Emily avait eu cours toute la matinée, même en étant forte dans les matières, c'était éreintant et elle vit arriver avec impatience la pause de midi. Elle n'était pas la seule, ses amies de sa classe -pour autant que dans leur parcours on puisse réellement parler d'amies- aussi étaient contente que ce soit fini. De plus, ce qui arrangeait tout le monde, on finissait tôt l'après midi, juste une heure de cours avant d'être libre. Ça c'était des journées comme elle les aimait, finir tôt lui permettait de travailler plus tôt et d'être sure de ne pas prendre de retard.

Là où ses amies prévoyaient des pauses pour aller au cinéma ou aller s'amuser, sachant que ça ne finirait pas avant le soir, laissant peu de place au travail, Emily, elle, préférait travailler dès la fin des cours et s'amuser le soir, voire la nuit. Elle avait respecter les règlements, elle ne respectait pas le fait de ne pas faire le mur, seule entorse au règlement de l'Institut, après elle avait aussi une carte d'identité fausse et elle sortait là où elle ne devrait pas forcément. mais elle ressentait ce besoin de s'amuser, de ne pas respecter les règles, celles qui n'étaient pas très importantes, les défier n'avait pas de grandes conséquences.

Là, pour le coup, les autres prévoyaient un ciné suivit d'une sortie en ville. Emily refusa poliment la proposition et les autres n'insistèrent pas, elles avaient l'habitude et s'en fichaient un peu. Emily avait déjà prévu son après midi, un petit tour à la bibliothèque se présentait avant de retourner à l'Institut et puis à voir ensuite. Emily se demanda si elle allait retrouver d'autres personnes qu'elle connaissait ou tout le monde allait faire comme Sarah et ses amies.

Elle oublia rapidement cette question pour profiter de ce repas et des discussions sur tout et n'importe quoi. Elle aimait beaucoup ses moments de calme où elle pouvait penser à autre chose. C'était peut être pour cette raison qu'elle avait besoin de refuser les règles et de s'amuser pour évacuer. De plus, elle restait aussi une adolescente et avait besoin de remettre en question les barrières tout en ayant conscience des limites.

La fin de la pause arriva trop vite, mais heureusement le cours passa rapidement. Elle se retrouva rapidement sur le chemin de la bibliothèque universitaire, seule, puisque les autres étaient parties. Elle ne se plaignait jamais de cette solitude puisque, ayant eu du mal, jeune, avec les cours et donc les autres élèves, elle avait pris l'habitude et cela ne la dérangeait pas. Elle n'en appréciait pas moins la compagnie d'autres personnes.

Ce fut donc d'un pas assuré qu'elle entra et se dirigea vers le côté science et s'aperçue qu'il n'y avait quasiment personne. Pas très étonnant, et quelque peu réjouissant. Quand il y avait trop de monde, elle avait du mal à se concentrer, son esprit partait ailleurs. Elle ne remarqua pas de suite la présence d'une de ses amies, préférant se concentrer sur les livres qu'elle allait prendre. De gros livres, que la plupart des autres étudiants osaient à peine soulever, mais qui ne lui faisait pas peur.

Le cerveau, sa future spécialisation elle en était sure. Peut être était-ce le fait d'être née avec le gène X et d'apprendre pas mal de chose sur la manière de le contrôler ou les applications de son pouvoirs sur les autres qui se rattachaient toujours au cerveau au final. Donc elle s'y intéressait beaucoup, surtout que tout était encore à découvrir la dessus. C'est les bras chargés qu'elle revint au niveau des tables et c'est avec un grand sourire qu'elle reconnut Sia, déjà plongée dans un livre. Elle alla vers elle et posa, aussi doucement que possible, ses livres sur la table.

- Sia ! Je peux m'installer ? Tu vas bien ?

Même si elle savait qu'elle la dérangeait, elle n'allait pas s'imposer ou même ne pas la saluer. Elle espérait quand même qu'elle ne la dérangeait pas, puisqu'elle l'aimait bien et qu'elle savait qu'elles pourraient sans trop de problème travailler.

