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 Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]

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Salem Cordova

Salem Cordova
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MessageSujet: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 30 Sep - 10:10

Chose importante à savoir sur Salem, mieux vaut ne pas le laisser choisir un lieu de rendez-vous si l'on souhaite que ledit rendez-vous ai une allure à peu près classique. Comme pour beaucoup d'autres choses, il avait sa propre définition de ce qui était idéal. Un lieu de rendez-vous avec quelqu'un qui lui plaît, par exemple, devait être charmant, avec un certain cachet, relativement intime pour ne pas être dérangé toutes les cinq minutes et bien sûr romantique. Et que pouvait-il y avoir de plus indéniablement romantique que le soleil du matin se reflétant sur l’Hudson ? Les containers, les grues et les cargos, donnait aux docks un cachet certain, et ce n'était clairement pas ici qu'on allait venir les déranger. L'endroit était parfait.

Mais on verra tout ça plus tard, revenons-en au début, Salem s'endormit dans les bras de son cher « ami » Adam et c'est dans ses bras qu'il se réveilla. À peine ouverts, ses yeux commencèrent leur toute première analyse de la journée, toujours la même, au vu de l'intensité lumineuse et de la période de l'année, il devait être sept heures et demi, trente-six, sept heures trente-six. C'était vraiment tôt pour un samedi, mais pas étonnant vu qu'il avait oublié de fermer les volets.

Il pivota tout doucement pour pouvoir regarder Adam qui respirant toujours paisiblement dans sa nuque. Sa température était remontée, elle était même un peu au-dessus de la moyenne, tant mieux. Salem le dévora des yeux sans modération, il était vraiment beau quand il dormait, mine de rien, c'est le plus beau de toute façon, en toute objectivité.

Par contre, c'était un mec, oui, il avait beau avoir les traits fins, c'était absolument, définitivement un gars. Ce qui... ne l'avait pas tellement dérangé quand il l'avait embrassé la veille, c'était d'ailleurs presque le plus perturbant. Embrasser une fille ou un garçon n'avait rien de différent, les lèvres des garçons n'étaient pas moins douces, ça aurait dû, il ne savait pas pourquoi mais ça devrait. Salem nageait entre deux eaux, l'envie de se laisser aller d'un côté et la peur de ce que sa mère et la foule innombrable là dehors allait pouvoir penser. Son état de mutant en faisait déjà un marginal, était-il nécessaire d'en rajouter ?

Un frémissement dans les paupières d'Adam lui indiqua qu'il n'allait pas tarder à se réveiller, que faire... Lui dire que tout ça n'était qu'une erreur ou céder à l'envie grandissante de goûter ses lèvres à nouveau ? Finalement, lorsque l'asiatique eut suffisamment émergé, Salem botta en touche.

« Omelette, bacon, toasts et jus d'orange, ça te va ? Tu peux prendre une douche si tu veux, fais comme chez toi. »

Après quoi il regagna la « cuisine », où il s'affaira à laver la vaisselle sale et préparer le petit déjeuner. Tout ça était un peu trop récent pour qu'il se positionne. Ok, Adam lui plaisait, oui mais voilà. Est-ce qu'il était vraiment fait pour ça. Et est-ce que ça voulait dire qu'il allait devoir faire la fille un jour, dans un moment de...

Mamma mia.

Il s'acharna un peu violemment sur ces œufs, mieux valait éviter de penser à ça tout de suite, ce n'était pas à l'ordre du jour, clairement pas. tiens, est-ce que faire la cuisine pour Adam pour la deuxième fois faisait de lui la fille ? Rah non, ne pas y penser.

Même avec tout la mauvaise foi du monde, Salem ne pouvait pas ne pas reconnaître qu'au fond, bien au fond, tout ça le rendait heureux. Il avait osé franchir le pas, troquer sa position sûre mais frustrante pour quelque chose de nettement plus... intéressant. Il ne se voyait pas reculer si vite, et puis dans son studio, ils étaient un peu coupé du monde, personne ne pouvait les juger. Il osa à nouveau regarder Adam.

« Heu... Bien dormis ? »

Mais ne savait toujours pas quoi dire après une soirée pareille.


Dernière édition par Salem Cordova le Dim 21 Oct - 16:03, édité 1 fois
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 30 Sep - 21:27

Adam, lui, était un maître du rendez-vous. Enfin, tout du moins était-il passé maître dans l’art d’indiquer des lieux que personne ne pouvait retrouver et dans lesquels personne n’avait envie de se rendre, à des heures où personne ne désirait se retrouver dans les quartiers qui les abritaient. C’était un peu comme s’il supposait que tout le monde avait pratiqué les arts martiaux depuis sa tendre enfance et éprouvait le même sentiment de perpétuelle assurance que lui, dans les ruelles plus obscures et les moins bien famées.

Alors les docks, bien entendu, lui avaient paru une excellente idée — c’était un endroit assurément bien plus agréable que Soho ou que les jardins publics. Adam avait une affection immodérée par la ville et son architecture, pour l’histoire que ces bâtiments renfermaient. Il y avait la beauté, bien sûr, mais aussi la densité des vies humaines, des drames minuscules de l’existence, qui s’étaient déroulés là.

Quelques heures plus tôt cependant…

***

Si le devin n’avait pas été victime de l’une de ses crises, sans doute eût-il trouvé bien plus difficile de s’endormir en si charmante compagnie. Mais la fatigue qui s’était abattu sur lui et le soulagement inexplicable de se retrouver enfin près d’un jeune homme qui l’accueillait, tout cela avait rompu et son corps, et son esprit, et l’Asiatique n’avait pas tardé à sombrer dans un profond et paisible sommeil — ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps.

Mais ce sommeil n’était pas si profond que la lumière du jour et l’absence de Salem dans ses bras ne pussent le réveiller et, bientôt, les paupières d’Adam s’agitèrent, les yeux noirs se rouvrirent et leur propriétaire, la chemise froissée, les cheveux en bataille et l’air embrumé se redressa dans le lit, cherchant du regard celui contre lequel il s’était endormi.

Salem. Il était là. Cependant, comme à son habitude, Adam sentait que son réveil l’immergeait brutalement dans les flux temporels de la journée, précipitant les uns contre les autres avenirs et passés. Ce n’était pas des visions précisément, mais un sentiment d’imminence et d’obsolescence, un paradoxe général en toute chose et dire qu’il était un peu déphasé le matin relevait d’un doux euphémisme.

Les mots de son compagnon mirent de longues secondes à s’assembler correctement dans son esprit. D’une voix un peu confuse, Adam murmura :


— Oui. OK.

Salem. Samedi. Assis sur le bord du lit, Adam faisait le point. Comme sa matinée toute personnelle promettait de n’être pas moins étrange que les matinées passées et à venir des autres qui s’invitaient aux limites de sa perception, l’entreprise était plus difficile encore que d’habitude. Le jeune homme se leva finalement, s’approcha du bar et, ne sachant pas trop le comportement à adopter, se contenta de fixer Salem — ou bien il regardait quelque chose qui se déroulait à des jours de là.

A nouveau, la question de son cadet parut mettre un temps considérable à atteindre sa conscience et, un peu mécaniquement, Adam répondit :


— Oui. Bien. Très bien.

Adam passa une main dans la jungle de ses cheveux noirs, les laissant aussi désordonnés qu’il les avait trouvés, puis reprit la parole :

— Vais. Je vais. Parce que.

Il s’arrêta devant l’échec de sa tentative, ferma les yeux, inspira profondément et articula avec application :

— Je vais. Me laver. J’suis désolé — le matin — c’est pas toujours très. En ordre. Mais ça va venir.

Il n’osait pas tellement regarder Salem, sans qu’il fût possible de savoir si la confusion née de son pouvoir en était la cause ou s’il s’agissait de la timidité qui suivait leur soirée. Il se détourna vers la salle de bain, tenta d’ouvrir la porte deux secondes avant de l’avoir atteinte, recommença une fois la poignée à porte de main, se glissa dans la pièce et referma derrière lui.

Quelques minutes plus tard le son de l’eau qui coulait témoignait qu’il avait finalement atteint son but. Dans la douche, les yeux fermés, Adam s’efforçait de faire le point sur sa propre personne et son propre présent, chassant petit à petit les intuitions parasites. C’était le rituel nécessaire de ses matinées — il était plus ou moins long, plus ou moins douloureux. Le temps de reprendre pleinement contact avec le monde.

Mais dès qu’il fût lavé et que son esprit fût en ordre, il ne resta pas plus longtemps sous la douche, guère habitué à se prélasser sous l’eau chaude et trop impatient, quoique terrifié, à la perspective de rejoindre Salem. Il sortit de la cabine, attrapa une serviette qui passait par là, se sécha (abandonnant ses cheveux dans un désordre plus complet qui ne durerait guère), enfila son pantalon et considéra un instant sa chemise, qui ressemblait désormais plus à un torchon oublié au fond du lave-linge qu’à un vêtement.

Et s’il y avait bien une timidité dont Adam était exempt, c’était celle de la pudeur physique. Alors il n’allait tout de même pas se présenter à Salem habillé n’importe comment sous le prétexte qu’il fallait se couvrir. Adam se considéra dans le miroir, aplatit autant que possible ses épis de la main et resserra la ceinture de sa pantalon pour être sûr que ses fesses fussent bien mise en valeur.

Puis il sortit de la salle de bain, la chemise à la main, torse nu, en toute bonne foi, sans songer qu’il exhibait la fruit de plus d’une décennie d’entraînement intensif — et si ses traits asiatiques lui donnaient un air indubitablement féminin (qui n’avait pas manqué en son temps d’attirer les sarcasmes de ses adversaires), la musculature qu’il arborait et les quelques cicatrices qui parcouraient sa peau suffisaient à ôter le moindre doute sur son genre.


— Tu pourrais m’prêter un tee-shirt s’il te plait ? C’truc ressemble plus à grand-chose.

Il secoua sa chemise, moitié pour appuyer son propos et moitié pour faire office de diversion, comme son regard intimidé ne cessait d’éviter Salem et d’y revenir la seconde suivante.
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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyLun 1 Oct - 17:26

Salem était de ces privilégiés qui n'ont jamais de problèmes ni pour s'endormir ni pour se réveiller, pour peu qu'on ne le prive pas trop souvent de ses neuf heures de sommeil nécessaire pour recharger ses batteries. Le matin, son esprit était libéré de la masse d'informations emmagasinée la veille et soigneusement classées pendant la nuit. Le soir, son cerveau fatigué de toutes ses observations, ne résistait pas bien longtemps à Morphée. Il n'y avait guère que les rares fois où son esprit était préoccupé par des problèmes graves qu'il pouvait avoir du mal à fermer l’œil, et encore.

Du coup, même si l'heure était encore très matinale, Salem était frais et dispo, bien qu'un peu chiffonné sur les bords lui aussi. Et ce n'est pas sans un petit sourire en coin qu'il regarda son tuteur émerger laborieusement. Il avait déjà pu profiter des réveils plutôt comique de certains de ces camarades, surtout les lendemains de soirées, mais Adam entrait directement dans ses favoris. Alors qu'ils s'étaient couchés assez tôt et n'avaient pas fait de folie, il était aussi décalé que s'il avait fumé quelque chose. Sans se départir de son sourire, il lui répondit.

« D'accord, prends ton temps, j't'attends pour manger. »

Salem le suivit des yeux tandis qu'il rejoignait toujours aussi laborieusement la salle de bain pour s'y enfermer.

« Trop mignon. »

Il rigola le plus discrètement possible pour ne pas être trahit par les murs épais comme du papier filtre et oublia même de continuer à s'acharner sur ses œufs. Tout chez Adam était décidément adorable.
Salem passa les minutes suivante à cuisiner en visualisant le visage tout endormit d'Adam dans sa tête. Il remplit généreusement la poêle de bacon, vu comment la quantité de pâtes avait été dévoré la veille, son ami avait vraiment un appétit d'ogre. Où pouvait-il bien mettre tout ça...

Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, Salem jeta un coup d’œil derrière lui et ce fut à son tour d'avoir un temps de latence remarquable. Son cerveau s'était mit en branle pour analyser et mémoriser tout un tas de nouvelles données fort intéressantes et pendant une grosse seconde il fixa d'un regard lointain un point quelque part entre son nombril et ses pectoraux. Avant de soudainement revenir sur terre.

« Ah, heu... Oui, oui oui, rah merde ! »

Il avait posé la poêle de bacon chaude sur le bar, le revêtement plastifié lui fit vite comprendre qu'il n'aimait pas du tout ça. Un peu désarçonné il remit le tout sur le feu le temps d'aller fouiner dans son placard pour trouver le haut qui allait mettre en valeur son copain, heu, ami et il revint rapidement avec un tee-shirt un peu plus mode que l'habituelle chemise noire.

« Je fais une taille de moins que toi, ça va être une peu petit mais bon. »

Ou plus exactement, un peu moulant, ce n'est pas lui qui allait s'en plaindre. Puisqu'il était maintenant tout proche, Salem en profita pour jeter un coup d’œil derrière, avant que tout n'ai disparu sous les vêtements, bien sûr, ce n'était que dans le but de finir son analyse, la science avant tout...

« Tes combats doivent être impressionnants... »

Salem avait dit ça d'un air songeur, comme s'il se parlait à lui-même, il n'attendait d'ailleurs pas de réaction. C'était juste que compte tenu de la masse et de la tonicité musculaire et d'autres trucs compliqués Salem se faisait déjà une petite idée de ce que ça pouvait donner. Même s'il se contrefichait pas mal des déductions de son cerveau quant aux capacités d'Adam au final. Parfois son pouvoir l'énervait à ne pas le laisser simplement apprécier les choses, mais il n'y pouvait rien.

Et pendant ce temps-là, le bacon cramait.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyLun 1 Oct - 17:54

Adam, qui était parfois aussi doué pour décrypter les intérêts charnels qu’une religieuse enfermée dans un couvent, ne comprit sans doute pas très clairement ce que Salem observait avec tant d’insistance et, pendant les quelques secondes durant lesquelles le regard de son compagnon se perdit dans le détail de ses abdominaux, le jeune homme pour sa part conçut l’horrible crainte que peut-être Salem le fixait parce que quelque chose, dans son physique, lui paraissait singulier et même dégoûtant.

Il n’était pas assez viril, peut-être. C’était cela ! La peau imberbe de son héritage asiatique décevait son ami plus habitué aux charmes occidentaux. Ou bien il n’était pas assez musclé. Sans doute ! Comparé aux autres combattants de sa catégorie, Adam était très loin de faire office d’armoire à glace. Ou encore il n’aimait pas la couleur de sa peau — oui, évidemment, il l’eût souhaité plus rosée et peut-être un peu plus apte au bronzage.

Bref, la timidité d’Adam se doublait désormais d’un sentiment d’inconfort grandissant et c’était à peine si le jeune homme ne battait pas en retraite dans la salle de bain avec sa chemise piteuse pour se dérober au regard insistant de Salem, dont l’intensité l’avait toujours charmé jusqu’à lors, mais qui ce matin-là éveillait des inquiétudes et des questionnements tout adolescents.

Fort heureusement, le plastique brûlé offrit une heureuse distraction du point de vue d’Adam. Le regard du jeune homme bondit sur la poêle et, pendant que Salem, après avoir judicieusement remis la casserole sur le feu, allait fouiller dans sa penderie, le devin pour sa part entreprit de surveiller la cuisson, pour s’assurer qu’aucun accident malencontreux ne pût venir troubler la matinée en provoquant un incendie dans le studio.


— C’pas grave. J’me changerai en rentrant, de toute façon.

En rentrant où, c’était encore une question à laquelle Adam avait jusque là évité de répondre. Mais il était beaucoup plus préoccupé par la perspective complexe et affreuse de porter un vêtement trop près du corps que par le mystère de sa vie à l’Institut, lui qui faisait son possible pour dissimuler les effets précis de son intense entraînement physique, par un mélange de pudeur, d’inexplicable culpabilité et de sens stratégique.

Il attrapa cependant sagement le tee-shirt que son ami lui tendit, en songeant que jamais, grands dieux jamais, il n’eût acheté quelque chose comme cela. Ce n’était pas qu’il trouvât le vêtement laid, bien au contraire : il lui semblait qu’il avait été choisi avec trop de goût et de sorte à charmer les regards, tandis que pour sa part il préférait, sans faire preuve d’une timidité maladive, s’y dérober autant que possible.


— Merci…

Sa voix trahissait son manque d’assurance, mais il n’allait tout de même pas faire le difficile. Il enfila donc le tee-shirt qui ne manqua pas de souligner les formes de son corps beaucoup plus que ne le faisaient ses vêtements ordinaires et, malgré lui, Adam ne pouvait s’empêcher de sentir ridicule — superficiel, presque — comme les habitués des salles de sport que l’on voyait parader dans les rues de Soho.

Sans faire tout à fait le lien entre les rêveries plus ou moins innocentes que pouvaient habiter l’esprit de Salem et ses pronostics avantageux pour les combats à venir, Adam haussa les épaules et répondit avec une désarmante naïveté :


— J’sais pas. J’essaye de compenser le manque de puissance par la vitesse et la précision. J’me suis rendu compte assez vite que je serais jamais une montagne de muscles, alors fallait trouver un moyen de pas s’faire écraser. Du coup, c’est parfois un peu… Incertain.

Et sans doute sa supériorité n’était pas d’abord évidente dans les premières minutes du combat. Il lui semblait bien plutôt que les coups de son adversaire finiraient bien vite un affrontement que leurs carrures respectives paraissaient rendre inégal. Ce n’était qu’à force de patience et de concentration qu’Adam établissait sa domination et les retournements inattendus que cette situation provoquait souvent n’avaient sans doute pas joué une médiocre part dans son succès auprès du public, par le passé.

Soucieux comme à son habitude de ne pas trop s’étaler sur la question, Adam retira la poêle du feu et, après en avoir observé le contenu d’un œil circonspect, il commenta sur le ton de la question plutôt que de l’affirmation :


— J’crois qu’c’est prêt.

Il sonda du regard son ami pour obtenir une confirmation puis entreprit d’en répartir équitablement le contenu dans deux assiettes, manifestement guère décidé à laisser Salem s’occuper de tout, tout le temps : Adam n’éprouvait aucun plaisir à être traité en invité. Les assiettes furent disposées sur le bar pendant que le maître des lieux, qui connaissait mieux que lui ses placards, y joignait le reste du déjeuner.

Tout était prêt. Mais Adam ne s’asseyait pas encore. Ce réveil était somme toute assez différent — assez… Il y manquait quelque chose. Les regards dérobés et embarrassés parlaient d’eux-mêmes. Songeant que c’était à lui l’aîné de se comporter en adulte responsable, que d’ailleurs il n’y avait plus aucune raison d’être timide, que tout se passerait pour le mieux et pas le moins du monde convaincu par ces excellentes raisons, le devin s’approcha de son camarade.

Tout en tentant laborieusement de ne pas faire un arrêt cardiaque, Adam posa ses mains sur les hanches de Salem pour l’attirer vers lui.


— J’voulais t’dire… Euh… Hm. C’est gentil. De… De m’accueillir, comme ça. Tu es très… Enfin… C’est très bien. Tout est très bien.

Ce n’était décidément pas le discours éloquent dont il avait rêvé en se décidant à passer à l’acte, mais il n’était pas sûr de pouvoir produire quoi que ce fût de plus remarquable. Alors l’une de ses mains se glissa au bas du dos de Salem, pour le presser un peu plus contre lui, l’autre vint caresser la joue du jeune homme et les lèvres d’Adam se décidèrent à s’essayer à un baiser qui fût un peu plus explicite que les deux précédents.

En priant tout au fond de lui pour ne pas se rendre ridicule — bien entendu.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyLun 1 Oct - 21:36

Une fois de plus, Salem fut frappé par la différence entre la façon dont Adam se voyait et la façon dont lui le voyait. À l'entendre, il n'était pas très musclé, pas spécialement fort, moyennement beau, vaguement intelligent et ainsi de suite. Tout cela aurait pu passer pour de la modestie si ce n'était pas parfaitement faux, il se descendait complètement, pour rien. Salem ne voyait pas d'où pouvait lui venir un aussi grand manque de confiance en lui mais le pire, c'est qu'en essayant de chercher, comme à son habitude, il se heurta au manque abyssal d'informations qu'il possédait à son sujet. Que savait-il, au juste ? Son âge et quelques détails de sa vie, et toutes sortes de données sur son physique et ses attitudes. Bien peu de chose, au final, Salem n'était pas du genre à pouvoir se contenter de la surface, surtout avec les sentiments sans cesse grandissants qu'il ressentait pour Adam. Certes, ils ne se connaissaient que depuis deux jours, mais lui avait été bien plus généreux, et il sentait déjà qu'il ne pourrait pas se contenter de si peu bien longtemps.

Réflexions habilement détournées par Adam lorsqu'il lui présenta des tranches de bacon qui avaient apparemment eu très très chaud, il haussa un sourcil, se demandant comment il avait pu les oublier sur le feu.

« Plus que prêt là, oui. »

Il vint s'affairer avec Adam dans la cuisine, pour servir tout ce qui manquait. Ce qui demanda un bel effort de coordination de leur part pour tenir à deux dans un espace aussi réduit. Adam en profita d'ailleurs pour se rapprocher et contrairement à ce qu'il craignait, tout se passa pour le mieux, il faut dire que Salem n'attendait que ça depuis son réveil sans oser l'avouer. Un peu intimidé, il se laissa guider, ses joues se teintant de jolies couleurs alors qu'ils s'embrassaient. Il ne quitta pas l'étreinte tout de suite, préférant se perdre dans ses yeux noirs comme il ne l'avait plus fait depuis la veille.

« Si c'est aussi bien c'est parce que tu es là. »

Salem ne savait pas comment lui dire ce qu'il représentait pour lui. Il estimait qu'il était trop tôt pour les je t'aime et n'était de toute façon pas vraiment amateur de ce genre de déclarations. Je t'aime, ça ne veut rien dire, c'est trop vague, n'importe qui peut le lancer à n'importe qui d'autre pour n'importe quelle raison. On peut à peine distinguer l'amitié de l'amour avec ça. Tu es important pour moi c'est déjà mieux, mais pas encore assez, dans quel mesure Adam l'était-t-il pour lui ? Voilà une des rares choses qu'il aurait du mal à estimer, il ne savait pas.

Mais il était clair que sans Adam sa soirée et cette matinée aurait eu une toute autre saveur - beaucoup plus fade sans doute. Ça, c'était un fait, c'était démontrable, seul devant son plat de pâtes, ça n'aurait pas donné la même chose, oui.

