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 L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]

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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptySam 30 Mar - 9:59

Toute la journée il avait entendu, descendant du soupirail, les pas précipités, les conversations décousues, les cris du camp ; au-dessus de lui, au milieu du désert, les djihadistes s’activaient. On apprenait aux enfants de bergers, aux gamins des rues, à quelques idéologues venus d’Europe et du Nouveau Continent, à manier de vieilles kalachnikovs soviétiques dont vraisemblablement ils n’auraient jamais l’usage ; assis au pied du mur, suivant des yeux les insectes qui fouissaient dans le sable, Ulysses tentait de se concentrer sur les bribes de conversation.

Il avait retenu quelques informatiques, mais rien de très utile, rien de décisif sans doute. Les camps comme celui-ci étaient nombreux ; plutôt qu’un entraînement, ils proposaient une fanatisation, et c’était du sein de ces recrues trop nombreuses et trop disparates que l’on extrayait les vrais soldats pour leur apprendre à manipuler les vraies armes : les mines pour les chars, les missiles pour les hélicoptères, les bombes. Mais au moins avait-il pu, en gros, déterminer à l’accent et aux dialectes sa situation géographique : quelque part à la frontière saoudienne.

Les choses, hélas, commençaient à s’embrouiller dans son esprit. Il avait du mal à tenir les époques et il ne savait plus depuis combien de temps il était là. On ne l’avait pas exactement torturé — cela viendrait sans doute — mais il avait été malmené. Plutôt que les coups cependant, c’était le manque de sommeil, l’angoisse, la privation de nourriture, la soif, qui affaiblissait son esprit. Encore se félicitait-il de comprendre tout ce qu’on lui disait, quoique depuis son arrivée il eût fin de ne pas entendre un mot d’arabe, parfait petit touriste américain aux airs angéliques, perdu dans un monde hostile. Mais en réalité, il comprenait et il y avait là une maigre consolation.

Mais Ulysses n’était pas un agent de terrain et s’il parvenait, pour l’heure, à garder son sang-froid, s’il n’était certes pas un parfait petit touriste américain, il ne donnait pas cher de sa peau dans les jours et même les heures à venir. La perspective de la torture le terrorisait et il était certain de ne pas pouvoir y résister longtemps. Mais avoir le courage de mettre brusquement fin à ses jours pour s’assurer de ne rien révéler d’importer lui paraissait tout aussi surhumain. Il n’eût pas même su comment s’y prendre.

Méthodiquement, il tentait d’empêcher son esprit d’errer vers New York. Il tâchait de ne pas songer à Ivan, penché au-dessus de ses aquariums, de ne pas songer à son appartement, à son travail au Parti. Tout cela était inaccessible. Lointain. Révolu. Il s’agissait de ne pas perdre espoir, sans doute, mais de fixer cet espoir sur des choses concrètes : c’était l’Agence qui l’avait envoyé ici, il était un de leurs meilleurs analystes, il se trouvait dans une des régions clés de la géostratégie américaine, on allait vraisemblablement envoyer quelqu’un pour le sauver.

Tout avait commencé deux jours plus tôt, lorsque contrairement à ses habitudes, son chef de section, au lieu de lui confier une pile de dossiers mal triés transcrits dans un arabe approximatif par quelque contact vaguement alphabétisé dans un coin perdu du Kurdistan lui avait tendu un pass pour l’aéroport militaire et l’avait enjoint d’embarquer séance tenante pour le Yemen, où l’on avait besoin de ses talents de traducteur, parce qu’un terroriste pakistanais y rencontrerait un rebelle jordanien pour une opération imminente et que l’analyse devait être instantanée.

Ulysses avait protesté, argué qu’il n’était pas, justement, un agent de terrain, mais la hiérarchie et son propre sens du devoir avaient été plus fort. Ce n’était pas sa première mission dans le théâtre des opérations : des surveillances, des collaborations avec les services locaux, des formations données aux agents sur place, avaient fait partie de ses fonctions depuis des années, mais à chaque fois il se rendait dans la région avec une réticence évidente, peu convaincu de ses capacités à réagir de manière appropriée si les choses tournaient mal et, surtout, peu convaincu de sa capacité à se fondre dans une foule dans les caractéristiques physiques étaient si différentes des siennes.

Arrivé sur place, il ne fut pas longtemps maintenu dans l’incertitude. L’avion s’était posé au Koweit, au Koweit il avait pris un vol commercial pour le Yemen. Sur le chemin qui le menait de l’aéroport de Sanaa à la maison plus ou moins délabrée qui servait de base aux opérations, la jeep, au détour d’une ruelle, avait été arrêtée par des hommes en armes. Ulysses avait bien tenté de s’éclipser subrepticement pendant les échanges de coup de feu et d’atteindre finalement un revolver sur le corps désormais sans vie de l’un de ses accompagnateurs, les assaillants avaient été plus nombreux.

Rapidement bâillonné et aveuglé, le jeune homme avait été jeté sans ménagement dans une fourgonnette, trainé finalement dans une maison, assommé et il s’était réveillé dans son cachot. Depuis, toutes les heures environ, un homme, à chaque fois différent, faisait irruption dans sa modeste cellule pour l’interroger ; Ulysses feignait de ne rien comprendre, on le frappait un peu, on s’en allait et le rituel, une heure plus tard, recommençait, pour ne s’interrompre qu’aux nuits glaciales du désert.

La porte se rouvrit en grinçant. Un homme arriva, suivi d’un autre qui portait deux chaises. Le second installa les chaises l’une en face de l’autre, souleva sans ménagement Ulysses qui n’était guère en état d’opposer la moindre résistance, l’installa sur la chaise avant de l’y menotter. Le premier homme s’assit en face de lui et commença à l’interroger dans un anglais dont le léger accent saoudien n’altérait en rien la perfection.


— Vous me comprenez maintenant ?

Ulysses hocha faiblement la tête.[/i

— Vous me reconnaissez ?

[i]Ulysses plissa les yeux pour scruter le visage de son interlocuteur. Évidemment, il le reconnaissait. Saad Aujan, tête pensante d’une quinzaine d’attentats probablement. Il secoua la tête.


— Vous travaillez pour la CIA et vous ne me reconnaissez pas ?

D’une voix faible, Ulysses murmura :

— Je suis un touriste…

Saad poussa un soupir faussement navré et conclut :

— C’est ce que nous allons voir…
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Natalia Romanova

Natalia Romanova
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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyDim 31 Mar - 22:33

Elle avait toujours trouvé ces salles de réunions impersonnelles, elles se ressemblaient toutes. Une grande table, un tas de chaise, un écran, et des personnes qui parlaient, parfois, toutes en même temps. Chacun y allait de sa théorie, de ses idées, de sa façon de voir les choses. Ce genre de petites choses que beaucoup détesterai mais qui, dans un sens, la rassurait pour sa part. C’était son milieu – même si on ne pouvait pas dénigrer sa capacité à s’adapter partout – celui qu’elle connaissait le mieux et, même si son esprit se permettait de vagabonder un peu, elle n’avait rien laissé échapper des informations, photos, plans, qu’on lui avait montrer sur une écran. En haut de cet écran était restée la photo d’Ulysse Winford, la personne qui, bien qu’absente, était responsable de sa venue dans ce bureau de la CIA. Une mission de secours, c’est ce qu’on lui avait expliqué en passant par un tas de paraphrase et jargon de personne restant leur journée devant un bureau. Les personnes présentes étaient maintenant muettes, leurs regards braqués sur Natalia qui, pendant tout l’exposé n’avait pas décroché un mot, restant droite, les bras croisés.

Pourquoi nous appeler, n’avez-vous pas d’agents qualifiés pour ça ?

En réalité, la réponse n’avait pas grand intérêt pour elle. Sa direction lui avait demandé de venir, de s’occuper de cette histoire, c’était tout ce qui lui importait. Mais, par expérience, elle savait aussi que certaines personnes avaient bien du mal à laisser leurs propres missions à des agents d’une autre organisation. Et sa question n’avait que ce but, observer, écouter, et voir les personnes réticentes à refiler cette mission de sauvetage à quelqu’un d’autre, juste pour se faire une petite liste des personnes qui, potentiellement, pouvait chercher à y mettre de la mauvaise volonté et, au pire, lui mettre des bâtons dans les roues. Elle nota une personne qui correspondait à cette idée mais, comme à son habitude, elle ne fit rien remarquer, ne balança même pas une phrase pour vanter les réussites de sa propre agence et qui, en plus, avait au moins le mérite de ne pas dépendre au sens strict du terme du gouvernement. Elle se contenta d’écouter les réponses, sur le fait qu’il était un bon élément, qu’il fallait le récupérer – en vie, notion importante dans cette histoire – et le faire avant qu’il ne puisse dévoiler des informations… Il n’était pas un agent de terrain. Elle se passa de tout commentaire sur cette information même si elle ne comprenait pas qu’on puisse envoyé une personne avec des infos sur le terrain si ce n’était pas son domaine.

Voilà ce que l’on vous propose…
… Sans vouloir vous vexer, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de perdre de temps sur la marche à suivre, monsieur.
Quel est votre plan ?
Vous le ramenez.

Même si l’agence le savait, il avait fallu lui rappeler qu’elle ne donnerait pas son plan d’action. Ça fonctionnait comme ça. Natalia était donc revenu sur sa propre base, mettant au point son plan avec sa propre équipe en laquelle elle avait une parfaite confiance, c’est aussi eux qui se chargeraient de faire la liaison avec la CIA. Plusieurs pistes avaient été explorées et, finalement, la solution choisie était de celle que préférai Natalia. S’approcher du lieu présumé de la détention – après de nombreuses recherches de leurs côtés – et de laisser penser qu’elle avait fait une erreur pour se faire capturer. La partie qu’elle préférait parce que ça devait vraiment paraitre pour une erreur, tout en s’assurant qu’elle se ferait prendre et non pas tirer dessus.

*****

Un peu moins de 48h c’étaient écoulées, elle était proche de l’endroit. Et, même de nuit, la surveillance était impressionnante, ce qui la fit sourire au lieu de la paniquer. Elle avait décidée d’une approche discrète, de se débarrasser de quelques hommes qui faisaient leurs gardes. Assez pour laisser comprendre qu’elle n’était pas une novice, pas assez pour ne pas se faire prendre. Son uniforme avait été laissé au placard, pour le troquer contre l’un de ceux que pouvait avoir la CIA dans ce genre d’environnement où la couleur sable aurait été une bonne idée si son action avait été de jour mais, en vue de l’heure, c’est la couleur noire qu’elle avait choisie. Aucun fusil d’assaut, trop encombrant, peu discret et franchement pas son habitude, elle s’était contenté de deux armes, callé dans des étuis et facilement accessible même si, en théorie, elle n’avait pas lieu de s’en servir avant qu’on lui confisque.

Approcher n’avait pas été simple mais, pas impossible pour autant. Elle avait réussi à se faufiler derrière un garde qui, très vite, s’effondra au sol sans même avoir eu le temps de voir quelque chose venir. Elle déplaça le corps mais fit en sorte de laisser les marques visibles sur le sol ne cherchant absolument pas à être discrète. Et l’opération se répéta une autre fois, puis encore une. Elle tournait autour de la maison quand l’alerte fut donnée, c’est là qu’elle décida qu’il était temps de passer à la deuxième phase. Cachée dans un recoin, elle passa la tête pour voir deux hommes tourner à un coin de la maison, ils passeraient devant elle dans peu de temps. Natalia prit une inspiration et, sortie de sa cachette en courant pour se retrouver nez à nez devant les deux hommes. Elle le va les mains, hurla de ne pas tirer dans ce qui semblait être un parfait réflexe, alors qu’elle avait l’air complètement paniqué. Si elle aimait ce genre de plan, en revanche, elle n’avait jamais appréciée le coup qu’il apportait souvent, revers de fusil, pleine tête, assez radical pour que la suite lui échappe complètement.

Il faisait toujours nuit quand elle ouvrit les yeux, dans le fond d’un cachot. Plus d’arme, on avait même prit la précaution de lui enlever sa veste vu tout ce qu’elle pouvait renfermer. Et, dans ce qu’on pouvait y trouver, une carte de la CIA, le but ayant toujours été de l’associée à l’otage. D’un ça donnait plus de valeur à Ulysses, parce que si on envoyait quelqu’un le chercher c’est qu’il était important et, donc, qu’il n’était pas préférable de le tuer tout de suite. De deux, elle avait envie qu’on chercher à les confronter, en imaginant que s’ils se connaissaient, l’un parlerait plus rapidement si l’autre était menacé. On entra finalement dans sa cellule pour lui demander ce qu’elle faisait ici, et c’est l’air paniqué mais en voulant donner l’air de ne pas le paraitre qu’elle répondit qu’elle ne dirait rien. L’avantage de ne pas vieillir comme tout le monde c’est qu’elle pouvait toujours passer pour le jeune agent, sortit de ses cours qui veut croire qu’il sera plus fort que tout, plus fort que la torture, et qu’il ne dira jamais rien. C’est quand elle estima s’être prit assez de coups et qu’elle avait été assez maltraité pour son rôle qu’elle finit par demander à ce qu’on arrête, de souvenir elle avait même supplié son geôlier pour être certaine que ça fasse plus vrai.

On m’a envoyé cherché quelqu’un, un américain.

Un sourire satisfait – pour le moment – sur le visage de l’homme se fit voir pendant qu’elle avait l’air dépitée de ne pas avoir la force de retenir des informations, et l’homme quitta la cellule. Il avait fallu qu’elle soit seule pour reprendre son air plus professionnelle, tout en ouvrant la bouche comme si elle cherchait à étirer sa mâchoire. Bordel, il avait un sacré crochet du droit. C’est en passant son pouce sur sa lèvre qu’elle comprit que cette dernière était fendue. Pas grave, elle en avait vu d’autre, et en verrait des pires.

