Il arrivait qu’Amara envie la facilité avec laquelle les anglais parvenaient à conserver leur calme, même dans les pires situations. Si elle avait été capable de faire de même, elle aurait sans doute évité de réduire un certain nombre de choses – et de gens – en cendres, mais malheureusement il avait fallu qu’on lui colle un pouvoir destructeur comme c’était même pas imaginable en plus de lui filer un tempérament sanguin… Elle avait donc pris exemple sur pas mal de camarades à tendance zen en grandissant à l’Institut et avait miraculeusement à ne carboniser personne, ce qui relevait quand même du miracle compte tenu du nombre de fois où elle n’avait pas su laisser glisser indolemment les choses sur elle en faisant mine qu’elles n’avaient aucune espèce d’importance…

Son regard posé sur Edward devait sans doute refléter sa curiosité sur ce point de sa personne, et avant qu’elle ne lui demande bêtement comment il parvenait à supporter les choses sans broncher, Amara se fila une claque mentale et décida de passer à autre chose… Ah oui, l’innondation provoquée par son pouvoir – à cause d’Edward – et qui était sur le point de tremper son plâtre. Il fallait faire quelque chose pour éviter ça. La remarque un peu blasée d’Amara trouva pour écho un haussement d’épaules bien vite suivi d’un acquiescement assez énigmatique, mais pas suffisant pour semer le doute dans son esprit : Edward avait mis quelque chose dans sa tasse qui n’était pas du thé, et ça avait provoqué à la chaîne un certain nombre de catastrophes… Fallait-il pour autant le laisser s’imbiber d’eau comme une grosse éponge ? Ce n’était pas certain.

Amara ne savait pas vraiment pourquoi c’était tombé sur elle et pas sur quelqu’un d’autre, mais elle trouvait amusante la manière qu’avait son collègue de surgir de nulle part pour la surprendre et tenter une énième expérience sur son pouvoir. C’était d’ailleurs la seule personne qui démontrait un intérêt aussi vif sans le formuler clairement, et c’était en quelque sorte flatteur, justement parce qu’elle ne l’avait jamais vu agir ainsi avec quelqu’un d’autre à l’Institut. Alors oui, ça pouvait être choquant de la voir collaborer sans contrainte, mais comme Amara l’avait toujours pensé, elle préférait que cela se fasse comme ça plutôt que contre sa volonté. Au moins, Edward était capable de l’observer dans un milieu presque naturel – parce que les tasses n’étaient pas toutes remplies de trucs affolant le pouvoir d’Amara – ce qui la rassurait un minimum sur ses intentions. Encore que, dans la mesure où il n’avait rien demandé ou expliqué clairement, elle aurait en principe du s’interroger sur ce qu’il voulait réellement d’elle… Mais Amara était d’un genre particulièrement débonnaire, et de ce fait, elle n’avait aucune crainte de finir dans un bocal de formol au domicile du détective, un peu à la manière de tarés qui peuplaient les films d’horreur qu’elle adorait regarder.

Du coup, Amara était loin d’imaginer que son collègue puisse réfléchir à la manière de provoquer toutes les choses contre lesquelles elle l’avait mis en garde. Elle le savait un peu étrange et ne comprenait pas toujours – ou presque jamais, pour être honnête – la manière dont il fonctionnait, et la jeune femme redoublait donc d’efforts et de questions pour essayer de comprendre cet OVNI aux méthodes peu orthodoxes. Tiens, c’était comme cette simulation qui lui avait valu pas mal d’ennuis, mais qu’Amara avait cru être le moyen de tester tout le monde – profs compris.

Le café qu’elle lui proposa fut refusé d’une manière également peu commune, et Amara resta toute bête avec le pot de la cafetière et une tasse en train de « fondre » entre les doigts de sa seconde main… Un blasphème ? Mais ce n’était que du café !

Euh… un thé, alors ?

L’envie de se rendre utile était toujours là, même avec de la porcelaine liquéfiée qui s’échappait entre ses doigts. Il fallut quelques secondes à la jeune femme pour s’en rendre compte, et elle laissa tomber le tout au sol sans se douter qu’une masse incandescente de cette taille entrainerait des projections d’eau un peu dans tous les sens… Ouais, elle avait dormi pendant pas mal de cours de physique, mais avec le recul c’étaient ces cours qui étaient les plus importants compte tenu du pouvoir dont on l’avait dotée !

La proposition d’aide d’Amara dessina un sourire ironique sur le visage du détective, et elle mit quelques secondes à réaliser qu’elle lui offrait son aide avec le mauvais bras, à savoir celui qui risquait de le carboniser assez rapidement s’il le prenait sans réfléchir. Et heureusement qu’Edward réfléchissait, parce que cela aurait pu lui coûter un bras, sans mauvais jeu de mot. Amara changea de bras et lui proposa l’autre, qui fut accepté sans que soient débitées les conneries habituelles du style « j’suis un mec, j’suis viril, j’ai pas besoin de l’aide d’une gonzesse ». Les remerciements d’Edward furent donc accueillis avec un sourire, avant qu’il ne soit question de la bassine et de son inutilité :

Un sèche-cheveux pourrait être pas mal… Ca serait long, mais ça serait quand même mieux que de regarder le plâtre se désagréger. – Amara se baissa et retourna la bassine, la désignant ensuite d’un mouvement de tête. – Au moins elle pourrait être utile pour l’empêcher de tremper dans l’eau… Ca serait déjà pas mal !

