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 Faire du bruit, produire du sens

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Ashley Blumenthal

Ashley Blumenthal
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MessageSujet: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMer 24 Oct - 21:00

De tout le spectre émotionnel d'Ashley, le stress était certainement celui qu'il maîtrisait le moins bien et qui le laissait le plus vulnérable. À moitié assis sur une banquette, le dos droit, son sac par terre, les bras ballants, il respira profondément plusieurs fois et, levant enfin les bras, se lança.


*

Plus tôt

Dans la galerie marchande noire de monde, un groupe d'étudiants parmi d'autres se baladaient, flânaient sans but très précis, après les cours finis tôt dans l'après-midi. Parmi eux notamment, Ashley qui les accompagnait à peu près silencieusement, à son habitude écoutant plus que parlant, observant le flux des autres, regardant les devantures des magasins.
Ces compagnons, tous comme lui plus ou moins philosophes, étaient très engagés dans une discussion sur la culture, le marché de la culture, et, sur ce point, Ashley n'était pas très surpris de constater que ce marché était plutôt froidement vu. Les exemples fusaient de stars éphémères et créations sans originalité, les analyses s'engageaient vers des modes, vers une vision du public comme suivant la mode plutôt que se forgeant individuellement son opinion ou, de manière équivalente, adulant les stars d'un jour sans s'intéresser réellement à leurs productions. Il intervint pour leur demander s'ils croyaient, peut-être, que l'art pouvait être apprécié par n'importe qui ; si c'était quelque chose d'universel, ou peut-être d'accessible et, s'ils avouaient tous que ce n'était pas universel, tous professaient l'existence de degrés divers et échelonnés d'arts.

*


Ses doigts filaient sur le clavier avec une aisance incertaine, mais de plus en plus forte. L'étude était simple, une longue ligne mélodique enrobée d'un flot d'arpèges, typiquement romantique et en un sens, si léger qu'aérien. Il ferma les yeux un instant, oubliant autour de lui le monde affairé, les passants de toutes directions, songeant seulement à cette mélodie céleste.
Et, à ce moment où il avait enfin trouvé le calme, quelques arpèges, et le morceau s'achevait sur une note légère, suspendant le temps...

Du moins en théorie – en pratique, la plupart des gens alentour passaient sans s'attarder, indifférents à cette attraction singulière que consistait un piano à disposition au cœur d'un grand centre commercial. Quelques-uns tout de même, des fidèles, avaient écouté et restaient, curieux. On lui souffla un « bravo ! » vigoureux qu'il n'entendit pas : sa concentration revenue, ses mains s'étaient reposées sur le clavier... puis bientôt ses bras.

C'était un morceau d'une difficulté particulière, mais qui avait un avantage : personne ne se rendrait compte de toutes les fautes qu'il faisait. D'ailleurs, le jeu du pianiste devait être satisfaisant puisqu'autour de lui, les auditeurs se recyclaient, mais devenaient plus nombreux. Spectacle insolite. Les passants jetaient presque tous au moins un coup d'œil vers le piano d'où venaient des sons étranges et violents. Le gardien se demanda également si c'était une utilisation très réglementaire du piano, mais ne fit rien. Il n'eut certainement pas le temps de se décider puisque le peut-être sacrilège dommageable finit, somme toute, rapidement, et le fauteur de troubles se leva en reprenant son sac et, constatant des figures diverses mais toutes curieuses ou étonnées et aucune admirative, ne trouvant parmi eux aucun écho positif, se rapprocha de ses camarades un peu ahuris, et leur dit nonchalant :

« C'est dommage que le piano soit assez faux, personne n'a l'air d'avoir apprécié. »






Écoute : Chopin, Etude Op. 25 No. 1 ; Cowell, The Hero Sun ou : vidéo (yay, clusters !).
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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyDim 28 Oct - 12:02

Ah, les courses, quelle purge, cela ne faisait que quelques semaines qu'il vivait seul et déjà Salem n'en pouvait plus de toutes ses heures de perdues dans les grands magasins. Le pire, c'est que ça coûtait cher, bien plus qu'il ne l'avait imaginé lorsqu'il accompagnait sa mère spécialement pour remplir le chariot de produits non recommandés par les nutritionnistes.

Comme d'habitude, il sortit du coin supermarché avec dans les mains deux poches pleines de choses pas vraiment mangeable, à part des pâtes et des surimis il n'avait rien trouvé de mieux à prendre que deux bouteilles de soda et toute une collection de biscuits apéritif. Les derniers magazines de comics sous le bras, il suivit le mouvement de la foule dans la galerie marchande, ralentissant régulièrement lorsque son regard tombait sur des tenues qu'il ne pouvait pas s'acheter exposées dans les vitrines.

Il ne remarqua pas tout de suite que la foule l'emmenait vers un endroit précis de la galerie, où un drôle de rassemblement avait lieu. La musique le détourna finalement de ses envies de shopping, enfin, la musique... le bruit plutôt. Salem n'avait pas franchement l'oreille musicale, mais il lui arrivait tout de même d'apprécier des musiques loin de celles qui passaient en boucle sur les plus grosses radios du pays. Mais là, quand même, ça ne ressemblait pas à grand-chose de son point de vue, ce n'était pas avec ça que cet « artiste » allait gagner le moindre cents.

Ou alors il attendait qu'on le paie pour qu'il s'en aille, l'idée était osé, en tout cas cela attira assez l'attention de Salem pour qu'il se fraie un chemin parmi les badauds à coup de sac de courses. Première surprise, l'artiste était beaucoup plus jeune que le clochard ivre qu'il avait imaginé, il avait l'âge d'être étudiant, quelque chose comme ça. Ensuite, s'il n’appréciait toujours pas le bruit qu'il faisait, il resta subjugué par les mains du garçon courant sur le clavier. Il y avait dans ses gestes une maîtrise qu'il n'aurait pas soupçonnée avant de l'avoir vue. Ce type ne jouait pas au hasard, en fait, même si le sens de cette « musique » lui échappait complètement.

Peu après son arrivée, le carnage prit fin, la foule se dissipa alors que le garçon rejoignait un groupe de jeunes assez proche de Salem pour qu'il entende ceux qu'il leur dit, il le put retenir un léger rire.

« Elle est bidon ton excuse, on peut pas rater une chanson au piano, suffit d'appuyer sur les touches, non ? »

La méconnaissance de Salem en matière de musique était abyssale, il n'avait jamais joué d'aucun instrument, jamais chanté, et passait de toute façon trop de temps à se concentrer sur ce qu'il voyait pour se préoccuper de ses autres sens. Cependant on ne pourrait pas lui enlever que si sa musique avait eu si peu de succès c'était qu'elle était un peu trop étrange pour le commun, le piano n'avait rien à voir.

Pour ne pas mourir idiot, et parce que de toute façon il ne pouvait pas faire pire que le garçon d'avant – si ? – Salem laissa choir ses courses au pied du piano et tenta quelques notes au hasard. Il essaya après quelques tests de jouer le thème d'un de ses jeux favoris – un certain Halo – mais comme il utilisait uniquement ses index pour jouer la mélodie était assez difficile à identifier. Il n'y arrivait pas, et il n'aimait pas du tout se sentir vaincu, surtout par un vulgaire tas de bois.

Salem s'arrêta soudain, les mains au-dessus des touches et l'air concentré, il n'avait vu quelqu'un jouer du piano qu'une fois dans sa vie. C'était dans cette même galerie, sur ce même piano, ce même jour, il ne lui fallut cherché très loin pour revoir les doigts du garçon filer sur les touches. Après quelques secondes silencieuses, Salem tenta de rejouer le peu qu'il avait vu, au moins il utilisa tous ses doigts, pour le reste c'était une autre histoire, il ne produisit qu'un long chapelet de fausses notes qui n'avait qu'un très lointain rapport avec la musique initiale. Il ne comprenait pas, s'il appuyait sur les même touches à peu près au même moment ça devait donner à peu près la même chose même sans avoir la dextérité du type d'avant. Il fallait croire que non, il s'arrêta rapidement, l'air passablement agacé.

« T'as raison, ce truc ne marche pas, c'est n'importe quoi. »

Verdict sans appel, il fallait jeter ce piano, point barre.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyDim 28 Oct - 13:12

Ses amis restaient stupéfaits par la performance invraisemblable d'Ashley, et surtout sa conclusion paradoxale, dont ils voyaient bien l'ironie, mais en ignoraient l'origine – c'est qu'ils ne virent pas si vite le lien avec leur discussion précédente et ne s'imaginaient pas que tout ça, c'était comme une taquinerie du jeune homme, peut-être trop subtile. Ils rirent quand même ; parce que cette excuse était trop forte, parce qu'il fallait avoir un certain culot pour jouer un truc comme ça en public et parce que, vraiment, c'était n'importe quoi, mais c'était drôle.
Ashley se retourna quand il entendit le rire proche d'un autre jeune, et il aurait eu beaucoup de choses à répondre au critique s'il avait été plus acerbe – souligner l'ironie, lui dire que parler de « chanson » au piano était une abomination de vocabulaire, et surtout que non, définitivement, il ne suffit pas d'appuyer sur des touches et que c'était aussi stupide de penser cela que de croire que pour devenir champion du monde de tennis, il suffit de taper sur la balle. Mais, donc, Ashley était trop conciliant de nature pour même songer à ces répliques et plutôt que de répondre, regardait le jeune homme se diriger, curieusement, vers le piano, poser ses courses et s'asseoir. Mais il n'y eut pas de miracle, et celui qui avait semblé aussi ignorant en matière de musique – ou même de manquer d'un tant soit peu de bon sens – le resta en pratique. Il avait l'air de chercher une mélodie, voulait jouer quelque chose mais n'y arrivait visiblement pas...

« Bon. On y va ? »

Dan était pressé et les avait prévenu qu'il devait partir avant 17h. Ils commencèrent à marcher, à contourner le piano, et Ashley, un peu traînant, s'arrêta soudain, leur demanda d'attendre, regarda le jeune et inexpérimenté pianiste.
Une petite minute s'écoula au bout de laquelle Ashley, reposant sur le côté du piano, vit le Salem relever la tête, et, toujours dans une profession de crédulité à toute épreuve, à peu près affirmer que le piano était bon à jeter. L'étudiant le regardait, l'air interloqué, fut silencieux un moment, pensif, puis sourit.

« Wow... Vous avez une mémoire incroyable. »

Son expression de curiosité et d'admiration face à la surprise et son ton ne laissaient pas de doute quant à sa sincérité. C'est qu'il avait reconnu, à travers le rythme, les accords, même un peu la mélodie, une reproduction maladroite de ce morceau qu'il venait de jouer – et c'était d'autant plus incroyable que le jeune en face de lui n'avait vraisemblablement aucune pratique musicale, que le morceau était d'une grande densité, en nombre de notes comme en complexité de ses phrases.

« Vous avez raison... il suffit d'appuyer sur les touches ! Mais on n'appuie pas, comment dire, n'importe comment. »

Il sembla un peu gêné : c'est qu'il ne voulait pas dire par là que l'adolescent jouait n'importe comment – mais d'un autre côté, il ne pouvait pas non plus vraiment préciser que ce n'était pas le cas.

« Je veux dire, par exemple, ça et ça, ce ne sont pas la même chose. Ou ça, par exemple. »

Et sur une même touche, à chaque « ça », il produisit des sons clairement différents.

« Je plaisantais tout à l'heure... enfin, le piano est un peu faux, c'est vrai, mais ça va, il sonne bien. »

Il jeta un œil à sa droite, d'où venait Dan. Ils échangèrent quelques mots : oui, il arrivait, il discutait juste. S'ils avaient envie, ils pouvaient continuer, il l'appellerait sur son téléphone tout à l'heure pour savoir où ils étaient, d'accord ?

« Enfin, bon. C'est épatant, votre mémoire... si vous faisiez du piano, je suis sûr que vous auriez réussi à le jouer ! »

Ce qui était, Salem l'ignorait peut-être, un exploit surhumain.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyLun 29 Oct - 14:53

Salem n’avait pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit d'incroyable, lui qui n'avait déjà pas été très sensible à l'interprétation du garçon – c'est le moins qu'on puisse dire – jugeait avec sévérité l'espèce de cacophonie qu'il venait de produire. Quelque chose lui échappait sans aucun doute. Ashley lui fournit un début d'explication, effectivement, ça, ça et ça, ce n'était pas la même chose.
Curieux, il essaya à son tour sur une touche, puis une autre, puis une autre, ça, ça et ça, sans doute y allait-il un peu rudement avec le pauvre clavier, mais il réussit quand même à produire des sons différents.

