C’était difficile à imaginer, non tant parce qu’il portait son costume hors de prix à la perfection, mais parce qu’il y avait, dans la rencontre de sa fragile beauté et de son langage pour le moins soutenu, quelque chose qu’on eût songé trouver plus aisément dans un appartement sophistiqué des beaux quartiers new-yorkais que dans une quelconque campagne des alentours. Mais Ulysses était de la grande et ancienne bourgeoisie américaine : celle qui vivait près de la terre.

— Je trouve que l’on se sent souvent un peu seul, ici, précisément parce que tout le monde a toujours quelque chose à faire, mais quelque chose qui, au bout du compte, ne nous rend regarde pas. Et nous-mêmes, nous ne concernons personne.

Avec un léger haussement d’épaules, il concéda :

— C’est une remarque banale, évidemment. Je suppose que les gens qui ont vraiment grandi ici ne ressentent pas du tout la même chose.

Ils étaient déjà arrivés à l’espace circulaire où l’essentiel des invités restait concentré. À nouveau, il fallut serrer des mains, échanger quelques mots, dire une parole grave et concentrée sur un sujet important ou, au contraire, quelque chose de spirituel à propos d’une frivolité. Ulysses leur frayait un chemin à coups de sourires comme un aventurier dans la jungle à coups de machette et, quelques minutes plus tard, ils étaient enfin dehors et, aux yeux du jeune homme en tout cas, enfin libres.

L’air était plus frais dans les grandes avenues de la ville que dans l’espace protégé et éclairé de projecteurs du jardin botanique. Ulysses retira galemment la veste de son costume pour la passer autour des épaules de Tess.


— Il ne faudrait pas que vous preniez froid.

Ils avaient déjà passé la soirée à discuter de guerre et de meurtres, il n’avait pas envie que son interlocutrice repartît chez elle avec un vilain rhume. Il fit un vague geste de la main.

— Ma voiture est par là. Je vous ramène chez vous, si vous voulez. Ou à l’endroit qui vous convient le mieux.

Peut-être Tess était-elle déjà assez New-Yorkaise et donc assez prudente pour ne pas donner son adresse à n’importe quel étranger, quand même cet étranger aurait inspiré confiance avec une tête coupée à la main. Reprenant le début de leur conversation, alors qu’ils étaient encore dans le jardin, Ulysses précisa :

— Et vous ne m’avez pas dérangé. J’ai préféré de beaucoup discuter avec vous, aussi grave le sujet, que d’échanger sans fin avec les invités. Ce sont tous des gens intéressants séparément, mais pris ensemble, dans une fête, ils sont un peu… je ne sais pas. Disons : épuisants.

Faire semblant de s’amuser quand on travaillait était, pour Ulysses, une invention particulièrement sadique. Ils marchèrent encore quelques secondes avant d’arriver devant une voiture que l’on ne devait pas trouver chez tous les concessionnaires automobiles. Ou chez n’importe quel concessionnaire automobile, d’ailleurs. Elle n’était pas à proprement parler tapageuse : une berline noire, beaucoup plus discrète qu’une décapotable, mais qui dégageait une confuse impression de luxe — et la certitude d’un prix exorbitant à l’œil un peu exercé.

Ulysses ne craignait guère de la garer en pleine rue : le voleur de voitures qui pourrait s’attaquer à ces systèmes de sécurité n’était pas né. Ou alors il travaillait pour les services secrets d’un pays étranger et, dans ce cas, la laisser dans un garage n’aurait pas changé grand-chose. Le jeune homme considéra un instant le véhicule avec une espèce de soulagement, parce que son apparition lui confirmait que le calvaire des mondanités était bel et bien achevé, puis il se retourna vers Tess et posa dans le sien son regard incroyablement vert, qu’un être humain avec six générations d’ancêtres magnifiques n’aurait pas été génétiquement capable d’avoir.


— Alors, voulez-vous que je vous dépose ou bien préférez-vous que je vous indique la bouche de métro la plus proche ?

Après avoir consulté un plan sur son téléphone, bien entendu, parce que le réseau de métro de New York lui échappait complètement. Déjà qu’il n’aimait pas la ville, il n’allait certainement pas tenter le diable en s’agglutinant à des étrangers dans un train souterrain sans conducteur. Doucement, il ajouta :

— Je vous promets évidemment que mes intentions ne sont rien que très chevaleresques.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyMer 11 Sep - 20:12

La première chose qui m'est venue à l'esprit quant à ses "intentions", ça a été "C'est bien dommage !" Et pour relâcher cette pression qui m'appuyait sur les épaules, je l'avais même prononcé à voix haute ! Nécessairement, j'avais de suite rougi jusqu'aux oreilles. Heureusement, dans la nuit, ça ne se voyait pas. 

