Il y en a qui ont l’avantage d’avoir oublié la mémoire. Ce n’était pas donner à tout le monde. Laura se souvenait de tout, de l’expérience qu’elle était, de tortures qui se voulaient être des entraînements, de sa première mission en tant qu’assassin pour le compte du projet Arme X… De toutes les missions qui avaient suivies et, bien sûr, de manière parfaitement limpide, elle se souvenait de la manière dont elle avait tué sa propre mère. Mère… Ce mot avait tellement sonné bizarre à son oreille quand elle avait compris ce que cela signifiait. Pour elle Sarah Kinney n’avait été qu’une génitrice avant de se décider à comprendre ce qu’était l’humanité. Une chose qu’elle cherchait à acquérir pour ressembler plus à Laura qu’à X-23, son nom d’expérience. Et retrouver son humanité ça faisait mal, surtout quand on a un nombre de mort impressionnant sur les mains, ou sur les griffes selon le point de vue que l’on préférait adopter.

Il faisait chaud dans cette chambre de l’institut. Trop chaud. Elle tournait et tournait encore entre ses draps, incapable de trouver le sommeil. Les dernières paroles de Sarah lui revenaient inlassablement en mémoire. Elle lui avait pardonné de l’avoir tuer – alors qu’elle était encore agonisante – avant de lui apprendre qu’elle avait un prénom. Laura… Sur le coup elle n’avait même pas comprit l’utilité d’avoir un prénom. Les seules fois où elle avait eu un c’était pour une mission d’infiltration, pour se faire passer pour une autre personne. Est-ce que c’était ça le but final : se faire passer pour quelqu’un d’autre que X-23 ? Il y a des fois où elle ne savait plus vraiment qui elle était, et ce qu’elle devait faire. Comment trouver sa place dans un monde qu’elle n’avait jamais connu ? Logan aidait, étrangement, il avait réussi à se construire une vie. Peut-être qu’elle pouvait aussi le faire. En tout cas, elle travaillait dans ce sens. Ce n’était pas toujours évident mais elle avait envie d’y arriver, au moins pour Sarah qui lui avait pardonné ce qui ne pouvait l’être.

Énervée de tenter de trouver un sommeil qui ne viendrait pas, elle finit par se lever, retirant ses draps un peu trop précipitamment vu qu’ils s’étalèrent au sol. Un simple débardeur noir et un short léger, elle quitta la chambre qu’elle partageait avec d’autre élève pour aller rejoindre le rez de chaussé. L’avantage c’est qu’elle avait appris à être des plus discrètes, elle évita toutes les marches ou planche qui étaient susceptible de craquer pour ne réveiller personne. Cheveux noirs en bataille, elle finit par arriver dans la cuisine. Dans un réflexe parfaitement humain elle alluma la lumière ce qui eut le don de lui faire lâcher un juron vu la brulure que ce cela causa à ses rétines. Se frottant les yeux, elle les laissa s’habituer à cette nouvelle clarté avant d’aller vers le frigo qu’elle ouvrit pour prendre une bouteille d’eau.

Sauf, qu’une fois la bouteille en main et après en avoir bu quelques gorgées, elle se rendit compte qu’elle avait surtout faim. Là s’était un gros problème pour elle. Jamais elle n’avait vraiment eu besoin de se faire à manger, quand on la nourrissait s’était surtout pour lui filer une sorte de bouillie et, ici, elle s’était toujours arranger pour être là à l’heure des repas servit en commun. Laura eut une légère grimace en avisant la cuisine. Alors… Elle se mise à réfléchir… Comment les gens faisaient ? Si tout le monde y arrivait c’est que ça ne devait pas être si compliqué que ça. Elle farfouilla un peu partout pendant quelques minutes afin de sortir plusieurs trucs qu’elle aligna sur le plan de travail, à côté de la plaque chauffante.