« D'accord... C'est un peu plus compliqué que je pensais. Ça marche avec les noires aussi ? »

Salem essaya, tout en dénombrant sans vraiment y penser 88 touches sur le piano, ça faisait déjà 264 sons différents en imaginant que le jeune homme lui ai tout dit, ce qui n'était sans doute pas le cas. Et puis il y avait des pédales qui n'étaient probablement pas là juste pour décorer. Tout ça était donc nettement plus compliqué qu'il ne l'avait cru au premier abord. Ce qui n'empêchait pas Salem d'avoir une confiance aveugle dans ses capacités, bien sûr, si on lui avait dit avant qu'on pouvait faire ça, ça et ça, il aurait reproduit le morceau à la perfection ou presque, ça ne faisait pas de doute.

« Ouais c'est sûr j'aurais pu le faire, c'est pas si difficile que ça, enfin, un peu quand même. Ah et, tu peux me tutoyer, hein, j'ai que dix-huit ans. »

Salem ne se souvenait pas d'avoir déjà été vouvoyé comme ça, c'était d'autant plus étrange que son camarade pianiste était jeune. Le « vous » lui donnait l'impression d'être un vieux père de famille, pas très glamour comme image, surtout qu'il ne s'était jamais vu dans ce rôle et depuis sa rencontre avec un certain Adam cette perspective était encore plus improbable.

Penser à lui rappela à Salem une triste réalité, il était un mutant, le monde n'était donc pas tout à fait sûr pour lui. Il se demanda soudain s'il n'avait pas fait preuve d'imprudence, après tout le garçon venait de vanter sa mémoire, deux fois. Il fallait en déduire, sans aucun doute, qu'il n'avait pas fait quelque chose de très normal, encore heureux qu'il n'ait assisté qu'à une toute petite partie du show sinon il aurait vraiment été grillé. Après s'être intérieurement traité de sombre crétin, Salem tenta de détourner habilement le sujet sur autre chose que lui et ses capacités en interrogeant le garçon.

« T'es étudiant en musique ou quelque chose comme ça ? Il t'as fallu combien de temps pour apprendre à jouer ce... truc trop bizarre ? »

Malheureusement Salem n'était pas vraiment à son aise pour ce qui était de parler musique, il en écoutait, beaucoup, mais c'est à peine s'il différenciait Rihanna de Mariah Carrey, alors identifier un concerto pour piano ou un bidule en ré mineur ce n'était pas pour tout de suite. L'inculte piétina donc une fois de plus l’œuvre de Cowell sans la moindre pitié.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyLun 29 Oct - 22:10

En quelque sorte, Ashley était d'une patience à toute épreuve et aurait fait un excellent pédagogue au moins à cet égard, et il regarda l'application curieuse de Salem aux touches de piano des trois différents sons qu'il avait produits sur une note avec un certain intérêt. Parce qu'intéressé, il l'était assurément : nouer des liens sociaux était pour lui un art de vivre, et il ne croyait pas que, parce qu'il ne verrait vraisemblablement plus jamais son interlocuteur quelques minutes plus tard, une fois quittés, cela marquait d'insignifiance leur rencontre – même c'était pour lui le contraire et il était ravi quand une conversation de quelques minutes, dans un train, dans une salle d'attente, prenait place et qu'il parvenait à partager un peu la vision du monde de l'autre à qui il parlait. Il allait à la rencontre de ces mondes et ces cultures, avenant avec l'étranger, conscient aussi qu'étranger, il ne l'était que faiblement : il ne suffisait que de quelques mots, d'une discussion engagée, pour que ce caractère disparût, qu'il connût l'étranger devenu humain et connaissance.
Paradoxalement peut-être, s'il avait si peu de réserves à une première rencontre, il n'avait personne qu'il lui semblait le connût en profondeur, et réciproquement. C'était que l'heure n'était jamais à l'épanchement : les grandes phrases, les pensées vraies et profondes sur le monde, toute l'humanité en Ashley n'apparaissaient jamais que voilées, passées à travers le prisme de ses actions ; c'était sa faiblesse de tolérance face aux opinions qu'en son système de pensées il aurait dû trouver outrageuses, c'était le sourire doux qu'il ne réservait pas qu'à Salem en ce moment, mais au contraire essayait de présenter, malgré les circonstances et les mauvais jours, à tous, c'était son usage du vouvoiement enfin, qu'il employait à titre de respect au moins la première fois qu'il s'adressait à quelqu'un, sans se rendre compte peut-être que c'était aussi tout ce respect qu'il avait pour l'humain en autrui qui, en partie, l'éloignait des passions et le forçait à ne pas s'imposer aux autres.

Il murmura, presque, un « oui, d'accord » à la demande de tutoiement de Salem, à laquelle il était d'ailleurs assez habituée et qu'il comprenait entièrement : tout le monde ne partageait pas sa vue dessus, et d'ailleurs, une fois le contact établi, le tutoiement lui convenait très bien, quand même il n'était que rarement celui à le proposer.

« C'est de Cowell, répondit-il avec une douceur dans la voix qui semblait d'une intimité impressionnante, car tellement peu communément adressée aux étrangers. Henry Cowell. Ça s'appelle : The Hero Sun. Je trouve cette musique plutôt gaie et... solaire. »

Il rit un peu en voyant le visage de Salem afficher une mine de consternation. Il ne tenta pas de prouver son point de vue et continua simplement :

« Moi, j'aime bien. Encore heureux, j'ai quand même passé plus de trois mois dessus. »

Trois mois, visiblement, c'était une durée à laquelle le jeune homme encore assis sur la banquette ne s'était pas attendu : même il sembla encore un peu plus consterné et se demandait peut-être quelle sorte de taré était Ashley, qui s'amenda rapidement :

« Enfin, je n'ai pas fait que ça ! Je ne suis pas étudiant en musique. En fait, je suis étudiant en philosophie et sciences naturelles. Donc c'est normal que ça m'ait pris beaucoup de temps, en plus c'est, bon... ça nécessite une technique que... je veux dire, c'est pas tous les jours que j'joue avec les bras. »

Voilà pour lui. Ashley regarda autour. Les gens passaient, plusieurs regardaient le piano, quelques-uns simplement curieux, d'autres désireux de jouer, mais trop timides. Il se remit droit, ne s'appuyant plus contre le piano, sans toutefois préciser à Salem qu'ils seraient peut-être bienvenus de partir.

« Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ?... Tu n'as rien qui craint là-dedans ? »

Dit-il en désignant les sacs de courses, qui lui rappelaient qu'il était un peu venu pour flâner, un peu pour faire les magasins et peut-être acheter quelques vêtements, une veste peut-être. Des emplettes un peu inutiles : il avait déjà ce qu'il lui fallait en général, et d'ailleurs, il portait un pantalon de toile, une chemise et une veste qui, tout en n'étant pas exactement un habillage formel, formait tout de même un tout élégant et proche du costume. En ce sens, cela renforçait l'étrangeté, c'est-à-dire la singularité, d'Ashley : un jeune si bien habillé et si social, faisant sortir du piano des sons si incohérents.
Mais si au niveau de l'habit Salem et lui n'étaient pas assortis, il sentait confusément, en vérité dans leurs capacités exceptionnelles, dans la mémoire étonnante du jeune homme, un lien curieux entre eux deux et qui l'intriguait, lui donnait l'envie de le révéler, c'est-à-dire de discuter plus encore avec l'homme capté par son regard aussi inquisiteur qu'aimable.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMar 30 Oct - 15:11

Salem aimait bien ce garçon, bon, il le trouvait quand même un peu bizarre – une musique solaire ? – mais au-delà de l'étrange musique qu'il avait joué, au-delà du fait qu'il lui ai fallu trois mois pour l'apprendre, au-delà de sa tenue qu'il aurait plutôt attribué à quelqu'un de dix ans plus vieux que lui. Il l'aimait bien. Il fallait dire qu'il avait une façon de le regarder, de lui parler, qui donnait l'impression qu'il éprouvait pour Salem une certaine considération. Et pourtant le fait qu'ils ne se connaissent pas auquel s'ajoutait son zéro pointé en musique aurait probablement du lui faire avoir une autre attitude envers lui.

Comme il aimait bien, il tenta de passer outre sa consternation pour lui rendre son sourire et se promis de ne plus insulter la cacoph... musique de ce Henry Cowell – si en plus elle était solaire ça méritait quand même un certain respect.

En tout cas il comprit un peu pourquoi Ashley lui paraissait si singulier en l'entendant parler de ses études, un philosophe ! Forcément. Salem n'était pas allé assez loin dans ses études pour avoir ne serait-ce qu'un semblant de cours de philosophie. Pour lui, cette discipline était surtout une affaire de vieux barbus qui ne trouvent jamais rien de mieux à faire que chipoter pour des détails. Mais là encore c'était un domaine où ses connaissances descendaient bien en dessous du niveau de la mer. Il préféra ne rien dire – il n'avait pas envie de passé pour quelqu'un d'encore plus inculte.

Enfin, ce serait bientôt le cas puisque sa question venait de lui revenir, il haussa les épaules, conscient du fossé social qui les séparaient tous les deux.

« J'fais un apprentissage, mécanique auto, c'est pas aussi... mais j'aime bien. Mais je connais un peu la philo, la caverne... ce genre de trucs... »

Salem se sentait toujours inférieur quand il parlait de son travail, sans que cela ne le dérange vraiment, il n'aurait pas pu faire le même genre d'étude que lui, et même s'il avait pu il doutait que ça l'eut intéressé un tant soit peu. Il était plus dans le concret que le théorique.

Se rappelant grâce à Ashley qu'il avait abandonné ses courses, il se leva pour ramasser ses poches et ses magazines et jeta un coup d’œil à l’intérieur en revenant vers le garçon.

« Ça craint, les surimis ? Boarf, ça devrait aller, je vais encore traîner un peu. »

Il jeta un coup d’œil aux vitrines, il les connaissait presque par cœur à force de revenir chercher de quoi survivre ici, mais il y avait toujours de petits changements. Et Salem était sans cesse à l’affût des dernières nouveautés, il suffisait de le regarder pour le comprendre. Cheveux gélifiés, vêtements de marque et chaussures hors de prix en édition limité, monsieur était en phase avec la société de consommation. Rien à voir avec son camarade, c'était clair.

« C'était sympa de papoter, j'me coucherais un peu moins bête, tu dois rejoindre tes amis j'imagine ? »

C'était un peu dommage, il aurait bien aimé continuer à bavarder – ce qu'il trouvait étrange attirait toujours sa curiosité – mais il n'allait pas non plus le retenir alors qu'il avait vu que ses amis l'attendaient quelque part. Sans doute des philosophes, eux-aussi, ou des gens intelligent qui font des études, qui parlent de choses compliqués, qui jouent du piano, tout le contraire de lui.

Y penser lui rappela qu'il cherchait toujours un littéraire, qui saurait dessiner, pour faire un super comics capable de révolutionner le monde. Depuis qu'Adam lui avait soufflé l'idée d'en faire un il avait commencé à jeter les bases de son scénario, mais il lui manquait toujours un dessinateur. Le garçon avait peut-être des connaissances en la matière, on ne sait jamais.

« Dis, tu saurais pas dessiner aussi ? Parce que je suis scénariste en plus figures-toi, si si. Et je cherche un dessinateur pour faire un super comics. »

Il sortit un de ses magazines pour montrer au garçon ce qu'est un comics – avec les littéraires, on ne sait jamais.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMar 30 Oct - 20:16

C'était désolant de voir comme les échelles de valeurs étaient orientées vers l'élite, et surtout vers l'élite intellectuelle : non pas que tendre vers le meilleur paraissait mauvais à Ashley, mais simplement qu'il y avait des domaines où ça n'avait pas lieu d'être, et plus insidieuse encore était la comparaison qu'il sentait son camarade faire entre leurs deux univers. Salem était visiblement gêné, réticent d'avouer après lui son activité.