Tandis qu’une partie de l’esprit de Sia était perdue dans les équations de biophysique, l’autre partie, la plus éveillée, créait de multiples tentatives d’assassinat envers son professeur de biophysique. Peut-être qu’avec beaucoup d’imagination et sa mutation, elle pourrait créer une arme qu’on ne pourrait en aucun cas relier à elle. Cela serait sympathique. Athanasia se reconnecta à la réalité lorsqu’elle entendit une personne l’appeler. Elle leva prestement la tête en direction du son, et un sourire apparut sur ses lèvres. Emily Williams allait à sa rencontre. Les deux jeunes filles étaient amies depuis le début du semestre et c’était reconnue l’une dans l’autre pour leur intérêt dans les sciences. Et peut-être pour leur chevelure rousse. Il fallait avouer qu’on les repérait de loin lorsqu’elles étaient toutes les deux assises, une masse rouge sur la tête.

Même si elle était dans la bibliothèque la jeune française n’avait pas trop la tête à travailler, c’est donc avec un grand sourire qu’elle répondit à son amie, sa voix lancinante avec une pointe d’accent français, chose que de grandir avec une mère venue de Londres n’avait pas changé.

Même si cette bibliothèque était très reconnue et que c’était quasiment chose courante de rencontrer quelqu’un qu’on connaissait à l’intérieur, cela faisait vraiment plaisir de voir Emily. De plus cela lui donnait une raison pour se déconnecter de ses études pour l’instant, et ce moment de répit était grandement apprécié. Athanasia déplaça son sac devant elle pour laisser plus de place à Emily, et prit un des livres que la jeune femme avait amené en arrivant. Le cerveau. Oui, Emily lui en avait parlé, déjà et c’était quelque chose qui passionnaient les deux jeunes femmes. Mais contrairement à la future biologiste, le cerveau n’allait pas être le métier de Sia, qui préférait se concentrer sur l’ingénierie, domaine où elle pouvait se lâcher et employer sa mutation à grande échelle. Parce qu’améliorer son téléphone ou son ordinateur, c’est drôle cinq minutes, mais on s’en lasse rapidement. Le cerveau était quelque chose qui attirait vraiment Emily et cela pouvait se voir par une étincelle dans ses yeux quand elle en parlait. Et le fait même de prendre ces bouquins qui faisaient peur à professeurs de biologie même était une marque de son appréciation. Mais oui, le cerveau était quelque chose qui avait toujours intéressé Athanasia, car c’était son cerveau qui comprenait tous les phénomènes autour d’elle.

Alors que les deux jeunes filles discutaient, Athanasia aperçut quelqu’un se diriger vers elles. Tournant de nouveau la tête pour satisfaire son insatiable curiosité, la française vu Ashley arrivé, un sourire sur les lèvres. Athanasia avait rencontré Ashley à l’université, et comme les deux étaient grands amoureux de la littérature française, ils avaient longuement discuté et une amitié s’était liée entre les deux.

Après sa réponse, un sourire assez sarcastique se développa rapidement sur les lèvres de la jeune rousse.

Le sujet de recherche d’Ashley rappelait les cours de philosophie que la jeune femme avait du subir au lycée. La philosophie était quelque chose de passionnant, mais avec un professeur nullissime, Sia n’avait pas eu d’autre choix que d’apprendre seule la matière. Elle en avait même profité pour lire les cours de santé et humanité des facultés de médecine- études qui l’intéressaient beaucoup à l’époque, et même toujours maintenant- donc certains parlaient exactement du rapport du corps et de la personne.

C’était vraiment plus intéressant que la biophysique, cette vile matière. Athanasia regarda Ashley se redresser, pour indiquer qu’il allait bientôt partir. En souriant et en regardant rapidement une chaise libre, Sia lui indiqua qu’il pouvait rester s’il le voulait.