Salem se résigna à quitter les bras d'Adam, non sans lui faire une petite bise supplémentaire. Manger du bacon trop cuit était une chose, manger du bacon trop cuit et froid en était une autre. Il s'installa au bar et se mit donc à vider son assiette, il avait connu mieux, mais c'était comestible, en regardant Adam du coin de l’œil, il lança.

« J'espère que prochainement tu m’accueilleras chez toi aussi. »

Car ni un baiser fougueux, ni du bacon brûlé ne pourra retenir très longtemps le besoin d'informations de Salem. Son esprit à même un petit coté boomerang sur ce point-là, vous êtes prévenu.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMar 2 Oct - 8:37

Bien. Très bien. Très, très bien. Adam était rassuré désormais : il n’avait pas tout à fait perdu la main. Ou bien Salem était très doué et compensait sa propre maladresse. Peu lui importait, à vrai dire, en ces instants : tout ce qui comptait, c’était que le baiser — le premier, vrai baiser — fût parfait, enrobés qu’ils étaient tous deux de la douce odeur du bacon carbonisé, dans la petite cuisine du studio.

Adam, pour sa part, n’en attendait pas plus. Ils ne se connaissaient que depuis deux jours et il lui était déjà difficile de se livrer à des déclarations sentimentales après une longue relation, il n’allait certes pas professer des sentiments si forts, si vite. Et il n’exigeait pas non plus que le baiser s’ouvrît sur une étreinte plus intime et plus charnelle. Prendre son temps — pour ne rien casser cette fois, ne rien précipiter : cela lui convenait parfaitement.

C’était que si la veille le jeune homme s’était laissé porté par un désir longtemps contenu, par le charme de l’occasion et surtout par la séduction grandissante que Salem exerçait sur lui, sans trop réfléchir, après l’épreuve de sa crise, aux conséquences que leurs baisers fuyants et leur chaste étreinte auraient sur le reste de leur existence, ce matin-là, il était prêt à envisager tous les jours qui suivraient et il fallait qu’ils fussent bien.

Le baiser avait chassé les doutes et les incertitudes futiles et inexplicables d’Adam à propos de son apparence — il les avait repoussé un peu plus loin et c’était désormais l’esprit libre que le mutant s’asseyait à son tour en face de son compagnon (Salem : son copain, comme on disait), pour commencer comme lui à ingurgiter ce petit-déjeuner que son absence presque totale de sens gastronomique lui permettait de consommer sans difficulté.

Il fallait dire qu’il prêtait moins attention à sa nourriture qu’à Salem, à tous les gestes de Salem, à la façon dont il soulevait sa fourchette (avec une grâce infinie), à la façon dont il mastiquait (avec une élégance princière), à la façon dont il faisait des remarques embarrassantes (avec une constance désespérante). Adam reposa sa propre fourchette et cacha un instant son inconfort dans une gorgée de jus d’orange.

Mais il connaissait assez Salem désormais pour deviner que la remarque n’était pas incidente et que si son compagnon n’en faisait pas une question directe, ce n’était pas qu’il en exigeât moins une réponse. C’était peut-être même une épreuve, peut-être souhaitait-il estimer l’attachement que les liait l’un à l’autre en le poussant à se livrer plus et alors, si Adam bottait en touche, tout serait ruiné.

Il n’avait pas envie de mentir, d’ailleurs. Ni de rien cacher.


— Chez moi, c’est un peu… Particulier.

Un bel euphémisme — si le manoir de l’Institut annonçait déjà une résidence au caractère original, les résidents qui la peuplaient achevaient de faire de l’endroit l’un des lieux les plus étranges que l’on pouvait trouver à New-York, et il était difficile de prévoir ce qui surviendrait au détour d’un couloir. Adam s’y sentait parfaitement à son aise, mais il savait que pour d’autres mutants, l’adaptation était parfois un peu difficile.

Tournant et retournant machinalement une tranche de bacon du bout de son couteau, Adam cherchait le meilleur moyen d’expliquer la situation. Au bout de quelques secondes, il se décida enfin :


— J’habite dans un endroit dont tu as peut-être entendu parler déjà. L’Institut Xavier. C’est une sorte de manoir, un peu excentré, qui accueille…

Il chercha le même genre d’euphémismes que « personne de couleur », « employé de service » ou « il est dans l’industrie du spectacle » puis, renonçant à ces manières de parler qui n’étaient pas vraiment la sienne et songeant qu’il était peut-être temps de plonger un peu plus Salem dans cet univers qui, après tout, était aussi le sien, il haussa les épaules et acheva :

— Des gens comme nous. Des mutants.

Il fit machinalement une petite pause pour guetter la réaction de son compagnon avant de poursuivre :

— Chacun y trouve un peu ce qu’il veut. Les jeunes qui ont décroché de la société à cause de leur mutation peuvent y reprendre les cours, trouver une formation, apprendre un métier. Ceux qui cherchent simplement un endroit sûr contre les discriminations y ont une chambre. D’autres veulent aider — redorer les blasons. D’autres encore cherchent à perfectionner la maîtrise de leur… don.

Cette description un peu ambiguë aux yeux d’Adam oscillait entre parfaite utopie et camp d’entraînement fasciste, aussi crut-il bon de préciser un peu les desseins de l’Institut.

— Il y a une certaine… Philosophie. Les membres de l’Institut, du moins les membres dirigeants, croient que les humains et les mutants peuvent vivre ensemble. Mais que cela demande du travail. Un travail qu’il nous appartient malheureusement de fournir. Et puis…

Adam hésitait un peu à entrer dans les détails les plus intimidants, mais il ne lui était guère possible de reculer : cette fois-ci, c’eût été positivement mentir selon lui que de retenir une partie de la vérité.

— Il y a d’autres groupes dans le monde. De mutants, d’humains, de civils, de militaires. Des organisations de toute sorte qui mettraient volontiers la main sur, disons, un téléporteur. Ou bien au contraire qui aimeraient le faire disparaître. Bref, ce n’est pas un univers très pacifique.

Il avait parlé de façon plus élégante peut-être qu’à son ordinaire, abandonnant pour un temps les ellipses et les contractions, comme si ce propos grave exigeait de lui une certaine tenue, qu’il laissât tomber pour un instant le masque du sportif brute de décoffrage — ou plutôt, l’aspect un peu bourru de sa personnalité venait de se mêler à quelque chose de plus sophistiqué, pour creuser un peu plus encore son paradoxe.

— Bref, j’ai une chambre là-bas. Et euh… C’est très en désordre. Très, très, très en désordre. Genre, c’t’à peine si on peut marcher par terre. J’te préviens, pour pas que tu fasses une crise cardiaque.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMar 2 Oct - 18:51

Particulier... Salem s'y attendait un peu, ou plutôt il se serait étonné du contraire. Il n'avait pas d'idées précises de ce qu'il s'attendait à voir chez Adam, mais au vu de son coté mystérieux et de ses loisirs qui sont quand même « se balader seul la nuit dans des bâtiments désaffectés » difficile de l'imaginer dans un bel appartement design aseptisé. Non, c'était juste impossible.

L'institut Xavier, il ne connaissait pas, Salem ne connaissait absolument rien concernant les mutants de toute façon, c'est donc avec un mélange d'étonnement et de curiosité qu'il écouta la description du lieu. Ça devait vraiment être la jungle, rassembler tout pleins de mutants ensemble. Déjà à eux deux, ils avaient trouvés le moyen de faire une crise par jour, alors là... Surtout que certains devaient avoir des pouvoirs vraiment bizarres ou dangereux, ce devait être plutôt étrange.

Il resta un peu songeur après toutes ces révélations, ça faisait beaucoup d'informations pour quelqu'un qui n'a découvert son statut de mutant que deux jours plus tôt. Mais il comprenait bien qu'il valait mieux savoir toutes ces choses tout de suite pour ne pas se retrouver en danger. Puisque apparemment il y avait danger.

« C'est drôle, ça me fait penser à l'univers d'Harry Potter. »

Salem eu une seconde de réflexion, il avait dit ça comme si le parallèle était évident, et effectivement n'importe qui aurait sans doute comprit à quoi il faisait référence, au moins dans les grandes lignes, mais Adam n'était pas n'importe qui.

« Harry Potter, qui est une histoire, donc j'imagine que tu... Heu... C'est un gosse qui vit paisiblement sa vie de martyr dans sa famille d'adoption jusqu'à ce qu'un grand type un peu bourru vienne lui dire qu'il est un sorcier. Et à partir de là il découvre le monde de la magie, qui a ses propres règles et qui est plus ou moins sous le nez des gens lambda sans qu'ils le sachent.
Enfin, sauf vers la fin, là un grand méchant mage persuadé que les sorciers valent mieux que les autres instaure sa dictature sur le monde de l'Angleterre. Heureusement Harry Potter le tue, et puis il épouse une rouquine et lui fait trois gosses.
 »

Pas sûr qu'un résumé pareil puisse vraiment aider, mais Salem avait déjà fait l'effort conséquent de ne pas glisser une seule donnée compliquée dans son explication, il ne pouvait pas faire beaucoup mieux. En tout cas aucune autre comparaison ne lui venait pour exprimer cette impression d'être soudain immergé dans un monde dont il ignorait totalement l'existence tout en en faisant partie.

Salem n'avait pas encore prit le temps d'envisager toutes les conséquences que sa mutation allait avoir dans sa vie, qu'il soit rejeté ou que certains ai peur, d'accord, mais qu'on veuille en faire une bête de laboratoire, c'était autre chose. Il avait beau se dire que sa différence n'était pas écrite sur son front, ça n'était pas très rassurant. Soudain le fait d'avoir Adam comme tuteur lui paraissait encore plus capital, il en savait bien plus que lui, et il était costaud, ce qui ne gâchait rien. Il se gratta la tête.

« Pourvu que personne n'en veuille aux devins et aux analystes-statisticiens-bizarroïdes alors... Mais je vois que tu compte m'inviter chez toi quand même, ça promet. J’essaierais de rester en vie. »

Salem lui fit un sourire, la curiosité de découvrir l'antre d'Adam avait encore grimpé d'un cran. Il était curieux de croiser d'autres mutants, mais ce qu'il souhaitait surtout voir, c'était ce qui pouvait prendre autant de place dans la chambre de son compagnon. Des vêtements qui traînaient partout ? Il s'habillait bien, mais n'avait pas l'air tellement l'air accro au shopping. Alors quoi... du matériel pour ses explorations nocturnes, peut-être, les bouquins « théoriques » dont il avait parlé, des notes sur ses visions... Il demandait à voir.

Une fois son assiette vidée, Salem se leva pour aller à nouveau se servir dans son placard.

« J'vais me doucher vite fait, tchuss. »

Il partit s'enfermer quelques minutes dans la salle de bain, dont il ressortit frais, coiffé et repassé, et pas à moitié nu pour sa part. Ça lui avait traversé l'esprit, mais il n'avait pas d'excuse valable pour le faire, et était un peu intimidé, en plus il ne tenait pas vraiment la comparaison avec Adam. Une autre fois peut-être, ou peut-être pas.

Sans attendre, il vint se mettre tout près d'Adam, histoire de prolonger le bien-être que lui avait donné leur bref câlin. Mais sans que cela ai quoi que ce soit de romantique, car il avait visiblement envie de bouger.

« Bon, il nous reste environ 1524 minutes à tuer avant de partir a Kroster Falls, on va faire un tour ? On est bien ici mais y'a rien à faire. »
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMar 2 Oct - 19:20

Avec un regard manifestement sidéré, Adam écouta les explications que Salem lui fournissait à propos de Harry Potter. Et il devait avouer qu’il était, comment dire ? Très légèrement vexé. Certes, il ne lisait pas de romans, certes, il n’allait pas souvent au cinéma, mais il n’avait pas vécu coupé de la civilisation pendant vingt-et-un ans et il savait très bien ce que c’était qu’Harry Potter : l’histoire d’un gamin ami avec un loup-garou qui faisait des potions (très mal) dans un chaudron, qui avait appris trois sorts (à ce qu’on lui avait dit) pour triompher d’un mage noir dépourvu d’appendice nasal.

En gros. Ce fut donc avec une parfaite mauvaise foi et une fierté blessée qu’Adam répondit :


— Non mais je sais ce que c’est, Harry Potter. Dans les grandes lignes, quoi.

Or, s’il était vrai que certains pensionnaires à l’Institut n’avaient pas de nez, Adam n’était pas exactement sûr de la ressemblance entre le monde d’Harry Potter et le leur. Après tous, les mutants ne vivaient pas en marge de la société, du moins pas volontairement : ils n’avaient pas une contre-civilisation organisée dans les souterrains de New-York. Du moins pas totalement. Et surtout, le monde réel avait conscience de leur existence — parfois trop, même.

Cela dit, comme Salem paraissait ravi de sa comparaison ou, en tout cas, plus ou moins fasciné par la perspective d’être devenu un héros de roman, Adam s’abstint de développer ses arguments fondés sur une connaissance lacunaire et au septième degré de l’œuvre originale. Il espérait néanmoins que Salem ne s’attendît pas à acquérir de jour au lendemain des pouvoirs magiques.

La remarque suivante de son compagnon lui inspira cependant beaucoup plus de gravité. Le regard noir et profond d’Adam se posa dans celui de l’adolescent et, pendant quelques secondes, le jeune homme hésita sur la manière de lui répondre. Devait-il lui souligner l’intérêt que toutes sortes de personnes plus ou moins bien intentionnées pouvaient avoir à deviner l’avenir ou analyser rapidement des situations ? Devait-il réellement le confronter aux risques considérables qu’ils couraient tous deux ? Mais pouvait-il d’un autre côté le laisser dans une dangereuse insouciance ?

Finalement, avec un air un peu triste où se mêlaient le désir de le protéger, celui de préserver cet instant et quelque chose comme de la lâcheté, Adam murmura :


— Oui, espérons…

Il ne put s’empêcher d’être un peu soulagé en constatant que son ami n’entendait pas le forcer à exposer en profondeur les détails de ce monde qu’il découvrait. Le courage lui manquait pour l’heure d’encadrer leur relation naissante avec l’histoire de l’oppression que subissait leur espèce et il y avait chez Salem une sorte d’innocence vive qu’il était loin de vouloir si vite flétrir.

Il le suivit du regard jusqu’à ce que la porte de la salle de bain se refermât puis, en continuant à manger, il s’aperçut que ses pensées inquiètes étaient progressivement remplacées par des questions très différentes, toutes relatives à ce qui se passait dans la salle de bain. Car en ce moment précis, Salem enlevait ses vêtements. Là, il se glissait sous la douche. Là, l’eau coulait sur sa peau, sur son corps nu, et…

Adam poussa un soupir songeur. Il regrettait que son pouvoir ne se déclenchât pas pour lui faire percevoir ce qui s’était passé quelques secondes auparavant (quand Salem s’était déshabillé) ou ce qui se passerait dans les secondes à venir (quand Salem enduirait ses mains de gel douche pour frictionner son corps). Il n’y en avait décidément que pour les meurtres et c’était bien injuste.

Comme il avait fini de manger, il n’avait vraiment rien d’autre à faire que de continuer à voguer sur ces imaginations plaisantes, dans lesquelles il avait désormais rejoint Salem en pensée et découvrait de manière un peu plus concrète les charmes qu’il lui supposait. Ainsi, quand Salem ouvrit effectivement la porte de la salle de bain, emportant avec lui les effluves parfumées qui flottaient sur les vapeurs d’eau, Adam releva brusquement les yeux du vide où il les avait perdus, avec un air un peu confus et coupable, comme s’il avait été pris en flagrant délit d’on-ne-savait-trop-quoi.

Et Salem qui s’approchait ! Comment était-il supposer reprendre ses esprits ? Il n’était qu’un jeune homme, après tout. Intuitivement, ses mains se posèrent à nouveau sur les hanches de son compagnon.


— Rien à faire…

Il avait répété ces mots d’un air un peu absent — c’était que lui il voyait très bien ce qu’ils pouvaient faire tous les deux dans ce studio. Mais presque aussitôt il se reprit, rougit autant que le teint de sa peau le lui permettait et retira machinalement ses mains.

— Oui euh… Faudrait que j’passe à l’Institut. Pour mettre un truc plus à ma taille et me changer vraiment. J’dois aussi appeler la mairie pour leur dire que le feu sur la douzième est défaillant — enfin, sera défaillant, mais voilà. J’pensais aller m’entraîner aussi, mais j’peux faire ça plus tard. Faudra qu’j’appelle pour ton club de basket. J’ai des livres à rendre à la bibliothèque, aussi. Et puis j’dois consulter les archives du New-York Times pour vérifier les gros titres déjà paru.

Bref, Adam avait un emploi du temps de ministre. Il n’avait guère envie de se séparer de Salem, mais certaines de ces activités, qu’il avait énumérées l’air de rien, et beaucoup de celles dont il n’avait rien dit, touchaient des cas de vie et de mort, aussi anodines qu’elles pussent d’abord paraître. Il s’était relevé de sa chaise.

— Tu peux m’accompagner, si tu veux. A l’Institut. Mais si tu préfères, si ça t’ennuie, on peut se retrouver plus tard.

Puis, envahi par la culpabilité, il s’empressa de préciser :

— J’suis vraiment désolé, mais y a des trucs… Que j’peux pas décaler. Des trucs qui vont se passer dans quelques heures.

Car tout le poids du monde reposait sur ses épaules.

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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMar 2 Oct - 21:17

Oups, il avait fait une gaffe, au vu de l'air vexé d'Adam, Salem avait légèrement sous-estimé ses connaissances en matière de littérature et de cinémas. Peut-être que c'était surtout les super-héros qu'il ne connaissait pas, en fait. Il se promit de faire plus attention à l'avenir, Adam n'avait pas grandit dans une cahute au fin fond de l’Himalaya, quand même. Le sujet suivant n'enchanta guère son ami, et Salem vit bien à son expression qu'il ne lui disait pas tout. Là aussi, il devait légèrement sous-estimer les risques qui pesait sur eux, décidément quand il n'y avait pas de chiffres sur lesquels s'appuyer il manquait vraiment de clairvoyance.

Et puis ensuite Adam se retira rapidement de son petit câlin pour lui dire qu'il avait pleins de choses très importantes à faire, comme se débarrasser du tee-shirt qu'il venait de lui prêter, s'occuper d'un feu qui fonctionne ou aller à la bibliothèque, et qu'il devait donc partir. Salem resta soufflé un instant, il n'arrivait pas à déterminer s'il agissait comme ça parce qu'il lui en voulait toujours pour le coup d'Harry Potter, s'il préférait lire des journaux que passer du temps avec lui ou si tout ce qu'il prévoyait de faire était vraiment aussi capital que ça.

Un peu décontenancé, son regard descendit vers les couverts qui traînaient sur le bar. Bon, Adam s'était mit à parler comme un super-héros, alors ça devait vraiment être important. A l'entendre, on aurait même dit qu'il partait sauver des gens, Salem préféra ne pas demander de précisions, pour ne pas lui faire perdre encore du temps. Un peu piteux, il répondit.

« Ben... Je veux pas te déranger non plus, si t'es occupé... 'fin j'aimerais bien le voir, cet institut, mais c'est pas pressé. Après, si je peux t'être utile... genre les archives, peut-être, je dois pouvoir gérer... 'fin je sais pas ce que tu veux chercher mais bon... »

En s'entendant parler, Salem avait un peu l'impression de s'incruster. Lui n'avait personne à sauver et rien de spécial à faire mais ce n'était pas une raison pour suivre Adam partout. Il ne ferait sans doute que le gêner, et après réflexion, il laissa tomber.

« Non en fait, c'est bon, fait ce que tu as à faire, de toute façon moi aussi je dois... bref, t'as mon numéro. »

Salem se mit à faire la vaisselle, autant pour montrer qu'il était très occupé que pour paraître plus distant qu'il ne l'était vraiment. Il avait baissé sa garde, et s'était beaucoup trop attaché en beaucoup trop peu de temps, ça venait de lui sauter aux yeux. Misère, lui qui s'était souvent plaint de certaines de ses copines trop collantes et les avaient parfois quitté pour ça. Il comprenait soudain ce que ça pouvait faire de ressentir des sentiments sincères pour quelqu'un. C'était probablement une punition divine.

Bon voilà, la vaisselle est faite, maintenant il allait pouvoir... faire ses devoirs, oui, ça s'annonçait prenant et passionnant. Et puis après, il irait faire un tour, tout seul. C'est bien d'être seul aussi, comme ça on peut faire ce qu'on veut, oui. Comme penser à Adam, par exemple, personne ne pourra l'en empêcher...
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMar 2 Oct - 21:48

Ah. Adam avait fait une erreur — très probablement fait une erreur — à en juger par l’intérêt soudain qu’éprouvait son tout nouveau compagnon pour les éponges et le liquide vaisselle. Certes, Salem était manifestement un peu maniaque sur les bords, mais Adam doutait qu’il préférât se lancer si vite dans ses tâches ménagères plutôt que de lui dire au revoir, par exemple.

Mais peut-être qu’il s’en fichait un peu, de lui dire au revoir ? Peut-être même qu’il ne tenait pas tellement à rester longtemps avec lui ? Etait-ce pour cela qu’il avait si vite repoussé la proposition qu’Adam lui avait faite de l’accompagner dans ses tâches fastidieuses et pourtant de la première importance ? Etait-ce que déjà il se lassait d’une compagnie qui n’avait rien de très intéressant ?

Un peu interdit, Adam, qui était toujours beaucoup plus doué pour analyser les situations qui ne le concernaient pas et méditer le comportement des gens qu’il n’observait que de loin, demeurait debout devant le bar et, de manière parfaitement irrationnelle, en sentant ce tee-shirt contre sa peau qui dessinait de si près ses muscles, il avait l’impression de n’être plus que cela : un sportif stupide, indélicat et inintéressant.

Une vague de panique menaçait de l’emporter. Il se voyait déjà commettre d’irréparables erreurs qui mettraient en péril une relation naissante. Il songeait à tous ses échecs passés, à son incompétence notoire en matière de garçons, à la froideur qu’on lui avait souvent reprochée, aux reproches innombrables que ses amants passés avaient formulés à son encontre, à tous ceux dont il n’avait pas eu vent lui-même mais qui sans doute étaient trois fois, quatre fois plus nombreux encore que ceux qu’il avait appris.

Le jeune homme passa les quelques minutes qui venaient de s’écouler dans son esprit. Péniblement il se rendit compte qu’en effet il n’avait pas fait preuve d’une souveraine délicatesse. Il comprit soudainement qu’il ne savait encore que peu de choses de Salem, qu’il ignorait tout à fait comment cette relation se présentait à lui, ce qu’étaient ses attentes, ses espérances et ses craintes, l’habitude qu’il avait ou au contraire la nouveauté de ces choses et il voyait combien cette ignorance l’exposait à blesser de mille manières cet être si fragile.