Edward changea de conversation, comme à son habitude après une expérience imprévue, et interrogea la jeune femme sur la simulation de l’autre jour. Ah, il n’avait pas eu d’échos ? Le petit chanceux… Amara mit de l’eau à bouillir et démarra la cafetière avant de s’installer face à son collègue, décollant méthodiquement la lave en cours de solidification autour de sa main et les débris de tasse, de robinet et de tout ce qu’elle avait réussi à carboniser ces 5 dernières minutes.

J’ai eu quelques échos de la part du personnel, oui… Pas très élogieux d’ailleurs. Enfin vous vous en doutiez sans doute… Les élèves étaient nettement moins bavards, à l’exception de la petite Natasha qui s’est investie beaucoup plus dans les cours et les simulations de travail en équipe. D’autres se sont contentés de faire leur mauvaise tête et continuent de considérer l’Institut comme un Bed & Breakfast… - Un soupir lui échappa. – Mais il y a quand même un semblant de remise en question de leur façon de voir les choses chez quelques élèves… Enfin je ne suis pas psy, mais c’est la manière dont je l’ai ressenti.

Les gens ne semblaient pas comprendre l’importance de refuser un café pour un anglais. Bon, c’était surtout jouer sur les clichés parce que bon nombre d’anglais buvaient du café. C’était un peu comme dire que les blondes étaient toutes stupides. Il y en avait mais pas plus que dans une autre couleur de cheveux. Jusqu’à présent il n’avait pas été prouver, scientifiquement parlant, qu’une couleur de cheveux entraîner une débilité quelconque. Tient, la prochaine fois qu’il se retrouverait sans rien faire, il faudrait qu’il songe à essayer un truc pour cette histoire de couleur de cheveux. Ca l’occuperait au moins un certain temps. Quoiqu’il en soit, Amara finit par proposer un thé, comme si il fallait absolument qu’elle fasse quelque chose pour lui alors que c’était de sa faute, à lui, si elle se retrouvait à faire fondre le matériel de l’institut.

« non plus. Merci. »

Pour le fun, il aurait bien pu lui dire que si elle tenait vraiment à faire quelque chose, il avait bien les carreau de sa maison à faire, vu que sa logeuse lui répétait assez souvent qu’elle n’était pas sa femme de ménage. Mais Amara aurait probablement été capable d’accepter donc il préférait laisser tomber ce genre d’humour. Rapidement, par la suite, il fut installer avec une bassine sous le pied pour éviter que son plâtre ne prenne plus l’eau. Et voilà qu’Amara proposait une solution à base de sèche-cheveux. Il secoua la tête.

« J’ai une visite de contrôle demain, je le referai faire à ce moment-là, ce n’est pas bien grave. »

Par visite de contrôle il fallait comprendre son médecin attitré qui lui referait son plâtre au moment même où il comprendrait que celui-ci est trempé. Alors quand Edward disait demain, il voyait large, cela serait probablement fait dans la soirée au moment même où il mettrait les pieds chez lui. Toutes ses expériences avec Amara étant parfaitement implicite, il décida de changer de sujet pour avoir quelques echos sur la simulation. Son accident l’avait empêcher d’être là ces derniers temps, alors ses demandes de renseignements étaient un peu tardif. Mais, l’important était de renseigner, pas de quand on le faisait, non ?

Pas très élogieux… Oui, bin ça il s’en doutait. Il avait eu une conversation avec Scott qui lui laissait déjà comprendre comment lui avait pu voir les choses. SI même un prof y voyait quelque chose de pas vraiment bien, ce n’était pas étonnant que la majorité ne soit pas favorable à ce genre d’entrainement. Bin, au moins, ça faisait un peu bouger les élèves et l’institut. Sans parler de ce que ça permettait d’apprendre sur ces élèves… Et les profs. La fin des paroles d’Amara étaient, cependant, plus rassurantes. D’une certaine manière…

« Natasha s’en est parfaitement bien sortit. Si elle continue comme ça, elle deviendra une allié dans l’équipe. Ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai appris le départ de Calisto, aussi, je ne crois pas que ce soit un mal. En tout cas pour le moment. »

Il y avait eut des surprise, cela dit, concernant cette simulation. Max et Hella bravant l’autorité pour aller chercher une autre élève qui n’était pas présente. C’était bon signe, du moins ça démontrait qu’ils n’étaient pas les mauvaises personnes qu’ils voulaient bien laisser croire. Et puis il y avait eu de grosse déception comme Jubilee. Enfin…

« Scott m’inquiète. Mais il ne faut pas lui dire. Il doute de son rôle et de son utilité ainsi que de sa fiabilité. »

Il y avait une bonne raison au fait de le dire à Amara. C’était le genre de personne avec qui on pouvait parler de tout et, lui dire cela, si elle venait à croiser Scott, pouvait permettre de lui faire parler du sujet et, pourquoi pas, de la rassurer sur son rôle dans cette école. Il n’était probablement pas la bonne personne pour ce genre de chose et ça pouvait se prouver avec la discussion qu’il avait eu avec Scott. Le côté sociable n’était pas vraiment son truc.