Quelle était la probabilité pour retrouver Athanasia à la bibliothèque en cette fin de semaine ? Très faible pensait Emily. Elle était néanmoins contente de la voir, comme à chaque fois qu'elle la voyait. Étonnant comme elles étaient plutôt proche, leur chevelure y avait aidé au départ, puis elles s'étaient trouvées des points communs. Les sciences, autant dire que c'était leur spécialité à toutes les deux, chacune dans ce qui leur plaisait. Complémentaires en quelques sorte, en tout cas c'était ce qu'Emily pensait. En tout cas, elle n'imaginait pas les envies que Sia pouvait avoir de son côté envers son professeur, sinon elle se serait inquiétée. Mais pour l'instant, elle lui souriait en s'installant et en la remerciant d'un hochement de tête pour avoir fait de la place.

Elle ne fut pas mécontente de poser ses livres sur la table au vu de la lourdeur des bouquins. Elle ne lâcha pas son sourire, toujours un peu étonnée d'entendre cet accent français quand elle parlait. Pas question ici d'anti non américains, mais une simple curiosité.

- Merci ! Je vais bien aussi.

Emily regarda rapidement les livres de Sia et ne fut pas étonnée d'en voir traitant d’ingénierie, et d'après ce qu'elle avait pu entendre, Sia était douée et elle adorait cela. Emily ne doutait pas qu'elle devienne un jour une ingénieure qualifiée dans le domaine qu'elle aura choisi. Leur poursuite d'étude était très différente mais cela nous permettait de parler de pas mal de choses et d'apprendre énormément. Elle se doutait que Sia était là depuis un petit moment au vu de l'étalage de ses affaires, elle se demandait cependant si c'était pour un travail ou pour en apprendre plus.

- Tu bosses sur quoi ? C'est pour les cours ?

Au vu de la manière dont elle avait quitté ses notes, Emily doutait du fait que cela la passionne totalement, mais bon, elle ne pouvait pas juger aussi vite. Sia pouvait juste avoir besoin de faire une petite pause. Elle fut coupée dans ses pensées par l'arrivée d'un autre ami : Ashley. Qui connaissait aussi Athanasia apparemment. Quelle coïncidence en tout cas ! Elle était aussi contente de le voir, même si il faut avouer qu'elle le connaissait moins que Sia, ils s'étaient rencontrés à la cafet' et avaient discuté. Après ils s'étaient surtout croisés dans les couloirs. Emily avait vite vu que c'était un amoureux de la philosophie, pas la matière qu'elle aimait le plus, mais cela n'empêchait pas qu'ils s'entendent bien.

Apparemment l'étonnement était le même pour tout le monde, chacun réagissant à sa manière à la nouvelle. Emily offrit son sourire à Ashley. Elle rit doucement en entendant Sia faire un commentaire sur leur présence ici à tous les trois. L'ironie des paroles ne lui échappa pas et elle fit une petite remarque.

- Surtout à une veille de week end !

Elle écouta ensuite Ashley parler de ce que son livre lui avait rappelé. Un travail à faire sur le rapport entre le corps et l'être. De quoi se casser la tête en tout cas, mais il semblait malgré tout content de ce travail, comme le prouvait le sourire qu'il avait. Emily avait l'esprit qui tournait maintenant à trente à l'heure pour pouvoir apporter une réponse à Ashley. Elle fut devancée par Sia qui parla d'un point de vue philosophique, l'endroit où elle même n'aurait pas pu l'aider. Elle vit cependant qu'Ashley s'apprêtait à partir, de peur peut être de déranger.

- Installe-toi ! Ça sera plus simple pour discuter de cela.

Elle posa les yeux sur les bouquins qu'elle avait pris pour elle. Elle ne pensait pas qu'il y ait quelque chose qui puisse directement l'aider là dedans, mais elle ne les avait pas encore lu et ne pouvait donc pas être certaine. Cependant, elle n'allait pas le lâcher dans un de ces livres, de peur qu'Ashley parte en courant après quelques pages. Il allait falloir qu'elle trouve des oeuvres moins... cours.

