C’était encore l’une de ces journées bien remplies que Siobhan affectionnait tant, et le fait qu’elle s’achève avait quelque chose de très appréciable malgré tout, parce qu’elle avait du un peu trop courir partout à son goût…

La journée s’annonçait plutôt bien, jusqu’à ce qu’on l’informe qu’une réunion avec un ministre quelconque devait se tenir à 11 heures à Washington et qu’elle devait y participer avec ses patrons dans la mesure où elle était chargée de toute la communication de Damage Control. Siobhan n’aimait pas Washington – trop de gens, trop d’embouteillages, trop loin, et pas suffisamment de bon restaurants à son goût – mais s’il y avait bien une chose qu’elle aimait encore moins, c’était d’être convoquée à la manière d’un domestique mandé par son maître… C’est donc en tirant une tronche de six pieds de long qu’elle avait déplacé chacun de ses rendez-vous de la journée en s’excusant platement auprès de ses divers collaborateurs, avant de rejoindre le PDG de la société en bas de la tour où elle travaillait. Fort heureusement, ce dernier se révélait toujours d’agréable compagnie et avait bien vite chassé l’air contrarié qu’affichait Siobhan.

Sur place, les discussions s’étaient déroulées sous l’œil d’autres ministres et officiels du Gouvernement, et beaucoup de choses sans rapport avaient été amenées dans la discussion. Il s’agissait de renégocier le montant du contrat qui liait le Gouvernement américain à Damage Control pour l’année à venir, parce qu’il était plus qu’évident que c’était la seule société capable de faire correctement ce qui était à faire pour adapter l’environnement aux mutants. Siobhan aimait tout particulièrement s’impliquer dans son travail parce qu’elle contribuait à rendre le monde plus favorable aux mutants. A terme, elle n’excluait pas que des scientifiques parviendraient à mettre au point des matériaux de construction qui résisteraient aux explosions, aux incendies et aux autres dégâts que pouvaient provoquer les mutants de manière plus ou moins volontaire. Avec un environnement plus adapté aux mutants, il y aurait nécessairement beaucoup moins de dégradations de bâtiments, et donc moins de danger pour ceux qui n’avaient pas de pouvoirs… jusque là, tout le monde était d’accord, même si un responsable militaire avait soulevé l’hypothèse selon laquelle rien n’empêcherait jamais les mutants de tout bousiller sur leur passage, pas même le mur le plus solide du monde. Et pendant que Siobhan avait halluciné pendant quelques secondes, d’autres avaient acquiescé, visiblement d’accord avec les dernières paroles prononcées…

C’était dans ces cas particuliers que Siobhan était heureuse d’avoir mûri et d’être capable de ne pas conclure une phrase avec un « de toute manière, avec des connards pareils au pouvoir, les mutants ne risquent pas d’avoir confiance » qui aurait pu se révéler désastreux. Cependant même si elle y mit les formes, le message passa très bien et fut même appuyé par Gregory, son patron : rien n’empêcherait rien ni personne de dégrader les bâtiments, qu’il s’agisse d’un mutant ou d’un terroriste, mais s’il y avait une chose qui était certaine, c’était qu’il fallait tout de même sécuriser au maximum les buildings pour éviter de se les prendre sur le coin de la gueule. Et tout le monde tomba d’accord avec lui, ce qui indiquait qu’être PDG ne consistait pas uniquement à jouer en bourse avec l’argent des actionnaires : il fallait également défendre son bout de gras lorsque c’était nécessaire.

Ces discussions préliminaires s’étaient éternisées toute la journée, et il avait été conclu que tout le monde se réunirait de nouveau pour procéder à l’épluchage du contrat dans les détails. Par habitude, Siobhan savait qu’elle serait encore du voyage la prochaine fois, et elle nota dans un coin de son esprit de penser à se manifester rapidement afin d’obtenir un peu à l’avance la date de cette réunion. Le retour fut laborieux à cause d’un souci à l’enregistrement des passagers de leur vol intérieur, et Siobhan ne pu récupérer sa voiture à l’aéroport de New York que sur les coups de 22 heures. Et bien évidemment, elle roula beaucoup trop vite sur l’autoroute et sur le chemin qui la ramena à l’Institut…

Une amende pour excès de vitesse plus tard, elle garait sa voiture dans la cour de l’Institut et montait directement dans sa chambre pour se doucher et chasser de sur elle l’horrible odeur des donuts que son voisin avait mangé durant tout le vol. La douche améliora sensiblement l’humeur de l’irlandaise, et Siobhan enfila un pantalon noir très large et un t-shirt bleu électrique frappé du S de superman avant de descendre en cuisine. Elle n’avait rien mangé depuis ce midi, et même si son voisin autant que l’odeur de beignets l’avaient incommodée dans le vol du retour, elle ne pouvait nier le fait que cela lui avait également ouvert l’appétit…

La jeune femme avait laissé ses grosses lunettes noires dans sa chambre, et s’affairait à relever au-dessus de sa nuque ses cheveux humides avec un accessoire pour cheveux jaune fluo lorsqu’elle quitta sa chambre. Elle recommanda vivement à deux élèves qui chahutaient de rejoindre leur dortoir avant de descendre, empruntant les couloirs déserts jusqu’à arriver dans la cuisine… où quelqu’un se trouvait encore malgré l’heure tardive. Une fois l’effet de surprise dissipé, Siobhan reconnut Warren sans vraiment de difficulté et esquissa un sourire :

Encore debout ?

