Laura – ce prénom qui sonnait toujours étrangement à ses oreilles – avait passé une nuit de plus à ne pas vraiment dormir. Heureusement elle était habituée à dormir peu ce qui ne la dérangeait pas trop mais, ces moments étaient toujours douloureux pour son esprit qui cherchait à se focaliser sur la personne qu’elle était, qu’elle ne voulait plus être. Passer du statut de projet arme X à celui d’une personne était beaucoup trop long selon elle. Pourquoi une personne comme elle, qui avait toujours su répondre à ce qu’on demandait elle n’arrivait pas à se faire à cette dernière demande : devenir humaine. Moins d’un an qu’elle s’y attelait dans cet institut et les résultats n’étaient jamais ceux qu’elle espérait. Peut-être trop exigeante, à moins que ce soit son projet qui ne soit pas dans ses cordes. Beaucoup trop douloureux de se remplir de sentiment, de comprendre ce que pouvait être une morale quand on a le passif qu’elle pouvait se trimballer.

Les minutes, les heures, défilaient sur son réveil. Puis : 6h. Ca semblait être un horaire correct pour se lever et descendre dans l’institut. Ce qu’elle fit après elle passer sous l’eau et avoir enfiler une tenue qui allait de son pantalon noir et son débardeur de la même couleur, toujours sombres comme tenues, toujours serrer pour lui faciliter tous ses moindres déplacements. Inconsciemment – ou pas – elle restait X-23 qui devait pouvoir attaquer ou se défendre dans n’importe quelle situation. Affligeant de voir le peu de progrès qu’elle avait fait. Elle repassa dans sa chambre pour prendre un petit tas de feuilles, des cours qu’elle devait étudier et auxquels elle ne comprenait pas grand-chose. Ce n’est pas qu’elle était plus bête que la moyenne mais, chez arme-X, on n’apprend pas des théories sur la géométrie ou des trucs dont elle ne comprenait même pas l’utilité. Et tous ces petits trucs elle en avait pris conscience à son arrivée ici, autant dire qu’elle avait pas mal de retard à rattraper.

En silence, elle fut dans la salle commune à 6h20 avec personne à une heure aussi matinale. Elle s’aménagea un coin de table en étalant des feuilles remplies de trucs et d’autres vides, ainsi qu’un crayon à papier. Elle bénissait cette simple invention avec une gomme de l’autre côté de la pointe qui évitait les énormes rature et de se trimballer avec plusieurs trucs. Son coude gauche sur la table dont la main supportait sa tête, elle se plongea dans un exercice de mathématique. Qu’est-ce qu’on pouvait bien se foutre de savoir qui de Julien ou Mathieu avait mangé le plus de bonbons à la fraises. Sans déconner, se Mathieu lui aurait volé des bonbons que le problème aurait été vite réglé : elle l’aurait assommé dans le meilleur dégât et aurait récupérer le tout. Enigme résolue. Fin de l’histoire. Sauf que, dans son problème, les choses n’étaient pas aussi bien.

Elle griffonna des chiffres, les effaça, en remit d’autre, dessina un Mathieu mort sur le sol avec les bonbons étalés autour de lui. De la pointe de son crayon elle comptait les bonbons qu’elle avait dessinés quand quelqu’un entra dans la pièce. Levant la tête vers cette personne elle vit qu’on ne l’avait pas remarquer. A quoi bon dire quoique ce soit ? Elle retourna à son dessin un peu macabre en essayant de voir la situation de la manière dont elle l’aurait gérer. Après tout, si elle visualisait le truc, elle aurait plus de possibilité de trouver une solution, non ? Sauf qu’au lieu de dessiner des bonbons, elle commençait à mettre un peu de sang… Pour le réalisme. Son dessin avait beau être approximatif, sans être celui d’une personne douée dans ce domaine, il était tout de même compliqué de ne pas voir ce que cela représentait.

Une musique commença et elle releva la tête. Ok, un type était entré, sans se soucier de trouver quelqu’un et avait pris la grande décision de l’empêcher de réfléchir davantage. Cela aurait probablement dû l’énerver un peu mais, au lieu de ça, elle trouvait le son produit quelque apaisant. En fait ça lui rappelait Sarah, sa mère biologique, qui avait tenté une éducation parallèle à celle du projet arme-X pour l’humaniser. C’était passer par un tas de chose comme la musique. Ses pensées étaient, donc, tournées vers Sarah alors que son crayon continuait de griffonner sur le dessin. Le Mathieu qu’elle avait dessiné prenait doucement des airs plus féminins pour avoir des traits approchants de ceux de Sarah.

Penser à cette femme était à la fois une bonne et une mauvaise chose. C’est en partie pour elle que Laura voulait devenir plus « humaine » mais chaque pensée vers elle tournait forcément à cet acte fatal. Quelque part, au fond d’elle, Laura devait savoir que ce n’était pas de sa faute, c’était cette odeur. Une odeur toute spécialement faite pour elle qui, à chaque fois qu’elle la sentait devenait incontrôlable sans laisser la moindre chance à la personne qui la possédait. Une odeur qui avait été disposé sur sa mère, elle avait perdu le contrôle et l’avait tué ne se rendant compte de son acte qu’une fois que Sarah fut agonisante sans aucune chance de s’en sortir. Un acte que Laura ne pouvait considérer autrement que comme « pas de sa faute ». C’était de la sienne et c’était sûrement pour ça que son cerveau avait repris les traits de Mathieu pour en faire une Sarah.