Sa notion du temps un peu perturbé, elle ne saurait pas dire combien de temps s’était passé avant qu’on entre à nouveau dans sa cellule pour la tirer de là sans le moindre ménagement. Elle n’eut pas très loin à aller, une autre porte s’ouvrit et, avec toujours une personne pour la tirer, elle arriva dans une nouvelle cellule déjà occupé par un autre homme et l’américain dont elle avait vu la photo sur un écran, qui était attaché à une chaise. Étrange, elle n’avait pas eu le souvenir de l’avoir trouver aussi attirant sur la photo, à peine s’était-elle fait cette réflexion qu’elle fit un effort colossale pour rester dans son rôle. Elle avait l’air paniquée, comme si elle se demandait ce qui allait se passer par la suite. C’est, celui qui était connu sous le prénom de Saad, qui reprit la parole en s’adressant à Ulysses.

Vous pouvez m’expliquer pourquoi la CIA envoie un agent pour un simple touriste ?

Il avait légèrement accentué ces deux derniers mots pour faire comprendre qu’il ne croyait absolument pas à cette version qui venait d’Ulysses. Un bref temps de parole qui n’était pas focalisé sur elle, ce qui lui permit de voir que l’américain en question était en état de marche, et aussi de pouvoir regarder son environnement. Le tout était de sortir d’ici avant que l’un des deux ne soit plus en pleine possession de ses moyens. C’est Natalia qui reçut le premier coup, un rituel obligatoire pour savoir comment Ulysses y répondrait et, il y avait fort à parier que l’inverse se produirait très vite pour voir la réaction qu’elle aurait à son tour.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyLun 1 Avr - 9:09

Saad était parti. Depuis combien des heures, il n’aurait su le dire — la nuit du désert était tombée une nouvelle fois et, tant bien que mal, Ulysses avait essayé de dormir. S’il avait réussi, il ne s’en était pas rendu compte. Ses yeux s’étaient rouverts sur la même obscurité et le même froid avait glacé ses os. On ne l’avait pas encore torturé — frappé simplement — et l’attente de l’horreur inéluctable avait quelque chose de terrible elle-même. Le jeune homme se redressa péniblement dans sa cellule et massa les poignets que les menottes avaient meurtri, sans pourtant laisser beaucoup de marques.

Il y avait des circonstances dans cette affaire qui lui échappait. Pourquoi l’avoir envoyé lui sur le terrain ? Il y avait d’autres traducteurs, il y avait des locaux, il y avait des agents moins précieux, dont l’Agence ordinairement faisait usage dans ces circonstances, plutôt que de sacrifier des Américains. Singulièrement, le jeune homme avait conscience de sa propre valeur stratégique et cette décision, plus il tentait d’y réfléchir, avait de moins en moins de sens.

Mais surtout, comment avait-on pu apprendre ses déplacements ? Par quel miracle un groupe terroriste, aussi bien organisé fût-il, avait-il pu avoir vent non point de son déplacement, mais de celui des agents sur place, ceux qui étaient venus le chercher et qui, assurément, au fil des années, avaient appris à couvrir leurs traces ? Il fallait ou que la coïncidence fût extraordinaire, ou que quelqu’un les eût informé. Mais alors, dans quel but ? Le piéger lui ? Forcer la cellule locale à se découvrir ?

Calmement assis devant des documents et des photographies, Ulysses eût sans doute été capable de débrouiller seul l’écheveau compliqué de cette ténébreuse affaire, mais si son corps supportait, en apparence, avec une indifférence hors du commun les sévices qu’il subissait depuis le début de sa détention, son esprit était loin de résister autant aux privations, et prendre simplement conscience de ces difficultés épuisaient quasi ses ressources. Il se rassit et ferma les yeux.

Des injonctions brutales le réveillèrent. On le rassit sur une chaise. Saad était revenu. À ses côtés, un homme à la mine patibulaire le fixait en aiguisant ostensiblement un couteau.


— Il faut parler mon ami.

Ulysses remua les lèvres en exagérant sa faiblesse, sans produire aucun sens : si on voulait des réponses, il fallait le nourrir, un peu, et lui donner à boire. Quelques minutes plus tard, on lui déversait une eau sale dans le gosier avant de lui faire mâchonner de vieilles rations de survie récupérées dans un stock délaissé de l’armée américaine. À peine ce repas de fortune terminé, Saad répéta imperturbable :

— Il faut parler.

Ulysses leva ses beaux yeux verts et murmura :

— …touriste…

Un coup acheva de le réveiller. Saad déclara d’une voix résignée :

— Je vais devoir laisser mon collègue faire son travail, dans ce cas.

Lequel collègue continuait à aiguiser son couteau en fixant Ulysses — et si ces yeux noirs et menaçants avaient été originellement destinés à intimider un peu plus encore le prisonnier, ils s’étaient jetés dans la gueule du loup ou, en l’occurrence, de l’agneau. Plus l’homme avait fixé le visage du mutant, plus il avait senti son courage flancher. Saad lui adressa un regard pressant et il répondit finalement en arabe, pour ne pas être compris, croyait-il, de sa victime.

— Je peux pas. Il est trop… Ce serait comme tuer un ange.

Saad resta quelque peu interdit devant cette réponse inattendue. Avec une conviction croissante, le tortionnaire désigné reprit :

— Regardez-le, chef. C’est une créature de Dieu. Une épreuve mise sur notre chemin pour tester notre foi.

Comme de nombreuses fois, Saad faisait l’expérience d’une arme à double tranchant, celle de la fanatisation. Si, en règle générale, elle lui permettait de mieux contrôler ses troupes, il arrivait parfois que des scrupules inattendus fissent surface. Celui-ci cependant était absolument inédit. Il jeta un regard à Ulysses, avant de se concentrer sur son homme. En meneur expérimenté, il pressentait les troubles que ne manqueraient pas de créer la rumeur qu’il détenait un ange de Dieu, si elle venait à se propager dans le camp.

Soudain, le cas Ulysses devint négligeable face à l’éventualité d’une sédition parmi les rebelles. Il fit un signe de tête et le bourreau, s’arrachant à contrecoeur à la contemplation d’Ulysses, le suivit. L’Américain se retrouva seul dans son cachot. Quelques jours plus tôt, il eût été incapable de s’expliquer lui-même cette scène qui lui eût paru presque absurde ; mais depuis qu’Ivan l’avait convaincu de s’assurer de sa mutation, celui qui s’était longtemps cru humain commençait à mieux comprendre les réactions étranges dont il était perpétuellement entouré.

Hélas, son pouvoir ne connaissait aucune variation ou bien il ignorait absolument comment les produire. Il se contentait d’être là. Mais sans doute y avait-il quelque chose à exploiter. Il tendit le cou pour tenter d’apercevoir une partie du camp à travers le soupirail et prêta longtemps oreille aux bribes de conversation. Assurément, des rumeurs commençaient à se propager à propos du prisonnier. En fin d’après-midi, un no man’s land fut instauré près du soupirail pour que personne ne fût tenté d’approcher la cellule — une mesure qui ne manquait certes pas d’augmenter la méfiance des hommes les plus curieux.

La nuit était tombée à nouveau et Ulysses tentait de réfléchir. Il ne parvenait pas à savoir s’il était possible de tirer parti de cette étrange situation. Il était peu probable qu’on lui renvoyât le bourreau et c’était peut-être le seul homme du camp sur qui son pouvoir fonctionnait. Du reste, il ignorait absolument s’il pouvait le fasciner assez pour le pousser à la trahison. Il en était à tenter de déterminer si ces choses de survie avaient progressé ou non quand la porte s’ouvrit à nouveau et que, dans un remue-ménage nocturne, on l’installa à nouveau sur une chaise, en face de ce qui semblait bien être une compatriote.

Ulysses était un peu sceptique. Ravi, certes, qu’on fût venu à sa rescousse ; étonné, cependant, qu’on lui envoyât quelqu’un de si jeune. Certes, les agents de terrain ne vivaient pas tous très longtemps, mais enfin, celle-ci semblait à peine sortie de Camp Peary. L’idée que quelqu’un, au sein de l’Agence, cherchât laborieusement à se débarrasser de lui émergea à nouveau dans son esprit. Le premier cou le fit frémir, mais ce que la fatigue n’eût pas suffi à retrancher à sa réaction, une formation somme toute solide l’effaça. Pour contrôler ces deux prisonniers, et surtout Natalia, Saad avait été contraint de faire venir plusieurs autres hommes de la cellule — le moment était propice à une action d’éclat.

Ulysses laissa le second coup venir à lui avant de redresser la tête et déclarer à haute voix :


— Et nous lui envoyâmes un Ange qui se présenta à elle sous la forme parfaite d’un homme.

Aussitôt, un murmure se répandit dans les quelques gardes qui assistaient à la scène. Non seulement le prisonnier américain parlait arabe, mais en plus il parlait un arabe très littéral avec un très bel accent, mais en plus il citait le Coran très exactement, mais en plus l’aya choisie attirait l’attention collective sur l’évidente perfection de son physique. Les hommes regardaient alternativement Saad et Ulysses.

— Vous traitez la Rétribution de Mensonge, mais Ses gardiens veillent sur vous, et ils savent et écrivent ce que vous faites, et ainsi les bons connaitront le jardin des délices, et ainsi les débauchés connaitront la fournaise de l’Enfer.

La discussion désormais était vive entre les gardiens. Craignant de voir son autorité se dissiper tout à fait s’il ne l’exprimait tout de suite, Saad enjoignit à ses hommes de quitter la cellule avant de leur emboîter le pas, un regard soupçonneux jeté à Ulysses. À peine la porte de la cellule fût-elle fermée que des cris éclatèrent dans le couloir, qui s’éloignèrent progressivement, à mesure que Saad éloignait ses hommes.

Les yeux verts d’Ulysses se reposèrent sur celle qui était venue le sauver et il confessa, dans un anglais tout à fait américain cette fois-ci :


— Je ne peux pas… faire beaucoup plus… et je ne suis pas sûr… que ça les occupe… très longtemps…
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Natalia Romanova

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyLun 1 Avr - 22:21

Les choses se passaient comme prévu. C’est ce qu’elle s’était dit quand le deuxième coup arriva sur Ulysses mais, elle fut bien forcée de revoir ce jugement avec la suite des évènements. Levant la tête il avait repris la parole et elle s’était même préparer à lui dire de se taire, après tout elle ne le connaissait pas, ne savait pas à quel point il garderait ses informations pour lui et, elle connaissait encore moins son seuil de tolérance à la douleur. Très vite, elle comprit qu’il ne servait à rien de lui faire la moindre réflexion, il ne donnait pas d’information, il citait le Coran – même si elle restait persuadée que ce passage parlait de l’envoi d’esprit, plus que d’ange. Bien que les paroles d’Ulysses soit dans la langue des personnes présentes, Natalia fut en mesure de le comprendre, passer plus de 60 ans à jouer les espions, aux quatre coins de la terre, aidait à avoir une connaissance plus large des langues que l’on pouvait y trouver bien qu’elle devait avouer ne pas avoir la perfection de langage que lui pouvait avoir. Cependant l’important n’était pas sa façon de parler mais la réaction qu’il y avait autour, les murmures de plus en plus distincts.

Natalia avait passé que peu de temps ici mais il avait été suffisant pour laisser ses oreilles vagabonder, pour comprendre qu’il y avait un, soit disant, envoyé de Dieu ici. Des conneries, selon elle, laissant penser qu’il y avait au moins un autre prisonnier dans cet endroit. Elle n’avait pas pensé que l’américain avait pu être considéré ainsi, même si elle s’était fait la réflexion en le voyant, lui, si parfait, même sur sa chaise après plus de deux jours de captivité. Elle avait juste enlevé cette idée de sa tête pour se concentrer sur ce qu’elle avait à faire mais, pourtant, les choses se confirmaient en voyant la réaction générale. Tout le monde fini par quitter la cellule sous les ordres de Saad. Elle n’était pas au courant de ce qui s’était passé mais, si ça avait été le cas, aucun doute qu’elle aurait pensé que Saad avait fait une erreur en laissant le premier homme, à avoir désigné Ulysses comme un ange, vivant. D’ailleurs ce dernier s’adressa à l’espionne qui releva vers lui, un regard vert qui n’avait plus rien de terrorisé, bien loin de la fille paniquée qu’elle avait pu être en arrivant.

Et comment je fais, maintenant, pour les interroger ?

C’était pourtant le principe même de son plan quand elle avait décidé de se faire capturer, si elle n’avait eu aucunes questions à leur poser, elle se serait contentée de sortir Ulysses d’ici, sans passé par cette phase-là de son plan. C’était une évidence pour elle mais comprenait parfaitement que ça ne le soit pas pour lui, ou pour qui que ce soit d’autre étant donné qu’elle avait fait en sorte que ça ne sache pas. Elle soupira légèrement, l’air de dire que ce n’était pas si grave, fallait juste qu’elle change ses plans. Et si, elle avait relevé les yeux vers lui, autant dire qu’elle ne les gardait pas très longtemps sur l’américain qui avait une tendance, inexpliqué, à la perturber. D’ailleurs, à en croire par ce qui venait de se passer, elle n’était pas la seule…

L’avantage de ne pas avoir été mise sur une chaise fut qu’elle put facilement relever ses mains, attachées par des menottes, à l’arrière de sa tête où, sous en tas de cheveux roux, se trouvait une petite épingle à cheveux. Une fois l’objet en main, elle entreprit de le détendre et commença, dans une position peu agréable pour ses mains, de triturer un peu l’intérieur de la serrure de ses menottes. Il y avait très longtemps qu’elle avait cessé de compter le nombre de fois où elle avait fait cette action, si bien qu’elle ne voyait pas l’intérêt de se concentrer sur ce qu’elle se faisait, préférant reporter brièvement son attention sur Ulysses.

Vous savez de qui vient l’ordre de vous envoyer en mission ? Parce que, soit cette personne est d’une incompétence rare qui, en plus d’envoyer une personne qui n’est pas de terrain, perd un plan de route détaillé de votre itinéraire, soit…

Enfin, il travaillait pour la CIA, il ne devait pas être trop stupide pour comprendre la suite. Comme le fait que personne n’avait réellement perdue un plan de route mais, il y avait forcément des informations qui avaient filtrées. On ne tombe pas sur une personne importante pour la CIA complètement pas hasard. Ca faisait bien longtemps que le mot « hasard » avait été banni de son vocabulaire. Un cliquetis se fit entendre et, elle eut déjà plus de liberté de mouvement pour s’attaquer à la deuxième main, pendant qu’elle était en train de se dire qu’il ne savait strictement rien d’elle et que rien ne l’obligeait à lui répondre. En tout cas elle aurait été la première à inventer ce genre de stratagème (faire croire à une compatriote venue l’aider) pour faire parler une personne.