Elle état habituée à le trouver assez régulièrement en cuisine et se réjouissait assez souvent à cette idée, connaissant ce besoin d’alimentation engendré par sa mutation. Le regard de Siobhan sembla plonger dans le bol de son ami pour en inspecter le contenu, et l’irlandaise ouvrit la porte du frigo pour en inspecter soigneusement le contenu.

Wow ! – C’était le genre d’exclamations qu’elle laissait échapper en constatant que le frigo était plein à ras bords de bonnes choses. – Avec ça, ça risque d’être dur de résister à la tentation de se bricoler un truc à manger… ! – Siobhan se tourna vers Warren, un sourire malicieux aux lèvres. – Je te prépare quelque chose où ton chocolat suffira ?

Elle n’était pas certaine à 100% qu’il avait faim, mais sa présence dans la cuisine confirmait cette hypothèse à plus de 75%.

(Joli, le coup de la fusée fluo ^^)

Il était vrai que Siobhan était facilement identifiable au milieu des habitants de l’Institut, ou même au milieu d’une foule en pleine rue. Là où certains faisaient leur maximum pour passer inaperçus parce qu’ils ne s’assumaient pas complètement ou parce qu’ils aimaient qu’on les laisse en paix, la jeune femme se plaisait à afficher très clairement sa différence sur un plan vestimentaire. Geek en puissance, il n’était pas étonnant de la voir porter toutes sortes d’accessoires qui détonnaient lorsqu’ils se trouvaient combinés à sa tenue de working-girl. Lorsqu’elle se trouvait dans la sphère privée, il n’y avait aucune nécessité de mixer les vêtements « pros » avec les vêtements qu’elle préférait, ce qui l’amenait assez souvent à arborer des couleurs fluorescentes dont les épileptiques faisaient bien de se méfier… Il était donc assez logique que son ami n’ait eu aucun mal à la reconnaître.

Warren afficha un sourire charmeur avant de saluer la mutante, et Siobhan se fendit d’une révérence assez mal exécutée qu’elle avait vu la protagoniste d’un film d’époque exécuter devant un Lord anglais. Les deux étaient issus de milieux totalement différents, et si l’irlandaise s’en amusait souvent à grand coups de plaisanteries, elle ne parvenait pas à comprendre ce qui avait l’air d’inciter Warren à s’adresser à elle en utilisant tantôt le vouvoiement, tantôt le tutoiement… Le mélange final était assez complexe et les encouragements de la mutante pour lui faire adopter le tutoiement définitif semblaient ne produire aucun effet. Mais elle s’en accommodait parce qu’après tout, c’étaient ces petits détails combinés à d’autres qui rendaient la personnalité de Warren si attachante.

Il lui demanda d’ailleurs comment elle allait, une question somme toute assez banale mais qui dans sa bouche constituait une attention appréciable parce que Siobhan savait que sa réponse l’intéressait réellement. Ce qui l’amena à ne rien dire concernant le vouvoiement dont elle faisait l’objet, et à lui adresser un sourire immense :

Je vais très bien, je te remercie. J’espère que c’est également le cas pour toi… mais avec la fatigue en moins ! – Sa journée avait en effet été des plus éreintantes. – Ah mais ça ne m’embête pas du tout, sinon je ne t’aurais pas posé la question ! – Un léger rire lui échappa avant qu’elle ne poursuive, tirant un morceau de fêta du frigo. – Là tout de suite, je pourrais me taper une choucroute pour quatre personnes !

Siobhan était très nature et ne s’encombrait pas de faux-semblants, et à ce titre elle réussissait à embarrasser sans réellement le chercher bon nombre de personnes lorsqu’elle n’y prenait pas garde. Avec Warren, c’était presque devenu un jeu, à savoir qu’elle avait réellement envie de le voir se décoincer un peu et se comporter comme le jeune homme de 25 ans qu’il était. Bien sûr, il était à la tête d’un empire financier, ce qui impliquait une certaine retenue dans un certain nombre de domaines, mais Siobhan aimait les rares fois où il se comportait « normalement » - selon ses critères à elle – en sa compagnie, s’en excusant toujours assez rapidement pour reprendre le tutoiement et sa retenue. C’était son éducation qui voulait ça, et l’irlandaise aurait malgré tout été très mal placée de la remettre en cause d’une quelconque manière…

Le mutant proposa de sortir les ingrédients pour elle, et Siobhan acquiesça avec bonne humeur, attrapant dans un placard un bol et de quoi préparer une vinaigrette, puis deux grandes assiettes.