Quand elle s’aperçu de ce fait, sa première réaction fut de prendre la feuille et de la roulée en boule dans un accès de rage avant de relever la tête vers la personne qui avait ravivé ces souvenirs en se mettant devant un piano.

Est-ce que tu pourrais arrêter ?

Il ne l’avait pas vu. Sérieusement ? C’était ça son excuse ? Elle ouvrit la bouche prête à lui dire que l’inverse était difficilement applicable vu son besoin de jouer d’un instrument. Une phrase qui, pourtant, ne passa pas ses lèvres. Rien que le fait d’avoir ouvert la bouche pour dire quelque chose avait été invisible vu que cela s’était fait au moment où le garçon avait baissé les yeux vers le piano. Elle s’était retenue parce que, dans le fond, il n’avait pas à subir sa mauvaise humeur à elle, sous prétexte qu’elle n’était pas capable de faire une croix sur certaines pensées. Et quelque part, au fond d’elle, elle était plutôt fière d’avoir retenue ce qu’elle comptait dire. Peut-être qu’elle avançait, au moins un petit peu…

Assez rapidement, celui qui semblait être un élève, finit par se lever et avancer dans sa direction, les mains dans les poches. Et là, elle était censée faire quoi ? Sourire ? Dire quelque chose ? Se présenter ? Ou sortir sa plus mauvaise tête pour lui demander ce qu’il comptait faire en approchant comme ça ? C’était horrible il y avait une multitude de choix et fallait en choisir un… Mais lequel était le mieux ? Elle opta pour un léger sourire. En réalité elle n’avait pas fait ce choix mais elle appréciait grandement qu’il est stoppé sa progression à une distance raisonnable. Ces histoires d’espaces vitaux étaient quelque chose qui avait une certaine importance pour elle. Ne pas entrer de but en blanc dans son espace vital était s’assurer d’une meilleure humeur. Au moins, elle ne se sentait pas agresser, ce qui permettait à l’autre personne de pouvoir avancer plus si il le désirait par la suite.

Je…

Elle porta un regard à la boulette de papier qu’elle avait fait. Je dessine la manière dont j’ai tué ma mère ? C’était moyen comme réponse. Son regard se perdit une fraction de seconde sur ce bout de papier qui contenait des pensées, finalement, plutôt personnelle mais si il fallait le savoir pour associer ce dessin à son histoire. Elle cligna des yeux dans très léger mouvement de tête avant de relever les yeux vers l’étudiant qu’elle ne connaissait pas.

J’essaye de rattraper un retard de 19 ans sur mes études. – Elle hausse les épaules en désignant sa boulette de papier – Et, apparemment, c’est pas au point.

Passer pour la débile des études qu’elle était ne lui posait aucun problème dans la mesure où s’était la réalité. Et puis Laura n’avait pas vécue dans la société qui entourait tout le monde et n’avait pas cette notion qui consistait à être honteux de ne pas réussir un truc. Sauf quand il s’agissait de mission qu’on avait pu lui donner. Repensant à la manière dont il avait reposé les yeux sur le piano quand elle lui avait demandé d’arrêter, elle prit la décision insensée de s’excuser.

Désolée pour tout à l’heure. C’est juste cette histoire de bonbons volés qui m’énerve un peu mais pas vraiment le fait que tu joues, en fait.

Ce qui n’empêcherait pas Laura de partir si il décidait de jouer à nouveau. Trop de souvenirs qui remontent à la surface n’est jamais une bonne chose. Particulièrement dans son cas. Mais elle ne voyait pas l’intérêt d’interdire quelque chose à une personne bien que, techniquement, s’était un peu son territoire si elle était arrivée la première… Ah non, c’est vrai, un lieu commun. Apparemment dans ce genre d’endroit il n’y a pas de notion de territoire. Du coup, il pouvait faire ce qu’il voulait.

L’étudiant qui était devant elle semblait tiquer un peu sur les 19 ans qu’elle avait à rattraper niveau étude. Ce qu’elle trouvait plutôt étrange parce que, en générale, les gens avaient un sourire moqueur, ou cette sorte de lueur dans les yeux comme si, tout d’un coup, ils se sentaient supérieurs. Lui, il s’en étonna simplement, sans arrière-pensée. Du moins, c’est ce qu’elle pensait parce qu’il allait de soi qu’elle n’était pas douée pour tenter de deviner ce que pouvait penser les gens, ou, encore, de traduire leur expression. Elle eut ce qui pouvait ressembler à un sourire laissant transparaitre une certaine honte à être si en retard par rapport aux autres. Laura se demande même si il convenait, ou non, de répondre à cette exclamation. Était-ce une sorte de question implicite ? Chose qu’elle ne comprenait jamais. C’est fou ce que les gens pouvaient être capable de passer par cinquante chemin différent pour atteindre un but alors qu’il suffit de le demander simplement. Mouais, un tas de choses lui échappait. Ne sachant, donc, pas si il s’agissait d’une question déguisée ou non, elle hocha simplement la tête comme pour confirmer que, oui, elle avait bien dit 19 ans. Parce que, si elle imaginait que c’était une question cachée, elle imagina que cette question était en rapport avec le nombre d’années qu’elle avait donné et non les raisons qui faisaient qu’elle avait tant de retard. Avec elle, si on voulait savoir quelques choses, le mieux étant encore de se montrer explicite.

