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 Ééa (Ivan)

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Ulysses Winford

Ulysses Winford
Mutant de niveau 1

Nombre de messages : 107
Date d'inscription : 28/01/2013
Localisation : New York
Age du personnage : 24 ans
Pouvoirs : Beauté surnaturelle / Charme hypnotique
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Ééa (Ivan) Vide
MessageSujet: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptySam 16 Mar - 16:39

Spoiler:

La veille, début d’après-midi — Siège new-yorkais du Parti Démocrate

Ivan a écrit:
[À : Ulysses]Salem a des yeux un peu spéciaux et à l'entendre, il pense que tu es un mutant. Je crois que c'est possible aussi. Là j'ai des choses à faire, mais nous pourrions en discuter plus tard. Ce soir, si tu es disponible.
Je t'aime.

— Ulysses ?
— Hmm… ?
— Ça n’a pas l’air d’aller.


Le jeune homme releva les yeux vers Martha Orckmann.

— Ce n’est rien. C’est… Rien.

***

La veille, le soir — Domicile de Tahar Sahli

(La rédaction vous fournit une aimable traduction de l’arabe au français.)

— Comment va Jane ?

Le vieil homme esquissa un sourire en tirant sur sa pipe.

— Bien, bien. Elle chassait les zombies, l’autre jour.
— Les zombies ?
— Oui, dans le lycée, tu sais, près de la faculté de médecine.


Le regard d’Ulysses se fit soudain pénétrant et le jeune homme reposa sa tasse de thé.

— Raconte.
— Oh, c’est une longue histoire, et je ne suis pas sûr de me souvenir de tous les prénoms…


Ulysses esquissa un sourire amusé — il n’était pas dupe. Depuis le temps qu’il connaissait Tahar, il savait pertinemment que la mémoire du vieil Algérien expatrié était plus qu’étanche.

— Essaye toujours.
— Il y avait Jane… Sarah… Adam… Salem… Ivan.
— Ivan ?
— C’était celui avec le pistolet.
— …
— Un sacré bon tireur, à ce que Jane m’a dit.


***

Dans la nuit — Unité 021 de la Central Intelligence Agency, New-York

— Avec un N ?
— M. Comme Municipalité.
— S. T. R. O. M. B. E. R. G. ? Ivan ?


Ulysses hocha la tête. Les données apparurent à l’écran.

— Rien de particulier.
— Quand est-ce qu’il est arrivé ? Aux Etats-Unis, quand est-ce qu’il est arrivé ?
— Hmm… Non renseigné.
— Comment ça, non renseigné ? Il a un visa. La date est quelque part.
— On a dû perdre la donnée, ou l’immigration ne nous l’a pas transférée.


Ulysses planta un regard vert qui n’avait plus rien ni d’angélique, ni de chaleureux, dans les yeux de la technicienne.

— Joue pas à ça avec moi.
— Putain, j’joue à rien, Ulysses. Y a pas d’données, y a pas d’données, qu’est-ce que tu veux qu’j’te dise ? T’es là dedans depuis longtemps qu’moi, tu sais comment ça se passe.


Le jeune homme répondit sombrement :

— Justement…

Le mutant se releva et se dirigea vers la sortie.

— Ulysses ?
— Quoi ?
— T’es en danger ?
— Peut-être. On verra.


***

Ce jour-là, dix-huit heures

Assis par terre, contre le mur de sa chambre, Ulysses méditait. Depuis tout petit, il avait entendu parler de tout cela : l’armée, la politique, les services secrets. Les services rendus, les services cachés, les doubles jeux. Il avait bu ce monde avec le lait du biberon. Il avait fait de longues études dans le domaine. Il avait été recruté, entraîné. Il avait pratiqué. Ulysses ne croyait plus aux coïncidences ; les gens qui croyaient aux coïncidences mourraient, et il n’avait pas envie de mourir.

Son gentil écologiste suédois était trop parfait pour être réel. Débarqué de nulle part, avec sa gentillesse, sa capacité à encaisser toutes les révélations, ses gâteaux, ses cadeaux, même ses mots d’amour, comme ça, en pas même une semaine. Les idylles, Ulysses le savait d’expérience, cela n’existait pas. Il avait été bien naïf d’y croire un instant. Ivan au sang froid, Ivan le courageux, Ivan le stratège, Ivan avec son revolver — Ivan cachait quelque chose et Ulysses se sentait très nettement pris au piège.

À vrai dire, entre les Syriens, les Saoudiens, les Iraniens, les Egyptiens, les Irakiens, les Kurdes, les Russes, les Chinois, les Pakistanais, les Israëliens, bien des gens, qu’ils appartinssent à des gouvernements, des groupes terroristes ou des mafias, avaient des raisons de s’intéresser à l’un des analystes du Moyen-Orient les plus polyvalents de l’Agence et la mémoire d’Ulysses était remplie de choses fort intéressantes. Alors les coïncidences, cela n’existait pas.

Le jeune homme poussa un soupir déchirant, essuya d’un revers de main les larmes qui coulaient sur ses joues et se releva pour descendre les escaliers, se faufiler au fond de son appartement, pousser un mur, pénétrer dans le panic room, composer le code du coffre-fort et sortit un revolver.


***

Ce jour-là, vingt heures moins le quart — Domicile d’Ivan Strömberg

Le froid était mordant au dehors et Ulysses avait relevé le col de son long manteau. Il avait frappé à la porte de la maison d’Ivan. La lumière, à l’intérieur, était allumée. Depuis la veille, les souvenirs de leur semaine parfaite se pressaient dans sa mémoire, mais ils avaient pris une saveur douteuse. Quand son petit ami ouvrit la porte, Ulysses ne sourit pas — il rentra dans l’appartement et, sans quitter son manteau, à peine Ivan eût-il fermé la porte, il interrogea :

— Tu travailles pour qui ?

Ulysses secoua la tête et murmura :

— Tu sais quoi, je m’en fous presque. Mossad, FSB, les Mukhabarats…

Le jeune homme contempla un instant Ivan.

— J’en reviens pas. Tu croyais vraiment que ça marcherait ? Tu t’imagines que personne a essayé avant toi ? T’es pas le premier qu’on me met dans les pattes, Ivan. Ou quel que soit ton nom. Je sais pas, vous vous imaginez tous, sans doute, que dès que j’ai une érection, j’arrive plus à penser. Franchement, j’ai presque failli y croire. Si tu t’étais pas mis à sortir ton flingue pour je-ne-sais-quelle-raison, je t’aurais cru. Mais tu peux retourner voir tes employeurs et leur dire que s’ils me veulent, ils auront plus vite fait de m’arracher les ongles.

Sur ces bonnes paroles d’une clairvoyance, pour une fois, très discutable, le tempétueux Ulysses tourna les talons, rouvrit la porte, sortit dans le froid et la claqua derrière lui, avant de se remettre en route vers sa voiture, pour regagner son grand appartement vide et son existence compliquée de Winford.
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Ivan Strömberg

Ivan Strömberg


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Localisation : L'Aquarium, ou un obscur groupement écologiste
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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptySam 16 Mar - 22:34

Rien n'est jamais secret, Ivan le savait très bien et en général il évitait de se faire remarquer pour éviter qu'on vienne ensuite lui poser des questions. En général, oui, cependant croiser des zombies peut parfois faire perdre un peu de sang froid, et il regrettait maintenant grandement son coup d'éclat, certes il n'y avait guère que Salem pour lui poser des questions directes – et faciles à ignorer, tandis qu'Adam lui lançait des regards louches – mais tout ça ne lui plaisait pas.

À son bureau, Ivan soupira et s’interrompit dans la consultation d'un tas de documents pour se laisser aller contre le dossier de son siège et regarder d'un air vague les aquariums devant lui, puis le portable sur son bureau. Ulysses ne lui avait pas répondu depuis le jour des zombies où il avait parlé de sa mutation, il avait donc envoyé quelques autres sms, qui étaient eux aussi restés sans réponses. Connaissant l'emploi du temps de son compagnon, il laissait le bénéfice du doute avant de paniquer vraiment, peut-être était-il très occupé. Il pouvait attendre quelques jours avant d'essayer de le trouver plus sérieusement.

C'était long d'attendre.
Le hasard voulu que l'on frappa à sa porte à ce moment-là, quasiment certain que c'était Ulysses, Ivan se dépêcha d'aller ouvrir, un grand sourire aux lèvres. Qu'il perdit aussitôt en voyant la tête que faisait son ami. Après s'être décalé pour le laisser entrer avec un "bonsoir" un peu incertain, Ivan attendit de comprendre ce qu'il se passait, et fut rapidement servit. Il écouta avec des yeux ronds les déductions d'Ulysses, puis commença à paniquer quand celui-ci repartit immédiatement vers sa voiture. Lui ? Un espion Israélien ? C'était… C'était pas le moment de réfléchir, Ivan fila pieds nus dehors et s'interposa entre Ulysses et le véhicule qui allait l'emmener au loin.

« Tu te trompes. »

Il était soudain devenu très sérieux, grave même, son cerveau carburait ferme mais tout ça ne servirait à rien si Ulysses disparaissait.

« Rentrons pour parler, si tu veux bien m'écouter un peu. »

Il fit mine de retourner à l'intérieur, regarda si Ulysses suivait, vit que oui – sinon le rp serait un peu court – et rentra pour de bon. Le silence était pesant quand il déposa deux tasses de thés sur la table basse du salon. Ulysses n'en avait sans doute rien à cirer des boissons, mais cela lui permit de s'accorder quelques secondes pour penser, le ciel lui était tombé sur la tête en un instant, ça faisait quand même quelque chose. Ce qui était sûr en tout cas, c'est que son ami s'était renseigné sur lui, ou du moins il avait essayé, sinon il n'en serait pas arrivé à ces conclusions-là, à moins d'être totalement parano. Ivan regarda le visage toujours aussi beau d'Ulysses malgré son air triste et méfiant, et conclut.

« Ce n'est pas parce que j'ai sortis mon "flingue" que tu es comme ça. »

Il baissa tristement les yeux, il avait sincérement de la peine pour son compagnon.

« Personne ne t'as jamais dit qu'il t'aimait, pas pour dire la vérité. »

Ou alors il était vraiment parano et enquêtait sur tout ceux qui avaient une arme en Amérique, le travail de toute une vie. Et puis ça expliquait aussi pourquoi il n'avait pas répondu à ses messages, à ce moment-là il ne savait pas ce qu'il se passait. À nouveau, Ivan se sentit vraiment maladroit, il s'était un peu emballé, et avait oublié les nombreuses blessures de son petit ami. Bon, il avait un peu de mal à juger si enquêter sur son copain parce qu'il a envoyé un mot d'amour dans un texto et qu'il a une arme avec laquelle il a tué des morts était exagérée ou pas, mais cela témoignait d'une inquiétude profonde d'être trompé – encore.

« Je suis allé trop vite, pardon. Je n'ai pas voulu te faire peur. »

Malheureusement tout ça n'avait pas beaucoup de sens si Ulysses restait convaincu qu'il était un espion russe. Ivan était quand même un peu inquiet, mais son compagnon n'avalerait sans doute pas un conte à dormir debout, et il n'avait de toute façon pas envie de commencer son histoire avec lui sur un énorme mensonge qui finira par se savoir, parce que tout fini toujours par se savoir, surtout quand son homme semble avoir quelques copains dans les renseignements.

« Collaboration entre la Säpo et la CIA. Cela n'a rien à voir avec toi. »

(Je ne sais pas si c'est possible mais de toute façon il faut être citoyen américain pour postuler pour la CIA, tout ça est pure fiction, faites pas gaffe D:)
Ivan tripotait sa tasse du bout des doigts, devait-il préciser qu'il s'appelait bien Ivan, au cas où ? Ah… Décidément, sa vie se compliquait à chaque fois qu'il approchait de trop près les démoniaques Cordova-Tenseï.
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptySam 16 Mar - 23:24

Le vent cinglait le visage d’Ivan — et Ulysses posait sur le Suédois qui se tenait devant lui, les pieds nus sur les dalles de la petite allée qui traversait le jardin de devant, un regard qui n’avait rien de la douceur protectrice qui avait été la sienne quelques jours auparavant, rien de la reconnaissance émue à laquelle si souvent elle s’était mêlée et rien, même, de la rêverie profonde dans laquelle l’ensevelissait tel ou tel événement politique, jusqu’à ce qu’il en trouvât la solution, au petit matin, assis en tailleur sur son canapé, devant CNN.

