Une nouvelle journée commençait à New York. Une journée de cours ordinaire pour Lyra Webster, jeune enseignante d'arts plastiques et de dessin à l'Université. Elle qui n'aurait jamais pensé enseigner un jour durant ses études, elle se retrouvait à apprécier son emploi et à prendre du plaisir à donner ses cours. Il fallait dire que ça devait être beaucoup plus sympa d'enseigner le dessin que l'histoire ou les maths, des matières beaucoup moins créatives et flexibles qui ne laissaient pas vraiment place à la bonne humeur et à une certaine détente. Même si Lyra exigeait un certain sérieux durant ses cours - on n'était pas non plus là pour jouer les glandus et renforcer les stéréotypes qu'on avait sur les artistes - l'ambiance de la classe était néanmoins plus décontractée que dans un cours où l'on bûchait sur des équations complexes sans queue ni tête et sur des concepts philosophiques très sophistiqués. Au moins, l'imagination et la créativité pouvaient y évoluer librement et il était satisfaisant pour Lyra de voir naître des ébauches d'œuvres devant ses yeux, de voir ces jeunes artistes en herbe concentrés sur leur propre style naissant.
Lyra devait bien s'avouer que ce n'était pas la carrière qu'elle avait envisagée en premier lieu, mais cas de force majeur, elle avait dû se trouver rapidement une place afin de gagner son propre salaire et ainsi espérer pouvoir déménager et se prendre un studio décent dans un quartier qui craignait moins. Harlem n'était pas le pire coin dans New York, mais disons que James et elle avaient certains voisins que la jeune femme aurait préféré ne pas avoir à croiser le soir lorsqu'elle rentrait chez elle. Lorsqu'on est une jeune artiste à peine sortie des Beaux-Arts, on a forcément de grands projets de carrière en tête, on ne s'imagine pas enseigner dans un lycée quelconque avant d'avoir tenté sa chance dans le monde impitoyable, fermé et très sélect des arts. C'était exactement comme dans la mode. Tous les jeunes stylistes rêvent de se faire un nom à la Karl Lagerfeld, Ralph Lauren ou Jean-Paul Gaultier, mais les désillusions arrivent vite et beaucoup se retrouvent à travailler dans des magasins, des boutiques quelconques... D'accord, ce n'était peut-être pas aussi prestigieux d'enseigner mais au moins, Lyra travaillait à l'université et un bon salaire tombait à la fin de chaque mois, un salaire qui lui permettait de vivre très correctement vu le loyer modeste que lui demandait son studio. Elle avait eu beaucoup de chance de trouver ce studio à si bon loyer dans l'Upper East Side, ce n'était pas le quartier le meilleur marché. C'était petit mais pour l'instant, cela lui convenait. Elle n'était pas difficile à contenter, tant que c'était propre...

Quoiqu'il en soit, Lyra menait désormais une petite vie tranquille, rythmée par le programme et les événements universitaires. Une routine rassurante, sans événements désagréables qui déboulaient sans prévenir. Lyra n'était pas une aventurière dans l'âme et ce n'était pas sa condition de mutante qui allait changer cela. De toute façon, son pouvoir n'était pas assez fiable pour qu'elle puisse être une super-héroïne convaincante. Non, elle préférait nettement rester là à enseigner paisiblement à des étudiants pour les pousser à exploiter au mieux leur potentiel artistique.
Ce matin-là, elle donnait deux cours d'arts plastiques, l'après-midi serait consacré à des cours de dessin à proprement parler. Lyra arriva très tôt dans la salle de cours, une grande pièce où régnait un joyeux désordre propre aux artistes. Les armoires débordaient de pinceaux, de pots de peinture multicolores, de feuilles aux dimensions variées, de crayons à profusion et de tout un tas d'autres objets... Un large choix de matériel pour que les artistes en herbe ne sentent pas leur inspiration frustrée par une pénurie de matériel. Généralement, les élèves avaient leurs propres crayons et pinceaux et lorsqu'un cours demandait un matériel spécifique, Lyra se chargeait de l'amener elle-même. En observant les armoires occupaient l'espace tout au fond de la classe, elle se dit qu'il faudrait qu'elle y mette un peu d'ordre un jour où l'autre, tout en sachant pertinemment que cela ne se ferait pas de sitôt. Elle alluma les lumières, enleva sa veste et son sac en bandoulière qu'elle laissa tomber sur son bureau, puis se dirigea droit vers le fond de la salle. Un carton rempli de raphia, de fils de fer et de ficelles en tous genres traînait là, chutes de tissus et morceaux de sagex dans un autre; le rayon d'une étagère croulant sous les boîtes de gommes, de ciseaux et de peinture... Une véritable caverne d'Ali Baba, on y trouvait toujours son bonheur. Avec Lyra, il ne fallait jamais hésiter à faire dans la fantaisie et l'originalité, après tout c'était le propre de l'art. Il n'y avait pas de juste ou faux. Au niveau purement technique, il y avait bien entendu différentes techniques de dessin et de peinture assez précises et pointues, pareil au niveau de la composition d'un tableau (les perspectives, la règle des tiers, par ex.) mais pour ce qui était de la créativité... Il fallait simplement laisser libre cours à son inspiration. Après tout, cette classe était bien comme elle était, tant que ça restait un minimum propre, on n'allait pas en faire tout un plat.

Tables et chevalets étaient en place, dispersés un peu partout dans l'espace libre de salles, cependant toujours face du bureau de Lyra et du tableau noir qui se trouvait derrière. Aujourd'hui aurait lieu leur deuxième cours sur le pop art, Lyra leur ayant demandé de réaliser une œuvre dans les règles de ce mouvement. Ce n'était peut-être pas son style favori mais Lyra avait jugé que cela pourrait sans doute être intéressant de travailler dans les pas d'Andy Warhol, de Richard Hamilton et de Jasper Johns, vu que le pop art ne se limitait pas qu'à la peinture. La classe était paisible mais cela ne dura pas longtemps. Après son petit tour d'inspection au fond de la salle, Lyra s'occupait de noter quelques éléments au tableau noir. Au cours dernier, elle leur avait fait un petit rappel sur le pop art, sachant que ses collègues historiens de l'art y consacraient un cours ou deux, mais elle ne s'y était pas attardée, ne donnant que des indications purement pratiques et techniques.
La sonnerie annonçant le début des cours retentit très vite et un flot d'élèves déboula dans les couloirs ainsi que dans sa classe, Lyra s'étonnant de leur air matinal. Une série de "Bonjour !" résonnèrent dans son dos, alors qu'elle terminait d'écrire sa phrase au tableau, et elle se retourna alors, saluant ses élèves avec un grand sourire. Rejetant ses longs cheveux blonds sur ses épaules, Lyra éleva légèrement la voix pour obtenir le silence et donner quelques indications.

- Je vous laisse reprendre là où vous en étiez la dernèire fois, dit-elle d'un ton joyeux. Je me permets de vous rappeler que le pop art ne se limite pas à la peinture, il touche également l'architecture, la mode et le dessin. Son influence touche même la publicité et la télévision, puisqu'il se veut dénonciateur de la société de consommation, de la technologie et de la consommation de masse...