Je suis l’agent Romanoff. Autre main de libérer, ce qui lui permit de s’approcher pour s’occuper des liens de l’américain, lui permettant par la même occasion de se concentrer sur autre chose que lui. Je travaille pour le gouvernement américain, votre agence nous a appelé, me voilà.

D’accord, elle ne travaillait pas, a proprement parlé, pour le gouvernement américain mais c’était ce qu’il y avait de plus simple. Elle ne connaissait pas franchement son niveau d’habilitation et entrer dans les explications de ce qu’était le SHIELD serait bien trop long, en plus de ne pas être approprié. Finalement, l’important pour elle, était de signifier qu’elle ne travaillait pas sous le couvert de la CIA, contrairement à ce que pouvait croire ceux qui l’avait prise. Ulysses était maintenant libre mais, avant de faire quoique ce soit, elle releva les yeux vers lui.

A partir de maintenant, on a deux options. Soit, on sort d’ici maintenant. Soit, on les laisse croire qu’on est toujours attachés et on cherche à avoir des informations pour voir si une personne de votre agence est en contact avec eux. C’est vous qui voyez.

Elle préférait de loin la deuxième option, parce que si quelqu’un avait réellement transmit un plan de route – ils se pouvaient aussi qu’il n’y ait rien de tel et qu’ils soient juste très bien informés – le mieux était encore de le savoir. Un petit bonus pour ce retour de mission. Mais, cette dernière option risquait aussi d’être compliquée voir douloureuse. Il était toujours plus simple de soutirer des informations à une personne quand cette dernière avait dans l’idée de vous tuer. Si ce n’était pas leur plan, ça compliquait les choses mais, de son point de vue à elle, ça valait le coup d’essayer. Maintenant, elle lui donnait le choix parce que si sa seule envie était de quitter cet endroit, elle s’y plierait plutôt que de prendre le risque de le voir partir en live. Elle espérait juste que la décision serait prise rapidement dans la mesure où ils n’allaient pas rester seuls indéfiniment.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyMar 2 Avr - 17:45

Ulysses était sidéré. Il avait l’impression de se retrouver dans une pièce de théâtre expérimental ou dans un film d’espionnage dont le scénario eût été cousu au petit bonheur la chance. Beaucoup plus habitué à compter sur son intelligence ou ses ressources matérielles que sur son charme, les effets de sa beauté inhumaine lui paraissaient à peine concevables ; jamais il n’avait tenté de se sortir d’un mauvais pas avec un joli sourire auparavant et c’était l’énergie du désespoir qui l’avait guidé.

Au-delà de cette impulsion, d’ailleurs, il n’était pas certain de savoir la manière dont procéder. Sans doute pouvait-il faire plus — les mutants, il le savait pertinemment, avaient des ressources insoupçonnables, mais quand leurs pouvoirs paraissaient de prime abord anecdotique. Mais il ne s’était pas entraîné, il n’aurait même pas su comment s’entraîner d’ailleurs et, dans le domaine, il manquait totalement d’expérience. S’il y avait une solution en dehors de tout cela qui tînt à sa mutation, il était incapable de la concevoir spontanément et ce fut donc en quête d’une expertise de terrain qu’il tourna à nouveau le regard sur sa codétenue.

Un vague soulagement perça sa confusion et son épuisement quand il découvrit sur le visage de la jeune femme une sérénité nouvelle qui n’avait plus rien à voir avec la panique qu’il y avait lue quelques minutes plus tôt à peine. Un pareil art de la comédie dans de semblables circonstances suggérait une expérience salvatrice et les choses n’étaient peut-être pas si mal engagées. Certes, ils n’étaient que deux, au milieu du désert et déjà roués du coup, mais enfin le camp était peut-être au bord de la révolte et ils avaient indubitablement pour eux l’effet de surprise.

Enfin, Natalia avait pour elle l’effet de surprise. Ulysses fut sidéré — encore. Comment ça, les interroger ? Trop fatigué pour bouger ou trop étonné pour réagir, il se contenta de fixer des yeux verts beaux sans aucun doute, mais surtout très hébétés, sur son interlocutrice soudain très sûre d’elle tandis qu’elle développait ses conclusions, qui recoupaient une partie des siennes, et préconisait un plan d’action, qui n’était, lui, pas du tout à son goût. Ulysses n’avait qu’une envie : partir, retourner aux Etats-Unis, s’enfermer dans son appartement-bunker, se cacher sous la couette et appeler Ivan.

Rester pour se faire torturer par des terroristes énervés dans l’espoir utopique de leur arracher le nom de leur contact au sein de l’Agence si toutefois ils en avaient un n’était pas une activité qui se plaçât très haut dans la liste de ses priorités. D’hébété, le regard se fit un brin soupçonneux. D’où sortait cette agent singulière qui pour le libérer lui suggérerait de se constituer prisonnier ? Et l’apparente sédition des gardes n’était-elle pas un numéro concerté par Saad et sa prétendue compatriote pour lui inspirer une confiance nouvelle ?

L’esprit stratégique d’Ulysses se mit en branle pour réfléchir à toute vitesse. Soit Natalia était une traîtresse de mèche avec Saad et dans ce cas elle ne le laisserait pas s’enfuir ; soit elle était authentiquement venue le sauver et, de toute évidence, elle savait ce qu’elle faisait. Dans un cas comme dans l’autre, rester dans la cellule était la meilleure solution. Après quelques secondes d’hésitation, Ulysses, qui s’était levé, retomba sur sa chaise et murmura à contrecoeur :


— Soit. On reste.

Il laissa l’agent Romanoff replacer les menottes qui étaient censées l’entraver tout à fait. Pendant le peu de temps qu’ils avaient encore pour profiter d’un entretien libre, Ulysses en profita pour livrer en vrac son analyse de la situation — il n’avait eu que cela à faire, depuis qu’il était arrivé : écouter et tenter de comprendre.

— Le chef, c’est Saad Aujan, Saoudien, éduqué en Grande-Bretagne. Plutôt un stratège que véritablement un chef d’action. Un homme de tête. Pas sûr qu’il sache gérer ses troupes. Les hommes, disparates. Kurdes, Yéménités, Saoudiens. Pakistanais. À ce que j’ai pu en entendre, certains se comprennent à peine. Pas vraiment des soldats d’exception. Ma supposition, c’est que c’est un camp d’entraînement pour les chefs des milices locales. Dispatchés ensuite dans leurs pays d’origine.

L’Américain fut contraint de s’interrompre ; la porte extérieure du baraquement qui servait de partie supérieure au tunnel où se trouvait la prison venait de grincer, des bruits de pas se firent entendre dans l’escalier et, bientôt, la porte de la cellule elle-même s’ouvrit, pour laisser place à Saad et deux nouveaux gardes — les anciens, ceux que l’intervention étrange du prisonnier avaient tant perturbés, n’étaient de toute évidence plus les bienvenus à la fête.

Saad s’approcha à grands pas d’Ulysses, lui empoigna les cheveux et tira brutalement sa tête en arrière. Il s’adressa à lui en arabe, la supercherie du touriste américain étant définitivement éventée.


— Tu parles bien, pour un infidèle.
— Tu es très sceptique, pour un fidèle.


Un coup de poing dans le ventre coupa le souffle et la parole du prisonnier. Il fit un geste vers les deux gardes et déclara sèchement :

— Emmenez-les.

Puis, reprenant la parole en anglais, et considérant tour à tour Natalia et Ulysses, il déclara :

— On va faire un petit voyage.

Impossible de ne pas comprendre qu’il craignait de perdre le contrôle du camp. Ce qu’Ulysses craignait surtout, c’était qu’en tentant de le relever de lui ôter ses menottes pour le relever de sa chaise, les gardes se rendissent compte qu’elles n’étaient plus correctement fermées. Sans doute ne les tueraient-ils pas pour autant, mais assurément, ils surveilleraient de beaucoup plus près l’agent Romanoff et leurs chances de s’échapper seraient peut-être réduites à néant.

Alors que le jeune homme cherchait désespérément une solution à ses problèmes et que les deux gardes s’avançaient pesamment vers lui, des cris retentirent à l’extérieur et l’on tira des coups de feu, en l’air semblait-il. Les deux gardes se figèrent et Saad jeta un regard nerveux vers le soupirail. Brusquement, il lâcha :


— Je vous attends à la jeep.

Et il disparut de la cellule, soucieux de gagner au plus vite sa porte de sortie si les choses dégénéraient pour de bon. Ses deux hommes de main, un peu désarçonnés par la nervosité de leur chef, mais de toute évidence plus solides que les précédents gardiens, se précipitèrent vers Ulysses et entreprirent d’ouvrir les menottes. Il leur fallut quelques secondes pour comprendre pourquoi la clef ne fonctionnait pas. Et encore quelques précieuses secondes pour déduire que l’Américain ne s’était sans doute pas libéré tout seul, qu’on l’avait aidé, que la seule autre personne dans la cellule était Natalia et que, vraisemblablement, elle n’était plus attachée non plus.

Pendant ce temps, dans le camp, les coups de feu se multipliaient. En somme, l’interrogatoire ne se passait pas exactement comme prévu.

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Natalia Romanova

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyMar 2 Avr - 18:45

Elle avait bien cru qu’il allait demander de partir, c’est en tout cas ce qu’avait suggérer son visage. Mais, le fait est qu’elle essayait de ne pas trop s’attarder sur ce visage alors, peut-être avait-elle fait une mauvaise interprétation qu’elle il retrouva sa place en annonçant son choix de rester. Si un air d’étonnement était apparu sur le visage de l’agent, cela n’avait pas duré plus d’une seconde. Les choses ne se passaient pas exactement comme elle l’avait prévue et, si en temps normal, ça ne lui posait pas de problème, en présence d’une personne qui n’était pas sur le terrain habituellement, ça lui posait déjà un peu plus de soucis. Trop imprévisible. Sans parler du fait qu’il avait quelque chose de perturbant, qu’elle essayait de contrer en se focalisant sur la mission et en le regardant le moins possible surtout après avoir vu ce qu’il avait été capable de faire au sein d’un groupe… Enfin, pour le moment, elle ne pensait pas qu’il s’agissait d’une quelconque mutation, être beau n’était pas forcément une question de gêne X.

Elle remit les menottes d’Ulysses à leur place, sans pour autant les fermer parce qu’elle n’aurait probablement pas le temps de lui enlever à nouveau selon la tournure des choses. Et, pendant qu’elle s’installait dans un coin de la cellule pour reprendre son air de pauvre malheureuse complètement paniqué en replaçant ses menottes, elle ne perdit pas une miette de ce que lui disait Ulysses. Les analystes c’était toujours très utile, cependant elle convenait que c’était mieux quand ça restait dans un bureau. Et Ulysses avait au moins l’avantage de ne pas faire comme la plus part des agents de bureau, à savoir : faire comme si leurs informations étaient certaines, et qu’ils savaient mieux que tout le monde. Il exprimait ses hypothèses et le faisait savoir, une sorte de sincérité apprécié. Elle n’avait d’ailleurs pas de raison de douter de son analyse qui se tenait et, si c’était réellement n camp d’entrainement, alors les choses seraient à la fois plus simple et plus compliqué. Moins entrainé, voulait dire moins dangereux. Mais, ça entrainait aussi des réactions imprévisibles, pas encore assez « formaté » par leur entrainement. Un mélange de théorie et de réaction humaine encore trop présente était, potentiellement dangereuse.

Quand Saad entra à nouveau accompagné de personne, il mit un peu à rude épreuve Ulysses qui avait eu la présence d’esprit – un peu stupide mais intéressant – de répondre à ce qu’on venait de lui dire. Si Natalia restait dans son coin la tête baissé, elle comprit que rien ne se passerait comme prévu au moment où Saad annonça qu’il les emmenait. Poisse. Elle était déjà en train d’analyser la manière dont elle allait s’y prendre quand des coups de feu se firent entendre. Ulysses, et son physique, avait fait bien plus de ravage qu’elle avait pu imaginer. Et, en bon chef, Saad décida de fuir le premier, laissant le boulot aux autres qui s’exécutèrent quand même. Ils devaient quand même être un peu perturbé par ce départ qui les empêchait de comprendre plus vite ce qui était en train de se passer avec les menottes d’Ulysses. Et quand l’un d’eux se décida à se retourner vers Natalia pour vérifier sa théorie, le coup qu’il se prit l’envoya au tapis. Le reste se passa plutôt vite. Le premier homme tomba au sol. Le deuxième porta la main à son arme mais Natalia, d’un coup de pied lui écarta cette option. Un enchainement de coup millimétré se fit et, le deuxième fini par tomber au sol à son tour. Le premier qui, finalement ne s’était pris qu’un coup, tendit la main vers sa radio avant de sentir un pied lui écraser cette main. Accroupi au-dessus de lui, Natalia fini par l’assommer pour de bon avant de lui prendre sa radio et de l’envoyer à Ulysses.

Si y a quelque chose de notable dans leur échange d’information, vous me faites signe. Elle aurait pu se concentrer sur ses échanges mais Ulysses était un analyste alors lui filer un boulot qui s’en rapprochait, lui permettrait sûrement de se concentrer sur quelque chose, en plus de pouvoir franchement aidé Natalia. Elle attrapa l’arme d’un des hommes, vérifia les munitions avant de se retourner vers Ulysses. Vous savez vous servir d’une arme ?

La vraie question était de savoir s’il savait s’en servir dans ce genre de circonstances qui étaient bien différentes d’un stand de tir. Si la réponse était positive, elle lui laisserait l’arme qu’elle venait de récupérer et prendrait celle de l’autre homme. Dans le cas contraire, elle s’abstiendrait de lui donner une arme qui, potentiellement, pouvait lui tirer dessus par inadvertance. Dehors les coups de feu se faisaient toujours entendre et, plus ça allait, et plus ça semblait virer à la rébellion « Ne tuons pas l’ange / Écoutons le chef ». Natalia s’approcha de la porte laissé ouverte et passa un peu la tête. Dégagé. Ok, elle se tourna vers Ulysses et c’est d’une voix parfaitement calme qu’elle décida de s’adresser à lui, bien qu’un peu pressé par le temps.