Allez savoir pourquoi, se retrouver là en pleine nuit lui rappela la première fois qu’elle était venue incognito dans cette école, en pleine nuit aussi. Elle était venue dans le but aussi simple que celui de tuer Logan. Et dire que dans la bataille qui s’était enclenchée entre eux elle avait eu le dessus sur lui… sauf que Sarah lui avait dit que la famille était plus importante que tout. Laura avait alors hésiter, trop hésité. Laissant passer sa chance en laissant une autre personne intervenir. Elle avait fini par fuir. Une entrevue qui datait maintenant de deux ans. Les choses avaient changées depuis. Et elle avait fini par s’installer ici de manière plus officielle il y a un peu moins d’un an. Elle secoua la tête pour enlever les images de cette altercation avec Logan, ça avait été la première mais pas la dernière…. Cuisiner, ça devait être sa priorité.

Elle avisa ce qu’elle avait sorti, dont ce truc noir et rond que les gens mettaient sur la plaque chauffante pour faire cuire leurs repas. Une poêle, ou un truc dans le genre. Elle posa l’engin sur la plaque chauffante et attendit que celle-ci fasse son travail. Mais non, elle refusait de chauffer. Il ne suffisait pas de poser la poêle dessus ? Bon, dans le doute elle tourna tout plan de bouton, appuya sur d’autre jusqu’à ce qu’une étincelle pointe le bout de son nez et que des petites flammes bleues apparaissent. Un sourire victorieux se dessina sur les lèvres de Laura alors qu’elle remettait la plaque sur le feu, ne se doutant pas qu’elle avait allumé le gaz des autres plaques. Comment elle l’aura su ?

Elle posa trois œufs dans la poêle pour se souvenir que s’était censé être liquide. Peut-être qu’avec la chaleur ça finirait par fondre. Mais peu patiente pour ce genre de chose elle avait fini par sortir une griffe de sa main droite pour éclater tous les œufs dans la poêle, coquilles comprises. Plutôt fière de ce qu’elle était en train de faire, elle avait ajouté des tranches de Bacon dans la poêle par-dessus les œufs qui n’avaient même pas eu le temps de cuire. L’odeur lui plaisait bien et elle pensait avoir réussi. Mais comme elle se souvenait que tout le monde rajoutait plein de chose elle attrapa un petit truc bleu : du sel, pour en verser dans la poêle. Rien ne coulait. Pas le temps de chercher à comprendre comment ça fonctionnait, elle enfonça une griffe dedans. Au moins, avec un trou, ça fonctionnerait mieux. Sans le savoir, ça fonctionnait même trop bien vu la dose de sel qu’elle avait mis dans son mixture.

Pendant que c’était en train de cuire, elle alla chercher une assiette. Mais à l’odeur de sa nourriture se mêla une autre odeur – hormis celle du gaz – qu’elle identifia bien vite comme celle d’Ororo. Voulant bien faire et étant fière de ce premier repas qu’elle venait de préparer elle sortit une deuxième assiette. Les deux furent posées sur la table avec des couverts. Elle alla chercher la poêle alors que le tout n’était pas si cuit que ça, mais elle n’en avait pas la moindre idée, et la posa sur un dessous de table, chose qu’elle avait compris. Elle savait pas pourquoi, mais il fallait le faire. Elle n’avait pas éteint le gaz, ne sachant comment faire et était debout derrière la table quand Ororo passa la porte de la cuisine. Et là, Laura eut un grand sourire fier d’elle-même.

Bonsoir Ororo, j’ai préparé à manger, et je t’es sortie une assiette. Tu en veux ?

Elle présenta sa poêle avec son bacon, ses kilo de sel et ses œufs à peine cuits mélangé à leurs coquilles.

La réaction d’Ororo, concernant les mains brûlées de Laura, étonna cette dernière. C’était qu’une brûlure qu’elle s’était faite sciemment pour éteindre ces maudites flammes par étouffant d’air. Rien de spectaculaire là-dedans. En tout cas, elle ne trouvait pas ça très grave. De là où elle venait les torture avaient étés bien pire, juste pour qu’elle apprenne à résister à la douleur, pour voir les limites de son pouvoir ou, alors, juste pour le plaisir. Pourquoi s’inquiéter d’une simple brûlure ? Mais Ororo stoppa son avancée et Laura était bien trop sur la défensive pour dire autre chose que ce qu’elle pensait de cette interdiction de quitter sa chambre. En échange Ororo lui apprit que c’était les règles et que si Laura le souhaitait, elle pouvait en être dispensée en faisant la demande à quelqu’un. Bin voyons !