Les étudiants ne se firent pas prier deux fois pour se remettre au boulot. Si les armoire du fond contenaient tout le matériel, celles sur les côtés de la salle étaient utilisées pour ranger les travaux des élèves, ceux dont les dimensions et la forme permettaient d'être rangés dans une armoire. Il y avait de bons débuts, cela promettait. Durant le cours, Lyra passait entre les tables, observait et corrigeant les étudiants, donnant un conseil ou un encouragement ci et là. Et en retour, les étudiants ne se privaient pas de discuter et de plaisanter. Lyra n'aurait pu trouver meilleur emploi, c'était tout ce dont elle avait besoin pour le moment. Ces étudiants, qui n'avaient que six ou sept de moins qu'elle pour les plus jeunes, avaient beaucoup à lui apprendre.
Le cours se déroula tranquillement, Lyra remarquant déjà les travaux de certains élèves, dont une jeune fille aux flamboyants cheveux roux, la jeune Emily. Cette étudiante en neurobiologie aimait les arts plastiques, cela se voyait. Quand le cours prit fin et que la sonnerie résonna à nouveau, la jeune femme lança un sourire à Emily et à quelques autres avant qu'ils ne sortent pour la pause du matin. Une fois que la salle fut vide, Lyra s'occupa de ranger un peu, histoire que tout soit prêt pour le cours suivant. En voulant ranger des boîtes de peinture, son coude heurta un verre rempli d'eau qui se brisa sur le lino. Bien joué, Lyra, une fois de plus ! La jeune femme jeta un regard derrière elle pour s'assurer qu'elle était seule, mais elle ne risquait pas grand chose. Le couloir était silencieux et si quelqu'un arrivait, elle l'entendrait vite venir. Alors, au lieu de prendre simplement un linge pour éponger l'eau, Lyra tenta d'user de son pouvoir. Elle devait l'entraîner, alors bon... Elle tendit la main en direction de l'eau et ses doigts se resserrèrent peu à peu tel une serre d'oiseau, au fur et à mesure qu'elle se concentrait pour augmenter la température de l'élément liquide. Le changement se fit petit à petit, dans les premières vingt secondes ce fut comme s'il ne se passait rien. Et puis, d'un seul coup : plop! Plop ! La petite flaque d'eau était devenue brusquement bouillante et une légère vapeur d'eau s'éleva bientôt devant elle. Lyra alla donc ouvrir une fenêtre pour dissiper tout cela et revint vers son bureau, quand elle se rendit compte qu'Emily était revenue, sans doute pour poser une soudaine question ou récupérer quelque chose qu'elle avait oublié.
*Elle n'a sans doute rien vu, ne commence pas à paniquer.*

- Tiens, Emily ! s'exclama-t-elle de la voix la plus enjouée possible. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

Lyra espérait vraiment que son sourire n'était pas trop crispé et qu'il donnerait le change.

[HJ : Désolée pour l'attente, j'ai pas mal été occupée.]

Une nouvelle journée commençait pour Mily. Assez tôt, elle dut se lever, car elle devait prendre le bus pour aller au centre ville, ayant cours à l'université. Elle se leva discrètement, histoire de ne pas réveiller sa collocatire et récupéra son sac qu'elle avait préparé la veille, ce qu'elle faisait toujours, au moins pas de mauvaises nouvelles une fois arrivé en cours. Elle sortit de la chambre tout aussi silencieusement et descendit à la cuisine histoire de prendre un petit dèj. Elle croisa quelques élèves matinaux qu'elle salua et arriva à la cuisine.

Là aussi il y avait quelques personnes, il y avait quasiment toujours quelqu'un, on aurait dit que c'était l'endroit où aller. Elle prit du pain et les mit au grille pain et s'en fit des tartines avec du beurre et de la confiture. Elle finit par y aller, ayant une dernière tartine dans les mains, pour éviter de rater le bus. Ce serait le coup, elle qui se levait toujours en avance pour éviter cela justement. En plus, elle était en avance, à toujours avoir peur de rater l'heure elle préférait de loin être avant l'heure. Elle eut le temps de finir sa tartine avant que le bus n'arrive. Elle y monta en saluant le chauffeur, toujours polie, et alla se trouver une place vers le milieu du bus. Elle s'assit et posa son sac à côté d'elle, non pas qu'elle ne voulait pas de compagnie, mais elle n'aimait pas avoir à tenir une discussion au pied levé et préférait aussi pouvoir penser tranquille sans quelqu'un qui se sentirait obligé de combler les blancs.

Elle pensa donc au cours qu'elle allait avoir en arrivant. C'était celui d'art plastique, ce qu'elle aimait beaucoup et qu'elle faisait parce que cela lui plaisait. Elle n'était pas obliger d'en faire, sa future spécialisation ne l'y obligeant pas, mais elle aimait trop pour passer à côté de tout ce qu'elle pourrait apprendre à ce sujet. Elle suivait d'ailleurs le même cours à l'Institut, surchargeant encore son emploi du temps déjà pas mal chargé, mais elle s'en fichait, ce n'était pas un cours qui demandait beaucoup de travail en dehors à part se souvenir de ce qu'elle avait voulu faire avant et même si elle ne s'en souvenait pas, le résultat était toujours à son goût, sauf quand elle voulait dessiner des gens sans modèle. Mais à part ces problèmes, elle adorait ce cours.

Elle aimait aussi beaucoup la professeur qui semblait jeune, il n'y avait que peu de différence entre son âge et celui de certains de ses élèves. Cela ne marchait pas avec elle, puisqu'elle était plus jeune que la plupart des autres étudiants. Mais même si la différence était moindre, la joie et le plaisir d'enseigner de cette professeur donnait envie d'aller à ses cours et d'en apprendre plus. Elle n'allais donc jamais à son cours en se disant qu'il n'y aurait aucune différence si elle n'y allait pas. D'ailleurs à l'Institut, c'était la même chose. Elle prenait toujours du plaisir à aller à ce cours.

Finalement, elle arriva à l'université et descendit du bus pour rejoindre ses amies qui étaient déjà là. Elle était souvent la dernière à arriver car ses horaires de bus ne lui permettaient pas d'arriver très tôt, mais il y avait toujours quelqu'un qu'elle pourrait rejoindre. Elle traînait toujours avec des élèves plus vieux qu'elle, car ayant sauté une classe, elle se retrouvait la plus jeune et cela avait été dur au début, mais finalement elle s'était bien intégrée et plus personne ne faisait attention à la différence d'âge, même plus elle. D'ailleurs, cela ne l'empêchait pas d'aller à des fêtes avec les autres même quand elle ne devrait pas pouvoir y aller et cela avait pas mal aidé à l'intégrer avec les autres.

La sonnerie retentit et elle se dirigea avec une amie en direction de la salle de classe, si l'on pouvait l'appeler ainsi. Elle ressemblait à une salle de classe que par la disposition des chevalets et tables vers le tableau et ce dernier. Et aussi la présence d'une professeur, même si le fait que cette dernière ne fasse pas régner un silence voulu presque religieux cassait un peu cette image, mais c'est aussi cela qu'elle aimait avec ce cours, pas besoin de faire attention à ne pas parler, fallait juste éviter de parler fort pour ne pas déranger les autres. Elle arriva à la salle et entra.