Voilà comment ça va se passer : Je passe devant, je dégage le passage, je fais signe, vous arrivez. Et on recommence jusqu’à ce qu’on arrive à la jeep.

Elle avait brièvement pensé au fait d’enfiler les uniformes des gardes mais la perte de temps que ça entrainait pour le résultat était peu concluante. Les vêtements leur donnerait une seconde ou deux de plus pour réagir mais pas plus, quoiqu’il arrive, ils n’avaient pas le profil correspondant, trop rousse, trop blond, trop pâle. Rejoindre la jeep était le choix le plus logique, en plus d’être un très bon moyen de transport, Saad se trouvait dedans. Un bonus plus qu’intéressant. Le tout allait d’aller jusque là-bas. Ce là-bas étant une notion complètement inconnue pour le moment et si cette information pouvait être transmise d’une manière ou d’une autre via la radio, c’était encore mieux.

Ok ?

Pas qu’elle voulait paraitre autoritaire mais, en fait, si. Le but était de se bouger et vite, si il avait des idées elle n’était pas contre mais il fallait qu’il le fasse vite. Approbation reçue, elle sortit de la cellule, la première partie du couloir étant libre et se dirigea vers le premier angle droit qu’il comportait. Une fois de plus elle passa la tête. Plus loin, deux hommes. Distance évaluée, elle leva la main vers Ulysses pour lui faire signe de venir jusqu’à elle. Une fois à sa hauteur elle le fit s’arrêter, au moins le temps qu’elle s’occupe des deux hommes qui lui tournaient le dos. Après lui avoir demandé de rester là, elle s’élança, courant en direction des hommes. Une fois proche d’eux, ses bruits de pas en fit retourner un premier et au moment où il la visa, elle s’était déjà servi du mur comme un appui. Il tira, manqua, et son saut lui permit d’atterrir sur lui. Une jambe de chaque côté du cou de l’homme, elle bascula en arrière l’entrainant avec lui et, alors qu’il était par terre, elle commençait déjà à se relever, profitant d’être accroupi pour balayer les jambes du deuxième homme en faisant un mouvement circulaire avec sa jambe. Il perdit l’équilibre, tira une rafale sans vraiment le vouloir sur le plafond dans sa chute et avant qu’il ne touche le sol, Natalia s’était relevé un peu plus et profita de a chute de l’homme pour lui briser la nuque. Quand il toucha le sol, il était mort.

Maintenant complètement debout, elle se servit de l’arme pour coller une balle dans la tête du premier homme avant de se tourner vers l’endroit où se trouvait Ulysses pour lui dire qu’il pouvait venir.

Des infos ? Elle désigna la radio d’un mouvement de tête. Une idée de l’endroit où se trouve la jeep ?

Ulysses n'était peut-être pas un agent de terrain mais elle ne doutait pas de sa capacité à comprendre des informations et à les analyser. Si il avait été mauvais dans ce domaine, la CIA ne l'aurait pas prit en tant que consultant, et aurait encore moins cherché à le récupérer. Cette présence était donc profitable à Natalia et pouvait franchement aidé dans cette histoire.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptySam 6 Avr - 11:44

Le trouble était jeté dans le camp. Ulysses resta sagement en retrait le temps que Natalia disposât de leurs deux geôliers un peu trop distraits, persuadé que ses compétences plus que limitées en corps en corps eussent embarrassé plutôt qu’aidé l’agent. Au fond de lui, le jeune homme était soulagé que leur plan pour faire parler Saad eût tourné cours, même si, à vrai dire, il n’avait pas très bien compris la nature de ce plan, soit qu’il fût nébuleux en effet, soit que la fatigue ne lui permît pas de réfléchir correctement.

Mais Natalia, de toute évidence, savait ce qu’elle faisait. Ulysses en avait vu, de temps à autre, des combattants — il avait vu Adam dans ses œuvres et, surtout, il avait vu les entraînements à Camp Peary, pour les agents de terrain. Mais celle qu’il croyait une jeune femme n’avait rien du style à l’époque encore hésitant de son ancien compagnon ni rien de la raideur inexpérimentée des nouvelles recrues.

L’analyste n’en était certes pas entièrement rassurant. Après tout, jusqu’à présent, l’agent Romanoff avait surtout essayé de le maintenir prisonnier et de le laisser torturer dans l’espoir que Saad révélât le nom d’une hypothétique taupe au sein de l’Agence et les méthodes musclées dont leurs deux gardes étaient en train de faire les frais, il n’avait pas été loin, quelques secondes plus tôt, d’en avoir été la victime. Pour l’heure cependant, il n’avait guère d’autres choix que de lui faire confiance.

Il attrapa la radio qu’elle lui lança et hocha une première fois la tête pour indiquer qu’il avait compris sa mission — écouter et analyser, cela, au moins, c’était dans ses cordes — et une seconde fois pour signifier qu’il savait se servir d’une arme. Il avait parfaitement conscience de ne pas dégager une aura d’assurance en ces moments difficiles, ni, le reste du temps, de se distinguer par un air particulièrement féroce, mais ses compétences de tireur étaient considérables et s’ils devaient se faufiler plus ou moins subrepticement dans un camp au bord du chaos, il préférait autant être armé.

L’Américain récupéra donc l’arme, écouta le plan et murmura :


— OK.

Il avait à moitié l’espoir que Saad eût été descendu au hasard de l’un des échanges de tir qui commençaient à se multiplier autour d’eux. Restait que la jeep était peut-être le moyen le plus sûr et le plus rapide de quitter le camp, même s’il lui paraissait improbable que Natalia se fût laissée capturer — car de toute évidence elle n’avait pas été prise par hasard — sans avoir songé à un moyen d’extraction.

Ulysses régla le son de la radio au minimum et le duo entama sa lente et précautionneuse progression. Libéré de sa cellule, Ulysses se sentait soulagé — l’adrénaline sans doute n’était pas étrangère non plus à l’impression d’une nouvelle vigueur qui s’emparait de lui. Son cerveau tournant de mieux en mieux, il lui paraissait de plus en plus improbable que deux soldats un peu illuminés eussent réussi à retourner toute une partie du camp contre les loyalistes de Saad.

Quelque chose ne tournait pas rond. Des bagarres dans des bars ou dans des assemblées, il en avait provoquées toute sa vie depuis les premières années de son adolescence, sans jamais y rien comprendre, jusqu’à ce qu’Ivan le mît face à l’évidence de sa mutation. Mais entre ces rixes de comptoir et une aussi violente scission dans un camp de soldats même imparfaitement entraînés, il y avait une marge.

Et Saad, que faisait-il dans un camp de seconde zone au nord du Yémen ? Et pourquoi l’avait-il capturé, s’il ne savait pas déjà qui il était ? Pourquoi s’enfuir si promptement aux premiers signes de révolte ? Et dans ce camp d’Arabie Saoudite, pourquoi si peu de gardes avaient-ils l’accent saoudien ? En longeant les murs du couloir qui remontaient jusqu’à la surface, à bonne distance de Natalia, attendant son signe pour s’approcher, Ulysses comprenait lentement que la situation était peut-être plus compliquée qu’il ne l’avait d’abord envisagé, dans la brume de son emprisonnement.

Quand l’agent lui fit signe, Ulysses s’approcha promptement d’elle et, attendant à peine la fin de la question, il murmura d’un ton précipité :


— Les rebelles, les ordres qu’ils donnent, ils sont très bien organisés. Sans être modeste, je doute qu’ils fassent ça juste pour moi. Saad, c’est pas sa zone et c’est pas sa fonction. C’est un stratège, pas un entraîneur. Je crois que la scission précède notre arrivée. Qu’on est prétexte pour un lieutenant, qui cherche à prendre le contrôle. Beaucoup de Kurdes ici, ils doivent faire pression. Les camps comme ça, c’est instable, et Saad a pas la carrure de leader pour contrôler une poudrière.

L’analyste fut interrompu par une violente quinte de toux qui le força à cracher un peu de sang. Il n’y prêta pas une grande attention.

— Saad doit en avoir conscience, sinon il n’aurait pas conduit les interrogatoires lui-même. Il cherchait à s’attirer du prestige. Donc, il a dû prévoir un moyen de s’enfuir, au cas où. La jeep doit être là pour ça, depuis longtemps. Sans doute le plus loin possiblement des baraquements des hommes.

Ulysses confessa cependant, désemparé :

— Mais j’ai pas vu le camp, je me suis réveillé direct en cellule. Mais vous… Les baraquements devraient être un grand corps de logis, pour au moins, je sais pas, une centaine d’hommes. À l’opposée, vous avez vu peut-être des entrepôts en bois, ou alors des tentes. Là où ils entreposent les véhicules peut-être. La jeep est sans doute là-bas.

C’était l’hypothèse qui lui semblait la plus probable en suivant méticuleusement la chaîne de ses déductions, mais le reste était du ressort de Natalia ; ce qu’il convenait de faire précisément dans le feu de l’action, Ulysses n’était pas certain de pouvoir le décider et, de toute façon, il n’avait aucune idée de l’agencement du camp et eût été incapable de guider le mouvement. Mais il était possible que Saad n’eût pas encore réussi à quitter le camp ; il devait attendre une opportunité, peut-être une diversion fomentée par quelques-uns de ses partisans, pour s’enfuir sans s’attirer immédiatement des poursuivants.

Cela dit, ce qui valait pour lui valait pour eux également, et comme le camp était en ébullition, ils auraient peut-être du mal à atteindre les entrepôts ; et plus ils s’enfonçaient dans le camp, plus ils s’éloignaient de la sortie. Ulysses posa un regard un peu anxieux sur sa sauveteuse, sans savoir s’il devait craindre ou espérer qu’elle jugeât opportun de continuer leur poursuite plutôt que de profiter de la confusion pour battre en retraite.

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Natalia Romanova

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyMer 5 Juin - 16:18

Natalia ne savait pas vraiment si l’homme lui avait dit qu’il savait se servir d’une arme parce qu’il savait le faire, ou si c’était parce qu’il se sentait rassuré d’en avoir une. La deuxième option ne l’arrangeait pas trop mais, dans le fond, elle le préférait armé. Son rôle était quand même de le ramener vivant, si possible en un seul morceau, alors s’il était capable de se défendre en cas de moment d’inattention, c’était préférable. Elle apprécia aussi le fait qu’il ne se contente que d’un simple « ok » à l’exposition de son plan, éviter un tas de question qui prendrait des heures l’arrangeait bien.

Même si elle n’avait pas envie de perdre de temps, elle ne s’empêcha pas d’écouter le jeune homme de manière attentive, passant beaucoup de temps à regarder autour d’eux. Se faire tirer dessus en étant immobile, ce n’était pas le but de sa vie. Et, à l’écouter, on ne pouvait plus vraiment douter que chacun avait son métier propre. Il avait des infos, il en faisait quelque chose à une vitesse hallucinante. Ok… Bon si ce qu’il disait était vrai – et elle ne mettait pas ses capacités en doute – les choses allaient forcément être un peu plus compliqué. Elle avait toujours envie de mener son interrogatoire parce qu’elle trouvait toujours trop gros le fait qu’on est su ou trouver le jeune homme de manière si exacte. Mais, sa priorité, son ordre de mission, c’était de le ramener lui. Un agacement pouvait se voir sur son visage pendant quelques secondes avant qu’elle ne retrouve un visage neutre.

Ok, alors on sort d’ici.

Le premier véhicule trouvé ferait l’affaire, elle continuait d’espérer qu’avec un peu de chance, elle trouverait son bonhomme à l’intérieur. Son moyen de locomotion à elle était hors de portée, trop loin du camp, ça ne servait à rien. Et vu qu’ils n’avaient qu’une idée approximative d’où se trouvaient les choses alors, la meilleure solution était de prendre de la hauteur. D’un geste de la main, elle demanda à Ulysses de la suivre et, arrivé au premier escalier, elle lui demanda de s’arrêter avant de lui faire comprendre qu’elle allait monter. Si des gens se trouvaient au-dessus, ça risquait d’être compliqué de chercher à le protéger et d’éliminer la menace en même temps, elle espérait juste que personne ne passe à l’endroit où se trouvait l’analyste pendant ce temps. Avant de monter, elle préféra quand même expliquer ce qu’elle comptait faire.

Je vais monter, dégager le passage et essayer de trouver un accès au toit

Les marches furent montées avec beaucoup de précaution, l’arme à la main elle arriva dans une pièce. Elle tira deux fois, deux hommes à terre. Une porte s’ouvrit rapidement et elle eut à peine le temps de se remettre dans le couvert de l’escalier pour échapper à la balle. Accroupie, elle prit une inspiration entre deux balles tirées, et se lança, en visant l’homme. Plusieurs balles de son chargeur furent utilisées le temps de comprendre où le type s’était positionné.

Afin de sécuriser l’endroit, Natalia préféra prendre quelques minutes de plus et faire les pièces adjacente, pour ne pas avoir de mauvaise surprise quand elle reviendrait avec Ulysses. Et, finalement, c’est quatre hommes qu’on pouvait voir à terre. Elle en profita aussi pour faire le plein de munition et pour récupérer deux trois trucs qui pourront peut-être s’avérer utiles.

Un regard vers le haut lui permit de voir un accès au toit, ce qui leur permettrait d’avoir une meilleure vue d’ensemble sur les aménagements mais, surtout sur ce qui pouvait se passer dehors afin d’établir la meilleure façon d’atteindre leur objectif. Elle avait vraiment besoin de savoir comment ça se passait dehors, avant d’y foncer tête baissé, surtout accompagné d’un analyste. Ce n’était pas une critique en soit mais, il ne fallait pas se leurrer, il ne valait pas un agent de terrain. Avançant vers l’escalier, elle s’arrêta en haut et pencha simplement la tête.

Vous pouvez venir.