Il y a quelques tomates derrière les yaourts aux fruits, et sûrement quelques olives. – La jeune femme jeta de nouveau un œil à l’intérieur du frigo. – Il me faudra aussi les crevettes que j’ai repéré dans le bas du frigo, et… la moutarde, s’il te plaît. Et ça devrait être suffisant pour commencer !

Trouver Warren dans la cuisine à des heures étranges, Siobhan s’y était habituée et trouvait d’ailleurs sa présence vraiment agréable puisque au lieu de simplement s’asseoir et d’attendre que la nourriture apparaisse dans son assiette par miracle, il se montrait toujours volontaire pour apporter son aide. Il y avait quelques échecs au niveau de la préparation de plats, mais Siobhan appréciait sa volonté de se rendre utile malgré tout… et même si un gâteau avait trépassé la dernière fois qu’elle avait entreprit de lui apprendre à préparer quelque chose. Il fallait dire aussi que quand on n’avait pas l’habitude d’être aux fourneaux, il était horriblement facile de se tromper sur un détail apparemment insignifiant sur le coup, mais qui pouvait avoir des conséquences assez lourdes sur la suite. Et Siobhan avait elle-même commencé par carboniser et gâter une quantité importante de nourriture avant de parvenir à réaliser quelque chose d’à peu près convenable… ce qui la confortait dans l’idée selon laquelle avec un peu d’entrainement, Warren pourrait préparer quelque chose seul sans se faire mal ou sans empester tout le rez de chaussée avec une odeur de brûlé.

Le mutant lui demanda quelques précisions sur sa journée, laissant entendre qu’il s’était passé des choses importantes pour les mutants et qu’elle y avait participé. C’était vrai, et très peu de personnes étaient au courant… à moins que cette négociation ait été évoquée dans les médias, ce qui était fort possible.

C’est assez simple en fait, mais je me doute qu’avec ton emploi du temps de chef d’entreprise, tu n’as pas trop eu le temps de t’intéresser à grand-chose. Les négociations entre Damage Control et le Gouvernement on débuté ce matin, ce qui devrait normalement donner lieu à pas mal de chantiers pour l’année à venir, ne serait-ce que pour restaurer des bâtiments endommagés ou en renforcer d’autres… - Comme à son habitude, Siobhan restait toujours très modeste concernant son travail. – Et toi, alors ? De nouvelles choses en perspective ou la routine ?

Occupée à décortiquer quelques crevettes, la jeune femme avait orienté son regard en direction de Warren, prête à écouter le récit de sa journée avec une attention perceptible. C’était également l’une des qualités de la bondissante irlandaise, à savoir qu’elle était bien incapable de feindre d’être intéressée par quelque chose ou quelqu’un si ce n’était pas le cas…

Je peux te laisser t’occuper des tomates ? – La mutante lui adressa un sourire encourageant, connaissant ses difficultés dans les activités manuelles. – Il faut simplement les laver et les découper en rondelles avec ça… - Elle attrapa un long couteau parfaitement adapté à la découpe des légumes et le déposa devant Warren. – Je termine les crevettes et après on pourra passer à table assez rapidement !

Parce que ce n’était pas tout, mais Siobhan commençait à avoir vraiment très faim.

( ^^ )

On pouvait à première vue croire que le caractère de Siobhan pouvait lui poser problème dans le cadre de son travail, mais la réalité était légèrement différente. Sur un plan purement émotionnel, la mutante était capable de distinguer les réactions appropriées de celles qui ne l’étaient pas du tout, si bien que cela lui permettait d’être capable de réagir de manière mesurée lorsque la situation l’exigeait. Bien sûr, il lui était déjà arrivé de balancer un « putain… » admiratif au cours d’une négociation après en avoir pris plein la vue de la part de ceux qui négociaient les contrats pour le compte de la société, ou pour le compte de n’importe quel autre gouvernement ou sous-traitant, mais même si c’était légèrement incongru, c’était loin de susciter la colère ou un certain malaise chez les gens présents qui préféraient toujours sourire et s’amuser de trouver encore des gens spontanés – dans une certaine mesure – à un niveau de responsabilité aussi haut. Alors non, Siobhan n’était pas un handicap pour son employeur parce que personne ne lui avait confié de poste où il convenait de faire preuve de beaucoup plus de diplomatie que ce dont elle pouvait être capable même en se forçant.