Il était hors de question qu’elle aille demander à quelqu’un si elle avait le droit de se lever la nuit. C’était quoi cette histoire ? Demander pour sortir, demander parce qu’on fou le bordel, ok. Mais demander alors qu’on ennui personne, juste parce qu’on n’a pas envie de dormir ? Elle est où la pédagogie là-dedans ? Si elle s’était levée c’est qu’elle n’avait pas envie de tourner en rond dans un lit à ressasser des trucs qu’elle n’avait absolument pas envie de prendre en compte. Ah moins que le but des professeurs soient de rendre leurs élèves tous dingues en les enfermant entre quatre murs. En parler avec un prof ? Non merci, elle n’avait pas envie d’exposer sa vie, ses pensées, ses cauchemars pour quelque chose qui n’ennuyait personne. De fait, Logan était déjà bien assez au courant de sa vie pour pas qu’un autre prof s’amuse à jouer les psy avec elle à propos de ses insomnies.

Oui, à Logan. Il n’y voyait pas d’inconvénient.

Mensonge quand tu nous tiens. Mais sa phrase était dite avec tellement d’incrédulité, comme si elle ne comprenait pas pourquoi on lui faisait la morale, qu’on ne pouvait pas vraiment douter de ce qu’elle venait de dire. Au pire, on pouvait en douter mais on ne pouvait pas lui balancer à la figure sans avoir de preuve parce que rien ne laisser présager un mensonge dans sa façon d’annoncer les choses. Elle avait été à bonne école, tout comme le fait qu’elle savait exactement ce qu’elle disait en nommant Logan. Il y avait très peu de chance qu’il contredise ce qu’elle venait de dire vu qu’il était plus du genre, en cas de problème, de venir la trouver directement. A croire qu’il y a des trucs qu’on garde dans la famille.

Elle s’était servie à manger. Ce qui était étonnant c’est qu’Ororo soit passé à côté de ce qu’elle avait préparé. L’odeur pouvait être appréciable en entrant dans la cuisine, elle n’avait rien mélangé d’extraordinaire mais, une poêle, reste quelque chose dont le contenu est facilement visible. Et, des œufs pas cuits rempli de toutes leurs coquilles, on ne pouvait pas franchement passé à côté. Cependant comme Ororo ne semblait pas étonnée de cette mixture étrange, Laura avait fini par se dire qu’il n’y avait aucun danger avec ce qu’elle avait préparé. Raison qui l’avait poussé à se servir sans comprendre pourquoi Ororo s’agitait partout en allant ouvrir les fenêtres. Peut-être qu’elle avait chaud…

Ce n’était pas ça. Apparemment Laura avait mal éteint le feu parce qu’il y avait aussi une histoire de gaz. Pfff, ils ne pouvaient pas faire plus simples. La prochaine fois elle ferait un feu de camps dans le jardin, au moins, là, il n’y aurait pas de problème. Elle secoua négativement la tête pour dire qu’elle ne s’était jamais servi des plaques. Mais plus intéressée par son assiette remplie, elle préféra se dire que les explications pouvaient attendre. Sa fourchette se planta dans un morceau de bacon, baignant fatalement dans de l’œuf pas cuit et des coquilles dans tous les sens pendant qu’Ororo lui proposait de la tutoyer.

Laura stoppa son geste semblant réfléchir. Elle repassait en boucle tout ce qu’elle avait pu dire, ce qui n’était pas grand-chose depuis le début de cette conversation. Et même avec la meilleure volonté du monde, elle n’avait aucun souvenir d’avoir employé le mot « vous » ou un quelconque vouvoiement. Elle avait bien employé le terme « madame » mais c’est tout. Et encore à ce moment-là c’était surtout pour marquer le coup et signifier son mécontentement. Laura n’avait jamais cessé de la tutoyer depuis qu’Ororo était entrée dans la cuisine. Étrange. Pourquoi est-ce qu’elle lui disait que Laura pouvait faire quelque chose qu’elle faisait déjà et, surtout, pourquoi parler du fait d’osciller entre le « tu » et le « vous ». Les adultes, s’étaient vraiment des espèces à part en réalité.