Ce fut à son tour de s’étonner quand il lui proposa un coup de main, si elle en avait envie. Elle imaginait que ce rôle appartenait seulement aux professeurs de cette école. Est-ce qu’il en était un ? Après tout, certain était jeune, alors pourquoi pas. Plissant légèrement les yeux elle essaya d’évaluer si ce jeune homme pouvait faire partir du corps professoral, ou pas. Elle devrait pourtant le savoir, elle était là depuis un petit moment mais elle était tellement peu accrocher à tout savoir sur tout le monde qu’elle ne s’intéressait guère aux rôles de chacun. Elle allait lui demander quelle matière il enseignait quand il se présenta, en tant qu’étudiant. Une fois de plus, elle avait mal saisi les choses à croire qu’elle ne comprendrait jamais rien quand il s’agissait de personne.

Tu n’es pas professeur ?! Une exclamation qu’elle n’avait pas pu retenir. C’est en s’en rendant compte qu’elle secoua doucement la tête pour se remettre les idées en place et répondre à ce qui semblait être un rituel chez les individus. Laura.

A chaque fois qu’elle prononçait ce prénom, il était toujours tinté de quelque chose inexplicable. Elle ne s’y faisait pas vraiment, ce prénom n’étant pas si vieux que ça, elle avait toujours un peu de mal à la prononcer. D’ailleurs il y avait toujours une fraction de seconde d’hésitation avant de le dire parce que, naturellement, ce n’était pas « Laura » mais « X-23 » qui lui venaient à l’esprit. Sauf que se présenter de cette manière n’était, apparemment, pas très conventionnel. Elle ne répondit pas à ce qu’il avait dit après qu’elle ce soit excusé. Parce que tout ce qui lui venait à l’esprit c’était quelque chose du genre « C’est clair que c’était à toi de vérifier », ce qui ne collait pas avec les excuses qu’elle venait de fournir. Mais n’ayant pas envie de mentir une formule bateau – qu’elle n’était même pas certaine de trouver – elle préféra donc s’abstenir et revenir sur sa proposition d’aide.

J’étais en train de buter sur un problème de math mais… Elle baissa les yeux, a priori un peu honteuse. Enfin, tu vois, c’est un peu gênant parce que je suis presque sûr qu’il n’y a rien de vraiment compliquer là-dedans. Elle tourna la feuille qui contenait son exercice pour lui montrer. Tu vois je trouve ça un peu stupide comme exercice, parce que si le type ne s’était pas fait voler ses bonbons, on n’aurait pas à se poser des questions.

Son niveau d’études à proprement parlé n’était pas vraiment élevée, du coup, elle raisonnait comme une enfant qui se concentrait sur l’histoire plutôt que de voir le problème en lui-même. Pour elle le problème c’est qu’un des deux garçons avait laissé faire l’autre en acceptant qu’il lui vole des bonbons. Elle ne voulait pas savoir combien tel et tel garçon avaient mangé de bonbon mais pourquoi un des deux avaient laissé faire ce vol !

Enfin, je sais pas mais, pourquoi on irait voler les bonbons de quelqu’un, c’est stupide. Encore plus de se laisser faire, non ?

Il ne fallait pas lui en vouloir si elle ne répondait pas au « enchanté » que Douglas avait annoncé. Comment pouvait-on savoir que l’on était enchanté de rencontré une personne sans même la connaitre ? C’était un peu étrange, non ? Ce genre de chose était dans la même catégorie que les embrassades à tout va de tout le monde pour se dire bonjour. Quoique c’était peut-être une manière détournée de mieux saisir l’odeur des gens pour mieux pouvoir les traquer par la suite. Elle se baffa mentalement. Non, les gens normaux ne pensaient pas de cette manière, il allait vraiment falloir qu’elle s’y fasse d’une manière ou d’une autre. Si elle ne répondait pas la même chose que lui, elle s’efforça de sourire par politesse parce que c’était un truc qu’on lui avait appris : quand elle ne savait pas quoi faire ou comment réagir, le mieux à faire était de sourire. Ce qu’elle avait fait à ce moment très précis, un sourire bien large dévoilant ses dents, un peu trop prononcé pour être sincère mais, ça, elle ne le savait pas. Elle mettait en œuvre ce qu’on lui avait appris, rien de plus, rien de moins.