L’ange de perpétuelle douceur avait disparu pour laisser place à un autre Ulysses — un autre aspect de cette personnalité complexe qu’on aurait eu tort de reléguer au second rang, comme un élément de décor, dans la vie d’Adam. Et dans la nuit new-yorkaise, les anciens personnages secondaires se regardaient en prenant la mesure de leurs secrets réciproques, en comparaison desquels la vie des Cordova-Tenseï pouvait parfois paraître bien simples. Tout du moins, plus sincère.

Ulysses avait peur d’être trompé, c’était certain. Il y avait sans doute quelque chose d’ironique dans ce sentiment, de sa part à lui, qui n’avait jamais été fidèle à personne jusqu’à lors, mais il avait peur de perdre Ivan — d’avoir déjà perdu Ivan — de s’être laissé une nouvelle fois abusé par le mirage d’une affection finalement illusoire. Mais au-delà de sa vie sentimentale et des détours de sa psychologie, Ulysses avait une crainte beaucoup plus rationnelle et beaucoup plus objective : il avait peur de se faire tuer.

Certes, la profession d’analyste n’expose pas a priori aux dangers les plus pressants. Mais entre la vieille dame qui analysait les photographies satellites des centrales nucléaires russes et le jeune homme qui surveillait les camps terroristes, les mouvements militaires et les trafics d’armes et de drogues sur tout le Moyen-Orient, les risques n’étaient pas équitablement partagés et Ulysses avait eu parfaitement conscience, en bon Winford qu’il était, lorsqu’il avait dessiné sa carrière en entrant à l’université, que son espérance de vie avait potentiellement été rabotée de quelques décennies.

Le jeune homme hésita et suivit Ivan du regard, qui rentrait dans sa maison. Il n’y avait pas tellement de risques, à vrai dire. Personne ne cherchait à le tuer, du moins pas avant d’avoir pressé sa mémoire pour en extraire toutes les informations. Et puis… Et puis c’était Ivan, non ? Il l’avait regardé avec des yeux fascinés, il lui avait offert un poisson, il lui avait dit qu’il était beau comme personne ne le lui avait dit, il l’avait rassuré, il lui avait dit qu’il l’aimait.

Le cœur battant, Ulysses emboîta le pas à son compagnon et s’assit finalement sagement sur le canapé, en face de lui, toujours avec son manteau. Ses yeux verts ne quittèrent pas ceux du Suédois quand Ivan entreprit de fournir des explications elliptiques. Il y eut un long silence pendant lequel un Ulysses pour une fois absolument indéchiffrable continua à fixer son compagnon. Brusquement, le jeune homme sortit son téléphone, tapota un message à toute évidence et l’envoya, avant de poser l’appareil sur le rebord de la table basse et de croiser les mains.

Nouveau silence. L’écran du téléphone se ralluma, Ulysses parcourut rapidement la réponse et hocha la tête pour lui-même, avant de relever les yeux vers Ivan.


— Soit.

Finalement, l’Américain consentit à enlever son manteau, puis retroussa l’une des jambes de son pantalon, détacha l’étui qui contenait son arme et la posa sur la table basse, à côté du téléphone et de la tasse de thé. Ce n’était pas les grands-mères de la balnéothérapie qui accompagnaient leur Earl Grey comme cela. Ulysses rajusta son pantalon et s’enfonça dans le canapé, très occupé à observer d’un air pensif l’une des plantes vertes qui encadraient le fauteuil d’Ivan.

De toute évidence, le message qu’il avait reçu avait confirmé les propos de son ami et, de toute évidence, il ne suffisait pas à arranger leurs affaires. En effet, les activités parallèles d’Ivan n’étaient qu’un des nombreux problèmes qu’ils avaient à aborder ce soir-là et comme Ulysses était un peu susceptible, il était déjà vexé par les propos de son petit ami. Au bout de quelques secondes, il murmura :


— N’essaye pas de me lire comme ça. Ne me dis pas que si je suis dans cet état, ce n’est pas à cause du revolver, du fait que tu saches t’en servir et que ton visa n’apparaisse pas dans les bases de données. Je ne suis peut-être qu’un pauvre type paumé dans sa vie sentimentale à tes yeux, mais en vérité, je ne suis pas que ça.

Tout cela s’annonçait un peu difficile pour Ivan.

— Tu aurais pu… Tu aurais pu me le dire. J’ai le niveau de sécurité. J’ai fait des études de géographie militaire, j’ai fait des études sur la coopération internationale des services de renseignements, je parle la plupart des langues majeures de la plupart des terroristes, je te l’ai dit, je ne te l’ai pas caché. Tu devais savoir. Tu aurais pu me le dire. Mais c’est… Peu importe. La question n’est pas là.

Ulysses porta la main à sa tête pour se masser la tempe et murmura pour lui-même :

— J’ai mal à la tête, je n’ai pas dormi, je…

C’était difficile à croire — aucune cerne n’annonçait la moindre fatigue et ni ses yeux toujours vifs, ni son teint perpétuellement resplendissant, ne pouvaient laisser soupçonner quoi que ce fût. Il ferma les yeux un instant et prit une profonde inspiration pour tenter de retrouver son calme.

— Comment tu peux… comment tu as pu m’écrire ces choses dans un message ? Passons sur le fait que l’Agence doit lire tout ce qui entre et sort de ce téléphone et que je n’ai pas une folle envie que les Fédéraux débarquent pour me disséquer parce que Salem, un jour de fatigue, a décrété que j’étais un mutant. Je ne savais pas qu’il faisait des analyses génétiques avec ses yeux lasers, soit dit en passant, mais enfin… Comment tu peux me dire ça, la mutation et… et l’autre chose… comment tu peux l’écrire et me dire qu’on en parlera plus tard ? Comment tu peux m’envoyer ça dans un message ?

Ulysses secoua la tête d’un air désemparé.

— Et de l’autre côté, tu me laisses t’imaginer en écologiste pacifiste qui passe ses soirées à étudier. Tu dois vraiment me prendre pour un demeuré…

Le jeune homme haussa les épaules.

— J’aurais dû m’en douter. Tout le monde ment.

C’était l’expérience qui le prouvait : jamais personne n’avait été sincère avec lui. Combien de « je t’aime » murmurés du bout des lèvres ou écrits de guerre lasse Adam lui avait-il cédés pour faire illusion ? Combien de ces messages sans âme avait-il reçus de la part de son ancien compagnon ? Combien de fois avait-il été rejeté à la périphérie de la petite vie secrète d’Adam ? Et maintenant, tout recommençait avec Ivan.

Mais Ulysses passait à une conclusion pour le moins inattendue, qui n’avait pas grand chose à voir avec les reproches qu’il venait de formuler. Les larmes aux yeux en effet, il murmura finalement, d’un air très lointain :


— …tout le monde meurt…
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Ivan Strömberg

Ivan Strömberg


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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyDim 17 Mar - 16:24

Ivan n'eut pas vraiment de réaction quand Ulysses posa le pistolet sur la table, voir que l'ange était venu chez lui avec une arme ni lui fit pas vraiment peur, mais il eut pleinement le sentiment d'avoir définitivement perdu son compagnon. Et le reste de la conversation le conforta dans cette idée, il n'était plus à ces yeux qu'un menteur doublé d'un idiot qui s'était foutu de lui depuis le début. Et le pire, c'est qu'il ne pouvait pas lui donner tort (c'est la fin du monde), il n'avait cessé de mentir à tout le monde depuis son arrivée, si sa passion pour les poissons, ses loisirs ou ses sentiments pour Ulysses étaient bien réels, les circonstances qui les entouraient avaient été en bonne partie falsifiés par ses soins. Le monde s'écoulait autour de lui tandis qu'il écoutait son (ancien ?) petit-ami dénombrer ses erreurs.

Il y avait son message bien sûr, il n'aurait pas dû, c'était évident maintenant. Tout était toujours plus simple et clair à posteriori, une fois que l'on peut poser un regard extérieur sur ses actes. Sur le coup il n'avait pas eu le recul nécessaire, il ne pouvait pas prévoir. La dernière phrase d'Ulysses le laissa tristement songeur, il se souvenait des membres de la famille Winford décédés dans l'exercice de leur fonction. S'il avait eu encore un peu d'espoir, il aurait vu là-dedans le signe qu'Ulysses tenait encore assez à lui pour s'inquiéter un peu mais de toute évidence, ce n'était que d'autres souvenirs douloureux qu'il venait de réveiller. À ceux où l'ange avait été trahis s'ajoutaient les nombreux êtres chers qu'il avait perdu durant sa courte vie.

Ivan resta silencieux un moment, le regard dans le vague, il avait déjà vécu ça, surtout en amour, c'était souvent comme de cette façon que ça se terminait, par la découverte d'un peu de ce qu'il était vraiment. Il avait l'habitude, du moins il essayait. Ce qui cette fois n'empêcha pas son cœur de se serrer douloureusement quand il finit par lâcher.

« Je n'ai pas été formé pour cela. »

Ce qui n'était pas très clair, et pouvait même gravement porter à confusion, heureusement il ne s'arrêta pas là.

« Pour les mutants. En quelques minutes j'ai entendu que l'esprit d'une jeune fille se promenait dans un lycée et renversait des meubles, qu'un cadavre essayait d'entrer dans l'établissement et que mon petit-ami était spécial. Je n'ai pas réfléchi, j'avais cinq minutes de libre avant de descendre dans un dédale de souterrains glauque pour tuer des cadavres accompagné de trois enfants, un possédé, un pro du Kung fu et Lara Croft, et j'ai pensé à toi. Je n'ai pas voulu te mettre en danger, je suis désolé. »

Bon, c'était la partie facile, Ivan contempla son thé qui refroidissait, se remémorant pendant quelques instants le fil de cette drôle de journée. Puis il fut temps pour lui de passer à la partie un peu moins facile mais encore gérable.

« Salem n'a rien décrété, ce qu'il m'a dis n'a fais que confirmer les doutes que j'avais déjà. Nulle besoin d'avoir des yeux lasers pour constater que ta beauté à quelque chose de… surnaturelle. Ce n'est peut-être pas le type de changements qui peut déranger ta vie au quotidien, mais il faut quand même le savoir. Les mutations évoluent, tu dois y être préparé. »

C'est après ça qu'Ivan aborda la pente verglacée et bordée de ronces du chemin vers la Vérité, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'en menait pas large.

« Après, comme je l'ai dis, tout ça ce n'est pas mon domaine, moi je… je travaille sur les trafiques d'armes… »

Avant de difficilement reconnaître l'évidence,

« Je ne suis donc pas étudiant… j'aurais aimé. »

Ça c'était sûr, il avait les poissons, le labo, les livres, les connaissances, mais tout ça n'était qu'une passion, un hobbies judicieusement exploité pour servir de couverture. Il jeta un rapide coup d'œil à Ulysses pour évaluer la hauteur sa chute.

« Je ne sais jamais quand parler de cela, c'est… ce n'est pas une excuse. Je t'ai mentis sur ma situation parce que je dis le même mensonge à tout le monde. Mais tout le reste était vrai, je n'ai pas menti quand je t'ai dis… »

Il inspira, sans doute ces mots allaient encore rappeler de mauvais souvenirs à Ulysses, mais foutu pour foutu… Il bredouilla timidement.

« Je t'aime. »
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyDim 17 Mar - 17:30

Quelques années auparavant

— Je t’aime.

Adam esquissa un sourire embarrassé et se mit à se concentrer très, très fort sur son fondant au chocolat.

— …moi aussi…

Ulysses esquissa un sourire ravageur, se leva de sa chaise, tira un écrin de sa poche, posa un genou à terre et leva ses splendides yeux verts en direction de son petit ami.

— Adam Tenseï… voulez-vous m’épouser ?

Dix secondes. Vingt secondes. Une minute.

— Lys…



J’ai menti.


***

Dix secondes. Vingt secondes. Une minute. Cinq minutes. Ulysses avait braqué ses splendides yeux verts en direction de son petit ami et, depuis qu’Ivan avait cessé de parler, le jeune homme n’avait pas bougé d’un cil et n’avait pas prononcé un mot. Le pesant silence qui s’était abattu sur le salon envahi par la végétation du Suédois à la fiche de personnage complètement falsifiée n’était troublé que par le bruit de la pluie qui, au dehors, avait commencé à tomber et dont les gouttes de plus en plus nombreuses frappaient les carreaux.

Assurément, Ulysses avait envie de pleurer. Mais Ulysses avait beau ressembler à un ange fragile et délicat, Ulysses avait beau être un ange fragile et délicat, il avait dans ses moments de colère beaucoup plus de ressources que dans ses crises d’angoisse. Et en colère, il l’était indubitablement. Il se sentait trahi et rien ne heurtait plus un Winford que la trahison. Il se sentait abandonné et rien ne blessait plus un Ulysses que l’abandon.