J'avais suivi Ulysses dans un sourire, me confondant à la foule en l'imitant. Je me suis présentée, inventant à chaque fois une nouvelle identité, un nouveau job. Tantôt décoratrice d'intérieur, tantôt journaliste, parfois photographe ou bien simplement fille de sénateur. Autant de choses que j'aurais voulu être un jour dans ma vie parce que je ne savais pas me contenter d'une seule chose et encore moins ce que je voulais vraiment. En ce moment, voilà qui n'était pas du tout au programme : mon avenir !

Et comme Ulysses, une fois dehors, je me suis sentie mieux. J'avais oublié combien les faux semblants et tous ces trucs me pompaient l'air. J'ai même ri en pressant le pas pour sortir et dépasser le grand portique de la liberté. Je me suis retournée pour le voir arriver et j'ai légèrement sautillé sans le quitter des yeux. Peut-être que son pouvoir agissait sur moi, ce n'était pas exclu. Cependant, même sans ça, je crois qu'il m'aurait vraiment plu. Il était charmant, attentionné et disponible. Et le fait qu'il pense à moi en posant sa veste sur mes épaules parce que je commençais à grelotter… La rue était tout de suite tellement plus calme. Qu'est-ce qui était plus inquiétant ? Prendre la voiture d'un inconnu beau et mystérieux comme Edward Cullen ? Ou bien prendre le métro à 23h passées ? Mon choix a été vite fait. Mais en fait… J'en étais à mes premiers coups d'essai, tu comprends, alors forcément, j'avais raté des étapes. Comme celle de prévoir le chemin de retour.

J'ai regardé sa veste sur mes épaules et je me suis sentie… Comme Pretty Woman ! Adieu Bella, bonjour Julia Roberts. Tout de suite, c'était quand même vachement plus classe, tu trouves pas ? Et puis ça me correspondait tellement ! Mais Ulysses n'avait rien d'un Hugh Grant. Flûte, je ne pouvais pas passer pour Bridget Jones - oui je comptais toutes les faire. Et me voilà donc toute rougissante, serrant les pans de sa veste sur mes épaules et regardant autour de moi. Je ne savais même plus où j'étais. New York était une ville… SI GRANDE ! J'ai regardé de l'autre côté en essayant de me souvenir par quel côté j'étais arrivé. Disons le directement : je ne savais plus comment rentrer chez Eli. Je me souvenais de la rue… Même pas du numéro. Bah, en soi, c'était pas plus mal, au moins, Ulysses ne saurait pas exactement où je suis.

Je me suis retournée vers lui en grimaçant, me confondant dans le regard en excuses. C'est là que j'ai expulsé mon nonchalant :

– Et bah c'est bien dommage !

… Avant de rougir comme une écrevisse, tournant la tête pour m'éviter une éventuelle saturation de mon caractère quelque peu… peu soutenu ! Il fallait que je travaille à cette spontanéité qui me jouait souvent des tours.

– Je ne sais plus par où c'est, vous avez un GPS dans votre super automobile ?

Enfin, je suis revenue sur sa remarque sur New York en haussant les épaules alors que je le dévisageait en essayant de comprendre.

– New York ou une autre grande ville… On aura jamais été si nombreux sur terre et jamais aussi seuls. Si vous ne vous y sentez pas bien, alors pourquoi rester ? Je veux dire, des soirées comme celle-ci, il y en a partout, non ? Votre job, vous pouvez le faire de n'importe quelle ville, pas vrai ? Même de la campagne en Caroline du Nord si vous voulez ! Je suis pas venue par choix ici mais si j'avais un autre endroit où aller… j'irais probablement. Vous en avez les moyens alors qu'est-ce qui vous retient ? 
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyMer 11 Sep - 20:45

Ulysses haussa un sourcil un peu surpris quand Tess exprima le fond de sa pensée, un fond de pensée peut-être largement modifié par l’hypnotique charme qui était le sien — il n’avait aucun moyen de le savoir. Du fonctionnement de son pouvoir, il n’avait qu’une compréhension extrêmement schématique et, à moins de se livrer à une étude psychostatistique sur un échantillon représentatif de la population, des hommes, des femmes, de toutes les orientations sexuelles et avec toutes les préférences, il doutait de n’avoir jamais qu’une connaissance empirique et très imparfait de ses mécanismes et de ses effets.