Son ton n’était ni trop bas, ni trop fort, juste assez pour qu’il puisse l’entendre. Elle lui donnait cinq secondes pour répondre quelque chose, ou même entendre des bruits de pas dans l’ascenseur
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptySam 15 Juin - 15:04

Une fois son analyste faite, Ulysses n’était que trop heureux — si l’on pouvait dire — de se laisser guider par Natalia. C’était l’ordre des choses : lui, il donnait les informations et faisait des suggestions, les agents de terrain prenaient les décisions et les mettaient en application. C’était ce bel ordre immuable qu’il avait toujours connu et qu’il n’avait jamais souhaité voir rompu ; jamais il n’avait eu le désir, comme certains de ses collègues, des aventures que l’on vivait à l’autre bout du monde, beaucoup trop réaliste quant à la violence du théâtre des opérations pour se laisser bercer par des rêveries jamesbondiennes.

Hélas, les rêveries jamesbondiennes étaient venues le chercher sans lui demander son avis. Ulysses se sentait terrorisé et cette peur lui faisait honte — elle l’empêchait même se rendre compte qu’en ce moment précis, alors qu’il  n’était pas formé pour une pareille situation et qu’il venait de passer un moment en prison, à subir les violences et les privations, il ne se laissait pas paralyser par sa crainte. Ulysses, en vérité, était incapable de mesurer son propre courage.

Tout ce qu’il voulait, c’était ne pas être trop encombrant pour celle qui était venu à sa rescousse et tout ce qu’il voyait, c’était les moyens de se sortir de ce pétrin. Dans la fuite, les considérations mélancoliques ou angoissées qui l’avaient saisi pendant sa captivité, lorsqu’il était contraint à une attente inactive au fond de sa cellule, s’étaient dissipées : il n’espérait même pas, il se contentait d’agir, guider par l’assurance de la femme et la nécessité du terrain, soutenu par l’adrénaline sans doute.

Posté au bas de l’escalier, Ulysses promena donc un œil aussi vigilant et concentré que possible sur les alentours, tout en prêtant l’oreille aux bruits étouffés des combats qui lui indiquaient que Natalia dégageait sans peine le chemin. La rumeur de l’émeute continuait à agiter le camp et le jeune homme réfléchissait à cette étrange situation. D’un certain côté, sa propre analyse de l’instabilité politique inhérente à ces organisations et de la stature de Saad le rassurait énormément, parce qu’elle faisait reposer les derniers événements sur tout autre chose que les effets de son pouvoir et lui redonnait un peu de normalité.

Il ne fallut pas longtemps à Ulysses pour entendre à nouveau la voix de Natalia et il ne se fit pas prier pour rejoindre sa protectrice en gravissant les escaliers à quatrième vitesse — puis un peu plus lentement, quand une vive douleur manqua de lui déchirer le flanc droit. Il avait beau être, sinon resplendissant, du moins presque épargné, en apparence, par la captivité, ses blessures n’en étaient pas moins réelles. Il parvint néanmoins au sommet des escaliers, sans prêter beaucoup d’attention aux corps qui avaient pavé son chemin, comme autant de témoignages de la redoutable efficacité de sa coéquipière d’un soir.

Les deux agents gagnèrent le toit et entreprirent de ramper jusqu’au parapet, pour avoir une vision panoramique du camp tout en restant discret. En contrebas, ils pouvaient désormais apercevoir différents groupes qui se tiraient dessus derrière des barricades de fortune. Ulysses plissa des yeux et les observa un instant, avant de commenter :


— Vous voyez, ils se sont répartis en origines ethniques, maintenant. Ça a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres et tous les conflits larvés vont s’exprimer. On peut compter sur le chaos pour un bon moment.

Son regard quitta les hommes pour remonter le long des bâtiments. D’un geste de tête, il désigna un groupement de tentes adossé au grillage barbelé qui délimitait le contour du camp.

— C’est là qu’on doit aller.

D’un nouveau geste de tête, il désigna le groupe des hommes qui contrôlaient la partie est du camp et dont les barricades étaient dressés devant un bâtiment plus imposant que les autres.

— Vous voyez, eux, ils tiennent position. Regardez à l’ouest, on voit des petits groupes essayer de passer discrètement sur le côté. De toute évidence, tout le monde veut contrôler ce bâtiment-là. Sans doute l’armurerie. Bref, c’est un siège. Tout le monde regarde du côté des assiégés et personne se préoccupe de ce qui se passe derrière les assiégeants.

Le jeune homme reporta donc son attention vers la partie ouest du camp, s’interrompant alors que ses muscles abdominaux se contractaient à nouveau douloureusement. Il déglutit péniblement, ravala sa souffrance et reprit :

— Si on passe derrière les barricades, à l’ouest, on devrait être relativement inaperçus. Ils sont ni assez nombreux, ni assez organisés pour avoir mis en place des rondes et de toute façon, les assiégés ont pas de raison de tenter des incursions : ils sont assis sur les munitions et les rations. Ils peuvent se contenter d’attendre. Il suffit de longer le grillage ouest en remontant jusqu’aux tentes. Saad peut pas sortir par la sortie principale au sud, ça impliquerait de passer au milieu de la ligne de feu. Il est obligé de couper le grillage au nord, à côté des tentes, pour sortir, ça risque de lui prendre pas mal de temps. On peut peut-être encore le rattraper.

De toute évidence, Ulysses était désormais pleinement convaincu de la nécessité de mettre la main sur le chef en déroute — un sens du sacrifice typiquement winfordien lui dictait d’oublier son propre désir de se mettre à l’abri aussi rapidement que possible sans se préoccuper des allées et venues du terroriste pour se mettre en chasse. De toute façon, les deux objectifs, pour l’heure, concordaient et, pour sa part, il ne voyait guère d’autres solutions.

L’analyste jeta donc un regard à son acolyte, en attendant le verdict de cette agent qui était manifestement beaucoup plus expérimentée qu’il ne l’avait d’abord cru.
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Natalia Romanova

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyLun 17 Juin - 0:06

Son ralentissement, au moment de monter les escaliers ne passa pas inaperçu, Natalia prit, tout de même, la décision de ne rien dire, de ne rien demander. Fournir une réponse sur un état avait une tendance, chez les gens, à rendre les choses bien réelle. Sûrement pour ça qu’elle était la première à se mettre dans le déni complet quand elle était blessée, la douleur avait beau être présente, se persuader qu’elle n’était pas là était une aide. Elle avait besoin qu’il continu d’avancer. Si elle devait le sortir d’ici en le trainant par les pieds, elle le ferait mais, soyons honnête, ça risquait d’être bien plus compliqué, plus épuisant et bien trop risqué. Jusqu’à présent, le jeune homme était parfait et elle ne parlait pas sur un point de vue physique. Il était parfait parce qu’il l’écoutait, faisait ce qu’elle demandait sans se mettre en boule dans un coin en espérant que les choses se règlent d’elles même.

Si Natalia restait silencieuse sur l’état d’Ulysses, ça ne l’empêchait pas, régulièrement, de lui jeter des coups d’œil pour savoir s’il suivait toujours la cadence. Ils étaient maintenant sur le toit et, le laissant faire ce qu’il faisait de mieux – enfin, il avait probablement d’autre talent mais elle n’était pas au courant – elle suivait du regard les informations qu’il donnait et montrait. L’affrontement, en bas, était une bonne chose selon Natalia. Tout le monde se concentrait sur le camp adversaire. Sortir d’ici alors que tout le monde roulait pour le même camp aurait été plus difficile, leur absence vite remarqué aurait mis trop de gens à leur recherche. Là, ils étaient tous occupé à autre chose. Une diversion tellement parfaite qu’elle n’en avait pas attendu autant.

Le regard de Natalia suivait ce grillage à l’ouest, et elle cherchait déjà le moyen le plus simple et le plus court pour y parvenir. Bien que peu confiante de nature, elle ne doutait généralement pas de compétences des gens. Elle en doutait encore moins quand on l’envoyait pour aller chercher quelqu’un parce que, si on l’envoyait c’est que cette personne était utile pour le gouvernement. Utilité rimait souvent avec compétence dans ce genre de situation. A aucun moment elle ne remit le jugement du jeune homme en question, parce qu’elle ne trouvait pas de problème insurmontable à son plan et parce qu’elle devait composer avec lui. Suivre son plan à lui, le rendrait peut-être plus confiant et, de ce fait, plus efficace et autonome.

C’est à la dernière phrase d’Ulysses que pour, la première fois, Natalia sembla montrer une expression franche et spontanée. Elle était étonnée, haussant légèrement un sourcil comme pour se demander s’il était réellement sérieux quand il disait que c’était encore possible de rattraper Saad. Elle avait ouvert la bouche pour lui demander s’il était certain de vouloir se la jouer comme ça mais, finalement, elle se ravisa. Elle verrait bien si les choses se conjuguent bien pour sortir et attraper Saad en même temps et, surtout, si l’homme ne flanchait pas trop. Il avait quand même l’air d’avoir mal et, la priorité de Natalia c’était lui.

Ok alors, on va redescendre pour sortir et les choses vont se passer un peu différemment maintenant.

Si jusqu’à présent elle le laissait en retrait pour dégager le terrain et lui demander de venir par la suite, la stratégie allait devoir changer une fois dehors. Il ne va plus être question de faire de la place mais de passer de manière aussi discrète que possible. Dehors, les groupes s’affrontaient tout en bougeant un peu partout sans ronde particulière. Nettoyer un coin, s’était risquer d’attirer l’attention et, surtout, de risquer de voir quelqu’un d’autre arrivé au moment où Ulysses traverserait une zone pas si sécurisée que ça.

Je vais vous demander de me suivre à la trace. Je m’arrête, vous vous arrêtez. Je cours, vous courrez. Je me baisse… Enfin, vous avez saisi le principe ?

Question qui ne demandait pas vraiment de réponse parce qu’elle ne doutait pas du fait qu’il ait compris ce qu’elle venait de dire. Il l’avait fait jusqu’à présent et, honnêtement, elle appréciait le fait qu’il la suivait sans trop de poser de question. Expliquer le pourquoi du comment elle agissait d’une manière plus qu’une autre aurait été une perte de temps, en plus d’épuiser un capital patience qui était limité.

On y va ?

S’assurant de sa réponse, elle resta sur le sol pour rejoindre l’endroit qui leur avait permis de monter sur le toit pour rejoindre la pièce d’où il venait. L’endroit étant nettoyé, il était plus simple de partir d’ici. Elle vérifia qu’il suivait bien et passa dans une autre pièce. La sortie à droite fut évitée pour aller sur la gauche et entrée dans une nouvelle salle. Petite, quelques mètres carrés avec un corps inerte sur le sol et quelques placards qu’elle ouvrit rapidement jusqu’à tomber sur le bon. Dans un sourire, elle se poussa de devant le placard pour le désigner à l’homme.

Y a pas grand-chose mais, ça aidera peut-être.

Elle lui laissa la place de passer pour qu’il puisse voir de lui-même. Elle n’avait pas menti, il n’y avait pas grand-chose mais ça restait mieux que rien. Quelques boites d’antidouleur, une ou deux bandes qui semblait venir d’un autre monde. Enfin, une trousse de premier secours plus que précaire mais, il allait falloir s’en contenter pour le moment. Elle ne savait pas comment il était blessé, encore moins comment il avait mal. Mais ce dernier point était une certitude, surtout depuis les escaliers et sa façon de reprendre son souffle sur le toit. La prochaine phase allait se passer accroupi une majorité du temps alors si quelque chose pouvait l’aider, elle ne pouvait pas le négliger.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyMer 10 Juil - 8:17

Du coin de l’œil, Ulysses capta le haussement de sourcil de Natalia. Il haussa les épaules, se rendit compte que ça faisait très mal de hausser les épaules, et murmura :

— Tant qu’on est là…

Toujours intimement persuadé qu’il n’était pas du tout fait pour le terrain et que dans toute cette sinistre histoire, il avait sérieusement manqué de courage, parce qu’il aurait dû, selon lui, trouver un moyen de forcer la porte de sa cellule avec un bout d’ongle, puis de tabasser tous les gardes même dans l’état où il était avant de s’enfuir, plutôt que d’attendre comme une princesse qu’on vînt à sa rescousse, Ulysses ne se rendait pas compte que depuis l’arrivée de Natalia, il repoussait systématiquement les occasions qui se présentaient à lui de s’enfuir le plus vite possible pour continuer obstinément à accomplir une mission, avec un sens du sacrifice patriotique tout américain.

Mais il avait beau être un peu plus solide qu’il n’en avait l’air, avec sa beauté d’ange tout à fait improbable, et surtout beaucoup plus solide qu’il ne le pensait lui-même, il fut tout de même très content — ou, à défaut, très soulagé — de constater que Natalia reprenait entièrement les opérations en main. Parce que lui, il voyait très bien, très clairement, les grandes lignes du plan et les enjeux stratégiques, mais l’exécution tactique et physique de tout cela, ce n’était vraiment pas son domaine d’action — fort heureusement, en la matière, il avait de toute évidence une guide hors pair.

Alors Ulysses hocha très docilement la tête en entendant les instructions de Natalia. De toute façon, l’idée de vadrouiller par ses propres moyens dans un camp qu’il venait de plonger dans la guerre civile ne lui aurait pas effleurer l’esprit et le professionnalisme plus que rassurant de son héroïne du jour lui en imposait assez pour qu’il ne songeât pas à remettre en cause ses décisions. Juste, il n’était pas sûr de pouvoir courir le cent mètres en moins de dix secondes, même si sa vie était en jeu, mais il n’avait pas tellement le choix.

Un nouveau hochement de tête, et ils étaient partis. Les yeux fixés sur Natalia, Ulysses s’attachait à suivre le rythme, à recopier tous les mouvements, peu désireux de commettre un impair et de se retrouver fusillé au hasard par un djihadiste trop chanceux. Les deux agents ne tardèrent pas arriver dans une pièce lugubre — comme toutes les autres pièces de tous les autres bâtiments. Ulysses se faufila à côté de Natalia pour inspecter le contenu de l’armoire.