« C'est pas aussi quoi ?... C'est juste... pas la même chose. Si t'aimes, c'est ça qui est important ! On n'a pas plus besoin de philosophes que de mécaniciens... si j'avais une voiture et qu'elle tombait en panne, je serais bien mal de m'en sortir tout seul... »

Le tout était affirmé avec conviction – une conviction authentique et un peu emportée, plutôt rare chez Ashley et qui surgissait surtout quand il s'agissait de mettre à l'aise son interlocuteur. Parfois aussi quand c'était un point qu'il tenait soudainement à affirmer, souvent une chose jusque là inconsidérée, mise de côté ou pas même vue par les autres.
Les surimis, ce n'était pas tout à fait bon de les garder au-dehors trop longtemps, mais, bon, il haussa les épaules : comme disait Salem, « ça devrait aller » et ce n'était pas ça qui les ruineraient – le jeune homme n'avait pas vraiment l'air inquiet pour ses bâtonnets.
Il lui rappela qu'il était peut-être attendu. Il regarda l'heure. Il sentit que la remarque de l'apprenti mécanicien n'était pas une manière de l'inviter à se séparer, et dans son ton une sorte de résignation qui semblait dire, en somme, que leur rencontre lui était bien plaisante (Ashley en était ravi) mais aussi qu'il pensait (pas tout à fait à tort) qu'Ashley avait d'autres choses à faire.
À vrai dire, le philosophe n'avait pas vraiment envie de quitter Salem tout de suite : parce que la rencontre était agréable, parce qu'il verrait au pire ses amis et camarades le lendemain ou le jour d'après, et aussi parce qu'il n'avait pas encore résolu ce mystère mnésique. Salem était-il doté d'une sorte de mémoire eidétique ? Auditive ? Ashley en doutait un peu – par sa profession d'ignorance en musique, par le fait aussi que, même s'il avait retenu par cœur les sons du morceau, il n'aurait eu aucun moyen de savoir quelles touches donnaient ces sons en ne connaissant rien du piano. Visuelle, alors, peut-être. S'il avait à un moment bien vu ses mains, retenu leurs positions, ça lui paraissait plausible – le morceau n'était pas très rapide. Plausible, mais tout de même, incroyable.
Ce qui suivit l'éloigna un peu de cette thèse : les personnes avec un bon sens de l'observation faisaient aussi souvent de bons dessinateurs. Il hocha la tête en un mouvement d'excuse.

« Non, désolé, je ne sais pas du tout dessiner... enfin... pas plus que des gribouillis et des schémas sur mes copies de cours. J'écris un peu, mais c'est tout. Mais si tu veux, je connais quelques personnes qui se débrouillent bien, je peux les contacter ? »

Ils marchaient dans la galerie au hasard – du moins Ashley ne faisait pas du tout attention où il allait, et ne se souciait juste qu'à ne pas cogner les gens où il montrait, d'ailleurs, un certain savoir-faire, et encore de la patience, celle de laisser passer les gens pressés, et de la tolérance, ou peut-être de la lâcheté, celle de ne pas hurler sur les gens qui le bousculaient sans un mot d'excuse.

« Tu fais souvent des scenarii ? Ça parle de quoi ? Genre... humour, drame, action et super-héros ? »

Des super-héros vraiment bien réussis : dans la tendance actuelle (car oui, il arrivait, rarement, mais ça lui arrivait, qu'Ashley lût un comic), des « gens normaux » qui, à force de travail, parvenaient à se hisser à un niveau suprahumain et à combattre les ennemis « super », naturellement doués de pouvoirs extraordinaires. C'était que le monde avait assez de mutants comme ça pour ne pas en plus les idolâtrer en héros de bandes dessinées – une preuve à la fois tangible et subtile de la discrimination subie par les mutants. Et un bon déterrent pour Ashley qui, en lisant ces comics prêtés par ses amis, et en discutant plus tard avec eux, en comprenant qu'ils ne voyaient pas ainsi l'aspect politique de ces revues, espérait garder secrets encore plus ses propres capacités. C'était un peu ça qui l'empêchait de se diriger vers l'Institut. Ça, et cette nuit traumatique dans un orphelinat abandonné.
Avec ces pensées, il continuait de marcher mais lentement, le regard un peu dans le vague et se ressaisit en entendant Salem lui parler, et, confus, essaya de se rattraper :

« Hein ? Euh... »

Pas très propre mais c'était le mieux qu'il réussit à réaliser. Il rajouta aussi, comme pour se faire pardonner, sûr que Salem avait commencé à répondre à sa question :

« Si tu veux, je peux les appeler tout de suite ? »

Il ne précisa pas de qui il parlait, ne s'imaginant pas que Salem pouvait se demander qui étaient ce « les » qui, pour Ashley, désignait évidemment ses connaissances dessinatrices – manque de considération qui marquait subtilement son trouble. Le jeune philosophe semblait un peu perdu, son sourire un instant happé par des souvenirs d'un autre temps – la marque de ses pensées disparut rapidement, les nuages du passé percés par le Soleil présent.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMar 30 Oct - 22:30

Salem avait théoriquement toutes les clés en main pour être un dessinateur hors du commun, un excellent sens de l'observation, une mémoire visuelle imbattable, et plus encore la capacité de tirer de ces images les informations dont il a besoin – quand ça veut bien. Pour faire une bd, c'était idéal. Mais le fonctionnement hors-norme de son cerveau était précisément ce qui l'empêchait de dessiner quoi que ce soit. En matière d'image, son esprit supportait très mal les approximations, il y avait un monde entre une scène en trois dimensions et sa représentation papier, aussi fidèle soit-elle, il y avait une perte de données faramineuse et totalement inacceptable. Salem n'était jamais satisfait et ne pourrait jamais l'être tellement ce qu'il voyait était précis. Le dessin réaliste n'était déjà pas pour lui, et le comics encore plus impensable, comme n'importe quelle représentation un peu symbolique ou pire, abstraite. Bref, il lui fallait un dessinateur.

Et peut-être ce garçon serait-il son sauveur, s'il ne dessinait pas, au moins il connaissait des personnes qui voudraient peut-être révolutionner le monde avec lui. Salem ne se fit pas prier pour raconter l'histoire qu'il avait commencé, celle d'un héros qui se bat autant contre les méchants que contre sa propre part d'ombre, qui évolue progressivement, mêne une enquête sur une sombre organisation pharmaceutique. Il expliqua même comment il avait étudié ses bds pour voir quels clichés revenaient souvent, comment les intrigues évoluaient – il préféra passer sur la façon dont il avait compté les pages et les cases pour déterminer combien de temps en moyenne un héros mettait à tuer un méchant et ce genre de choses. Il avoua même, non sans une certaine honte, avoir feuilleté Naruto en cachette pour découvrir les raisons de son succès.

Occupé qu'il était à s'égarer dans toutes sortes de sujets tournant autour de la bande-dessinée et de l'écriture scénaristique, il ne s’aperçut pas rapidement qu'il avait perdu son interlocuteur en cours de route, ce n'est que quand celui-ci se mit à ralentir qu'il se rendit compte qu'il était ailleurs.

« Heu, ça va ? »

La réponse du garçon n'était pas vraiment pour le rassurer, ni même ce qui suivit, surtout qu'il venait de plus ou moins se répéter, et n'avait visiblement rien suivit de la réponse à la question qu'il avait posée. Depuis qu'il connaissait l'existence des mutants, les moments d'égarements qu'il pouvait voir chez les gens lui rappelait immédiatement les problèmes rencontrés par ceux qui avaient des pouvoirs psychiques. Bien sûr, la probabilité qu'il soit tombé sur l'un d'entre eux était infime, mais une fois que l'idée lui avait traversé l'esprit, difficile de s'en défaire. Le regard de Salem se fit un peu plus scrutateur.

« Ça va, c'est pas si urgent, tu veux qu'on s'assoit boire un truc ? »

Il montra d'un signe de tête un coffee shop, mutant, le garçon ne l'était peut-être pas, mais c'était un littéraire. Salem connaissait un peu ces bêtes-là, toujours le nez en l'air, trop occupé à réfléchir il avait peut-être simplement oublié de manger, ça ne l'étonnerait pas. Et même si ce n'était pas ça, un bon chocolat chaud, ou quoi que ce soit d'autre, le requinquerait sans doute.
Sûr des propriétés thérapeutiques du chocolat, il ne laissa pas vraiment le temps à son camarade de se remettre assez de son trouble pour répondre, il le fit asseoir à une table, et jeta un coup d’œil à la carte avant de reposer son regard sur lui.

« Ah, on dirait que ça va un peu mieux... T'as mal à la tête ? Si c'est ça j'ai tout ce qu'il faut. Au fait, moi c'est Salem, je sais, c'est un drôle de prénom, je crois que ça à un rapport avec la bible mais j'ai pas trop cherché. »

Salem était assez content que son prénom ne fasse pas vraiment américain, même si on lui demandait d'où ça venait une fois sur deux, il préférait ça aux éternels Aaron, Brandon, Bradley, Stanley, Ben, Aiden, Einstein, etc... Et puis ça donnait un petit coté exotique.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMer 31 Oct - 10:28

Ashley ne comprit pas la soudaine inquiétude du jeune homme : est-ce qu'il était vraiment resté longtemps inattentif et ailleurs ? Il n'en avait pas eu l'impression, mais, pensait-il, c'était vrai aussi que, doté d'une capacité de concentration assez forte, elle pouvait se retourner contre lui quand il s'oubliait un peu.

« Oui, ça va, merci. »

Sa voix n'était pas sublime d'énergie, au contraire même était un peu relâchée, et justement par là d'autant plus convaincante : son ton était légèrement informel et comme étonné de la question. De toutes façons, espérer de la part d'Ashley une réponse négative à ce sujet était un peu fou : il lui aurait fallu des circonstances extraordinaires, une fièvre de 40°C, la perte d'un proche, pour qu'il commençât à avouer que ça allait « bof ».
Il se laissa conduire vers le café sans un mot, constatant que Salem avait déjà décidé pour lui – ce qui ne le gênait pas. il songeait que la réaction du garçon était assez vive, pour ce qui n'était qu'une petite absence. Le Britannique déposa son sac par terre et sa veste sur la chaise – c'est qu'il faisait chaud dans le café –, s'assit et prit à son tour une carte, regarda vaguement les boissons sachant d'avance qu'il prendrait un café (ce qui tombait bien vu l'endroit).
Il releva les yeux vers le garçon, répéta son prénom intérieurement, plusieurs fois en regardant Salem, l'associant au visage du garçon.

« Salem... c'était le nom de la ville de Jérusalem. »

C'est sûr qu'Ashley ne s'était pas attendu à un prénom pareil. Il aurait plutôt imaginé, effectivement, un prénom plus commun comme Andrew, David... mais ce n'était que de l'imagination inféconde voire nocive.

« Moi, c'est Ashley. Ce qui n'a rien de particulier, sauf que c'est un prénom mixte. »

Et, incidemment, plus donné aux femmes qu'aux hommes – ou, en tout cas, c'est ce qui sortait de la représentation populaire. Parfois il trouvait des gens qui ne savaient pas que c'était un prénom mixte ou, qui tout en le sachant à peu près, ne pouvaient rien contre les images de blondes actrices qui leur venaient en tête – très peu ressemblantes à l'Ashley en face d'eux.
Le serveur vint interrompre un micro silence dans la conversation pour leur demander s'ils avaient choisi ; oui, merci, un café s'il-vous-plaît. Quelques précisions et il s'en repartait. Ashley recentra son attention sur Salem.

« Alors. Les comics ? Ça fait longtemps que ça t'intéresse ? Ce que j'aime bien voir dedans, moi, c'est la vision du monde de l'auteur... même si parfois c'est... enfin... il y a de tout. Et toi, tu veux parler de quoi dedans ? »

Et il était revenu à la même discussion, quelques instants plus tôt, mais cette fois attentif et avec un bon espoir de voir son café arriver bientôt.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMer 31 Oct - 13:37

Ashley, c'est sûr, ça lui faisait plutôt penser à une fille, d'ailleurs il était sortit avec une Ashley, une vraie teigne, ne jamais, jamais rompre avec une Ashley. Après avoir demandé son chocolat thérapeutique au serveur il fut ravi d'apprendre que son camarade lisait aussi des comics, peu importe que le sujet ai déjà été abordé, en matière de bds, Salem était inépuisable. Le fait qu'Ashley s’intéresse particulièrement à ce qui se passait autour de la bd ne l'étonnait pas, ce sujet lui rappelait d'ailleurs encore la conversation qu'il avait eu, toujours avec le même presque-littéraire qu'on ne nommera plus – c'est une obsession, faut pas faire gaffe.

« Toi aussi des fois tu trouves ça trop républicain, pas assez progressiste ? J'comprends... à peu près... Je lis des comics depuis très longtemps, c'était la seule chose qui pouvait me faire entrer dans une bibliothèque quand j'étais gamin. Le truc c'est qu'à force je connais toutes les ficelles par cœur, trop souvent ce sont les même schémas qui reviennent. C'est pour ça que je veux faire mes comics, quelque chose qui change, mais pas trop sinon personne en voudra. Faut trouver le bon équilibre, j'y arriverais, c'est juste question de statistiques. »

Et donc pas du tout une question d'imagination, de son point de vue. Si Salem était si motivé par son projet, c'était qu'il lui permettait de mettre à profit son sens de l'observation et de la déduction. Regarder ce qui marche, ce qui n'a pas marché, comparer, calculer, son approche était purement rationnelle, sans doute trop, mais au moins il s'amuse. Tiens, puisqu'ils y étaient un petit sondage d'opinion pouvait toujours lui être utile.