— Kick-boxing. Adam fait du kick-boxing, pas du kung fu.

Cette étrange entrée en matière n’annonçait rien de bon.

— Enfin, c’est ce que j’ai cru, au début. Que c’était un sportif de haut niveau un peu fragile qui avait besoin de protection. Ensuite, j’ai découvert qu’il avait adapté son kick-boxing pour le combat des rues et qu’il parcourait New York pour redresser les torts, mais qu’il me l’avait toujours caché parce que, je ne sais pas, le monde doit me juger universellement faible et inutile. Comment il m’appelait, votre ami, là, Eigon ? La princesse. Quelque chose comme ça. Ulysses la Princesse.

Ulysses la Princesse se promenait certes avec une arme à feu, mais enfin, que voulez-vous, depuis Shrek, les Princesses sont devenues bien sauvages.

— Mais enfin, je n’aurais sans doute pas dû le prendre personnellement, ses mensonges, parce qu’après tout, c’était comme toi : le même mensonge pour tout le monde. Et je devrais me sentir flatté, je suppose, d’être une sorte de, je ne sais pas, de repos. La petite femme qui attend à la maison que son guerrier rentre et avec laquelle il peut faire semblant d’être représentant en assurance, sportif ou étudiant en biologie évolutive.

Tu vois, le pire, c’est que ce n’est même pas pour me protéger. Même pas le secret courageusement gardé, douloureusement tu. C’est juste… Le même mensonge qu’à tout le monde. Si tu n’étais pas tombé sur Jane dans ce couloir, je n’aurais jamais su que tu avais un revolver, je n’aurais jamais enquêté et tu m’aurais ouvert ce soir avec un grand sourire, et tu m’aurais regardé dans les yeux, et tu aurais continué à mentir.

Tout le reste était vrai ? Mais c’est quoi, le reste Ivan ? Tu ne me connais pas, je ne te connais pas. On vient de se rencontrer. Tu m’as menti sur ta vie. Qu’est-ce qu’il reste ? Vous êtes bien pareils, tous les deux. Je ne suis pas votre objet. Votre élément de décor. Je ne suis pas idiot. Je ne suis pas faible. Je n’ai pas besoin de votre sollicitude condescendante et de vos mensonges.


De toute évidence, la question de la mutation n’avait pas fait la moindre impression dans son esprit et, à vrai dire, pour l’heure, Ulysses l’avait complètement oubliée. Tout ce qui l’obsédait, c’était qu’Ivan, Ivan si parfait, si gentil, si doux, si tendre, si calme, Ivan lui avait menti, Ivan enquêtait sur les bazookas, et ces deux versions de son petit-ami, Ulysses était incapable de les concilier — il existait entre elle un vide infranchissable qui l’angoissait et il avait l’impression que le Destin lui avait offert la promesse d’un bonheur, même simple, même quotidien, pour brutalement la lui retirer.

Ses yeux s’étaient posés sur le sol tout le temps de son discours blessé, mais soudain ils se relevèrent vers Ivan et, d’un ton beaucoup plus triste qu’accusateur, le jeune homme murmura :


— Je ne sais pas qui tu es.

Il baissa à nouveau le regard.

— Hier matin, je me suis réveillé et j’avais un petit ami écologiste, doux et tendre, calme et distrait, qui aimait les animaux. Et ce soir j’ai toi.

Le jeune homme se releva soudainement, récupéra ses effets personnels et murmura :

— J’enverrai quelqu’un te rapporter ton poisson.

***

Trois jours s’étaient écoulés et Rimbaud n’était pas revenu. Si Ivan avait tenté de joindre Ulysses, Ulysses n’avait pas répondu. Tout semblait bel et bien fini entre les deux agents plus ou moins secrets. Mais les colères d’Ulysses étaient aussi douloureuses qu’éphémères et le jeune homme, avec tous ses défauts et tous ses troubles, avait pour lui des réserves d’affection presque entièrement inexploitées. Or, son grand appartement lui semblait encore plus vide qu’auparavant, depuis qu’au petit matin il n’y croisait plus de Suédois exhibitionnistes.

Les sentiments vifs d’Ulysses avaient sans aucun doute été profondément blessés, mais ils avaient aussi été exacerbés et depuis que le jeune homme avait fait une croix sur Ivan, il ne pouvait plus s’empêcher de songer à lui, de retrouver dans sa mémoire tous les gestes, tous les regards involontaires que son ancien compagnon n’avait pas pu feindre pour les besoins de sa couverture et, peu à peu, il s’était rendu compte qu’Ivan n’avait peut-être pas menti sur toute la ligne.

Alors au petit matin du quatrième jour, qui était un dimanche — donc Ivan était chez lui, voilà, pas de discussion — ce fut un Ulysses très, très nerveux qui frappa à la porte de son ami, en tenant dans les mains une magnifique orchidée en pot. Quand la porte s’ouvrit, le jeune homme ne laissa pas le temps à son ami (et, se trouvait-il, collègue) de dire quoi que ce fût et partit dans une longue explication :


— Au début, j’ai voulu t’acheter des fleurs, un bouquet de roses, quelque chose comme cela, mais je ne savais pas si tu aimais les roses, et puis en plus, des fleurs coupées, j’étais sûr que ça ne te plairait pas, alors j’ai pris une plante en pot, comme ça, tu pourras l’arroser, et la fleuriste m’a donné des indications pour s’en occuper, mais tu sais sans doute faire. De toute façon, elle m’a aussi donné son numéro de téléphone, pour que je puisse l’appeler si j’avais des doutes.

Ben voyons.

— J’ai hésité à te les faire livrer, tu sais, peut-être que tu n’as pas envie de me voir, après ce que j’ai dit, l’autre jour, la manière dont j’ai réagi, alors que de toute évidence c’était compliqué pour toi, et douloureux, d’une certaine manière, je suppose, et moi j’ai été nul, j’aurais dû mieux réfléchir, être plus pondéré, et donc, je me suis dit que, peut-être, tu ne voulais plus me voir, et en même temps… et en même temps… Je voulais venir, tu sais, pour… pour te voir… et pour essayer de m’excuser, enfin, si tu veux bien m’écouter. Je sais que je suis un peu impétueux mais peut-être que…

Jusqu’à présent, Ulysses avait gardé les yeux obstinément fixés sur la fleur, mais finalement, il les leva lentement vers Ivan et, d’un ton plus posé, murmura :

— J’ai eu tort, Ivan.

Ulysses tendit son pot de fleur à son petit ami.

— …je peux entrer… ?
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyLun 18 Mar - 19:00

Vautré en travers de son lit, Ivan regardait d’un air morne son radio-réveil, cinq minutes avant qu’il ne sonne et il n’avait pas fermé l’œil de la nuit, ni de celle d’avant, ni de celle d’encore avant. Enfin si, il avait dû grappiller quelques minutes par moments, mais il n’avait pas l’impression d’avoir dormis, il ne pouvait pas s’empêcher de tourner dans sa tête encore et encore la superbe semaine qu’il avait passé et le superbe échec qui avait suivis en se maudissant. Il avait voulu donner le meilleur à son ange, et finalement n’avait pas fais mieux qu’un Adam dans ses mauvais jours. Au bureau, il fit ce qu’il avait à faire sans trop forcer, il avait la tête ailleurs, ce qui était relativement facile quand on avait sous le nez la carte du transit maritime de l’atlantique sud, des rapports douaniers et d'autres documents passionnants. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait sortir son flingue.

Alors qu’il poussait un énième soupir, Jezabel, une brune replète qui avait elle aussi un accent à couper au couteau, et travaillait sur la même affaire que lui depuis plusieurs mois, posa une tasse de café sous ses yeux. Ivan lui jeta un regard soupçonneux, il ne se souvenait pas avoir déjà eu un tel honneur de sa part. Elle tira sa chaise pour s'asseoir à côté de lui.

« Dure semaine ? »
« Dure vie. »
« Oh, Ivan… »

Le Suédois n'avait pas du tout envie d'épiloguer sur cette histoire qui tournait déjà assez dans sa tête depuis des jours, et se contenta d'arguer qu'il avait quelques petits problèmes personnels, mais une femme comme elle n'était pas dupe. Elle eu un petit sourire désolé.

« Les bouquets de fleurs, ça marche toujours. »
« Les bouquets, ils fanent, comme les sentiments de ceux qui en offrent. »
« Oula, ça va vraiment pas fort, toi. Viens, je te sors un peu. »

Le soir venu, Ivan n'eut pas le cœur à travailler, au lieu de ça, il se mit à son ordinateur pour regarder un peu les actualités. Il zappa les nouvelles de Martha Orckmann qui lui rappelaient furieusement Ulysses, celles sur le parti démocrate et puis… et puis toutes celles sur la politique, en fait, il esquiva aussi tout ce qui parlait d'écologie, d'éducation, et sport aussi, et puis de science et de couples et…

Ivan rabattit l'écran de son ordinateur et soupira, puis quelques instants plus tard le rouvrit pour regarder les quelques photos qu'il avait prises et se perdre longuement dans la contemplation d'un Ulysses souriant et magnifique. Il n'avait pas envoyé de message, les sms ne lui avaient pas trop réussis ces derniers temps, et puis qu'aurait-il pu dire, de toute façon ? Il avait trahis sa confiance avant même que leur relation ne démarre.

Même s'il n'avait rien à faire et se sentait épuisé, Ivan mit une éternité à partir se mettre au lit, il redoutait l'horreur que ça allait être mais, à une heure du matin passée, il se dit qu'il devait essayer de profiter de son dimanche de libre – il paraît que je n'ai pas le choix – pour tenter de rattraper son sommeil. Les résultats ne furent pas fameux et à 5h55, Ivan était collé contre son plus grand aquarium, un merle sur l'épaule et un écureuil vermifugé dans les mains, à se dire que demain, ça leur aurait fait deux semaines.

C'est quelques heures plus tard que l'ange vint frapper à sa porte, Ivan avait évidemment opté pour la tenue du petit déprimé qui ne veut voir personne, un pantalon de survêtement, un tee-shirt et un brownie au chocolat et noix de pécan d’Amérique du sud bio commerce équitable de supermarché dans le ventre en guise de petit-déjeuner. Il resta un moment étonné en voyant Ulysses venir avec une fleur, alors qu'il se serait attendu à voir revenir Rimbaud. Après quoi son air se fit attendri, parce que son ami était adorable, avec son orchidée – typiquement la fleur qui reste en bonne santé uniquement chez les autres au passage. Il lui fit un petit sourire, et prit le cadeau.

« Elle est très belle, viens, entre. »

Retour dans le salon où tout a basculé – ça devient de suite dramatique dis comme ça – Ivan posa la plante sur la table basse, puis contempla Ulysses dans son décor avec une certaine fascination.

« Je suis content de te voir, je… Désolé, j'ai une mine affreuse. »

Ça, c'est sur, entre ses vêtements, ses cheveux à peine coiffés et sa tête digne d'un type qui passerait ses journées enfermé dans une bibliothèque à lire des livres de sept kilos, il était presque aussi flippant qu'un zombie. Contrairement à Ulysses qui resplendissait comme à son habitude, mais enfin. Il y avait plus important, Ivan devait se rattraper, c'était sans doute une seconde chance que voulait lui donner Ulysses, il devait être brillant.

« Je m'en veux vraiment pour ce qu'il s'est passé, j'aurais dû… J'aurais pu… je… »

Il en avait fait, pourtant, des belles phrases dans sa tête, mais tout se bousculait maintenant et rien de clair ne lui venait, c'était la catastrophe. La panique montait et avec elle, les larmes à ses yeux. Finalement, il ne parvint à bafouiller qu'une vérité toute simple.

« Tu m'as horriblement manqué. »
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyLun 18 Mar - 20:47

Dix ans auparavant

L’adolescent jeta un coup d’œil à son reflet dans la vitre, rajusta une mèche de cheveux, inspira profondément et s’avança vers la jeune fille, absorbée par son téléphone portable.

— Bonjour, Clarissa.

Elle leva distraitement les yeux.

— Oh, salut.
— Dis, hm, je me demandais… Hier soir, c’était… c’était agréable. Et peut-être qu’on pourrait… Tu sais… Sortir ensemble…


Clarissa le regarda comme un demeuré.