Cette spontanéité était en revanche la bienvenue dans le cadre de son vrai poste, parce qu’à défaut de gérer les contrats, Siobhan avait la charge des relations presse et des relations publiques. Cette qualité combinée à son sens de la répartie et à son expérience à ce poste lui permettait de répondre sans avoir l’air de trop y réfléchir aux questions des journalistes, notamment lors de conférences de presse. Comme quoi l’hyperactivité pouvait permettre de concocter une réponse dont chaque mot était soigneusement pesé à une question à laquelle personne n’était préparé. Dans le fond, c’était plutôt utile d’être capable de réfléchir à la vitesse de la lumière sans en avoir l’air !

Concernant les informations, Warren avoua essayer de se tenir au courant de tout dans la mesure du possible compte tenu de son emploi du temps chargé, mais concéda le fait que sa secrétaire se chargeait de sélectionner pour lui les informations les plus importantes. Siobhan esquissa un sourire amusé :

C’est certain qu’avec une entreprise pareille à gérer, j’ai du mal à t’imaginer te poser tranquillement devant une télévision ou avec un journal dans ton bureau ! Pour le coup de la secrétaire, c’est assez classique et ça rend pas mal de services lorsqu’elle est compétente. – Son sourire s’agrandit. – J’espère que tu la traites bien.

Elle ne se faisait pas vraiment de souci là-dessus, même si les hommes puissants dérapaient parfois en oubliant qu’ils n’étaient pas les rois du monde et qu’ils devaient le respect à leurs employés. Siobhan savait que Warren était bien élevé et mesurait chacune de ses attitudes, mais on n’était jamais à l’abri d’un dérapage malencontreux… Ceci dit, la mutante restait confiante et était prête à parier que cette secrétaire ne souhaiterait quitter sa place pour rien au monde.

Warren évoqua le projet dont les médias avaient esquissé les grandes lignes ces derniers jours, et la jeune femme pu ainsi constater qu’effectivement, son ami suivait la chose de très près, même si quelques détails n’étaient pas vraiment exacts.

En réalité, il ne s’agit que d’une reconduction de contrat, ce n’est certes pas aussi complexe que de négocier un nouveau marché, mais ça demande quand même d’apporter de nouveaux arguments. Enfin en tout cas, nous apportons de nouveaux arguments aux négociations. La partie la plus délicate est juste une question d’argent, parce que du montant du contrat dépendra ou non la reconduction des contrats qui nous lient à certains sous-traitants, l’embauche de nouveaux salariés, etc… - Siobhan esquissa un sourire en entendant la dernière phrase de Warren. – Il y en a déjà pas mal en réalité, et la confiance de ces entreprises autant que celles de gouvernements nous permet une assez bonne position sur le marché et en bourse. Ya toute une partie qui m’échappe au niveau financier, mais j’essaie de maîtriser mon sujet au maximum !

Siobhan mettait toutes les chances de son côté pour éviter de faire une boulette sur les questions d’argent, mais les finances restaient à ses yeux le domaine de compétences des nombreux comptables et fiscalistes qu’employait l’entreprise. Cela dit, cela ne la dispensait pas de s’y intéresser…

Mais cela dit, je suis certaine que tout nouveau partenaire serait le bienvenu. Sauf que là, ça me dépasse de très loin puisque je ne siège pas au conseil d’administration… Mais si tu veux, je peux te mettre en relation avec Gregory Reed, mon patron, comme ça vous pourrez en discuter ensemble. – Siobhan haussa les épaules avec amusement. – Je ne suis après tout que la messagère !

C’était la stricte vérité, et il ne fallait pas croire que Siobhan ait joué un quelconque rôle dans la détermination des nouveaux marchés sur lesquels se lançait Damage Control. Elle n’était « que » la chargée de communication, ce qui signifiait qu’elle pouvait faire toutes les suggestions qu’elle voulait, aucune n’aboutirait si le conseil d’administration n’approuvait pas.

Occupée à nettoyer les crevettes, Siobhan n’avait pas vu Warren batailler avec les tomates, et ce n’est que lorsqu’elle entendit le robinet s’ouvrir qu’elle orienta son regard vers lui. Comme elle le voyait de dos, rien ne lui permettait de déterminer qu’il s’était blessé, mais lorsqu’elle l’entendit râler, elle se désintéressa de la nourriture pour s’essuyer les mains dans un torchon avant de le rejoindre.

Tu t’es blessé ?

L’espace d’une seconde, elle jeta un regard anxieux à l’endroit où les tomates et le couteau étaient restés, craignant d’y découvrir une phalange. L’inquiétude dans la voix du mutant incita la jeune femme à le fixer de nouveau puis à s’intéresser au doigt qu’il lui montrait, expliquant que sa blessure venait de se cicatriser toute seule et que ce n’était pas la première fois que cela se produisait. Siobhan ne pu s’empêcher de lui prendre la main où quelques traces de sang subsistaient, et elle eût beau la retourner dans tous les sens, elle ne trouva aucune trace de coupure… Un soupir lui échappa avant qu’elle ne laisse la main de Warren tranquille :

C’est plutôt… inattendu. Enfin c’est bizarre, parce que les mutations secondaires ne sont pas si courantes que ça… Ca n’était jamais arrivé avant, même quand tu étais plus jeune ?