« C'est quel genre d'histoire qui te plais, à toi ? T'as des héros préférés ? »

Les gens trouvaient souvent qu'un comics valait moins culturellement parlant qu'un gros bouquin épais sans dessins. Recueillir des informations auprès d'un littéraire était sans doute une bonne stratégie pour conquérir de nouveaux marché – et révolutionner progressivement le monde. Qu'est-ce qu'un jeune philosophe de type caucasien propre sur lui pouvait-il rêver de voir dans un comics ? De la virilité, sûrement, tout le monde aime la virilité, surtout les garçons, bizarrement. C'était toujours flatteur de se retrouver dans la peau d'un héros aux veines saillantes. Mais ce n'était probablement pas la priorité d'Ashley, le coté philosophico-politique devait avoir son importance, évidemment. Manque de pot, Salem n'était pas très doué avec ça, mais placer le mythe de la caverne entre deux combats musclés, ce n'était pas impossible, ou alors parler d'environnement, après tout il faisait aussi sciences naturelles. L'environnement ! Ça c'était un créneau porteur, il fallait en parler, sans doute, et utiliser du papier recyclé pour la collection.

Établir un plan stratégique ne l'empêchait pas de suivre la conversation, par contre son attention fut totalement détournée quand il vit arriver le serveur avec dans son plateau une grande tasse de chocolat chaud surmonté d'une bonne dose de chantilly. Salem n'attendit pas que ça refroidisse pour se mettre à savourer sa boisson.

« Ça serait bien de parler de l'environnement, dans ma bd, non ? Peut-être que le laboratoire pharmaceutique douteux pourrait avoir balancé des substances mutagènes dans la na... »

Les mots « substances mutagènes » le firent tiquer tout spécialement parce qu'il s'était dit quelques minutes plus tôt qu'il devait être discret au sujet de son don. Est-ce qu'en parler comme ça, c'était courir le risque d'être repéré ? Puisque s'arrêter en pleine phrase paraissait sûrement bien plus suspect, il préféra reprendre rapidement, en faisant comme si de rien.

« … ture. Ça pourrait symboliser la pollution industrielle et puis ça ferait des ennemis à combattre. Même si les animaux, mutants, c'est un peu usé comme concept, toutes les espèces ont du y passer, à force. »

Salem se concentra sur sa tasse en se disant qu'il devrait plutôt réfléchir aux moyens de rester discret avant de penser à ses histoires.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMer 31 Oct - 15:45

« Je préfère les histoires qui font réfléchir – qui vont au-delà de l'action – qui obligent même à réfléchir, qui posent des cas de consciences. Batman est un justicier hors-la-loi. On se demande si ce qu'il fait est juste ou pas. Ou on devrait se demander. C'est aux auteurs de forcer les lecteurs à se poser des questions. Même si, bon, un comic n'est pas un traité de philosophie ou de sociologie. C'est du divertissement, essentiellement.
En fait je n'aime pas beaucoup les comics de super-héros, d'action. C'est trop manichéen, souvent. Les méchants contre les gentils. Le plus terrible, c'est que ces façons de voir le monde se transmettent aux lecteurs... le mal contre le bien, c'est réducteur. Quand on ne peut pas voir l'humanité dans son adversaire, il devient un ennemi, un nuisible – on ne peut plus l'écouter.
Des héros préférés... dans les comics, pas vraiment. Je n'en lis pas tant que ça... mais même ailleurs, dans les romans, je n'en ai pas particulièrement. Finalement, les personnages de papier, ce ne sont que des personnages. Je préfère la réalité qui elle n'est pas... écrite. »


Il s'arrêta là, songeur : il aurait pu ajouter, encore, que la réalité était en somme leur espace de vie, mais cet argument de dire que la réalité n'était pas écrite, il en doutait un peu. Sa rencontre avec le prophète n'avait été source que de problèmes pratiques, d'émotions violentes, mais aussi de considérations métaphysiques étranges. Il admettait au moins à un certain point le déterminisme ; mais que quelqu'un pût lire dans le futur ainsi, c'était une chose qui, du point de vue philosophique, le laissait pantois. Du point de vue pratique aussi d'ailleurs. Il n'avait pas recontacté le coursier mais, parfois, se demandait ce que son pouvoir révélait de la structure du monde. Était-ce juste une forme évoluée d'anticipation, comme en voyant sa tartine tomber de la table on sait qu'elle va chuter au sol (et même du côté beurré) ? Une inspiration divine ? Une explication simple certes mais rejetée : s'il ne voyait pas d'explications, ce n'était pas forcément qu'il fallait s'en remettre à Dieu, au mystique, mais chercher plus encore.
Il écoutait Salem parler de son projet tout en commençant son café. Sa chaleur lui faisait du bien. Il ne savait pas trop ce que c'était que ce laboratoire pharmaceutique, mais sûrement une sorte d'ennemi.
Entendre surgir tout à coup le thème mutant n'était pas inattendu dans la conversation enthousiaste du garçon, mais la petite surprise laissa Ashley un peu méfiant – comme toujours de ce genre de conversations. Il posa la tasse sur la table, l'air de rien, pendant un silence de Salem – en fait ne voulant pas que si tout à coup Salem lui posait une question sur les mutants, s'il en connaissait, ce qu'il pensait d'eux, il soit surpris et que sa tasse passe au travers d'une main intangible, ce qui ne serait pas discret assurément. Il savait, en tout cas, que ça pouvait arriver quand il tenait des objets – et que c'étaient ses mains et ses doigts, peut-être parce que c'étaient les parties de son corps qui étaient le plus en contact tactile avec les objets, qui échappaient le plus facilement à son contrôle. Alors, pas de risques. Il s'essuya la bouche avec une serviette, commença à formuler une réponse calme dans sa tête.

« Oui, ça pourrait être intéressant. »

Des mots d'une banalité sans pareille et qui essayaient de désamorcer la soudaine tension de la conversation – Ashley un peu replié sur lui-même, le dos droit contre sa chaise, Salem gêné d'avoir abordé un sujet sensible.

« Enfin, tout peut être intéressant quand on s'y prend bien... et quand on s'adresse aux bonnes personnes. Proust passe une bonne centaine de pages à décrire des angoisses de sommeil... Tant qu'on traite le sujet bien, on peut prendre n'importe quel sujet. L'originalité, ou l'imagination, c'est faire du neuf avec du vieux. C'est du recyclage, quoi. Ça peut être mêler deux idées qui n'ont rien à voir ensemble, ou dans le même genre, extraire un thème de son carcan...
Par exemple, je ne sais pas, quand tu dis que ça ferait des ennemis à combattre, tu parles des mutants ? Pourtant, dans ton histoire, ils sont victimes non ? Les monstres qu'on abat, c'est un peu facile. On ne se demande pas s'ils sont peut-être innocents. Parce qu'ils sont anormaux – hors normes. »


C'était une critique violente – pour Ashley ; la plupart des personnes auraient juste dit qu'il exprimait son avis. Il était plus froid et réservé à ces mots. Il savait qu'éventuellement, Salem pouvait être très remonté contre les mutants et le « hors norme » et se méfier encore plus. Mais sa manière générale de parler d'un problème particulier, tout en révélant son opinion, le permettait de se protéger des répliques haineuses. Comme celle des membres de Purity qui restaient un peu plus rationnels face à des considérations générales que particulières. Un peu. C'était en somme une invitation au calme, mais invitation prudente, que lançait Ashley.

« Quand on attribue l'étiquette du mal à quelqu'un, à un groupe, on bloque toute discussion. Et quand on ne s'entend pas, on ne peut pas régler ses problèmes par le dialogue. »

Songer à tout le mal conséquent des préjugés, du manque ou refus d'échange, de la délimitation abrupte des amis et ennemis, est une chose effarante. Ashley ajouta, doux et pensif :

« C'est stupide. »
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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMer 31 Oct - 19:17

Wow, à force de réfléchir en pesant les chances de succès de telle ou telle idée, Salem en avait oublié de prendre une seconde de recul pour regarder exactement quelle genre d'histoire il était en train de raconter. Et effectivement, lorsque Ashley lui fit remarquer que son héros était partit pour tabasser des créatures qui pouvait plus ou moins représenter des gens comme lui, il se sentit quand même un peu idiot. Pensif, il ajouta.

« Le héros pourrait se rendre compte qu'il est dans l'erreur. »

Il a bon dos, le héros, Salem avait plutôt l'air de parler de lui pour le coup. Il réalisa à quel point Ashley avait raison, à force de lire des comics, le schéma basique du gentil héros affrontant le méchant méchant s'était gravé dans son esprit comme une loi divine. Mais elle ne tenait pas debout, pire, il ne révolutionnerait pas l'univers des super-héros avec ça. Il fallait tenter une autre approche, quelque chose qui ne se trouvait pas dans les bds qu'il avait pu lire, un héros qui n'aurait peut-être pas les veines si saillante que ça, un méchant qui aurait peut-être une vraie raison d'être méchant, ce genre de choses.
Mais dans ce cas-là toutes les données minutieusement recueillit sur les comics ne lui servait plus à rien. Il fallait repartir de zéro, une page blanche et pour unique donnée chiffrée la limite de 46 pages par tomes.

Impensable.

Non, il y avait forcément quelque chose à sauver, savoir ce que les gens aiment lire, ça c'était important, peut-être fallait-il observer les gens alors, la vie, le monde entier, plutôt que de se cantonner au papier. Ça allait faire beaucoup de travail, mieux valait s'y mettre tout de suite.

« Le héros pourrait vivre sa vie en sachant ce qui arrive aux mutants, mais sans s'en préoccuper, peut-être même qu'il trouverait ça presque normal de détester les gens comme eux... C'est banal, on voit ça tout le temps. Puis un jour, il va se sentir différent, ça commencera avec des petites choses, il saura pas si c'est vraiment bizarre ou pas, si c'était déjà comme ça avant ou non. Puis ça va s'amplifier jusqu'à ce qu'il soit obligé de reconnaître qu'il est spécial, qu'il en est un. Au début, il aura peur, puis faudra trouver une bonne intrigue pour le pousser en avant, parce que bon, 46 pages par tome, c'est court. »

Salem se donna une seconde de recul pour jauger ses corrections, c'était mieux, moins comics peut-être, mais mieux, sans aucuns doutes. Après, son récit avait quand même un côté très personnel, c'est que s'il ne se basait plus sur les histoires des autres, ce qui lui restait de plus concret, au moins pour amorcer le processus, était sa propre vie. Mais ça lui convenait quand même.

« Puis il portera pas d'collant, ça craint trop, je le verrais plutôt avec une capuche, comme ça. »

Il rabattit celle de son blouson – il a jamais assez chaud, lui – sur sa tête et posa ses yeux bleus scrutateur sur Ashley, essayant de se donner l'air d'un héros. Ça allait, il se sentait classe, il enleva sa capuche d'un geste et poursuivit.

« Bon par contre, régler ses problèmes par le dialogue, ça va pas être possible. On va perdre le lecteur, il faut le faire rêver un peu. Nous, on a pas le choix, on peut pas casser le nez de tout ceux qui sont contre nous, mais pour de la fiction, c'est un peu différent. En tout cas je suis d'accord, détester quelqu'un juste parce qu'il bouscule ce à quoi on est habitué, c'est totalement stupide. Surtout qu'on a souvent plus à apprendre de ceux qui sont différents de nous. »

Il tenait quand même à montrer qu'il n'était pas quelqu'un d'intolérant, loin de là. Même s'il n'avait pas la même capacité à raisonner que son camarade – il prenait rarement le temps d'aller en profondeur et était quand même très perméable aux clichés – il n'en restait pas moins ouvert et n'allait certainement pas juger quelqu'un pour sa couleur de peau ou sa capacité à faire voler les voitures.
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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyMer 31 Oct - 23:32

Il y avait quelque chose de spécial chez Salem. C'était peut-être la vitesse à laquelle il s'était amendé, la promptitude avec laquelle, en considérant ce que lui avait dit Ashley, il se rendait compte que son histoire ne tenait pas debout et proposait aussitôt un nouveau plan. Ou bien c'était que son ébauche de nouveau scenario semblait en même temps autrement intéressante et engagée que la précédente. Ou sa mémoire surprenante. C'était certainement un mélange des trois, et d'autres choses encore.
Ashley remarqua le « on » : « on va perdre le lecteur » ? C'était amusant de le voir si enthousiaste et Ashley malgré son impression ne lui fit pas remarquer ce « on » qui semblait l'inclure. Et sa remarque : « on a souvent plus à apprendre de ceux qui sont différents de nous » lui semblait spécialement destiné – pas simplement parce qu'ils étaient très différents par l'habit, les habitudes, les activités, mais à un niveau plus irrémédiable encore par leur différence de condition – par ce qu'Ashley était un mutant, et Salem non.
Ou peut-être que si ? L'idée vint à lui par objection : il n'avait en soi aucune preuve que Salem n'était pas mutant, certes, mais la statistique était en la faveur de cette hypothèse. Pourtant, cela aurait expliqué au moins sa performance extraordinaire de piano – de mémorisation mécanique de placements des doigts surtout – et, peut-être, sa sensibilité à ce sujet. Il considéra la pensée et se dit que, vraiment, il n'avait rien pour conclure.