— Toi et moi ?
— Oui, avant qu’on… avant qu’on le fasse, quand on discutait, tu as dit que tu cherchais quelqu’un, et du coup, je me suis dit, peut-être…
— Laisse tomber.
— Mais on a…
— Écoute, t’es mignon et tout, mais j’pensais pas à toi en disant ça.


***

Ivan avait l’air affreux. Certes, il n’avait rien perdu de ce charme devenu d’autant plus troublant qu’Ulysses devait désormais l’imaginer en train de traquer des trafiquants d’armes ukrainiens et cette même fragilité douce était encore renforcée par la fatigue et la tristesse que le jeune homme lisait sans difficulté sur le visage de son petit ami, et dont il devait reconnaître qu’elles avaient quelque chose de rassurant et de flatteur pour lui, mais Ivan, de toute évidence, avait besoin d’une sacrée cure de remontants.

Le jeune homme abandonna son manteau et ses chaussures dans l’entrée pour suivre Ivan jusqu’au salon. La dernière fois qu’il y avait mis les pieds avait été pour tempêter contre l’impéritie sentimentale de son tout nouveau compagnon ; ce jour-là, il sentait au contraire de se déployer une tendresse protectrice. Pendant les trois jours qu’il avait passé à méditer sur sa situation, trois jours passés quasi sans dormir, Ulysses avait fait une comparaison quasi systématique de ses deux derniers compagnons en date, et mis en face du souvenir qu’il gardait d’Adam, Ivan ne pouvait que sortir grandi.

Bon, pour le moment, son maladroit héros paraissait plutôt sur le point de s’effondrer que de le noyer dans son amour viril, alors il était l’heure pour lui de tenir l’une des premières promesses qu’il lui avait faites : il allait le protéger et lui faire montrer que non, il ne serait pas toujours celui qu’il fallait ménager, secourir ou préserver. Comme Ivan, pour compléter le tableau de sa tristesse, commençait à pleurer, Ulysses le poussa doucement mais sûrement jusqu’au canapé pour le faire s’asseoir, avant de venir s’installer tout contre lui.


— Ne pleure pas, Ivan. Je suis là, tu vois.

Il passa un bras autour de ses épaules.

— Tu n’aurais pas dû me mentir et je n’aurais pas dû m’emporter. On a tous les deux fait des erreurs mais maintenant, c’est passé. Je vais m’occuper de toi. Je suis sûr que tu n’as pas dormi et que tu as mangé n’importe quoi. Si tu crois que je vais te laisser courir les marchés d’armes comme ça…

Il avait déjà du mal à se résoudre de le laisser courir les marchés d’armes et de ne pas peser de tout son poids sur la C.I.A., Interpol, le Congrès, le Vatican, n’importe qui, et assigner définitivement Ivan à un emploi de bureau, bien protégé derrière des murs et des vigiles de sécurité, tout comme il avait dû se retenir pour ne pas se procurer les états de service de son cher et tendre et apprendre par lui-même ce que le Suédois lui avait caché. Mais enfin, chez les Winford, on avait le sens du devoir.

— Viens, allonge toi, pose ta tête sur mes genoux…

Ulysses laissa le faux étudiant s’installer avant d’essayer de caresser ses cheveux, de comprendre que s’il plongeait la main dans des cheveux bouclés non coiffés, il était possible qu’il ne pût jamais la récupérer et se décida, à la place, à caresser la joue du Suédois, c’était beaucoup plus prudent.

— Écoute… Après mes études, j’ai travaillé un moment pour l’Agence, comme tu t’en doutes, comme analyste. À plein temps. Maintenant, je continue, mais comme consultant ponctuel. Mais si j’ai quitté l’Agence, c’est que… Je ne sais pas, je me trouvais trop doué pour cela, les stratégies, les triples vérités, les… Tout le jeu. Évidemment, pour toi, à la Säpo, c’est un peu différent, je suppose. Mais l’Agence n’est pas une police, les choses fonctionnent différemment, très différemment. Là bas, la loi et les crimes ne sont pas des critères et tout est… Flou. Je n’aimais pas cela. J’avais peur de devenir, comment te dire ? Trop solitaire. Que toute mon existence se résume dans les mensonges bien dosés, dans les protections, les échappatoires…

C’est pour cela que je me suis lancé dans la politique. À vrai dire, ça ne me satisfait guère non plus mais… C’est un autre problème. Je suppose qu’on ne peut pas avoir le métier rêvé. Mais enfin, ce que je veux dire, c’est que tout cela n’a pas commencé à mon entrée à l’Agence, ou au début de mes études. J’ai grandi dans tout cela. Tu as vu, peut-être, ma famille. Mon père était général, ma sœur était pilote de chasse, le père de mon père était amiral, celui de ma mère gouverneur et sa mère était sénatrice.

Et c’est comme ça partout, dans ma famille. Toute ma vie, j’ai vu des gens qui calculaient. C’était des gens bien, enfin, je crois. Je ne veux pas dire qu’ils soient manipulateurs, enfin si, mais pas machiavéliques. Machiavéliens peut-être, parfois. Ce sont des personnes de principes. Seulement, ce ne sont pas des idéalistes, ils agissent, donc ils calculent. Toute ma vie on a essayé de me faire comprendre que la vérité se distille et j’ai peur, maintenant, que jamais personne autour de moi ne soit… Authentique.


Avec son goût des discussions saines, posées et riches en autoanalyses, Ulysses avait dû vivre des moments bien difficiles avec un Adam incapable de se sonder lui-même et de réagir autrement que par la défensive. Adam. Précisément le sujet que le jeune homme voulait aborder.

— Je me souviens que quand on s’est rencontré la deuxième fois, à l’aquarium, tu m’as demandé si j’étais toujours amoureux d’Adam. La réponse est non. Mais surtout… Je ne veux pas que tu penses que tu as quelque chose à prouver, tu sais. L’autre jour, j’ai dit que vous étiez pareils, tous les deux. C’était idiot. Tu es beaucoup mieux que lui. En tout cas, beaucoup mieux qu’il ne l’était. J’espère qu’il a changé. Pour lui, pour Salem. Mais ce n’est plus mon problème. Tout ce que je vois, c’est que tu t’es comporté avec beaucoup de respect et de tendresse. Et d’une certaine façon, avec honnêteté.

Si je te dis ça, c’est que je me connais et je sais que… Je sais que je vais avoir un peu de mal. À te croire sur parole. Et souvent, je m’énerve, parce que ça m’angoisse, parce que je n’arrive pas à réagir posément. Mais je ne veux pas que tu ais l’impression que je doute vraiment de toi. On ne se connaît pas encore beaucoup, c’est vrai. Et je n’ai pas envie de… Foncer tête baissée. Ou j’ai peur de le faire, je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que j’ai envie de te découvrir. Et qu’avec toi, j’ai moins peur qu’avec n’importe qui d’autre. Ça n’a peut-être pas l’air de grand-chose comme cela, mais je t’assure que c’est un exploit, pour moi.


Ulysses était un peu angoissé et il se sentait, surtout, idiot. Lui qui avait tant souhaité qu’on lui dît sincèrement « je t’aime », voilà qu’au moment précis où il lui semblait que ces mots avaient été enfin prononcés de manière authentique, il se faisait prudent. Il n’avait pas osé regarder Ivan dans les yeux en parlant, de peur de perdre le peu de courage qu’il avait rassemblé pour pouvoir s’exprimer clairement — ne serait-ce que pour ne pas se mettre à pleurer et rendre pour l’oreille de son Suédois ses explications incompréhensibles à cause de sanglots intempestifs — mais en prononçant ses dernières phrases, il avait sondé anxieusement le regard d’Ivan, de peur d’y voir tristesse et déception.

Mais son courage n’alla pas jusqu’à s’y attarder et il détourna à nouveau les yeux pour continuer à s’exprimer.


— Il y a quand même des choses que j’ai dites que je pense vraiment. Je ne suis pas toujours faible. Je ne crois pas être souvent idiot. Et ce que tu vis, ton travail, je suis bien placé pour le comprendre. Mais au-delà de cela, je veux dire, matériellement, physiquement, je peux t’aider. Je ne parle même pas de l’argent, ou des contacts. Juste, si tu as des problèmes, n’importe lesquels, tu n’as pas à me le cacher pour me protéger. Tu n’as pas à tout supporter tout seul. Je ne veux pas d’un héros. Je te veux toi, avec tes poissons, tes plantes, tes tracts, tes armes à feu, tes enquêtes, ton accent, tes boucles, tes sourires, ta mine de déterré, tes amis, tes ennemis, tes blessures, celles du corps et de l’âme, tes idées farfelues…

Comme celle qui voulait qu’il fût un mutant, par exemple — la bonne blague.

— …ton sang-froid inattendu, tout. Je ne veux pas être ta princesse. C’est idiot, peut-être, et je ne suis peut-être pas assez… viril, pour dire quelque chose comme ça, mais je veux être ton homme, avec mes faiblesses, c’est indéniable…

Il jeta un regard à Ivan et précisa :

— …évident, c’est évident, mais avec mes forces aussi. Je ne veux pas que tu te sentes seul quand tu es à côté de moi. Je ne veux pas que tout le poids du monde soit sur tes épaules. Tu es trop précieux pour que je te laisse souffrir en silence.

Il y eut un petit silence et Ulysses, avec un sourire nerveux, murmura :

— Bon, voilà, il ne faut pas laisser un politicien prendre la parole, sinon, on ne s’en sort plus. En plus, maintenant, j’ai soif…
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyDim 24 Mar - 22:05

Depuis la toute première fois qu'il l'avait vu, à la télévision, Ivan était sûr d'une chose, il aimait regarder Ulysse parler, et ça tombait bien parce qu'il parlait pas mal. C'était sans doute bête, mais le voir tantôt sérieux, tantôt intimidé tandis qu'il expliquait son passé, sa famille, ses peurs ou ses sentiments avait quelque chose de rassurant. Ulysses dégageait une sincérité presque enfantine, et il parlait bien, un peu comme un politique c'est vrai. Mais qu'un politicien avec une bouille d'ange lui dise qu'il lui est précieux avait un effet certain sur le jeune homme.

« Tu es bien assez viril, ne tiens pas compte des remarques d'Eigon. Il avait l'air frustré, comme garçon. »

Ivan eut un sourire et effleura la main d'Ulysses – celle qui avait eut peur de se perdre dans ses cheveux.

« Qu'est-ce que tu veux boire ? »

En revenant de la cuisine avec les boissons, Ivan avait toujours l'air un peu rêveur, il s'assit à côté de lui et le regarda siroter son verre quelques instants, avant dire pensivement.

« Je ne sais pas si mes parents sont calculateurs, ils calculent juste les sous, mais ce sont des gens très rationnels. On ne s'est jamais trop compris, je crois, ils voulaient que j'arrête de rêver, de passer des heures à traîner dans la boue pour approcher des bestioles, ce genre de choses, ils ont tout essayés pour m'arrêter. Mais je ne crois pas qu'on puisse me faire changer. »

Ivan soupira, il suffisait de voir sa maison pour comprendre qu'il était bien loin de la mentalité des Strömberg. Au moins sur ce point il pouvait comprendre Ulysses, lui non plus ne s'était jamais senti très à l'aise avec l'univers dans lequel il avait pourtant grandi. Mais le Suédois ne voulait pas s’arrêter là, son ami avait dit qu'il voulait tout savoir de lui l'autre fois, et c'était à ce moment-là qu'il s'était mis à lui mentir, il s'en voulait beaucoup pour ça.

« Je suis entré dans la police à 18 ans, et dans la Säpo à 19. Ça a été un peu étrange pour moi, je m'étais imaginé toute ma vie en grand défenseur de la cause animale, et finalement en grandissant j'ai choisis d'aider les gens aussi. Il me faudrait des journées de 72 heures pour pouvoir faire tout ce dont je rêve. »

Cette petite phase de nostalgie lui rappela que son métier, justement, ne consistait pas à donner le biberon à des bébés dauphins mais à courir après des trafiquants d'armes. La funeste dernière phrase qu'Ulysses lui avait dite quelques jours plus tôt lui revint en mémoire, ainsi que les nombreux morts de la famille Winford, il s'empressa de mettre les choses au clair sur ce point.

« Tu sais, mon métier, il se passe en grande partie dans un bureau. L'autre jour, avec Adam et les autres, c'était totalement autre chose, c'est très rare que j'ai besoin de me servir d'une arme, et puis il y a des équipes d'intervention qui font les choses mieux que moi. Je ne me mets pas en danger à chaque fois que je vais au travail. »

Voilà, mieux valait être clair sur ce point, le reste de ce qu'il voulait dire le fit un peu rougir et baisser les yeux.