En entrant, elle dit bonjour au professeur et alla récupérer sa toile et s'installa à son chevalier habituel. Elle prit quelques secondes pour se remémorer ce qu'elle voulait faire à quelle partie elle en était. Elle n'avait pas vraiment de mal à peindre ce genre de chose, puisque c'était ainsi qu'elle dessinait quand elle voulait se détendre, mais elle avait du mal à déterminer en quoi il s'agissait d'un contre pied de la société de consommation, mais elle avait bien l'intention de le demander à son professeur après les cours. Elle ne suivait pas trop les cours d'histoire de l'art, sinon elle n'aurait jamais assez de temps pour tout faire, ce qui pouvait la mettre en dessous des autres, puisque Lyra n'avait pas repris le sujet pour l'expliquer autrement que par la technique et elle avait du faire des recherches chez elle, mais n'avait pas eu les réponses à toutes ses questions, donc elle avait attendu le cours suivant pour lui poser des questions.

Enfin, elle se remit à sa peinture, retrouvant le bout par lequel elle avait fini et commença à mélanger les couleurs et à apposer des couches de peinture. Elle faisait attention à ce qu'elle avait déjà mis et à ne pas dénaturer ce qui avait été fait et ce qu'elle voulait faire. Pendant ce temps, la prof passait dans les rangs et Mily n'écoutait que d'une oreille ce qu'elle pouvait dire aux autres car elle ne voyait pas ce que les autres faisaient et donc ce que Lyra corrigeait. Cette dernière arriva derrière elle et lui conseilla une autre couleur, plus en accord avec ce qu'elle faisait et elle suivit son conseil en la remerciant. Cela continua tout le long du cours et quelques paroles étaient échangées entre les élèves pour demander des conseils ou pour dire des compliments ou donner des conseils. Elle même aimait donner son avis sur le travail des autres et apprendre d'eux, donc elle se prêtait à ce jeu.

Finalement, le cours se termina et elle partit ranger son oeuvre, tout en souriant en retour à la professeur et en entamant une conversation avec une amie au sujet de ce qu'elles avaient fait. Oubliant complètement sa volonté d'aller poser des questions au professeur et partit avec Eva pour aller rejoindre d'autres amis et aller dehors avant d'aller au cours suivant. Elle suivit jusqu'à ce que cela lui revienne en tête. Elle avait déjà de la chance de s'en être rappelée avant le soir, quand elle serait à l'Institut. Elle avait tendance à oublier ce qu'elle voulait faire si elle ne le faisait pas de suite, ce qui n'était pas toujours évident. S'excusant donc auprès de son amie, elle refit le chemin à l'envers et retourna du côté de la salle d'art.

Elle y arriva et fut heureuse de constater qu'aucun élève du cours suivant n'était arrivé et que la professeur n'était pas encore partie. Par contre, alors qu'elle allait frapper à la porte pour se signaler, elle vit que la prof avait fait tomber un pot d'eau et qu'elle faisait un geste bizarre. Quelle ne fut pas son étonnement quand l'eau se mit à bouillonner et à s'évaporer. Elle resta alors plantée là, ne sachant plus quoi faire et le cerveau tournant de le vide, peinant à assimiler la nouvelle information. Finalement, après qu'elle ait ouvert la fenêtre, Lyra se rendit compte de la présence de son élève.

- Tiens, Emily ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

Elle semblait un peu inquiète et Emily ne pouvait pas lui en vouloir, qui aimerait que quelqu'un qu'on ne connait pas apprenne pour ses pouvoirs. Elle hésita à aborder ce qu'elle avait directement, mais se dit que ce serait trop brusque et se rappela de la question qu'elle voulait poser au départ. Elle se disait que ce serait une bonne entrée en matière, avant de poser une question embarrassante...

- En fait... Je voulais avoir plus de renseignements au sujet du pop-art. Je n'ai pas suivit le cours à ce sujet en histoire de l'art et mes recherches n'ont pas suffit. Je me demandais en quoi cet art était une dénonciation de la société ! Je n'arrive pas à faire le lien à part sur quelques oeuvres, mais les autres j'ai du mal.

Emily n'hésitait jamais à dire quand elle ne comprenait pas quelque, c'était peut être aussi pour cela qu'elle comprenait bien et vite les choses, contrairement aux autres qui n'osaient pas poser des questions. Par contre, elle ne savait pas comment la prof apprécierait le fait qu'elle n'ai pas suivit les cours d'histoire de l'art, à par quelques uns quand elle en avait le temps, mais elle avait raté le pop art.

Après avoir entendu la réponse de la professeur, qu'elle attendait avec impatience, elle osa enfin aborder le sujet de ce qu'elle avait vu. Difficilement, puisqu'il n'est jamais facile de le faire, mais elle devait essayer et au pire se prendre un savon, même si elle en doutait connaissant un peu Lyra. Elle risquait surtout de se faire remettre à sa place gentiment.

- Excusez moi, mais... Avant que je n'entre, je vous ai vue... avec l'eau... Vous êtes une... mutante ?

La dernière partie de la phrase avait été murmurée pour ne pas que quelqu'un qui passait par hasard ne l'entende. Il n'était jamais bon que cela se sache...

Tout allait bien, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Il n'y aurait aucun problème. Du moins, c'était ce dont Lyra tentait de se convaincre intérieurement. Cela lui apprendrait à se servir de son pouvoir en public, il ne pouvait rien lui arriver de bon en le faisant. Se sachant mauvaise comédienne, Lyra fit de son mieux pour paraître détendue et parfaitement normale sans pour autant être sûre du résultat donné. Si elle était douée pour dissimuler tout sentiment négatif et assurer que tout allait cependant bien, ce ne faisait pas pourtant d'elle une bonne menteuse pour autant. Elle s'efforça de rester concentrée sur ce que lui disait la jeune Emily - qui avait quatre ou cinq ans maximum de moins qu'elle, la différence n'était pas énorme - à propos des cours d'histoire de l'art qu'elle n'avait pas suivi, vu qu'elle était en sciences et non en option art comme la plupart des élèves de Lyra, et du fait qu'elle n'avait par conséquent pas tout compris à la définition du pop art ; tout en détaillant son expression et en jetant un ou deux coups d'œil sur les dernières gouttelettes d'eau encore fumantes qui constellaient encore le sol en lino. Elle comprenait que la jeune fille ne puisse suivre les cours d'histoire de l'art, elle avait pris les arts plastiques en seule option, donc ceux d'histoire de l'art n'étaient pas compris dans son cursus. D'autant plus qu'avec les matières qu'elle avait, Emily devait avoir un emploi du temps chargé !

- Eh bien... En bref, c'est Richard Hamilton qui a lancé le pop art dans les années cinquante, expliqua Lyra, réfléchissant pour se montrer aussi claire et concise que possible. Quand je disais qu'il dénonçait la société de consommation, c'est parce que le pop art présente ses œuvres comme de simple objets de consommation, créés en série et bons à jeter après utilisation... Tu connais sans doute Andy Warhol et ses portraits sérigraphiés de Marylin Monroe et d'Elizabeth Taylor ? Des tableaux créés en masse, comme on le fait dans nos usines.
C'est un style très vaste qui ne s'arrête pas à la peinture, comme je le disais tout à l'heure. Les artistes touchaient aussi à la publicité, aux bandes dessinées, à l'architecture. Ils utilisaient beaucoup la sérigraphie et l'acrylique (les couleurs sont pures, vives), également des objets de la vie courante telles que les cannettes de soda... Tout cela sort de l'industrie et de la consommation ! Cela t'éclaire-t-il un peu plus ou est-ce que je m'emmêle complètement les pinceaux ? Je comprends parfaitement qu'avec ton horaire, il ne te soit pas possible de suivre l'histoire de l'art, j'apprécie que tu sois venue me poser la question.