- Pour ce qui est de ton devoir, le sujet est assez vaste... Tu peux le prendre comme étant entre le corps et l'esprit. J'ai lu un article de Claude Béraud : ici, qui donne un lien du point de vue santé physique et mentale. Puis, en plus des auteurs cités par Athanasia, je citerais Spinoza, qui au contraire de Descartes, associe les deux ensembles. De plus, il y a un professeur en neurologie, Antonio Damasio, qui a fait des recherches à ce sujet, il est très reconnu dans ce domaine. Il y aurait aussi Fabien Gagnon, qui cherche à soigner à la fois le malade et la maladie, considérant que si quelqu'un est malade, l'esprit comme le corps sont affectés.

Emily lisait énormément et bien plus que la plupart des autres personnes, qui ce soient des personnes américaines ou non, tout l'intéressait. Certes elle avait parlé un peu de philosophie, mais elle ne s'était pas réellement penché là dessus, survolant juste ce qui l'intéressait elle. Finalement, cette après midi allait être plus intéressante que ce qu'elle pensait à la base. Etudier ne la dérangeait pas, mais avoir un peu de changement là dedans, c'était aussi bien.

[HJ : A mon tour désolée pour ce petit retard, week end prolongé oblige...]

Les lèvres d'Athanasia se levèrent en un coin suite au bruit que les livres d'Emily firent quand elle les posa sur la table. Elle ne pouvait que compatir devant la lourde charge des livres. Les matières peuvent être si passionnantes qu'on en oublie que les livres pèsent des tonnes. Malheureusement pour soi, les bras se souviennent toujours quand ils ont été exposé à une trop grande charge. Sia se souvenait de soirée où elle finissait épuisée, assise comme une loque, les bras trop lourds.

-Biophysique ou le supplice des étudiants. J'ai effectivement un cours sur cela, et même si cela ne m'enchante guère, il faut bien que je m'entraîne.

Athanasia ne fut pas étonnée des connaissances d'Emily et souria même lorsque celle-ci indiqua le nom d'un professeur en neurologie, la grande passion de la jeune femme rousse. Puis Athanasia répondit de nouveau à Ashley, un petit sourire aux lèvres. La biophysique était totalement délaissée, d'une part à la joie de parler avec des amis- et donc de ne pas s'arracher le cerveau avec des équations- et d'autre part à la joie de parler d'autre chose que des sciences. Mlagré que Sia adorait ce qu'elle faisait- et sa mutation jouait pour beaucoup- parler d'autre chose que d'ingénierie lui faisait le plus grand bien.

-Personnellement je ne pense pas que le sujet sur le "corps et l'esprit" soit dépassé. Il y a de nombreuses polémiques sur l'avortement, l'euthanasie ou même sur la recherche sur les cellules souches. Après, je ne connais pas vraiment les lois sur ces sujets aux Etats-Unis- j'aurais sûrement du mieux faire mes recherches. Je pense que cela devrait être intéressant... du moment que tu n'essayes pas de nous intégrer dans des tests de la personnalité bien sûr.

Athanasia osa emmettre un petit rire. Puis, elle réfléchi aux questionnement de l'étudiant en face. Elle devait être comme beaucoup de personne, alors, car elle s'imaginait beaucoup plus être dans sa tête. Mais ce n'était pas pour les sens- avec une vision aussi mauvaise que la sienne, on ne pouvait guère prétendre habiter dans ses yeux- mais bien dans son cerveau. Elle ne pouvait pas avoir peur de le perdre, mais ce qui faisait sa différence - outre sa chevelure- était son cerveau.Ou bien dans ses gènes...

-Ou encore dans nos cellules. Ce sont bien elles qui font qu'on existe. Cependant on pourrait préciser et dire notre génotype. C'est grâce à lui qu'on est différent des autres. Mais je pense que si la tête parait aussi importante, c'est qu'on fonde ce que nous sommes sur notre aptitude à rélféchir et à prendre des décisions- c'est donc notre cerveau.. Et je pense effectivement que tu as raison, ce n'est pas aussi simple qu'on pourrait le penser!

Athanasia se mit la tête sur ses mains croisées, et regarda elle aussi par la fenêtre. Un soupir passa ses lèvres lorsqu'elle pensa au groupe de Purity à l'université.

-Notre génotype.... Je connais quelques étudiants qui ont un avis assez fermés sur ce point-là...