Il n’était certes pas, ordinairement, dans la chaleur confortable de son vaste appartement new-yorkais, un grand adepte de l’automédication, mais ce jour-là, il allait passer outre ce sage principe de précaution. Comme une douleur de moins en moins lancinante et de plus en plus cuisante se signalait dans son estomac, il souffla :


— Merci.

Et attrapa un bandage. En relevant son tee-shirt, qui ne ressemblait plus à grand chose, il révéla deux choses un peu étranges : un ventre aux muscles mieux dessinés que si un graphiste de génie y avait passé des heures avec Photoshop et, surtout, un ventre souffrant mais qui ne portait guère la trace que d’un très vague bleu, comme s’il était tombé de vélo. Comme Ulysses n’avait pas exactement l’habitude d’être passé à tabac, c’était la première fois qu’il pouvait mesurer le fossé immense qui séparait ses blessures réelles de leurs apparences physiques.

Il y eut une petite seconde de flottement, puis Ulysses rabaissa brusquement le vêtement, fourra les bandages dans l’armoire et récupéra les antidouleurs, en commentant d’un air évasif :


— Ça devrait suffire, ça…

Heureusement, Natalia n’avait pas exactement le temps de lui demander comment : 1) il pouvait garder un air aussi resplendissant après la semaine qu’il venait de passer et 2) comment il pouvait souffrir de blessures apparemment aussi superficielles. Avec un peu de chance — beaucoup de chance — elle oublierait tout cela une fois de retour au pays. Ou alors ils ne retourneraient jamais au pays, seraient enterrés dans le désert, et toute cette histoire serait bien vite réglée.

Ulysses avala un cachet — un seul. Il préférait souffrir un peu et être à peu près en possession de ses moyens qu’être victime d’une brutale somnolence sous le feu des mitraillettes. D’un signe de tête, il indiqua qu’il était prêt à repartir : Natalia reprit la direction des opérations et, docilement, l’analyste lui emboîta le pas. Ils ne tardèrent pas à longer le bâtiment pour arriver au premier croisement. Les échanges de feu étaient encore lointains, mais Ulysses ne savait pas si c’était le danger omniprésent, à l’air libre, ou les antidouleurs qui éteignaient ses propres sensations et ses réflexions pour le laisser seul à seul avec ses instincts.

Après un petit détour pour atteindre l’ouest du camp, où ils ne croisèrent qu’un ou deux gardes qui n’eurent guère le temps que de voir un éclair de Natalia avant de s’effondrer sur le sol, les deux agents parvinrent derrière les barricades. Certes, personne ne regardait vraiment dans leur direction, mais les combattants étaient une vingtaine désormais, et tout proches d’eux. Les deux fugitifs marquèrent une pause pour considérer un peu la situation.

Ulysses murmura très bas :


— Dans un cas comme ça, ils devraient être soixante, quatre-vingt maximum. Il y en a… vingt-et-un… non vingt-deux ici. Un peu plus de l’autre côté, je crois. Trente, disons. On en a déjà croisé cinq ou six. On peut penser que Saad en a un ou deux avec lui. Certains doivent s’être enfuis, d’autres se cachent. Devrait pas y avoir beaucoup de rondes.

À vrai dire, maintenant qu’ils étaient arrivés jusque là, ils n’avaient plus guère le choix. Ulysses attendit le signal de Natalia — quand un échange de feu particulièrement vif, animé par les cris des combattants, pût couvrir absolument leur passage, les deux acolytes se précipitèrent de l’autre côté du croisement, longèrent plusieurs bâtiments d’une seule traite avant de s’arrêter un peu net. Ulysses se plaqua contre le mur et réprima une grimace — les antidouleurs, c’était assurément très efficace, mais ça ne transformait pas pour autant en surhomme.

Ils étaient arrivés devant la partie la plus compliquée. Ici, les tentes se substituaient aux bâtiments. De vastes tentes militaires, certes, mais moins solides et moins propices à une progression discrètes que les murs de pierre. Ulysses plissa les yeux pour tenter d’apercevoir quelque chose, mais au milieu de la toile couleur désert, il n’y avait pas le moindre signe de vie. Et tendre l’oreille pour entendre les éventuels préparatifs de Saad eût été en pure perte : le vacarme qui régnait dans le camp couvrait tous les bruits.

Le jeune homme n’en désigna pas moins une tente, à l’angle, un peu plus grande que les autres.


— Ça devrait être là…
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Natalia Romanova

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptySam 27 Juil - 13:20

Natalia n’avait pas réellement répondu à son merci, juste un demi-sourire, rapide, furtif. Il fallait la regarder à ce moment-là pour espérer l’apercevoir et encore, ça avait été tellement rapide qu’on pouvait être en droit de se demander si elle avait réellement eut un semblant de sourire, comme pour lui dire qu’il n’y avait pas de problème, que c’était normal. Dans le fond, ce n’était pas si normal que ça, c’était même une perte de temps. Elle misait juste sur le fait que cette perte de temps serait une assurance de faire tenir l’homme debout un peu plus longtemps et, même là, elle voyait cette explication comme une fausse excuse derrière laquelle se cacher pour se justifier si quelqu’un lui posait la question. Mais bordel, ce type était là, avec son visage si parfait qu’elle avait juste envie de lui accorder tout ce qu’il voulait, que le voir souffrir, lui donnait juste envie de l’aider à se soigner et de le sortir d’ici encore plus vite.

Tasha avait compris que cette histoire de médicament et de bandage était une mauvaise idée quand Ulysses décida de relever son t-shirt. Elle avait regardé, se justifiant par le fait qu’elle voulait connaitre son état, même si, en réalité, une grande part de curiosité avait pris le dessus. Qu’est-ce que cachait un visage si parfait ? Et elle l’avait vu, en s’étonnant de cette perfection avant même de s’étonner du manque de blessures apparentes. Elle avait tellement envie que quelqu’un la frappe, là, maintenant, tout de suite, avant qu’elle ne commence sérieusement à dérailler pour de bon. Ce n’était tellement pas professionnel, ça lui ressemblait tellement peu. Un peu par désespoir, elle se mit à songer à Clinton qui avait toujours, et jusqu’à présent, représenter un idéal masculin qu’elle cachait autant qu’elle le pouvait. Mais même Clint lui semblait étrangement fade et sans le moindre intérêt à côté d’une personne comme Ulysses.

Elle hocha la tête bien plus convaincue et soulagée que ce qu’elle aurait voulu montrer quand Ulysses estima que c’était suffisant. Un hochement de tête qui était muet mais qu’on pouvait facilement traduire par un cri qui aurait hurlé « Vas y rhabilles toi, s’il te plait ». Ce n’était qu’un t-shirt relevé mais… La température n’avait-elle pas subitement augmentée ? Si Natalia avait toujours été quelqu’un de sûr d’elle, elle en venait doucement à douter. Comment pouvait-elle mener à bien cette mission, protéger l’analyste si elle agissait comme une gamine de 15 ans qui était en train de découvrir ses hormones ? Rien que pour ça, elle avait envie de le détester mais, un regard sur lui et cette envie se transformait en une autre sorte d’envie. Elle secoua la tête, se frappa mentalement et dégagea de cette petite pièce pour prendre le chemin de la sortie jusqu’au premier croisement.

L’avantage c’est qu’une fois dehors, Natalia eut l’occasion de se concentrer sur autre chose. Les gardes qu’ils avaient croisés par exemple et qui leur barrait le chemin. Tant qu’ils n’étaient pas nombreux, Natalia, se débarrassa d’eux pour leur permettre de continuer leur progression mais, arrivé vers l’ouest du camp, les choses commençaient à être un peu plus tendues. Cachés, avec l’environnement du camp, Natalia réfléchissait à la marche à suivre quand le fait qu’Ulysses se mette à murmurer bloqua ses pensées. Soyons honnête, l’idée d’enterrer elle-même Ulysses dans le dessert pour retrouver toutes ses facultés, lui venait assez régulièrement à l’esprit tout en sachant que ça ne dépasserait pas ce stade. Elle avait mille et une questions à lui poser sur ce qui était en train de lui arriver mais, en réalité, Ulysses lui faisait peur parce qu’elle n’agissait pas, ne réfléchissait pas, comme quelqu’un de pro. Et ça c’était quelque chose de nouveau et, donc, de complètement flippant. Elle l’écoutait, bien sûr, mais elle réfléchissait aussi à un tas d’autre chose qui aurait presque pu la choquer elle-même.

Elle remercia intérieurement les échangent de tir qui lui permit de se recentrer sur ce qui se passait et qui leur permis de continuer leur progression. Leur arrête un peu brutal, laissa passer un air de douleur sur le visage d’Ulysses et, même si elle n’en disait rien, elle en était désolée. Elle en arrivait à ce stade où son envie était de la laisser là, alors qu’il désignait une tente, juste le temps pour elle de dégager les environs, de récupérer une voiture et Saad avant de revenir le chercher lui, juste pour lui éviter de bouger plus que nécessaire. Mais, elle savait aussi que quand ce cas de figure se présentait, elle ne lâchait jamais la personne à extraire d’une base et si elle ne le faisait pas, c’est que c’était la chose à faire alors elle réprima son envie de le laisser ici en attendant qu’elle revienne. Elle commençait déjà a relever la tête vers lui, pour lui demander si ça allait aller mais, avant qu’elle ne puisse poser son regard sur lui, elle s’obligea à ne pas faire cette action. Ne pas le regarder, ne pas s’inquiéter pour lui, peut-être que ça l’aiderait à garder la tête sur les épaules.

Natalia s’en voulait parce que, des deux, elle trouvait encore que c’était Ulysses qui était le plus utile. Elle doutait et avait l’impression que ça se voyait – bien que les années d’expériences qu’elle se trimballaient, lui permettait de garder un côté pro même en doutant – alors que lui, blessé, il restait là à donner des informations malgré la douleur, à continuer de faire ce qu’elle lui demandait sans même broncher. Si seulement tous les analystes pouvaient être comme lui – et elle ne parlait pas sur un plan physique, sinon, ça serait catastrophique -, les agents de terrains auraient moins de réticence quand on venait leur annoncer qu’on leur foutait un analyste dans les pattes. Reportant ses pensées sur ce qui se passait, Natalia pencha la tête pour voir ce qui se passait, avant de désigner une tente du bout de l’index. Ça allait être leur prochaine destination. Légèrement fléchie, Natalia alla jusqu’à cette direction, rapidement mais sans courir non plus. Elle fit de même avec deux ou trois tentes de plus, jusqu’à ce qu’une autre les cachent de manière assez sommaire, avec une vue sur l’entrée de la grande tente désignée plus tôt par Ulysses.

J’y vais, je vais voir comment ça se passe à l’intérieur, je sécurise, je vous fais signe. Elle se tourna vers lui. Vous avez toujours votre arme ?

Elle attendit une confirmation avant de hocher la tête et d’aller vers la grande tente. L’espace serait réduit, ils seraient des cibles faciles et, de ce fait, elle préférait y aller toute seule. Cela dit, elle voulait être certaine qu’Ulysses avait toujours de quoi se défendre en cas de problème. Doucement, elle s’était approchée de la tente et, une inspiration prise plus tard, elle entra dedans sans prévenir. L’effet de surprise était censé lui donner une ou deux secondes pour faire quelque chose. Mais ce fut elle qui fut étonnée. Elle s’était attendue à trouver Saad avec un ou deux hommes, sauf qu’il était seul. Elle perdit une ou deux secondes à se dire que c’était bordélique parce que, si Saad était tout seul, c’est qu’un ou deux types finirait par venir ici, qu’il avait dû les envoyer faire quelque chose comme préparer un véhicule. C’est Ulysses qui avait dit que Saad serait probablement accompagné et, autant dire que, jusqu’à présent, il ne s’était pas planté.

L’homme avait profité de ce moment de flottement pour sortir une arme et Natalia reprit assez vite ses esprit, un bond en avant, un pied envoyé et elle fit valsé l’arme de l’autre côté de la tente. Croire que Saad ne se débrouillait pas au corps à corps aurait été une erreur, comme le prouvait le coup qu’il venait de lui mettre au visage et qui l’envoya au sol. Une grimace de douleur apparu sur son visage, pendant que du bout du pouce elle essuya le léger filet de sang qui lui coulait au coin de la lèvre. Elle avait fini par se relever et les échanges de coups furent nombreux entre les deux personnes. Finalement, ce qui devait arriver arriva et, l’entrée de la tente fut bientôt prise par un homme du camp, son arme pointée sur Natalia quand il comprit ce qui était en train de se passer. L’agent du SHIELD jura, les mains en évidence en évaluant les possibilités qu’elle avait pendant que le nouvel arrivant demandait à Saad ce qu’il devait faire, lui tirer dessus ou non. Saad leva la main pour lui dire d’attendre avant de reposer son regard sur Natalia qui, en plus de la lèvre fendue se retrouvait avec une arcade sourcilière en mauvais état mais, Saad n’étant guère mieux, ça avait tendance à minimiser la douleur.

Où est l’américain ?
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyDim 28 Juil - 9:51

Dans d’autres circonstances, le perspicace Ulysses eût peut-être été capable de comprendre le trouble que sa présence provoquait chez sa coéquipière d’une opération. Mais blessé, intérieurement paniqué, privé de nourriture et de sommeil, le jeune homme n’était guère capable que de réfléchir dans le champ large, mais limité, de son domaine d’expertise et, pour l’heure, ses analyses psychologiques se limitaient à considérer Natalia comme la super-héroïne qui allait presque certainement le sortir de cet enfant — du moins espérait-il.

Il était du reste beaucoup plus concentré sur les balles qui sifflaient à quelques mètres d’eux, les cris qu’il tentait de comprendre pour savoir si le vent allait tourner contre eux et la disposition géographique des différents bâtiments dans le camp que sur les regards que l’espionne dirigeaient à la dérobée vers lui. S’il avait pris conscience que Natalia n’était peut-être pas aussi concentrée sur la mission qu’elle ne le paraissait, sans doute une bonne partie de son courage lui échappait ; pour l’essentiel, il ne devenait son assurance qu’aux prouesses de la femme, qui réveillaient son tempérament de Winford.