Elle eut un sourire paisible, espérant qu'elle ne s'était pas trop embrouillée dans ses explications. Lyra préférait nettement donner des cours pratiques, elle n'aurait pu donner des cours théoriques durant lesquels l'enseignant parlait tout du long, même si ces cours étaient nécessaires.

Bien entendu, Lyra sentit la deuxième question venir grâce aux traits délicats d'Emily qui cachait mal sa gêne. Et effectivement, l'intuition de Lyra se révéla exacte : son élève avait tout vu et lui demandait à présent si elle était bien une mutante. Sa voix s'était transformée en un murmure, par un souci de discrétion que la jeune Britannique apprécia, se demandant s'il était possible qu'Emily en soit une également... Cependant, Lyra ne voulut par courir le risque d'ameuter tout le monde et se hâta d'aller fermer la porte de la classe avant de refaire face à Emily. Elle ne voulait en aucun cas lui paraître menaçante pour avoir osé lui poser une telle question. Après tout, elle n'avait qu'à faire elle-même attention !

- Oui. Oui, c'est vrai : je suis une mutante, avoua Lyra à mi-voix malgré la porte fermée. J'ai été imprudente et j'aimerais te demander de garder cela pour toi. Tu comprends bien que ce n'est pas quelque chose qu'on a envie de crier à tout le monde, et je n'aimerais pas me faire virer. J'imagine que ce serait une raison suffisante pour renvoyer un enseignant.

Elle avala difficilement, croisa les bras sur sa poitrine et soupira en reportant son regard sur l'eau qui restait par terre.

- Mon pouvoir agit sur l'eau, déclara-t-elle après quelques instants de silence. Je peux modifier ses différents états et la modeler à ma guise, même si j'avoue que c'est rarement une réussite. J'ai préféré faire évaporer toute cette eau par terre, c'est plus rapide que d'aller chercher une panosse dans le fourbi au fond de la classe.

Vu qu'elle avait avoué avoir un pouvoir, autant expliquer la nature réelle de son don. Ainsi, Emily se rendrait compte qu'il n'était pas de nature dangereuse, du moins pas pour l'instant. Elle ne le maîtrisait pas assez bien pour pouvoir envisager de faire du mal à quelqu'un. Avec un faible sourire, elle tendit à nouveau une main en direction du sol. Au bout d'une petite vingtaine de secondes, les gouttes d'eau restées par terre gelèrent légèrement mais Lyra sut qu'elle ne pourrait faire mieux pour le moment. Comme tout en ce monde, il ne fallait pas abuser des bonnes comme des mauvaises choses.

- Voilà, ce sera notre petit secret... Je peux compter sur toi ?

Étonnement, Lyra se sentit un peu moins inquiète, sans que ce sentiment ne se dissipe totalement. Après tout, Emily était une jeune fille sérieuse, intelligente, une universitaire en neurobiologie avec un certain talent pour les arts plastiques... Elle ne devait pas être le genre de fille à aller fouiner partout...



[HJ : également désolée pour le retard. Gros week-end ]

La journée avait commencé normalement et rien n'aurait laissé pensé que cela changerait durant la journée. Pourtant, contrairement à ce qu'aurait pu pensé Emily, de suite après le premier cours, alors qu'elle revenait dans la salle pour parler avec la professeur de dessin. Elle était revenue parce qu'elle avait oublié de rester juste après la fin et c'est alors qu'elle l'avait vu faire bouillir de l'eau qui était au sol. N'importe qui d'autre aurait crié au mutant, partout dans l'université. Etant elle même une mutante, elle serait la dernière personne à le faire, bien au contraire. Elle se sentit alors gênée d'avoir vu cela, pas de doute sur le fait que la prof faisait tout pour le cacher et lui montrer qu'elle l'avait vue utiliser son pouvoir ne pourrait que l'effrayer.

Mais finalement, Lyra se rendis compte de la présence d'Emily et cette dernière essaya de cacher sa nervosité et les questions qu'elle se posait au sujet de sa prof. Finalement, elle préféra attendre un peu avant d'aborder cette question et posa celle qu'elle avait sur le cours et plus précisément sur le pop-art. N'ayant pas suivit le cours correspondant en histoire de l'art, elle pataugeait un peu dans la signification exacte de cet art. Non pas qu'elle y attachait énormément d'importance mais elle aimait savoir ce qu'elle faisait et ses recherches l'avaient mené à un problème : en quoi cela dénonçait-il la société de consommation. Lyra sembla se détendre, même si Emily avait bien vu qu'elle faisait en sorte de faire bonne figure et rien de plus.

- Eh bien... En bref, c'est Richard Hamilton qui a lancé le pop art dans les années cinquante. Quand je disais qu'il dénonçait la société de consommation, c'est parce que le pop art présente ses œuvres comme de simple objets de consommation, créés en série et bons à jeter après utilisation... Tu connais sans doute Andy Warhol et ses portraits sérigraphiés de Marylin Monroe et d'Elizabeth Taylor ? Des tableaux créés en masse, comme on le fait dans nos usines.
C'est un style très vaste qui ne s'arrête pas à la peinture, comme je le disais tout à l'heure. Les artistes touchaient aussi à la publicité, aux bandes dessinées, à l'architecture. Ils utilisaient beaucoup la sérigraphie et l'acrylique (les couleurs sont pures, vives), également des objets de la vie courante telles que les cannettes de soda... Tout cela sort de l'industrie et de la consommation ! Cela t'éclaire-t-il un peu plus ou est-ce que je m'emmêle complètement les pinceaux ? Je comprends parfaitement qu'avec ton horaire, il ne te soit pas possible de suivre l'histoire de l'art, j'apprécie que tu sois venue me poser la question.

Elle avait très bien répondu à ma question et je faisais de mon mieux pour suivre ses paroles et tout assimiler. Emily avait bien entendu vu certains des tableaux qu'elle avait cité et s'était parfois étonnée de voir un tableau qui en contenait plusieurs identiques. Sa réponse lui permettait de comprendre cela et le lien avec la société de consommation. Tout s'éclairait enfin. En plus, et Emily en fut contente, Lyra ne se formalisa pas du fait qu'elle n'avait pas suivit les cours. Emily était bien contente que sa prof comprenne qu'elle n'avait pas le temps de tout faire, surtout que pour elle, le cours d'Art était une "option" sur son emploi du temps en tout cas, ce qui chargeait pas mal son emploi du temps.

- Oui j'ai compris, les peintres montrent la société pour la critiquer, en utilisant les même moyens qu'utilisent nos industries... Vous avez été très claire, merci ! Et merci aussi pour votre écoute.

Emily lui sourit à la suite de ses paroles, elle aimait bien cette professeur et sa façon d'être à l'écoute et de ne pas hésiter à aider les élèves, alors que d'autres s'en seraient foutu, la confortait dans ce sentiment. Elle était contente d'être venue poser la question.