« Tu crois ?... »

Demanda-t-il pas très clairement d'abord, mais précisa ensuite, dans son élocution rapide et teintée d'accent Britannique :

« Tu crois que tu perds le lecteur si tu ne mets pas de dialogue ?... Hmm... ça dépend de la revue non ? Même plus que ça. Tout le problème c'est de rendre le comics captivant, intéressant, excitant. À mon avis, à cet égard, le dessin, la manière de traiter le sujet, sont plus importants encore que la trame. Il y a bien des BD sur le sport, d'autres de drame... La puissance d'expression du dessin fait plus qu'apporter ou supporter le scenario : d'ailleurs on peut raconter n'importe quoi tant qu'on y met les formes... la conviction. Les bons politiciens, ce sont un peu comme des bons dessinateurs : même en racontant n'importe quoi, ils arrivent à captiver du monde, à persuader.
Enfin, évidemment, de l'action, il y en a toujours. C'est juste que dans certaines BD, par exemple, mettons, une BD de procès, ça doit exister, l'action ce n'est plus du combat mais du dialogue. Mais, bon, bien sûr, je ne suis pas contre le combat, la lutte, dans les BD, hein. C'est juste mon opinion. Je préfère les œuvres réalistes. Moi, voir des héros revêtir des super costumes, ça... ça ne me fait pas vraiment rêver. C'est irréalisable. »


Il avait chuté sur ces derniers mots et sentait à quel point ce pessimisme était nocif. Pas d'action. Ne pas être de super héros... mais lui, mutant, avec des « super pouvoirs », qu'est-ce qu'il serait s'il n'était pas un super héros ? Il savait ce que les mutants pouvaient réussir à faire, s'était imaginé ce que lui pourrait atteindre. Rendre toute cette table intangible ? Le bâtiment entier ? Et alors, à quoi bon des super pouvoirs s'il n'avait pas de super cause à super servir ?
Il posa sur la table une tasse à moitié vide et humecta ses lèvres.

« Oui, peut-être, justement, ce qui me ferait plus rêver c'est ce qui me semble accessible. Un mutant, qui n'est pas un super héros, mais qui essaie de faire changer les choses. »

Il ne se rendit pas compte du glissement sémantique : le « mutant » était bien devenu le porteur du gène X et pire : il semblait faire du héros un mutant, et un mutant vu non comme un être extraordinaire mais, au contraire, ordinaire. Un héros loin des clichés populaires. Peut-être dangereusement trop : Salem pouvait-il sentir, derrière cette idée, la familiarité d'Ashley avec la chose mutante ?
Le philosophe ne croyait pas risquer quoi que ce fût. D'abord et au pire, Salem n'avait pas l'air trop imposant et fort, ne le connaissait pas particulièrement, n'avait pas même son nom. Et surtout, il avait montré sa tolérance vis-à-vis de la différence, et à demi-mots de la mutation. Enfin, il n'était pas impossible qu'il fût lui-même un mutant.

« Mais bon, ce n'est que mon avis. Je ne pense pas être très représentatif des lecteurs de BD en tout genre. »

De mutants paumés et ne sachant pas quoi faire de leur vie, en revanche...
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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyJeu 1 Nov - 17:34

Ashley n'était peut-être pas très représentatif des lecteurs de BD – en même temps, tout seul, il pouvait difficilement être représentatif de quoique ce soit – il n'empêche que son avis lui avait été d'une grande utilité. Salem était plutôt content de la nouvelle tournure qu'avait prise son histoire, sans doute le personnage qui se découvre mutant et doit apprendre à vivre avec y était pour quelque chose. Il lui faudrait sans doute pas mal de temps encore pour rendre tout ça captivant – là, Salem ne voyait pas de recettes toutes faites – mais ça allait venir, et si son œuvre pouvait convaincre ne serait-ce qu'une personne de voir les mutants autrement que comme des monstres, alors il aurait déjà un peu changé le monde, c'était mieux que l'environnement. Il avait trouvé sa cause à défendre – dire qu'il fallut que ce soit un presque inconnu qui lui montre la voie.

Le fait d'avoir parler des mutants dans le cadre d'une histoire fictive ne permettait pas vraiment à Salem de savoir ce qu'Ashley pouvait penser d'eux. Un mutant qui n'est pas un super-héros, ça lui faisait autant penser aux vrais mutants qu'à des personnages, ou à toute personne hors-norme qui voudrait faire bouger les mentalités. C'est sur cette pensée qu'il posa sa tasse de chocolat vide sur la table.

« Tu m'as bien aidé, vraiment, c'est moi qui offre. »

Il sortit en un instant son porte-monnaie pour y poser le montant du café et du chocolat, en plus d'un dollar de pourboire, histoire de parer à toute éventuelle politesse du genre « Mais non, laisse-moi payer ma part ». Puis il reprit.

« Je pense que mon personnage sera accessible, mais ça sera quand même un super-héros, il sera un peu exceptionnel quoi, différent, pas qu'à cause de son pouvoir d'ailleurs, même dans sa façon d'être. Un peu comme tout le monde, quoi. Toi par exemple, tu es spécial, c'est évident. »

Salem le regarda une seconde.

« Trois mois à étudier une musique solaire, c'est pas rien quand même. »

Il croisa les bras sur la table et montra d'un signe de tête un type assit deux table plus loin en train de lire tranquillement le New York Time.

« Lui depuis qu'on est là, il a bu quatre cafés, qu'il a toujours remué de la même manière, en tapant sa cuillère sur la tasse trois fois à chaque service et après avoir vu passer une mouche il a pas arrêté de se gratter la tête comme s'il avait peur qu'elle se soit posée dessus. Tout le monde à ses petites bizarreries, c'est ce qui nous rend normaux, au final, ou disons, humain... Un personnage mi-exceptionnel, mi-paumé devrait être à peu près humain je pense, qu'il soit mutant ou pas. Après, y'a plus qu'à captiver le lecteur... »

Une tâche autrement plus ardue, mais il préféra ne pas s'appesantir sur le sujet, son philosophe-pianniste l'avait déjà suffisamment aidé – et puis le pauvre n'avait rien demandé, il n'allait pas lui manger sa soirée avec des histoires de super-héros quand même. Puis il le trouvait toujours aussi intéressant et avait bien envie d'en savoir un peu plus sur lui aussi.

« T'essaies d'apprendre une nouvelle musique maintenant ? »

Salem se demanda s'il allait chercher à faire quelque chose d'encore plus compliquée pour aller plus loin dans sa maîtrise, et surtout combien de temps ça lui prendrait. Encore plus de temps ? Trois mois, ça lui paraissait déjà surréaliste – il était même tenté d'essayer d'apprendre ce Hero of the sun, juste pour voir combien de temps ça lui prendrait, mais il n'y avait pas assez de place dans son studio pour un piano en location et il se voyait mal passer des heures dans la galerie marchande à essayer de jouer tout en se repassant des vidéo youtube.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyVen 2 Nov - 20:37

Ashley était doué d'une bonne capacité de concentration, très bonne même, et ainsi d'une efficacité au travail et à l'apprentissage remarquable ; mais comme tout le monde, il était pendant la conversation en constante assimilation d'informations diverses et superflues : il y avait un couple installé sur une table un peu plus loin ; le serveur était brun et avait une voix de baryton ; une dame qui avait reposé son téléphone après un court appel était en train d'écrire sur son agenda. À un certain niveau, ça semblait des détails – et en face de ce qu'exposait Salem, des évidences immanquables.
Alors, au vu de son sens de l'observation unique, par deux fois démontré, Salem ne pouvait pas manquer d'apercevoir l'étonnement sur le visage d'Ashley – à vrai dire n'importe qui l'aurait constaté en le regardant.
Bon, alors, Salem était un mutant – il en était presque sûr. Ou il faisait exprès. Non. Si ? Non. Même si le garçon avait dit ça comme si de rien n'était, Ashley était persuadé que si. Ce pouvait être un mensonge, oui, et pourquoi ? Et puis ça collait tout à fait avec ses prouesses précédentes. Salem était un mutant doué d'un sens de l'observation inouï, d'une mémoire visuelle eidétique. Ou bien, peut-être qu'il se précipitait trop – Salem était exceptionnel, ça, c'était sûr, mais peut-être aussi bien que, sans être mutant, il avait une mémoire absolue ; Ashley n'était pas sûr de savoir si un humain, non mutant, aurait pu avoir de pareilles capacités. Peut-être et néanmoins, malgré ce doute, son sentiment s'était forgé avec cette nouvelle observation.
Et puis. Quoi ? Même si c'était un mutant. Même. Qu'est-ce qu'il allait faire ?
Peut-être répondre à sa question serait un bon début. Il toussota et essaya de reprendre calmement, mais ostensiblement troublé :

« En ce moment ?... J'apprends de nouveaux morceaux, oui. Un concerto de Hummel, une sonate de Beethov' et un truc de Lourié. Enfin, euh, un intermezzo. »

C'est à cet endroit de la conversation qu'il relançait en général son interlocuteur – mais il réfléchissait trop pour demander à Salem ce qu'il voulait comme style de dessin, s'il voulait qu'il contacte ses amis dessinateurs.
C'est-à-dire que Salem était le premier mutant, en dehors d'Adam avec qui les circonstances n'avaient pas été très favorables à une discussion prolongée sur le sens de la vie et le pourquoi des mutants, qu'il rencontrait, et c'était comme ça, au hasard d'un détour. Une situation improbable : il ne savait pas trop comment réagir – tout ce qu'il sentait, c'était ce sentiment que, si lui aussi dévoilait ce secret, il serait vulnérable, rendu soudain accessible par la violence du monde. Particulièrement, et pas exclusivement, du groupe Purity.
Il n'y avait, à sa connaissance, que sept personnes à savoir qu'il était mutant. Son père, sa mère ; Adam ; Emma, sa copine au lycée et ses parents. Ils se seraient bien passés de cette révélation d'ailleurs et rien qu'à ce souvenir d'une première fois où il avait perdu le contrôle non de son orgasme mais de son pouvoir et avait atterri au premier étage devant les parents de la douce le remplirent une nouvelle fois de honte.
Mais, à vrai dire, peut-être y en avaient-ils d'autres – même s'ils avaient été discrets, rien n'indiquait que la famille d'Emma n'ait pu partager le secret, à l'occasion. Ou le feraient un jour. Il s'imaginait très bien la scène : Emma sur un canapé, les cheveux bruns reposant sur l'épaule de son fiancé, ou bien Emma dans son lit, après l'amour, discutant de ses relations et de sexe, confiant cette aventure désastreuse – pour elle aussi, Ashley le savait hélas, elle ne lui avait pas pardonné l'humiliation – à son amant, en riant finalement. Ou bien au cours d'une conversation, un repas de famille, ils parlent de mutants, le père d'Emma annonce qu'il en connaît un, si, un garçon pas bien méchant, Emma est sortie avec lui d'ailleurs, tu te souviens ? Enfin bon, je ne sais pas ce qu'il est devenu, tu sais toi...

« Désolé. Je... »

Il n'était pas très loquace. Salem le regardait – est-ce qu'il enregistrait, en même temps, autour de lui les visages de tous ces gens qui passaient ? – mais il ne savait plus ce qu'il voulait dire. Il n'était même pas très sûr d'avoir voulu dire quelque chose.

« Je ne me sens pas très bien. »

Voilà, c'était bien, ça. Non, Salem avait l'air inquiet.

« Non, je veux dire... »

Et alors, quoi ? « Je suis un mutant », et puis ça avancerait à quoi ? Et pourquoi pas ? Une personne de plus ou de moins... Salem valait bien Emma. Mais cela ne valait pas dire grand chose. Si ? Il s'embrouillait un peu, là.

« Désolé. J'crois que... j'sais pas très bien ce que j'veux dire. »

Il rit un peu, un rire nerveux, mais peut-être que Salem ne le remarquerait pas, après tout ils ne se connaissaient pas, non, ils venaient de se rencontrer. Il fallait se calmer, son cœur allait sortir de sa poitrine – ou plus probablement sa poitrine de ses vêtements –, et puis, il n'y avait pas de raison d'être paniqué, quand Salem disait spécial tout à l'heure, ce n'était que pour le piano, sa manière d'être, il ne se doutait pas que, bref, il fallait dévier le sujet en un terrain sûr et restaurer un peu de linéarité dans sa conception du temps. Il sortit son portable de sa poche et se lança dans une déviation évidente mais qu'il espérait efficace :

« Ah oui, pour mes contacts. Je pense que si je les appelle maintenant ça va prendre du temps et tout le monde ne va pas pouvoir répondre, le mieux ce serait que tu me donnes ton numéro ou ton mail non ? »

Tiens, il avait un message. C'était Dan, lui demandant ce qu'il faisait et où il était. Pfiou, heureusement qu'il ne lui avait pas demandé ce qu'il allait faire – parce que là, il n'en avait vraiment aucune idée.