C’est une façon détourné de dire qu’il faut que je passe au vouvoiement ?

Elle ne voyait que ça comme explication logique, vu que ce que venait de dire Ororo ne l’était absolument pas à ses yeux. Et comme les adultes, et les gens en générale, avait cette fâcheuse tendance à passer par cinquante mille chemin pour dire un truc, c’était peut être le cas maintenant. En attendant d’avoir une réponse elle enfourna une bouchée de son plat dans sa bouche. Elle avait à peine commencé à mâcher qu’elle recracha tout dans son assiette. Trop salé, trop liquide et, surtout, beaucoup trop croustillant. Et elle n’avait pas intérêt à apprendre que ça se voyait que s’était foiré parce qu’Ororo avait largement eu le temps de le voir depuis la première minute où elle lui avait présentée sa poêle pour l’avertir du fait que ça serait immangeable. Parce que là, elle risquait vraiment de le prendre mal. Mais comme elle imaginait que cela ne devait pas se voir de visu – sinon Ororo lui aurait dit, non ? – elle s’inquiéta pour cette prof en tendant une main en avant qu’elle secoua.

Ne mange surtout pas ça. Ce n’est vraiment pas bon. Je crois même que le poison est plus digeste.

Il y avait vraiment des choses qui lui échappaient. Si, avec Ororo, elle n’aurait pas de problème, pourquoi venir lui dire qu’il ne faut pas faire ça ? Elle décida néanmoins de ne pas répondre parce que le sujet ne lui convenait pas et qu’elle n’avait pas envie d’étoffer les raisons qui la poussaient à ne pas vouloir rester enfermé. Son histoire lui appartenait dans les détails mais, aussi, dans les grandes lignes. Elle savait bien qu’un jour où l’autre elle devait mettre quelques personnes au courant mais, disons que pour le moment, elle n’était pas prête à le faire. Mais si ça finissait par venir, il y avait de grandes probabilité pour qu’elle oublie de préciser qu’elle a été conçue à travers l’ADN de Wolverine ce qui, techniquement parlant, faisait d’elle sa fille. Lui seul était au courant pour le moment et c’était bien suffisant.

Pour ce qui était du « madame » qui, apparemment, avait porté à confusion, Laura s’en étonna. Elle ne savait pas qu’un Madame pouvait être apparenté à un « vous ». Enfin quoiqu’il en soit, Ororo jouait sur la fatigue ce que Laura voulait bien comprendre vu l’heure qu’il était, bien qu’elle n’était pas vraiment soumise à cette fatigue, sûrement ses capacités de régénération. Ou un truc de famille, Logan ne dormait pas des masses non plus de ce qu’elle avait pu voir. Bref, dans un léger sourire, Laura signifiait que ça n’avait pas grande importance. Finalement, c’était une sorte de malentendu et elle pouvait continuer de tutoyer Ororo, ce qui lui convenait bien. Bon si vraiment il avait fallu la vouvoyer, elle l’aurait fait mais il y aurait sûrement eut quelques loupés.

Et puis Laura avait commencé à manger, avant de tout recracher et de mettre Ororo en garde. A sa grande surprise elle comprit, par les paroles de la x-woman, que s’était voyant que son plat était foiré, bien qu’elle n’ait pu le voir à cause du bacon. Il n’y avait donc pas de raison de lui en vouloir pour l’avoir laissé s’intoxiquer avec un truc complètement horrible. Bon, si, forcément, elle était un peu vexée parce qu’elle avait été tellement fière de présenter son premier repas qu’elle avait imaginé qu’Ororo y avait jeté un réel coup d’œil, et non pas un truc rapide qui ne lui avait pas permis de percuter que c’était immangeable. Bien que particulièrement fière, Laura décida de s’asseoir sur cette fierté histoire de ne pas plomber l’ambiance en une seule phrase. Et puis, Laura n’avait pas réellement eut le temps de répondre quelque chose qu’Ororo se proposait de lui apprendre à faire ce repas.

Mais, tu n’as pas dit être fatiguée ? On peut voir ça plus tard, si tu veux.