Pendant une seconde, il eut envie de rappeler à Tess qu’elle avait dix-sept ans et lui vingt-quatre ans. Il n’était pas tout à fait sûr que ce fût illégal mais, même dans son passé, il n’aurait pas risqué quelque chose de ce genre-là. Et le passé, fort heureusement songea-t-il, était loin, très loin derrière lui à présent. Alors, mieux valait ne rien dire : balayer cela d’un sourire, comme il faisait toujours depuis qu’il avait compris qu’en sa présence, les réactions des gens étaient difficiles à circonscrire.

Il hocha donc la tête.


— J’ai un GPS dans ma super automobile.

Ce n’était pas K2000, bien sûr, mais s’il avait vu des essais, dans certains départements de recherche en armement militaire, pour produire des modèles de ce genre. Mais les militaires n’avaient pas besoin de super-automobiles et les policiers n’avaient pas les moyens de se les offrir. Les services secrets, eux, préféraient les automobiles très banales et aussi fades que possible. Alors la voiture de James Bond n’était pas pour demain. En attendant, il y avait la sienne.

Il posa la main sur la poignée et son empreinte digitale scannée déverrouilla le complexe mécanisme des portes. Ce n’était pas révolutionnaire : c’était juste très cher et inutile, quand on ne transportait rien de terriblement important dans sa voiture. Ce soir-là, c’était son cas — mais lorsqu’il conduisait jusqu’à une antenne de l’Agence, les choses étaient souvent différentes. Il s’installa derrière le volant en laissant Tess prendre place à ses côtés.

L’intérieur de la voiture avait le même luxe élégamment discret que l’extérieur et l’ordinateur de bord intégrait sobrement son futurisme dans l’habitacle. Ulysses effleura l’écran, activa le GPS et tendit la main vers le clavier virtuel qui venait d’apparaître, pour inviter Tess à entrer la direction. La question de la jeune femme le laissa un instant songeur. Il était revenu à New York pour…


— C’est une question de responsabilités.

Le travail. Travailler avec Martha Orckmann, participer à l’une des campagnes démocrates les plus progressistes dans l’histoire de l’État. Orckmann avait été élue et, puisqu’il s’était installé, il était resté là, avec sa fonction au sein du Parti, parce que c’était ainsi que les adultes vivaient leur vie : ils saisissaient une opportunité et puis ils la développaient jusqu’à son terme.

Mais ce n’était pas tout à fait la vérité. La voiture démarra et s’engagea dans une avenue presque déserte. Au bout de quelques secondes, Ulysses secoua la tête et finit par reconnaître :


— Non, en fait, je suis venu… pour un garçon.

Il aimait les femmes autant que les hommes, mais il s’abstint de le préciser : quelque petite déception que pût avoir Tess sur ses intentions ou, plutôt, son absence d’intentions, elle serait peut-être adoucie par la conviction qu’il eût été, de toute façon, inaccessible à ses charmes féminins. Il lui donnait donc une partie de la vérité : il était venu à New York, près d’Orckmann, pour voir Adam, qui travaillait pour elle à l’époque. Son grand amour du passé. Pas vraiment par espoir de le reconquérir. Juste… pour le voir, aller mieux, après toutes ces années, après cette histoire difficile. Une nostalgie absurde, sans doute.

Sans tristesse, en s’éloignant un peu de l’extrême centre-ville, il précisa :


— C’était un peu puéril de ma part, je crois. Enfin, il avait une autre vie. Il a une autre vie. Je suppose que j’avais besoin de voir que le passé était définitivement passé.

Et il l’était. Déboulonner Adam de Salem, c’eût été comme tenter de vider l’océan avec une petite cuiller.

— Mais j’ai rencontré un autre garçon, qui vit ici, alors… Voilà. Très différent du premier.

D’une certaine façon. Difficile à première vue de trouver deux tempéraments plus opposés que ceux d’Adam et d’Ivan : le premier était d’une rudesse glaciale et ouvertement calculatrice, le second d’une sereine douceur toute en compassion. Mais au fond, l’un et l’autre oscillaient entre une force d’homme d’action et une fragilité pleine d’incertitudes. Ulysses ne s’en rendait pas compte, mais il avait un type d’hommes.