« Mais on s’accorde sur un point. Le côté bed & breakfast devient un peu trop présent chez certain élève. Il va être temps d’envisager des choses pour les bouger un peu et les impliquer. »

Après tout l’institut n’était pas l’armée du salut. Il parlait sans vraiment donner l’impression de regarder Amara mais il trouvait fascinant son pouvoir. Un peu salissant quand elle en venait à virer les croute de magma séchées mais c’était une réaction vraiment intéressante sur une personne. La mutation était vraiment quelque chose de captivant surtout avec des pouvoirs comme ceux d’Amara. Finalement, heureusement qu’il était humain, si lui-même avait un pouvoir il y aurait fort à parier qu’il aurait été un danger public avec toutes les expériences qu’il aurait voulu tester.

Amara et sa spontanéité n’étaient jamais à l’abris d’un dérapage au cours d’une conversation, notamment lorsqu’il s’agissait de proposer un tas de trucs absolument pas appropriés à ses interlocuteurs. Dans le cas d’Edward, c’était le café. En fait, ce n’était pas si grave de proposer un café à la place d’un thé, mais ce qui énervait Amara, c’était qu’elle le savait et qu’à chaque fois qu’elle lui proposait du café, le britannique rectifiait toujours avec un peu plus d’inventivité pour faire comprendre que le café était vraiment la dernière des choses qu’il souhaitait qu’on lui propose… Même en ne tenant pas compte des clichés expliquant qu’un britannique buvait forcément du thé à longueur de temps, Amara était bien obligée d’admettre qu’Edward était en quelque sorte l’anglais type, impeccable dans son costume, transportant une canne avec lui, et étant même capable de se tenir droit comme un i au milieu d’une maison en feu tout en conservant son flegme incroyable. Alors si ça, ce n’était pas le meilleur moyen de vérifier que certains clichés pouvaient être le reflet de la réalité… !

Edward refusa également le thé que lui proposait la jeune femme, la remerciant au passage. Amara ignora tout de ses pensées visant à lui proposer de venir faire le ménage chez lui et ce fut une bonne chose, notamment quand on connaissait la rapidité avec laquelle elle avait tendance à tout casser par maladresse chaque fois qu’elle essayait de s’improviser parfaite petite femme d’intérieur. Ce genre de choses n’étaient pas faites pour Amara, et la mutante n’aurait pas manqué de le faire savoir si Edward s’était risqué à lui proposer son plan ménage…

Du coup, Amara s’était attelée à réparer certains des dégâts causés par son pouvoir quelques minutes plus tôt, et assez rapidement elle s’était appliquée à surélever le plâtre d’Edward pour éviter à celui-ci d’absorber le plus de flotte possible en un temps record. L’idée qui fut exposée ensuite avait quelque chose de vraiment intéressant dans le sens où ça permettrait de sécher en gros le plâtre tout en évitant de brûler son collègue au troisième degré… Une petite voix soufflait à l’esprit d’Amara que si elle lui avait proposé d’utiliser son pouvoir pour sécher le plâtre, il n’était pas impossible qu’Edward ait approuvé, encore une fois pour voir son pouvoir en action. La proposition la plus raisonnable fut refusée, et Amara s’apprêtait à répliquer lorsque une réponse satisfaisante fut formulée : Edward avait une visite de contrôle le lendemain, donc il ferait refaire son plâtre à l’occasion. Du coup, ça ne laisserait pas le temps à ce dernier de commencer à s’effriter puis de pourrir… La mutante acquiesça simplement pour montrer qu’elle avait entendu, et s’installa ensuite sur une chaise libre en face du détective.

Le sujet suivant fut quelque peu délicat en raison de la nature des échos qu’avait pu avoir Amara en l’absence d’Edward. Ceux qui avaient cerné l’utilité d’une telle simulation à l’insu de tous se comptaient sur moins que les doigts d’une main, et même si Amara avait chèrement défendu son collègue absent, elle n’était pas certaine elle-même qu’il ait trouvé le meilleur moyen d’évaluer le comportement de tous. Parce que placer tout le monde dans ce genre de situation c’était dangereux, ça n’avait pas manqué d’être dit et répété. Parce qu’il n’était pas non plus nécessaire de blesser les élèves pour les tester… Amara avait été partiellement d’accord avec ce point, et avait affirmé avec une certaine prudence qu’en laissant entendre qu’il s’agissait d’une banale simulation, les mauvaises têtes auraient fait le minimum possible et auraient tiré tout le groupe vers le bas – elle n’avait ABSOLUMENT PAS pensé à Jubilee lorsqu’elle avait formulé cette phrase, d’ailleurs… Bref, la simulation secrète, c’était le meilleur moyen de voir comment les gens réagissaient face à un danger qu’ils pensaient réel.