Alors Adam fit ce qu’il faisait le mieux : il se sentit coupable. Affreusement coupable. De nouveaux reproches se formaient dans son esprit qui s’ajoutaient à ceux dont il l’avait déjà peuplé. Une envie très familière montait en lui — celle de fuir, de tout abandonner là, de laisser Salem tranquille (car sans doute sa présence le dérangeait) et de se murer dans une solitude lâche mais si aisée à supporter, finalement. C’était ce qu’il avait toujours fait.

Machinalement, son regard dériva vers son blouson dans l’entrée, ses chaussures qui n’attendaient que lui, ses pensées enrobèrent la voiture prête à démarrer en bas et toute son existence dans laquelle cette soirée pouvait très bien n’être qu’une parenthèse, vite ajoutée à la liste de ses regrets. C’était décidément ce qu’il y avait de plus facile.

Mais Adam ne connaissait que trop bien cette amère aisance de souffrir en silence et la satisfaction trop chèrement acquise d’une âme sans remous. Alors — et c’était peut-être l’acte le plus courageux de son aventureuse existence — il se rapprocha de Salem qui s’essuyait les mains, passa ses bras autour de la taille de son ami, croisa les mains sur son ventre et déposa un baiser dans ses cheveux.

Avec un murmure, comme pour excuser par ce chuchotement la brutalité innommable dont il estimait désormais avoir fait preuve :


— Boude pas, Salem.

Un nouveau baiser vint se déposer dans le cou du maniaque patenté.

— J’voulais pas t’donner l’impression que j’te jetais. J’suis désolé. J’t’ai dit : accompagne-moi. Comme ça tu verras l’Institut. J’passe les coups de fil, ça prendra dix minutes. Maxi. J’m’entrainerai à un autre moment. Et on pourra rester tous les deux.

Le fait de n’avoir pas à affronter le regard de son compagnon rendait singulièrement plus aisées les excuses et les explications.

— C’est juste, j’ai plus tellement l’habitude. D’être avec quelqu’un. Et puis j’ai jamais été super doué. J’suis pas… Disons que j’suis pas super accessible. J’le sais bien. Mais j’vais faire des efforts. J’ai envie d’passer du temps avec toi. T’es drôle, t’es gentil, t’es sympa, t’es beau. On s’connaît pas très bien et j’veux pas que ça reste comme ça.

Adam marqua une légère pause puis reprit, d’une voix moins assurée encore qu’auparavant :

— Tu sais c’t’un peu le chaos. Dans ma tête. J’veux dire, c’est pas juste les visions. C’est… J’sais pas. La vie. Les choses qui m’ennuient. Qui sont trop simples, qui vont trop lentement. Les gens qui comprennent pas. Ca me rend impatient. Et du coup, détaché. Un peu comme si tout était loin. Et… J’sais pas. C’est pas super agréable. C’est sans doute pas méga stratégique de te dire ça comme ça et j’ai pas vraiment envie que tu t’barres en courant, mais bon, disons que j’suis pas très — très — équilibré.

Mais hier soir, avec toi, j’étais bien. Et ce matin, j’étais bien. Enfin, bien sûr, j’suis terrorisé, j’ai l’impression d’être moche et crétin, j’ai peur de faire tout de travers, mais enfin, que j’te regarde, j’te trouve juste… Comment dire ? J’me sens protégé. Alors j’fais p’t’être pas tout comme il faut, mais j’veux pas que t’ais l’impression que j’m’en fiche, parce que c’est pas vrai.


Définitivement : c’était la chose la plus difficile qu’il eût jamais faite. A côté de ça, prendre des coups dans la mâchoire était une partie de plaisir. Mais pour une fois, Adam était prêt à s’accorder à la sagesse populaire qui voulait que ce fût un soulagement que de s’exprimer, lui qui ne s’en était jusqu’à lors jamais trouvé mieux.

D’un air un peu gêné et qui trahissait la crainte qu’il avait que sa confession ne fît pas d’effet sur Salem, il murmura finalement :


— Bon et maintenant j’me sens idiot, alors pour éviter que tu me regardes, on va rester comme ça à observer le mur.



C’est fou ce que c’est bien lavé, quand même.

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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMer 3 Oct - 19:39

Lorsque Adam lui dit de ne pas bouder, Salem pensa qu'il faisait vraiment n'importe quoi, a joué les épouses bafouées pour si peu et le faire angoisser pour rien. Et puis il y eu toute la suite, qu'il préféra ne pas interrompre de peur de stopper Adam dans son élan, et parce qu'il était un peu prit de court. Explications, compliments et confessions s'enchaînaient comme si son ami voulait se décharger de tout ça une fois pour tout. C'était flatteur, en plus de montrer à quel point Adam tenait à lui et lui faisait confiance.

Bien sûr que ça lui fit de l'effet, Salem était touché en plein cœur, comment Adam arrivait à rendre tous ses doutes futiles pour ne lui laisser que l'essentiel, l'attachement qu'il avait pour lui.
Après tout ça il avait envie de lui rendre la pareille, confier ses doutes, lui dire ce qu'il ressentait à son sujet, dévoiler ses cotés plus sombre..

« Je... »

Hey, mais c'est vachement difficile en fait, soudainement il admirait l'effort, d'autant plus qu'il avait bien vu que ce n'était pas dans la nature d'Adam de faire ce genre de chose. Lui qui avait songé à se retourner trouva soudain leur position tout à fait adéquate, et puis son mur était irréprochable.

« Je te trouve pas idiot... »

Commencer par parler d'Adam, oui, c'était plus simple.

« Et encore moins moche, quelle idée, comment tu peux dire ça ? On dirait que t'es tombé du ciel... Après, pas très équilibré, pour avoir un peu observé les gens, je peux t'assurer qu'on a tous un truc en travers, je suis pas mieux que toi. T'es peut-être un peu dur à suivre, des fois, mais t'es quelqu'un de bien, c'est ce qui compte. Tu devrais arrêter de te dire des trucs comme ça, ai confiance en toi, tu vaux plus que ce que tu crois, je te jure. Par contre j'sais pas si t'es doué ou pas, 'fin je vois même ce que ça veut dire, doué en amour, c'est complètement abstrait, ça s'mesure pas, c'est nul. »

Salem haussa les épaules, puis se dit qu'il fallait vraiment parler de lui maintenant, bon, il baissa les yeux vers les mains d'Adam et les caressa du bout des doigts.

« Toute façon, c'est la première fois que j'arrive à franchir le pas, avec un mec... Avec toi j'avais l'impression que, même si t'avais pas ressentis la même chose, t'aurais essayé de pas trop me faire de mal... Du coup tout ça c'est un peu bizarre pour moi, enfin, pas que tu sois un mec, juste... affectivement, je pensais pas être capable de ressentir un truc aussi fort, aussi vite, alors j'en fais peut-être un peu des tonnes. »

Il se tourna un peu pour le regarder.

« Je fais pas exprès et même moi je comprends pas, alors t'inquiètes pas si je me mets à bouder pour rien. C't'un peu comme le ménage, je suis un peu trop ordonné, il paraît, mais je me rends pas compte. Tiens, en parlant de ça, j'aimerais bien voir cette chambre où on ne peut pas poser un pied au sol. En plus tu as pleins de trucs à faire, perdons pas de temps, on y va ? »

Oui, changeons de sujet, ça c'était une bonne idée. Salem avait l'impression d'avoir été bien plus gauche qu'Adam, d'avoir oublié tout un tas de détails essentiels, aussi souhaitait-il tourner la page le plus vite possible. Il attrapa son ami par la main et l'entraîna jusqu'à la porte, hésita une seconde entre les baskets adidas et les nike, puis dévala les escaliers jusqu'au palier inférieur, et s'arrêta net.

« Et tu fais des têtes trop mignonne au réveil, t'étais sexy quand t'as grillé le stop sur Stanford Street hier à 20h07, t'avais l'air d'un super-héros quand t'as rattrapé le verre de la serveuse et puis ton balayage était énorme, j'ai rien pu faire. Tu avais l'air tellement résigné en amenant ta voiture au garage, je me suis dis qu'il fallait absolument que je fasse quelque chose... Rah, merde... Pourquoi j'arrive jamais à m'empêcher de faire ces trucs. Là tu dois vraiment me prendre pour un fou... »

Il se passa une main sur le front, essayant de prendre tout ça avec philosophie, au moins si Adam doutait de ses sentiments, il devait être fixé. Et si Adam était raisonnable, il fuirait en courant.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMer 3 Oct - 22:18

Un sentiment mêlé s’était installé dans l’âme d’Adam : si une partie de lui était extrêmement soulagée, et même un peu fière, d’avoir réussi à s’exprimer ainsi, si humainement, si ouvertement, après des années passées à fuir et à éviter tout ce qui se ressemblât à une confession trop sincère, des années à maîtriser le sujet, même quand il se révélait, avec un air de philosophe stoïque, comme lorsqu’il s’était un peu ouvert à Quentin, une autre part de son être était terrassée par la crainte que cette confession un peu prématurée, peut-être trop émotive, fît fuir son compagnon et mît un terme à une histoire qui ne faisait que commencer.

Jamais plus qu’en ces secondes de silence qui s’étaient installées entre eux le jeune homme n’avait regretté son inexpérience sociale et cette incapacité chez lui chronique à intégrer les règles les plus élémentaires des relations humaines, à percevoir très clairement les étapes qu’il fallait franchir, l’ordre dans lequel il fallait les franchir et le rythme de ces franchissements. Il allait trop vite sans doute et il ne s’en rendait même pas compte.

Alors quand Salem commença à parler, c’était à peine si Adam ne retenait pas sa respiration et quand il l’entendit, s’il ne laissa pas un soupir de soulagement lui échapper. Peu à peu l’angoisse juvénile cédait la place à un bonheur béat et s’il se sentait bel et bien un peu idiot de se trouver si heureux et de constater que dans son esprit, aucune pensée, aucune considération recherchée, ne venait troubler cette simple et élémentaire émotion, cette fois-ci, il ne rougissait pas de sa stupidité et la goûtait comme elle méritait de l’être.

Comme souvent les affections sincères, qu’elles fussent naissantes ou forgées déjà par le temps, les sentiments nouveaux qu’Adam portait à son compagnon et qu’il eût été bien incapable de nommer ni de décrire passaient aisément sur les détails qui eussent refroidi un observateur plus raisonnable et les défauts que Salem se donnaient tombaient invariablement dans le domaine de l’adorable et de l’attendrissant.

Adam ne se disait pas que la nouveauté de cette expérience pour Salem serait peut-être la source de conflits entre eux, il ne songeait pas que la force de l’attachement que son compagnon évoquait pouvait conduire à une jalousie possessive et il ne trouvait pas que le jeune homme fût en train de se décrire comme un maniaque incontrôlable, obsédé par l’ordre mais incapable de maîtriser ses accès d’humeur. Pour lui, le tableau était idyllique : Salem était fragile et innocente, il tenait déjà beaucoup à lui et il avait ses touchantes contradictions. Rien de plus parfait.

D’une voix enchantée le jeune homme confirma donc :


— On y va.

Il n’était plus sûr de savoir encore où ils devaient aller et ce qu’ils devaient faire, mais ils iraient et feraient et tout se passerait à merveille. Il n’avait peut-être pas le sourire idiot des jeunes couples et ses expressions conservaient une certaine retenue, mais ses sensations n’en étaient pas moins fortes.

Il trouvait même que si son esprit commençait à se réveiller un peu et ses pensées à se rassembler, ce retour de la raison n’ôtait pas au moment qu’ils venaient de partager sa beauté. Capable de réfléchir désormais, il ne trouvait pas que ces confessions eussent soulevé des difficultés considérables et, pour la première fois de son existence, il était décidé à appliquer à sa vie personnelle la même énergie industrieuse qu’il investissait dans les problèmes de parfaits inconnus.

Adam se laissa guider, observa avec perplexité l’hésitation vestimentaire de Salem (mais quelle pouvait être la différence entre l’une et l’autre paire de chaussures ?), enfila les siennes sans réfléchir, attrapa son blouson et dévala à sa suite les escaliers. En manquant de rentrer dans son compagnon qui s’arrêtait brusquement. Son sourire s’affermit un peu plus.


— Si ta folie, c’est d’me trouver sexy, j’crois qu’j’vais pouvoir supporter, hein.

Il lui fit signe de le précéder dans les escaliers et bientôt les deux jeunes gens atteignirent la voiture. Adam s’installa au volant, vérifia que son passager mettait sa ceinture de sécurité, disposa son portable sur le tableau de bord et démarra, ne tardant pas à adopter dans le trafic plus fluide de la matinée la conduite pour le moins sportive qui était la sienne et dans laquelle un observateur prévenu comme l’était Salem ne devait pas avoir de mal à deviner l’influence d’une clairvoyance peu commune.

— J’vais passer les coups de fil maintenant. C’s’ra fait et comme ça, on s’ra tranquilles.

Sur ces mots, il ordonna au téléphone de composer un numéro qu’il connaissait manifestement par cœur et, une fois que la centrale de gestion du trafic urbain new-yorkais eût décroché, se fit passer pour un automobiliste consciencieux qui se plaignait de l’état douteux d’un feu de signalisation précis. Une fois sa plainte dûment déposée, Adam laissa son téléphone raccrocher et appliqua la première de ses grandes résolutions : éclairer un peu Salem sur ce qui se passait dans son existence, plutôt que de le maintenir dans un brouillard permanent.

— Dans deux heures, le feu sur la douzième aurait dû cesser de fonctionner au croisement et un car scolaire aurait percuté une camionnette de livraison et ce serait renversé. J’ai pas tout vu très clairement, mais c’était…

Sa voix s’était éteinte dans un silence assombri tandis que le spectacle de la tragédie repassait dans son esprit. Pendant un instant, il parut un peu absent (ce qui ne l’empêchait pas de conduire avec une dextérité remarquable — et peut-être un peu inquiétante), puis il conclut sur un ton qui se voulait plus dégagé :

— Enfin, bref. Ca, c’est fait.

Puis il dicta un message à l’intention de la fameuse entraineuse de basket et intima à son portable de télécharger les premières pages du New York Times des trois derniers mois pour les envoyer sur son ordinateur.

— Mes visions vont jamais au-delà de ce genre de durée, d’un côté ou de l’autre. Mais du coup, c’pas toujours facile de distinguer entre passé et futur. Des fois, il y a une vague sensation, comme une certitude. Quand y a un élément objectif, genre j’aperçois les gros titres d’un journal, c’t’un peu un miracle.

Comme il fournissait ces explications, la véhicule avait quitté le cœur de la ville et s’était engagé finalement dans une allée transversale du parc de l’Institut, dont les arbres fournis dissimulaient le corps de logis. La voiture s’engagea dans le garage et, une fois garé, Adam guida Salem vers un ascenseur, qui remontait au rez-de-chaussée ; de là, ils pouvaient s’engager dans les couloirs élégants du manoir, remonter les escaliers imposants et rejoindre les chambres.

La plupart des résidents étaient en cours dans l’enceinte du manoir, en cours à l’université, au travail. Ceux qui n’avaient aucune de ces obligations dormaient encore de sorte qu’à cette heure de la matinée, les couloirs étaient presque déserts. De temps à autre, ils croisaient un jeune homme ou une jeune femme, avec qui Adam échangeait un salut, qui jetait un regard curieux sur Salem, vaguement, puis poursuivait son chemin.

Le mutant s’arrêta finalement devant une porte, l’ouvrit avec une carte magnétique tirée du fond de son blouson et s’effaça pour laisser Salem pénétrer dans la chambre. Un lit était adossé dans un coin du mur et un bureau, sous une grande fenêtre qui donnait sur le parc, faisait le mobilier de la chambre. Dans le mur de l’entrée était fermé un large placard et sur le mur de droite, une porte donnait vraisemblablement sur la salle de bain.

Et manifestement, Adam n’avait pas beaucoup exagéré. Sur le mur de gauche, un large plan de la ville était fixé que l’on avait constellé de punaises colorées et, par endroit, d’annotations indéchiffrables. Parfois, des photographies étaient jointes, qui représentaient des bâtiments ou des rues. Sur le sol, un autre plan était ouvert, accompagné d’autres photographies et de dizaines de pages où couvertes d’une écriture fine et pressée, où se mêlaient des mots abrégés, des chiffres et des schémas.

Le bureau disparaissait sous des piles de livres aux titres les plus divers : Critique de la raison pratique, Contribution à la généalogie de la morale, Introduction à l’analyse balistique, Traité des armes à feu contemporaine, Les morts par poison, L’Ethique, Prolégomènes à toute métaphysique future, Géographie urbaine de la ville de New-York, Manuel de géologie des sols, Les limites discursives de la catégorie de sexe, etc.

Entre les livres émergeaient un ordinateur portable assez récent et une imprimante de bonne gamme. Des carnets de notes étaient ouverts ça et là, dont beaucoup étaient couverts de ce qui paraissait être une transcription phonétique approximative d’une langue étrangère. Il y avait encore, à côté de la lampe, un grand saladier remplit de flacons de plastique, qui paraissaient contenir des sables, des morceaux de roches, de l’argile et, parfois, des liquides qui ressemblaient à de l’essence ou de la rouille.

Sur le mur du fond où était la penderie, de l’autre côté de la porte, étaient fixées de larges bandes de papier, qui couraient du plafond jusqu’au sol, sur lesquelles s’étendait ce qui devait être une liste. A chaque entrée, une série de dates, d’heures et de lieux, plus ou moins nombreuses, et quelques lettres qui devaient être une sorte de code, et il y en avait ainsi des dizaines et des dizaines.

Mais ce qui était le plus frappant peut-être, c’était que tout était propre : pas de poussière sur le bureau ni sur le sol. En somme, tout indiquait que ce chaos n’était pas né d’un progressif laisser-aller de son propriétaire, mais qu’il se formait très régulièrement à partir d’une pièce ordonnée, trahissant une quantité de travail incroyable.

En matière de désordre, Adam ne craignait pas la concurrence.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyJeu 4 Oct - 20:54

La conduite d'Adam avait de quoi scotcher au siège, Salem adorait ça, ça lui rappelait les montagnes russes, en plus dangereux. Quoique, son ami savait ce qu'il faisait, vu sa façon de foncer sur les feux rouges, qui passaient au vert une seconde avant qu'il les dépasse. En tout cas c'était dingue pour lui de dévaler les grandes avenues à une allure pareille. Mais rapidement il fut tiré de son heureuse contemplation des lumières et des visages qui défilaient à toute vitesse. Adam parlait à son portable, et il obéissait ! Pour Salem qui n'avait qu'un vieux téléphone à clavier, c'était une curiosité. Cependant, cette histoire de feux rouges était aussi plutôt singulière, il regarda Adam, l'air un peu perdu.

« Mais attends... T'as vu le futur, sauf que maintenant, ça va pas arriver... c'est un peu... »

Son esprit adepte d'association d'idées, piocha rapidement toutes sortes d'histoires ou de films qu'il avait vu et dont les morales allaient de « on échappe pas à son destin » à « empêcher un drame peut en provoquer un autre encore pire » auquel s'ajoutait des règles de causalités si profondément ancrées dans la culture populaire qu'il avait fini par y croire.

« Du coup, t'as changé le futur, et peut-être que ceux que t'as sauvé, dans leur vie, ils vont créer d'autres drames qui... heu... je devrais peut-être pas te rappeler ce que tu as vu... Désolé. »

Salem ne pouvait guère imaginer ce qu'Adam ressentait face à un tel spectacle, mais à sa place il ferait sans doute tout pour éviter qu'il se réalise, lui aussi. Quitte à provoquer d'autres drames qu'il faudra éviter aussi, c'était sans fin. Et quand Adam essayait d'éviter un drame et qu'il échouait ? Salem préféra ne pas parler de ça, mais il devait avoir de très très mauvais souvenirs dans la tête.
Il écouta la suite avec attention, ravi d'avoir plus de précisions sur le pouvoir de son compagnon, vu l'impact qu'il avait aussi bien sur son mental que sur son programme de la journée, ça lui paraissait très important.

« Je vois un peu, en tout cas pour ce qui est d'avoir des vagues certitudes plutôt que du concret, j'ai le même genre de soucis à peu près tout le temps. J'sais tellement de choses que je sais rien, ça résume bien. Dès que je pose les yeux sur quelque chose je peux tout savoir dessus, mais y'a tellement d'infos qui viennent que j'en perd l'essentiel, par contre mon cerveau range tout mes souvenirs dans pleins de petites catégories, la couleur d'un coté, la taille des arêtes de l'autre, le volume, la matière... Du coup c'est plus facile pour moi d'analyser à posteriori, en recomposant les objets à partir des données que j'en ai. Quand je fais ça je sais exactement à quoi tout correspond, mais imagines le boulot... »

Sur son visage se lisait une certaine fatigue une fois de plus, Salem ne savait pas si Adam était aussi épuisé par ses visions, mais lui détestait ça. Il savait qu'il dépensait une grosse partie de son énergie à analyser des détails, à calculer il-ne-savait-quoi sans pouvoir se retenir et se retrouvait souvent avec des informations très précises, sans savoir d'où elles venaient, ou au contraire, à être sûr de connaître une info, sans pouvoir la faire sortir du flot de toutes les autres. C'était frustrant.

Sur ce, ils arrivèrent au fameux manoir, les yeux de Salem s’illuminèrent immédiatement d'un vif intérêt. Il regardait partout, s'attendant à voir quelques détails insolites, mais tout semblait plutôt normal, en fait. Même les gens qu'ils croisaient et qu'il dévisageait de façon pas vraiment discrète n'avaient rien de singulier en apparence. Ils entrèrent ensuite dans la chambre d'Adam, lorsqu'il lui céda le passage, Salem n'avança pas tout de suite, parce que déjà depuis la porte, ce qu'il voyait mettait son esprit à rude épreuve.

« Waouh. »

Il entra précautionneusement dans la pièce, autant pour ne pas marcher sur quelque chose d'important que parce qu'il était encore en plein dans la première étape susdite, il ne voyait plus rien tellement il voyait de choses, bref, vous avez compris. Heureusement, très vite, les choses se mirent en place, Salem, visiblement impressionné, observait le moindre petit détail avec un intérêt considérable.

