Une journée de plus terminée, ça avait été plutôt une journée calme, juste quelques patrouilles et rien à signaler. Une nouvelle fois, j'ai du faire de mon mieux pour cacher mes pouvoirs. Ça devenait de plus en plus facile, heureusement. Mais souvent, je devais me forcer à ne pas réagir trop brusquement à un son, une odeur. Que c'était dur de vivre dans un monde comme celui ci, où l'on était haïs. Même quand ça allait à peu près, j'avais fait attention à dissimuler mes pouvoirs. Bien m'en avait pris, aujourd'hui j'étais plutôt tranquille.

Je détestais le changement, mais j'avais du en faire un. En ce moment j'habitais à l'hôtel, mon appartement était en travaux. La galère totale, surtout que je n'avais pas pu emporter tout ce que j'aurais voulu, surtout le bon emplacement, pas loin des magasins. Je devais maintenant aller faire des courses loin de chez moi, car même si l'hôtel possédait un restaurant je n'allais pas y manger tous les jours. Il fallait donc que j'aille faire des courses et comme je détestais cela je prenais tout ce que je voulais en une fois.

Cela expliquait le fait que je rentrais avec le coffre rempli de courses. Je n'avais pas le choix, je devais faire les courses en voiture. Comme si j'étais pas assez en voiture dans mon travail... Le soir je ne voulais qu'aller me reposer chez moi ou sortir un peu, pas prendre la voiture pour un aller retour. Enfin, malheureusement, nécessité faisant loi, je devais le faire, bon gré mal gré.

J'arrivais enfin à l'hôtel, ayant une nouvelle fois envie de repartir direct. Mais me raisonnant, je descendis de voiture et commençais à décharger la voiture. Je pris la totalité de mes courses, pour ne faire qu'un seul voyage. Cela faisait que j'étais pas mal prise, mais je comptais sur un certain équilibre pour ne pas tout faire tomber.

Mais malheureusement, traversant le hall, un de mes sacs m'échappa. Jurant mentalement, je posais les trois autres sacs et entrepris de ramasser ce qui était tombé et bien sur s'était éparpillé. J'entendis quelqu'un qui vint m'aider. Relevant la tête, je vis un jeune homme qui ramassais certaines de mes affaires pour m'aider. Rassemblant le tout, je me relevais en lui souriant.

- Merci beaucoup, vous êtes bien le seul à être venu m'aider. Moi c'est Alix, vous êtes aussi à l'hôtel ?

Aimable et reconnaissante, j'avais entrepris de faire plus ample connaissance avec ce garçon. Je fus rassurée de voir que la gentillesse et l'amabilité, même envers des inconnus, ne s'était pas perdus chez les jeunes personnes. Ce qui était malheureusement trop souvent le cas.

Je n'aimais pas faire les courses, malheureusement il fallait bien aller les faire. Comme ce n'était pas à côté de l'hôtel, autant tout faire en une fois. Même si j'étais sure que j'avais oublié quelque chose, on oublie toujours des trucs. Le seul problème c'est qu'on s'en rend compte seulement une fois rentré et surtout quand on en a besoin. Mais bon, vivre à l'hôtel avait cet avantage que selon ce qu'il manquait on avait toujours les moyens de l'avoir.

Enfin, pour l'instant je n'y étais pas encore. Ma seule préoccupation était d'arriver à monter mes courses sans que rien ne finisse par terre. Mission quasi impossible, même si j'étais costaud. On dit que si on pense très fort une chose elle arrivera. C'est comme quand quelqu'un est devant soi et qu'on veut qu'il se retourne. Sauf que c'est souvent une simple coïncidence. C'est pour ça qu'alors que je pensais de toutes mes forces : *Ne tombez pas, ne tombez pas...*, un des sacs m'échappa et il eut la bonne idée de déverser son contenu au sol.

J'eus soudain envie de tout casser et c'est en serrant les dents que je posais mes autres sacs au sol, tout en faisant un effort monstre pour ne pas me transformer. Mon côté animal ressortait, cherchant à se manifester. Certes, j'avais depuis un moment arrêter de me transformer pour un oui ou pour un non, mais c'était dans ce genre de moment que cela revenait. Heureusement, j'avais l'habitude de le combattre, alors je gardais plus ou moins mon sang froid.

Ce fut l'arrivée d'un jeune homme voulant m'aider à ramasser mes affaires qui finit de me calmer. L'instinct de survie, enfin celle des autres, était encrée en moi et cela suffisait largement à faire en sorte de ne pas me laisser aller en sa présence. Il m'aida à rassembler mes affaires et s'inquiéta de leur état. Le tout avec un sourire charmeur. J'ignorais si c'était volontaire ou non, mais cela faisait plaisir.

- Apparemment il n'y a rien de cassé, merci.

Je me présentais ensuite, et finis de ranger les affaires. Après une brève hésitation de sa part, il se présenta à son tour et me dit qu'il était pianiste, à l'hôtel. Cela m'étonna, il semblait jeune pour pouvoir "animer". Enfin, qu'est ce que j'en sais, je ne le connais pas. Pourtant il me proposa de m'aider à porter mes sacs. La question m'étonna un peu vu qu'il avait déjà deux sacs en main. Mais cela était gentil de sa part et je n'avais pas envie de refaire l'expérience.