Elle marqua un moment d’arrêt quand il annonça qu’il n’était pas prof, son visage exprimant toute l’incompréhension dont elle était capable. Elle se décida à réagir comme il venait de le faire, quand il avait semblé surpris qu’elle le prenne pour un professeur. Lui avait posé une question pour dire qu’il ne comprenait pas alors, si c’était à son tour à elle d’être étonnée, elle décida de faire comme lui. Pas sous forme de question mais de réponse. C’est comme ça que ça semblait fonctionner, en tout cas.

Tu as proposé de l’aide alors, j’ai pensé que tu étais professeur. En général les élèves... Euh, ce n’est pas qu’ils ne se proposent pas mais… Enfin, pas comme ça.

Elle n’allait quand même pas se plaindre en disant que les élèves perdaient vite patience vu son retard, ou ses questions, sans parler de ceux qui préféraient se moquer de son niveau même si ce n’était pas toujours fait ouvertement. Pourquoi se plaindre ? Elle avait sa fierté et puis savait parfaitement se défendre toute seule. Mais, lui, oui, il avait proposé son aide sans ce regard qui voulait dire que lui comprenait et pas elle. Une première qui l’avait amené à conclure qu’il devait être professeur et non pas un élève. Erreur de sa part, apparemment. Et vu qu’il semblait disposé à l’aider et, elle, à faire des efforts elle lui passa son exercice en lui faisant part de ses interrogations à ce sujet. Elle appréciait d’autant plus son aide parce qu’il ne fit, nullement, preuve de condescendance envers elle.

Elle écoutait ses explications avec un grand soin. Bon, à ce qu’elle comprenait, elle ne s’était pas focalisée sur la bonne question. Elle ne voyait toujours pas l’intérêt de parler de trucs si ça n’avait pas d’importance, cela dit. Apparemment il fallait se concentrer sur le nombre de bonbon et pas sur la manière dont ils avaient atterris quelque part. Cela dit, elle releva vivement la tête vers Douglas quand il expliqua que les personnes normales ne se posaient pas les questions qu’elle pouvait se poser sur cet exercice. Inquiète à ce sujet et, non pas, énervé par ce qu’il venait de dire, elle décida de l’interroger.

Ça veut dire que je ne suis pas normale ?

Ouais, elle était vraiment comme une enfant qui se posait des questions sur ce qu’on lui disait. Elle était tout à fait capable, comme ces même enfants, de partir dans un tas de questions qui commencerait pas « pourquoi » dès qu’on lui donne une réponse à sa précédente question. Le genre de chose à ne plus en finir mais dont chaque parents avaient la patience parce que s’était des enfants. Le problème c’est que physiquement elle n’était pas une enfant et que des parents elle n’en avait pas – enfin, si, elle avait Logan en père involontaire, donc ça ne comptait pas vraiment -, alors faire preuve de patience avec elle, relevait du défi.

Elle hocha la tête quand il demanda s’il pouvait s’asseoir. Et pour prouver que cela ne la dérangeait pas elle repositionna le problème qui était sur une feuille entre les deux chaises, de manière à ce qu’ils puissent voir tous les deux. Il entrait forcément dans son espace vital mais l’avait fait dans les règles et, donc, elle n’y voyait pas d’inconvénient. Reportant son regard sur la feuille, elle décida de reprendre.

Donc, en fait, on s’en fou de savoir comment les bonbons sont arrivés dans telles ou telles mains. Faut juste se concentrer sur eux et leurs nombres, c’est ça ?

Plissant les yeux elle attrapa un crayon et griffonna le nombre de bonbons initial d’une des personnes, puis, plus loin, le nombre de bonbons de l’autre personne. Après, avec des traits elle dessina le parcours des bonbons, de ceux qui avaient été volé par le premier tas. Ensuite elle compta le premier tas, en ajoutant les traits qu’elle avait fait qui désignait les bonbons volés et nota son chiffre en dessous. Puis, elle compta le deuxième tas, son erreur se situa dans le fait qu’elle comptait aussi ceux qui avaient migré de l’autre côté vu qu’elle n’avait pas pensé à les effacer ou les barrer. Relevant un regard interrogatif sur Douglas.

Le premier en à douze, et le deuxième en a 9, c’est ça ?

Bon pour le premier, moins bon pour le deuxième vu qu’elle n’avait pas soustrait les trois bonbons volés…

La jeune mutante apprécia que Douglas ne cherche pas à insister sur le fait qu’elle voulait s’arrêter là concernant les maths. Insister n’aurait pas changé grand-chose vu que sa décision était prise mais, au moins, elle n’avait pas à faire entendre sa décision de manière plus convaincante, ce qui était forcément une bonne chose. Par contre elle aurait peut-être dû jouer sur l’humour après ce qu’elle avait laissé échapper sur ses capacités. Si seulement elle y avait pensé mais, l’humour ne faisait pas vraiment partie de ses qualités. Et, quand, par miracle elle s’y essayait c’était toujours une catastrophe. Elle n’était pas douée pour ça non plus, ou elle n’avait pas trouvé de personne réceptif à l’humour dont elle pouvait faire preuve. En y réfléchissant, elle devrait peut-être essayer avec Logan, quoique ça serait un peu trop étrange de faire de l’humour avec celui qui était biologiquement parlant son père.