C’était la première fois depuis le début de la soirée qu’il parlait de lui, alors que Tess s’était livrée sans détour. Il n’avait pas l’air de le faire avec réticence cependant ; au contraire, il y avait comme un soulagement de pouvoir s’exprimer librement, sans chercher à paraître, loin de la soirée et du regard des autres.


— Bref, pour l’instant, nous vivons ici. Plus tard, on verra. Peut-être ailleurs aux États-Unis. Peut-être ailleurs dans le monde. Je m’accommode de la ville. Elle me paraît de faire mûrir des projets importants.

Il ne parlait plus de sa vie personnelle, cette fois-ci, mais de sa première réponse : les responsabilités, l’Agence, la politique, la Patrie, le bien commun. Ulysses finissait toujours par organiser sa vie comme un Winford et un Winford n’écoutait pas ses préférences personnelles pour choisir son lieu de vie : il allait là où le devoir l’appelait, si ce devoir se joignait avec le pouvoir d’accomplir de grands desseins.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyMer 11 Sep - 21:29

[En fait, t'es un tireur d'élite. Tu avais déjà prévu la réponse ou quoi ? Psychopathe, va…]

Pour cacher mon rougissement, j'avais rentré la tête dans le col de la veste d'Ulysses, laquelle je tenais toujours de l'intérieur entre mes mains. J'ai baissé les yeux et louché sur la veste en cessant de l'écouter et de l'observer. C'était son odeur, ça ? J'en avais les papillotes qui dansaient en pleine poitrine et les sens aiguisés. Encore une fois, je sais pas si c'était son pouvoir ou si c'était vraiment parce que je prenais ma vie à New York comme une grande liberté où je pouvais enfin faire ce que je voulais - et donc regarder/vouloir qui je voulais - mais quoi qu'il en soit, il avait une odeur qui m'a fait oublier quelques secondes où j'étais et pourquoi j'y étais. Je l'ai à peine vu ouvrir la portière en clignant des yeux. Ouah… Je venais de passer un mois dans plusieurs tas de ferraille que même la casse nationale refuserait alors j'étais comme figée devant cette machine d'un futur lointain. Je me suis finalement engouffrée dans la voiture, je lui ai indiqué l'adresse puis je me suis calée sans plus rien dire. J'avais assez dit de conneries pour la soirée, je crois, non ?

Je dis ça mais je n'ai pas tenu longtemps. A peine me donnait-il la raison de sa venue à New York que je sortais la bouche de ma planque pour m'exclamer.

– Quand je disais que c'était bien dommage !

A nouveau, pouvoir ou non, quand un garçon était inaccessible… ça le rendait encore plus désirable. Ulysses devenait une cible verrouillée. Quand je me revois ici, quelques années plus tard et que je repense à tout ça, j'ai presque honte. Ca me fait rire et en même temps… C'était moi. J'étais comme ça à l'époque. J'en profitais, que pouvais-je faire d'autre, après tout ? Je sortais d'un enfer et, je l'ignorais encore, mais j'allais en connaître un autre quelques temps après. Ce qu'il s'est passé entre les deux, je n'en ai gardé que des souvenirs assez vifs mais ponctuels. Ulysses en fait partie. En vérité, il avait tout pour me plaire. De son physique à sa personnalité en passant par sa façon d'agir, de parler, il était plus vieux et inaccessible. Pour la jeune femme que j'étais à l'époque ? C'était comme si la machine à sous hurlait au jackpot mais qu'aucune pièce ne tombait : rageant et frustrant.

Cette fois, enfouie dans son odeur autant pour en profiter que pour me protéger du frais, j'ai gardé les yeux sur lui. C'était tout ce qui dépassait de la veste d'Ulysses. Je comprenais si bien ce qu'il voulait dire. Pas… que ce soit puéril, je ne trouvais pas ça puéril, non mais c'était aussi une façon pour moi de changer de vie, de fermer la porte à celle que j'étais avant. Je me suis laissée balloter dans la voiture en l'écoutant attentivement, sans le quitter du regard. Je me suis un instant aventurée sur ses mains sur le volant alors qu'il parlait de lui pour la première fois. Sous couvert, j'ai eu un sourire mais cette fois, j'ai évité de répliquer.