Dans cette histoire, il se considérait bien plutôt comme le boulet qu’elle devait tirer de mètre en mètre que comme un auxiliaire précieux. À chaque instant, il essayait de courir plus vite, de réfléchir mieux, pour que sa condition n’empêchât pas le succès de la mission et, accessoirement, de son sauvetage. Le sens presque névrotique du sacrifice qu’on lui avait inculqué depuis son enfance, avec une bonne dose de patriotisme tout américain, avait entièrement pris le dessus sur sa peur et il en venait à se reprocher lui-même d’avoir été passé à tabac.

Ils touchaient au but. Adossés à un bâtiment, les deux agents considéraient la tente. Une nouvelle fois, Ulysses hocha la tête aux instructions de Natalia. Les doutes qu’il avait pu avoir en la voyant débarquer, deux heures plus tôt à peine, dans sa cellule, s’étaient mués en une confiance aveugle. Ce n’était certes pas le premier agent de terrain qu’il voyait en action, mais c’était la première fois que sa propre vie dépendait de cela — ainsi prenait-il plus clairement conscience de l’expertise qu’une pareille profession exigeait.

Il serra un peu plus la crosse de son arme et attendit. Attendre. Tendre l’oreille. Il était toujours impossible de démêler les bruits de la tente des fusillades. Ulysses se maudit intérieurement. Une beauté parfaite, ça, c’était un pouvoir inutile. En ce moment, il eût préféré de très loin avoir une audition hors norme ou une régénération cellulaire modifiée. Son beau sourire lui avait certes permis de pousser le camp dans la guerre civile, mais en matière d’évasion, il n’était pas de la première utilité.

Natalia ne revenait pas. Depuis combien de temps était-elle partie ? Une minute, tout au plus — mais dans cette situation, c’était une éternité. Peut-être. Il n’était pas entièrement sûr. Collé au mur du dernier bâtiment, il s’approcha de l’angle et jeta un rapide coup d’œil vers l’entrée de la tête. La toile retombait parfaitement droite et il était impossible de rien voir. Pas le moindre souffle de vent pour écarter les deux pans. Ulysses se recula.

Des bruits de pas, de l’autre côté, se firent bientôt entendre. Des bruits de pas subreptices — ce n’était pas un homme de l’un ou l’autre camp qui faisait une ronde. S’il essayait de se faire discret, il devait s’agir probablement d’un des fidèles de Saad. Ulysses s’aplatit contre le mur, pour se dissimuler dans l’ombre. S’il agissait vite, il pouvait encore le maîtriser. Les privations lui avaient ôté beaucoup de ses forces, mais un coup bien placé n’exigeait pas une puissance herculéenne.

L’Américain saisit son arme par le canon et guetta l’ennemi. Sur la pointe des pieds bientôt, mitraillette en bandoulière, un homme émergea de l’angle du bâtiment. Une vague d’adrénaline monta en Ulysses — ne pas se précipiter — il n’aurait le droit sans doute qu’à une seule chance. Au bout d’un moment, le jeune homme abattit la crosse du revolver contre la nuque de l’homme, qui s’effondra mollement dans le sable et le mutant laissa échapper un soupir de soulagement.

Rapidement, il fouilla les poches de sa victime. Rien de bien extraordinaire : un paquet de chewing-gum, une radio qui ne fonctionnait plus, un briquet. Un briquet. Ulysses attrapa l’objet, le fourra dans l’une de ses poches et s’aplatit au sol. Décidément, Natalia ne revenait pas. L’homme commença à ramper sur le sol, pour s’approcher de la tente — à chaque mouvement, la douleur lui contractait l’estomac, mais le feu de l’action atténuait la souffrance. Très délicatement, il souleva le bas de la toile pour jeter un rapide coup d’œil à l’intérieur.

Il vit des pieds. Trop de pieds : mauvais signe. Il y avait ceux de Natalia, devant elle des bottes d’hommes, bien cirées. Saad, sans doute. Derrière elle, des bottes encore, un homme sans doute, usées. Natalia était en mauvaise posture. Les deux hommes se faisaient face : ils regardaient donc chaque issue. Impossible de les prendre par surprise. Mais Natalia pouvait s’en sortir, il l’avait bien vu, pour peu qu’elle pût profiter d’un moment d’égarement. Il lui fallait une diversion.

Ulysses rampa à nouveau à couvert, avant de courir (plus ou moins) vers le côté opposé de la tente. Sur ses gardes, il commença à en faire le tour aussi vite que possible, en quête d’une solution. De vieilles caisses de nourriture. Des tas de vêtements. De vieux bidons… L’analyste ouvrit les bidons, huma le contenu et esquissa un faible sourire. De l’essence. Il renversa l’essence sur la toile de la tente. C’était un pari risqué : un incendie détournerait l’attention de Saad et de son complice pendant quelques secondes seulement. Il devait l’allumer et se précipiter dans la tente pour prêter main forte à Natalia et s’enfuir, sans quoi le feu aurait raison d’eux. Mais il fallait absolument que Natalia réagît à temps, sinon, il ne ferait que se jeter dans la gueule du loup.

L’autre solution aurait bien sûr été de tenter de s’enfuir tout seul en laissant la femme derrière lui. Elle n’avait pas effleuré une seule seconde l’esprit d’Ulysses. Il jouait le tout pour le tout — il alluma le briquet, le jeta sur la toile et, tandis qu’elle s’enflammait derrière lui, courut pour contourner à nouveau la tente et en gagner l’entrée. À l’intérieur, la fumée commençait à se répandre déjà. Bientôt, Ulysses déboula à l’intérieur, prêt à tendre son arme à Natalia si elle en avait besoin — découvrant le succès ou l’infortune de sa diversion.

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Natalia Romanova

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyMer 21 Aoû - 15:40

L’américain ? Plutôt vague comme description, non ?

Elle savait de qui Saad parlait. Mieux, elle savait qu’il savait de qui il parlait, et ainsi de suite. Elle était là pour sortir Winford du désert, pas pour le refoutre dans les mains de ce type alors, il devait bien se douter qu’elle n’allait pas lui apporter de réponse. Les mains  toujours en évidence, elle s’était même fendue d’un haussement d’épaule l’air de dire qu’elle ne comprenait absolument pas la question. Saad, lui, ne fit que sourire. Ce genre de sourire que tout le monde déteste, qui n’annonce jamais rien de bon.

Ce n’est pas grave, quelqu’un d’autre le saura bien.

Il allait faire signe à l’homme, derrière Natalia, qu’il pouvait tirer quand elle leva un peu plus la main, en bonne élève qui demande la permission de poser une question. Saad n’en sourit que plus, se disant qu’elle se décidait à dire quelque chose d’utile. D’un mouvement de tête, interrompant son signe de la main, il l’invita à dire ce qu’elle voulait.

Vous comptez le retrouver avant ou après avoir brûlé ?
Comm…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que l’autre homme l’avait déjà interpellé pour lui montrer la fumée qui commençait à partir derrière lui. Et là, bien que c’était une façon de parler, Natalia aimait Winford. Un feu spontanée ne prenait pas aussi rapidement sans un peu d’aide et il lui semblait évidant que l’analyste y était pour quelque chose. Saad se retourna, l’homme regardait le début de feu, une diversion plus que suffisante pour que Natalia se retourne, son pied allant directement percuter l’homme armé. C’est un peu près à ce moment qu’Ulysse débarqua à l’entrée de la tente et, il passa à deux doigts de se prendre un coup de la part de Natalia. Un réflexe qu’elle avait stoppé au dernier moment en voyant quelqu’un débarqué. Sans un mot, avec son simple geste interrompu, elle prit l’arme qu’il avait dans les mains, deux secondes après, l’homme qui avait fini au sol, avait une balle dans la tête. Saad, lui, avait profité de ce moment pour se jeter sur son arme mais, alors qu’il était à deux doigts de l’avoir, une balle fusa entre sa main et l’objet convoité.

Je crois que vous devriez oublier cette idée.

L’arme qu’elle avait dans les mains était maintenant pointée sur Saad. Tout ça s’était passé en très peu de temps mais l’essence jetée sur la tente offrait une bonne avancée au feu. Du coup, c’est assez pressante qu’elle fit signe à Saad de se relever. Et de passer devant eux. Sortant de la tente, elle passa derrière lui, accordant son premier regard à Ulysses, dans un sourire.

L’action, ça vous réussit bien aussi. Merci.

Analyser des données, des possibilités, élaborer des plans c’était une chose, des gens y étaient très doués. Les foutre sur le terrain et leur demander d’agir c’était une autre histoire. Winford, et son visage d’ange, se débrouillait plus que bien, surtout en sachant qu’il était là depuis un moment et en connaissant un peu les conditions d’une détention dans ce genre de lieu. Elle ne lui accorda pas plus de temps, mettant le canon de son arme dans le dos de Saad pour le faire avancer.

Je crois qu’on a tous envie de sortir d’ici donc, c’est le moment ou vous nous emmenez à votre moyen de locomotion.

Saad avait répondu en baragouinant quelque chose, juste pour montrer sa désapprobation mais, à défaut d’avoir une solution immédiate il semblait bien vouloir se plier à ce demande. Elle le bousculait de temps en temps, du bout de son canon, pour qu’il se presse. Un feu ça attire l’attention et elle s’en passerait bien pour le moment. Elle avait bien compris ce qu’avait dit Ulysses sur l’emplacement potentiel d’une jeep, ou le lieu par lequel Saad partirait. Mais concentré sur les pas de travers que pouvait faire l’homme qu’elle avait en joue, elle espérait que Winford regarderait la direction qu’ils prenaient, qu’il dirait quelque chose si ça lui semblait louche.

Elle surveillait l’homme, mais elle jetait aussi quelque regards autour, pour s’assurer que personne d’autres ne venaient à leur rencontre. Le coin était plutôt calme de ce côté-ci du camp. Elle espérait juste que ça le reste jusqu’à ce qu’ils puissent avoir une foutue jeep. Et, quand elle le pouvait, c’est sur l’analyste qu’elle jetait des regards, juste pour s’assurer qu’il était toujours en état de marcher et que ça allait un peu près bien. En fait, s’ils devaient trouver la jeep, elle lui demanderait bien plus que de simplement marcher. Elle ne quitta pas Saad du regard mais c’est à Ulysses qu’elle s’adressa.

En état de conduire ? Elle lui jeta un rapide coup d’œil. Rassurez moi, vous avez votre permis au moins ?

La question était plus pour la taquiner que pour poser une réelle question, même si la réponse l’intéressait. Il avait l’air si jeune, en fait. Bon ok, il était américain, de ce qu’elle savait, alors le permis c’était quoi dans ce pays, 16 ans ? Il était quand même plus âgé que ça, sinon il ne serait pas là. Elle espérait qu’il n’était pas de ces jeunes new yorkais qui estimaient avoir un service de transport en commun – et de taxis -  assez performant pour ne pas avoir besoin de passer son permis. Elle aimerait qu’il puisse conduire pendant qu’elle surveillerait Saad dans le véhicule.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyDim 25 Aoû - 18:03

Ulysses manqua de se faire assommer par une Natalia au mieux de sa forme et, après avoir lancé le pistolet à la jeune femme, il fit son possible pour se tenir hors de son chemin. Il n’était pas mauvais avec une arme, il avait quelques solides notions de combat, mais il savait rester à sa place, surtout après de longs interrogatoires et des privations. Natalia se débrouillait probablement beaucoup mieux toute seule et, en quelques secondes, le rapport de force dans la tente fut inversée et Saad confronté à sa deuxième déconvenue de la soirée.

Le jeune homme esquissa un sourire au compliment de son acolyte, avant de serrer les dents parce qu’une nouvelle douleur le lançait au flanc. Il se débrouillait mieux qu’il ne l’aurait cru, sans doute, et, quelque part, il se sentait rassuré, au fond de lui : il n’était donc pas tout à fait une erreur dans la lignée de militaires dont il descendait. Ceci étant dit, il n’eût pas été fâché de quitter le camp aussi vite que possible et quand son héroïne du jour donna l’ordre de se mettre en mouvement, Ulysses ne se fit pas prier.

L’humeur de Saad n’était pas aussi joviale et, après une insulte bien sentie dans un dialecte obscur qu’Ulysses n’eut pas grand-mal à comprendre, il se mit à guider le duo vers sa jeep. L’analyste ne s’inquiétait pas trop d’un éventuel traquenard : à en juger par les affrontements qui secouaient le camp, l’ancien chef avait dû épuiser sa réserve de vrais loyalistes en la personne des quelques gardes que Natalia avaient fait passer de conscience à coma ou de vie à trépas : rester dans le camp était pour lui tout aussi suicidaire que pour les deux fugitifs si bien que, ironiquement, ils se trouvaient tous les trois à la même enseigne.

Ils contournèrent à nouveau la tente et, sous une bâche, la jeep attendait sagement. Ulysses hocha la tête et murmura :


— C’est comme les autos tamponneuses, en gros.

La vérité, c’était qu’en dehors de l’avion de ligne et du trente-six tonnes, il n’y avait pas tant de véhicules qu’il fût incapable de conduire : piloter, naviguer et conduire étaient des activités d’hommes et son général de père avait tenu à toute force qu’Ulysses en fût un — en la matière, la liste de ses brevets était plus longue encore que celle de ses diplômes. Il fouilla les poches de Saad, qui se fendit d’une nouvelle remarque désobligeante, dans l’indifférence générale, puis, après en avoir extrait les clés, il s’installa au volant.

Quelques secondes plus tard, la jeep roulait au pas, couverte par le bruit des coups de feu, jusqu’à une grille entrouverte par les hommes de main de Saad, dont les corps inanimés étaient désormais enveloppés de fumée. Bientôt, au loin, des cris d’incendie s’élevèrent parmi les bruits de mitraille. Ulysses murmura :


— La tente est dans un seul camp. Ils vont devoir laisser quelques hommes éteindre le feu. Ils vont perdre l’avantage numérique. La situation va se débloquer quand l’autre camp va lancer une offensive. Le bruit devrait couvrir.