Edward expliqua que si Natasha continuait ainsi, elle deviendrait très vite une alliée dans l’équipe et Amara ne pu s’empêcher d’esquisser un sourire. Elle était fière de cette gosse qui, même en étant plus jeune que la plupart des élèves, avait réussi à faire quelque chose d’énorme à son niveau. Se rendre utile, chercher ses compagnons sur le champ de bataille, s’occuper des blessés… ; autant de réflexes qui pourraient sans doute un jour sauver la vie de bon nombre de personnes dans une situation similaire parce qu’elle avait su réfléchir et écouter ce qu’on lui avait dit. Edward évoqua ensuite Calisto, et le sourire d’Amara s’effaça quelque peu, parce qu’elle n’aimait pas voir des jeunes quitter l’Institut avant d’être réellement en phase avec leur pouvoir :

Il avait tendance à agir bien plus vite qu’il ne réfléchissait. Souvent. – Amara marqua une pause. – Ok, beaucoup trop souvent. - La jeune femme avait un fort caractère mais se montrait toujours plus vulnérable lorsqu’il s’agissait des élèves et même si Calisto était tout bonnement un danger public, cela ne l’empêchait pas de l’apprécier à sa manière. – Avec le temps et une bonne influence…

Amara avait en tête une autre de ses collègues réputée pour son hyperactivité. Elle ne l’avait connue que tardivement, mais Siobhan était une légende à elle seule pour ce qui concernait les phrases et actes irréfléchis… Mais elle avait eu la sagesse d’écouter en plus de réellement vouloir s’améliorer ; du moins c’était ainsi qu’Amara expliquait son évolution de Calisto puissance 2 à celle qu’elle était aujourd’hui.

La phrase suivante tira la jeune femme de ses pensées, et elle chercha à croiser le regard d’Edward. Alors il y avait un problème avec Scott ? Elle était sans doute trop focalisée sur le ressenti des élèves pour remarquer que quelque chose n’allait pas juste sous son nom… C’était du Amara tout craché, ça !

Je verrais ce que je peux en tirer. Certains sujets sont plus délicats que d’autres à aborder…

Dire qu’elle n’avait pas connaissance des difficultés de Scott suite à la mort de Xavier, le retour de Jean et tous les autres évènements perturbants de ces derniers mois aurait été mentir. Seulement, dans la mesure où Scott n’était pas réputé pour se confier facilement, Amara n’avait probablement aucune idée de l’ampleur des dégâts… Le fait qu’Edward l’alerte à ce sujet avait quelque chose de grandement appréciable.

Merci de m’en avoir parlé.

Le remerciement était sans doute superflu, mais rien n’obligeait à la base Edward à partager cette information. Scott était un peu un membre de sa famille de substitution, alors Amara partait du principe que son devoir était de trouver ce qui l’affectait et de faire en sorte de le libérer de cette emprise… Seulement, si avec un élève c’était beaucoup plus simple, réussir à faire parler Scott de lui-même ou de sujets sensibles relevait d’un véritable parcours du combattant. Mais Amara s’y attèlerait, il ne fallait pas en douter !
Edward confirma que le changement devenait de plus en plus nécessaire, et Amara acquiesça de nouveau avec conviction, chassant discrètement les quelques croûtes de magma qui gênaient encore les mouvements de ses doigts.

Je pourrais y aller de mes petites suppositions, mais je pense qu’il vaudrait mieux réunir le Conseil afin de mettre tout à plat… Cette réunion simulée a permis de prendre conscience de pas mal de choses, notamment du fait que si certains préfèrent se laisser vivre, il y a ici des gens qui ont envie de sortir de leur trou et de prouver leur utilité. Et les laisser dans l’attente d’un changement éventuel serait tuer leur motivation dans l’œuf…

Même la personne la plus motivée du monde pouvait finir par s’essouffler à force de courir après un rêve inaccessible. Cela valait aussi – et surtout ! – pour des adolescents majoritairement mal dans leur peau à cause de leurs pouvoirs…

Amara était amusante dans le sens où elle cherchait vraiment à s’activer dans tous les sens, et à proposer des choses pour le confort d’Edward, juste parce qu’elle se sentait coupable de la situation actuelle. Bien évidemment, elle n’était pas vraiment coupable étant donné que c’était Edward qui avait tout orchestré avec l’aide d’un mutant pour refroidir la tasse. Une aide qui, au passage, n’était pas vraiment volontaire. Alors, bien évidemment, Edward aurait pu expliquer par A+B qu’Amara n’y était pour rien mais c’était tellement plus amusant de la voir s’agiter dans tous les sens. De toute façon il savait très bien qu’elle était loin d’être stupide et qu’elle devait bien savoir que c’était de sa faute à lui, une raison de plus pour ne pas avoir à lui rappeler.