« C'est un boulot démentiel. »

Pour lui, ce n'était pas réellement du bordel, des choses qu'on aurait laissé traîner ça et là. Tout était liés, tout avant un sens et ça lui parla tout de suite. Même s'il était très loin de tout comprendre il devinait un peu, à la superposition des bouts de papiers, aux légères variations dans l'écriture, comment tout c'était peu à peu agencé pour en arriver là. Il liait telles photos à tel point de la carte, il voyait quel code revenait le plus souvent et les infos qui s'y rattachaient, il prenait presque ça comme une énigme.

Salem s'assit sur le lit sans quitter des yeux le plan sur le sol, il essayait de tempérer un peu sa soif de connaissances, ce n'était pas le moment de tomber dans les pommes.

« Donc en gros, la semaine prochaine tu dois aller là et là et... d'accord... T'es vraiment un super-héros, en fait, t'as même un talon d’Achille, la télé, tu fais les choses bien. »

Il eut un petit sourire, mais admirait vraiment son abnégation, si Adam avait du mal avec les dates, identifier les lieux devait aussi être un sacré défis, et il ne faisait apparemment pas ça uniquement pour ordonner ses visions et leur donner du sens, il aidait vraiment les gens. Salem, pas trop sûr de lui, ajouta.

« En tout cas, si t'as besoin d'aide un jour... »

Il n'était pas convaincu d'être le mieux choisit pour ça, mais ne pouvait pas décemment laisser Adam seul avec son labeur.

« N'empêche. »

Salem eut soudain un regard circulaire, beaucoup plus détaché, sur la chambre, car le lit avait rappelé que c'en était une.

« T'as pas dû ramener beaucoup de garçons ici, ou des mutants, peut-être ? C'est quand même déroutant comme déco. »
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyVen 5 Oct - 6:21

Comme à son habitude, Adam se sentait avec Salem une certaine proximité qui, indépendamment des sentiments personnels qui les liaient désormais, était à la source d’une solidarité particulière. A chaque fois que l’un de ses camarades mutants lui décrivaient un pouvoir qui mettait en jeu l’appréhension du monde et le traitement d’informations inaccessibles au commun des mortels, le jeune homme percevait un certain rapport entre leurs expériences et, si cette réalité était fondamentalement différente de la sienne, il lui était possible de s’en représenter les difficultés.

Souvent, il s’était demandé si les autres grandes catégories de mutants éprouvaient une semblable proximité : si les pyromanciens se sentaient proches des hydromanciens, si les ultra-rapides comprenaient mieux les ultra-forts et ceux qui se régénéraient ceux qui étaient invulnérables. Il lui semblait que les pouvoirs modifiaient la vie d’une manière similaire et, parfois, l’idée d’une confrérie mutante, d’une espèce entièrement différente de l’espèce humaine, ne lui paraissait pas si absurde.

La réaction de Salem face à son chaos le confortait naturellement dans cette opinion. Adam était persuadé que tout humain confronté à un pareil spectacle l’eût aussitôt pris pour un psychopathe de premier ordre ou, tout du moins, un maniaque obsessionnel — seul quelqu’un qui était habité par des perceptions modifiées pouvait comprendre à quelle impérieuse nécessité interne répondait une semblable organisation apparemment babélique.

Adam entra à son tour dans la chambre, refermant la porte derrière lui, et parcourut du regard son modeste domaine. Démentiel, sans doute. Malgré tout, à bien considérer la nature des images qui lui traversaient l’esprit, il fallait reconnaître qu’Adam était doué d’un solide équilibre mental et d’une résistance aux traumatismes très supérieure à la moyenne, résistance dont le jeune homme était de plus en plus persuadé qu’elle faisait partie de son pouvoir.

Parfois, même, il craignait que sa capacité à accumuler les horreurs, quoiqu’elle ne fût pas encore absolue, pût finir un jour par le rendre tout à fait insensible à la misère humaine et quand il songeait qu’il restait prostré pendant une heure après les visions les plus affreuses, cette constatation le rassurait en quelque manière, parce qu’elle lui montrait que toute humanité n’avait pas été éradiquée en lui.

Le jeune homme s’approcha de son compagnon et s’assit à son tour sur le lit. Il secoua un peu tristement la tête à la remarque de Salem concernant son héroïsme.


— Non. Je ne trouve pas souvent où et quand ça se passe. Et s’il y a beaucoup de visons qui se passent à New-York, d’autres viennent de l’autre bout du monde. Même quand je situe, je peux pas toujours intervenir. Et quand j’interviens, je peux pas toujours faire quelque chose. Quand c’est dans le passé, c’est trop tard. Et le futur… Comment dire ?

Il resta silencieux et songeur pendant quelques secondes, avant de reprendre d’une voix hésitante, qui cherchait au fur à mesure les mots et les images les plus susceptibles d’exprimer son expérience quotidienne.

— Parfois, c’est un peu comme si j’étais témoin de l’esprit d’un réalisateur qui imagine son film dans sa tête, bien avant de le tourner, et qui change sans cesse d’idée sur le déroulement de la scène. C’est des futurs possibles d’un même événement qui se superposent, se mêlent et c’est juste… Juste incompréhensible. Et quand j’arrive à comprendre, impossible de savoir ce qui va se passer, lequel est le bon. Ou bien, quand une vision est claire et nette, elle peut cesser d’être possible quelques jours plus tard. J’suis loin d’la science certaine.

Il était aisé de sentir le découragement dans sa voix, une sorte de fatalisme philosophe qui, manifestement, à en juger par l’état de sa chambre, ne l’empêchait pas de poursuivre des recherches inlassables. Ce qui le désespérait en réalité, c’était le peu de progrès accompli dans la maîtrise du pouvoir. S’il comprenait mieux ses visions, c’est parce qu’il avait acquis une expérience d’interprète, d’observateur et d’analyste, mais leur nature, elle, n’avait pas changé, ni leur puissance ou leur extension.

Mais la nouvelle question de Salem chassa bien vite ces considérations pour l’amener sur un terrain plus marécageux encore. Les garçons. Un peu gêné Adam murmura :


— Ah euh… Longue histoire. J’vais m’changer, hein, j’reviens.

Il se leva, attrapa quelques vêtements dans son placard et s’enferma dans la salle de bain. Pour aborder la chronique de sa vie amoureuse, il lui fallait à la fois se sentir à l’aise dans ses vêtements, à défaut de l’être dans son esprit, et méditer un peu la situation. Ses habitudes de sincérité et sa maladresse sociale ne lui permettaient guère de savoir s’il était censé répondre vaguement ou précisément aux questions que celle de Salem impliquaient.

Lentement il se déshabilla, machinalement il se rhabilla, ayant parcouru la galerie (réduite) de ses amours (ou plutôt affections) passées. L’idée de prendre un nouveau départ lui murmurait de tourner la page et se défaire de ses regrets passés — de son grand regret — du parfait Ulysses qu’il s’était tant reproché d’avoir rejeté. Mais ne fallait-il pas éviter d’évoquer trop tôt ces histoires importantes ? Et Salem, qu’avait-il vraiment cherché à savoir en lui posant cette question ?

Adam sortit finalement de la salle de bain. Il avait troqué son jeans contre un pantalon de toile de couleur claire, orné de poches multiples, l’un de ces articles à la mode qui reprenaient de loin les modèles du treillis et il avait adopté un tee-shirt vert foncé plus à taille, mais qui soulignait un peu plus les formes de son corps qu’il n’en avait l’usage et cette tenue était un témoignage silencieux qu’il prenait acte des préférences de Salem.

Il revint s’asseoir à côté de son compagnon et, comme à son habitude, il avait décidé de s’exprimer avec franchise.


— La réponse à la question est non, j’ai pas amené beaucoup de garçons ici. Et même si ma chambre avait été mieux rangée, j’aurais pas amené beaucoup de garçons. J’suis pas très doué dans le domaine. J’drague pas, j’vais pas dans les bars, j’vais par sur internet, ‘fin voilà. J’crois que j’suis un peu trop euh… idéaliste pour ce genre de trucs.

La vérité, c’était qu’il était un peu trop romantique, mais ce mot lui avait paru, au moment de le prononcer, un peu ridicule.

— Alors bien sûr, j’vais pas faire genre j’suis un saint. Des fois, j’me dis que j’aimerais bien, juste, comme ça, pour une nuit… Surtout que, bon…

Il eut une petite hésitation, rougit légèrement et acheva :

— Ca fait longtemps. Bon. Bref. Ca m’est arrivé, quand j’étais plus jeune, ou deux fois. Les trucs d’un soir. Mais vraiment, c’est pas fait pour moi. Et donc voilà, ça fait un moment que j’ai personne et avant, j’ai pas multiplié les conquêtes et ça s’est pas toujours très très bien passé.

Adam parut réfléchir un moment, puis explicita d’un air un peu honteux :

— Disons que j’ai eu ma dose de loosers. Et le seul type bien que j’ai rencontré, il était trop parfait, trop amoureux, il m’a demandé en mariage, c’tait le bonheur assuré et ça m’a fait peur. Alors j’suis parti.



Voilà, voilà.



C’est bien pathétique, hein.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyVen 5 Oct - 17:28

Salem profita du replit stratégique d'Adam dans la salle de bain pour fouiner dans les livres aux noms bizarres qui envahissaient son bureau. Son ami devait vraiment être très très intelligent pour lire des trucs pareils sur des domaines aussi variés. Il rejoignit le lit avec à la main un des rares bouquins dont le titres contenait un mot compréhensible : sexe. Mais en le feuilletant un peu il lui ne sembla pas simple lui non plus.

Adam réapparu et il était toujours aussi beau, il l'écouta, Salem ne s'était pas attendu à ce qu'il lui explique tout comme ça, mais n'allait pas s'en plaindre. C'était rassurant pour lui de savoir qu'Adam était plutôt du genre stable, par contre il se demanda si, parce qu'il n'avait rien fait depuis un bout de temps, il comptait passer à la vitesse supérieure assez vite. Il n'était pas trop sûr de ce qu'il ferait dans ce cas. L'histoire de mariage lui fit hausser les sourcils, se marier à 21 ans, carrément ? Le type qui lui avait proposé ça devait être un grand malade et il était bien content qu'Adam ai refusé, évidemment. Il se dit tout de même qu'il ne devait pas tomber « trop amoureux » de lui, sous peine de subir la même sentence, ça s'annonçait compliqué.

« Tu recommences à te descendre, c'est vraiment une manie. »

Il vint poser sa tête sur les genoux d'Adam, son livre à la main, et soupira en se remémorant ses aventures personnelles.

« Si toi t'es pathétique, alors moi... J'ai eu pleins de filles, et dès qu'elles s'accrochaient trop, je partais. La seule avec qui ça a un peu marcher, je la considérais comme ma meilleure amie. Les... gars, j'me disais que c'était impossible qu'ils ressentent la même chose et quand c'est eux qui venaient je préférais dire non parce que j'avais peur de la suite. La seule vraie « relation » que j'ai eu c'était sur internet, il a coupé les ponts parce que j'osais pas le rencontrer en vrai. Tu vois, je te bats. »

Il laissa son regard flotter sur le dos de la couverture du livre, lui aussi avait énormément de regrets de ce coté-là et il ne sentait d'ailleurs toujours pas à la hauteur. Il n'avait osé franchir le pas avec Adam que parce qu'il se sentait proche de lui et en sécurité. Enfin, maintenant qu'il savait que son compagnon était un peu en manque, il envisageait quand même quelques possibilités un peu inquiétantes à moyen ou court terme.

« Juste, pour ce qui est de... faire... heu... non, rien. »

Il laissa tomber, n'osant pas trop aborder le sujet, ce serait plutôt bizarre et puis, si Adam en avait vraiment envie, il serait peut-être déçu de devoir patienter un peu plus qu'avec ses anciens copains - qui, aussi loosers soit-ils, devaient être des bêtes de sexe que rien ne faisait reculer. Et puis il ne voulait pas ressembler à une jouvencelle en panique, c'était trop pitoyable.

« J'ai regardé les gros titres du New York Time quand on est passé devant le kiosque à journaux près du Tenement Museum, mais ça parlait surtout de football américain avec la compèt qu'il y a en ce moment, Boston a gagné d'ailleurs, on gère. »

Voilà, pour le changement de sujet tout en subtilité, c'était réussit.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyVen 5 Oct - 18:11

Pour la première fois depuis qu’il avait laissé Ulysses en plan avec des excuses très approximatives dans une fuite d’une coupable lâcheté, Adam n’avait pas senti une tristesse trop vive l’envahir en évoquant sa mésaventure — il y avait un petit pincement au cœur, bien entendu, et quelque part dans son esprit flottait le visage du bel Ulysses, mais la sensation passa bien vite.

Mais, quelque confiance en soi que Salem entreprît de lui inculquer, Adam n’en laissait pas de se trouver, en ces circonstances, très coupable. Même s’il pouvait concevoir qu’il avait eu légitimement le droit de refuser une demande en mariage, il n’accepterait jamais de considérer que sa façon de rompre avait été acceptable — elle avait selon lui cristallisé ses pires défauts et le souvenir cuisant en était difficile à effacer.

Cependant, que Salem s’installât ainsi si naturellement contre lui constituait une excellente étape. Charmé par cette initiative, Adam posa chastement une main dans les cheveux du jeune homme, se rendit compte que le gel empêchait à peu près toute caresse et se rabattit sur la joue et le cou de son compagnon. Il jeta un coup d’œil sur le livre que l’adolescent tenait dans sa main.

Avant de paniquer. Silencieusement, stoïquement — mais paniquer tout de même. Il était le premier garçon. Le premier : la perspective le terrorisait. Une lourde responsabilité venait soudainement de s’abattre sur ses épaules, qu’il n’était pas sûr de pouvoir soulever. Toute erreur qu’il ferait serait gravissime — Salem était un être délicat, sans doute, il faudrait multiplier les précautions et, précisément, son incompétence en la matière était notoire. Tout allait mal se passer.

Sa main s’était arrêtée sur la joue du jeune homme et, pendant quelques secondes, il lui semblât que Salem appartenait à un autre monde. D’abord, Adam et les filles, cela faisait deux. Il n’avait jamais essayé, n’avait jamais été tenté, n’avait jamais conçu le moindre rêve un peu équivoque. Ensuite, il ne parvenait absolument pas à se représenter ce que pouvait bien être une « relation sur Internet » mais si l’on considérait qu’il éprouvait encore des difficultés à faire fonctionner le micro-ondes de l’Institut et que, s’il avait acheté un téléphone high-tech, c’était précisément parce qu’il suffisait de donner des ordres ou de toucher les images pour parvenir à ses fins, la chose n’était peut-être pas très surprenante.

Enfin, surtout : il était le premier. Adam sentait très distinctement son ventre se nouer. Que se passerait-il si Salem le trouvait trop — trop gay ? Trop efféminé ? Sans doute, déjà, le trouvait-il trop maniéré. Il allait devoir surveiller sa façon de parler ou de marcher. Adam, qui ne s’était jamais trop interrogé sur sa virilité (et, à vrai dire, personne n’eût songé à le faire sans les traits de son profil asiatique), sentit se préciser l’angoisse.

Une seconde ! Peut-être devait-il précisément avoir peur du contraire. Peut-être n’était-il pour Salem qu’une vague expérience, une curiosité. C’était bien parce que son visage évoquait celui d’une jeune fille que Salem le trouvait un peu charmant — de toute évidence. Dès qu’il le trouverait un peu trop masculin, que les choses seraient un peu trop concrètes, il s’enfuirait, certainement.

La conclusion confuse de son compagnon acheva d’entraîner ses réflexions anxieuses sur un nouveau terrain. Adam regarda à nouveau la couverture du livre de Judith Butler et se martelait intérieurement cette vérité : Salem était vierge (car les filles, bien entendu, cela ne comptait pas). Et Adam, qui somme toute n’avait jamais eu ni de pratiques très farfelues ni de fantasmes très complexes, vit se dérouler devant ses yeux la liste de ce qui devenait impossible, c’est-à-dire à peu près tout sauf : se tenir la main et s’embrasser sans la langue.

Trop occupé à se préparer à son futur monastique, Adam ne prêta qu’une attention très restreinte aux remarques sportives de Salem. Sans qu’il s’en fût rendu compte lui-même, sa main avait quitté le corps de son compagnon pour se poser sagement et pieusement sur le drap du lit. Au bout d’un moment, n’y tenant plus, il entama :


— Mais euh… Hm… Comment dire…

Ce n’était pas un sujet qu’il abordait très aisément, préférant en la matière agir plutôt que disserter, et peu enclin par ailleurs aux blagues grivoises et aux histoires osées (et il devait avouer qu’il se voyait mal conter ses lointaines aventures masculines quand ses collègues s’étendaient grassement sur leurs conquêtes féminines).

— Enfin, juste, j’suis pas sûr de… De… Tout comprendre.

Adam cherchait un moyen de poser les questions qui les préoccupaient sans se donner des airs de mâle en rut, ce qui, à vingt-et-un ans et après de longs mois d’abstinence forcée n’était pas un exercice des plus aisés.

— Est-ce que ça veut dire que… Que… Comment dire… Enfin, tu vois… Que ça t’intéresse pas. De faire ça avec un garçon ?

Adam s’imaginait déjà une existence de pyjamas, à se coucher tout habillés le samedi soir après le dernier épisode de Sept à la Maison ou de la nouvelle émission familiale de la Fox. Il se souvint que le matin, Salem ne l’avait pas embrassé au réveil. Peut-être s’était-il senti forcé par l’initiative que le devin avait ensuite prise ? Peut-être qu’un léger baiser à la commissure des lèvres était très exactement le summum de l’érotisme de son nouveau compagnon.

Le jeune homme s’empressa néanmoins de balayer sa propre question, manifestement embarrassé de l’avoir posée.


— Enfin bon, ok, d’accord, je vois. C’pas grave, hein. J’comprends.

Il ne comprenait pas du tout.

— J’suis pas une fille. J’suis désolé si j’t’ai forcé à m’embrasser, du coup, ce matin. ‘Faut pas t’sentir obligé. On peut juste… euh…

Poussant aux dernières extremités son raisonnement catastrophiste, Adam conclut d’une voix contrite :

— Se serrer la main.

Il lui suffisait juste de regarder Salem bien dans les yeux. Pas les mains, pas la bouche, pas les fesses, le ventre, le dos. Juste les yeux. Et ils vivraient comme de purs esprits.

En enfer.

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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyVen 5 Oct - 19:43

Salem écarquilla les yeux en entendant sa question, c'était un peu direct, mais surtout Adam semblait complètement se méprendre sur ce qu'il avait voulu dire. Ce que confirma la suite de ses paroles. Il ne savait pas trop si Adam avait soudainement peur de le casser, ou s'il voulait le garder vierge jusqu'à son mariage, mais dans tous les cas il n'était pas d'accord. Sa dernière réplique le fit particulièrement bondir, se tenir la main ? C'était encore une de ses blagues camouflées ou quoi ? Il se redressa d'un coup, l'air complètement paniqué.

« Non mais, non mais tu te plantes totalement là ! J'en meures d'envie»

Il s'arrêta net , le souffle coupé par sa réponse, et rougit violemment avant de regarder ailleurs, n'importe où pourvu qu'Adam ne soit pas dans le champ. Bon, bon, bon, que dire après ça, vaste sujet, Salem avait un peu perdu ses mots, la seule chose qu'il avait en tête à ce moment-la, c'était de trouver un moyen de fuir le plus loin possible. D'une petite voix penaude qui trahissait son envie d'être ailleurs, il ajouta.

« … Depuis longtemps, mais ça me fait peur, ça me terrifie, voilà... T'es sûr que tu veux pas parler de foot... »

Salem se décala vers le bout du lit, son regard balayant différent recoins du sol. Il s'était rarement se sentit aussi ridicule. Il se serait bien passé d'aborder le sujet, mais comme il l'avait pressenti, ça avait de l'importance pour Adam. Normal, ils étaient jeunes, leurs hormones faisaient leur boulot, ce devait être encore plus le cas de son compagnon qui avait une idée bien précise de la chose. C'était lui qui avait un problème, de toute évidence, l'attitude d'Adam venait de le lui confirmer, se tenir la main, comme s'il avait sept ans, quelle humiliation.

Un sentiment de honte l'envahi, autant que l'impression qu'il n'arriverait jamais à sauter le pas. Et s'il n'était pas à la hauteur des précédents ? S'il faisait n'importe quoi ? Et s'il ne lui plaisait pas, une fois déshabillé ? Les corps comptent, après tout. Il ne le supporterait pas, se tenir la main, c'était peut-être une bonne idée en fait.

Malheureusement, cette perspective ne l'enchantait pas plus qu'Adam, il avait envie de le toucher autant que de sentir ses mains parcourir son corps. Mais son propre désir lui faisait peur, il s'en voulait d'être aussi paradoxal, de rendre aussi compliqué ce qui paraissait si simple quand les autres en parlaient. Il avait l'impression de mettre en péril sa relation toute neuve avec Adam pour des choses qui auraient dû les rapprocher, leur permettre d'exprimer encore plus vivement l'attirance qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre.

« J'suis désolé. Je crois que je vais... faire un petit tour, ouais. »

Salem succomba finalement à son désir de fuite, il avait besoin de marcher, de s'aérer, et puis il reviendrait, probablement. Il laissa là Judith et Adam, et contourna le plan au sol pour aller traîner des pieds dans le couloir. Pour une fois, il aurait aimé que son esprit s'accroche à quelque chose et qu'il parte dans de longs calculs qui lui indiquerait quelle marche est la plus haute, combien de longueur de couloirs il y avait. Mais même en croisant un type qui n'avait pas de nez ses yeux restèrent ternes et baissés vers le sol. Jamais là quand on a besoin de lui, ce pouvoir.

Se tenir la main, sérieusement...

[Arf, c'était se serrer, pas se tenir la main, ça c'est Salem, il écoute jamais *ah, le bon goût de la mauvaise foi*. D'un autre coté, avec "se serrer" ça l'aurait carrément plus vexé je crois xD]
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyVen 5 Oct - 20:14

L’une des raisons (nombreuses) qui empêchaient depuis toujours Adam d’ouvrir une boutique de voyance et divination était le manque de régularités de ses intuitions concernant le futur et, une fois de plus, la vive réaction de son compagnon manqua de le faire sursauter, habitué qu’il était pour sa part à une pondération flegmatique, et ce fut un réflexe tout à fait normal qui l’incita à se reculer un peu, pour ne pas recevoir un bondissant Salem en pleine mâchoire.

L’une des raisons (nombreuses) qui empêchaient depuis toujours Adam d’embrasser la prometteuse carrière de diplomate internationale était sa propension à appuyer là où cela faisait mal, sans trop s’en rendre compte et en pensant bien faire. Ainsi devait-il une fois de plus se rendre à l’évidence : ses questions maladroites et ses assurances peu convaincantes, originellement destinées à rassurer Salem et à lui prouver qu’une vie d’abstinence était possible, ne semblaient pas avoir tout à fait eu l’effet escompté.