Si les gens réagissaient toujours à son pouvoir, je pense qu'il y avait toujours, quelque part, une part de vrai. En tout cas, il avait l'air d'un chic garçon. Je n'étais pas plus triste que ça, c'était avant tout un jeu pour moi. Il faisait mine d'être réservé mais je trouvais qu'il s'ouvrait plutôt facilement, en fin de compte. Ce qui était appréciable, même. Je l'ai remercié dans ma tête en souriant parce que je trouvais toujours injuste d'être la seule à palabrer. Les sens uniques, très peu pour moi. Je préférais les échanges. J'ai attendu qu'il finisse avant de reprendre, mon nez toujours caché dans sa veste. Puis j'ai enfin daigné sortir de ma cachette pour reprendre.

– Je ne trouve pas que ce soit puéril. C'est un choix. Et je ne dis pas ça parce que j'aurais probablement fait pareil. New York, c'est… Vivant, c'est grand, je crois que je vais me perdre des millions de fois, mais ça reste une chance pour plein de monde, vous pensez pas ? Je crois aussi que… Enfin c'est comme une révélation. Je pensais savoir plein de trucs, je suis arrivée à New York et tout a changé. C'est sûrement ce qui s'est passé pour votre ami et vous, je me trompe ? Les gens ont peur du changement, chacun réagit à sa façon. Ca fait combien de temps que vous êtes ici et que vous faites de la politique ? 
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyJeu 12 Sep - 16:49

Indubitablement, Ulysses ne cultivait pas le mystère parfait et impénétrable des héros de films d’espionnage. Il ne voyait pas la nécessité de cacher les parties de son existence les plus normales ni de mentir sur les choses qui n’étaient pas des secrets défense : au contraire, sa vie était déjà assez compliquée sans qu’il se mît à s’exagérer la prudence dont il devait faire preuve, pour se donner une aura dangereuse. Les secrets les mieux cachés étaient ceux qui se trouvaient noyés dans un océan de sincérité.

Et puis, comme ce n’était pas au travail, à aucun des deux, qu’il allait parler de sa vie personnelle et confier ses déboires sentimentaux avec ses petits amis successifs, pour se heurter à l’homophobie des politiciens ou des paramilitaires, il se retrouvait souvent un peu frustré avec ses propres problèmes. Évoquer sa récente en histoire, même en deux ou trois phrases, avait été une sorte de soulagement.

Tess reprit la parole et la dernière question qu’elle posa attira à la jeune femme un regard authentiquement surpris. D’un air bien perplexe, Ulysses répéta :

— Depuis combien de temps je fais de la politique ?

Puis il sourit et se souvint :

— Excusez-moi. J’avais oublié que vous étiez Canadienne.

Il reporta (heureusement) son attention sur la route, qui n’avait rien de bien palpitant, et se décida à élaborer cette première réponse guère informative.

— Ma famille fait de la politique depuis son arrivée ici. Je veux dire aux États-Unis. À la fin du dix-septième siècle.

Quatre siècles de dynastique politique, ce n’était pas un maigre héritage et l’on comprenait aisément comment Ulysses pouvait avoir, si jeune, un sens si aigu des responsabilités — et une habileté naturelle à se fondre dans les soirées mondaines où il mettait les pieds, même contraint et forcé.

— C’est ce que nous faisons : la politique, le gouvernement, l’armée, les médias. Les grandes industries. Aussi bien du côté de mon père que de ma mère, d’ailleurs.

Il jeta un coup d’œil au GPS silencieux pour être certain de prendre la bonne direction, avant de poursuivre.

— Je fais de la politique… depuis toujours, d’une certaine façon. C’est comme cela que l’on m’a éduqué, c’était l’un des sujets principaux chez moi quand j’étais jeune, c’est mon… milieu.

Il se rendait compte qu’il était en train de se dépeindre comme un pauvre enfant forcé par ses parents dans une voie qui n’était pas la sienne. Parfois, c’était son sentiment, mais au bout du compte, il comprenait qu’il n’eût pas été aussi doué, particulièrement dans un domaine comme la politique, s’il n’y avait pas trouvé la satisfaction de certaines de ses ambitions, personnelles comme morales.

— Ce qui ne me déplait pas forcément, entendons-nous bien. On ne m’a pas absolument forcé à faire tout cela et je pourrais très bien décider de tout arrêter.

Mais après ses remarques sur les responsabilités, il était aisé de deviner qu’il n’allait pas abandonner les siennes du jour au lendemain.