Mais les choses finirent par se calmer un peu et après plusieurs refus – café, thé, séchage de plâtre – Edward fut posé et le sujet de la simulation surprise pu être mise en place. Ce n’est pas que le sujet lui tenait particulièrement à cœur mais vu qu’il en était responsable pour une bonne partie – très bonne partie – il était normal d’avoir l’avis des autres sur ce qui s’était passé. Au moins ils étaient tous les deux d’accord sur le cas de la petite Natasha, mais ils l’étaient un peu moins sur le cas de Calisto. A croire que tous les profs se mettaient à culpabiliser quand un élève partait, comme si c’était un échec. Le temps et une bonne influence, était selon Edward, loin d’être suffisant.

« Je ne crois pas que ça aurait changé grand-chose. Le problème majeur n’est pas de ne pas réfléchir, ça , au pire ça s’apprend. Le problème demeure surtout dans le fait de se poser en tant que victime tout le temps. Rien n’est de sa faute, c’est parce qu’il est persécuter. Et pour qu’il corrige ce fait, je crois que la meilleure solution était encore qu’il vole de ses propres ailes. »

C’était sa façon à lui de réassurer Amara sur le fait qu’aucune erreur n’avait été faite en particulier. Calisto avait encore plein de chose à apprendre et ce n’est pas le cocon de l’institut qui pouvait lui apprendre cela, surtout quand les trois quart des élèves ont eus autant voir plus de problème que lui. Et quand c’est le cas, ça a vite une tendance à énerver de voir un autre se poser en tant que victime pour une raison ou une autre. Son départ était une bonne chose, pas forcément vis-à-vis de l’institut mais pour lui.

Mais la simulation n’avait pas fait qu’apprendre des choses sur les élèves. Scott était aussi de la partie et, là, Edward n’était pas assez pédagogue et encore moins assez attentif pour pouvoir l’aider correctement. Étant donné que d’une certaine manière il l’aimait bien, ça lui semblait assez normal d’en parler à Amara qui serait beaucoup mieux gérer ce problème que lui. Il n’y avait pas de doute à avoir là-dessus. Il était, néanmoins, d’accord avec elle sur le fait que faire parler Scott n’était pas la chose la plus facile à faire et il se contenta d’un hochement de tête quand elle le remercia pour l’avoir informé. Mais si Edward n’était pas la meilleure personne pour rassurer les gens, il était déjà un peu plus doué pour savoir ce qui pouvait les tracasser. C’est dans l’optique de pouvoir donner des pistes à Amara, qu’il donna quelques brides de ce qu’il pensait de Scott.

« Je pense – Et quand Edward pense, c’est que très souvent il en est certain – qu’il imagine avoir été testé aussi et ne pas avoir réussi le test étant donné que deux élèves ont défier son autorité pour aller chercher une autre élève. Ce qui à mon avis est dommage étant donné que les deux élèves en questions sont incapables de demander de l’aide ouvertement et qu’aller contre l’avis de Scott était de s’assurer qu’il les suivrait, et donc, qu’il pourrait lui apporter de l’aide. Enfin bref, ça doit être la crise de la quarantaine avant l’âge. »

L’idée d’Amara de manière plus large était de réunir le conseil, ce à quoi Edward ne put qu’hocher la tête avec conviction. C’était le but de toute façon, demandé à faire bouger les choses tout en ayant des exemples à l’appui grâce à la simulation. Parce qu’après tout, Edward n’était peut-être pas très pédagogue, peut-être aussi un peu cinglé sur les bords mais il ne faisait jamais rien par hasard. La simulation n’avait pas échappée à cette règle.

« Je suis d’accord avec ce raisonnement. Y a un moment où faut faire avancer les choses avant d’enfermer tout le monde dans un petit cocon où chacun ne finit par penser qu’à soi. Non seulement on va perdre la motivation de certain mais, en plus, on risque de perdre cet esprit de cohésion qui a toujours été présent dans cet institut. Après tout le but de cette école n’est pas de laisser les mutants cachés au reste du monde pour qu’ils vivent tranquillement sans avoir idée de ce qui peut les attendre dehors. »

Il n’avait pas connu Xavier mais il imaginait que le but de cet école était surtout de former des mutants pour qu’ils aient le contrôle mais aussi, par diverses actions, prouver que les mutants n’étaient pas si dangereux que ça et qu’ils pouvaient jouer leur rôle dans la société. Ce n’était pas en les gardant enfermer dans un château que ce projet allait aboutir à quelque chose.

« Mais puisque c’est votre idée, et qu’elle est très bonne – comme si il n’y avait pas songé ! – le mieux serait encore que vous essayez d’organiser cette réunion. »

Ou comment se décharger d’un truc qui l’emmerde royalement !

Amara avait beau avoir un fichu caractère, elle était pourtant capable de se plier en quatre pour aider ceux qui étaient dans le besoin, qu’il s’agisse d’inconnus, d’un élève, d’un collègue, ou même d’un collègue ayant provoqué un certain nombre de dégâts à la gloire de la Science. Mais comme ce sujet était généralement évité des deux côtés, Amara ne jugea pas utile de lui déconseiller de renouveler ce petit test au risque de rôtir sur place… Et de toute manière, est-ce qu’une mise en garde pouvait vraiment dissuader Edward de faire quoi que ce soit ? De l’avis d’Amara, la réponse était négative.