Décidément, les garçons étaient des êtres compliqués. Adam inclinait même à penser que plus les garçons en question étaient séduisants, plus ils étaient compliqués, comme si la nature avait décidé, avec une sorte de sournoiserie méditée, de rendre plus inaccessible encore ce qu’il y avait de plus désirable. Un peu décontenancé, Adam regardait donc d’un regard perplexe le fruit défendu qui remuait sa psychologie nébuleuse sur un coin de son lit.

Fort embarrassé de l’état dans lequel il venait de plonger son tendre ami, Adam cherchait désespérément un mot consolant, sans être tout à fait sûr de ce qu’il était question de consoler, mais il lui restait assez de miraculeuse lucidité pour se rendre compte que les douceurs qui lui venaient à l’esprit n’étaient peut-être pas si douces que cela — alors, de peur de dire encore des bêtises, il se taisait.

Du reste, Salem ne tarda pas à prendre la fuite et Adam ne put que le suivre du regard, d’un air désarmé. La porte se referma sur son compagnon et, seul au milieu de ses plans, de ses cartes, de ses livres et de ses photographies, le devin se sentait plus impuissant, plus inutile et plus idiot que jamais. Le dit devin se leva et, d’un coup de pied bien peu flegmatique, envoya valser la corbeille à papier, vide du reste, contre le mur le plus proche.


— Imbécile…

Cette concise autocritique le convainquit de prendre son destin en main et subséquemment les clés de sa voiture, pour le cas où Salem eût marché particulièrement vite (tout était possible) et se fût déjà retrouvé loin. Adam fourra les clefs dans l’une des nombreuses poches de son pantalon, son téléphone dans une autre et sortit en trombe de la chambre, laissant la porte se fermer automatiquement derrière lui.

A droite, à gauche ? A droite. A gauche. Ou à droite. Le mutant ferma les yeux, tenta d’apaiser un peu son esprit et de prendre une décision suivant son intuition. A gauche. Il s’engagea dans le couloir, avançant d’un pas vif, et ce fut à peine s’il adressa un salut à Jasper, l’Homme-Lézard, ni à Médula, la femme invisible, dont le caractéristique parfum ambrée, acheté à petit prix sur le marché, trahissait la présence.

Comme Salem n’était pas exactement parti en courant (et c’était bien la peine de collectionner les baskets, du coup), Adam ne tardât guère à apercevoir son agréable silhouette au détour d’un couloir, silhouette qu’il s’empressa de rattraper, de devancer et même d’arrêter.


— Hé, attends ! J’suis désolé si j’t’ai… Si à cause de moi t’es… euh…

Oui mais voilà : il s’était bien dit en quittant la chambre qu’il oubliait un détail important ; savoir : comprendre ce qui avait si profondément déplu à Salem dans son discours. Il était désolé, c’était tout à fait sincère, mais il ne savait pas exactement ce dont il devait s’excuser. Promenant un regard perdu autour de lui, il finit par attraper la main de son compagnon, l’attirer dans un couloir adjacent, ouvrir une porte et le faire rentrer dans une salle nettement moins intéressante que sa chambre, puisque c’était une salle de classe inoccupée.

Sans lâcher la main de son ami, Adam reprit :


— J’suis maladroit et tout, et j’m’en veux. Mais tu sais, c’pas la peine de stresser. Je veux dire, sur le coup, tu m’as fait un peu peur, j’ai eu l’impression que tu me disais que les garçons, finalement, c’tait pas tellement, tellement ton truc. Mais si c’est juste que… J’sais pas, tu te sens pas trop prêt, tu as peur, ce genre de trucs, j’comprends.

Tu sais, moi aussi, là, du coup, j’suis terrorisé. J’ai peur de mal m’y prendre, d’aller trop vite, de te brusquer, que tu t’sentes obligé, de mal interpréter c’que tu veux, que tu m’prennes pour un obsédé, ou même que ça t’plaise pas, que tu sois déçu, c’genre de trucs.

Et c’pas parce que j’ai dit que ça faisait super longtemps que j’suis si en manque et que j’attends qu’une chose c’est de…


Adam s’interrompit. Il n’y avait aucune manière vaguement élégante de formuler ce dont il avait envie (ni de manière très brève d’ailleurs). Il rougit un peu, baissa les yeux et reprit d’un ton peu plus posé cette fois-ci :

— Au début, si j’te disais ça, c’était pour que tu saches que… Enfin, j’sais pas. Que j’essaye pas juste d’avoir un truc physique. Que j’collectionne pas les garçons. Que c’t’important. Toi et moi. J’veux dire, on s’rencontre là, on apprend à s’connaître, et c’est important. C’est aussi ça que j’veux. Et qui me manque.

Sans s’en rendre compte Adam avait serré un peu plus la main de Salem en parlant, comme pour s’assurer qu’il ne lui filerait pas entre le doigt. Sans relever les yeux, comme un enfant penaud qui formule des excuses, il conclut finalement :

— Je suis désolé. J’aurais dû expliquer ça autrement. Je pensais pas que ça te faisait peur et je comprends que ça te fasse peur et t’es pas obligé de faire quoi que ce soit tant que tu te sens pas prêt et on est pas obligé d’en parler, et… et voilà.

Les yeux noirs se relevèrent et Adam murmura :

— Sois pas fâché contre moi, Salem. S’il te plaît…
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptySam 6 Oct - 9:43

Salem cligna des yeux devant l'apparition soudaine d'Adam, et suivit le mouvement sans rien faire d'autre que le fixer d'un air étonné. La petite - tout est relatif - mise au point qu'il lui fit le rassura très vite, et c'est presque avec un soupir de soulagement qu'il accueillit le fait qu'Adam lui laisserait le temps dont il avait sans aucuns doutes besoin. La tension retombée, il médita sur sa propre attitude, pour se dire qu'il n'avait pas été terrible de son coté non plus. Il y avait plus diplomatique que de partir en claquant la porte.

« J'étais pas fâché, j'savais plus où me mettre, c'est tout. Pardon, je réagis un peu vivement, parfois. »

De l'importance du « un peu » et du « parfois », il fallait dire que si l'esprit de Salem lui permettait de recréer un environnement entier de mémoire, au millimètre près, pour ce qui est des émotions, c'était une autre histoire. Il avait un peu trop tendance à se repasser ce qui n'allait pas en amplifiant tout, et habitué qu'il était à ce que ses conclusions soit rigoureusement exactes, ne pouvait se remettre en question qu'une fois les choses calmées.

Encore une fois, il s'en voulut d'avoir fait angoisser Adam, qui de son point de vue, doutait déjà bien assez de lui sans ses interventions. Il se rapprocha un peu pour le rassurer tout de suite, non il n'allait pas filer à nouveau.

« Pour moi aussi c'est important, nous deux. J't'assure que tu me plais et que ça me dégoûte pas, au contraire... bref. »

Les joues légèrement teintées il parcourut la pièce à la recherche d'un sujet de conversation, n'importe quoi pourvu qu'on s'éloigne de la chose, et tant pis s'il finissait par paraître encore plus prude que princesse Peach. Mais ce n'était pas si évident que ça. Surtout, il était persuadé qu'Adam risquait de se montrer très - trop - prudent à l'avenir, s'il avait aussi peur de faire une bêtise qu'il le disait. Princesse Peach n'était pas aussi fragile qu'elle en avait l'air, il prit le temps d'inspirer, et de retrouver au moins en partie l'air assuré qu'il avait perdu au cours de la conversation.

« Heu... J'peux t'embrasser pour te prouver que je t'en veux pas et que ce matin, c'était génial, ou tu préfères que je te serre la main ? »

Oui parce que bon, ça lui était un peu resté en travers ce coup-là, quelles que furent les intentions d'Adam. Salem n'attendit pas de réponses, parce que de toute façon il ne comptait pas lui laisser le choix, et approcha son visage du sien pour l'embrasser longuement, avec la langue, avec la main qui se perd dans ses cheveux noirs, avec son torse qui effleure le sien. Bien fait pour lui, ça lui apprendra, voilà à peu près jusqu'où il se sentait capable d'aller pour l'instant, ce n'était quand même pas si mal.

Il resta un peu contre lui, avant de retenter un changement de sujet.

« Sinon, y'a des trucs sympas à voir dans ce manoir ou... ? »

Pas sûr que son compagnon ait la tête à faire une visite guidée, mais seuls qu'ils étaient dans cette classe, Salem eut encore des idées qu'il préférait refouler, le repli stratégique était préférable.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptySam 6 Oct - 10:26

Adam était surpris lui-même par ses propres réactions et, singulièrement, par la propension qu’il avait à s’excuser envers Salem pour tout et n’importe quoi, tout le temps. Quand il songeait combien la réputation qui était la sienne à l’Institut tenait à son manque de diplomatie et une certaine fierté de caractère, une certaine indépendance sauvage même, il voyait une différence considérable entre elle et les heures qu’il vivait depuis qu’il avait rencontré son nouveau compagnon.

Sans doute des observateurs extérieurs et peu indulgents eussent-ils jugé qu’Adam faisait figure de bête domptée et il était vrai que de beaux yeux et un joli sourire avaient toujours eu sur le jeune homme un empire sans commune mesure. Quoi qu’il en fût, le devin ne se trouvait pas mal de cet état de fait et il préférait de très loin ménager son ami que de tenter par tous les moyens de prouver une liberté dont certainement il ne voulait plus, si elle n’était qu’une solitude.

Alors il était heureux — purement et bêtement heureux — de constater que ces excuses faisaient leur effet, que Salem ne lui en voulait pas et que leur idylle qui n’avait somme toute que quelques heures était sauvée d’un naufrage prématuré. D’un haussement d’épaules il balaya les excuses de Salem et en vérité il fallait bien que l’un d’entre eux fût vif pour qu’ils ne vécussent pas toujours dans des silences compliqués.

Adam allait donner — un peu timidement sans doute — son avis sur la manière dont ils devaient désormais se saluer, mais Salem précéda heureusement par des gestes ses pensées. Aussi naturellement qu’elles en avaient pris l’habitude, les mains du jeune homme retrouvèrent leur place sur les hanches de Salem et Adam répondit au baiser.

Il était vrai que les premières secondes furent un peu chastes, car enfin il craignait encore, au fond de lui, de brusquer son ami, ou bien il songeait que peut-être ce geste n’était qu’un effet de la culpabilité de Salem plutôt que de son désir, et qu’il se forçait pour le consoler, mais la fougue de son compagnon le persuada aisément de ce qu’il désirait croire lui-même et, sans plus écouter ses doutes, Adam s’abandonna avec beaucoup plus de ferveur.

Naturellement, la conversation par laquelle il avait promis de ne plus parler de ses attentes plus concrètes et s’était promis à lui-même de ne plus y songer ne faisait guère que l’inviter à y penser plus encore et le corps de Salem près du sien, ses lèvres jointes aux siennes, et cette langue qui sans détour expliquait clairement une affection, ne pouvaient guère qu’éveiller en lui des envies plus précises.

Alors quand leurs lèvres se séparèrent, Adam recula un peu, de crainte que Salem si proche de lui pût trop aisément s’apercevoir de l’enthousiasme avec lequel il avait reçu la signature de leur traité d’entente. Adaù s’employa à rassembler dans son esprit des idées contraires : les mathématiques, les glaciers de l’Antarctique, Salem nu en train de… Non. Les glaciers de l’Antarctique.

L’Asiatique sut gré à son compagnon de rentrer dans ses projets raisonnables et de lui offrir l’occasion de se distraire de ces séduisantes imaginations. D’un air timide et un peu embarrassé, Adam hocha la tête et répondit :


— J’peux t’faire visiter, si tu veux. Pas tout parce que… C’t’un peu un sanctuaire. On est pas censé entrer comme dans un moulin. Certains résidents ont eu une vie un peu mouvementée et ils ont besoin, comment dire ? De se sentir en sécurité.

En réalité, Adam n’était pas très sûr des règlements qui organisaient les visites, mais il préférait faire l’excès des précautions plutôt que de s’exposer à des réprimandes qui empêcheraient peut-être que, plus tard, Salem pût revenir dans sa chambre pour… regarder ses livres.

Adam sortit promptement de la salle de classe déserte en essayant très précisément de ne pas songer à ce qu’ils pourraient faire, Salem, lui et un bureau et, à peine dans le couloir, il se mit à commenter généralement l’organisation du manoir, les ailes, les activités que l’on y avait (du moins les plus traditionnelles) et, parcourant les couloirs et les escaliers d’un pas dont la vivacité trahissait qu’il avait quelques énergies à épuiser, il montrait successivement les pièces principales de la vie commune, en prenant soin de ne faire qu’évoquer les lieux qui pouvaient être plus privés et où il eût craint qu’on pût reprocher la présence d’un étranger.

Ils étaient finalement arrivés à l’embranchement d’un couloir dont l’une des extrémités menait à l’ascenseur du garage et, pendant tout le temps de la visite, Adam avait parlé quasi sans s’arrêter, mais aussi presque sans regarder Salem, si ce n’était de temps à autre, mais alors avec des regards si brûlants qu’il était aisé de juger que c’était par excès de chaleur plutôt que par froideur qu’il en usait ainsi.

Il se trouvait enfin un peu calmé. Il s’arrêta, se tut et se tourna vers son compagnon, pour le regarder pour la première fois de longtemps dans les yeux. Avec un sourire encore timide, il murmura :


— Voilà. C’est chez moi. Un peu.

Quelque difficile qu’avaient pu être le commencement de la visite et les sujets qu’ils avaient d’abord abordé, Adam était heureux d’avoir fait découvrir à Salem ce qui constituait son univers quotidien et l’endroit qu’il tenait pour son véritable foyer. Le jeune homme fouilla dans l’une de ses poches et en sortit les clés de sa voiture.

— On peut aller faire un tour, si ça t’intéresse toujours. Tu pourrais me montrer les endroits que t’aimes bien depuis que t’es ici.

Et en prononçant ces mots, il se sentit enfin tout à fait calme. Sans doute les difficultés considérables qui s’étaient élevées entre eux dans un domaine si important pour les jeunes gens de leur âge n’étaient pas entièrement résolues, mais Adam avait l’esprit plus libre et sa proposition de visiter la ville n’était plus une simple distraction, mais naissait d’un projet sincère d’en apprendre un peu plus sur son imprévisible compagnon.





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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptySam 6 Oct - 15:04

Salem suivit Adam dans les différentes ailes du manoir, un petit sourire au coin des lèvres, il se sentait bien mieux même si le désir qui le titillait soulevait pas mal de questions et de doutes pour lui. Il écouta sagement les explications et les commentaires de son ami et s'intéressa aux lieux qu'ils traversaient, mais sans s'y consacrer totalement. Souvent, il jetait un regard en biais à Adam, le baiser qu'il s'était aventuré à faire et les regards « chaleureux » que ses yeux n'avaient pas manqués de remarquer - ainsi d'autres petites, et moins petites choses - ne l'aidait pas vraiment à rester concentré.

C'est sans encombre qu'ils rejoignirent le couloir de l'ascenseur, Salem le reconnu tout de suite, mais aurait été bien incapable de dire comment rejoindre la chambre d'Adam à partir de là. Peu importe, il était content d'être venu ici, grâce à ça il en savait plus sur la façon de vivre d'une partie des mutants, mais surtout il en savait plus sur son coquin de compagnon.

Il regarda ledit coquin sortir ses clés et passa rapidement en revue les différents endroits qu'il connaissait à New York, mais pas n'importe lesquels, seulement les lieux charmants, avec un certain cachet et intimes, ce fut plutôt rapide.

Nous y revoilà donc, l'eau, les nuages, le soleil, les mouettes, les cormorans, les cargos, la rouille et les flaques d'huile. Les yeux de Salem pétillaient tandis qu'il longeait la rive, cet endroit lui paraissait à la fois familier et résolument nouveaux. Les mouvements y était incessant de jour comme de nuit, même s'il était probablement un des rares qui puisse le remarquer, quoi de plus semblable à un container qu'un autre container, après tout. Il regarda les immeubles qui se dressaient sur l'autre rive.

« J'adore la vue, 'fin, tu l'savais déjà. C'est rare, à New York, de pas avoir un mur devant les yeux. Ici c'est parfait. Ça manque juste un peu de hauteur, peut-être, dès fois j'escalade, mais c'est limite avec les trucs pétés que y'a partout. »

Salem avait sans aucuns doutes une réelle attirance pour les vues dégagées. Il tirait beaucoup moins d'informations des objets situés à de très longue distance, c'était reposant pour lui. Aussi rejoignait-il souvent les docks pour recharger ses batteries en fin de journée, et faire du skate. Le bitume grisâtre archi-usé était idéal, et il y avait toujours des trucs qui traînaient pour se construire des rampes et des obstacles.

Ses pas le menèrent vers la zone des entrepôts, le garage Redford, où ils s'étaient rencontrés, se situait à quelques centaines de mètres de là. C'est en faisait un tour après le travail, par curiosité, qu'il était tombé sous le charme de l'endroit.

Son regard avait changé, Salem se sentait beaucoup plus calme ici que n'importe où dans New York. Enfin, il existait sans doute des endroits avec des vues bien plus belles, mais il ne les connaissait pas. Il posa un regard apaisé sur Adam.

« À Boston, j'avais toute une liste de coins sympas de ce genre, je grimpais sur les toits, ce genre de chose. C'qui est bizarre c'est que je le faisais même avant d'avoir ce pouvoir, je crois que j'étais déjà assez observateur. Des fois j'arrive à faire remonter des souvenirs très lointains mais quand même très nets, c'est plutôt étrange, mais j'aime bien parce que j'ai presque aucunes photos. »

Il disait tout cela d'un air un peu nostalgique, laissant son esprit vagabonder, sans spécialement attendre de réactions d'Adam qui d'ailleurs n'avait pas toutes les clés en mains pour comprendre. Ça lui était venu juste comme ça, après tout, il avait bien dit qu'il désirait le connaître.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptySam 6 Oct - 15:40

D’un pas lent les deux jeunes gens longeaient la rive. C’était samedi et l’activité du port était moins intense que dans les jours de la semaine ; bien des bateaux continuaient bien sûr à aller et venir, mais il y avait moins de dockers pour les décharger, moins d’employés dans les entrepôts et certaines parties des docks étaient désertes, parce que les entreprises qui les exploitaient, n’important pas de l’autre bout du monde, n’avaient pas la nécessité d’être présentes vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Ils ne se donnaient pas la main — Adam eût trouvé cela ridicule. Les siennes étaient enfoncées dans les poches de son manteau. Il faisait beau, il n’était pas frileux, il avait laissé son blouson à l’Institut. Ils ne se tenaient pas la main, mais ils marchaient assez près l’un de l’autre et il ne fallait souvent qu’un regard pour désigner à son voisin telle particularité du paysage.

Comme Salem, Adam était bien différent dans ce décor. Alors que dans la ville elle-même son regard semblait toujours se poser sur toute chose avec une attention analytique, comme si le moindre détail dût recéler un secret danger, il était, loin du tumulte des passants, des voitures et des voitures, plus détendu et porté de toute évidence à contempler paisiblement le spectacle qui s’offrait à lui, considérant alternativement l’océan et les entrepôts.

L’Asiatique considéra à son tour les immeubles que Salem observait. Il hocha la tête sans rien dire, mais avec un sourire tranquille, car il était heureux de constater que, malgré toutes leurs différences, et les difficultés qu’elles pouvaient entraîner, ils avaient certaines choses en commun, parmi lesquelles l’amour des paysages urbains et de leur découverte aventureuse. Adam se promit de proposer à son ami de l’accompagner dans ses expéditions.

Ils marchèrent encore vers les entrepôts, où Adam se rendait parfois nocturnement, soit qu’une vision l’eût conduit jusque là, soit que l’envie d’explorer cette partie de cité l’eût pris dans le soir. Il était pour lui un peu étrange de s’y retrouver en pleine journée et sans motif particulier et cette simple promenade lui fit prendre un peu plus conscience du changement que Salem apportait dans son existence : apprendre à vivre et à profiter, tout simplement.

Mais quelque propice que fût leur contemplative déambulation à un envahissant sentiment de bien-être, Adam ne pût s’empêcher de démêler dans les nouvelles remarques de Salem quelque chose qui tenait à de la nostalgie et cette soudaine tristesse l’émut. L’adolescent regrettait-il simplement ce qui devait être sa ville natale ou y avait-là quelque histoire plus compliqué ?

Guidé par la tendresse que l’inflexion de Salem lui avait inspirée, Adam se rapprocha de lui et passa un bras autour de son épaule, une protection symbolique, un peu dérisoire peut-être et néanmoins sincère. C’était autre chose que de se tenir la main : il n’y avait là nul automatisme, simplement l’expression spontanée d’un sentiment.


— J’suis allé à Boston deux ou trois fois. Pour des compétitions. J’aime bien — une jolie ville. En fait, j’aime bien les villes. La nature, c’est beau, mais… Comment dire ? Un peu inhumain. Tu sais, Diderot disait à propos des tableaux de ruines de Robert : il n’y a que le monde qui reste, il n’y a que le temps qui dure. Je marche entre deux éternités.

Adam n’avait l’air de se rendre compte ni qu’il était peu probable qu’un apprenti-garagiste et, à vrai dire, l’immense majorité de la population des Etats-Unis, pût savoir qui était Diderot, encore moins Hubert Robert et difficilement le genre pictural des ruines, ni qu’il était particulièrement étrange d’entendre ce genre de références dans la bouche d’un jeune homme dont l’apparence extérieure était loin de laisser supposer ce genre d’érudition. Il poursuivit donc :

— Les arbres, les montagnes, les cascades, ils resteront toujours, même quand tout aura passé. Ca ne nous parle pas de nous. La ville, elle s’use, elle renait, elle se détruit et se reconstruit. Elle a toutes les vies qui y ont été vécues marquées quelque part dans sa pierre.

Adam s’arrêta, Salem toujours serré près de lui, et, un instant songeur, considéra vaguement la mer. Au bout de quelques secondes, il souffla :

— Viens.

Cette fois-ci, il lui prit la main, mais c’était pour l’entraîner à vive allure dans le dédale des entrepôts, s’enfonçant sans hésiter dans les chemins de traverses qui se ressemblaient tous, témoignant qu’il fréquentait depuis longtemps les lieux. Il était aisé de deviner que, dans son enfance, il n’avait pas dû être le genre de petit garçon à rester assis dans ses bandes-dessinées, ses jeux vidéos et ses livres.

Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver ce qu’il cherchait. Il s’arrêta au pied d’un mur, la main de Salem toujours serrée dans la sienne, et désigna d’un geste de la tête la façade.


— Alors ?

Puis il fit ce que décidément il ne faisait guère qu’avec Salem : il s’inquiéta de ce que son interlocuteur pût le comprendre et éclaira sa pensée.

— Tu veux qu’on monte ?

Une vaste benne à ordure fermées par un épais couvercle de fer était plus ou moins proche d’une grosse barre de fer qui sortait du bâtiment et qui avait dû servir vraisemblablement, et servait peut-être encore, à enrouler des chaînes ou des cordages. Un peu plus haut encore et sur la gauche, il était possible, à partir de la barre, de rejoindre l’extérieur d’un gros tuyaux qui sortait également du mur et qui devait être un conduit d’aération. Il allait quasi jusqu’au toit et il suffisait, pour les dernières centimètres, de se hisser un peu à la force des bras.

Ce n’était pas exactement à la portée du premier venu, mais ce n’était pas l’ascension urbaine la plus difficile qu’Adam connût et puisque Salem lui avait confié être habitué de ce genre d’exercices, il ne doutait pas que son compagnon pût en venir à bout. Naturellement, Adam était parfaitement incompétent pour évaluer ce qui était simple ou compliqué et l’eût-il été qu’il n’en eût pas moins imaginé Salem capable de soulever des camions et de pousser des montagnes.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptySam 6 Oct - 19:47

Salem s'était un peu appuyé contre Adam lorsqu'il le prit par les épaules, pour poser légèrement sa tête contre lui. Tête qu'il redressa assez rapidement en l'entendant parler de Dide... ? De choses étranges, bon, ce n'était pas la première fois et au vu des lectures d'Adam et de son incapacité à regarder un film plus de dix minutes sans s'écrouler, ce ne sera pas la dernière. Il se contenta de sourire, ce coté-là de lui était assez intriguant et il se demandait comment il pouvait avoir autant de culture à son âge, pour lui, c'était surréaliste.

« Hum... Je vois ce que tu veux dire, moi j'aime bien les villes, parce que c'est logique, tout à une fonction. Alors que la logique de la nature c'est de balancer des graines dans le vent en sachant pertinemment que seul 3 % d’entre elles arriveront à maturité, ç'a pas d'sens. »

Salem eut un petit rire.

« Mais moi je raisonne un peu trop. »

Il suivit ensuite Adam dans le dédale d'entrepôt, se demandant où il pouvait bien l'emmener comme ça, et si c'était son pouvoir qui lui permettait d'être aussi sûr de sa destination ou s'il connaissait les lieux. Lorsqu'il se retrouva devant la façade, son regard suivit naturellement le cheminement à faire pour atteindre le toit. C'était vraiment ce qu'Adam prévoyait ? Il pouvait le faire, et n'allait pas refuser un point de vue plus élevé. Du coup, dès qu'il le proposa, Salem répondit.

« Let's go. »

Il posa ses mains sur la benne et se hissa rapidement dessus, puis sauta pour attraper la barre en fer qui était un peu haute pour lui, ce qui ne l’empêcha pas de grimper avec agilité jusqu'au tuyau et d'atteindre le toit, visiblement pas impressionné par la hauteur, au contraire. Il se pencha pour suivre l'ascension de son ami et lui tendit la main pour l'aider à se hisser à son tour La tôle grinçait sous leurs pas, mais elle lui semblait solide, il lança un regard circulaire autour de lui et sourit.

« C'est pas mal ici, pas mal du tout même, tu fais souvent ce genre d'acrobaties on dirait. »

Il le regarda avec un large sourire, ça leur faisait un point en commun de plus, aucuns doutes que leurs balades en amoureux auront un petit coté parkour, ça promettait. Il s'assit, coté eau, et tapota la place à côté de lui pour inviter Adam à faire de même et ainsi pouvoir reposer sa tête sur son épaule, chose qu'il avait apprécié faire avant qu'il ne le déconcentre avec Diderot. Les reflets romantiques sur le fleuve aidant, il se mit à jouer avec ses doigts et à ponctuer ce moment de petits baisers dans le creux du coup d'Adam. Avant que son attention ne soit capté par autre chose et qu'il pencha la tête sur le côté.

« Ils ont rien à faire là, eux. »

Salem fixait des gens à l'angle d'un entrepôt, qui n'avait pas l'air d'être des dockers ou n'importe quels autres employés, et n'étaient pas là pour la vue non plus. De ce qu'il avait pu saisir ils semblaient plutôt manigancer quelque chose. Enfin, il n'en avait pas vu beaucoup, surtout qu'une partie d'entre eux était cachés par l'entrepôt - ou a l'intérieur ? Peut-être se trompait-il, et puis, ce n'était pas leurs oignons de toute façon, mieux valait sans doute laisser courir que d'aller chercher des ennuis pour ce qui n'était peut-être rien. N'est-ce pas ?
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptySam 6 Oct - 22:30

Très sagement — enfin sagement — presque sagement — Adam suivit du regard le parcours de Salem le long du mur. Si ses yeux, avec un brin d’inquiétude, s’étaient d’abord concentrés sur les prises que son compagnon prenait pour s’assurer, malgré tout, qu’il n’allait pas tomber (et assurément il s’en fût voulu de tuer au troisième rendez-vous son tout nouveau petit copain), son regard s’était par la suite attardé avec une attention un peu moins préoccupée sur les fesses de Salem, qui s’offraient ainsi à lui sous un angle très avantageux.

Ce ne fut que lorsque cet agréable spectacle se déroba à sa vue comme Salem se hissait finalement sur le toit qu’Adam reprit ses esprits pour se rendre compte qu’il était peut-être temps de lui emboîter le pas. A son tour, et avec une aisance qui prouvait qu’il était habitué en effet à ce genre d’exercices, il passa de la benne à la barre, de la barre et du conduit au toit, avec l’aide, à vrai dire un peu superflue mais fort agréable, de Salem.

Adam se redressa, épousseta d’un revers de main son pantalon et considéra à son tour le panorama qui s’offrait à lui. Il était habitué à ces perspectives qui s’ouvraient largement depuis le toit des entrepôts, où l’on pouvait observer la mer et la ville, comme depuis les quais, mais encore le port lui-même, mais à chaque fois, il était enchanté comme de la première de cette vue et le plaisir était sans cesse renouvelé.


— J’aime bien, oui. On voit la ville d’un peu loin, on découvre les bâtiments autrement. Les gens utilisent toujours les bâtiments comme c’était prévu. Ils ne se les approprient pas, c’est les bâtiments qui s’approprient les gens. C’est un peu dommage.

Peu à peu, au fil des conversations, il devenait de plus en plus évident que derrière les plus petites actions d’Adam se cachaient des convictions, des considérations philosophiques ou des choix éthiques. Il semblait que sa vie fût une sorte d’incarnation fière et indépendante de ses principes — au premier rang desquels la liberté et le sens des responsabilités paraissaient se livrer une lutte sans pitié.

Adam s’assit à son tour, près de Salem et, tandis que l’adolescent posait la tête sur son épaule, le jeune homme entourait la taille de ce dernier de son bras. Silencieusement il contemplait l’eau, et le soleil qui faisait luire les ondulations des vagues, comme s’il avait jeté ses rayons sur une pierre à laquelle un patient orfèvre eût taillé de multiples facettes, et plus loin les vagues se brisaient contre l’île de Manhattan, offrant au spectateur le paradoxe de la nature la plus simple contre la ville la plus complexe.

Bien entendu, cette poétique contemplation était rendue de seconde en seconde moins pure, à mesure que Salem s’obstinait à déposer des baisers dans son cou. Adam avait beau s’être promis la plus grande des chastetés, il avait beau être doué d’un contrôle de soi peu commun chez les jeunes gens de son âge et se montrer d’une patience angélique, des assauts si répétés sur une partie de son corps si sensible n’étaient pas faits pour l’aider à persévérer dans ses bonnes résolutions.

De temps à autre, son silence était interrompu par un soupir, un très léger soupir sans doute, couvert parfois le bruit des flots, la rumeur de la ville, la corne de brume d’un bâtiment attardé sur la côte, mais qui, d’autres fois, étaient assez audibles pour que Salem pût y entendre le désir de plus en plus sensible qui s’emparait d’Adam.

Dont l’envol fut brutalement brisé par une remarque tout à fait hors de propos.


— Hein ? Quoi ?

Quiconque interrompait ces baisers n’avait en effet rien à faire là, mais Adam fit un effort pour suivre le regard de Salem et observer un peu plus précisément ceux que les yeux de son compagnon lui désignaient. C’était un groupe d’hommes qui promenaient autour d’eux des regards un peu méfiants — autant qu’il était possible à Adam d’en juger à cette distance — et qui ne portaient ni les bleus des dockers ni les uniformes des employés d’entrepôt.

Non loin d’eux, un petit zodiac était régulièrement déchargé par d’autres hommes et les caisses étaient transportées dans l’entrepôt. Pour Adam, le spectacle était tout à fait familier. Il haussa les épaules.


— C’est les docks le week-end, tu sais.

La contrebande n’était certes pas des plus aisées dans une ville où les douanes étaient si vigilantes, mais elle restait possible pour les petites cargaisons, surtout quand il ne s’agissait que de transporter en cabotage sans changer d’Etat. Il suffisait parfois de laisser un gros bâtiment au large, en provenance du Mexique par exemple, et de le décharger très progressivement par de petits canots.

Adam avait commenté la situation avec une certaine désinvolture où se mêlaient l’expérience de tout New-Yorkais un peu curieux qui avait grandi en explorant les quartiers et celle qu’il avait acquise au fil de ses visions, qui l’avait amené à côtoyer de très près le milieu interlope des petits crimes de la ville. Il voyait de toute façon trop d’horreur chaque jour pour être très ému par une activité somme toute si banale.

Cependant, cette désinvolture ne s’exprimait que dans les mots et c’était précisément parce qu’il était familier de la chose qu’il en mesurait justement les risques. Téméraire quand il ne s’agissait que de lui et parfois quand il ne s’agissait que de vagues connaissances, il n’était pas disposé à une pareille légèreté quand il s’agissait de Salem, et s’il avait veillé à ce qu’il ne se fracassât pas le crâne en escaladant le mur de l’entrepôt, ce n’était pas pour le voir coulé dans le béton au fond de la baie.


— Viens, on se recule.

Il se releva et, sans laisser trop le choix à son compagnon, l’attira plus en arrière sur le toit de l’entrepôt, jusqu’à ce qu’il jugeât que les contrebandiers ne pouvaient plus les voir.

— Ils déchargent sans doute de la drogue ou du matos électronique de contrebande. Parfois des contrefaçons de luxe. Ils les entreposent ici pendant une nuit, les déplacent le lendemain, par petites cargaisons. Ils sous-louent les entrepôts aux propriétaires légitimes à assez bon prix, je crois. C’est pas vraiment un très gros trafic, parce qu’en fait, c’est plus facile de passer les douanes maritimes dans les Etats du Sud.

Prenant soudainement conscience que ces connaissances un peu trop précises pour être parfaitement honnête, il s’empressa de préciser :

— J’me tiens au courant. Pour comprendre les visions. Mais j’ai jamais touché à ce genre de trucs, hein. Promis.

A vrai dire, il ne buvait pas, il ne fumait pas, il n’allait pas à des fêtes, il n’avait pas d’aventures d’un soir, alors évidemment il ne se droguait pas et ne faisait pas de la contrebande. Si Adam n’avait pas une passion qui frisait parfois l’anarchisme pour les entrées par effraction et le non-respect des lois, on l’eût peut-être accusé d’être une Sainte Nitouche.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 9:13

Salem ne manqua pas de remarquer l'effet de ses baisers sur Adam et c'est la curiosité - auquel s'ajouta, il faut bien le reconnaître, une petite pincée de sadisme - qui le poussa à continuer ses taquineries. Adam ayant visiblement décidé ne pas tenter quoi que ce soit, il ne put s'empêcher de tester un peu sa détermination.

Enfin, la bande de contrebandier cassa un peu l'ambiance, et après s'être installé à un endroit moins exposé du toit, Salem regardait son compagnon avec une vague inquiétude. Bien sûr, il ne mettait pas en doute les paroles d'Adam, il n'avait sans aucuns doutes jamais touché à ces « trucs » mais...

« Mais t'es jamais allé jouer les héros contre des gens de ce genre, ou pire, non plus, hein ? »

Il le regarda fixement, comme pour capter dans son attitude ce que les mots ne diront peut-être pas. Dans tout ce que voyait Adam, il ne devait pas y avoir que des accidents... très accidentels. Que ferait-il s'il voyait un gamin se prendre une balle perdue au fin fond de Harlem ? Il appellerait la police pour lui dire qu'un règlement de compte aurait très probablement lieu à telle heure ? Salem n'était pas très convaincu du sérieux avec lequel la police prendrait ce genre d'appel.

Comme à son habitude, Salem réfléchissait en se repassant ses souvenirs dans l'ordre déchronologique. Adam connaissait bien les trafics du coin, le dédale d'entrepôts n'avait pas de secrets pour lui, il était assez intelligent pour sortir des citations de Didequelquechose sur le ton de la conversation mais se satisfaisait d'être coursier après avoir été boxeur, analysait tout, passait un certain temps à repérer des bâtiments sur une carte et un temps certain à entrer dans des bâtiments par effraction... Le tableau que Salem commençait à dresser n'était pas très rassurant quant à son espérance de vie, il avait été trop aveuglé pour se rendre compte plus tôt de la gravité de la situation. S'il n'arrivait que rarement à localiser ses visions dans le temps et l'espace, ça devait arriver quand même, et s'il y avait peu de chance que les autorités interviennent, il faisait quoi ?

L'air un peu dans ses pensées, il formula une question qui, d'un point de vue extérieur, semblera peut-être hors de propos.

« Ton frère, il bosse dans un coin dangereux ? »

Ça remontait un peu, mais Salem se souvenait vaguement avoir entendu quelque chose de ce genre. Si Adam faisait des trucs dangereux et que son frère traînait dans des quartiers dangereux alors c'est peut-être qu'ils n'avaient pas eu une enfance très très nette, ou alors ils avaient basculés dans le côté obscur après un incident... Ou bien ça n'avait rien à voir. Il avait bien trop peu d'informations pour tirer des conclusions solides. Adam s'était mit à la boxe pour le fun ? Pour savoir se défendre ? A cause de ses visions ou pas ? Était-il devenu insensible à la noirceur de la vie à force de la voir s'inviter dans sa tête ou avait-il l'habitude de se balader sur les docks le samedi et de croiser des contrebandiers ? De sortes qu'il pouvait répondre ensuite le plus naturellement du monde un « Oh, ça ? C'est rien, juste un trafic de drogue... ».

Salem savait bien qu'il ignorait énormément de choses sur Adam, mais il craignait maintenant un peu que certaines de ces choses lui soit cachées parce qu'il ne valait mieux pas qu'il les découvre. Si son ami était aussi mystérieux, ce n'était pas pour rien, il lui avait parlé de ses escapades nocturnes alors qu'ils venaient tout juste de se rencontrer, mais n'avait jamais précisé ce qu'il faisait exactement pendant ces nuits-là. Il espéra que c'était simplement la recherche d'une petite montée d'adrénaline qui le poussait à faire ce genre de choses. Même s'il en doutait.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 10:20

Les docks de New-York — son océan qui miroitait sous le soleil — sa carte postale de Manhattan qui se dressait dans le fond — ses agréables rumeurs des mouettes qui tentaient de voler un peu de poisson — ses contrebandiers qui transbahutaient aimablement des caisses suspectes en fin de matinée — ses mutants qui s’embrassaient et discutaient criminalité sur les toits des entrepôts.

Debout sur le toit de l’entrepôt, donc, Adam observait d’un air un peu évasif un point situé un peu au-dessus de l’épaule gauche de Salem, pour éviter de le regarder dans ses yeux. S’il avait été plus doué pour le mensonge, s’il avait eu moins de principes et si Salem avait été moins attachant, sans doute eût-il été capable de se tirer de ce mauvais pas avec une bonne excuse, mais la réunion de toutes ces circonstances, où une seule suffisait à le déterminer malgré lui à s’exprimer sincèrement, ne lui laissait guère d’échappatoire.

D’ordinaire, il eût botté en touche, bien entendu, et, avec un silence ou une remarque bien placée, eût détourné la conversation vers d’autres horizons. Mais puisqu’en embrassant Salem un peu trop fougueusement il craignait déjà de le voir fuir et que la moindre de ses maladresses suscitait en lui la plus vive inquiétude, le mensonge et l’évitement ne pouvaient guère lui apparaître que comme les erreurs les plus considérables qu’il lui fût possible de faire — juste après découper Salem à la hache.

Mais Salem avait formulé les choses de telle manière qu’il lui était impossible d’abord de ne pas se sentir ridicule (car qui d’autre qu’un crétin juvénile irait « jouer les héros » ?) et ensuite coupable, tant il lui semblait que l’inflexion de cette voix si précieuse transportait avec elle la promesse de sérieux reproches. Adam se mordit la lèvre inférieure d’un air embarrassé et ne répondit d’abord que par un vague :


— Hmm…

Dans son esprit repassait toutes les blessures dont ses cicatrices témoignaient, toutes les fuites effrénées, toutes les situations délicates et, dans cette galerie peu flatteuse, il oubliait d’intercaler de temps à autre les succès qu’il avait pu rencontrer, les vies véritablement qu’il avait sauvées et dont une seule eût suffi à ses yeux à justifier toutes les risques pris et tout le hasard d’une pareille entreprise.

Car n’était-ce pas par principe, en somme par noblesse, qu’il agissait ainsi ? Certainement. Un altruisme indéfectible et un sens des responsabilités maladif caractérisaient indubitablement son caractère. Mais il sentait bien, parfois, au fond de lui, que des motivations un peu plus sombres et un peu moins avouables le poussaient à se porter à la rencontre du danger, l’obscur désir que tel sauvetage fût le dernier et qu’avec lui s’achevât la longue et pénible suite de ses visions.

Finalement, un peu piteusement, il répondit :


— Ca dépend.

Mais la nouvelle question de Salem, derrière laquelle il était aisé de supposer un raisonnement peu flatteur pour celui à laquelle il la posait et singulièrement pour la solidité de sa morale, le blessa plus profondément qu’il ne s’y était attendu. Il lui était difficile de ne pas attendre derrière cette interrogation en apparence anodine une sorte de doute sur ce qui avait été sa vie, ses activités, un doute, en somme, sur l’affirmation sincère qu’il avait offerte : qu’il n’avait jamais participé à un semblable trafic.

Les yeux noirs d’Adam se reposèrent dans ceux de Salem et soudainement, ils avaient retrouvé leur profondeur analytique, mais distante et un peu intimidante, qu’ils n’avaient eu que pendant leur première rencontre et à laquelle s’étaient si vite substituées les marques d’une tendresse fascinée. Un peu froidement, Adam répondit :


— Mon frère est chauffeur de bus. Dans un quartier difficile. Parfois, il y a des agressions.

Cette réalité si banale avec quelque chose d’étrange quand elle prenait place dans la vie d’Adam, elle-même si étrange, de quelque manière qu’on la considérât. Il était difficile d’imaginer que quoi que ce fût qui se rapportât à lui pût être aussi simple que « chauffeur de bus dans un quartier difficile », impossible presque de l’imaginer à un repas de famille, à l’école, à la machine à café de son entreprise.

Les yeux d’Adam s’attardèrent pendant quelques secondes dans ceux de Salem avant de s’en détourner.


— Faudrait qu’on bouge. On trouvera bien un autre point d’observation plus loin.

Il avait dit cela sans enthousiasme. Des sentiments confus se mêlaient en lui. Il était vexé et humilié que Salem pût considérer que ses tentatives d’aider les infortunées victimes de ses visions fussent autant de marques de sa volonté de « jouer au héros ». Il était blessé que Salem parût insinuer que sa vie n’avait pas été entièrement irréprochable, quand il songeait aux sacrifices considérables qu’il avait fait pour qu’elle le fût. Il était honteux d’être vexé et blessé. Et il était terrorisé à l’idée d’aborder ces rivages si sombres et si brumeux de sa propre psychologie.

En somme, l’escale romantique venait de prendre un tour bien désagréable. Adam se rapprocha du bord, se laissa glisser sur le conduit, rejoignit précautionneusement la barre et sauta, le plus discrètement possible, sur la benne, avant d’atterrir sur le sol. La descente était un peu plus compliquée que l’ascension, comme à l’ordinaire, mais il n’y avait là rien d’impossible pour eux.

Adam s’adossa au mur en attendant que Salem le rejoignît, mais cette fois son regard ne se portait pas avec une attention un peu lubrique sur le corps de son compagnon engagé dans des prouesses physiques où s’exaltaient son agilité et sa souplesse de façon si prometteuse ; ses yeux étaient fixés au sol, dans une silencieuse et obstinée rumination et il lui fallait sans doute des trésors de virilité pour ne pas pleurer — tout simplement.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 12:28

Oups, au regard qu'Adam posa sur lui, Salem s'aperçut immédiatement qu'il avait commis une erreur, il ne savait pas vraiment laquelle, mais il l'avait sans doute blessé ou vexé, ou les deux. Salem s'était habitué à la douceur d'Adam à son égard et ce brusque changement le décontenança complètement. Il ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose mais rien ne lui vint. Il n'avait jamais été très doué pour se rattraper après ce genre de bavure, la peur de s'enfoncer encore plus et que son ami se mette vraiment à le détester lui fit perdre ses moyens. Et avant qu'il n'ai pu faire quoi que ce soit Adam proposait de partir.

« Heu... ouais. »

Salem n'avait plus la tête à admirer la vue de toute façon, il suivit le mouvement, observant Adam qui descendait en se demandant comment rétablir la situation. Si seulement il avait pu se taire. Quand ce fut à son tour de descendre, il se jeta dans le vide, se rattrapa à la barre de fer pour ralentir sa chute et atterrit lourdement sur la benne dans un bruit métallique. On aurait pu penser qu'il s'était fait mal s'il n'avait pas bondit souplement sur le sol l'instant d'après, pas perturbé du tout, enfin, pas par ça. Il rejoignit rapidement Adam.