« Et ce que j'ai dis à propos de mes sentiments pour toi l'autre fois… c'était vrai. C’était peut-être trop tôt pour parler d'amour et tu as le droit de te méfier, mais je tiens énormément à toi. J'ai envie de te connaître, de partager toujours plus de moments avec toi, j'adore t'écouter même quand tu dis que tu n'es pas intéressant ou… ou me réveiller le matin en sachant que tu n'es pas loin de moi. Du coup, si c'est trop tôt pour être de l'amour, ça n'en est pas loin non plus. »

Ivan eut un petit sourire et lui fit une bise.

« S'il y a des choses qui t'inquiètes, tu peux me demander. Je te promets la vérité. »
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyLun 25 Mar - 0:32

Frustré n’était certes pas l’adjectif qu’Ulysses eût utilisé pour décrire la montagne de muscles qui l’avait traité de manière si désobligeante, quelques semaines auparavant. Mais il n’allait certes pas contredire son petit ami fraîchement retrouvé et puis, le jeune homme n’était pas insensible aux compliments et, depuis qu’il avait découvert qu’Ivan était un pro de la gâchette qui traquait sur les sept mers de dangereux criminels, Ulysses craignait un peu de ne pas être à la hauteur — ou bien au contraire que son ami recherchât en lui beaucoup plus de fragilité qu’il ne pouvait en trouver.

Ce fut donc consacré par un halo de virilité que le jeune homme répondit :


— Je veux bien du thé, s’il te plait.

Avant de s’en mordre les doigts — c’est une expression, rassurez-vous — en se rendant compte qu’un café bien noir eût certainement été plus mâle, en ce petit matin. Ou un bon verre de gnôle. Bon, s’il voulait conserver sa toute nouvelle réputation, il allait devoir travailler un peu ses réaction set ses réponses, sinon, Ivan se raviserait bien vite et alors, il serait forcément déçu.

Le jeune homme suivit son ami du regard qui partait vers la cuisine, avant de se redresser sur le canapé, le cœur battant. Il avait préparé cette longue explication et, finalement, il s’en était beaucoup mieux tiré qu’il ne l’avait cru. A nouveau, il percevait toute la différence entre le dialogue de sourds qu’il avait longtemps connu avec Adam et les réactions si inattendues pour lui de son nouveau compagnon.

Ulysses sourit bêtement à la plante verte qui lui faisait face. Maintenant que tout avait décanté, il devait bien reconnaître que savoir qu’Ivan traquait des trafiquants dans le monde entier avait quelque chose de… séduisant. C’était un peu idiot de sa part, sans doute, mais pour Ulysses, de découverte en découverte le Suédois ne cessait de se nimber d’une aura d’héroïsme jamais démentie et si l’Américain tenait à ne pas passer pour une princesse, il était en revanche tout à fait près à admirer béatement son homme si beau, si fort (enfin…), si grand (presque…), si…

Perdu dans ses réflexions où l’image d’un Ivan brillant scientifique concurrençait désormais celle d’un Ivan justicier masqué qui elle-même cédait parfois la place à celle d’un Ivan garde-champêtre protégeant la faune et la flore torse nu en pleine nature, Ulysses manqua de sursauter que Ivan, le vrai, refit son apparition. Il rougit un peu et entreprit de prendre un air parfaitement innocent, tâche injustement facile pour lui qui ressemblait déjà à un ange.

Il prit sa tasse et murmura :


— Merci…

S’interrompit une seconde, et rajouta tout bas :

— …mon ange.

Avant de baisser le nez vers son thé et de souffler un peu dessus, d’un air très concentré. Les petits surnoms, il n’avait jamais essayé, parce que personne n’avait jamais voulu lui en donner, qu’il ne s’était jamais senti autorisé à en donner à personne, et du coup, c’était un peu intimidant ; d’un autre côté, il se sentait en confiance auprès d’Ivan et il avait l’impression de pouvoir se laisser aller à ses rêves un peu puérils et à un romantisme qu’il avait souvent trouvé trop fleurs bleues dans un monde si rude. Il fallait dire que le décor onirique de la maison d’Ivan n’aidait pas à garder les pieds sur terre.

Un peu gêné tout de même, Ulysses ne quitta pas sa tasse des yeux tandis qu’Ivan lui fournissait pour la première fois des explications entièrement authentiques. Le jeune homme hochait la tête de temps à autre, même s’il éprouvait des difficultés toujours immenses à s’imaginer Ivan prendre la décision de rentrer dans la police. Il percevait bien une certaine cohérence et sans aucun doute l’assurance exemplaire de son compagnon, qu’il avait trouvé si naturelle, lui sautait à présent des yeux, sans doute non plus il voyait comment l’altruisme du Suédois pouvait s’exprimer dans les missions policières et en Winford, il était le premier convaincu de la nécessité de ces engagements, mais malgré tout, la timidité de son ami, sa fragilité, sa douceur, donnaient au tableau un air étrangement contrasté.

Apprendre qu’Ivan passait beaucoup de son temps assis à un bureau plutôt que caché dans la cale d’un bateau suspect lui aida à restituer un peu de cohérence à tout cela. Ivan, finalement, était un peu comme lui : il savait se servir d’une arme, mais il s’en servait rarement. Cette proximité inattendue rassura Ulysses — non seulement le Suédois ne risquait pas d’être transformé en confettis par des trafiquants mécontents, mais en plus ils pourraient se comprendre l’un l’autre.

Mais bientôt, le détail des activités professionnelles de son écologiste-biologiste-ranger-enquêteur sortit de son esprit. Tout romantique et tout frustré de romantisme que fût Ulysses, dire qu’il se méfiait était un euphémisme. Tout cela était trop parfait pour être vrai et il avait du mal à croire que les sentiments qu’Ivan avait professé ne naquissent pas d’une sorte de… Il ne savait pas très bien. Parce qu’il était beau, peut-être ? Les gens se comportaient bizarrement avec lui, souvent, à cause de son physique, avait-il cru remarquer.

L’Américain se sentit un peu triste, même après les prudentes explications de son ami. Il se pencha pour poser sa tasse et se tourna sur le canapé afin de lui faire face.


— C’est juste que, tu vois… Je ne sais pas trop comment expliquer… Les gens, souvent, sont… Ils se comportement d’une manière étrange, avec moi. Je ne sais pas, j’ai peut-être, sans doute été très naïf par le passé, mais ils disent des choses pour… Tu sais, pour le sexe. Ils ont l’air de s’attacher, ou prêts à s’attacher, mais une fois qu’ils sont satisfaits, ils ne s’intéressent plus à moi.

Et indubitablement, celles et ceux qui l’avaient approché pour son physique n’avaient aucune envie de lui faire la conversation. Le jeune homme esquissa un sourire triste.

— Ça m’a toujours semblé un peu, tu sais, injuste. Je ne dis pas que j’ai une personnalité absolument palpitante, mais enfin, je ne suis pas réduit à mon corps. Et tous ces gens qui… Ils sont gentils avec moi juste pour ça.

Ulysses haussa les épaules.

— Parfois, c’est idiot, mais je me sens comme traqué. Comme si tous les regards dans la rue étaient posés sur moi. Comme si tout le monde attendait quelque chose de moi. Et que tout le monde était prêt à mentir pour l’obtenir.

L’Américain laissa échapper un soupir.

— Je dois te sembler incroyablement prétentieux… Mais en fait, tu sais, je ne me trouve pas spécialement beau. Juste, je ne sais pas, normal. Mignon, peut-être, à la rigueur. Mais les gens, tous ces gens que j’ai connus… Toi, à côté, tu es si… Attentionné. Et du coup, j’ai peur, non, je suis terrorisé, à l’idée que tu ne sois pas vraiment celui que tu paraisses, et que tout ça s’évanouisse comme un mirage.

Ulysses passa une main dans ses cheveux blonds et conclut d’une voix un peu découragée :

— Je suis désolé, j’ai l’impression de rendre tout cela très compliqué pour toi, et tu n’as sans doute pas besoin de mes problèmes dans ta vie…



Dernière édition par Ulysses Winford le Sam 30 Mar - 21:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptySam 30 Mar - 21:29

Ivan se sentait étrangement serein, parler avait finalement un certain nombre d'effets bénéfiques. D'abord, il se sentait beaucoup plus léger, ensuite, il avait l'impression de s'être ôté une grosse épine du pied, il n'avait plus ni à se cacher, ni à craindre la réaction de son petit-ami s'il découvrait la vérité ou qu'il finissait par tout avouer. C'était tout de même des bases beaucoup plus saines que celles sur lesquelles il avait construis un certain nombre de ses anciennes relations. Bien sûr, il y avait encore beaucoup à faire, mais il se sentait bien.

Ce qui n'était vraiment pas le cas de son compagnon, la moue méfiante que l'ange eut dès qu'Ivan lui parla d'amour lui fit comprendre qu'il avait vraiment eut tort de lui avouer ses sentiments dans un simple sms. Il resta un moment songeur après l'avoir écouté lui répondre, tout ça le ramenait inévitablement à ses soupçons d'une éventuelle mutation du jeune homme, mais il avait un peu peur de provoquer une dispute de plus en abordant à nouveau le sujet. Mais d'un autre côté, il avait promis la vérité, il fallait être courageux, et Ivan était courageux.

« J'ai besoin de toi et de tes problèmes. »

Ivan se passa une main ses cheveux pour se donner une seconde de répit, la suite de ce qu'il voulait dire lui faisait un peu peur, cest pourquoi s'était abstenu de le partager quand il avait voulu parler de mutation à Ulysses. Il avait l'impression qu'il allait passer pour un fou.

« J'en ai eu besoin dès la première fois que je t'ai vu, c'était à la télévision. Je suis entré au parti dans l'espoir de te rencontrer et quand c'est arrivé, je n'arrivais pas y croire. J'ai pensé que c'était le destin, je ne voulais plus te perdre de vue, j'ai eu des tas d'idées bizarres, et une fois rentré chez moi je me suis demandé ce qu'il m'était arrivé. Parce que je ne m'étais jamais sentis comme cela, c'était assez effrayant, j'ai cru que j'étais devenu un fou dangereux parce que tu es exactement mon type d'homme et que je n'avais aucune chance. »

Il regarda Ulysses, l'air d'essayer de le sonder, on ne sait jamais, son compagnon tout juste retrouvé avait peut-être envie de fuir au loin avec tout ça. Il poursuivit ensuite, avec un air embêté.

« C'est aussi pour ça que je pense que tu as peut-être une mutation. Ce que tu dis, et la façon dont les gens agissent en ta présence, cela me donne l'impression que je ne suis pas le seul à ressentir des choses troublantes quand je te vois. »

Ce qui signifiait qu'Ivan était sous son emprise, lui mentait pour obtenir ce qu'il voulait et que quand il l'aurait obtenu il abandonnerait Ulysses comme tous les autres ? Ça méritait réflexion.

« Cela dit, physiquement, tu m'as déjà donné entière satisfaction et même plus, si j'ose dire, mais j'ai encore plus besoin de toi qu'avant. Peut-être que c'est parce que le sexe n'est pas ce que je recherche dans une relation, ou bien il y a autre chose. Ce qui est sûr, c'est que pour moi, tout est devenu très fort, très vite, et que c'est trop nouveau pour que je le comprenne vraiment moi-même. »

Tout ça n'était pas très rassurant, mais au moins ça avait le mérite d'être vrai, voire même plus vrai qu'il ne l'imaginait lui-même, car en effet, il y avait autre chose. Il y avait le pouvoir d'Ivan. Un pouvoir qui consiste à se lier aux animaux pour les influencer ou être influencé par eux, écrivit l'auteur en italique pour insister sur l'importance de la chose. Depuis l'apparition de son pouvoir, Ivan était régulièrement influencé par les animaux qui l'entourait et qui sait comment son esprit s'était adapté à ces dispositions inédites. Sans doute avait-il déployé quelque chose de léger, mais suffisant pour l'empêcher de sauter d'un pont pour sauver on ne sait trop quoi, ou partir chasser les chasseurs avec son 9 mm, et qui l'empêchait aujourd'hui de se comporter comme un rustre biker tatoué avec son compagnon, même s'il le séduisait complètement. Quelque part, sa moralité restait intacte, mais tiendra-t-elle éternellement ?

En attendant ce possible craquage, Ivan était parfaitement calme malgré la présence de l’envoûtant Ulysses à ses côtés et, bien conscient que ce qu'il avait raconté était un peu inquiétant pour l'avenir, il tenta de le rassurer au moins un peu.