Siobhan n’avait que de vagues notions de génétique, mais le fait qu’elle ait participé au rangement des affaires du Professeur après sa mort lui avait permis de parcourir quelques-uns de ses travaux là-dessus. Warren proposa finalement de passer à autre chose, répondant à la question posée par son amie un peu plus tôt histoire de bien esquiver le sujet qui l’avait amené à réagir normalement en laissant transparaître une certaine inquiétude tant dans sa voix que dans son attitude…

Tu sais, je pense qu’il faudrait en parler à Jean… C’est de loin la plus calée de nous tous en termes de mutation, et en plus elle est médecin. Ca permettra d’être sûrs que tout est normal…

Siobhan ne lâchait pas le morceau facilement, surtout lorsque la santé des gens qu’elle aimait était en jeu. Elle ne pu s’empêcher de rire lorsque Warren lui demanda ce qu’elle avait inventé pour ses cours.

Au prochain cours, ça sera sculpture de totems sur des rondins de bois, avec un marteau et un burin. A l’ancienne, quoi… - Elle marqua une pause. – Encore que, je suis pas certaine que les amérindiens aient eu des marteaux et des burins à disposition… Faudra que je vérifie ce détail. Ca changera des traditionnels travaux sur feuille de canson, et ça permettra à tout le monde de prendre l’air parce qu’on s’installera dans le parc !

( ^^ )


Siobhan n’avait pas pu s’empêcher d’éclater de rire lorsqu’elle avait entendu Warren demander pourquoi tout le monde s’inquiétait uniquement du bien-être de sa secrétaire et non du sien. Ca, et son air théâtral avaient complètement achevé l’irlandaise, qui retrouva malgré tout son calme assez rapidement :

Peut-être parce qu’on a rarement entendu parler de patrons persécutés par leurs secrétaires… A moins qu’il n’y ait une sorte d’omerta dessus. – Son sourire s’agrandit. – En tout cas, je me dis qu’avec toi, il y a peu de chances qu’elle claque un jour la porte en évoquant un manque de considération de la part du patron.

Siobhan pensait réellement ce qu’elle venait de dire. Elle connaissait suffisamment Warren pour avoir pu constater qu’il traitait bien absolument tout le monde, indépendamment de sa position sociale ou de sa fortune. D’ailleurs s’il avait choisi ses amis sur de simples critères financiers, il était certain que l’irlandaise n’aurait jamais pu compter au nombre de ses proches, sauf si elle gagnait le super jackpot au loto… Alors considérer que Warren traitait bien ses subordonné(e)s – soit tous les employés de son entreprise, en fait – par le simple fait d’être capable de se lier à des personnes issus d’autres milieux était certes un peu naïf, mais Siobhan ne pouvait pas l’imaginer dans la peau d’un patron colérique qui hurlait à longueur de journées sur ses employés. Elle n’était pas certaine de ce qui ne collait pas au tableau, mais la jeune femme avait tout simplement du mal à imaginer ce genre de choses. Warren était tellement poli et tellement prévenant… l’imaginer comme un patron sans cœur paraissait tout bonnement impossible !

Après avoir avoué un certain manque de connaissances concernant la bourse, les actions et tout ce qui allait avec, Siobhan avait tout de même conclu qu’elle faisait toujours le maximum afin de ne pas dire de bétises énormes, et donc de maîtriser au maximum le sujet dont elle parlait. Warren la félicita, trouvant que c’était plutôt réussi, et Siobhan en rosit de fierté. Ses collaborateurs l’avaient déjà félicitée, mais le fait qu’un PDG connaissant bien le secteur boursier et le milieu de la finance fasse de même, ça avait quelque chose d’autrement impressionnant… Bien sûr, Warren était son ami et n’oserait jamais doute pas lui dire ouvertement qu’elle avait fait quelque chose d’absolument merdique, mais tout de même, Siobhan en retira une grande fierté.

Warren la remercia également d’avoir proposé de le mettre en contact avec son patron, et Warren la complimenta une seconde fois, assurant qu’elle était plus qu’une simple messagère. Siobhan lui adressa un sourire lumineux avant de reprendre la parole, les joues toujours légèrement rosies :

C’est vraiment gentil. C’est sans doute vrai… Mais je pense que mon ego n’a pas besoin d’en obtenir confirmation !