Une dizaine de secondes plus tard, des explosions plus fortes que les autres, suivies de slaves nourries, remplirent le désert de fracas ; au même moment, Ulysses appuya sur l’accélérateur et la jeep défonça la grille du camp dans un bruit qui fût difficilement passé inaperçu en d’autres circonstances mais qui, alors, était plus que couvert par le tumulte qu’ils laissaient derrière eux. Le jeune homme ne ralentit pas pour autant et, manoeuvrant le véhicule d’une main sûre, malgré la piste presque inexistante du désert sablonneux, ils s’éloignèrent à vive allure du camp.

Derrière eux, les hommes, divisés, se montraient incapables de maîtriser l’incendie, qui gagnait du terrain. Le camp qui avait lancé l’offensive était parvenu sans peine à l’emporter, mais ils se retrouvaient devant un feu étendu et, bientôt, de multiples explosions incontrôlées témoignèrent, dans le silence de la nuit désertique, que les flammes avaient gagné les réserves d’essence et de munitions. Retrouver les deux Américains serait définitivement le cadet des soucis — quand même on se serait aperçu de leur fuite.

Parce qu’on n’était jamais trop prudent, Ulysses conduisit une bonne dizaine de minutes, avant de contourner un monticule rocheux, premier signe du relief montagneux qui se laissait deviner à l’horizon. À l’est, les premières lueurs de l’aube auréolaient les montagnes. La jeep contourna un rocher pour s’y dissimuler. Le jeune homme se retourna vers Natalia et Saad, et fit un signe de tête vers l’homme.


— Il faudrait peut-être l’aider à dormir…

Saad parlait l’anglais couramment et il eût impossible de le surveiller et de discuter tranquillement de la suite des opérations. Une fois les oreilles indiscrètes de son kidnappeur kidnappé plongées dans un sommeil pas tout à fait volontaire, Ulysses sentit s’abattre soudainement sur lui toute la fatigue accumulée, contrecoup du stress et de la poussée d’adrénaline. Les blessures, pour être invisibles, devenaient toutefois de plus en plus sensibles. Il avait pourtant l’air toujours resplendissant de santé.

— Je suppose que…

Il s’interrompit. La fatigue effilochait ses pensées, loin du camp, des coups de feu, de la stratégie à élaborer très vite. Pendant une seconde, son regard parfait dériva dans le vide, puis il se pinça l’arrête du nez et reprit un peu de ses esprits.

— Désolé, je… Désolé. Je suppose que vous avez prévu une extraction. Le camp… Le camp est un avant-poste. Très marginal. La région n’est pas un soutien très actif des fondamentalistes. Pour cette raison que notre présence était si légère, d’ailleurs…

Avec une cellule mieux organisée, toute cette histoire n’aurait probablement jamais eu lieu.

— Enfin, quoi qu’il en soit… quoi qu’il en soit… euh…

Cette fois-ci, Ulysses ne put réprimer une grimace. Il reprit aussi vite que possible la parole, pour essayer de ne pas avoir l’air de flancher — et puis pour ne pas penser à sa propre douleur.

— …il n’y a pas de raison pour nous de rester en-dessous du radar ou en silence radio. L’idéal serait même… serait même… de…

Il prit une inspiration profonde mais un peu chuintante.

— …reprendre contact aussi vite… que possible… pour que la base dépêche… des agents pour récupérer… le plus de choses possibles… du camp. Avant que d’autres ne viennent… se servir.

Dans un réflexe typique d’un Winford, Ulysses pensait avant tout à l’intérêt suprême de la Nation, plutôt qu’à l’hôpital militaire qui lui tendait les bras.
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Natalia Romanova

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyDim 25 Aoû - 23:12

Natalia avait hoché la tête, dans un léger sourire amusé. Oui, c’était comme les autos tamponneuses. A peu de chose près. Elle le croyait tout à fait capable de conduire une Jeep, ne prenait même pas sa réponse avec sérieux. Winford bossait pour le gouvernement et, à son âge, c’est qu’il devait avoir bien plus de qualification que beaucoup de gens. De toute façon, elle imaginait que, s’il n’avait pas été capable de le faire alors, il l’aurait fait savoir plutôt que de s’installer au volant et démarrer. Elle le laissa gérer sa sortie, quand il le voulait, au moment qu’il trouvait opportun. Une sortie bien menée, sans même attirer l’attention sur la voiture. Qu’est-ce qu’elle pouvait demander de plus ?

Pendant ce temps, à l’arrière, Natalia était occupée à attacher Saad, les mains dans le dos avec des menottes qu’il avait gardé sur lui. Une bien triste idée pour lui. Elle s’était contentée de hocher la tête quand Ulysses proposa d’assommer Saad, c’était au programme, elle s’assurait juste, qu’en cas de réveil qu’elle n’avait pas prévu, il ne puisse pas faire grand-chose. D’une main, elle le fit pencher un peu en avant, et la crosse de son arme frappa sur l’arrière du crâne de l’homme, dont la tête s’écrasa sur l’arrière d’un des dossiers avant du véhicule. Un problème de moins. Elle le fit basculer en arrière et, s’activa pour passer à l’avant du véhicule, côté passager pendant que Winford continuait de conduire.

Il est évident que quelque chose ne va pas avec Ulysses. Il n’avait pas l’air dans son assiette et, en même temps, hormis sa voix, sa respiration et ses quelques grimaces de douleur, il ne semblait pas être en mauvais état. Bien au contraire. Ça aurait presque pu en être flippant si l’analyste n’avait pas ce quelque chose de si attrayant.

C’est prévu en effet.

Elle était déjà penché sur la radio que possédait la voiture, le but était de changer de canal, de changer de fréquence. En fait, le but était de tout changer mais, elle n’avait pas l’air de tourner tous les boutons au hasard, la fréquence qu’elle cherchait avait quelque chose de très spécifique, spécialement choisie pour cette mission, personne n’y trouverait quelqu’un une fois que tout serait fini.

Par contre, ça ne sera pas une extraction par le gouvernement. Pas à proprement parlé.

Dès le départ, elle avait refusé de donner son plan à la CIA. Ils avaient fait appel à eux mais le doute s’était assez vite installé pour qu’elle monte son opération avec les personnes de son propre service. Elle avait eu son lot de mauvaise surprise et avoir quelqu’un, à la CIA, pour balancer tous les faits et gestes de cette mission n’était pas au programme.

Quelqu’un était bien trop renseigné pour qu’on puisse vous trouver aussi facilement. On pense que ça vient de chez vous, enfin de la CIA.

D’où la nécessité de les éviter pour le moment, elle désigna, d’un mouvement de tête, Saad qui était encore endormi derrière eux.

Pour ça qu’on a besoin de lui, faut qu’on sache d’où viennent les fuites.

Ce qui avait un peu compliqué le plan d’évacuation de l’américain. Mais, finalement, les choses ne se passaient pas si mal. Ils s’éloignaient du camp, Winford était vivant, Saad aussi. Ça aurait pu être pire. La partie de la radio qui servait à communiquer fut rapidement dans ses mains, une fois la fréquence trouvée. Avec sa main de libre, elle ouvrit la boite à gants, qui ne céda pas avant de se prendre un coup plus fort dans l’un des coins. A l’intérieur une carte et un gps leur donnant leur position exacte. Elle appuya sur un bouton.

Ici l’agent Romanoff.
Content de t’entendre Tash.

Elle avait secoué la tête en souriant, en comprenant assez rapidement qui venait de répondre.  De toute façon ils n’étaient pas nombreux à pouvoir l’appeler de cette manière sans qu’elle n’égorge quelqu’un. Question de principe. S’en ai suivi un échange de de coordonnées pour finalement convenir d’un point de rendez-vous. Le reposa la commande et déposa le gps sur le tableau de bord, de manière à ce qu’Ulysses sache où se rendre. Elle s’appuya un peu plus contre son siège et porta son regard sur Winford.

On va laisser passer l’information comme quoi on vous ramène à l’hôpital militaire le plus proche mais, on vous emmène dans un autre.

Un hélicoptère serait à leur point de rendez-vous, où seuls des agents du SHIELD étaient au courant. Ca limitait le risque de fuite. Enfin s’il commençait à avoir des fuites dans ce service, il allait réellement falloir se poser des questions et remettre un tas de chose en considération.

Ça va aller, ou vous voulez que je reprenne le volant ? Je ne sais pas comment vous faites mais vous avez l’air d’aller mal et étonnamment bien en même temps.

C’était quelque chose qu’elle ne comprenait pas et qu’elle ne pouvait pas expliquer. Ça devenait, donc, quelque chose qui ne lui convenait pas vraiment. Encore une fois, elle n’aimait pas tellement les mauvaises surprises et, au-delà de ça, elle ne savait comment l’expliquer mais elle était inquiète pour lui. Finalement, c’est un peu comme si elle comprenait que des soldats aient pu se retourner contre Saad en refusant de tirer ou de frapper sur quelqu’un comme lui. Un ange, c’est ça qu’ils avaient dit ? Elle ne s’était jamais interroger sur à quoi pouvait ressembler un ange, pas croyante du toute, ça ne l’avait jamais interpellé mais, elle trouvait que c’était une assez bonne définition. Ce qui avait de quoi être perturbant.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia]   L'ineffable charme des dunes sablonneuses [Natalia] EmptyMar 27 Aoû - 16:37

Ulysses ne se souvenait pas s’être jamais senti dans cet état — sa vie ne s’était pas entièrement passée dans un confort parfait et, très loin des idées dorées que certains de ses amis se faisaient sur sa jeunesse de milliardaire, il avait été élevé dans une rudesse campagnarde parfois fort frustre, mais le passage brutal d’une activité frénétique et nerveuse, soutenue par l’adrénaline, à la violente réalité de ses blessures invisibles, l’anxiété étouffée, le temps de l’évasion, qui remontait, le froid matinal du désert qui mordait ses os — tout devenait beaucoup plus compliqué.

Ses idées s’embrouillaient. À demi, il se souvenait que Natalia avait déjà suggéré que l’Agence n’était pas peuplée que d’innocents, si le secret de cette mission avait été éventé. Tant bien que mal, alors que la jeune femme évoquait de nouveau ce problème délicat en lui exposant une partie du plan d’évacuation, l’analyste tenta de rassembler sa perspicacité ordinaire pour deviner qui pouvait bien avoir eu intérêt à le jeter dans la fosse aux lions, mais le visage de ses collaborateurs proches ou lointains passaient dans son esprit sans qu’il parvînt à y arrêter ses pensées.

Il ferma les yeux, comme si un peu d’obscurité allait suffire à lui faire reprendre pied. La voix de Natalia, le crépitement de la radio, les explications sur l’hôpital militaire, tout cela lui parut un peu lointain. Il fallut que l’agent lui adressât à nouveau la parole pour qu’il rouvrît les yeux et se sentît un peu concerné. D’une voix faible, il répondit :


— …conduisez…

Avec maladresse, il se décala lourdement sur le siège passager et, comme Natalia évoquait ses blessures, tenta de mentir comme un arracheur de dents :

— …ça va aller.

Ça n’allait pas du tout : le désert tanguait tout autour de lui et, alors que la jeep démarrait, les sursauts du véhicule sur la piste chaotique lui arrachaient des grimaces de douleur. La main crispée sur la porte de la voiture, les jointures de ses phalanges blanchies, il tentait néanmoins de préserver un peu de clairvoyance. Même son pouvoir ne suffisait plus à dissiper les effets de sa douleur et, alors qu’arrivés à destination, l’hélicoptère descendait dans le désert dans un bruit assourdissant, Ulysses glissa lentement vers l’inconscience.

***

Hôpital militaire américain — Camp Arifjan, Koweit — Dix heures plus tard

De tous les patients de l’hôpital, Ulysses était indubitablement le mieux soigné. Il fallait dire que les infirmières s’arrêtaient parfois pendant leur ronde pour le fixer d’un air rêveur — certains soldats, aussi, avant de reprendre leur esprit et de s’en aller, un peu perturbés d’être tombés en contemplation devant lui. En tout cas, ses blessures n’étaient pas considérables, d’une certaine façon : épuisement, déshydratation, inanition, certes, mais ses organes internes avaient survécu, ses os étaient inacts et, en dehors de quelques contusions étrangement invisibles, il se portait bien.

Le jeune homme ouvrit lentement les yeux, pour voir se dessiner sous regard d’abord confus la silhouette d’un lieutenant seconde classe qui le fixait la bouche ouverte — puis le militaire, en se rendant compte que l’objet de ses rêveries sortait des siennes rougit, tourna les talons et s’enfuit en boitillant. D’une voix pâteuse, Ulysses interrogea à tout hasard :


— Romanoff ?

Presque aussitôt, un costume-cravate caractéristique des agents gouvernementaux apparut dans son champ de vision. Ulysses tourna difficilement le cou, plissa les yeux et murmura, sans être tout à fait sûr de lui :

— Agent Rodriguez ?
— Content de vous voir sur pied.
— Façon de parler.

Il ne se sentait pas prêt à courir le marathon.

— Romanoff ?
— Il semblerait que l’agent Romanoff ait outrepassé ses prérogatives en vous emmenant dans un autre hôpital, mais nous vous avons transféré à Arifjan.

L’esprit d’Ulysses se remettait petit à petit à fonctionner.

— Où est-elle ?
— Comme vous, nous voudrions l’interroger sur la raison de ses actions, mais le SHIELD fait barrage.

Ah, la coopération inter-agences. Ulysses fronça les sourcils.

— C’était une opération de sauvetage couverte.
— Oui.
— Je suppose qu’elle avait carte blanche.
— Hmoui.
— Y compris pour l’extraction.

Rodriguez se mit à tapoter sur son téléphone d’un air très concentré. Ulysses souligna :

— Ce sont les procédures standard.

Rodriguez haussa les épaules.

— Écoute, le directeur des opérations Moyen-Orient est très en colère. Il a l’impression que le SHIELD a tenté de nous doubler. Il a peur que l’image de l’Agence soit ternie par des allégations infondées. Tu sais que le SHIELD essaye toujours d’accroître son influence.
— Le directeur des opérations ferait peut-être bien de commencer par balayer devant sa porte.
— Tu lui diras toi-même. Débriefing, demain, à treize heures.
— Génial.
— …à Washington. Il témoigne devant une commission du Congrès.

Ulysses poussa un long soupir.
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