Pure politesse, comme on lui avait appris à faire de temps en temps. Un truc bien humain à son goût parce qu’il allait de soi qu’elle avait envie d’apprendre, ne serait-ce que pour manger. Elle n’avait pas fait ce plat désastreux juste pour le plaisir, elle avait réellement faim. Si Ororo lui apprenait à faire ce repas, elle s’assurait, de cette manière, de manger un truc qui ne risquait pas de la tuer sur le coup. Elle hocha la tête vivement.

Mais, oui, si tu me montres, je veux bien refaire après. Bon, par contre, c’est toi qui seras chargé de goûter en première, si tu veux bien.

Laura avait fini par sourire quand Ororo accepta de lui montrer comment faire, expliquant qu’elle était assez réveillée pour pouvoir lui apprendre à faire cuire des œufs. Cependant, la jeune mutante ne comprenait pas vraiment pourquoi sa prof avait ri quand elle avait dit qu’elle voulait que ce soit elle qui goûte la première. Ce n’était pas censé être une blague, loin de là, mais une précaution. Et d’après la jeune mutante, une précaution n’était pas censée être quelque chose de drôle. Il y avait vraiment un tas de chose qui lui échappait dans les réactions humaines, un an était bien trop court pour comprendre la complexité de ces êtres. Ne comprenant donc pas ce rire, elle fit comme on lui avait appris en cas de non compréhension, elle hocha la tête avec un sourire sur les lèvres. Un sourire qui aurait pu être celui de la parfaite blonde tellement il montrait qu’elle se forçait à le faire, le genre de sourire débile pour faire croire qu’on à comprit alors que ce n’était franchement pas le cas.

Merci.

Un simple mot, rapide et concis pour dire qu’elle était contente de pouvoir apprendre à faire quelque chose qui pourrait éventuellement lui empêcher de mourir de faim pour cette nuit. Laura s’approcha des plaques, regardant chaque geste, écoutant chaque mot, pour tout enregistrer rapidement dans un coin de sa tête. Ca, elle savait faire. Le premier constat qu’elle était obligée de se faire c’est que les plaques n’étaient pas très coopératives, puisqu’il fallait s’y prendre à plusieurs fois pour qu’elles daignent s’allumer. En tout cas, elle comprit mieux pourquoi Ororo avait l’air de tout avoir éteint avec une certaine panique, un peu plus tôt. Une histoire d’arrivée de gaz qui aurait pu faire pas mal de dégât si ça avait continué à se dispersé dans la pièce.

Il y eut une petite explication sur l’huile chaude, qui avait une fâcheuse tendance à rappeler de mauvais souvenir à x-23, toutes les formes de tortures avaient existées à Arme-X. Autant dire qu’elle savait ce que pouvait faire de l’huile bouillante sur sa peau, l’avantage c’est que quelques éclaboussures ne lui faisait pas spécialement peur, du coup. Et puis elle avait l’avantage de régénérer. Enfin, cela dit, elle préférait éviter que cela ne se produise et fit un léger pas sur le côté pour garder une distance raisonnable, tout en pouvant continuer de regarder ce qui se passait. Surtout que l’explication sur les œufs était la plus importante. Ne pas garder les coquilles. C’était là, où elle s’était plantée royalement sur son essai d’avant. Enfin, sa seule erreur, si on oubliait la cuisson qui n’en avait pas vraiment été une ! Penchant la tête au-dessus de ce que venait de faire Ororo, elle examina l’œuf pour pouvoir, ensuite, tenter de reproduire l’expérience. Attrapant l’œuf qu’Ororo lui tendis, elle la remercia puis le posa sur le plan de travail et prit la place que la prof occupait un peu avant.