En effet, mieux valait éviter de trop lui lancer des fleurs parce que Siobhan pouvait avoir vite fait de commencer à exagérer, même si elle faisait beaucoup d’efforts pour que cela n’arrive pas trop souvent - mais malheureusement, les efforts n’étaient pas toujours payants.
La blessure cicatrisée en quelques minutes retint toute l’attention de Siobhan, et elle éprouva quelques difficultés à ne pas s’inquiéter pour la santé de son ami. Warren expliqua qu’étant plus jeune, il avait essayé de se couper les ailes peu avant qu’elles n’atteignent leur taille normale, et l’irlandaise en frissonna, essayant d’imaginer la volonté et la détermination qu’il fallait avoir pour se charcuter de la sorte et supporter la douleur jusqu’au bout… Elle ne connaissait pas avec précision ce que Warren avait du traverser, mais il y avait fort à parier pour qu’il s’agisse du genre d’évènements qui laissaient des traces indélébiles sur l’esprit.

Après avoir suggéré à son ami de passer voir Jean à l’infirmerie, elle ne fut guère étonnée d’entendre Warren trouver trois excuses différentes pour justifier le fait qu’il ne mettrait probablement jamais l’orteil à l’infirmerie dans un avenir proche. Siobhan esquissa un sourire amusé et en remit tout de même une couche parce qu’elle s’inquiétait pour lui :

Jean n’est jamais trop occupée lorsqu’il s’agit d’aider quelqu’un…

Cette phrase laissait un goût bizarre dans la bouche de Siobhan malgré le fait qu’elle en pense chaque mot. Jean était toujours là pour aider, mais les choses avaient vraiment changé depuis la mort du Professeur – ou son assassinat, plus précisément. La jeune femme peinait à placer sa pleine confiance en les agissements de Jean, mais pourtant elle essayait de toutes ses forces de ne pas lui tenir rigueur de tout le mal qu’elle avait fait – que Phénix avait fait. Siobhan ne connaissait pas réellement les peines de cœur de tout le monde, notamment pour ce qui concernait Jean de laquelle elle n’était pas bien proche à l’époque. Et puis en toute honnêteté, Siobhan avait déjà eu bien suffisamment à gérer en catastrophe lorsque Quentin avait quitté l’Institut pour se payer le luxe de se mêler des problèmes de cœur des autres…

La discussion s’orienta très naturellement du côté du prochain sujet de son cours d’arts plastiques, et la jeune femme rit de bon cœur suite à la boutade de Warren.

Au contraire, je suis persuadée que nous n’aurons aucune perte de membre à déplorer. Les élèves aiment tellement laisser de côté les trucs un peu trop traditionnels pour se lancer dans quelque chose de nouveau que ça les pousse à faire extrêmement attention à respecter les consignes que je donne. – Siobhan marqua une légère pause avant de sourire avec amusement. – Tu sais, c’est un peu comme lorsque tu leur parles de Schumpeter, Marx ou de Ford… c’est dangereux d’une certaine manière, mais si toute la théorie est appliquée de manière optimale, tout se passe bien.

Warren lui demanda finalement si elle avait eu l’autorisation franche de quelqu’un ou s’il avait fallu qu’elle se fasse pistonner pour pouvoir lancer ce cours. L’irlandaise heurta légèrement de son point l’épaule du mutant, visiblement peu décidée à laisser passer ce genre de choses sans y aller elle aussi de sa petite boutade :

Ecoute, on m’a dit très clairement que j’avais carte blanche aussi longtemps que je proposerais des thèmes de cours dont tu ne verrais pas l’intérêt… - Son sourire s’étira. – Et visiblement, je me débrouille plutôt bien, non ?

Siobhan avait un humour incroyable à propos d’elle-même. Warren finit par très bien supposer qu’elle participerait à son propre atelier, et spécula sur l’objet sculpté qu’elle livrerait lorsqu’elle en aurait fini avec son morceau de bois. Siobhan haussa les épaules avant de prendre quelques secondes pour réfléchir, tout en terminant la préparation de la vinaigrette qui accompagnerait les tomates :

Pour l’instant, je n’ai rien de particulier en tête, mais ça viendra sur le moment… C’est ce qui est si intéressant avec l’art, c’est que tu ne peux jamais rien prévoir à l’avance.

Siobhan n’avait pas pu s’empêcher d’éclater de rire lorsque Warren lui avait demandé d’imaginer tout ce que sa secrétaire lui faisait subir, précisant qu’elle le forçait à manger aux heures des repas et lui apportait même son goûter… Comment pourrait-elle ne pas en rire et ne pas trouver la secrétaire en question véritablement attachant ? Après tout, c’était beaucoup plus profitable que d’avoir à supporter une secrétaire hybride chacal qui n’avait pas un petit mot ou une attention aimable pour ses collaborateurs – même sans parler du patron – et Siobhan aurait bien aimé la rencontrer pour voir si la mamie-gâteau qu’elle imaginait était bien la secrétaire de Warren… Son sourire peina à ne pas s’agrandir davantage, et la jeune femme finit par reprendre la parole avec toujours ce ton amusé :