Laura n’osait même pas relever les yeux vers Douglas pour pouvoir analyser la réaction qu’il avait lorsqu’elle avait dit savoir tuer de plusieurs manières. Étrangement, dans sa quête à vouloir devenir plus humaine, elle n’avait pas envie de lire de la peur ou de la déception, c’était probablement une forme de lâcheté mais les choses étaient ainsi. Pour tout dire, elle aurait voulu pouvoir creuser un trou et s’y enfoncer aussi profondément que possible pour ne pas avoir à entendre une quelconque réaction qui, selon elle, n’allait pas être des plus agréables. Dans le meilleur des cas, elle risquait juste de l’entendre partir. Dans le pire, il le ferait en criant au monstre… Et c’est probablement pour éviter cela qu’elle avait cherché à se rattraper. Une réaction qui l’étonna mais pas autant que celle de l’élève qui était à côté d’elle. Il n’eut aucune des réactions qu’elle avait pu imaginer et, pourtant, elle avait toujours été entrainée pour évaluer toutes les possibilités d’une situation.

Un peu étonnée, un sourcil légèrement haussé, elle posa son regard sur Douglas. Il semblait sous-entendre que, comme il l’aidait en math, elle pouvait – devait ? – l’aider. Le tout, pour elle, était de savoir si c’était un devoir ou si elle avait le choix. C’était le genre de genre de chose qu’elle n’arrivait pas à savoir chez les gens, la différence entre une demande et une obligation était parfois fine et les choses pouvaient être amener de façon à ce qu’une demande ne vous donne aucune possibilité de refuser, ce qui revenait à un ordre. Mais Douglas ajouta très vite qu’elle n’était obligé à rien et, si elle avait affichée un air un peu septique, celui disparu très vite pour afficher un sourire. C’est fou ce qu’elle pouvait avoir du mal quand elle avait l’impression qu’on ne lui laissait pas le choix mais, là, ce n’était pas le cas et elle ne put s’empêcher de sourire parce qu’on lui demandait de l’aide… A elle ! Laura avait toujours imaginé devoir tout apprendre des autres mais rien avoir à apporter. Douglas lui donnait la sensation du contraire.

Non mais, enfin, si je peux t’aider, je veux bien. Euh… Juste je n’ai jamais fait ce genre de chose alors je ne suis peut-être pas très douée en pédagogie.

Maîtriser un sujet et l’expliquer à quelqu’un étaient différent mais, il avait essayé pour elle et elle avait envie de faire la même chose pour lui. Un court instant elle observa ce jeune homme qu’elle avait manqué de faire partir parce qu’il avait décidé de jouer du piano alors qu’elle essayait de travailler. Et, en y réfléchissant, elle était bien contente qu’il n’est pas simplement prit la porte. Elle ne savait pas pourquoi il était resté, pourquoi il avait proposé son aide pour ce problème de math mais elle devait bien avouée qu’elle l’avait probablement mal jugé. Oui, elle le trouvait différent des autres mais elle ne trouvait pas que c’était une mauvaise chose, bien au contraire. Elle ne savait pas vraiment ce que c’était que t’apprécier une personne mais, ça commençait probablement de cette manière. Enfin, elle l’imaginait parce que ce n’était pas vraiment le domaine où elle excellait.

Elle avait sûrement beaucoup à apprendre de lui, et pas seulement avec les maths. En fait, juste de discuter lui apportait certaine chose comme le fait qu’elle finit par se rendre compte qu’elle devait paraitre étrange à parler par des « vous » en désignant les gens, comme si elle ne s’incluait pas dedans. Chose qu’elle n’aurait pas remarqué si Douglas ne lui avait pas fait la réflexion. D’ailleurs, elle s’empressa de secouer la tête de manière négative.

Promis, je ne suis pas une extra-terrestre. Je m’exprime assez mal, en fait. C’est juste que, comment dire, en fait j’ai été élevé selon des règles assez stricte ou tout sentiment quel qu’il soit n’avait pas sa place. Du coup, j’ai du mal à m’inclure parce que je trouve qu’en règle général vous êtes très régit par des émotions. C’est sûrement ce qui me surprend le plus chez vous. Tout à l’air scrupuleusement régit par ce que pensent les autres, ce qui fait que les gens se donnent des apparences. Et les actions sont rarement faites dans une pure logique mais sous le coup d’émotion, ce qui rend très compliqué la compréhension de quelqu’un.

Elle ne savait pas vraiment comment expliquer ce qu’elle pensait, c’était assez difficile à décrire. Pour ce qui était de la façon dont elle avait été élevée ce n’était pas une envie particulière de le dévoiler mais elle ne voyait pas comment expliquer son point de vue sans l’expliquer.

Et toi, c'est quoi ton excuse pour avoir du mal à t'intégrer ?