Dernière édition par Ashley Blumenthal le Sam 3 Nov - 20:06, édité 1 fois
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptySam 3 Nov - 13:14

Même en ne connaissant que très peu de mutants – un seul, à vrai dire – Salem était quasiment sûr que son pouvoir était particulier. Après avoir regardé les coups d'éclats de quelques mutants filmés à leur insu sur youtube il avait d'ailleurs un peu de mal à se considérer comme un des leurs à part entière. Il se sentait plutôt comme un mutant de seconde zone avec un don qui avait une utilité sans être très intéressant. S'il lui avait fallu dix-ans et un coup de pouce pour admettre qu'il en était bien un, c'était que ses capacités certes exceptionnelles flirtaient de très près avec la norme. Pas qu'il ait vraiment besoin de faire sortir les morts de terre ou de faire exploser tout ce qu'il touche pour se trouver spécial, mais une personne lambda peut en général voir, mémoriser, évaluer, comparer etc... Salem ne se distinguait par sa capacité à faire quelque chose de plus, mais seulement à le faire mieux de la normale.

Et c'était là tout le problème, où était la norme ? Il ne savait pas ce que les autres voyaient, et donc ce qu'il pouvait voir de plus qu'eux. Il avait remarqué que les gens ne plaçaient pas, en général, de nombres à rallonge au cours d'une conversation pour ne se limiter qu'à quelques données – l'heure, la date, l'argent à la limite. Salem évitait donc de noyer ses interlocuteurs sous un flot d'informations précises, même si ça pouvait lui échapper, à part ça, il ne voyait pas trop. La solution serait peut-être de ne pas parler de ce qu'il voyait, de ne pas se servir de ces informations en public, au cas où, mais sans ses données visuelles il était totalement perdu. Tout ce qui lui restait, c'était de faire des expériences malheureuses, à force d'être rappelé à l'ordre, il finirait bien par savoir où était la ligne.

En voyant la tête d'Ashley il comprit immédiatement qu'il aurait mieux fait de se taire. Pourtant il ne pouvait s'empêcher de penser que n'importe qui aurait pu faire la même constatation que lui en étant juste un peu attentif. Non ? Si ? Il avait été si étrange que ça ? Tout en se reculant contre le dossier de son siège il posa son regard sur le type qui recommença le même cérémonial avec son cinquième café, avant de lever les yeux vers lui l'air de se demander pourquoi on le fixait comme ça. Salem tourna rapidement les yeux vers sa tasse de chocolat vide, il ne savait plus où se mettre ni où regarder. Il recentra son attention sur Ashley en l'entendant parler, mais ce fut plus pour constater son trouble que pour l'écouter. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il était perturbé, apeuré peut-être, il ne se sentait pas bien ? Il n'allait quand même faire une crise d'angoisse ou un truc dans le genre ? Il ne manquerait plus que les pompiers débarquent et qu'il leur raconte tout.

Car c'était surtout ce que craignait Salem, ils avaient beau avoir bien parlé, ils étaient encore loin d'avoir dépassé le stade des deux simples personnes qui se sont juste croisées dans la rue. Si Ashley parlait de tolérance, peut-être ne l'était-il pas tant que ça dans les faits. Il ne pouvait pas savoir et sa réaction n'était pas la plus rassurante au monde. Salem regarda le téléphone avec une certaine méfiance, peut-être préférait-il attendre qu'il ait tourné le dos pour envoyer ses coordonnées aux autorités. Le plus simple était sans doute de donner une fausse adresse, de regarder l'heure, de dire qu'il est tard, qu'il a des choses à faire, deux-cent cinquante-deux mètres à parcourir pour atteindre les portes vitrées grandes ouvertes et dehors, la foule innombrable le ferait disparaître en un instant. C'était la solution la plus accessible. La plus difficile à digérer aussi. Salem avait peur, mais il sentait aussi en lui une certaine détermination, presque de la colère. Il ne voulait pas baisser les yeux, il n'avait rien fait de mal ni rien demandé à personne. Si Ashley, avec ses belles phrases, le trouvait bizarre alors ce n'était qu'un idiot de raciste hypocrite.

« Tu vas lui dire quoi ? « Dan, là j'suis dans un café et je discute avec un... ». »

Il regarda le portable à nouveau, regrettant presque aussitôt le ton qu'il avait eu, après tout Ashley ne l'avait pas agressé non plus. Il avait juste réagit comme une personne normale, probablement. S'il n'avait pas été mutant, sans doute aurait-il été tout aussi surprit et effrayé de voir jusqu'où pouvait aller les capacités de certains.

« Désolé, je crois que... »

Penaud, il se leva, manquant de trébucher sur une de ses bouteilles de soda posée à ses pieds, il rassembla rapidement ses courses et se redressa. Jetant un dernier regard inquiet et désolé à Ashley.

« Pardon... je voulais pas... »

Lui faire peur ? Paraître bizarre ? Peu importe ce qu'il ait pu vouloir ou non, c'était fait, les choses avaient mal tournées, ils n'y pouvaient rien. Il rabattit sa capuche sur sa tête comme s'il craignait d'attirer encore plus l'attention, la situation l'avait rendu légèrement paranoïaque, le moindre coup d’œil qu'on pouvait lui jeter résonnait en lui comme un signal d'alarme. Il ne voulait pas rester là une seconde de plus.

Il prit donc la direction de la sortie, espérant vainement que cette scène s'effacerait d'elle-même de son esprit, si seulement c'était possible.
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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptySam 3 Nov - 22:33

Ashley ne s'était absolument pas rendu compte de tout ce que son attitude avait d'ambigu, et se maudit intérieurement à la réaction de Salem. Évidemment, si lui-même avait été à sa place, il aurait pris peur, avec cette attitude équivoque, beaucoup trop perturbée – ce n'était pas seulement qu'il avait été surpris, n'importe qui l'aurait été un peu, mais encore qu'il état resté pris au dépourvu, sans trop savoir que dire comme si, soudainement, que Salem fût un mutant changeait tout pour lui – et certainement si c'était le cas, ce n'était pas comme Salem l'imaginait contre le mutant, en quelque sorte même cela n'avait rien à voir avec lui : c'était une affaire d'Ashley à lui-même.
L'agressivité soudaine de Salem lui parut d'autant plus blessante qu'elle était injuste, et d'autant plus tragique qu'il ne pouvait pas lui expliquer sa situation : un malentendu qu'il ne pouvait éclaircir.
Et, aussi soudainement qu'il était apparu, ce reproche dans son ton disparut, remplacé par des scrupules excessifs et, peut-être, de la déception ?
Presque aussi horrible que son accusation implicite, ses excuses – parce que réellement, il n'avait rien fait, c'était lui, Ashley, le fautif. C'était lui qui gardait son secret. Il s'apprêtait à reprendre la conversation, à commencer un début d'explication, lui dire qu'il avait mal compris – mais pendant que lui formait des phrases à dire, des phrases qui sonneraient bien et vraies, Salem partait.
L'Anglais hésita. C'était peut-être le mieux. Laisser faire les choses, ne pas faire de bruit, plutôt que de devenir vulnérable – mais n'était-ce pas justement ce que Salem avait espéré aussi, et n'avait-il pas les mêmes peurs que lui, ne vivait-il pas aussi à New York, aux États-Unis, sur Terre même, où tous les mutants étaient, à des degrés divers, menacés ? Et n'était-ce pas précisément par peur de ce qui pourrait se passer qu'il partait – par peur aussi du refus d'être accepté – pire encore, ce n'était pas une peur : il l'avait réellement vécu dans la stupeur du garçon. Il ne pouvait pas laisser partir Salem alors qu'il se croyait révélé, il devait lui dire quelque chose.
Ashley se releva, dit à Salem d'attendre, mais il était trop loin, et il ne voulait pas attirer l'attention. Il reprit sa veste en s'élançant, ne sentit pas le poids du vêtement, regarda sa main et constata avec horreur que sa veste était restée là, posée sur la chaise. Il jeta un œil à Salem ; il n'avait pas le temps, il le perdrait dans la foule. Il courut après lui et le rejoignit en quelques secondes, l'appelant à voix haute et forte mais sans crier. Salem ne s'arrêta pas pour autant.

« Pardon. Tu m'as mal compris. »

Les traces d'hésitation avaient disparu – sans doute le moment nécessitait plus d'action, et aussi le mouvement, Salem qui continuait de marcher.

« Salem, s'il-te-plaît, arrête-toi. »

Il ne pouvait pas l'y forcer, il n'osait pas, il avait trop peur que sa main passe au travers du garçon – sa main gauche, elle, tenait toujours son portable, qu'il n'osait pas non plus ranger dans sa poche. Il n'arrivait pas à reprendre le contrôle et parvenait tout juste à contenir à cette zone son pouvoir.

« Je n'ai rien contre... »

Évidemment, il n'allait pas prononcer ce mot ici. Il acheva la phrase en suspens, sachant que Salem avait bien compris ce qu'il parlait, mais n'était pas convaincu sûrement :

« Rien. Au contraire. »

Cinq ans de secrets et de prudences étaient de trop, et il ne pouvait pas, même à demi-mots, se forcer à avouer, et peut-être à raison, puisqu'après tout, rien n'avait jusqu'à présent prouvé au-delà de tout doute sensible qu'il était mutant – que même s'il l'était, il n'y avait rien qui dît qu'on ne pouvait pas les entendre parler, se douter de quelque chose, ou bien, même si Salem avait été l'homme le plus admirablement intègre du monde, il pouvait toujours confier ses rencontres à quelqu'un d'autre, les avouer sous la menace, dévoiler toutes ses connaissances mutantes. La réflexion ne datait pas de la veille et il avait toutes sortes d'excellents prétextes à la prudence.

« J'ai juste été... surpris. »

Malheureusement, c'était assez faux, et il ne parvint pas à mentir mieux. Est-ce qu'au contraire il ne semblait pas encore plus raciste, par son hésitation renouvelée, par le mot « surpris », qui venait, comme un euphémisme, apparemment remplacer le fond d'une pensée peut-être pas exactement haineuse, mais du moins pas si tolérante qu'il avait professé d'abord ?
Que ses mains fussent devenues intangibles ne l'aidait pas à se concentrer. Il essayait d'éviter tout contact avec des corps étrangers – les passants, leurs sacs, son propre corps même – en gardant ses mains devant lui, position maladroite et peu naturelle.

« Je t'assure, je te jure, c'est pas ce que tu crois. »

Ce qu'il croyait au juste, il n'en savait rien, mais il était prompt à prêter à Salem les mêmes sentiments que lui : peur d'être refoulé, peur des conséquences – et en fait, l'attitude précédente de Salem avait été assez explicite.
Le jeune homme avait peut-être ralenti, mais il refusait toujours de le regarder.

« Salem... »
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyDim 4 Nov - 16:06

Entre la colère et la déception, Salem était partagé, la rencontre avait été belle, agréable, et cette conclusion l'effrayait autant qu'elle le révoltait. C'était un mutant, il n'y pouvait rien alors, quoi ? Il ne pouvait pas adresser la parole à quelqu'un sans que ça tourne au drame ? Cette situation était d'autant plus ridicule que ce n'était pas avec son pouvoir qu'il allait faire du mal à quiconque. Et même s'il avait pu, être mutant ne faisait pas de lui quelqu'un de mauvais, un monstre que l'on chasse, tout de même.

L'air pollué de l'extérieur lui fit du bien, il était un peu plus de 17h, et les heures de pointe dans le très branché quartier de Soho valaient le coup d’œil. Les rues grouillaient de monde, les voitures circulaient en flux tendus. Salem se laissa aller à tout un tas de calculs, moyen tout trouvé de penser à autre chose, il observait la foule dans sa globalité autant que dans l'individualité de chaque personne, délaissant comme il savait si bien le faire ses autres sens. Il ne réalisa pas tout de suite qu'on l'appelait, ah, il était encore là.

Mais Salem ne voulait pas le voir si c'était pour faire revenir la scène tant redouté qu'il venait précisément de fuir. Pourquoi s'arrêter, il n'avait pas besoin d'entendre des excuses, si les mutants dérangeaient Ashley pour une raison où une autre, il n'allait pas s'imposer. L'entendre dire « au contraire » l’interpella tout de même assez pour qu'il ralentisse, laissant son camarade faire l'effort de le rattraper, s'il en était capable. L'excuse de la surprise ne tenait pas vraiment de son point de vue, il avait été plus que surprit, peut-être n'avait-il pas eut si peur que ça, puisqu'il l'avait suivi, mais il s'était passé quelque chose.