Moi je trouve que c’est drôlement agréable quand tu y réfléchis un peu… Tu as tes réunions et tous tes trucs de PDG qui te demandent d’y passer du temps, et tu as ta secrétaire qui est suffisamment serviable pour t’éviter de faire la queue pendant 30 minutes pour acheter un malheureux sandwich… - Le pire, c’était que Siobhan n’exagérait même pas sur la durée, parce qu’il lui arrivait souvent de se décourager et de décider de sauter un repas après 10 minutes de queue à la boulangerie. – Et puis si en plus de veiller à ce que tu ne perdes pas toutes tes plumes, elle est efficace dans son travail, alors j’espère qu’elle ne te quittera pas de sitôt parce que tu auras du mal à la remplacer…

On pouvait facilement trouver une autre personne compétente, mais lorsque les critères de recherche comportaient également des valeurs humaines ou une manière de faire bien particulière, c’était déjà plus compliqué de trouver la perle rare…

Au sujet de cette coupure à présent invisible, Warren déclara que ce n’était pas grave puisqu’il avait seulement l’air de refermer les plaies et qu’il n’en provoquait pas… Siobhan fronça les sourcils, pas vraiment satisfaite de ce genre de réponse, et se permit d’insister :

J’irais en parler à Jean, si tu veux… - Elle pensait que c’était à ce niveau-là que son ami faisait un blocage. Comment lui en vouloir lorsqu’on savait que Jean pouvait désintégrer une personne en moins de deux secondes ? – Les évolutions de pouvoir ne sont pas à prendre à la légère, et je serais toi, j’aurais envie de savoir ce que celle-ci me réserve… Imagine un peu que tu commences par cicatriser, et que dans quelques semaines des plumes te poussent sur tout le corps ! – Siobhan avait un don inné pour dramatiser, mais là c’était pour rendre service à un ami donc c’était autorisé. – Et puis sans compter qu’on ne sait pas si le fait de guérir de cette manière ne va pas te demander encore plus d’énergie et t’affaiblir considérablement… Non, s’il le faut, je te ficelle et je t’y emmène en te trainant derrière moi !

Son rire résonna dans la cuisine, mais quelque chose dans le regard de l’irlandaise indiquait qu’elle était malgré cela capable de le faire.
Pour éluder définitivement le sujet, Warren demanda à son amie de lui raconter son prochain cours, précisant qu’il avait la certitude qu’elle se débrouillerait très bien. L’irlandaise eût un sourire ravi et deux petites rougeurs apparurent sur ses joues pour indiquer que les marques de confiance lui faisaient toujours autant d’effet, notamment lorsqu’elles venaient d’une personne aussi honnête que Warren :

Merci ! – Son sourire s’était étiré avec sincérité. – Et je ne manquerais pas de te raconter ça avec un maximum de détails ! – Siobhan remarqua que son ami louchait sur la nourriture tout juste prête. – Ah, oui, tu as toujours faim, peut-être…

Siobhan rassembla les plats sur la table pendant que Warren sortait les assiettes et tout le nécessaire pour le petit festin. L’irlandaise s’interrompit pour le regarder plier les serviettes avec une application qui n’appartenait sans doute qu’à lui. Lorsqu’il eût terminé, il tira la chaise pour permettre à son amie de s’installer, une manière raffinée de plus à laquelle Siobhan n’arriverait sans doute jamais à s’habituer parce qu’on l’avait élevée à la bonne franquette et à des années-lumière des valeurs qui avaient été inculquées à Warren en raison de la position sociale de sa famille. Cependant, cela ne l’empêcha pas d’apprécier les bonnes manières de son ami et de lui adresser un sourire radieux en guise de remerciement. Siobhan répartit ensuite la nourriture également dans les deux assiettes, en avantageant toutefois Warren dont elle connaissait les énormes besoins de nourriture pour ne pas se vider de son énergie. C’était sa manière à elle de prendre soin de lui, tout comme lui pouvait avoir toutes ces attentions envers elle, et comme à chaque fois, Siobhan ne le fit pas remarquer. Warren se détendit suffisamment pour aborder un sujet autre que le travail ou les cours à l’Institut, et Siobhan lui adressa un sourire complice tout en lui tendant le bol de sauce vinaigrette pour assaisonner les tomates et la fêta.