« Je suis désolé... J'm'inquiétais pour toi c'est tout, je veux pas qu'il t'arrive un truc. »

Il avait du être trop direct - oui, certainement - et il avait mal choisit ses mots, mal présenté les choses. Mais son avis sur Adam n'avait pas changé, il aurait pu connaître tous les trafics de New York, il restait à ses yeux un garçon pas trop sûr de lui, sensible sans aucuns doutes, qui était confronté à des choses que Salem ne pourrait pas supportées bien longtemps. Lui, il faisait face, et en plus il aidait les autres, c'était... un héros. Salem s'y connaissait en la matière, et Adam était pour lui d'autant plus fort qu'il était bien réel.

Et son héros faisait réellement la gueule, Salem se tritura un peu nerveusement les doigts.

« Je... j'ai pas dis ça pour te faire des reproches j'essayais... d'en savoir un peu plus. »

Il regarda le sol quelque part vers les pieds d'Adam.

« Toi qui vois la vie des autres, tu as sûrement bien plus conscience que moi... qu'on est peu de chose. Tu te dis peut-être que s'il t'arrive un truc, la Terre va pas s'arrêter de tourner.
Mais c'est faux, elle s'arrêtera.

Pour moi.
Pas que pour moi, hein, pour ton frère sûrement... Brad, les autres. 
»

Salem leva un regard incertain vers Adam, il avait songé à parler de ses parents, mais ne sachant pas quelles étaient ses relations avec eux ni même s'ils étaient encore là, il s'était abstenu. La famille était un sujet sensible chez lui et il craignait de mettre à nouveau les pieds dans le plat. Il espérait au moins avoir pu lui faire comprendre l'attitude somme toute assez rude qu'il venait d'avoir. Même s'il avait l'impression d'avoir été complètement gauche et ridicule.

Il aurait dû prendre conscience plus tôt des dangers auxquels s'exposaient son ami, avec les plans, les sorties nocturnes, tout ça, mais sans un minimum d'informations concrètes il était incapable de faire ce genre de projections. Et puis il aurait dû comprendre que ce n'était pas un sujet à prendre à la légère, c'était la vie d'Adam et celle de tout un tas d'autres personnes dont il était question. Il avait vraiment fait n'importe quoi.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 13:05

Pour une fois, l’esprit d’Adam était à peu près vide. Le jeune homme fixait le béton à ses pieds, sans paraître prêter attention à Salem qui descendait avec une aisance pourtant admirable du toit, et tout ce qu’il parvenait à penser, c’était qu’il était malheureux et que c’était la faute de Salem. Il n’était plus certain de pouvoir reconstituer la chaîne d’émotions et de raisonnements qui l’avait finalement amené à cette conclusion, tant cette simple et cruelle réalité l’obsédait.

Ah si ! Il se souvenait maintenant. Salem l’avait accusé d’être un trafiquant de drogues violeur et assassin qui poussait les grands-mères sous les roues des bus. Ou quelque chose comme cela — presque. Ou alors il l’avait traité d’idiot qui se prenait pour Ratman (ou était-ce Fartman ?) et jouait avec des réalités qui le dépassaient. Bref, soit il était un criminel, soit il était un abruti, mais il n’y avait pas vraiment de solution agréable.

Adam avait un peu envie de pleurer, mais même dans la tristesse, il avait une certaine réputation de virilité et de stoïcisme à entretenir, alors il retenait ses larmes. C’était futile après tout. Rien qu’une petite déconvenue sentimentale. Salem allait le planter là, et ce serait tout, ensuite il irait soit le dénoncer comme un dangereux contrebandier au commissariat le plus proche, soit tenter de le faire interner à l’asile d’hallucinés du coin, et puis il se moquerait de lui, et puis, et puis… Oui, décidément, Adam avait un peu envie de pleurer.

Au milieu de ses délires paranoïaques de super-héros blessé dans son orgueil et ses principes, cette situation le forçait cependant à prendre conscience d’une réalité très véritable elle : malgré son sentiment d’avoir vieilli prématurément de traumatisme en traumatisme, il restait un garçon de vingt-et-un ans, à peine sorti de l’adolescence, et qu’un joli sourire d’un joli congénère suivi de paroles un peu maladroites suffisait à jeter dans des états de profonde détresse.

Or, pour Adam qui craignait perpétuellement que son pouvoir ne l’enfermât peu à peu ou dans une insensibilité générale pour la vie humaine ou dans une inextricable folie, il y avait quelque consolation à se sentir normal — aussi normal qu’il pouvait l’être — même si cette consolation était bien amère.

Mais voilà que Salem lui parlait — Adam releva les yeux et papillonna des paupières (parce qu’il avait une poussière dans l’œil — naturellement ! les quais, c’est très sale). Obnubilé d’abord par la beauté parfaite de Salem (et il était prêt, en jeune homme raisonnable et pondéré, à aller démolir quiconque oserait prétendre le contraire), il fit un effort pour se consacrer sur sa voix d’une parfaite douceur (même crime, même sanction), qui ne manqua pas d’éveiller en lui un sentiment très familier : la culpabilité.

Car bien sûr, il voyait à présent combien il avait été injuste, et puéril, et même horriblement méchant avec Salem. Il avait devant lui un charmant jeune homme qui ne se souciait que de son bien-être, qui exprimait son inquiétude avec une affection sincère, et lui, cruel et orgueilleux qu’il était, il prenait la mouche pour une expression malheureuse et des mots un peu vifs.

Décidément, il était le dernier des idiots.

C’était que l’aptitude à la rancune d’Adam, peu considérable au demeurant, était inversement proportionnelle à la beauté personnelle du jeune homme incriminé et, dans le cas de Salem précisément, elle était à peu près réduite à néant dès le premier mot prononcé, pour des raisons qui étaient loin, très loin, d’être entièrement physiques.

Adam ne s’en sentait pas moins dévasté. Pour être tout à fait exact, c’était beaucoup plus probablement sa vie inhumaine qui l’avait dévasté plutôt que les paroles de Salem, dont le rôle n’avait été que de produire chez l’Asiatique l’un de ses moments de douloureuse lucidité. Sauf que d’ordinaire, Adam se terrait dans sa chambre pour lécher ses plaies comme un félin blessé et il évitait de s’exposer aux regards dans les moments de doute.

Ce jour-là, c’était très différent. D’une voix faible il murmura :


— Prends-moi dans tes bras… S’il te plait.

Et puis, comme il ne comptait pas tellement lui laisser le choix, il vint se glisser contre lui, déposant ses mains sur le torse de Salem et enfouissant son visage dans le cou du jeune homme. Il y avait un changement considérable entre cette étreinte et les fois passées où il avait, avec une domination douce et sensible, attiré à lui son compagnon en le prenant par les hanches, où il avait passé son bras autour de ses épaules, où il l’avait enlacé dans le lit, adoptant presque systématiquement le rôle un peu stéréotype de « l’homme ».

Envolée la force et envolée l’assurance — il n’était pas contre Salem depuis plus de quelques secondes que déjà il se mettait bien malgré lui à pleurer, sans trop savoir pourquoi vraiment, juste parce qu’il en avait besoin, parce qu’il voulait être consolé, de tout — de sa maladresse, de sa laideur supposée, de son improbable bêtise, de son pouvoir, de sa solitude, de son travail, de ses blessures, de ses traumatismes, de la faim dans le monde et du progrès de l’électorat des Républicains, des oiseaux mazoutés sur les plages et des petits enfants tristes, des visions dans lesquelles il se voyait lui-même et dont il n’avait jamais parlé à personne, de ses parents qui ne l’aimaient pas autant qu’ils l’eussent dû, de l’émission sur les camions qui avait été déprogrammée, des lacunes dans le rayon philosophie française de la bibliothèque universitaire, de la mort de Lady Di, du chaton que ses parents n’avaient pas voulu adopter quand il avait six ans, de son ancienne carrière sportive, de tout — du monde entier.

Il ne pleurait pas à grosses larmes, mais il pleurait continuellement — de temps en temps il hoquetait, il s’arrêtait, il recommençait. Ses doigts s’étaient refermés sur le tee-shirt de Salem et ce ne fut qu’après une longue et déchirante minute qu’il ravala ses sanglots, poussa un soupir à fendre le cœur et redressa la tête, en restant réfugié dans l’étreinte protectrice de son ami. Les yeux humides et la voix un peu rauque il murmura :


— Dé-désolé… J’suis un peu… Fatigué.

Ou alors bon à enfermer : question de point de vue.

— T’es adorable avec moi. T’es vraiment adorable. J’veux pas que…

D’une main il libéra le vêtement de son compagnon pour s’essuyer le coin des yeux.

— J’veux pas que tu crois que je suis… Un débile qui joue au super-héros. Ou… Un type malhonnête. C’est juste… J’peux pas… J’peux pas les regarder mourir tous les jours et rien faire. J’me sens tellement… Impuissant. Et sali. Et inutile. Et faible. Et… et…

Adam ferma les paupières quand il sentit les larmes lui monter aux yeux à nouveau. Il prit une profonde inspiration et, d’une voix un peu plus calme, il conclut.

— Bref. J’suis désolé de t’avoir imposé ça.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 15:49

Lorsque Adam leva les yeux vers lui, Salem vit qu'il pleurait, ou qu'il était à deux doigts de le faire. Adam ? Pleurer ? Sérieusement ? Et pourtant si, l'instant d'après il fondait en larme dans ses bras. Salem resta tétanisé une seconde, il n'arrivait pas à comprendre comment cela était possible, Adam était grand (un mètre quatre-vingt cinq), il était fort (il avait pu tester lui-même), il était... un peu distant, viril, stoïque, droit, réfléchit et il pleurait. Rien de ce que Salem savait n'aurait pu le préparer à un pareil spectacle, quelque chose dans son ventre se noua, Adam pleurait et c'était de sa faute. Il le serra fort contre lui.

« Je suis désolé, vraiment désolé... »

Sa voix était à peine plus forte que les discrets sanglots de son ami. Il s'en voulait horriblement de l'avoir mit dans un état pareil. La culpabilité était un sentiment qui le prenait rarement, bien souvent il balayait les reproches qu'on pouvait lui faire, ce qui était fait, était fait, il n'y avait pas à épiloguer, de son point de vue.

Mais pas cette fois, Adam ne lui reprochait rien d'ailleurs et c'était encore pire. Comment pouvait-il lui dire qu'il était adorable tout en continuant de pleurer par sa faute ? Il était loin d'avoir comprit à quel point son compagnon était fragile et se trouvait maintenant d'une brutalité sans nom, un débile qui joue les super-héros ou un type malhonnête, c'est ce qu'il avait insinué... N'ayant visiblement tiré que des déductions complètement fausses au sujet d'Adam, il préféra le croire sans réfléchir, s'il avait perçut son message comme ça, c'est qu'il s'y était très mal prit de toute façon. Il serra un peu plus Adam contre lui.

« T'as pas a t'excuser, et je suis pas adorable, la preuve. Je voulais pas être aussi dur, la seule chose qui a du sens pour moi c'est les chiffres, les faits... Je vois un peu ce que tu peux ressentir, mais je suis trop rationnel,trop égoïste, pour le comprendre vraiment. Ce qui est sûr, c'est que tu es exceptionnel, Adam, pardon pour tout. »

La partie rationnelle de Salem lui indiqua quand même qu'il fallait probablement avoir un léger problème pour se mettre dans un état pareil pour deux phrases malheureuses et pour en plus croire que tout est de sa faute. Mais cela ne lui enleva pas sa culpabilité pour autant et puis, ce raisonnement était peut-être faux comme tous ceux qu'il avait fait avant. Il avait trop peu d'informations sur Adam, et même avec toutes les données possibles en main, la psychologie humaine n'avait rien d’algorithmique, il n'y arriverait jamais.

Cette conclusion lui laissa une drôle d'impression, comme s'il avait fait un pas en avant sans s'apercevoir qu'il était au bord du vide. Il n'était jamais parvenu à comprendre les gens et n'y arriverait peut-être jamais, combien de fois ses exs l'avaient-elles traité d'insensible, d'ailleurs ? Dans sa propre famille, il se sentait un peu à part, étranger, alors qu'eux l'avaient adopté instantanément. Il y avait dans l'amour quelque chose de dangereux, il en avait parfaitement conscience, trop conscience. Peut-être n'arriverait-il jamais à se laisser suffisamment aller dans ce domaine, sachant qu'il ne pourrait rien maîtriser. S'il n'arrivait pas à mesurer son attachement à Adam, c'est parce qu'il n'y avait rien de mesurable, rien de visible, rien de tangible, rien dans son esprit.

Son cœur se serra, il avait fait pleurer Adam et le ferait pleurer encore, il était comme ça. Salem se trouvait beaucoup trop brutal pour avoir un compagnon aussi sensible, si deux phrases suffisaient à le faire pleurer, il ne lui faudrait pas longtemps pour le briser complètement. Il ouvrit la bouche.

« Heu... Peut-être... »

Salem s'arrêta, il ne se voyait pas regarder Adam dans le blanc des yeux et lui dire que, pour son bien, il valait mieux en rester là, il ne se voyait pas rentrer seul chez lui, passer le dimanche seul alors qu'ils avaient prévu d'être ensemble et il ne se voyait pas passer la nuit à se demander où son fragile héros était parti traîner, sachant qu'il ne pourrait même pas lui envoyer de message pour prendre de ses nouvelles au petit matin. Aussi insensible et incapable d'aimer qu'il puisse être, il ne pouvait pas.

Il passa une main sur la joue encore humide de larmes d'Adam.

« Je sais pas si je suis assez bien pour toi... J'ai brisé pleins de cœurs, je veux pas te faire de mal, mais je peux rien promettre...Je suis pas comme toi, je pense à moi avant de penser aux autres. Je sais pas si je peux changer. »

Salem baissa les yeux après ce portrait pas très glorieux de sa personnalité, pour la première fois il préférait être clair, quitte à faire fuir Adam, il n'était pas quelqu'un de bien sentimentalement parlant.


Dernière édition par Salem Cordova le Dim 7 Oct - 17:48, édité 1 fois
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 16:23

Salem avait décidément le droit à des spectacles exceptionnels et, parmi ceux-ci, Adam en train de pleurer tenait indubitablement le premier rang. Adam était grand — fort — viril — stoïque ¬— mystérieux. La plupart du temps. C’était une sorte de privilège auquel Salem avait le droit, triste privilège sans doute mais qui témoignait tout en même temps d’une certaine confiance et d’une certaine sensibilité.

La tempête ne tarda pas à passer cependant, aussi brusquement qu’elle était venue. Adam rouvrit les yeux et ils étaient calmes à nouveau, tristes sans doute, mais sans larmes pour les voiler. Seule sa position — encore pressé contre le torse de son compagnon — gardait la trace de son éphémère démonstration de fragilité.

Pour une fois cependant, Adam ne s’était pas contenté d’enterrer sous de grandes pelletées d’abnégation autodestructrice ce qui le troublait : il l’avait exprimé, peut-être un peu confusément, un peu maladivement, mais enfin il avait parlé, il avait dit très exactement ce qui lui avait fait de la peine et il n’avait pas bâti entre lui et le monde extérieur un mur absolument infranchissable.

Et il se sentait soulagé — triste, fatigué, mais soulagé. C’était une sorte de calme un peu mélancolique, comme les eaux lentes qui recouvrent une ville dévastée après le passage d’un ouragan et peut-être comme quelque chose de plus joyeux encore, car Salem n’était pas (encore) parti — il était là, toujours là ; Adam sentait ses mains, dans ses cheveux, sur sa peau, et son regard posé dans le sien.

Adam appuya un peu sa joue contre la main tendre de son compagnon, laissant son regard silencieusement interrogateur inciter Salem à poursuivre. Les sages avertissements de l’adolescent ne parurent pas beaucoup l’inquiéter.


— T’es très bien. Tu sais, c’pas parce que j’ai des principes que j’suis forcément quelqu’un de bien. J’dis pas que j’suis un salaud non plus, hein. Juste…

Il resta quelques secondes songeur. Pour une fois, il ne voulait pas donner dans ses travers et peindre de lui-même un portrait trop pessimiste. Il ressentait l’impérieuse nécessité d’être, cette fois-là, le plus exact et le plus objectif possible, pour que Salem à son tour sût à quoi s’en tenir. Enfin, il reprit la parole :

— J’sais que c’est pas très crédible à dire alors que j’viens d’pleurer comme une madeleine, mais j’suis pas très… Sensible. Non c’est pas ça. Plutôt pas très doué pour l’empathie. Pour moi, dans une large mesure, la fin justifie les moyens. Même si les moyens sont…

Adam haussa les épaules.

— Discutables. J’suis pas un saint, j’suis pas un psychopathe. Juste, je ne suis pas très tendre. J’veux dire, en général.

Le jeune homme poussa un soupir, visiblement un peu contrarié.

— J’arrive pas vraiment à bien expliquer. Juste qu’il faut pas que tu m’idéalises trop. Et pas que t’ais trop peur de ce que tu me fais. On est jeunes, on verra bien ce qui nous arrive. On peut pas savoir là maintenant alors qu’on vient d’se rencontrer. C’est normal que des fois, on se comprenne pas trop. On apprend. T’as qu’à être égoïste pour nous deux et ce sera très bien.

Il n’avait pas fallu longtemps à Adam pour reprendre son rôle d’adulte mûr, protecteur et rassurant, adepte des descriptions réalistes et néanmoins réconfortantes, des analyses pondérées et toutefois optimistes. Et sans doute, quelque profonde que fût sa fragilité, quelque réelle que fût sa souffrance, elles ne pouvaient jamais occulter bien longtemps la force de son caractère, dont la rudesse était l’un des plus grands défauts et la résilience l’une des plus grandes vertus.

Adam approchait donc ses lèvres de celles de Salem pour sceller d’un chaste baiser cette réconciliation quand, sous les mains de son compagnon, ses muscles se tendirent soudainement. Il tourna vivement le regard vers l’extrémité de l’allée où ils trouvaient — déserte à part eux. Son cœur s’était mis à battre à toute vitesse — une nette poussée d’adrénaline se répandait dans son corps — les signes étaient infaillibles.

Dans un murmure à peine audible il souffla :


— OK. On court vite mais silencieusement. On s’enfonce dans les entrepôts jusqu’à rejoindre la zone industrielle. Je sais pas exactement pourquoi ils vont venir, mais ils vont venir. Bientôt.

Adam se détacha de son compagnon et, d’un signe de tête, lui désigna l’allée transversale qui partait dans la direction qu’il avait suggérée. Il resta une seconde à observer l’extrémité de l’allée après le départ de Salem, avant de lui emboîter le pas, veillant toujours à rester quelques mètres en-deçà de lui, pour être en mesure, s’ils étaient poursuivis, de lui permettre de continuer sa fuite.

Comme souvent avec les intuitions, il n’avait pas une idée précise de l’avenir. La certitude qui s’était installée dans son cerveau était élémentaire : des gens dangereux arrivaient. Il s’agissait vraisemblablement des contrebandiers. Ses intuitions ne le trompaient jamais que sur l’intervalle qui séparait leur survenue de l’événement annoncé et encore ces erreurs étaient-elles bien moins fréquentes que les confusions dans ses visions.

Il était fort possible qu’un des hommes les eût aperçus sur le toit ou que, ayant inspecté l’immense parking des docks et découvert, parmi les voitures laissées le week-end, la silhouette atypique de son antiquité, ils se fussent décidés à vérifier que le périmètre était sûr. Peut-être s’agissait-il bien sûr d’une simple ronde d’inspection, mais dans le cas contraire, les recherches, sans être systématiques, seraient un peu poussées et il importait de mettre entre les docks et eux la plus grande distance possible.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 19:54

Apparemment, Adam reprenait très vite du poil de la bête, non seulement il ne pleurait plus mais il parlait avec son sérieux habituel, comme si rien ne s'était passé. L'humeur de Salem changea comme pour suivre celle de son compagnon, les doutes sur sa capacité à le rendre heureux se dissipèrent à mesure qu'il l'écoutait. C'est sûr qu'ils se connaissaient à peine, et si même un devin ne sait pas quel sera leur avenir, c'est qu'il est vraiment trop tôt pour juger.

Rassuré, même si pas mal de doutes demeuraient encore, il s'apprêtait à profiter du baiser d'Adam lorsqu'ils furent (encore) dérangés par les contrebandiers (qui, décidément, devaient avoir quelque chose contre les romances homosexuelles). Salem suivit son regard et il était formel, il n'y avait rien, mais si Adam disait qu'il valait mieux partir, il n'allait pas se faire prier. Espérant que ce ne soit pas lui qui ait fait trop de bruit en descendant du toit, il fila rapidement et sans faire de bruit dans la direction indiquée. Enfin, il essaya, il n'avait pas vraiment l'habitude d'être menacé par des trafiquants, du coup, occupé qu'il était à s'assurer qu'il n'allait pas se prendre les pieds dans un débris traînant au sol - quand des gens sont poursuivis par des méchants dans les films y'en a toujours un qui se casse la gueule - il n'allait pas si vite que ça.

Leur progression silencieuse et pas si rapide que ça les menèrent à un croisement, Salem ne ralentit pas, un bref coup d’œil de chaque côté lui suffit à s'assurer que la voie était libre. Il continua en s'assurant que son compagnon suivait, même s'il entendait ses pas derrière lui une petite confirmation visuelle de temps en temps ne faisait pas de mal.

Tout semblait bien se passer, jusqu'à ce que Salem se sente prit d'un élan de panique et traverse la route pour se faufiler par un trou dans la tôle, assez large pour qu'ils puissent passer, dans l'entrepôt en face de celui qu'ils longeaient. Ils n'étaient pourtant pas très loin de la zone industrielle mais vu comment il s'écroula au sol une fois entré, les jambes tremblantes et la respiration accélérée, il n'aurait pas pu aller beaucoup plus loin. Lorsque Adam entra à son tour il se dépêcha de lancer, d'une voix rapide et un peu hystérique, comme s'il s'attendait à recevoir des reproches.

« Oui je sais c'était pas le plan mais je peux pas rester zen quand trois putains de mexicains chelous me colle au cul. »

Trois ? Salem se prit la tête dans les mains en essaya de se calmer et de comprendre d'où il sortait ce chiffre, ce qui était d'autant moins évident qu'il ne devait pas être très calme non plus quand il avait capté l'info. Il essaya de respirer un peu plus calmement - et moins bruyamment, tant qu'à faire - et cherchait des chiffres, il se sent toujours mieux avec des chiffres.

« À 296 mètres y'avait une camionnette j'ai... le rétroviseur... 1m87, 2,3 km/h... Ils sont bien trois en tout cas, je sais pas s'ils cherchaient quelque chose ou s'ils avaient juste envie de faire une gentille petite balade... »

Salem releva la tête, cherchant des yeux Adam juste pour se rassurer, il n'était même pas sûr de pouvoir se lever de nouveau avec ses jambes qui continuaient de trembler. Il n'aurait su dire ce qui l'avait tellement terrorisé chez ses types, n'étant pas en état de reconstituer une image plus vraie que nature de ce qu'il avait aperçu. Seules quelques informations parcellaires lui étaient revenus, peut-être étaient-ils armés, ou bien ils avaient l'air fort ou dangereux, ou bien c'était juste de s'apercevoir qu'ils étaient bien suivis qu'il l'avait fait paniquer, il ne savait pas.