La crainte que pouvait avoir Laura vis-à-vis de sa pédagogie était normale. Les gens ont une fâcheuse tendance à expliquer ou à apprendre les choses de la manière dont, eux même, on apprit. Hors dans le cas de Laura, l’apprentissage qui consistait à savoir se défendre et se battre s’était fait de manière plutôt violente. Un mauvais pas et elle le sentait passer très rapidement, sans parler qu’elle était un punching-ball étant donné sa capacité à se régénérer. Quoiqu’il en soit c’était une méthode qu’elle n’avait pas envie de reproduire, bien que très efficace, quand on se fait taper dessus après une erreur, on apprend très vite à faire les choses de la meilleure façon qu’il soit. Et se calquer sur la manière des profs de l’institut était compliqué dans la mesure où aucun n’employait la même méthode. Bref, elle doutait, parce qu’elle ne connaissait pas méthode d’apprentissage qui permettait d’éviter une certaine convalescence. Et, il allait de soi, qu’elle n’avait pas la moindre envie de blesser qui que ce soit. Enfin… Si y a bien un ou deux qu’elle aurait bien envie de voir dans le fond d’un lit de l’infirmerie mais, pour le moment, Douglas ne semblait absolument pas faire partit de ces personnes.

Bien que ce dernier tenta de la rassurer, elle se demanda une courte seconde comment elle devait prendre le fait que, pour lui, les maths étaient si faciles. Ayant pour fâcheuse habitude de tout le temps se sentir agressé, elle se demanda si cette phrase était une façon de relever qu’elle n’était même pas capable de comprendre quelque chose qui était, selon les termes de Douglas, « tellement simple ». Mais cette pseudo agression verbale qu’elle s’était imaginée fini par s’évanouir aussi vite qu’elle était venue. Après tout, se défendre, se battre, était quelque chose de simple – dans une certaine mesure – pour elle aussi, chacun avait ses points forts et ses points faibles. Ni plus, ni moins. Elle comprit, donc, qu’il n’était pas en train de la juger mais, bel et bien, en train de la rassurer en se donnant comme exemple. Ce qui fait que, sans savoir s’il allait être comprit, il avait tout de même essayé de lui expliquer son problème de math et avait réussi. Peut-être qu’il en serait de même pour elle, la seule façon de savoir était d’essayer.

Alors, j’essayerais… Enfin, quand tu voudras.

Elle était, finalement, plutôt motivée à tenter l’expérience mais ne voulait pas le forcer à quoique ce soit. Si quelqu’un était capable de ne pas lui en vouloir si elle échouait, il y avait de grande chance que ce soit celui qui n’avait pas eu le moindre sourire moqueur depuis le début de cette conversation. Et puis, elle serait fixée sur ses capacités à apprendre quelque chose ou non.

Par la suite, Douglas sembla surprit par ce qu’elle pouvait dire. Ce qu’elle ignora c’était les raisons pour lesquelles il avait cette réaction. Était-ce parce qu’elle avait vécue dans une sorte de bulle qui faisait qu’elle ne comprenait rien aux personnes, ou était-ce parce qu’elle ne comprenait rien au gens et qu’il se retrouvait là-dedans ? Peut-être un peu des deux ? La réponse qu’il apporta à la dernière question de Laura semblait dire que c’était parce qu’il se retrouvait dans le fait de ne pas comprendre ce surplus d’émotion chez les gens. Elle était bien d’accord sur le fait que c’était plus compliqué que les maths. Elle avait beau avoir du mal dans cette matière, les réponses restaient toujours logiques même si elle ne possédait pas cette logique. Les gens, c’était tout le contraire, rien de logique n’émanait d’eux. S’en était presque flippant. Elle fut néanmoins intriguée par les raisons qui faisaient que Douglas ne comprenait pas toujours les personnes qui semblait l’entourer depuis toujours. Après tout, les gens de l’institut et les gens qui se trouvaient dehors, c’était la même chose.

Même si elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il n’arrivait pas à comprendre les gens, elle en était contente. Une pensée que bien vite elle regretta en se disant qu’il était probablement très égoïste de se réjouir de ce que quelqu’un ne sait pas faire, juste pour avoir l’impression de ne pas être seule. D’un autre côté c’est réellement ce qu’elle ressentait et elle se demandait si elle devait s’en vouloir ou non. Mais elle ne poussa pas plus loin son raisonnement car son regard se posa sur Douglas qui semblait un peu honteux de ne pas avoir une excuse meilleure que celle qu’il venait de donner. Laura haussa légèrement un sourcil ne comprenant pas ce sentiment de honte qui se traduisait dans sa voix.

Je ne sais pas vraiment si y a de bonnes ou de mauvaises excuses. C’est peut être juste un truc de compatibilité entre les personnes. Elle haussa les épaules. Enfin je ne sais pas, j’suis tout aussi nulle en psychologie humaine.

Et la liste de ce dont elle était nulle ne pouvait que s’allonger de manière très facile. Enfin l’essentiel, ce qu’il fallait comprendre, c’est qu’il n’y avait pas de raison de s’en vouloir de ne pas avoir de bonne excuse. Après tout la sienne n’était peut-être pas si bien que ça non plus, elle avait eu une mère qui avait tenté de lui apprendre les notions essentielles de la vie, et ce n’est pas pour ça qu’elle avait tout comprit. Les gens étaient peut-être socialement compatibles ou non, dès le départ. Qu’est-ce qu’elle en savait.