« Je comprends ta méfiance, ne te sens pas coupable pour cela. Je peux juste t'assurer que je suis sincère quand je te dis que je t'aime, que j'ai besoin de toi, que je veux vivre avec toi… »

Il y eut un silence, Ivan fut un instant tenté de faire semblant d'avoir confondu avec "Sortir avec toi", mais il avait promis de ne plus mentir. Au lieu de ça il rougit jusqu'aux oreilles.

« Désolé, je sais que c'est bien trop tôt, c'est venu sans que j'y pense, pardon… »
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptySam 30 Mar - 22:09

Dire que quelques jours auparavant, tout lui avait semblé simple, près d’Ivan — le garçon le plus stable qu’il eût jamais rencontré, le calme incarné, le roc sur lequel s’écraseraient toutes les vagues de sa vie tumultueuse. Et il était là, avec ses problèmes, ses incertitudes, ses doutes, sur le canapé d’Ivan, qui était en fait un super-agent anti-terroriste armé jusqu’aux dents qui dressait probablement des écureuils à désamorcer des bombes. Mais enfin, à part son métier, Ivan était au moins un compagnon normal.



Ou pas.

Ulysses tenta de garder un visage relativement impossible, même si son instinct lui soufflait de prendre ses jambes à son cou et de mettre autant de distance que possible entre lui et le policier suédois qui l’avait traqué comme un pervers fanatique. C’était que d’ordinaire, les gens mentaient pour atteindre Ulysses, ou tenter de se cacher à eux-mêmes les comportements incohérents que le pouvoir du mutant éveillaient en eux, et Ivan était assurément la première personne à avouer tout bonnement qu’il pouvait remuer ciel et terre pour ses beaux yeux.

Le jeune homme avait la curieuse impression de se sentir pris au piège. L’idée qu’Ivan eût été tapi dans son ombre pendant Dieu seul savait combien de temps, peut-être dès le début de la campagne d’Orckmann, lors de la première apparition télévisée du secrétaire de presse fraîchement nommée, n’était pas faite pour le rassurer sur la santé psychologique de son petit ami et, pendant quelques secondes, il regretta presque qu’Ivan ne fût pas juste un touriste en mal de sexe à la recherche d’une histoire sans lendemain.

Ou alors, Ivan n’était pas un pervers psychopathe mais un jeune homme plein de bon sens et Ulysses était effectivement un mutant. Du coup, cela voulait dire qu’Ivan ne l’aimait pas vraiment, mais subissait l’effet d’un pouvoir, quelque chose de purement physique, comme une drogue. Voilà, Ivan était drogué au Lys et cette perspective n’avait rien de très valorisant. Ulysses avait désormais l’impression de devoir choisir entre la peste et le choléra et s’il s’était senti soulagé en s’expliquant avec son ami, il se sentait désormais parfaitement déprimant.

Puis terrifié, quand Ivan essaya de l’attirer dans un placard obscur pour l’enfermer jusqu’à la fin de ses jours — tout du moins fut-ce l’impression que lui fit la proposition qui avait échappé au Suédois. Ulysses regrettait d’avoir suggéré qu’il eût adoré vivre dans la jungle de la maison, soudainement très hostile à ses yeux. Ulysses tenta de se raisonner. Toutes ces craintes, sans aucun doute, étaient parfaitement déraisonnables. Après tout, Ivan était juste un petit peu trop enthousiaste.

Il s’agissait de gagner du temps.


— Hmm.

L’Américain fit un effort pour ne pas compter les issues éventuelles dans la pièce, mais se détourna d’Ivan pour s’asseoir à nouveau correctement sur le canapé, en laissant bien un coussin de distance entre lui et son petit ami, se pencha pour attraper sa tasse de thé et se mit à boire très lentement. Dire qu’il avait craint de se montrer trop entreprenant… Hélas, même les plus longues gorgées du monde avaient une fin et il était temps déjà de reprendre la parole.

— Je vois. Hm. Oui. Bien sûr. Je vois.

Il ne voyait rien du tout, parce qu’il n’avait toujours pas décidé si Ivan était fou, si lui-même était mutant, ni si les deux possibilités étaient ou non mutuellement exclusives. Le plus sage était peut-être de rompre séance tenante, pour éviter qu’Ivan développât une dépendance plus forte à quoi que ce fût que sa mutation hypothétique produisît (ondes cérébrales, phéromones) ou simplement pour ne pas laisser l’occasion au Suédois peut-être déséquilibré de lui arracher un doigt pour le conserver en souvenir.

— Écoute, peut-être que… Hm.

Décidément, il n’arrivait pas à reconstituer une image cohérente de son Ivan. Entre le gentil étudiant en biologie un peu timide qui militait pour les droits des harengs, le tireur d’élites qui calmait les zombies d’une balle entre les deux yeux et le malade mental qui le suivait dans la nuit jusqu’à chez lui pour renifler son paillasson, il avait l’impression d’avoir affaire à des personnes très différentes. Et s’il voulait bien des deux premières, la troisième l’inquiétait un peu plus.

Les yeux fixés sur sa tasse de thé, Ulysses avoua finalement :


— Tu m’as fait peur, là, Ivan.

Ulysses ne savait pas quoi dire de plus. Cette situation inédite le laissait parfaitement désarmé, et déchiré entre ses espoirs peut-être déçus, ses craintes pour une fois tout à fait rationnelles, son désir de rester pour bâtir une relation prometteuse et son instinct de survie, peut-être de mauvais conseil, qui le poussait à rester loin d’Ivan. Incapable de rester assis, il reposa sa tasse et se leva pour déambuler dans la pièce, en soulevant tel ou tel bibelot qu’il examinait d’un air distrait.

— Je ne sais pas, moi, un coup tu es tout calme, et l’autre tu m’annonces que tu m’as traqué pendant des jours. C’est… Je ne sais pas. Et cette histoire de mutation… Si j’étais un mutant, je serais au courant, tout de même. Alors tu dis peut-être ça pour… Je ne sais pas pourquoi tu dis ça. Je ne comprends pas.

Ulysses reposa une boule à neige à son emplacement d’origine et se tourna vers son ami. Aussi doucement que possible, il dit :

— Je ne veux pas vivre avec toi. On vient de se rencontrer. Enfin, moi, je viens de te rencontrer. Tu vas très vite et… Tu sais, je ne veux pas te faire de la peine, mais j’ai besoin de temps pour… M’habituer. Être apprivoisé, si tu préfères. Avec tout ce que tu me dis aujourd’hui, je ne sais pas où j’en suis.

Voilà : ses explications avaient été calmes et raisonnables et peut-être que si, sous le visage doux du Suédois, se cachait en réalité un fou furieux, une réponse semblable aurait le mérite de tempérer un peu ses ardeurs. Cela dit, Ulysses se voyait très mal poursuivre une relation sans savoir si Ivan était tout simplement cinglé ou sous l’influence d’un pouvoir. Comme il devait au moins à son ami le bénéfice de doute, il finit par se rendre et suggérer :

— Je vais aller faire une analyse de sang. Dans un de nos laboratoires. Tu peux m’accompagner, si tu veux. Ensuite… ensuite on verra.

Mais ils prendraient sa voiture et ce serait lui qui conduirait. On n’était jamais trop prudent…
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyDim 31 Mar - 0:10

Ivan était terrorisé, contrairement aux apparences actuelles, c'était un jeune homme censé et raisonnable, et il était parfaitement conscient que si quelqu'un venait lui confier ce genre de choses, il serait le premier à s'enfuir. La réaction d'Ulysses lui donna immédiatement l'impression que le monde s'écroulait, c'était sûr, cette fois il l'avait perdu pour de bon. L'angoisse de l'avoir fait fuir s'ajouta à la crainte d'être fou et à celle que d'autres pouvait devenir fou et s'en prendre à son Ulysses. Le ventre noué et la mine basse, il écouta l'ange désemparé, mais se défendit quand même d'une petite voix.

« Je ne t'ai pas traqué, j'ai juste rejoins le parti et tu es arrivé. Je ne savais pas que madame Orckmann pouvait venir comme ça, je ne suis pas familier de la politique américaine. Pardon… »

Ivan ne savait pas bien pourquoi il s'excusait, mais enfin, tout ce qu'il voulait été sauver ce qui pouvait encore l'être. Étrangement, il ne regrettait pas sa confession, d'abord parce qu'elle lui permettait de se débarrasser un peu de cette culpabilité honteuse qui le tiraillait depuis qu'il suivait la vie d'Ulysses – avec les journaux et pas en le suivant à la trace, caché dans un grand manteau noir. Ensuite parce qu'il voulait protéger l'éphèbe, le protéger de tout, lui compris. S'il était un fou dangereux, alors il valait mieux qu'Ulysses s'en aille, lui irait finir sa vie dans un monastère, quelque chose comme ça, peu importait les souffrances qu'il traverserait, faire du mal à son compagnon serait bien pire.

Le Suédois devait être à peu près aussi perdu et paniqué que son ami, il avait envie de partir se réfugier sous sa couette et la seule chose qui le retenait, c'était la peur qu'Ulysses croit qu'il se levait pour lui sauter dessus et l'enfermer dans un placard, ou qu'il profite d'une seconde d’inattention pour s'enfuir et tirer un trait définitif sur lui. La dernière réplique d'Ulysses lui apporta une toute petite bouffée d'air : son ami voulait quand même vérifier sa théorie. S'il ne le croyait pas, au moins il l'écoutait un peu.

« Je… veux bien venir… Mais c'est toi qui choisis, tu n'as pas à te forcer si je n'ai pas ta confiance. »

Il osa relever la tête vers lui un instant puis s'empressa de regarder ailleurs, vers l'escalier du hall. Il était un peu trop bien éduqué pour sortir avec son vieux jogging de dépressif et ses cheveux en bataille, même si son instinct lui hurlait de rester près de l'ange pour toujours. Il montra finalement le hall d'un air mal assuré.

« Je vais me préparer rapidement. Laisse-moi juste quelques minutes… »

Ivan se leva prudemment et fila dans sa chambre où il resta un moment à faire les cents pas en maudissant la succession de choses stupides qu'il avait faite depuis qu'il avait rencontré Ulysses, et toutes les raisons que l'ange avaient de le fuir ou le détester. Il avait plus que jamais l'impression d'avoir multiplié les bourdes, et celles-ci ne lui avaient jamais semblé aussi graves. Il faut dire que c'était Ulysses qu'il risquait de perdre, cette fois-ci. Rien ne pouvait être plus grave.

Ça y est, il recommençait à en faire trop, décidément la présence d'Ulysses le mettait vraiment dans un état pas possible. Après s'être douché, coiffé et habillé en quatre fois moins de temps qu'il en aurait fallut à Salem pour se faire un brushing, Ivan avait les idées un peu plus claires. Il était clairement mal barré. En gros il n'y avait que deux possibilités, soit Ulysses n'avait rien de spécial et il était un fou psychopathe, soit il était mutant, et tout ce que son petit cœur avait pu ressentir jusques-là ne voulait plus rien dire, c'était peut-être pire encore finalement. C'est sur ces pensées moroses qu'il descendit les escaliers et retrouva Ulysses dans l'entrée.

« Il va leur falloir combien de temps pour te donner les résultats ? »

Foutu pour foutu, Ivan espérait maintenant que le Hasard abrège ses souffrances au plus vite. Il suivit Ulysses jusqu'à sa voiture et une fois assis, voyant la méfiance de son camarade, lui souffla tristement.

« Je ne te ferais jamais rien de mal, tu sais. Ce que je t'ai raconté s'est imposé à moi, je ne m'étais jamais sentis comme ça, je… je ne sais pas… »

Voyant que le beau discours qu'il avait imaginé pour sa défense s'était perdu dans sa gorge, le policier se tut. Il avait maintenant trop peur d'aggraver les choses et de toute façon cela ne compterait pas pour Ulysses. Ulysses avait besoin de preuves, pour être sûr de son véritable métier comme pour le reste. Déprimé comme il l'était, Ivan jugea inutile de tenter de lui faire comprendre qu'il n'était pas fou sans un bon certificat de psychologue, grand minimum.
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Ulysses Winford

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyDim 31 Mar - 9:12

Ulysses se sentait monstrueux. Pas parce qu’Ivan l’avait convaincu que ses chromosomes dansaient à chacune de ses mitoses, mais parce que le Suédois avait l’air si brisé par la situation qu’il lui semblait que sa réaction était disproportionnée, inique, et qu’au contraire il eût dû accueillir toutes les déclarations de son petit ami avec une joie sans mélange. Après tout, n’y avait-il pas quelque chose de terriblement romantique ? Tout le monde ne rêvait-il pas d’exercer sur un bel inconnu une fascinante assez puissante pour le conduire à de semblables résolutions ?