Par contre, elle aurait préféré ne pas avoir vu ce qu'il s'était passé juste avant et malgré une envie de faire comme si de rien n'était, elle finit par se décider à en parler à sa prof, non sans hésitation. Ce n'était pas son genre de s’immiscer ainsi dans la vie des autres, mais il est des fois où fermer les yeux sur quelque chose est trop dur et semble in-envisageable. Elle finit donc par dire à Lyra qu'elle l'avait vue et lui demanda si elle était bien mutante. Question inutile, mais ne pas la brusquer en la mettant devant le fait était mieux et surtout lui laissait la possibilité de ne pas en parler, ce qui serait tout à fait normal. Mais étonnement, elle acquiesça après avoir fermé la porte. Elle était tout à fait d'accord avec ça, c'était pour cela qu'elle n'avait pas parlé fort.

- Oui. Oui, c'est vrai : je suis une mutante J'ai été imprudente et j'aimerais te demander de garder cela pour toi. Tu comprends bien que ce n'est pas quelque chose qu'on a envie de crier à tout le monde, et je n'aimerais pas me faire virer. J'imagine que ce serait une raison suffisante pour renvoyer un enseignant.

Elle ne put que hocher la tête pour lui montrer qu'elle avait compris. Bien sur qu'elle imaginait bien que Lyra préférait que cela ne se sache pas, personne ne voulait que tout le monde sache qu'on est une mutante. Surtout que pour Lyra, Emily ne doutait pas que si cela s'apprenait, elle perdrait son travail, non pas que le directeur était anti-mutant -elle n'en savait rien-, mais si des parents l'apprenaient, ils risquaient de demander son renvoi. Emily ne dirait bien sur rien, entre mutante on se comprend.

- Mon pouvoir agit sur l'eau. Je peux modifier ses différents états et la modeler à ma guise, même si j'avoue que c'est rarement une réussite. J'ai préféré faire évaporer toute cette eau par terre, c'est plus rapide que d'aller chercher une panosse dans le fourbi au fond de la classe.

Emily eut droit à une tentative de démonstration de son pouvoir. Elle imaginait que Lyra avait voulu de nouveau faire bouillir l'eau pour s'en débarrasser, mais l'eau, peu coopérative, gela. Cela fit sourire Emily qui se rappelait de ses déboires avec son propre pouvoir. Elle ne fit rien d'autre pour l'instant mais elle se dit que ça ne serait pas une mauvaise idée d'enlever la glace. Mais pour l'instant, elle attendit que sa prof finisse de parler avant de reprendre elle même la parole.

- Voilà, ce sera notre petit secret... Je peux compter sur toi ?

Et voila, elle passa sur le fait qu'elle avait l'impression que sa prof lui parlait comme si elle était une gamine, mais on pouvait comprendre que Lyra soit un peu perturbée.

- Je comprends très bien ! Je ne dirais rien là dessus à personne. Je ne voudrais pas que vous perdiez votre travail. Donc, ne vous inquiétez pas, votre secret est bien gardé... Par contre, on devrait enlever la glace, ça va faire bizarre.

Par le "on", elle entendait bien sur elle même, puisqu'elle pouvait au moins refaire fondre l'eau qui avait glacé. Elle se dirigea donc vers la glace et se pencha pour se rapprocher de la glace. Elle n'avait pas vraiment besoin de toucher la glace, mais diriger son pouvoir grâce à la vue ou au toucher l'aidait. Bien sur elle s'était placée de façon à ce que Lyra puisse voir ce qu'elle faisait. Elle se concentra donc fortement sur ce qu'elle voulait obtenir, c'est à dire, redonner de la chaleur à cette glace. Pour que l'eau gèle, il faut qu'elle atteigne 0 degré ou moins, mais Emily ne pensait pas qu'elle soit allée très loin dans les négatifs. Elle fut soulagée de voir que de l'eau se reformait petit à petit et finalement il ne resta plus que de l'eau.

Elle attrapa un torchon et essuya l'eau. Elle ne pouvait pas faire plus, la température d'ébullition de l'eau étant hors de portée pour elle. Elle se releva et vacilla, elle se raccrocha à une table le temps que sa tête arrête de tourner et se tourna vers Lyra.

- Un secret ne vaut que s'il y a partage... Vous savez pour moi... moi je joue sur la température alentour...

Emily avait fini en hésitant, elle avait souvent du mal à exprimer ce genre de choses et donc ça avait eu du mal à sortir. Mais bon, elle avait senti que c'était en quelque sorte nécessaire, un échange de confiance...

Lyra espérait que la situation n'empirerait pas, qu'Emily saurait garder ce qu'elle avait vu pour elle. Elle s'en voulut pour son accès de négligence, elle qui était d'ordinaire si prudente, si peu encline à user de son don. Elle avait utilisé son pouvoir en public et se demandait à présent si sa jeune élève était digne de confiance, elle ne savait que trop ce qui pouvait arriver à certains mutants lorsque leurs proches ou leurs employeurs découvraient leur mutation. Certains avaient de la chance, étaient bien entourés; et les autres non, se retrouvaient seuls et emplis de colère. Lyra n'avait aucune envie de perdre son boulot, elle se plaisait à l'université et c'était en partie grâce à cela qu'elle avait pu remonter la pente. Elle ne doutait pas que le conseil d'administration ne garderait pas longtemps une enseignante douée d'hydrokinésie, ils pourraient penser qu'elle attendait le moment propice pour noyer tout le monde et engendrer de gros dégâts au sein du bâtiment universitaire. Sans parler des parents d'élèves qui n'aimeraient pas qu'une espèce de monstre capable de manipuler l'élément liquide à sa guide enseigne le dessin à leurs chers et précieux bambins. C'était injuste, d'autant plus lorsqu'on se demandait quel pourcentage il y avait de mutants sur tous les étudiants, mais c'était ainsi et il fallait s'y faire...

Amère, la jeune Anglaise fut au moins satisfaite d'avoir pu renseigner Emily sur le pop art, elle comprenait que ce n'était pas toujours facile de saisir le concept d'un mouvement artistique lorsqu'on ne suivait pas les cours d'histoire de l'art. Elle faisait de son mieux pour conserver son sang-froid et faire comme si de rien n'était. Emily la remercia pour son explication en souriant et Lyra hocha doucement de la tête, pour lui signifier que ce n'était rien et qu'elle était ravie d'avoir pu l'éclairer. C'était toujours agréable pour un enseignant de voir qu'un élève restait après les cours pour poser des questions. Au moins cela montrait qu'il s'intéressait aux cours et qu'il n'hésitait pas à rechercher une explication afin de comprendre et d'avancer.
Cependant, Lyra était nerveuse. Elle n'aimait pas trop l'idée qu'une jeune humaine en sache ainsi autant sur son pouvoir, persuadée que cette dernière était effectivement une humaine. Bien entendu, il ne lui serait pas venu à l'idée de lui demander si elle aussi possédait un pouvoir, sa priorité étant de s'assurer que son petit secret ne serait pas divulgué. Lyra savait intimement ce que ses collègues et ses supérieurs penseraient s'ils venaient à être au courant et elle n'avait aucune envie d'être virée. Elle adorait ce poste, sans lui elle n'aurait pas remonté la pente aussi facilement.