Edward refusa tout ce que la jeune femme proposa, même le banal séchage de plâtre avec un sèche cheveux, alors que la conversation s’orientait doucement vers l’après-simulation, celle qui n’avait pas fait l’unanimité auprès des ceux qui s’étaient retrouvé impliqués bien malgré eux. La jeune femme avait salué les performances de Natasha, qui malgré son jeune âge avait adopté le comportement adéquat face au danger, mais avait eu un avis un peu plus mitigé sur le cas de Calisto… Ce n’était pas vraiment un sentiment de culpabilité de la part d’Amara qui pouvait expliquer ce discours assez étrange où elle parlait de temps et d’influence et de la possibilité que Calisto utilise sa tête pour réfléchir avant de faire n’importe quoi. Edward ne tomba – évidemment ! – pas d’accord avec la mutante, précisant que selon lui le problème principal de Calisto n’était pas qu’il ne réfléchissait pas, mais plutôt dans le fait de se poser comme une victime tout le temps… Amara ne pu s’empêcher d’acquiescer, parce qu’elle savait parfaitement qu’Edward avait raison et que c’était ce point de sa personnalité qui posait problème. Louper une simulation et en tirer les leçons qui s’imposait était à la portée de tout le monde, ou plus exactement de chaque personne capable de considérer cette situation de manière objective. Mais globalement, chacune des erreurs de ce mutant résultaient toujours de la malchance, de la méchanceté ou de l’indifférence des autres ; pas une seule fois il n’avait admis être responsable de quelque chose ou au contraire manifester l’envie de changer de trait de caractère franchement pénible… Mais Amara avait le droit de penser tout ce qu’elle voulait aussi longtemps qu’elle n’allait pas balancer ce genre de remarques aux élèves. Son gros problème, c’était surtout son excès de franchise, au final.

C’est peut-être le meilleur moyen, en effet. En tout cas, je lui souhaite de mûrir et de considérer les choses à la manière d’un adulte, et non comme un enfant de 5 ans… - Amara marqua une courte pause, chassant machinalement le magma superflu qui s’accumulait sur sa main. – Je le lui souhaite vraiment.

Peut-être était-elle un peu trop sentimentale lorsqu’il s’agissait des élèves, mais Amara préférait largement apprendre que ces derniers s’en sortaient convenablement plutôt que de les savoir livrés à eux-mêmes… Mais le cas de Calisto était tellement particulier que le fait de devoir se débrouiller seul ne serait peut-être pas une aussi mauvaise chose que ça, au final.

Le sujet suivant concerna Scott, qu’Edward n’avait pas senti dans son assiette. Amara n’était guère étonnée que le détective qui lui servait de collègue soit en mesure de déterminer avec autant de précision ce qui n’allait pas même chez une personne qu’il ne connaissait que peu, parce qu’il savait passer outre les apparences et l’affectivité, qui masquaient souvent des choses que les personnes trop proches ne parvenaient pas à capter. C’était donc une sorte de sonnette d’alarme que venait de tirer le britannique, et Amara ferait son possible pour aller s’assurer de l’état de son ami.

Edward évoqua une hypothèse assez intéressante, mentionnant le fait que Scott avait pris cette simulation pour un test, et qu’il avait également l’impression de l’avoir loupé. Amara ouvrit la bouche pour protester, mais préféra conserver le silence afin de laisser Edward terminer. Deux élèves avaient défié l’autorité de son ami, ce dont Amara n’avait pas eu connaissance jusqu’à maintenant, et cela pouvait logiquement expliquer une baisse de moral… Surtout lorsque l’on savait à quel point Scott avait eu du mal à gérer un certain nombre d’évènements récents – mais personne ne l’en blâmerait pour ça. Amara acquiesça donc en silence, digérant les informations fournies par Edward afin d’être capable de s’y référer et de trouver les mots justes lorsqu’elle se trouverait face à Scott.

Je ne pensais pas que ce genre d’évènement pourrait à ce point l’ébranler… Je veux dire, voir son autorité être remise en cause, c’est un peu le lot quotidien d’un professeur…

Amara réalisa qu’elle n’avait pas la bonne personne en face d’elle pour évoquer ce genre de choses. Edward ne donnait vraiment pas l’impression de pouvoir rencontrer ce genre de difficultés, alors qu’Amara, elle, était en quelque sorte une novice en plus d’être assez jeune, et que même si ce n’était pas son lot quotidien il y avait toujours quelques élèves pour essayer de voir jusqu’à quel point elle continuerait de se montrer « cool ».