A part le boulot et les cours… il y a quelques petites choses qui sortent de l’ordinaire… - Ses joues rosirent légèrement. – Tu as peut-être du remarquer que Quentin était revenu…

Les sentiments de Siobhan pour le télépathe n’avaient jamais été un mystère pour personne, et même si Warren n’avait pas grandi à l’Institut, Siobhan lui avait déjà parlé de son ex petit-ami à quelques reprises, mais sans jamais admettre qu’elle pouvait encore en pincer sévèrement pour lui…

C’est une très bonne chose, si tu veux mon avis… - Elle leva les yeux de son assiette et s’empressa d’ajouter autre chose. - … pas forcément pour les raisons qui te paraîtront les plus évidentes…

(désolée pour le retard ! )

Siobhan avait toujours tendance à grossir le trait de pas mal de choses pour bien appuyer certains éléments de son discours. Il y avait des fois où le grossissement de trait passait bien et servait son argumentation, et il y avait les fois où cela ne servait à rien… Dans le cas de Warren, la jeune femme ne savait jamais si cela fonctionnait ou non, mais le renfrognement assez inattendu de son ami accompagné d’un bougonnement précisant que non, il ne perdait pas ses plumes, sema le doute dans l’esprit de l’irlandaise. Un rapide coup d’œil à Warren lui permit de constater que son regard ne semblait pas trop avoir changé, et un éclat de rire ne tarda pas à être émis pour témoigner de l’amusement que ce type de réaction faussement vexée pouvait susciter chez Siobhan.

J’oubliais que la perte des plumes était un sujet tout aussi sensible que la chute des cheveux… - Elle marqua une courte pause. - … ce que les hommes peuvent être susceptibles !

Si on poussait son propos plus loin, on aurait presque pu croire que Siobhan était ce genre de femme qui n’avait pas envie de se prendre la tête avec les susceptibilités de l’autre sexe et qui avait donc choisi de rester seule pour avoir une paix royale. La vérité était sans doute un peu plus complexe que ça, mais à voir certaines de ses réactions on pouvait légitimement se poser la question concernant son célibat.

Un début de réponse arriva concernant les exagérations de Siobhan lorsque Warren déclara qu’il irait voir Jean seul. Ainsi, elle avait su trouver les mots pour qu’il cesse de prendre à la légère ce changement inattendu dans sa mutation, et l’irlandaise s’en félicita tout en espérant que cette entrevue avec Jean ne déboucherait ni sur une visite au cimetière, ni sur une mauvaise nouvelle en lien avec la perte des plumes de son amie ou son aptitude à voler… Parce qu’en fait, Siobhan ne connaissait certes pas tous les types de mutation, mais elle n’avait jamais vu de mutants guérisseurs capables de voler. Est-ce que cela voulait dire que Warren perdrait ses ailes prochainement ? Cette idée lui glaça le sang, et Siobhan préféra penser très vite à autre chose, se contentant d’un hochement de tête approbateur à l’intention de son ami.

L’ « autre chose », ce fut Quentin. Génial. Comme si Siobhan n’avait pas suffisamment de difficulté à essayer d’arrêter de penser à lui… C’était un véritable festival de pensées bizarres depuis que son ex petit-ami était revenu à l’Institut, et le fait qu’elle trouve à chaque fois elle-même le moyen de s’enfoncer en parlant de lui était presque devenu une sorte de sixième sens chez la jeune femme. Ou comment se tirer toute seule une balle dans le pied. Sa spécialité.

Warren expliqua qu’il avait assisté à l’un des cours de Quentin, pensant l’aider à s’en sortir au cas où cela se passe mal. Siobhan avait machinalement esquissé un sourire, du genre de ceux qui n’exprimaient ni doute, ni jugement. D’expérience et parce qu’elle avait elle-même pu faire l’expérience de la pédagogie de Quentin, elle pressentait qu’il s’en était bien sorti avec sa classe. C’était en quelque sorte beaucoup plus instinctif qu’autre chose, notamment parce que réussir à capter l’attention d’une hyperactive était déjà un exploit en soi, alors pour ce qui était d’adolescents « normaux » - sans hyperactivité – elle ne se faisait aucun souci. Siobhan afficha en revanche un air interrogatif peu après que Warren ait évoqué le côté tendancieux qu’avait pu prendre la conversation : qu’est-ce qui avait pu faire glisser un cours de littérature à ce point vers autre chose ? La littérature érotique n’était pas le genre de choses pour lesquelles Quentin devait se passionner, et la mutante l’imaginait assez mal faire lire ce genre de choses à des ados qui avaient déjà les hormones dans un état pas possible… Perdue dans diverses suppositions sans queue ni tête, Siobhan loupa une partie du discours de Warren et ne reprit la parole qu’à la fin, lorsqu’il lui demanda ce qu’il était sensé comprendre de ce qu’elle ne disait qu’à demi-mots. L’irlandaise s’empourpra légèrement :

Je… - Elle déglutit, alors que Warren lui demandait si ça allait. Siobhan esquissa un sourire sensé dissimuler sa gêne. – Bien sûr, ça va. Et je n’ai absolument aucune idée de ce que tu pourrais croire… mais ça ne serait absolument pas ça. Pas du tout, même. Enfin, tu vois ? - Siobhan et ses emmêlements de pinceaux. – Mais quoi que ce soit, c’est une bonne chose…

C’était sûrement le seul point sur lequel elle s’était fait son opinion. Tout le reste était encore trop flou dans son esprit…