Alors qu'elle pensait qu'Emily ne possédait aucun pouvoir, la jeune étudiante lui assura qu'elle garderait tout cela pour elle. Lyra voulut bien la croire, elle n'avait rien de la fille qui cherchait à mettre tout le monde dans la mouise. Cependant, elle ne put s'empêcher de rester un poil méfiante, il en fallait si peu pour lancer une rumeur... Pourtant, Emily affirma que cette glace faisait un peu tache que les élèves du prochain cours trouveraient cela un peu étrange. Donc, elle s'avança et s'arrangea pour que Lyra puisse voir ce qu'elle s'apprêtait à faire. Intriguée, la jeune Anglaise vit la glace reprendre peu à peu sa forme liquide. Emily était donc une mutante, elle en fut instantanément soulagée. Une mutante dont le pouvoir agissait sur la température alentour et qui venait de redonner une température suffisante à l'eau pour qu'elle redevienne liquide et qu'Emily put ensuite éponger avec un linge. Lyra supposa qu'elle aurait également pu la faire bouillir et ainsi éviter d'avoir à chercher un linge mais si la jeune fille était du même niveau qu'elle, elle ne pouvait sans doute pas pousser son effort jusqu'à ce stade.

- C'est... c'est génial ! s'exclama Lyra. Je suis un peu idiote, j'étais persuadée que...

Elle se tut soudainement, se rendant compte qu'elle était sous le coup du soulagement et qu'elle allait raconter n'importe quoi. Elle adressa donc un grand sourire de remerciement à Emily, se demandant soudainement si elle savait suffisamment sur le réchauffement des choses pour pouvoir l'aider un peu dans la portée à ébullition de l'eau.

- Tout cela sera aussi bien gardé de mon côté, assura Lyra, redevenue plus sérieuse. C'est un sacré pouvoir que tu as. Tu peux agir sur les solides, les liquides, l'air ambiant...? Parce que, tu vois, j'ai pas mal de peine avec mon propre pouvoir, alors peut-être que tu aurais un truc à me donner en ce qui concerne la portée à ébullition de l'eau...

Ne jamais hésiter à demander de l'aide, c'était une bonne devise, même si cela concernait son pouvoir. Elle en était à un point où elle avait sans doute besoin d'un coup de pouce pour comprendre son propre don et avancer, en prendre le contrôle. À la longue, c'était fatiguant de rester sans cesse sur ses gardes pour éviter les débordements émotionnels et les accidents qui en découlaient inévitablement.


[HJ : voilààà ! Encore désolée, c'est un poil court mais j'ai failli massacrer mon ordi, hier. ]

Comme quoi, les mutants se cachaient bien dans la vie. Emily n'aurait jamais pensé que sa professeur d'Art était une mutante, pourquoi l'aurait-elle pensé ? Rien n'avait jusqu'à présent laissé entendre que cette dernière en était une et si elle n'était pas revenue en cours pour poser une question, elle ne l'aurait jamais su. Et ça n'aurait surement pas dérangé Lyra qu'elle n'en sache rien. Pourtant, elle n'en dit rien, enfin au début, préférant amener la conversation sur un sujet un peu plus neutre, histoire de détendre un peu sa prof qui semblait un peu paniquée.

Elle avait quelque raison de l'être et Emily le comprenait parfaitement. Quand on dévoilait son pouvoir à quelqu'un d'autre, il valait mieux savoir si cette personne était de confiance ou non, parce que si ce n'était pas le cas, elle risquait de raconter à tout le monde que vous êtes un ou une mutante. Heureusement, Mily était elle-même une mutante et donc elle n'irait pas causer des problèmes à sa prof. Mais elle pouvait comprendre que cette dernière puisse penser le contraire, sachant tout ce qui se disait à télé en ce moment sur les mutants et ce qu'en pensait les humains du sujet mutant.

Donc, d'abord elle lui demanda des renseignements sur le cours et elle dut bien avouer que son professeur était très professionnelle, elle avait répondu à sa question et avait réussi à garder son calme malgré un stress évident. La dessus, elle ne pouvait que la féliciter mentalement, en plus, elle avait tout compris et donc, pas besoin de lui faire ré-expliquer les choses. Par contre, devant la peur assez visible de sa prof, Mily prit la décision d'aborder le sujet avec elle, parce que sinon elle se doutait que Lyra allait continuer à stresser comme ça pendant longtemps.

Elle lui apprit donc qu'elle l'avait vu et qu'elle avait compris que c'était une mutante. Elle y avait mêlé un peu de psychologie pour ne pas brusquer sa prof et finalement, cette dernière lui avait demandé expressément de n'en parler à personne. Ce qui était tout à fait compréhensible et alors qu'elle lui aurait bien assuré qu'elle le ferait, Lyra essaya de se débarrasser du reste d'eau par terre et échoua. Elle avait bien entendu compris ses explications sur le pouvoir de Lyra sur l'eau et voyait bien qu'elle avait du mal avec ses pouvoirs. Donc elle ne devait pas avoir un très haut niveau, comme Emily.

Plutôt que de laisser sa prof se débrouiller avec cette glace et avec sa peur d'être dénoncée, Emily décida de lui prouver qu'elle n'allait pas le faire et d'en plus enlever cette glace qui ferait tache. Elle montra l'utilisation de son pouvoir et réussi à faire revenir l'eau à son état initial, mais pas plus, elle n'avait jusqu'à présent jamais atteint la température d'ébullition de l'eau, beaucoup trop élevée pour elle. Elle eut d'ailleurs un léger vertige, mais qui passa assez rapidement, effet secondaire auquel elle était habituée. Elle sourit alors à sa prof en lui expliquant qu'un secret qui était contraignant pour les deux partis était plus facilement gardé.

Sa professeur d'ailleurs réagit avec beaucoup de soulagement à la démonstration de ce pouvoir. Emily comprit rapidement que le fait d'apprendre qu'elle était une mutante enlevait ses craintes à Lyra. Elle put faire un plus large sourire, contente d'avoir obtenu ce qu'elle voulait, c'est à dire, un peu de sa confiance. Elle fut un peu étonnée par contre que Lyra lui demande des conseils sur ses pouvoirs. Il est vrai que d'une certaine manière, leurs pouvoirs se ressemblaient, mais ils n'avaient pas la même portée.

- Oui j'agis sur un peu tout, pas de la même manière mais bon... Tout dépend de ce sur quoi j'agis. Je sais que la température d'ébullition de l'eau est d'environ 100° Celsius. Ça ne m'a jamais servit, je n'atteins pas cette température, enfin pas avec une base à 0°, c'est la température de condensation de l'eau.

Elle s'y connaissait car bien sur elle avait fait des recherches sur ses pouvoirs, en plus des connaissances acquises juste pour savoir. Alors il ne lui posait pas de problèmes de lui en parler et de lui expliquer certaines choses. Elle se demandait malgré tout à quel point sa prof avait des problèmes avec ses pouvoirs.

- Et vous, vous pouvez agir sur l'eau quelque soit sa forme ? En tout cas, ça doit être pratique dans votre matière...

Par sa forme, elle entendait son état, mais dire clairement cela aurait peut être perdu sa professeur, vu qu'elle ne savait pas si Lyra aimait les sciences ou non.

Il était souvent difficile d'imaginer ce que c'était d'avoir des problèmes avec son pouvoir lorsqu'on était humain. Lorsqu'elle venait tout juste de découvrir son don, Lyra n'aurait pas pensé qu'il serait aussi problématique de gérer ce manque de contrôle. Quand on voyait Superman ou d'autres super-héros, cela semblait si facile d'utiliser ses pouvoirs... Que de désillusions lorsqu'elle s'était rendue compte que ce don échappait beaucoup à sa volonté et qu'elle peinait à obtenir un résultat satisfaisant ! Devoir toujours faire attention à ne pas provoquer un désastre qui pourrait la trahir et lui attirer des ennuis, c'était épuisant et cela ne lui donnait pas toujours envie de prendre le temps d'entraîner ce pouvoir qui lui causait tant de tracas.