— Du coup, je ne sais pas. New York n’est pas vraiment une révélation pour moi. Pas parce que c’est New York, je veux dire : j’ai l’habitude de ce genre d’environnement. Non, c’est…

Il réfléchit puis, avec lucidité, concéda :

— …la vie adulte. Ma révélation, je suppose. Quand j’étais jeune, j’étais…

Son visage s’assombrit beaucoup.

— …disons que mon adolescence a été compliquée. Maintenant les choses vont beaucoup mieux. Je vois plus clair. Et beaucoup de ces éclaircissements ont coïncidés avec mon arrivée à New York.

La voiture pénétra dans la rue que Tess lui avait indiquée et, puisque la jeune femme ne se souvenait pas de l’adresse précise et que la rue était déserte, Ulysses se mit à rouler au pas en attendant qu’elle lui indiquât la bonne maison.

— Cela dit, je crois que vous avez raison : New York, c’est un monde dans le monde, un endroit où l’on peut tout trouver. Et tout recommencer.

C’était sa manière à lui, une manière certes très indirecte, de suggérer à Tess que rien de ce qu’elle avait abandonné à Vancouver, en tout cas pas ses études, n’était définitivement perdu : New York offrait des opportunités qui n’existaient nulle part ailleurs et il y avait dans cette ville assez de brumes indécises pour cacher un passé et recommencer à aller de l’avant. C’était peut-être cette trop grande incertitude, ce mouvement oublieux, qui perturbait un héritier d’une longue histoire comme l’était Ulysses.

D’un geste du menton, il indiqua la rue qui défilait très lentement tout autour de la voiture.

— Alors, vous retrouvez la maison ? Si vous ne voyez pas très bien, je peux me garer et on fait le chemin à pied.

Il n’était pas particulièrement enthousiaste à l’idée de le laisser errer seule, mais proche de chez elle, à une heure pareille : ils n’étaient plus exactement dans l’extrême-centre et, malgré l’éclairage public, l’endroit lui paraissait peut-être un peu lugubre.
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Tess Hour

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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptyVen 13 Sep - 21:13


Quoi ? Y avait quoi de si surprenant dans ma question ? Hey, je m'intéressait à ce type ! J'ai haussé les sourcils quand il a fait mention de ma nationalité. Mon faux passeport me disait américaine, en plus. Mais qui allait regarder là-dedans ? Franchement, je ne savais même plus où je l'avais mis. Sûrement dans les affaires de Neil. Et puis en l'écoutant, je me suis dit qu'en fait, j'avais peut-être pas affaire à n'importe quel type.

– Ouah… Ca c'est de l'héritage.

J'ai froncé les sourcils ensuite en prêtant meilleure attention à ce qu'il disait. Effectivement, pendant une minute, j'ai pensé à ce garçon tombé dans la marmite étant petit et à défaut d'en ressentir de la peine, j'en ai éprouvé de la compassion. Il y avait ceux qui suivaient les traces de leurs parents de façon logique et passionnée et ceux qui avaient décidé de faire leur propre vie avec leurs propres talents. Ulysses illustrait le fils prodige à qui tout réussissait. Encore un peu et j'aurais presque pu croire à une mafia au coeur de New York, bercé par le luxe. C'est le fait de dire "nous" alors qu'il était seul à parler. Je faisais partie de l'autre catégorie. Et ça m'avait conduite ici. "Quand j'étais jeune", est-ce que j'étais destinée à devenir comme lui ? Une adolescence assez chamboulée et un futur brillant ? J'avais plutôt l'impression d'avoir connu l'inverse. Des années d'hôpital et finalement, ce que je vivais maintenant était pire que ça ! Ironie ou sarcasme ?

J'ai souri en baissant la tête à la mention de cette vie d'adulte dont je ne voulais pas. Enfin, ce n'était pas tant que je n'en voulais pas, c'était surtout que je me sentais encore jeune. Et vieille à la fois. Quoique Ulysses en dise, je n'irai pas à la fac. Pas parce que je ne le pouvais pas mais parce que je ne le voulais pas. Après tout ce que j'avais traversé, tout ce que j'avais fait, il m'était impossible aujourd'hui de croire que je pouvais rejoindre les rangs, comme ça, les yeux fermés en pensant que j'avais un futur dans la politique ou l'art ou je sais pas quoi… Finalement, Ulysses parlait plus que moi. J'avais délivré mon secret et j'en avais d'autres, comme ma mutation que je m'étais interdite de révéler à qui que ce soit, peu importe le charme. J'avais vu ce que ça pouvait donner, inutile de tenter le diable. Quoiqu'il en soit, je n'avais jamais été une grande bavarde concernant ma propre vie ou les choses importantes que je vivais. Je m'étais confiée à Ulysses parce qu'il avait été là au bon endroit au bon moment. En réalité, c'était un peu l'inconnu que j'avais cherché dans l'adage qui dit qu'il est plus facile de parler avec quelqu'un qui ne vous connaît pas.