Il aurait voulu dire que ce n’était pas grave, que c’était normal, point du tout effrayant, qu’il était juste un peu intimidé, simplement surpris, mais, au fond, flatté, mais son honnêteté naturelle l’empêchait de céder à cette facilité. Il avait levé ses beaux yeux vers Ivan qui s’excusait, ouvert la bouche pour dire quelque chose, n’importe quoi qui pût chasser, même un peu, la tristesse du visage de son compagnon, mais tout à fait désarmé, il avait fini par détourner le regard et hocher silencieusement la tête quand le Suédois décida de partir se préparer.

Ivan partit et Ulysses le suivit du regard, avant que ses yeux ne s’arrêtassent sur la porte du salon. Derrière, il y avait la porte d’entrée et derrière sa voiture. La solution la plus raisonnable était peut-être de profiter de cette diversion inespérée pour disparaître de la vie d’Ivan et soit échapper à un dangereux déséquilibré, soit sevrer un innocent et adorable jeune homme de l’influence néfaste de sa génétique défectueuse. Ulysses fit quelques pas pour regagner le vestibule, tendit la main vers son manteau et s’arrêta en regardant son reflet dans le miroir.

Non, objectivement, il était… il se trouvait… En vérité, il se sentait incapable de formuler le moindre jugement sur soi-même. Brusquement, il se rendit compte que même les efforts mentaux les plus considérables échouaient à cet exercice des plus simples : décider s’il était attirant ou non. Toute sa vie, il était passé sans s’en soucier devant les miroirs, il s’était arrêté pour se coiffer, rajuster un vêtement, mais jamais, vraiment, pour se regarder ; adolescent, il n’avait jamais eu à examiner sa peau à la poursuite des boutons, ni à s’inquiéter du dessin naissant de ses muscles ou de la taille de son membre viril. Toutes les petites angoisses physiques de la jeunesse lui avaient été épargnées et l’avait rendu quasi aveugle à l’image surnaturelle qu’était devenu son reflet.

L’autre jour, Ivan avait dit « symétrique ». L’Américain esquissa une moue perplexe et tenta de juger de la symétrie de son visage. Il sortit son téléphone, photographia son reflet et se concentra sur l’écran, dans le logiciel de découpe de l’image, pour compter les pixels à droite et à gauche d’une ligne qui passerait au milieu de son nez, de ses yeux, de ses lèvres. Il fut interrompu néanmoins par le retour d’Ivan. Levant le nez de son appareil, il força difficilement un sourire à l’intention de son ami.

Finalement, il ne s’était pas enfui. Il n’était pas certain de l’avoir jamais voulu. Il n’était plus certain de grand-chose. Silencieusement, il attrapa son manteau et quand Ivan l’interrogea sur le délai des résultats, il répondit machinalement :


— Je ne sais pas, je ne suis pas biologiste.

Ivan non plus, d’ailleurs. Ulysses se figea, rougit et s’empressa de préciser :

— Ce n’était pas… Je suis désolé, c’était maladroit. Je ne sais pas, on verra.

Il ne tenait pas absolument à souligner combien Ivan avait pu lui mentir depuis qu’ils s’étaient rencontrés et, surtout, il ne tenait pas à se le représenter à lui-même. S’il mettait bout à bout tout ce que lui avait dit son petit ami, il se trouvait loin d’être sûr de pouvoir résister à son instinct de fuite. Le silence était plus prudent et ce fut à nouveau dans une atmosphère pesante qu’ils regagnèrent la voiture et s’y installèrent.

Comme il se sentait coupable, la nouvelle remarque d’Ivan sur la pureté de ses intentions sonna comme un reproche aux oreilles d’un Ulysses toujours un peu prompt à s’emporter et le jeune homme répondit un peu sèchement :


— Si ça s’impose à toi et que tu ne sais pas où tu en es, je vois mal comment tu peux m’assurer que tu ne me feras pas de mal.

Nouveau silence. Ulysses poussa un soupir et murmura d’un ton un peu forcé :

— Désolé. Laisse tomber. On y va.

La voiture démarra et le jeune homme s’engagea dans les rues de New-York. Parce qu’il n’était vraiment pas disposé à faire la conversation ni à écouter le lourd silence qui emplissait le véhicule, il régla son autoradio qui tenait beaucoup plus de la chaîne hi-fi high tech incorporée et une paisible musique folk meubla leur mutisme.

Two Tongues by Mariee Sioux on Grooveshark

Il leur fallut une bonne demi-heure pour atteindre le campus et se garer devant un bâtiment dont le fronton indiquait : Winford Institute For Medical Research. Ulysses sortit de la voiture et s’arrêta une ou deux secondes devant l’entrée. Instinctivement, il tourna le regard vers Ivan, pour chercher dans la présence de son compagnon un peu de courage, mais précisément ce jour-là, c’était Ivan qui lui faisait peur. Il sentit des larmes de découragement lui monter aux yeux, papillonna des paupières, inspira profondément et se décida finalement à rentrer.

Une accorte réceptionniste les salua en des termes peut-être un peu dépourvus d’originalité :


— Bonjour, Monsieur Winford.
— Bonjour, Wendy.


Après quelques instants de muettes contemplations, la femme sembla se rendre compte que Monsieur Winford n’était pas entré seul. Elle posa les yeux sur le gamin mal coiffé qui l’accompagnait et avec une pointe de perplexité déclara :

— Bonjour Monsieur.
— Nous venons voir le Professeur Zumthor.
— Je vais le prévenir. Je vous laisse monter.
— Merci Wendy.


Pendant une bonne minute, alors que le couple rentrait dans l’ascenseur, Wendy était beaucoup plus occupé à regarder Ulysses, puis à rêvasser à toutes les choses qu’elle pourrait faire avec Ulysses, qu’à prévenir le professeur. Dans l’ascenseur, l’objet de ces rêveries appuya sur le bouton du dixième étage à côté duquel un panneau indiquait : Centre de Recherches en Thérapie Génique.

Alors que l’ascenseur montait, beaucoup trop lentement, les étages, Ulysses se retourna vers Ivan et déclara soudainement :


— Écoute, Ivan, je…

Un tintement sonore retentit, les portes s’ouvrirent et Ulysses se ravisa.

— …non, rien. Viens, c’est par ici.

Le jeune homme s’engagea dans le couloir vers un bureau tout au fond, dont la porte s’ouvrit avant qu’ils pussent l’atteindre pour laisser apparaître (en partie) un homme bedonnant et jovial d’une cinquantaine d’années, qui s’exclama avec un sensible accent germanique :

— Le trop errant Ulysses a rejoint sa demeure !
— Bonjour, Professeur.


Le professeur Zumthor serra vigoureusement la main d’Ulysses, avant de se tourner vers Ivan, les poings sur les hanches, et de déclarer d’un air terrible.

— Ach ! Vous m’amenez un nouveau cobaye. Parfait, parfait. On va lui scier la boîte crânienne.
— C’est mon compagnon. Professeur Zumthor, Ivan Strömberg. Ivan, Professeur Karl Zumthor.
— On le découpera plus tard alors. Entrez.


Le tonique tonneau Zumthor accomplit une révolution sur lui-même pour pénétrer dans son bureau, talonné par Ulysses et Ivan. Le politicien fit signe au policier de s’installer sur l’une des chaises devant le bureau encombré de rapports du médecin et s’assit à son tour.

— Strömberg, Strömberg, c’est suédois, ça, ja. Je me souviens d’avoir vu ce nom partout au port.

Pendant que le professeur fouillait ses papiers pour retrouver ses lunettes, Ulysses donna un petit coup de coude à Ivan et indiqua d’un geste de tête deux des documents encadrés sur le mur, derrière le savant. Un Prix Nobel de médecine et un Prix Noble de Chimie. Le mur du reste était couvert de prix et distinctions en tout genre.

— Ah ! Voilà !

L’exclamation de Stentor du professeur manqua de faire sursauter Ulysses.

— Ça n’a pas l’air d’aller très fort, vous deux. Vous voulez un scotch ?
— Non, merci, professeur, c’est gentil.
— Un double scotch ?
— Vraiment, non…


Zumthor haussa ses monumentales épaules avant de se pencher en avant.

— Alors, qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Vous voulez mélanger vos ADNs pour concevoir un enfant ?
— Quoi ? Non !



C’est possible, ça ?

— Évidemment. Mais enfin, puisque vous ne voulez pas, ce sera pour plus tard.
— Euh…
— Vous voulez les derniers résultats du Centre ?
— En fait…
— Je dois avoir un rapport quelque part.


Il se remit à farfouiller dans ses papiers.

— J’ai vu Frau Winford, votre mère, la semaine dernière. Ah, quelle femme, vraiment, quelle femme !
— Hmm…
— Vous ne m’en voulez pas dire cela ?
— non… Écoutez, professeur…
— Ah, voilà ! Donc, ce mois-ci, nous avons entamé des manipulations dans le cadre des recherches sur les dégénérescences précoces de la…
— Professeur !


Ulysses avait élevé la voix dans un ultime effort pour couvrir celle du savant. Lequel s’interrompit et releva les yeux vers son donateur.

— Ja ? Vous voulez un scotch, finalement ?
— Non. J’ai besoin… j’ai besoin d’une analyse génétique.
— Une analyse génétique ?
— Oui.
— De quoi ?
— Mon sang.
— Si vous vous inquiétez, je peux vous conseiller d’excellents médecins et des laboratoires médicaux qui…
— Il faudrait que ce soir discret.
— Hmm…
— …et rapide.
— Ulysses, qu’est-ce qui ne va pas ?


Ulysses détourna le regard et glissa timidement :

— J’ai besoin que vous déterminiez la présence ou l’absence du gène X.
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyDim 7 Avr - 13:42

Dès qu'Ulysses laissa entendre qu'il était peut-être un psychopathe sans le savoir, et qu'il ne pouvait donc rien jurer quant à sa dangerosité, Ivan cessa d'essayer de s'expliquer. De toute évidence, à part cette prise de sang, rien ne pourrait convaincre Ulysses qu'il n'était pas fou. Lui-même commençait sérieusement à douter, il revoyait ces films où des tueurs en série tapissaient des murs entiers de photos deleurs victime,s avant de les kidnapper pour leur faire tout un tas de choses bizarres. Est-ce qu'il était comme ça ? Il n'avait pas l'impression que rejoindre le parti parce qu'il s'y était intéressé après avoir vu l'ange soit si grave. Et ils ne s'étaient rencontré que par hasard, ce n'était pas comme s'il l'avait traqué partout ou il ne savait quoi d'autre. À moins que ce ne soit que la première étape, et qu'il allait progressivement devenir comme ça. Son compagnon semblait en être persuadé, et même si Ivan tentait de se convaincre qu'il avait bien fait de parler, il le regrettait de plus en plus, surtout que ses arguments lui semblaient de moins en moins légitimes pour appuyer sa théorie sur une éventuelle mutation de son ami. Ulysses était beau, merveilleusement beau, n'était-ce pas lui qui devait avoir un problème, à trouver cela étrange ?

Même si son regard était le plus souvent baissé, il arrivait parfois qu'Ivan jette des coups d'œil dérobés à Ulysses. Et à chaque fois cette même beauté lui éclatait au visage, il y avait quand même quelque chose, ou bien il était vraiment fou. Rien à faire, il n'arrivait pas à tirer ça au clair. Quand Ulysses ouvrit de nouveau la bouche, dans l’ascenseur, le Suédois leva vers lui un regard plein d'espoir. Il ne savait pas vraiment ce qu'il espérait, d'ailleurs, quelque chose qui pourrait laisser entendre qu'ils pourraient surmonter tout ça. Mais rien ne vint.

La rencontre avec le professeur eut au moins l'avantage de le distraire un peu de toutes ces histoires, après lui avoir indiqué qu'il était bien de la famille qui gérait une bonne partie des ports allemand, il le regarda aller et venir dans son bureau d'un air intrigué. Jusqu'à ce qu'Ulysses parle du gène X. Il eut un moment de silence pendant lequel Zumthor regarda Ulysses, avant de poser un regard pour le moins méfiant sur Ivan, qui se sentit presque obligé de s'expliquer.