- Oui je veux bien merci. On va prendre l'ascenseur, mais j'ai pas envie qu'un autre sac tombe.

Là c'était la crise de nerf assurée, me connaissant. Au moins à l'appartement je pouvais à peu près ce que je voulais, alors que là je devais passer inaperçue.

- Non, je préfère manger chez moi. L'hôtel n'est que temporaire, alors je garde mes habitudes. Vous êtes donc pianiste au restaurant, je ne l'aurais pas deviné. Vous devez être doué pour jouer ici ! Vous en faites depuis longtemps ?

Je me dirigeais vers l'ascenseur tout en parlant, autant se mettre à l'aise rapidement, se sera plus pratique pour parler. Je n'avais pas peur de le faire entrer chez moi, je ne serais pas la plus en danger ! Il était gentil et serviable, alors autant lui proposer de boire un coup.

- Vous venez de finir ? Faudra que je vienne vous écouter un de ces soirs.

Pourquoi fallait-il toujours qu'il m'arrive des ennuis, surtout quand je ne le voulais pas ? Le sac ne pouvait-il pas attendre que je sois arrivée dans ma chambre pour se renverser ? C'était trop demander, bien sur. Mais j'eus la présence d'esprit de garder mon calme, ce n'était pas l'endroit pour piquer une crise. Si je devais m'énerver, j'attendrais d'être seule. Pas question de montrer mon pouvoir à tout le monde ici, déjà que j'étais flic, alors mutante...

Heureusement pour moi, j'eus la chance d'être aidée par un jeune homme, charmant et aimable. C'était rare de nos jours que les jeunes s'arrêtent pour aider quelqu'un, c'était plutôt chacun pour soit. Ce fut lui qui en grande partie calma ma colère. Comment pouvais-je prendre le risque de le blesser avec mon pouvoir utilisé sous l'effet de la colère ? Alors je me calmais et pendant qu'il m'aidait, la conversation vint normalement.

Il se proposa de m'aider à monter mes sacs, ce dont je lui étais reconnaissante, je n'avais pas envie que cela recommence. Il me suivit donc jusqu'à l'ascenseur, portant galamment deux de mes sacs. Cela me permit d'assurer ma prise sur les deux que je portais. La crise de nerf étant loin, je repris la parole pendant que nous montions, l'interrogeant sur son métier. Je remarquais qu'il regardais plutôt la porte que moi, mais peut être était-il mal à l'aise dans cet espace clos. Mais pourtant il gardait son sourire.

- C'est peut être pas fatiguant, mais tu travaille quand même beaucoup ! En plus de tes études, faut du courage. Enfin, si tu aimes ça, ce ne doit pas être très embêtant. Mais tu dois être assez fatigué après.

Il me donna ses horaires pour que je puisse venir l'écouter, ce qui serait avec plaisir. J'aimais beaucoup la musique et certains instruments, tel que le piano et le violon, pouvaient me transporter d'émotion. J'adorais écouter jouer de ces instruments alors pouvoir venir l'écouter jouer était une chose fantastique.

- Je viendrais, j'adorerais t'écouter. Et puis comme ça, je pourrais te dire que tu en as réellement du talent. Ainsi tu arrêteras d'en douter !

Moi je n'en doutais pas, comme je l'avais dit, pour qu'il joue dans ce genre d'endroit, il devait en avoir du talent. Cela m'étonnerais qu'ils embauchent des gens juste pour faire plaisir. Mais je ne pouvais pas juger sans l'avoir entendu, ce que je ne manquerais pas de faire. L'ascenseur s'arrêta à mon étage et je me dirigeais vers ma chambre.

- Je suis ici parce que mon appartement est en réparation, alors je suis descendue à l'hôtel. Mais bon, malgré le changement d'habitudes, je n'ai pas à me plaindre du cadre. Surtout que les rumeurs que tu as entendu sont vraies, les chambres sont vraiment très grandes ! Tu vas d'ailleurs pouvoir le constater, on est arrivé.

Je posais les sacs devant la porte et sortis ma carte pour ouvrir la porte. Je récupérais mes sacs et entrais, les posant dans un coin, pour les ranger plus tard. J'aurais le temps, je n'étais pas une grande dormeuse. Je me tournais alors vers lui.

- Poses les sacs dans un coin, je rangerais ça à un autre moment, c'est pas urgent. Installes-toi où tu veux, fais comme chez toi.

Il pouvait voir que la pièce était très spacieuse. Un assez grand lit occupait un bonne partie de la chambre, dans un coin se trouvait une petite cuisine et il y avait un ou deux fauteuils à côté d'une table basse. Il y avait aussi des rangements de toute sortes. Je ne l'avais pas vraiment personnalisée, aucune photos, juste un attrape rêve pendu au-dessus du lit. Je ne croyais pas totalement à ses effets, mais pourquoi pas, en plus c'était joli. Je pris place sur un des fauteuils.

- Alors, pas trop déçu par ce que tu vois ?
Tu m'as dit que tu étais étudiant, mais en quoi, si je peux me permettre.