Quand il s'est engagé dans la rue, c'était à mon tour d'être surprise : on étions déjà arrivés ? J'ai relevé la tête pour regarder dehors par la vitre et chercher l'immeuble. Neil allait me retrouver attifée comme ça, j'allais en prendre pour mon grade. Mais ça valait le coup ! J'ai finalement montré un immeuble de mon index.

– C'est celui-ci il me semble. Je suis pas arrivée depuis longtemps et il fait nuit, alors…

J'ai haussé les épaules en guise d'excuse et je l'ai laissé se garer. J'étais plutôt bien avec lui. Je ne sais pas si c'était une bonne chose ou non mais j'y voyais quelque chose de bien. Néanmoins, je crois que j'avais assez abusé de sa gentillesse à présent. Je lui ai souri, en silence en le dévisageant un instant.

– Merci de m'avoir raccompagnée. Je voterai pour vous !

Et je lui ai offert un immense sourire, cette fois, autant chargé en malice qu'en rébellion ! En tout cas, quand je pourrai, je voterai pour lui. Ou un de son côté.

– Vous êtes quelqu'un de bien. Et des gens biens, j'en ai besoin dans ma vie. Ca changerait un peu. Donc je découvre un peu la politique d'ici mais... Vous aurez ma voix le jour venu. Je repenserai à ce soir et à ce que vous m'avez dit sans même savoir qui j'étais.

Je me suis mordue une lèvre en regardant ailleurs, dehors. J'allais quitté cet environnement de ma vie que j'avais connu, le confort, un peu de luxe, tout un tas de trucs propres qui sentaient bon le cuir… Il était temps pour moi de retrouver mon costume de fille fraîchement débarquée à New York… A commencer par des chaussures sans talons et un pan autour de chaque jambe. Et puis moins de maquillage. Bon sang, ma vie était si triste. Je me penchée en avant pour retirer sa veste. Il fallait bien à un moment donné que je lui rende, non ? Même à contre coeur, je me suis libérée de son odeur enivrante et je lui ai tendue d'une main avec un léger sourire.

– Est-ce que je vous reverrai ?

Encore une fois, était-ce son pouvoir ou non ? Je n'aurais su dire ! Toujours est-il que j'avais laissé tous mes amis là-bas, à Vancouver… Et je n'aurais pas craché sur de nouveaux amis, ici, à New York. Je n'aimais pas beaucoup être seule. Neil était cool mais vieux. Elirys était sympa mais… Je sais pas trop te dire. Trop différente.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess]   La photo, c'est un vilain défaut [Ulysses/Tess] EmptySam 14 Sep - 8:53

La voiture se rangea devant l’immeuble indiqué. Elle détonnait un peu dans le quartier, sans aucun doute, mais dans la nuit, une voiture noire dans une rue sombre, cela ne se voyait peut-être pas beaucoup. De toute façon, il eût été difficile de trouver un quartier où un pareil véhicule parût tout à fait normal. Et Ulysses, depuis longtemps, avait renoncé à l’idée d’être discret : qu’il le voulût ou non, l’anonymat n’était pas exactement fait pour lui — et peut-être était-ce l’une des raisons pour lesquelles il avait finalement accepté l’héritage familial.

Le jeune homme laissa échapper un petit rire — évidemment mélodieux — quand Tess lui promit sa voix et il secoua.

— Oh, je ne me présente pas aux élections, moi. Trop de projecteurs.

C’était un peu paradoxal pour quelqu’un dont le métier, avait-il dit, était de s’occuper des médias — donc de passer devant la caméra. Mais Ulysses parlait d’un type de projecteurs très particulier : ceux qui éclairaient la vie privée. Et le jour où l’on élirait un bisexuel anciennement dépendant du sexe n’était pas toujours pas venu aux États-Unis. Ulysses le savait parfaitement : il n’avait aucune chance de remporter la moindre élection. Et, peut-être en était-ce la conséquence, il n’en avait aucune envie.