Au moins, elle était désormais sûre qu'Emily ne la trahirait pas. Il aurait vraiment fallu qu'un autre mutant ait une sacrée dent contre elle pour la dénoncer. Et vu que Lyra ne pensait pas avoir d'ennemis... Elle n'était pas le genre de personne qui se faisait des ennemis, une personne qu'on aimait ou qu'on n'aimait pas. Généralement, elle parvenait à s'entendre avec la plupart des gens qu'elle rencontrait, elle n'était pas du genre grande gueule ou enquiquineuse qui se mettait tout le monde à dos. Non, elle se fondait largement dans la masse et cela lui convenait tout à fait, appréciant sa tranquillité. Elle ne faisait pas non plus partie de ces enseignants qui suscitent passion, engouement et admiration comme savaient si bien le faire certains de ses collègues, ces charismatiques professeurs d'université prestigieuses qui publiaient articles sur articles, donnaient de fantastiques conférences et bénéficiaient d'une cote incroyable. La jeune Anglaise n'était absolument envieuse, elle qui n'était enseignante que par hasard et par besoin n'avait jamais eu ce genre d'ambition de carrière. Alors, il était bien que d'autres occupent le devant de la scène, tout le monde n'était pas fait pour jouer le premier rôle.
En face d'elle, Emily lui expliqua en quelques mots qu'elle pouvait augmenter la température de certaines choses, cela dépendait. Cela n'étonnait Lyra qu'à moitié qu'elle ne puisse porter l'eau à ébullition si cette dernière frôlait les 0 degrés, c'était un effort considérable, elle était bien placée pour le savoir. La jeune femme ne doutait pas qu'une étudiante en sciences comme Emily avait déjà du faire des recherches lorsqu'elle avait découvert sa nature de mutante, cela n'avait pu que l'aider à comprendre, ou du moins à supposer son fonctionnement. Elle se demanda d'ailleurs pourquoi elle n'en avait pas fait autant, tout ce qu'elle savait était que le point d'ébullition de l'eau était à 100 C° et qu'elle gelait à partir de 0 C°. Elle n'aurait sur en dire plus, il fallait dire qu'au lycée, elle n'était pas une assidue des cours de chimie et de physique.

- Oh, je peux autant geler que faire bouillir l'eau, expliqua-t-elle aussi succinctement qu'Emily l'avait fait. Je peux également la manipuler à ma guise, la faire léviter, lui donner la forme que je veux... C'est sans doute ce que je pourrai faire, mais mes émotions influent trop sur mon pouvoir, j'arrive très peu souvent au résultat que je voudrais avoir.

Ses joues rosirent légèrement puis elle toussota et reprit :

- En gros, j'obtiens en général une espèce de neige à moitié fondue ou une eau à peine tiède. Quand elle bout, c'est surtout quand je suis très énervée et jamais au bon moment.

Lyra savait par la télévision et les journaux qu'il y avait souvent des affrontements entre les mutants et les humains, voire même entre des groupes différents de mutants. Certains voulaient trouver une paix entre les deux "espèces", tandis que les autres devaient la refuser. La jeune femme n'avait nullement pris parti, préférant rester dans son coin, comme à son habitude. Peut-être que ces mutants pourraient l'aider à avancer avec son pouvoir, elle ne pouvait plus rester ainsi mais elle n'avait jamais réfléchi aux idées contradictoires des deux groupes. Elle était furieuse contre James qui n'avait pu supporter de vivre avec une mutante, elle aurait voulu lui faire payer cela, ainsi qu'à tous ceux qui s'en prenaient aux mutants à cause de leur nature. Pourtant, elle n'était pas violente et agressive de nature et savait pertinemment que la violence ne servirait à rien, n'étant pas certaine d'être capable de provoquer des casses, des émeutes et autres délits sans remords, même pour défendre une telle cause...

Passé le premier étonnement d'avoir découvert que sa professeur était elle aussi une mutante, elle avait pris la contrepartie d'en parler avec elle. Certes, elle n'avait pas un grand niveau, mais elle savait ce qu'était un pouvoir qui ne marchait pas comme on le voulait et qui se déclenchait n'importe quand. Étonnamment, Lyra lui avait demandé des conseils sur son pouvoir et sur une température. Etant dans une section plutôt scientifique et ayant fait des recherches pour ses propres pouvoirs, elle avait pas mal de connaissances sur le sujet et cela ne lui faisait absolument rien de les partager avec sa prof. Par contre, pour ce qui était de parler de ses pouvoirs, elle avait un peu plus de mal, certes, maintenant elle n'avait plus à le cacher, mais les habitudes avaient la vie dure, alors elle n'en parlait que peu, expliquant en général son fonctionnement.

Malgré tout, elle était un peu curieuse de savoir au sujet de ses pouvoirs, Lyra lui avait expliqué qu'elle agissait sur l'eau et Emily avait voulu en savoir un peu plus et surtout à quel point sa professeur était avancée dans la maîtrise de ses pouvoirs. Il n'était plus vraiment question de faire confiance à l'autre, la découverte respective de leur pouvoir leur avait fait dépasser ce stade, mais d'apprendre à se reposer sur cette confiance, car, il fallait le dire, d'un côté comme de l'autre, un peu de retenue était présente. Mais quand on sait ce qu'il arrive aux mutants de nos jours quand d'autres personnes apprennent qu'ils le sont, il y avait de quoi avoir peur et ne pas lâcher ce qui nous protégeait jusque là. Emily avait trop entendu parler de mutants qui avaient eu des problèmes et puis même rien que l'histoire de l'Institut montrait qu'il valait mieux rester sur ses gardes, on ne sait jamais ce qui peut nous tomber dessus et surtout quand.

- Oh, je peux autant geler que faire bouillir l'eau. Je peux également la manipuler à ma guise, la faire léviter, lui donner la forme que je veux... C'est sans doute ce que je pourrai faire, mais mes émotions influent trop sur mon pouvoir, j'arrive très peu souvent au résultat que je voudrais avoir.

Emily connaissait cela aussi, les pouvoirs qui n'en font qu'à leur tête, qui n'agissent pas comme on le souhaiterait... Heureusement, étant à l'Institut, elle pouvait perdre le contrôle sans trop de risque et ainsi apprendre à contrôler ses pouvoirs quand quelque chose arrive. De plus, c'était ce qu'on y apprenait et elle appréciait pouvoir passer une bonne partie de ses journées dehors sans avoir à faire constamment attention à contrôler ses pouvoirs. Bien sur, il fallait faire un minimum attention, un accident est vite arrivé, mais au moins, on apprend à ne pas se laisser submerger par ses pouvoirs.

- En gros, j'obtiens en général une espèce de neige à moitié fondue ou une eau à peine tiède. Quand elle bout, c'est surtout quand je suis très énervée et jamais au bon moment.