Et puis, ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose que ça. Enfin, je veux dire, qu’on voit les choses différemment, ce qui peut être compatible d'une certaine manière. Ce qu’elle ignorait c’est : qui cherchait-elle à convaincre en disant ce genre de chose ? En tout cas je suis contente que t’es du mal avec les gens. Se rendant compte de se qu’elle venait de dire elle secoua vivement les mains en s’empourprant un peu. Enfin pas que je suis contente que t’es du mal avec les gens mais, tu vois, je me sans moins… Euh… Bizarre. Elle se sentait un peu stupide de dire ce genre de chose alors, le seul truc qu’elle trouva pour tenter un changement de sujet fut sûrement la question la plus banale que l’on pouvait poser dans cet institut. Et sinon, c’est quoi ton pouvoir ?

Si elle avait le pouvoir de se frapper mentalement, c’est sûrement à ce moment qu’elle l’aurait fait… Pas qu’une fois.

Laura ne pensait pas que sa proposition serait acceptée aussi rapidement, et encore moins qu’elle puisse être applicable dans la journée. Du coup, elle se sentit un peu stupide et un peu perdue l’espace d’une courte seconde. Quand on proposait de l’aide à une personne, est-ce que cela signifiait qu’on devait honorer sa proposition dans la journée, ou est-ce que cela pouvait s’étaler dans le temps ? Heureusement que Douglas donna un semblant de réponse à cette question muette qu’elle se posait, en proposant un autre jour. Plissant légèrement les yeux elle passa en revue son planning de la journée pour savoir comment elle pouvait s’organiser.

A 16h, si tu veux. Je commence les cours plus tôt, donc, ça va être un peu compliqué pour ce matin. Mais j’ai rien de prévu après 16h.

Ce n’est pas comme si elle avait une vie sociale intense avec tout un tas de rendez-vous ou d’activité avec d’autres personnes de l’institut. Aller se défouler dans une salle d’entrainement aurait, de toute manière, fait partit de son emploi du temps en fin de journée alors lui proposer cet horaire-là à Douglas ne bousculerait pas son emploi du temps. En y pensant c’était un peu étrange de se dire que pour la première fois elle allait faire entrer quelqu’un dans ce qu’elle appelait « sa bulle de défoulement ». Parce que, au final, s’entrainer était surtout pour elle une façon de se défouler tout en gardant ses acquis.

Pour ce qui était de son incapacité à comprendre les gens, Douglas donna un exemple très concret des choses qu’elle ne comprenait pas. Dire que la psychologie était, pour lui, du chinois était une expression tout à fait étrange pour Laura qui avait une fâcheuse tendance à prendre tout au pied de la lettre. Elle cherchait le rapport entre la psychologie et le chinois : cette discipline était-elle dans cette langue ? Le mieux était peut-être de ne pas chercher à comprendre la signification de cette phrase pour ne pas avoir l’air encore plus stupide que ce qu’elle était. Alors, en guise de réponse, elle fit ce qu’on lui avait appris à faire : sourire de manière un peu trop débile, même si elle ne s’en rendait pas vraiment compte. Finalement le changement de sujet n’était pas une mauvaise chose, bien qu’elle aurait dû poser une autre question que celle des pouvoirs.

De manière parfaitement stratégique il était toujours très intéressant de savoir le pouvoir d’une personne, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver et, dans le cas où cette personne devienne ennemi un jour, savoir de quoi elle était capable était une bonne chose. C’est avec un certain intérêt qu’elle écoutait la réponse de Douglas, comprenant un peu mieux pourquoi il pouvait trouver les maths faciles. Il avait probablement une disposition à ce genre de matière mais son pouvoir, si elle avait tout comprit, devait particulièrement aider à comprendre encore mieux. Un pouvoir qu’arme X aurait probablement apprécié parce qu’il pouvait se montrer très utile, ne serait-ce que pour décrypter des codes, en mission, il devait franchement être utile. Laura s’en voulu presque automatiquement de penser à un pouvoir en terme d’utilité en mission. Elle était dans une école, le but n’était pas de penser de cette manière.

Carrément cool, avec un truc comme ça, j’aurais sûrement moins de mal à rattraper mon retard en cours.

Ca n’avait l’air de rien comme phrase mais elle en était heureuse parce qu’elle avait su trouver une utilité au pouvoir de Douglas qui n’est aucun rapport avec une mission quelconque. Là où elle regrettait sa question c’est quand cette dernière fut retournée contre elle. Si elle trouvait que savoir le pouvoir des gens était utile en cas de confrontation, elle trouvait forcément que c’était une mauvaise chose de dévoiler le sien. Une excuse peut crédible étant donné que dans cette école on apprenait à contrôler son pouvoir, du coup, le sien n’était pas forcément un secret. Ce qu’elle aimait le moins en dévoilant son pouvoir c’est qu’il était très similaire à celui de Logan et qu’elle n’avait aucune envie qu’on puisse faire le lien entre lui et elle. Si, au début, elle avait cherché une solution pour se détourner de la question elle avait fini par se dire que c’était complètement stupide. Si les deux devaient s’entrainer ensemble, il finirait bien par comprendre ce qu’elle pouvait faire. Autant le dire directement.