Pour faire le point sur les ajustements des enseignements, Amara avait très naturellement évoqué la nécessité de réunir le conseil. Edward approuva les points problématiques que souleva la jeune femme, et elle acquiesça simplement en guise de conclusion peu après qu’Edward ait évoqué la probable perte de l’esprit de cohésion si tout le monde continuait à vivre tranquillement dans son coin en se moquant royalement du sort des autres… Edward lui conseilla de se charger d’organiser la réunion, et la mutante se redressa légèrement sur sa chaise, observant sa main incandescente perdre peu à peu cette lueur rouge orangée caractéristique.

Est-ce qu’un jour en particulier vous arrangerait moins qu’un autre... ?

Avec son plâtre et ses béquilles, lui demander de courir partout n’était peut-être pas conseillé. Et puis peut-être aussi que certains rendez-vous médicaux ne pouvaient pas être déplacés, alors Amara aimait autant demander ses disponibilités à la personne qui serait la moins disponible…

C’était plutôt marrant de voir que les gens souhaitaient voir Calisto grandir ou murir. A chaque fois qu’il en avait parlé à quelqu’un c’était ce genre de phrase qui ressortait, si bien qu’il devait bien se sentir comme un prof à part parce que, objectivement parlant, il se contre foutait royalement du devenir de Calisto. Combien même le mutant finirait rôti dans un caniveau, ou sur le feu de camps de clochard, cela n’atteindrait même pas un peu Edward. Sûrement son côté, limite, sociopathe. Il partait du principe que ce soucier d’une personne n’aidait à rien et empêcher de réfléchir avec une logique implacable. A partir de là, Calisto n’avait pas échappé à cette règle alors, Edward se foutait de ce qui pouvait bien lui arriver ou de l’évolution qu’il pouvait avoir.

Les profs, ici, avaient cette faculté à vraiment vouloir que les gens aillent bien, qu’ils mènent une vie convenable et, à la limite, que tout puisse leur réussir. Il ne savait pas où ces profs puisaient leurs réserves de sollicitude. Peut-être qu’ils participaient tous à des réunions de groupe, genre alcoolique anonymes, pour apprendre à compatir à tout et souhaiter le meilleur à chacun. Si c’était le cas, Edward n’y avait jamais été convié. Cela dit, on pouvait comprendre pourquoi. Le mettre dans une réunion comme ça, et il risquait de faire un carnage. Quoiqu’il en soit, il ne trouva rien à redire à Amara sur le sujet de Calisto, estimant que c’était assez border-line de lui dire qu’il s’en foutait royalement pour sa part. Après tout, ça se voyait assez sur son visage pour pas qu’il est besoin de le dire

Il avait déjà un peu plus de considération pour Scott étant donné qu’en sachant que lui-même ne pourrait aider le prof, il valait mieux donner des pistes d’attaques à Amara qui, dans la finalité, s’en sortirait beaucoup mieux qu’Edward. Elle s’étonna que Scott puisse réagir de cette manière étant donné qu’il était normal qu’un prof – un bon, ce qui apparemment n’était pas le cas d’Edward – se remette en question régulièrement. Edward savait déjà qu’il ne réagissait pas comme tout le monde mais il en avait la confirmation à chaque fois qu’il discutait avec quelqu’un. Lui, de son côté, ne se remettait jamais en question. En fait il était plutôt honnête sur son aptitude à enseigner : il n’avait que peu de pédagogie, était particulièrement impatient et se fichait pas mal de la réussite des élèves ou non, s’attardant uniquement sur ceux qui souhaitaient réellement avancé. Il savait pertinemment qu’il n’était pas le meilleur des profs, cette conviction lui suffisait pour ne pas avoir besoin de se remettre en question. Pourquoi s’encombrer l’esprit de choses aussi futiles ?

« Je suppose que si il se remet systématiquement en question c’est qu’il doit se sentir responsable d’évènement, en pensant qu’il aurait pu y faire quelque chose. »

Aider Jean à un moment précis. Sauver le professeur. Ne pas disparaitre dans la nature pendant un moment. Scott avait cette faculté à penser qu’il aurait pu éviter un tas de chose si il avait agi différemment à certains moments de sa vie. Ce qui, en toute franchise, était faux. Et combien même cela serait vrai, il n’en a pas été ainsi et ce n’est pas en se posant des questions sans cesse et en hésitant à agir qu’il pourra éviter d’autre chose. Le tout était qu’il en prenne conscience mais ce n’était pas Edward qui pouvait l’aider à ça, son manque de sociabilité l’empêcherait de mettre les forme et il serait capable d’éclater la tête à Scott contre une palliasse de cours jusqu’à ce qu’il entende raison. Fallait bien admettre que ce n’était pas la meilleure solution, valait mieux laisser faire les autres.

Puis Amara fini par évoquer une réunion, laissant penser qu’Edward n’avait jamais eu ce genre d’idée il décida de l’investir de cette idée merveilleuse qu’elle avait eu. Elle ne tarda pas à demander si un jour intéressait plus Edward qu’un autre. Un court instant il se mit à réfléchir avant de trouver le jour idéal.