Le garçon ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire, et Salem n'était de toute façon pas rancunier au point de le planter là comme ça sans au moins savoir ce qu'il s'était passé, ce n'était peut-être qu'un malentendu, il semblait sincèrement regretter ce qui venait de se produire. En entendant son nom une fois de plus il s'arrêta donc et se tourna pour planter son regard perçant droit dans ses yeux. Il essaya de capter dans son attitude des signes qui lui permettrait de comprendre ce qu'il se passait, était-ce juste par gentillesse qu'il revenait, pour ne pas clôturer si sombrement leur rencontre, ou alors c'était qu'après la surprise était venu la curiosité, il voulait en savoir plus sur lui. Ou alors c'était autre chose, quelque chose en rapport avec le « au contraire », il fit quelques pas pour le rejoindre.

« Tu as oublié ta veste j'ai l'impression. »

Première constatation, la deuxième chose qu'il remarqua était la position de ses bras, comme s'il avait froid, ou non, plutôt comme s'il avait peur. La façon dont il surveillait les mouvements des gens autour de lui était aussi plutôt suspecte, comme s'il voulait absolument éviter qu'on le touche. Ashley serait une sorte d'agoraphobe ? En plein New-York ça devait pas être drôle tous les jours. Enfin bon, Salem ne pouvait pas le laisser comme ça, mais ne voyait pas vraiment quelle était la meilleure attitude à avoir.

« Ça va pas ? Il y a trop de monde ? »

Un grand type passa en bousculant Salem, bon il pouvait comprendre qu'être comme ça au milieu des gens n'était pas très agréable – et ce n'était certes pas le mieux pour discuter non plus. Il attrapa donc le bras d'Ashley – et sans passer à travers, en plus – et l'entraîna dans une petite ruelle nettement moins encombrée devant laquelle ils étaient passé tous les deux. Il le rangea là et posa ses sacs de courses à ses pieds.

« Bon écoutes, je vais déjà chercher ta veste, et après on ira discuter dans un coin plus calme, si tu veux. On peut même aller chez moi, c'est à dix minutes en bus et je pourrais mettre les surimis au frais. »

Après un petit signe de la main histoire de bien lui faire comprendre qu'il ne devait pas bouger de là – précision sans doute superflus vu le stress que lui donnait la foule – il partit rapidement en direction du centre commercial. Il ne savait pas s'il était très malin de laisser un inconnu au courant sa condition connaître aussi son adresse. Mais Ashley n'avait pas l'air de lui vouloir du tort, et puis il avait envie d'y croire, de retrouver sa confiance dans l'humain qui avait été un peu mise à mal aujourd'hui. Il revint donc quelques instants plus tard avec la veste et ramassa ses sacs avant de la lui tendre.

« Tiens. »

Si tu le peux ~
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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyDim 4 Nov - 19:48

Salem lui avait pris le bras trop brusquement – dans cette situation où il se sentait déjà désavantagé et faible, c'était une menace. Un simple contact physique révélerait toute la supercherie de son attitude. Il avait sursauté, bien sûr – mais c'était une réaction quelconque. Ashley n'aimait pas ça, autant par le risque qu'il courrait si proche de Salem, autant simplement par pudeur, parce qu'il sentait que Salem avait pénétré au-delà d'une distance raisonnable de lui, une couche intime, presque une partie de son être. Pour autant il n'essaya pas de se débattre – et comment sans prendre plus de risques ? – et se laissa entraîner hors de la foule.
Il ne comprit pas exactement pourquoi Salem se proposait d'aller chercher sa veste quand ils auraient bien pu aller la chercher tous les deux – mais fatigué de ses émotions, de son pouvoir qui continuait de ruisseler de ses mains, il le laissa partir – et se rendit compte, une minute plus tard, que peut-être il était juste parti pour avoir la paix, quitte à laisser ses sacs là. Mais même si c'était le cas, il ne le suivrait pas. Ce n'était pas dans sa nature d'insister, tout au contraire il abandonnait promptement, ne voulait pas forcer – en l'occurrence il comprendrait bien s'il s'était enfui.
Le philosophe s'assit par terre, dans un coin relativement propre, le dos contre un mur, juste à côté d'une vitrine d'un magasin de babioles et souvenirs, les genoux redressés et les bras posés dessus, croisés, position plus confortable que debout, les bras ballants et même légèrement relevés.
Bien. Il n'y avait qu'à se calmer un peu. Le garçon était parti, il reviendrait bientôt – ou pas –, la gravité était toujours inversement proportionnel au carré de la distance entre deux objets ponctuels, la force électromagnétique aussi, il y avait toujours quatre nucléotides (adénine, thymine, guanine et cytosine) dans l'ADN, acide désoxyribonucléique, et son habitus était toujours aussi tordu. Et ses mains toujours aussi désespérément intangibles. Comme quoi, Newton, Coulomb, Watson et Bourdieu ne servaient vraiment qu'à la masturbation intellectuelle.
C'était souvent comme ça, et c'était pour cela qu'il redoutait de perdre le contrôle : quand son pouvoir se manifestait malgré lui, même une fois calmé il ne parvenait pas toujours à mettre un peu d'ordre dans son corps, était réduit à attendre que, progressivement, son pouvoir disparût. Il supposait qu'une fois lancé sans son accord, il était difficile de le contrôler et s'était demandé si c'était pareil pour les « autres ». C'est qu'aussi, il ne s'en rendait pas bien compte, il s'y prenait assez mal et si certes il se calmait, si son cœur reprenait un rythme plus courant, il restait tout à fait obsédé par l'idée de faire cesser ce pouvoir.
Finalement il se contenta de laisser faire les choses, posa son portable – c'est-à-dire le lâcha à couvert, essaya de le maintenir au niveau du sol par télékinésie, le temps que son pouvoir se dissipât – sentait progressivement la chaleur revenir dans son bras, puis sa main, ses phalanges et même soupira, soulagé.

Le malheur voulut que Salem, plutôt prompt à courir, fut rapide à revenir et lui tendit, avec assez d'amabilité, sa veste et son sac, s'attendant évidemment à ce qu'il les prît en se relevant. Aussitôt, comme malgré lui percevant dans le mutant un danger, la zone intangible de son corps, qui s'était restreint jusqu'à alors, s'étendit à nouveau. Mais oui. Quel crétin. Il n'avait même pas pensé à ça.

« Ah, merci. »

Il se releva péniblement – encore un truc auquel il n'avait pas pensé – mais brusquement, dosant mal la force psychique à exercer sur le sol pour se relever comme s'il s'était simplement appuyé dessus.
Le sac fut une affaire facile : il n'eut qu'à prendre la sangle non pas par la main, mais en la déposant sur le poignet, puis sur son épaule, manière qui, dans sa fluidité globale, n'avait rien de suspect.
Il essaya d'agripper sa veste mais n'eut pas assez de temps : Salem, croyant sans doute qu'il la tenait, la lâcha trop tôt pour lui. Il émit un « oups » en essayant de paraître quelconque et banal, se rabaissa pour ramasser l'objet par son col, qui à son contact devint rapidement intangible, et, une fois relevé, la déposa sur son bras droit. Il faisait un peu froid pourtant.

À force de concentration et de péripéties, il avait réussi – mais à quoi bon ? – à paraître normal. Et étrangement essoufflé.
Il ne fallait plus y penser, juste maintenir une certaine distance, dans quelques instants cela passerait. Il s'adossa au mur, soupira – ou bien était-ce un autre signe d'essoufflement ? –, tenta de rallumer la conversation.

« Tu cours bien vite. »

Mais, vraiment, il avait conscience que son comportement était bizarre, et qu'ils n'éviteraient pas le sujet qui l'avait amené – et n'était-ce pas pour ça qu'il avait couru après le mutant ? Enfin, il ne savait toujours pas quoi dire, mais la conversation se déroulerait, il verrait bien, il trouverait quelque chose – il voulait juste un peu de temps pour réfléchir. Et se reposer.
C'est alors que son téléphone sonna.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyLun 5 Nov - 22:00

Ashley avait réussit à paraître normal ? Ce n'était probablement pas ce que Salem aurait dit, depuis qu'ils avaient quitté le café il le trouvait particulièrement étrange. C'était vraiment de l'agoraphobie, ça ? Dans le magasin, il s'était montré calme, souriant, alors qu'il y avait du monde aussi. Il avait beau chercher, il ne s'expliquait pas ce changement d'attitude aussi inattendu que radical.

Et en plus le pauvre garçon n'avait rien dans les mains (haha), Salem haussa un sourcil en voyant la veste tomber au sol, il aurait dû l'attraper, là. Bon, chose importante, ne jamais prendre Ashley dans son équipe pour un match de basket, même très très amical, avec lui c'était perdu d'avance. D'ailleurs il n'avait pas d'endurance non plus, puisqu'il avait l'air fatigué, essoufflé sans raison – à moins qu'il n'ait profité de son absence pour faire un footing dans la ruelle, ou bien c'était un début de crise de spasmophilie, peut-être.

Le sujet de conversation qu'il tenta de lancer était aussi un peu louche, lui dire qu'il courrait vite alors qu'il venait d'apprendre sa mutation et qu'il avait sans doute compris que ça avait plutôt un rapport avec les yeux. Enfin bon, il préféra ne pas relever et répondit sombrement.

« J'fais pas mal de sport, du basket et du jogging, principalement. »

Il était plutôt rapide, c'est vrai, mais pas exceptionnel non plus – pas comme sa précision pour ce qui était de faire des paniers. Enfin, si d'habitude il aurait pu partit dans un long éloge de son sport préféré, de son équipe et de ses matchs a venir. Là, l'air bizarre du garçon lui rappelait sans cesse ce qu'il s'était passé et à quel point ils se trouvaient dans une situation étrange.

« C'est moi qui te fais peur ? »

Le mieux était peut-être simplement de demander, Salem essayait vraiment de comprendre, pourquoi il l'avait suivi, pourquoi il était maintenant dans cet état, pourquoi, pourquoi, pourquoi. Il n'aimait pas les questions sans réponses et celles au sujet du garçon commençait à s'accumuler. C'était incompréhensible et bizarre, et comme il n'avait pas la prudence de son ami, il enfonça le clou.

« Tu as peur des mutants ? »

Il fixa Ashley pour voir sa réaction – car le but de sa question était de le faire réagir – un regard, un geste, vaut parfois mille mots. C'est alors que le téléphone sonna, Salem fixa l'objet sur le sol.

« Tu as... oublié ton portable par terre ? »

Sa surprise grandissait de seconde en seconde, il était agoraphobe, mutanophobe, et en plus il avait Alzheimer ? Quoique ça expliquerait qui lui faille trois mois pour apprendre une partition mais quand même, ça ne pouvait pas être ça, l'explication. Ses yeux avait pris une étrange profondeur et ne quittaient plus Ashley, il semblait vraiment épier le moindre de ses frémissements. Pendant ce temps, le téléphone sonnait, il n'allait pas répondre non plus ? Il ne voulait plus de son téléphone ? Il avait oublié que c'était le sien a cause d'Alzheimer ? Dan était en fait un pervers qui le harcelait et c'était de lui qu'il avait peur dès qu'il sortait dans la rue ?

Tant de questions, et si peu de temps dans une vie, dur.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptySam 10 Nov - 8:31

Bien sûr, c'était Dan qui, loin d'être un pervers (ou, plus précisément, son degré de perversité n'avait rien à voir dans l'affaire), voulait simplement savoir où il était, car ils allaient partir sous peu.
Malheureusement, les bonnes intentions de l'étudiant n'aidaient pas Ashley – qui, depuis maintenant quelques minutes que son pouvoir s'était déclenché, n'en menait pas large. Il avait cru, réellement, pouvoir maîtriser la situation et y serait arrivé d'ailleurs sans cet incident. À ce son de téléphone portable, qu'il avait un peu oublié certes, mais surtout avait laissé par terre puisqu'il ne pouvait pas le prendre simplement, il comprit ce qui allait se passer. Évidemment, il n'allait pas se rabaisser pour le récupérer. Il ne s'en sentait pas la force – et son pouvoir s'échappait toujours, la zone intangible gagnait une partie de ses bras, il luttait contre et elle restait finalement assez stable. Il était trop fatigué ; essoufflé par l'effort, certes involontaire, contre le mur d'abord un pied, puis son dos, les signes étaient nombreux et auraient paru très naturels s'il avait couru plusieurs sprints ou une longue course d'endurance. Ce qui, au moins Salem le savait, n'était pas le cas.
L'esprit agité, le corps usé, ses prétentions au secret lui semblaient moins importantes et sa prudence se relâchait. Aussi il ne voyait plus quoi dire, qu'inventer. La sonnerie s'arrêta.

« Non. Non. Et non. »

Il n'était pas exactement sûr, à l'expression de Salem, qu'il l'avait compris tout à fait.