Elle sourit à l'entente des problèmes de sa professeur. Il est toujours amusant de voir que même des adultes n'arrivaient pas toujours à se faire obéir de leur pouvoir et c'était même rassurant ! Enfin, quand le professeur en question n'est pas en train de vous donner des cours sur le contrôle de ses pouvoirs bien sur, là c'était plutôt inquiétant... Dans le cas présent, Lyra n'avait pas ce qu'on pourrait appeler un pouvoir dangereux et n'avait pas d'intentions malveillantes, alors Emily n'avait aucune raison de s'inquiéter pour cela.

- Rassurez-vous, vous n'êtes pas la seule ! ...Enfin, si ça vous rassure... Moi quand on me touche par surprise, mon pouvoir a la mauvaise habitude de vouloir brûler la personne en question et les vêtements avec de temps en temps... En plus de la mauvaise volonté pour être utilisé bien sur.

Lyra pourrait trouver marrant la façon dont Emily personnifiait son pouvoir. Elle trouvait qu'il était plus simple d'essayer de voir les choses comme si son pouvoir avait une volonté propre et, disons le, un sale caractère. Enfin, en faisant cela, elle trouvait qu'elle arrivait mieux à cerner son pouvoir et parfois à le plier à sa volonté -comment faire si on ne pense pas que la chose a une "conscience". N'allez pas penser non plus qu'elle fait comme si son pouvoir était un être à part entière, non, si on lui posait des questions, c'était son pouvoir et pas quelque chose à séparer d'elle. Enfin, chacun a sa façon de comprendre son pouvoir et de l'apprivoiser.

- Vous avez essayé le yoga ? C'est une bonne façon de déstresser et d'essayer de contrôler son pouvoir.

Bien sur, tout le monde sait que les émotions agissent sur les pouvoirs et bien sur comme on ne le voudrait pas, alors que se passe-t-il lorsqu'on chasse toute émotion perturbatrice ? Un peu de contrôle, enfin, pour ceux qui arrivaient à le faire bien sur. Elle même avait essayé, de temps en temps, même si elle préférait se plonger dans la lecture ou faire autre chose que de rester plonger dans de la méditation.

Lyra avait sincèrement hâte que son pouvoir évolue un peu, de parvenir enfin à le maîtriser suffisamment pour au moins éviter les situations embarrassantes comme elle en avait déjà tant connues depuis la découverte de son don. Il était pourtant utile, d'autant plus qu'on trouvait de l'eau quasiment partout, même dans l'air en infimes quantités mais présente tout de même. Que cela devait être agréable de faire bouillir une casserole d'eau en un clin d'oeil lorsqu'on était à la bourre pour manger, ou de créer un peu de glace à tout moment quand on mourrait de chaud en plein été... La jeune femme savait très bien qu'exercer son don était la clé, mais elle ne voyait pas où elle pouvait s'entraîner sans provoquer de dégâts ou se faire repérer. Il y avait bien chez elle, mais le risque d'inondation était suffisamment important pour lui faire craindre des ennuis.
En tout cas, elle n'avait pas eu de problèmes majeurs à cause de cela, il fallait quand même l'avouer. Peu de gens étaient au courant de sa mutation - sa jumelle, ses parents, un ou deux rares amis, James...- et Lyra n'avait pas rencontré beaucoup de mutants de son côté, du moins, pas des mutants qui se soient révélés à elle. Parfois, lorsqu'elle était seule chez elle, la jeune Anglaise se demandait si d'autres mutants, surtout ceux dont on parlait le plus souvent au journal télévisé, étaient au courant de son existence et de ses capacités. Vu le nombre de pouvoirs différents qu'il devait exister rien que dans cette ville gigantesque, il devait bien y avoir un ou deux mutants capables de détecter de détecter un pouvoir chez une personne... Elle ignorait tellement de choses sur le conflit entre les mutants et les humains, déjà parce qu'elle tenait pas à y prendre part, et à vrai dire, elle avait aussi du mal à imaginer toutes les possibilités de pouvoirs. Mais en raison de la complexité et de la diversité du génome humain, il était logique de trouver toutes sortes de capacités, plus différentes les unes que les autres. Même si elle était très loin d'être experte en matière de génétique, elle se disait que tous les mutants n'étaient pas uniquement télépathes, télékinésistes ou capables de contrôler l'eau ou le feu. Après tout, tous les êtres humains ne se ressemblaient pas. Même Lyra et Jessalyn, qui étaient pourtant de vraies jumelles, ayant par conséquent un ADN quasi identique, ne possédaient pas le même pouvoir...

Quoiqu'il en soit, Emily parvint à la rassurer un peu à propos de son niveau de contrôle. Elle était plus jeune qu'elle de deux ou trois ans tout au plus et galérait tout autant à gérer la chaleur qu'elle générait et contrôlait. Lorsque la rouquine avoua que c'était problématique de toujours avoir peur de brûler quelque chose ou quelqu'un à cause de la chaleur générée, Lyra pensa immanquablement à sa sœur, la vision fugitive d'un sapin de Noël en feu lui traversant l'esprit. Même si ce n'était pas elle, la pyrokinésiste de leur duo, elle pouvait facilement imaginer ce que son élève vivait au quotidien. La jeune Anglaise revoyait sa soeur ronchonner contre son don qui se déclenchait à la moindre saute d'humeur ou la voir se battre avec un rideau en feu à la suite d'un geste un peu trop brusque... Lyra se rendit compte, après quelques secondes perdues dans ses souvenirs, qu'elle souriait en repensant au phénomène qu'était sa jumelle. Se doutant qu'Emily devait se demander ce qui pouvait la rendre soudainement aussi hilare, Lyra estima qu'elle pouvait lui faire confiance et se permettre une petite anecdote, sans forcément donner une foule de détails.

- Les vêtements brûlés, je connais assez bien, déclara-t-elle avec un sourire joyeux, avant de baisser le ton. Ce n'est pas facile de trouver un endroit pour entraîner son pouvoir et apprendre à le contrôler, surtout avec un don comme le tien ou celui de ma sœur. Elle rencontre le même problème que toi, elle est pyrokinésiste... Et j'avoue qu'elle m'a flambé pas mal de fringues !

Et en plus, c'était véridique. Combien de fois Lyra s'était retrouvée avec une manche brûlée, lorsqu'elles étaient toutes deux à la fac et que Jessalyn, qui avait découvert son don quelques semaines avant elle, tempêtait contre son enseignant de physiopathologie ou à la veille d'un examen important...
Ensuite, la jeune élève lui demanda si elle avait pensé à pratiquer le yoga. Étant attirée par le bouddhisme et ce courant de pensée, Lyra se traita mentalement d'idiote pour n'y avoir jamais pensé, alors qu'elle était précisément le genre de personnes qui se plongeait assez facilement dans la méditation. Elle qui était d'une nature très sensible et facilement submergée par les sentiments et le stress, c'était peut-être le genre de truc qui pouvait l'aider à canaliser tout cela. Après son séjour à l'hôpital, elle avait pensé aux arts martiaux et au self-défense afin d'être capable de se défendre à l'avenir, mais jamais au yoga, qui aurait pu l'aider à ramener le calme en elle.

- J'avoue que je n'y avais jamais pensé, ce qui m'étonne un peu, me connaissant, répondit-elle un peu songeuse. Mais c'est une bonne idée, il faudra que je me renseigne...

Les sourcils légèrement froncés, elle s'occupa de ranger quelques papiers traînant sur son bureau, puis jeta un regard circulaire sur toute la salle de cours, s'assurant que tout était prêt pour la cours suivant, qui n'allait pas tarder à commencer.