« Ce n'est absolument pas sûr, j'ai juste remarqué quelques… petites choses… nous aimerions avoir une confirmation… »
« Les mutations ont lieu à l'adolescence, il est très rare qu'une personne atteigne l'âge adulte sans remarquer de changements. »
« Je m'en doute… »

Ivan se ratatina un peu sur sa chaise, le professeur était devenu très méfiant à son égard, et semblait presque croire qu'il avait tout inventé, lui aussi.

« Allons dans le laboratoire. »

Peu importes où, peu importes comment, et peu importes qu'il eut besoin de faire venir des infirmières ou je-ne-sais quoi, Ulysses eut droit à son test. Et puisqu'on peut balancer des satellites dans l'espace, faire des tests de paternité en envoyant des cotons-tiges à des laboratoires espagnols et jouer à angry birds sur son téléphone, les résultats tombèrent en moins d'une heure. De retour dans le bureau, un Ivan plus que nerveux observait un Zumthor pour le moins songeur.

« C'est négatif. »

Ivan écarquilla les yeux, alors il était fou ? Son cœur se serra, il n'osait même pas regarder Ulysses qui, de toute évidence, devait maintenant le haïr.

« Je suis… vraiment… »
« J'espère que la prochaine fois vous réfléchirez avant d'insinuer ce genre de choses. Maintenant, sortez, laissez-nous une minute. »

Ivan, blême, ne se fit pas prier, il quitta le bureau, et après avoir fermé la porte, tenta de reprendre son calme. Il n'arrivait pas à croire que tout ça n'était que le fruit de son imagination, et les paroles de Salem, alors ? Quoique l'adolescent n'avait fait que constater qu'Ulysses était trop parfait, c'était peut-être étrange d'une certaine façon, mais ça ne voulait apparemment rien dire. Il lui fallait un psy. Dans le bureau, l'ambiance était tendue, le regard sérieux du professeur était maintenant rivé sur Ulysses.

« Vous n'auriez pas dû venir ici avec quelqu'un, imaginez si une affaire comme celle-là s'ébruite. Depuis combien de temps connaissez-vous ce garçon ? Qu'a-t-il remarqué de spécial ? »

Puis, après un soupir, il lâcha comme à regret.

« Le test est positif. Pour votre propre bien, cette information ne devrait pas sortir de cette pièce. Vous auriez beaucoup à y perdre. »
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Ulysses Winford

Ulysses Winford
Mutant de niveau 1

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Ééa (Ivan) Vide
MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyDim 7 Avr - 14:12

Zumthor était un professeur poule. Ulysses lui avait toujours fait l’effet d’un ange tombé des cieux qui avait besoin d’être protégé dans ce monde de brutes et il connaissait les Winford depuis assez longtemps, depuis des décennies à vrai dire, pour se sentir une certaine responsabilité à l’endroit du dernier-né d’un clan en voie d’extinction. Bref, comme un nombre considérable des personnes qui fréquentaient régulièrement le mutant, Zumthor avait été subjugué par son aura et s’était fait un devoir de le mettre à l’abri contre les intentions peu louables du monde entier.

La manche de la chemise toujours relevée, Lys regardait le coton maintenant par du sparadrap médical, à l’endroit de la prise de sang, alors qu’Ivan refermait doucement la porte derrière lui. Le jeune homme ne savait guère s’il devait être soulagé ou dévasté. Il était normal et donc Ivan était fou. Pendant quelques secondes, il songea qu’il eût préféré être anormal et qu’Ivan ne fût pas fou, mais alors Ivan n’eût été attiré que par son anormalité. Mais son anormalité n’eût-elle pas été une part de sa personne ? Et…

Alors qu’Ulysses se perdait, et dans la contemplation de sa blessure de guère, et dans ses inextricables considérations existentielles, la voix de Zumthor, dans un murmure prudent, rompit le silence lourd du bureau. L’Américain releva les yeux, un peu étonné par ces questions que le résultat du test avait finalement rendu superflues mais il avait ouvert la bouche pour y répondre malgré tout quand le couperet tomba.

Tel un Rimbaud dans son bocal, le mutant fraîchement découvert referma la bouche. Un long silence s’installa. Des épisodes épars de son existence revenaient à sa mémoire : des bagarres provoquées par sa simple présence, des garçons qui se découvraient une brutale passion pour les garçons, des prétendantes un peu trop insistantes, des regards lubriques qui le suivaient constamment. Ivan. D’une voix lointaine, à peine audible, il souffla :


— Il me trouve trop beau…
— Pardon ?

Ulysses s’arracha à ses réminiscences, releva des yeux verts perdus vers Zumthor et répéta d’une voix plus intelligible :

— Ivan. Il me trouve trop beau.

Zumthor ne répondit rien et considéra pendant quelques secondes Ulysses. Il l’avait vu grandir depuis le berceau jusqu’à lors et ce jour-là en effet, en l’observant bien, il comprenait que l’affection qu’il avait pour lui n’était pas fondée uniquement sur l’habitude ni sur l’excellent caractère du jeune Winford et la pensée que depuis quelques années, il s’était joint à ces motifs des plus louables un intérêt inconscient plus charnel le mit mal à l’aise. Il détourna le regard et renouvela l’une de ses questions :

— Vous le connaissez depuis longtemps ?
— N… Non. Quelques semaines. Il est…

Ulysses sourit tristement.

— Il dit qu’il est amoureux de moi.
— Vous devriez le quitter.

Zumthor s’était exprimé avec une vivacité et une précipitation dont il ne mesura l’étrangeté qu’après avoir parlé. Ulysses fronça les sourcils.

— Je voulais dire…
— Professeur…
— Vous devez être plus prudent, et…
— Ma présence vous dérange ?

Nouveau silence. Zumthor avait baissé les yeux et triait nerveusement des papiers. Au bout d’un moment, il confessa :

— Je vous connais depuis votre enfance. Je ne veux pas… Je ne peux pas…
— C’est bon. J’ai compris.

Ulysses se releva, mit rapidement son manteau et lâcha avant de sortir, d’un air peiné :

— Merci. Pour le test.

Zumthor hocha vaguement de la tête et Ulysses sortit pour se retrouver nez à nez avec Ivan, qui était donc un jeune homme tout à fait équilibré victime de son influence néfaste. Ulysses le considéra silencieusement. La tentation était grande de s’en tenir au mensonge de Zumthor, de prétendre que néanmoins il le pardonnait de ses égarements et de se donner le beau rôle, pour conserver… il ne savait pas trop quoi, une pseudo-relation entièrement faussée.

— C’est positif. Zumthor a menti. Vous aviez raison.

Les mots étaient sortis tout seul. Des pseudo-relations, Ulysses en avait eu beaucoup et la dernière en date, avec Adam, s’était terminée en enfer. Il n’avait pas débarqué trois jours plus tôt dans le salon d’Ivan en lui reprochant ses mensonges pour l’embarquer dans une tromperie plus considérable encore. Il jeta un regard à la porte du bureau à côté de laquelle ils se tenaient.

— Viens, je te ramène chez toi…

Les deux hommes s’engagèrent dans le couloir pour regagner l’ascenseur, le rez-de-chaussée, la voiture bientôt, dans un silence opaque. Une fois assis devant le volant, Ulysses, qui avait marché d’un pas un peu automatique, se sentit envahi par un découragement. Il n’avait pas encore pris pleinement conscience des implications de cette découverte, mais une chose était sûre : il venait de perdre Ivan et avec lui, tout espoir de nouer la moindre relation affective valable.

— Je ne dois pas être très puissant, sinon, je m’en serais rendu compte avant. Je suppose que tout cela te passera après quelques jours. On va arrêter de te voir et comme ça, tu seras sevré. Guéri. Tu seras…

Ulysses avait commencé à pleurer — pleurer comme il était seul capable de le faire, en dehors des personnages de cinéma : sans renifler, sans rougir, lentement, silencieusement, avec une dignité belle et émouvante.

— Tu vas tellement me manquer, mon ange…

Tout bas, il répéta, comme pour se le marteler à soi-même :

— …tellement me manquer…
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Ivan Strömberg

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MessageSujet: Re: Ééa (Ivan)   Ééa (Ivan) EmptyMer 17 Avr - 10:04

Ivan allait et venait devant la porte du bureau de Zumthor, il se sentait complètement anéanti. Négatif, le test était négatif. Alors il avait tout imaginé, cette attirance irrépressible, son besoin de le voir, ou cette beauté surnaturelle. Le pire, c'était qu'il avait beau tenter d'y réfléchir posément – enfin, autant que le lui permettait sa panique, Ivan n'arrivait pas se dire que tout ça n'était que dans sa tête, il y avait eu les paroles de Salem, la façon d'agir des gens… il l'avait mal interprété ? Il se sentait parfaitement cinglé et flippant en cet instant. C'était officiel, il lui fallait un psy. Et qu'est-ce qu'Ulysses devait penser de lui, maintenant ? En fait il devait être terrorisé, sans aucun doute. Le Suédois eut brutalement envie de filer sans demander son reste, c'était peut-être le mieux, mais l'envie de voir son ami encore, l'espoir stupide qu'il lui pardonnerait peut-être le poussait à rester là.

Il se figea quand la porte s'ouvrit et son regard paniqué s’arrondit légèrement quand Ulysses lui révéla le mensonge du professeur. Il aurait dû se sentir soulagé, ce ne fut pas le cas. Ses inquiétudes sur sa santé mentale se muèrent instantanément en tristesse, il imaginait combien il devait être difficile pour Ulysses de découvrir une chose pareil et s'en voulu encore d'avoir été l'oiseau de mauvaise augure qui lui avait fais cette révélation sans penser aux conséquences. Il resta silencieux tandis qu'ils se rendaient à la voiture, Ivan aurait aimé trouver quelque chose de rassurant à dire, mais il était lui-même trop engourdi par la succession d'émotions qu'il avait ressenti en quelques heures pour trouver ne serait-ce qu'un début de phrase.

Et ce n'était pas fini, dans la voiture, Ulysses décida de l'achever une bonne fois pour toutes. La nouvelle lui tomba dessus comme un couperet, c'était fini ? Cette idée lui paraissait encore plus surréaliste que sa folie supposée ou la mutation d'Ulysses, il ne pouvait pas vivre sans lui. Dans la panique, il tenta.

« Je ne veux pas guérir ! Je suis sûr qu'il n'y a pas que ça entre nous, et puis on s'est déjà séparés quelques jours. Je t'en supplie… »

Il attrapa le bras d'Ulysses avant de se poser des questions sur son attitude, est-ce qu'il en faisait trop ? Il était flippant ? Est-ce que c'était à cause du don de son ami qu'il agissait comme ça ? Il avait beau vouloir rester auprès de lui, il lui fallait aussi des réponses. C'était peut-être le mieux, au finalement. Il croisa les bras pour s'empêcher d'avoir d'autres gestes qui, vu la situation, étaient plutôt déplacés, et tenta de s'intéresser au paysage qui défilait même si ses yeux glissaient très régulièrement sur son camarade. Son cœur se serra quand ils atteignirent sa rue et la voiture finit par s'immobiliser devant sa maison. Ivan ne descendit pas immédiatement, mais posa un regard curieusement déterminé sur son ange.

« Un mois, si au bout d'un mois sans te voir, même pas à la télévision, je ressens toujours quelque chose pour toi. Est-ce que tu me laisses le droit de t'appeler ? »

Sa détermination flancha un peu.

« Ou… quinze jours… ? »

Ivan posa un dernier regard malheureux sur son ami, il ne voulait pas partir, le temps aurait pu s'arrêter là que ça ne l'aurait dérangé. Mais finalement, en se faisant violence, il détourna les yeux de son fascinant compagnon et ouvrit la portière.

« Je t'aime, j'en suis sûr… J'espère que tout ira bien pour toi… »

La portière claqua et Ivan préféra rentrer chez lui sans se retourner pour ne pas être tenté de revenir en arrière. Les larmes dévalaient déjà ses joues quand il passa la porte d'entrée. Il se réfugia alors dans son salon et, vautré sur son canapé, regarda ses poissons d'un œil morne, il se sentait tout de même un peu mieux dans cet environnement, mais était loin d'oublier Ulysses. Il avait envie de prendre son portable tout de suite pour lui dire que c'était stupide de se séparer alors qu'ils étaient tellement bien ensemble. Le merle atterrit sur la table basse avec sa toute récente compagne – maudit printemps. Puis ce fut l'écureuil, qui ne le quittait plus même s'il était maintenant en parfaite santé, qui lui atterrit dans les cheveux – et s'y perdit à jamais. Malgré la tristesse, un faible sourire se dessina sur les lèvres du Suédois. Il se demandait vraiment comment les gens faisaient pour vivre sans animaux pour leur remonter le moral.

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