Alors…

Yeux plissé sur la plaque, Laura repassa en détails les actions d’Ororo. Elle tourna le bon bouton, provoqua une étincelle et se félicita de voir les petites flammes apparaitre au premier essai. Histoire de bien voir la différence des intensités de feux, elle tourna le bouton sur toutes les positions avant de revenir sur le feu doux et y déposer une poêle. Elle prit plus de précaution que nécessaire pour verser de l’huile dans la poêle et, finit par attraper l’œuf, se répétant d’y aller doucement. Premier heurt sur le bord de la poêle et pas la moindre fissure sur l’œuf. Elle fit plusieurs essais en y allant de plus en plus fort, jusqu’à avoir une légère fissure. Contente, elle passa ses deux pouces à l’intérieur pour écarter le tout. L’œuf tomba dans la poêle mais, également, pas mal de morceaux de coquilles. Une moue vexée se dessina sur son visage, un peu vexée de savoir que des gens étaient capables d’arriver à le faire et pas elle. Beaucoup plus simple à voir qu’à reproduire. De sa main droite, une griffe en adamantium sortir d’entre ses jointures. Une seule et unique griffe, pas besoin de sortir l’autre, qu’elle plongea doucement dans la poêle pour aller chercher les quelques morceaux de coquille. Une fois que ce fut fait, elle attendit que l’œuf prit la couleur de l’œuf d’Ororo et quand ce fut le cas, elle éteignit la plaque correctement. Renversant son œuf dans une assiette le jeune d’œuf se brisa et, la mine de Laura se décomposa.

C’est grave si c’est cassé ? Faut recommencer ?

L’espace d’un instant elle se demanda ce qui était le pire : La bouffe infâme d’Arme X, ou la galère que présentait le fait de se faire soit même à manger ? N’étant pas convaincue que la réponse lui plairait, elle préféra balayer cette question pour attraper son assiette, tout en relevant les yeux vers Ororo.

Ca paraissait, quand même, beaucoup plus simple quand c’était toi qui le faisait. En fait c’est assez frustrant, tout le monde semble y arriver, sauf moi ! Comme les cours…

Les derniers mots étaient à voix basse, peut-être pas assez bas pour ne pas être entendu mais le but premier de ces mots n’étaient pas d’être révélés. Un simple constat, pour elle-même. Une sorte de regret. Comment avait-elle fait pour passer d’un élément plus que prometteur dans une agence gouvernemental pour finir par la dernière à presque tout dans une école de mutant. Tout ce qu’elle savait faire de mieux que les élèves n’avaient pas la moindre expérience ici. Elle avait probablement le niveau de contrôle le plus élevé de son pouvoir par rapport au gens de son âge, elle savait probablement se battre bien mieux qu’eux aussi mais quel était l’intérêt ? Elle n’était pas capable de se faire à manger, pas capable de comprendre les réactions humaines, incapable de suivre correctement les cours qui devraient être de son âge… Elle avait cette désagréable sensation d’être passé des meilleures ou dernières et sa fierté en prenait forcément un coup ! Quoiqu’il en soit, elle releva la tête, ce sourire fictif sur les lèvres, comme pour faire croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes et s’efforça de prendre un ton enjoué.

Maintenant, on peut goûter ?

Spoiler:

Laura aura toujours un peu de mal à se faire à l’idée qu’elle pouvait faire mal quelque chose et ne pas avoir à se retrouver ruée de coup pour s’être foirée. Elle avait cassé son œuf au dernier moment et plutôt que de lui hurler dessus ou de la punir d’une manière ou d’une autre, Ororo semblait jouer de patience et de tolérance et, même, qu’elle semblait l’encourager. Tout ne pouvait être réussi du premier coup et puis, apparemment, certain préférait quand l’œuf était cassé. Laura ne croyait pas trop à cette théorie imaginant plutôt que Tornade cherchait à la rassurer ce qui avait un côté appréciable. Mais, d’un autre côté, elle se demandait comment les gens pouvaient apprendre sans répression. S’il n’y avait pas de sorte de punition à chaque erreur, les gens ne devaient pas forcément avoir envie d’évoluer surtout si le sujet étudié ne leur convient pas. Elle ne souhaitait pas revivre les méthodes d’arme X mais on ne pouvait pas leur enlever une chose : avec eux on n’avait aucune envie de refaire une erreur ce qui nous faisait apprendre bien vite.