« Le jeudi, ça serait parfait. »

C’était le jour où il avait le plus de cours alors autant en profiter, non ? A croire que ce type était pire qu’un élève. Bien que, sérieusement, il se fichait pas mal du jour du moment que cette réunion voyait le jour, c’était le plus important. Il n’y avait que deux jours qui ne l’arrangeaient vraiment pas étant donné qu’il s’occupait d’autres affaires pendant son temps libre, du coup il se décida à donner quelques précisions.

« En fait, n’importe quel jour de la semaine mais le week end c’est fortement compromis. J’ai pas mal de chose à faire en ce moment. »

Son double emploi n’était pas un secret et, aussi mauvais prof qu’il pouvait être, il faisait en sorte que jamais il ne manque à cours pour une enquête. Le choix de son métier principal avait été pris à partir du moment où il avait signé avec l’institut. Il aimait résoudre des enquêtes mais se trouvait bien assez consciencieux pour savoir faire passer son emploi principal en priorité.

Amara avait beau avoir ce caractère particulier et donner l’impression d’emmerder la terre entière quand elle était persuadée d’avoir raison, elle n’en restait pas moins une jeune femme un peu trop sensible qui pouvait être très touchée par certains élèves plus que par d’autres. Globalement, elle les aimait tous – sauf quelques-uns qui méritaient des coups de pelle – mais d’autres lui renvoyaient une autre image… Calisto n’était pas méchant, ne dérangeait personne, mais ce qui avait exaspéré Amara jusqu’à son départ était précisément ce qu’elle aurait souhaité voir changer chez lui. Impulsif et un peu écervelé, le jeune homme n’avait pas vraiment brillé pour son intelligence ou sa maturité durant son court passage à l’Institut, et la mutante était persuadée qu’il ne dépasserait ce stade de moineau crétin qu’en cessant de se regarder le nombril et en réfléchissant aux conséquences de ses actes. Elle lui souhaitait réellement d’y parvenir, et savait que certains mutants à l’ADN de volatile étaient capables de réfléchir convenablement et de faire de grandes choses… sans espérer qu’il égale un jour Warren, Amara espérait au moins que Calisto s’améliorerait suffisamment pour qu’il ne soit plus nécessaire d’aller le chercher chez les Fédéraux à cause de son inconscience. Déjà rien que ça, ça serait un progrès non négligeable !

Mais Calisto étant parti depuis un moment, la conversation s’attarda plus longuement sur le cas de Scott, qui inquiétait suffisamment Edward pour qu’il partage ses informations. Amara était contente qu’il le fasse avec elle mais n’allait pas s’imaginer pour autant que c’était parce qu’elle était la plus apte à aborder ce sujet avec Scott… du moins elle ne le pensait pas, mais elle ferait malgré tout de son mieux parce qu’il s’agissait d’aider une personne qu’elle appréciait sincèrement.

Les paroles d’Edward firent presque instantanément remonter à la surface le souvenir de la mort de Jean, ce qui était de loin la seule chose pour laquelle – aux yeux de la jeune femme – Scott aurait pu se sentir responsable. Encore qu’en y réfléchissant bien, Jean avait dupé tout le monde pour se sacrifier et sauver toute l’équipe de la noyade, alors s’il fallait commencer à chercher des responsables, il allait bientôt falloir aller frapper aux portes de tous ceux qui n’avaient pas trouvé la mort à Alkali Lake ce jour-là… mais franchement ça aurait été complètement abusé.

La chose ne sera pas simple… - Scott n’était pas connu pour être le plus bavard des Xmen, notamment lorsqu’il s’agissait de parler de lui. - … mais merci de vous sentir concerné.

Beaucoup évoquaient l’indifférence d’Edward à tout ce qui ne le touchait pas directement. Amara n’avait jamais voulu parler sans disposer auparavant de tous les éléments et ne s’était donc jamais prononcée à ce sujet. Le fait que le britannique lui fasse part de ses inquiétudes avait quelque chose d’appréciable, au moins autant que s’il avait lui-même essayé d’en discuter avec Scott… ce qu’Amara ne concevait que difficilement dans la mesure où certains bruits de couloir étaient plus vérifiables que d’autres.

Il fut ensuite question de planifier une réunion du Conseil, et Amara trouva naturel de demander à Edward ses disponibilités pour éviter de lui faire manquer un rendez-vous pour son plâtre. Pas une seconde elle n’imagina qu’il proposa le jeudi pour louper un maximum de cours, et la jeune femme acquiesça simplement pour montrer qu’elle prenait note de cette préférence. La cafetière commença à émettre le bruit caractéristique annonçant l’arrivée prochaine du café, et un sourire étira les lèvres de la mutante avant que ses yeux ne se posent de nouveau sur le sol trempé…

Si vous voulez attendre un peu que j’éponge un peu le sol avant de quitter la pièce, je pense que ça sera moins casse-gueule avec vos béquilles…

Elle savait qu’il ferait comme bon lui semblerait, mais cela ne l’amenait pas à faire l’économie de la politesse. Amara attrapa sous l’évier une serpillère qu’elle laissa tomber au sol et qui se gorgea d’eau à une vitesse phénoménale. Eponger le tout allait être assez fastidieux, et le simple fait d’y penser la fatiguait déjà…