J’ai, euh… Des griffes qui sortent de mes mains. Bin, pour te donner une idée, c’est un peu comme Logan, un des profs de l’institut.

Elle se disait qu’en donnant elle-même la ressemblance de pouvoir entre Logan et elle, ça paraissait moins suspect. En même temps c’était probablement un peu parano de sa part car, il existait beaucoup de personne avec le même pouvoir. A la limite la seule chose qui pouvait paraitre étrange était que, tous les deux, avaient des griffes recouvert d’adamantium, ce qui n’était pas une mutation en soit… Encore fallait-il le savoir. Regardant l’heure, elle finit par reprendre assez rapidement.

Par contre, je vais devoir y aller, je commence les cours plutôt que toi.

Elle reprit ses cours, laissant sans le vouloir la boulette de papier qu’elle avait fait avec son dessin un peu macabre. Le tout sous le bras, elle se releva pour s'apprêter à sortir.

Un jour, il faudrait que quelqu’un lui explique que le sourire qu’elle faisait à chaque fois qu’elle ne comprenait pas était parfaitement débile et trop forcé pour être naturel. Comment pouvait-elle le deviner ? A aucun moment elle n’avait eu l’idée de se mettre devant un miroir pour essayer plusieurs formes de sourire. Déjà que le sourire de base et naturel n’était pas quelque chose de courant chez elle, c’était difficile de savoir comment en faire un pour de faux. Et comme personne ne lui disait rien, et bien elle continuait avec son sourire de parfaite blonde, toutes dents dehors et tellement forcé que ça se voyait comme un nez au milieu de la figure. Peu engageant comme façon de faire…

Douglas finit par confirmer que son pouvoir était bien utile dans certaine matière mais, à aucun moment, Laura se demandait si en fait il était peu doué et, simplement aidé par son pouvoir. La question ne se posait pas parce que même si c’était le cas, ça ne changeait rien au résultat. Pour la mutation était quelque chose qui faisait partit des gens au même titre que le quotient intellectuel. S’il n’était doué qu’avec son pouvoir, cela importait peu vu que, dans les faits, il était quand même doué. Et, dans la mesure où un pouvoir demandait à être maitriser, même si c’était lui qui aidait Douglas dans ses cours, ça voulait dire qu’il était doué dans cette maitrise. Bref elle n’avait aucun jugement de valeur à émettre à ce niveau-là.

Un pouvoir combattif qui correspondait à ses compétences. Elle laissa paraitre un sourire tinté d’un peu de tristesse, sans imaginé laisser transparaitre ce sentiment. Dans son cas on ne pouvait pas dire que son pouvoir correspondait à sa personnalité. Son pouvoir et sa personnalité avaient été façonné de manière à ce que les deux aillent parfaitement ensemble. Rien de très glorieux là-dedans. Elle ne le voyait pas vraiment comme un compliment mais imaginait que Douglas avait dit cela dans une bonne intention, ce qui l’empêcha de relever quoique ce soit. Elle se reprit en moins d’une seconde pour ne pas montrer quoique ce soit de ce qu’elle pouvait penser de cette adéquation.

L’heure avançait et ça l’arrangeait bien pour ne pas avoir à s’enfoncer dans cette discussion concernant les pouvoirs. Sujet qui, pourtant, avait été lancé par elle. Y a vraiment des fois où fallait qu’elle songe à réfléchir avant de parler, sérieusement ! Bref, le fait qu’elle retrouve Douglas à 16h fut à nouveau confirmé par la dernière phrase qu’il lâcha alors qu’elle venait d’annoncer son départ.

On se retrouve devant la salle d’entrainement. A toute’

Cours sous les bras, elle quitta la pièce. Elle n’aura fait que quelques pas avant d’entendre les sons légers émis par le piano, se doutant du coup que Douglas était revenu à ce qu’il était venu faire avant qu’elle ne lui demande d’arrêter. Finalement elle s’en voulait un peu de l’avoir empêché de jouer parce qu’il n’avait pas l’air bien méchant. Mais, d’un autre côté, elle était contente de l’avoir fait stoppé, ça avait débouché sur un cours et, potentiellement, un autre qu’elle animerait pour la première fois. Une expérience qui l’inquiétait un peu, doutant de ses capacités mais qu’elle était contente d’essayer. Après tout c’était un pas vers la socialisation, non ?

Des pensées qui finirent par la quitter quand elle commença son premier cours, bien trop concentrer sur ce qui se passait en classe pour tenter de suivre. Si elle voulait se mettre à niveau elle n’avait pas intérêt à se mettre à penser à plein de chose à la fois. Cependant, étrangement, l’air que jouait Douglas lui resta dans la tête pendant un bon moment sans qu’elle ne sache réellement pourquoi.