Bref Ororo semblait trouver normal que Laura ne puisse s’en sortir bien dans tous les domaines étant donné qu’elle n’avait pas eu le même enseignement que les autres. La jeune mutante n’avait jamais parlé de son passé, ni même d’où elle venait. Mais c’était des profs et ils devaient bien savoir qui il récupérait, elle ne savait pas vraiment ce qu’Ororo savait d’elle et de la vie qu’elle avait pu mener. En fait, la seule certitude qu’elle avait, c’est que le secret sur son père biologique avait été gardé, elle ne voyait pas vraiment Logan crier sur tous les toits qu’il a une fille qu’il n’a jamais demandé à avoir.

Je dirais qu’à part dans le simulateur, je ne suis douée dans rien.

Ce n’était pas un regret, juste, une réalité. En cours c’était une catastrophe avec ses 19 ans d’études à rattraper. Dans les relations humaines, ce n’était franchement pas gagner et ne parlons même pas de son intégration. Mais, elle laissa échapper un léger sourire dans sa phrase comme pour faire comprendre que ce n’était pas grave. Elle avait bien enregistré ce que venait de dire Ororo, les choses s’apprenaient. Elle n’avait qu’à s’accrocher et continuer d’essayer et, un jour, elle arriverait bien à être au niveau de certain. Enfin, elle espérait. Le constat de son année passée ici n’était pas si catastrophique que ça après tout, elle avait déjà évoluée et apprit beaucoup en peu de temps. Tout n’était pas perdu. Et pour conclure cette pensée, elle finit par lâcher un seul mot à l’intention de ce que venait de dire Tornade.

Merci.

Laura s’installa à table avec Ororo qui proposait de partager les assiettes et, comme il était convenu, c’est Ororo qui commença à manger en première. Un très léger sourire reconnaissant s’afficha sur le visage de Laura en voyant la prof commencer par l’œuf cassé. N’ayant pas l’air de s’étouffer, Laura attrapa une fourchette alors qu’Ororo expliquait qu’on pouvait rajouter des choses. Si Laura écouta attentivement, elle prit la décision de ne rien ajouter pour cette fois. Elle avait un peu faim et n’avait pas envie de tout gâcher en dosant trop fort. Et elle n’avait encore moins envie de recommencer à cuisiner. Après avoir goûté les deux œufs, elle finit par donner son avis.

Le tient est mieux cuit, je crois mais je préfère quand l’œuf est cassé. Je ne sais pas mais, le truc blanc, tout seul, c’est un peu bizarre comme goût quand même. Alors que mélangé au jaune c’est un peu meilleur, je trouve.

Ouais la texture de ce truc blanc dans l’œuf c’était vraiment bizarre. Cela dit, l’œuf de Tornade avait quand même l’air meilleur dans le sens où pas un seul et infime petit bout de coquille ne trainait et que la cuisons avait été mieux géré. Mais elle restait quand même fière d’avoir réussie à cuire son premier œuf toute seule et, elle prit plaisir à finir son assiette. Et une fois que ce fut fait, elle posa son regard sur Ororo.

Merci beaucoup pour la leçon, je tenterais à nouveau l’expérience demain, je pense. Pour m’entraîner.

Le merci était d’autant plus sincère qu’elle avait empêché Ororo de se coucher alors qu’elle semblait avoir besoin de sommeil. Du coup, Laura ne voyait pas de raison de la retenir plus longtemps, cela aurait été particulièrement égoïste de sa part. Elle n’avait aucune envie de retourner dans sa chambre mais se laissa convaincre que c’était une des meilleures manières de remercier Ororo pour cette leçon tardive.

Je vais aller me recoucher, par contre.

Elle bailla même histoire de laisser croire qu’elle était fatiguée et qu’elle ne faisait pas ça uniquement pour la remercier ou pour lui permettre d’aller se coucher à son tour. Mais avant de se coucher, elle débarrassa la table et lava les ustensiles dont elles avaient eu besoin pour cette leçon de cuisine.