— Et en ce moment, je n’ai pas de candidat en particulier. Je vais sans doute changer un peu mes activités.

À vrai dire, ses activités avaient déjà changé : beaucoup plus de services secrets, beaucoup moins de politique. Mais en personnalité publique, dont on risquait toujours d’interroger les activités, il avait besoin d’une façade — une façade, simplement, qui lui prendrait moins de temps et l’exposerait moins au regard de la caméra. Quelque chose comme une fondation caritative un peu obscure, voilà. Avec quelques millions de dollars, le tour sera joué. Facile.

— Mais c’est gentil tout de même…

De toute façon, en fugitive Canadienne, Tess n’était sans doute pas prête d’acquérir la nationalité américaine et, par conséquent, le droit de vote. Quand même elle eût été Américaine de souche, elle n’était pas encore majeur : la promesse de la jeune femme tenait donc plus de la bonne intention que du projet réaliste et Ulysses était prêt à parier que son pouvoir n’y était pas étranger. Il savait pertinemment que lorsque Tess sortirait de sa voiture et qu’il disparaitrait de son champ de vision, il lui laisserait un souvenir peut-être charmé, mais un peu confus et étrange, qui décanterait progressivement et tout cet enthousiasme serait peut-être, en une semaine, mis sur le compte d’une nuit d’égarement.

Cela lui convenait très bien ainsi. Il y avait quelque chose de rassurant, pour lui, à se dire que les effets de son charme surnaturel n’étaient pas permanents et qu’il pouvait encore tester authentiquement l’affection de quelqu’un en s’en tenant éloigné pendant quelques temps. Et il craignait le jour où ce retour à la réalité deviendrait impossible pour ceux qu’il avait trop longtemps côtoyés.

Doucement, avec un sourire amusé, il répéta :

— Quelqu’un de bien ?

Quelqu’un d’intègre — mais ce n’était peut-être pas tout à fait la même chose. Ulysses avait une longue liste de preuves qui eussent sans doute tempérer l’avis généreux de Tess, mais il se gardait bien de les communiquer. Alors, simplement, tout en sachant très bien que ce conseil, tant qu’il la regarderait dans les yeux, serait donné en pure perte, il suggéra :

— Peut-être que vous accordez votre confiance un peu trop vite. À moi, en tout cas. Je ne suis, après tout, qu’un étranger.

Mais cette petite leçon de morale s’intégrait mal dans l’heure qu’ils venaient de passer ensemble. D’ailleurs, il n’insista pas : ce n’était pas à lui d’apprendre à Tess combien les apparences pouvaient être trompeuses et les inconnus apparemment sympathiques mal intentionnés dans les rues de New York. Il n’osait imaginer ce qu’un psychopathe avec son pouvoir pourrait réaliser dans une pareille ville.

Ulyssse récupéra son manteau pour le jeter sur la banquette arrière et haussa évasivement les épaules à la question de Tess.

— À la télévision, sans doute, mais ça risque d’être ennuyeux.

La vérité, c’était qu’il n’était pas très sûr que sa présence fût très profitable à Tess — ni, inversement, celle de Tess très profitable à lui-même. Sympathique, Ulysses l’était dans une certaine limite, qui rencontrait vite la circonspection. Et de cette meurtrière en cavale venue tout droit du Canada, il ne savait absolument rien. La méfiance était mère de sûreté et la douceur de ses réponses ne préjugeait en rien de sa prudence.

— Mais peut-être, qui sait, si vous continuez à essayer de vous introduire dans les lieux où vous n’êtes pas invitée…

Il avait appuyé cette seconde réponse, toute aussi évasive que la première, de l’un de ses plus beaux sourires, en plongeant son plus beau regard dans celui de Tess, après l’avoir prononcée de sa voix la plus rieuse — ce n’était pas aussi spectaculaire qu’une voiture soulevée par télékinésie, mais c’était malgré tout une utilisation fort efficace de son pouvoir. Puis il détourna le regard et indiqua l’immeuble :

— Aller, filez, je suis sûr que vos amis se font un sang d’encre pour vous.

Il attendit néanmoins que Tess eût passé la porte d’entrée de son immeuble — un psychopathe (c’est une obsession) était vite surgi des ombres — pour redémarrer et retourner chez lui, loin des réunions mondaines, loin des photographies de guerre et loin des adolescents ponctuellement sanguinaires, légèrement instables mais foncièrement sympathiques.
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