« Non, je n'ai pas oublié mon portable par terre. Je n'ai pas peur de... »

Son regard balaya la rue, pas bondée mais tout de même pas vide. Il ne voyait pas l'intérêt d'attirer l'attention sur eux et préférait largement la réserve des non-dits.

« Ni de toi. »

Il détourna le regard vers ses mains. Elles étaient redevenues tangibles, bougea en confirmation ses doigts, qu'il sentait faiblement.
Maintenant, tout était calme. Il se sentait très fatigué, aurait préféré s'effondrer sur son lit mais il était là, devant Salem qu'il avait poursuivi, et s'interrogeait. Ses pensées s'assemblaient difficilement dans son esprit embrumé malgré sa respiration qui, progressivement, devenait moins forte et plus régulière. Une première idée intéressante, et assez inoffensive, était de récupérer son portable. Cela au moins était facile et sûr – enfin, facile, il se sentait près de s'effondrer par terre, mais se retenait.

« Il y a une explication très logique. »

Que peut-être il lui devait – car c'était bien sa faute si Salem était parti, si Salem restait là, et il lui faisait et perdre son temps et s'inquiéter.

« Ce n'est pas des choses dont on peut parler... ici. »

Le sens était limpide : il entendait, et le confirma d'un mouvement de la tête et du regard, la rue, le lieu public, dans lequel il n'avait, pour ce genre de discussions, qu'une confiance très réduite. Et, en même temps, il n'était pas sûr d'avoir envie d'en parler ailleurs, c'est-à-dire d'aller chez Salem, comme il l'avait suggéré. Sûrement il sentait que, s'il avait suivi Salem, c'était pour clarifier le malentendu : il ne voulait pas le laisser dans l'inquiétude, ni ne le laisser croire qu'il était, d'une manière ou d'une autre, raciste, haineux envers les mutants – et qu'en définitive ils se connaissaient peu, venaient de se rencontrer, n'avaient discuté qu'une dizaine de minutes.

« J'ai été surpris. Je ne m'y attendais pas. Mais ma réaction n'était pas... haineuse ? Craintive ? Je suis désolé que tu l'aies pris comme ça. »

Ses mains s'agitaient dans une sorte d'échauffement que l'on fait avant ou après l'effort, pour préparer ou reposer les muscles. Il sentait ses sensations revenir.

« J'imagine que je t'ai énervé, ou je t'ai fait peur. Pardon. »

Il lui était facile de prêter de la peur à Salem : il savait que s'il s'était retrouvé en sa situation, ç'aurait été son cas. C'étaient toutes ces raisons, et une profonde habitude, de cinq ans de pratique, de conseils portant l'autorité parentale, qui refoulaient son envie d'enfin expliquer les choses simplement pour considérer les conséquences d'un tel aveu. Conséquences imprévisibles mais, dans l'esprit d'Ashley, pour toutes clairement sombres, si ce n'était celle-ci : faire un peu de lumière sur le malentendu.
Mais, bien sûr, pas maintenant, pas ici.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptySam 10 Nov - 15:24

Salem ne savait pas vraiment quoi penser de cette situation, Ashley paraissait de plus en plus fatigué et essoufflé sans aucunes raisons. Et bien qu'il ait essayé de balayer cette idée car elle lui semblait peu probable, la seule explication plausible qui lui venait après celle des problèmes d'angoisses ou de santé, était celle des mutations. Mais ce n'était peut-être que parce qu'au moindre doute il ne pouvait s'empêcher de ressortir cette hypothèse pour tout le monde. Ashley serait alors en train de faire quelque chose qui l'épuisait, ce qui pourrait expliquer aussi pourquoi il lui avait semblé qu'il se méfiait de la foule près d'eux. Peut-être avait-il peur que les gens remarquent quelque chose. Ça, il savait à quel point ça pouvait devenir embêtant, particulièrement depuis qu'Adam s'était écroulé en plein Central Park – non, mais quelle idée j'vous jure, il lui aura tout fait celui-là, enfin passons.

Mais chez lui qu'est-ce qui les auraient interpellés ? S'il y avait eu quelque chose à voir, Salem était nettement mieux placé pour s'en rendre compte que n'importe lequel des clampins qui passaient. Et il ne voyait rien, ou alors c'était en dehors des informations qu'il manipulait habituellement, les tailles, les déplacements, les températures, ce genre de choses. Le regard de Salem se porta sur les mains de son camarade, c'était elles qu'il avait protégé dans la foule, qu'il regardait régulièrement, et c'était avec elles qu'il devrait logiquement avoir ramassé son portable depuis un bout de temps déjà. Salem n'écouta que d'une oreille les réponses aux questions qu'il avait lui-même posées, son regard s'était posé sur les mains du pianiste et se faisait nettement plus concentré et profond que tout ce qu'il avait pu lui montrer jusque-là – avec les pupilles dilatées et tout, comme le chat de sa tante quand on lui agite une plume rose fluo sous le nez. Cela dit, quoi qu'il ce soit passé, son camarade sembla soudain aller mieux, il était toujours épuisé, mais nettement moins tendu, Salem ne vit rien de plus qu'un type normal.

Heureusement, Ashley avait l'explication dont il avait besoin, voilà qui lui simplifierait la vie, il laissa tomber ses recherches exactement au moment où l'autre lui indiquait qu'il ne lui donnerait pas cette explication. Pas ici, et de ce qu'il avait vu son camarade n'osait pas prononcer le mot mutant ici non. C'était troublant comme coïncidence, d'autant plus qu'il ne voyait pas pourquoi un humain aurait peur de prononcer le mot 'mutant' dans la rue, qu'est-ce qu'il risquait ? Comment un humain pourrait être si pleinement conscient du danger qui plane sur les mutants alors qu'il n'est pas concerné. Ou alors Ashley était parano, ou alors c'est Salem qui l'était, question de point de vue.

Après avoir entendu qu'Ashley ne pouvait pas lui expliquer sa réaction ici, devant tout le monde, Salem ne pouvait que se poser encore et encore tout un tas de questions. Il se rapprochait en la matière de ses précédents records, ce qui n'était pas rien, et augurait un mal de tête phénoménal pour une bonne partie des prochaines heures s'il n’arrêtait pas rapidement. Peut-être que... Non, stop. Salem tenta plutôt de s'attaquer aux excuses que le garçon lui faisait, histoire de reposer son pauvre cerveau surchargé.

« T'excuse pas va, t'as rien fait de mal, c'était qu'un malentendu, j'ai réagi trop vite, sans réfléchir... »

Sans réfléchir, non, ce serait trop beau, le besoin de Salem d'être exacte dans ce qu'il disait le poussa à rectifier mais si c'était du détail.

« Ou plutôt j'ai énormément réfléchis en deux secondes et comme on se connaît peu j'en ai pas tiré les bonnes conclusions. Enfin, peu importe, on va dire que c'est du passé. Tu m'as demandé mon numéro, non ? Là, j'retourne chez moi, tu peux venir discuter si tu veux, après t'as l'air de manqué à Dan alors... Appelle-moi un de ces jours sinon, ça m'frait plaisir. »

Salem ramassa le téléphone qui traînait toujours par terre et se chargea lui-même de s'enregistrer dans ses contacts. Ou du moins s’apprêtait-il à le faire quand un nom dans le répertoire ne manqua pas d'attirer son attention, il ne cacha pas sa surprise et souffla.

« Adam Tenseï ? Tu connais Adam ? »

Bon, ce n'était pas si surprenant, Adam connaissait tout le monde. Il lui avait déjà fait rencontrer deux entraîneuses renommées, une livreuse de pizza qui dessine sur les murs et un boxer géant. Sans parler des mutants de l'institut Xavier, de son patron qui le connaît depuis un moment et de tout un tas de gens dont il n'avait entendu que le nom mais qu'il savait être aussi un maillon du réseau tentaculaire de connaissances du prophète.

« C'est... heu... un super pote à moi. »

Super pote... Mieux vaudrait sans doute qu'Adam n'entende jamais ça. Enfin, Salem avait déjà avoué sa mutation, il ne se sentait pas vraiment d'aller aussi faire étalage de sa sexualité. Même si la proximité qu'il semblait y avoir entre Ashley et Dan pouvait laisser à penser qu'il était potentiellement « ouvert » sur ce sujet-là aussi – en plus il est philosophe et pianiste alors... *paf*.

Il entra finalement ses coordonnées dans le téléphone puis, au cas où Ashley aurait toujours un souci avec ses mains, il fourra l'appareil dans la poche de la veste qu'il tenait toujours. Voilà, comme ça son camarade pourra aussi partir de son coté aussi s'il le veut, au lieu de rester là à attendre de pouvoir à nouveau toucher les objets sans y mettre le feu ou quelque chose du style.
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Ashley Blumenthal

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MessageSujet: Re: Faire du bruit, produire du sens   Faire du bruit, produire du sens EmptyDim 11 Nov - 12:06

Au moins Salem ne le poussait pas, et pour cela Ashley le remerciait intérieurement. Il n'était pas sûr de vouloir aller chez lui et continuer la discussion : d'abord parce qu'il était épuisé, ensuite et surtout parce que cette discussion amènerait nécessairement le sujet mutant sur la table, et dont, en définitive, il ne se sentait toujours pas prêt pour parler. Et d'ailleurs, il n'en avait aucune obligation : il avait fait ce qu'il voulait faire, c'est-à-dire clarifier la situation, disperser le malentendu – et un étalage de sa vie privée et ses problèmes personnels n'était pas dans ses plans.
L'incident était donc clos et il pouvait quitter Salem tranquille – du moins le pensait-il jusqu'à ce qu'il entendit Salem prononcer ces mots ignobles, « Adam Tensei ».
Ashley ne s'attendait évidemment pas à ce qu'un inconnu, rencontré par les hasards de la rue, fût à la fois un mutant et une connaissance d'Adam, et son expression afficha indubitablement de la surprise, plus encore de l'interrogation, sur son visage. Comment ça il connaissait Adam ? Qu'est-ce que c'était que cette coïncidence invraisemblable ?
La méfiance du Britannique se réveilla en un instant. Adam voulait le retrouver et il avait envoyé Salem ici volontairement. Improbable en réalité. Il savait bien qu'Adam n'était pas méchant ni odieux. Simplement il ne voulait – pouvait – pas le rencontrer, le revoir : il n'en avait aucun intérêt, il ne voulait pas déterrer des souvenirs exécrables, une pièce sombre et inquiétante, une odeur de fer...

« Ah oui ? »

Il avait répondu sur le ton de l'anecdote, presque léger, comme si c'était une coïncidence plaisante et insignifiante. Il déposa son sac par terre pour remettre sa veste, le reprit, était prêt à partir. Parce que non, vraiment, il ne débarquerait pas chez Salem. Cette affaire était de plus en plus louche et curieuse. Et même si, vraiment, comme c'était probable, ce n'était qu'un hasard malheureux, il préférait rentrer.

« Je vais y aller aussi. On m'attend, je crois. »

À la vérité, même s'il était effectivement attendu, il ne se sentait plus bon qu'à une chose : prendre du repos.
Il se mit en route, en compagnie de Salem d'abord, puisqu'ils quittaient tous les deux la ruelle – il ne savait pas quoi dire, mais peut-être le silence était préférable. Arrivé au bout, il se trouva qu'ils allaient tous les deux dans la même direction. Ashley, que le silence dérangeait, sortit son téléphone portable de sa poche, appela son ami qui l'avertit qu'ils s'étaient déjà séparés. Quelques mots plus tard, un « OK, à demain alors » acheva la conversation que le philosophe avait poursuivi sans expression, ou avec l'expression lointaine de l'abattement. Il glissa l'appareil dans une poche de son pantalon, regarda la route, songea qu'il avait soif.

« Je continue par là. »

Salem, un peu en avant de lui, se dirigeait à droite d'un croisement tandis que lui continuait tout droit, vers la bouche du métro, à cinquante mètres.

« Ravi de t'avoir rencontré ! Et bonne soirée à toi. »

En fait, il n'était pas sûr du tout d'être ravi de l'avoir rencontré – mais c'était une formule toute faite, et l'effort d'être aimable était tout de même encore à sa portée. Même il reprenait un peu de sa contenance par là : ne plus se laisser aller, reprendre le contrôle de soi et de son attitude, passaient aussi par cet effort subtil.

Le Britannique soupira en rentrant sous terre. Il ne savait pas ce que tout ça voulait dire. Il réfléchirait plus tard. En s'effondrant sur son lit, la tête contre l'oreiller magique, au pouvoir attractif ultime, et à la douceur à nulle autre égard. Bientôt.
Parce que, bien sûr, la malchance s'acharnant sur Ashley voulut qu'il fût dix-huit heures, heure de pointe et donc par nécessité interdite au mutant. Le garçon soupira, s'assit et sortit de son sac un livre, reprit où il l'avait laissé.
Il ne lui fallut pas plus de trois phrases pour s'endormir.
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