Laura ne voyait pas l’intérêt d’essayer autre chose, cela ne lui donnerait que de nouvelles activités pour lesquelles elle n’était pas douée, sur une liste qui était déjà longue. Puis les arts étaient carrément une mauvaise idée, s’exprimer à travers divers moyens c’est exactement ce qu’elle ne voulait pas faire. Son but premier était d’enfouir bien profond ses pensées alors, les exprimer, non merci. Pour ce qui était du sport et de se défouler, de ce côté-là, elle travaillait déjà dessus. Bien obligé de le faire pour pouvoir se contenir, sinon, elle était capable de trucider une personne pour un simple mot de travers. La notion de bien et de mal lui étant partiellement inconnue – elle l’apprenait au fur et à mesure – il ne lui semblait pas abuser de dégommer une personne juste parce que cette dernière avait eu un comportement partiellement agressif envers Laura. Alors oui, elle se défoulait, c’était une des premières choses qu’elle avait appris à faire pour se contrôler un minimum. Ororo semblait vraiment chercher à l’aider en lui proposant ce genre de chose, du coup, Laura ne voulait pas casser les efforts de cette prof en lui disant qu’elle y avait déjà songé et qu’elle le faisait déjà. Cherchant à prendre un air enthousiasme, elle se décida de lui répondre.

Ça serait une bonne idée, et un bon moyen de décompresser. Faudra que j’essaye.

Sourire à l’appui, comme pour chercher à la remercier, elle espérait que sa réponse sentait la sincérité. Le but n’était pas de se jouer d’Ororo mais vraiment de la conforter dans le fait qu’elle apportait de bonnes solutions et qu’elle faisait bien son travail. En tout cas, c’est comme ça que Laura voyait les choses et voulait les faire percevoir. Pour ce qui était des conseils sur les œufs, Laura hocha la tête positivement en silence, ne voyant pas vraiment ce qu’elle pouvait répondre. Elle appréciait les conseils donnés par Ororo, et se lancerait dans de nouveaux essais prochainement. Tout comme le fait qu’elle nota dans un coin de sa tête le fait qu’elle pourrait apprendre avec d’autres. Elle était un peu plus frileuse sur ce principe mais pas totalement réfractaire. Après tout, elle pouvait se contenter d’observer et tenter de refaire plus tard. Elle serait plus vigilante sur la manière dont les élèves se faisaient à manger à l’avenir.

La vaisselle et le rangement fut, finalement, fait à deux. Laura ne refusa pas l’aide proposée par Ororo parce qu’elle partait du principe que si quelqu’un se proposait c’est qu’il VOULAIT le faire. Et que c’était débile de refuser quelque chose que quelqu’un voulait faire ou se sentait obliger de faire, elle voyait ça un peu comme un manque de respect. Une façon de penser qui faisait qu’elle ne comprenait pas quand quelqu’un proposait son aide, et qui faisait la tête ou faisait preuve de mauvaise volonté quand une autre personne acceptait son aide. A croire que les gens se propose d’aider juste par principe ou pour se donner un genre. Mais, bref, là n’était pas la question.

Tout fut propre en un temps record et Laura estima qu’il était temps de se retirer. Elle n’était absolument pas fatiguée mais se disait qu’elle devait bien ça à Ororo. Cette dernière estima, de son côté, qu’il était temps de donner un dernier petit conseil. Enfin ce n’était pas vraiment un conseil mais une sorte de proposition. Du coup, comme on lui avait toujours dit, Laura se fendit d’un sourire en posant son regard sur Ororo.

Merci, c’est gentil. Puis dans un signe de main. Bonne nuit.

Aucune idée de ce qu’elle ferait si elle avait besoin d’aide. Il y avait peu de chance qu’elle aille voir Ororo, pas parce qu’elle ne l’aimait pas mais disons que Laura était assez réservée sur ce genre de chose. Avoir besoin d’aide et le dire ouvertement était une faiblesse selon elle. Il était hors de question de montrer la moindre faiblesse, surtout à un prof de l’école. Mais, il parait qu’il ne faut jamais dire jamais. Alors, qui pouvait vraiment savoir.

C’est avec un certain regret que Laura retrouva sa chambre, retournant dans son lit où elle ne trouva pas le sommeil de la nuit, son esprit cogitant à tout un tas de chose. Tellement de chose, qu’elle ne se souvenait même pas de la plus part des trucs. C’est avec une envie de rattraper son retard en cours, une envie de ne plus réfléchir, qu’elle finit par quitter son lit une nouvelle fois vers 6h du matin, bien décidé à en découdre avec ses exercices de maths.