Lentement, Salem s'appuya contre le mur pour se relever, sans se vautrer et sans faire de bruit, il ne cessait de jeter des coups d’œils à Adam. Heureusement, il réussit toute de même à rester à peu près calme, il était assez raisonnable pour se dire que courir partout en hurlant ne leur rendra pas service.

« Les portes sont verrouillées. »

Simple constatation, qu'il marmonna d'une voix plate alors qu'il cherchait une échappatoire, peut-être les fenêtres, ou alors grimper sur le toit ? Ou attendre que ça passe, tout simplement.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyDim 7 Oct - 21:57

Adam progressait à vive allure — du moins autant que le rythme de Salem le lui permettait — et avec une remarquable discrétion, qui témoignait qu’il n’en était pas à son coup d’essai. C’était du reste un précepte qu’il imposait à tous ses camarades de l’Institut qui venaient prendre conseil auprès de lui pour apprendre à se battre : il fallait d’abord apprendre à fuir efficacement, c’était bien la chose la plus utile du monde. Et l’expérience ne cessait de le lui prouver.

Sans doute à mains nues ne craignait-il pas grand monde — tout du moins aucun humain normal. Mais comment savoir de quelles armes disposaient leurs poursuivants ? En réagissant assez vite, il pouvait les empêcher de les atteindre, mais peut-être étaient-elles déjà sorties. Il pouvait sans doute venir à bout de trois, peut-être même quatre adversaires, mais ils pouvaient être plus nombreux. En somme, comme tout combattant talentueux et bien formé, Adam était parfaitement conscience d’une vérité élémentaire : se battre était toujours le dernier recours.

Depuis qu’il avait décidé de ne plus être le spectateur passif de ses visions, il s’était donc échiné à acquérir une série de compétences annexes qui pussent compléter efficacement son expérience en arts martiaux : le crochetage, l’escalade, la natation et, surtout, surtout, la course à pied. Et sa variante du déplacement urbain, bien moins paisible que les pistes lissées des stades sportifs.

Et il devait bien s’avouer, au fond de lui, qu’il aimait ça — la sensation du danger, l’opportunité de pousser son corps au-delà des fades sensations de la vie quotidienne, de sentir que des années de discipline physique servaient à quelque chose, à quelque chose de réel, quelque chose d’important, pas comme les rings, et les arbitres, et les règles — la vie, la vraie vie, celle où tous les coups étaient permis. Effet des nombreuses années passées à combattre ou expression fondamentale de sa personnalité, Adam était un homme d’action.

De temps à autre, il jetait un regard par-dessus son épaule pour vérifier qu’il n’apercevait pas leurs hypothétiques poursuivants — c’était peu probable, normalement : l’intuition surnaturelle leur donnait somme toute une sérieuse avance, mais les exigences de la discrétion pouvaient leur faire perdre ce précieux avantage si les hommes avaient un but plus précis qu’une simple ronde de surveillance et si c’était eux, précisément, qu’ils cherchaient.

Mais Adam était à peu près sûr que tout se passerait bien : ils avançaient à un bon rythme et ils auraient bientôt rejoint la zone industrielle, où il n’y avait pas d’apparence qu’on les cherchât avec la même ardeur : le groupe de contrebandiers qu’ils avaient aperçu n’était pas considérable et le jeune homme doutait qu’une partie s’en séparât très longtemps, au risque d’exposer la cargaison aux convoitises d’une faction ennemie.

Naturellement, quand Adam constata que Salem ne s’en tenait pas exactement au plan pourtant des plus simples qu’il avait proposé, il commença à se sentir nettement moins sûr de lui. L’Asiatique dérapa pour s’arrêter, se faufila dans l’ouverture de tôle et posa un regard interrogateur sur son ami — lui-même manifestement peu essoufflé et, à vrai dire, guère bouleversé par la situation dans laquelle ils se trouvaient.

Le mutant aida son compagnon à se relever, tout en suivant son regard vers les portes, avant de considérer d’un regard circulaire l’entrepôt dans lequel ils se trouvaient. Il n’était pas grand, cent, deux cents mètres carrés tout au plus. Quelques caisses empilées sur deux ou trois mètres de haut en occupaient le centre et, au sol, des chaînes, de vieux bidons et des chiffons sales trainaient de ci de là. Un escalier métallique grimpait le long du mur du fond pour déboucher sur une galerie qui faisait tout le tour de l’entrepôt et d’où pendaient d’autres chaînes, manifestement pour hisser les caisses.

Avec une assurance calme et autoritaire, Adam déclara :


— Bon, très bien. Suis-moi.

Sans vraiment songer que Salem pouvait n’être plus en état de faire quoi que ce fût et estimant machinalement, comme à son habitude dans les moments d’action, que tout le monde avait à peu près les mêmes capacités que lui, Adam se dirigea vers l’une des caisses et entreprit de la manœuvrer jusqu’à boucher le trou par lequel ils avaient pénétré.

Quand l’ouverture fut entièrement obstruée, Adam sembla enfin prendre en considération l’état nerveux de son ami, soucieux qu’il avait été, d’abord, d’écarter le danger. Il prit avec douceur le visage de Salem entre ses mains pour être sûr de bien capter son attention et, dans un murmure, entreprit de le rassurer :


— Ecoute. Soit ils font une ronde de routine et ils n’iront pas aussi loin. Soit ils nous ont vu et ils nous cherchent. Ils n’ont aucune raison de supposer qu’on sait qu’ils nous cherchent parce qu’on ne le sait pas de manière humainement possible. Ils vont juste voir si on a trainé dans les parages. S’ils nous trouvent pas, ils se diront qu’on est parti. Si par hasard ils arrivent jusqu’ici, ils verront juste qu’il y a pas d’entrée. S’ils essayent les portes, ils verront qu’elles sont verrouillées.

On va attendre ici. Tu vas te calmer, te concentrer, fermer les yeux, compter le nombre de caisses qu’il y avait sur le bateau, le nombre de personnes qui transportaient les caisses, la vitesse à laquelle ils les transportaient et estimer le temps que ça leur prendra pour décharger complètement. C’est facile pour toi, tu f ais ça tous les jours. Ensuite, on attendra une demi-heure de plus pour être sûr, on sortira, on ira à la zone industrielle, on rentrera chez toi en bus et j’irai chercher la voiture lundi, quand il y aura plein d’monde. On ira aux chutes le week-end prochain.

Mais d’abord, on va sortir nos téléphones et on va couper le son. Ensuite on va aller dans le coin de l’entrepôt opposé aux portes et au trou et aux fenêtres, on va s’asseoir tous les deux, on va être très silencieux, et là tu vas fermer les yeux et faire ce que je t’ai dit.


Telle était l’une des grandes raisons qui expliquaient qu’Adam fût toujours vivant malgré le genre d’existence qu’il menait : en quelques secondes, alors qu’ils venaient de pénétrer dans l’entrepôt et de modifier profondément leurs plans, son esprit avait décortiqué la situation pour établir la liste des mesures à adopter, des plus urgentes aux plus lointaines, en prenant soin d’en bien examiner les conséquences — sans doute ne serait-il jamais un grand scientifique ni même un grand philosophe, mais son intelligence avait bel et bien trouvé un terrain sur lequel s’exprimer.

Il avait en parlant caressé des pouces les joues de Salem. Ses mains s’envolèrent pour se saisir de son portable, afin de donner l’exemple, et couper le son. Il attendit que son compagnon eût fait de même puis, en le prenant par le main, l’attira dans le coin de l’entrepôt prévu, le fit s’asseoir et s’assit près de lui.

Quelques années auparavant, il n’eût sans doute pas été aussi directif, mais il avait compris que ceux qu’il plongeait sans prévenir dans son monde déboussolant avaient besoin, pendant qu’ils s’adaptaient, de trouver des prises, de savoir exactement ce qu’il fallait faire, geste par geste. En tout cas, c’était de pareilles indications qu’il eût aimé avoir, pour sa part, lors de ses premières aventures.

Il passa un bras rassurant autour de l’épaule de Salem pour le serrer contre lui et lui souffla :


— Ferme les yeux. Souviens-toi. Réfléchis. J’te fais confiance.

Et puis, si Salem n’y arrivait pas, ils n’auraient qu’à rester de longues heures dans l’entrepôt — il y avait plus agréable comme façon de passer l’après-midi, mais c’était toujours mieux que de se faire découper au couteau.
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Salem Cordova

Salem Cordova
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Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] Vide
MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyLun 8 Oct - 19:35

Encore un peu trop occupé à reprendre son calme, Salem n'eût pas vraiment de réaction lorsque Adam lui intima de le suivre et ne l'aida à déplacer la caisse que lorsqu'elle fut à portée de ses bras. On ne peut pas dire qu'il ait été très utile sur ce coup. Il reprit un peu plus ses esprits en sentant ses mains sur son visage et l'écouta attentivement, ils ne risquaient - presque - rien, Adam lui confiait une mission,et... ah, couper le son du portable, pas bête, ce n'était pas le moment de recevoir un appel de maman. Salem fouilla dans ses poches et s’exécuta.

Même s'il n'était pas très démonstratif, pour une fois, Salem était vraiment reconnaissant à Adam, d'être là, de savoir quoi faire, d'être aussi prévenant, d'être là. Il avait bien conscience qu'il n'aurait jamais pu penser à tout ça tout seul, et comptait suivre ses directives à la lettre. Alors, sa mission, ah oui, le bateau. Il commençait déjà à y repenser en le suivant dans le coin du hangar et après s'être blottit contre lui, l'agrippant un peu par le bas du tee-shirt, il lui fit un petit sourire.

« Pour ça, t'as pas à t’inquiéter. »

Le visage rassurant d'Adam, les mexicains dans le retro, Adam qui pleure par sa faute, le toit, le bateau devait être par là. Salem ferma les yeux et s'accrocha un peu plus à Adam tandis que lui venait toutes les informations dont il avait besoin - et toutes celles dont il n'avait absolument rien à faire aussi, tant qu'à faire. Il lui fallut quelques minutes pour faire le tri, puis il se remit à regarder Adam, l'air encore un peu dans ses pensées.

« Vingt-trois minutes, disons cinq de plus dans le pire des cas, mais ça m'étonnerait beaucoup, ils sont nerveux et n'ont pas envie de rester là, ils sont déjà en retard. »

Pour tout ce qui sortait des chiffres, il ne pouvait pas être tout à fait sûr, mais vu l'air tendu des types et la façon qu'il avait de regarder le soleil déjà haut d'un air maussade, c'était probable. Ils avaient sans doute fait comme Adam avait dit, des aller-retours pour décharger un plus gros bateau planqué en mer, sauf que ça avait été plus long que prévu.

Salem soupira, il ne se sentirait pleinement détendu que quand il serait chez lui, mais devait bien reconnaître que la petite tension qu'il ressentait ne lui déplaisait pas. Il avait un peu l'impression d'être le héros d'un film, un héros qui avait un peu flanché à un moment, certes, mais à quoi bon remuer le passé. Adam lui était toujours aussi impressionnant de calme, à croire qu'il faisait ça tous les jours - quoique, c'était peut-être le cas. Soucieux d'être le plus utile possible, Salem continuait de chercher quelques autres indices utiles, sans trop de détermination cependant, ce n'était pas le moment de faire un malaise, et il ne trouvait rien de notable de toute façon.

« Hey, on se débrouille bien, quand même, on fait une bonne équipe. »

Il avait chuchoté ça d'un air un peu fier de lui, oui même s'il avait flanché peu de temps avant, il pouvait avoir la mémoire très sélective, parfois.

« On peut parler un peu, de toutes façon s'ils passent par là, on va les entendre, oh... »

Des bruits de verres brisés dans l'allée d'où ils venaient le firent sursauter, visiblement plusieurs personnes marchaient sur des débris traînant sur le sol, les mexicains avaient accéléré le pas. Salem perdit aussitôt sa belle, mais fragile, assurance et se cramponna un peu plus à Adam en attendant que ça passe.
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Adam Tenseï

Adam Tenseï
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Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] Vide
MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMar 9 Oct - 8:27

Au fond de lui, le héros n’en menait pas large. La présence de Salem changeait considérablement ses petites habitudes. Bien sûr, ce n’était pas la première fois qu’il entrainait quelqu’un dans ses aventures et ce n’était pas la première fois qu’il craignait qu’il arrivât du mal à celui ou celle qui avait été assez déraisonnable pour le suivre, mais jamais cette inquiétude n’avait été aussi vive, ni aussi irrationnelle, que celle qu’il éprouvait désormais pour Salem.

Ce n’était pas seulement qu’il eût peur que son plan ne fonctionnât pas comme il l’avait prévu et que Salem courût un danger véritable — ce qui, somme toute, lui apparaissait ce jour-là peu probable — mais c’était encore qu’il redoutait l’opinion que le jeune allait se former de lui, les reproches qu’il pourrait lui faire, même si, pour une fois, Adam n’était pas vraiment responsable de la mésaventure.

Mais, pour l’heure, ils étaient tous les deux paisiblement assis dans la poussière, dans un coin de l’entrepôt à demi-éclairé par les rayons du soleil encore jeune qui tombaient des épaisses fenêtres, tout en haut des murs, et Salem était blotti contre lui, accroché à lui, et cela, malgré la situation, le mutant devait avouer qu’il était loin de le trouver désagréable. Finalement, être un héros, cela avait des avantages.

L’Asiatique déposa un baiser dans les cheveux de son compagnon quand celui-ci lui livrât le produit de sa recherche.


— C’est parfait.

Il avait hésité à lui souligner combien son pouvoir avait été utile et à montrer à Salem qu’il n’était pas toujours nécessaire d’envoyer des boules de feu pour tirer parti de leur mutation, mais il supposait que l’adolescent parviendrait fort bien, si ce n’était tout de suite, du moins plus tard, à tirer de semblables conclusions — une étape essentielle, selon l’avis d’Adam, pour la construction d’un rapport sinon serein, du moins un peu plus productif, avec leurs dons.

Adam esquissa un sourire à la remarque de son compagnon.


— Bien sûr qu’on forme une bonne équipe. C’est grâce à toi : t’es parfait.

Si l’on faisait abstraction du mouvement de panique qui les avait précisément conduits dans cet entrepôt, bien entendu, mais Adam n’était pas non plus capable d’organiser ses souvenirs avec beaucoup d’objectivité quand Salem se pressait ainsi contre lui et vantait avec un sourire tout à fait adorable les extraordinaires mérites de leur couple. Après tout, peut-être se cachait était-il une bien meilleure solution.

Cette attente un peu euphorique fut bientôt perturbée par l’incursion, dans l’allée de leur entrepôt, de présence étrangère. Adam sentit son ventre faire un bond, s’empressa de maîtriser son inquiétude et serra Salem un peu plus contre lui, attrapant de sa main libre l’une des mains de son compagnon, tandis que son regard recommençait à examiner l’entrepôt, les objets qui pourraient servir d’armes, les issues possibles — au cas où — on n’était jamais trop prudent.

Pendant cinq longues minutes, les pas continuaient à circuler dehors. Des bribes de conversation en espagnol étaient audibles, dans lesquelles Adam ne reconnaissait que quelques mots, qui du reste ne l’informaient pas beaucoup des intentions de leurs poursuivants. Puis, à nouveau, le silence.

Alors Adam prit les mesures qui s’imposaient selon lui : il retira ses chaussures. Ensuite, le jeune homme se détacha de son compagnon et, après lui avoir fait signe de ne pas bouger, il s’approcha à pas de loup des portes de l’entrepôt, faisant abstraction des divers débris qui lui meurtrissaient les pieds. Sans chaussure, il était parfaitement silencieux. Arrivé aux portes, à l’interstice entre les deux battants, il jeta un œil.

Il ne vit rien d’abord, puis aperçut, au bout d’un moment, les trois hommes qui, ayant fini de contourner un entrepôt et d’inspecter de loin les allées suivantes, semblaient avoir décidé qu’il était peu probable que leur quête fût fructueuse et, soit de leur propre chef, soit suivant ainsi les directives de leur supérieur, revenaient sur leur pas en reprenant leur discussion.

Adam continua à les suivre du regard jusqu’à ce qu’ils eussent disparu au détour d’une autre allée puis revint s’asseoir à côté de Salem, non sans une légère grimace de douleur.


— ‘Sont repartis. On va attendre le temps que tu as dit, juste un peu plus, et on essayera de trouver un bus pour rentrer.

En attendant, il retira ses chaussettes, inspecta ses voûtes plantaires et entreprit de retirer les quelques morceaux de verre et les petits éclats de métal qui s’y étaient fixés, preuve s’il en fallait encore à l’apprenti-garagiste que les chaussures de sécurité n’étaient pas un article superflu pour ceux qui travaillaient sur les docks et sur les entrepôts.

Tout en accomplissant sa besogne, ponctuée de temps à autre par un serrement de dents, Adam continuait à faire la conversation :


— T’as été très courageux, Salem. Et puis, c’était p’t’être pas exactement ce qu’on avait prévu en matière de promenade, mais c’tait une expérience… Enrichissante.

Il était de deviner que ce genre d’aventures ne déplaisait pas entièrement à Adam. Ayant fini de retirer les corps étrangers qui leur meurtrissaient et, en l’absence de produit désinfectant ou de pansements, Adam remit ses chaussettes et ses chaussures, en remisant la douleur, qui du reste n’était pas trop considérable, dans un coin de son esprit.

Ses yeux noirs se tournèrent vers son compagnon.


— Bon, du coup, la promenade en forêt, c’t’un peu râpé. J’préfère pas récupérer la voiture dans un parking désert, au cas où ils surveillent ou ils déchargent encore demain. On ira une autre fois. Mais on peut toujours passer la journée ensemble. T’aurais envie de faire un truc en particulier ?

Puis, un peu plus timidement, Adam posa la question qui rôdait dans son esprit depuis un certain temps :

— Et euh… J’pourrais dormir chez toi ? T’es pas obligé, hein…

Et l’attente de cette réponse faisait plus battre son cœur que celle du départ des malfrats.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini]   Escale romantique sur les docks (Enfin, presque) [Fini] EmptyMar 9 Oct - 18:28

Salem resta fortement agrippé à Adam aussi longtemps que les bruits de pas et les voix dehors se firent entendre. Et une fois le silence revenu il ne se calma pas beaucoup, au contraire, il fut prit d'une terrible envie de voir ce qui se passait dehors, de savoir si les types étaient loin, s'ils allaient revenir, dans combien de temps, à quelle vitesse. Son regard se mit à balayer tout l'entrepôt, il avait beau savoir qu'il cherchait des informations qu'il n'obtiendrait jamais de là où il était, il ne pouvait refréner ce besoin de chercher quand même. Il lui fallut faire un gros travail de self-contrôle, aidé par la présence d'Adam, pour ne pas chercher à atteindre une fenêtre ou n'importe quel petit interstice et jeter un coup d’œil.

Finalement, ce fut Adam qui parti voir, et si c'était pour marcher sur du verre, il n'était plus très sûr de vouloir de ses si précieuses informations visuelles. Il grimaça en le regardant faire comme s'il avait mal en même temps que lui et c'est avec une pointe d'inquiétude qu'il le regarda enlever les débris plantés dans ses pieds une fois qu'il fut de retour.

« Enrichissant... C'est sûr, maintenant j'ai une petite idée de ce à quoi peuvent ressembler tes sorties nocturnes, je sens qu'on va pas s'ennuyer ensemble. Tu as mal ? »

Salem le regarda enfiler ses chaussures en se disant que la première chose à faire était de rentrer désinfecter ça. L'aventure avait été plus agréable que prévu mais encore une fois, il n'arriverait à prendre tout ça à la rigolade que lorsqu'il serait de retour chez lui. Surtout que même s'il croyait Adam sur parole, il n'avait pas vu les types partir, et son esprit trop concret ne pouvait pas s'empêcher de laisser demeurer une sensation de risques.

Adam, toujours aussi tranquille, parlait déjà de leur programme du week-end, qui avait été bien chamboulé pour le coup. Salem réfléchit un peu, des trucs à faire avec lui, il en voyait pas mal d'intéressants - et certains, il ne risquait pas d'en parler. Mais maintenant que son Adam était un peu abîmé, il ne savait pas trop si tout était forcément recommandés.

« Au départ je pensais t'accompagner à ton entraînement, mais t'as peut-être plus très envie avec les pieds comme ça. »

La question suivante fit s'étirer un mince sourire sur ses lèvres, il baissa les yeux.

« J'comptais te le proposer. »

Comment refuser une pareille demande, Salem se voyait déjà tendrement enlacé dans les bras de son héros. Et puisque les trafiquants ne risquaient pas de revenir - quoique, peut-être, juste pour les embêter - Salem se rapprocha de lui et l'embrassa tendrement. Il resta ensuite contre lui pour patienter, un peu tenté de reprendre ses taquineries là où il les avait laissé et assez vite, il se prit à effleurer du bout des doigts la zone qu'il avait identifié comme sensible, de derrière l'oreille jusqu'au bas du cou.

Réglé comme une horloge, il sortit son portable pour regarder l'heure peu de temps avant que son temps estimé plus les cinq minutes ne soit atteint. Encore cinq minutes après il décida de se lever pour se dégourdir un peu, et trois minutes plus tard, n'y tenant plus, il commença à monter l'escalier de fer, surveillant Adam pour arrêter au moindre signe de désapprobation.

« Je vais regarder si on voit quelque chose d'ici, je pense pas qu'il y ait beaucoup de risques. »

Finalement, il monta, et ne put s'empêcha d'être satisfait d'avoir plus qu'une pièce obscure et poussiéreuse à voir - et un très beau garçon, mais ça ne comptait pas là. Sachant qu'il était aux alentours de midi passé [j'imagine] les travailleurs étaient partis manger et même s'il n'avait pas le meilleur point de vue, il ne vit pas trace des mexicains non plus.

« Ça manque un peu de hauteur, mais y'a pas un chat, ah si, mais juste un chat alors... On attend dix minutes et c'est bon ? »

Oui Salem tentait de négocier, il faut dire qu'il était persuadé d'avoir vu juste, les trafiquants n'étaient plus là. Et puis il lui tardait de revoir son Adam en pleine lumière, et de manger un morceau.

« Ça te dit d'aller au Subway en passant ? »
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