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 Polymétis (Salem)

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Adam Tenseï

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MessageSujet: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyVen 14 Déc - 20:07

Ah, Martha O. — l’une des stratèges préférées du Parti Démocrate, l’une des terreurs des Républicains, l’amie des industriels comme des journalistes, le dragon de son équipe et l’ange des associations charitables. La veille, à dix heures, Adam avait retrouvé sa supérieure à la mairie de New-York et sa supérieure l’avait conduit dans le bureau du maire de New-York et là, elle lui avait annoncé son intention de devenir Sénatrice — avec l’appui d’un autre ténor politique, son bon ami le maire.

Adam avait accueilli la nouvelle avec son flegme habituel et demandé, avec toute la politesse et le tact dont il était capable, deux qualités qui se développaient considérablement chez lui depuis qu’il était devenu un professionnel de la politique, ce qu’il faisait dans ce bureau et pourquoi on informait le chargé de mission sport & urbanisme des projets électoraux de deux grandes pointures du Parti.

Ce à quoi Martha avait répondu avec une circonspection redoutable :


— Vous êtes un esprit brillant, Adam.
— … Merci.
— Mais vous n’êtes pas vraiment doué avec les gens.
— Hmm.
— Je veux dire par là que vous n’êtes pas exactement fait pour les relations publiques.
— Non.
— Je veux faire de vous un stratège politique. Vous savez en quoi ça consiste ?
— Oui. Dans les grandes lignes.


Et ainsi Adam Tenseï avait obtenu un nouveau poste — un nouveau titre — et de nouvelles fonctions. Tout cela était pour l’heure plus ou moins officieux : les informations étaient distillées à la presse, afin de susciter l’intérêt, mais l’annonce officielle attendrait quelques semaines, peut-être plusieurs mois. Pour l’heure, Martha réunissait son équipe, savamment composée d’esprits nouveaux, prometteurs et, surtout, sans autre attache partisane, et de vieux roublards de la politique.

Elle avait griffonné une heure et une adresse sur le dos de l’une de ses cartes de visite et la lui avait tendue.


— Je vous ai programmé un premier rendez-vous. C’est quelqu’un que j’envisage pour les relations à la presse. Un jeune diplômé de Yale, en sciences politiques. Son nom m’échappe présentement, mais enfin, vous verrez, vous me direz ce que vous en pensez. Notre future directrice de la communication est à Los Angeles jusqu’à la fin de la semaine, elle n’a pas le temps de s’occuper de cela.

Et donc, Adam se retrouvait assis à la terrasse d’un café, dans le centre culturel de la ville, l’après-midi, à lire des documents, toujours des documents, encore des documents, en attendant que son mystérieux rendez-vous se présentât. Toutes ces opérations étaient entourées d’un certain mystère, pour que ni la frange la plus conservatrice du Parti Démocrate, opposée à Martha O., ni la presse spécialisée, ne fussent au courant.

Depuis cette étrange réunion dans le bureau du maire de New-York, qui avait presque réussi à inquiéter Adam plus que la perspective de rencontrer sa future belle-famille, comme il l’avait confié, le soir, à Salem, en tentant d’empêcher Hoover de tyranniser Harper Lee (alias le peureux, qui était une peureuse), le jeune homme faisait son possible pour rattraper ses lacunes, qu’il estimait considérables, en matière d’opérations de communication, de sondages et de stratégies politiques, peu convaincu pour sa part qu’un esprit brillant suffisait à atteindre le même niveau que ceux qui avaient passé cinq ans à étudier le droit ou qui avaient grandi dans une famille de politiciens.

Son rendez-vous était en retard. Adam jetait de temps à autre un regard sur sa montre. Il avait dit à Salem de le rejoindre à dix-sept heures trente, pour qu’ils pussent visiter des appartements qu’il y avait dans le quartier, ce qui, en théorie, lui eût laissé deux heures pour discuter avec ce peut-être futur secrétaire de presse — qui était en retard d’une heure déjà. Soudain, une voix familière le tira de sa lecture.


— Adam ?

Adam leva les yeux et faillait sentir son flegme l’abandonner. Devant lui se tenait Ulysses — plus beau et plus souriant que jamais. Ses cheveux dorés légèrement ondulés, son visage fin mais non dénué de caractère, ses yeux d’un vert profond et envoûtant, son sourire parfait, son corps musclé, ses vêtements élégants, son parfum discret mais précis — Ulysses, le gendre idéal. L’Asiatique resta silencieux quelques secondes et finit par bafouiller :

— Je… J’croyais que tu étais…

Une terrible et douloureuse opération de déduction était en train de se mettre en place dans son esprit.

— …à Yale…
— Oui ! Je viens rencontrer quelqu’un. Un conseiller stratégique du Parti Démocrate, pour mon emploi.


Adam avait la très vague impression que le destin se moquait systématiquement de lui. Il rassembla ses documents et, tentant d’adopter l’air le plus dégagé possible, il sortit sa toute nouvelle carte de visite et la tendit à son ancien amant.

— C’est moi.

Aussitôt, Ulysses captura Adam d’un regard profond et admiratif, comme si l’Asiatique avait été la Septième Merveille du Monde et le seul à exister dans l’univers entier.

— Tu as toujours été si doué…
— Assieds-toi, on va discuter.


Il ne fallut que trois minutes trente secondes et dix centièmes à Ulysses pour déployer tout son esprit, toute sa culture, tout son charme et tout son humour, pour évoquer avec un style de caricaturiste ses anciens professeurs à Yale, vanter en des termes émouvants les idéaux du Parti Démocrate, établir, des étoiles plein les yeux, des projets pour la future campagne — et Adam devait se rendre à l’évidence : c’était un candidat hors compétition, pour le poste de secrétaire de presse.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptySam 15 Déc - 12:53

Avoir une famille, ça prend décidément du temps, Salem commençait à bien s'en rendre compte, entre les chatons qui ne manquaient pas d'énergie et son fiancé lui aussi en grande forme. La nuit fut un peu courte, les câlins entre Adam et lui durèrent un moment et Hawk – Salem avait décidé que le pyromane devait avoir un nom de super-héros, mais dans Hawkman, y'a man, ce qui ne le faisait pas trop pour un chat, Hawkcat, ça sonnait pas vraiment bien (le terrible chat-faucon?) et Hancock, c'était un peu moyen – s’aperçut aux alentours de trois heures du matin que l'un de ses papas avait des trucs vraiment marrant dans les oreilles et se mit à jouer avec à coups de pattes et de dents. Après avoir tenté plusieurs fois de le mettre dans son panier et de retourner au lit – ce que, bien sûr, Hawk trouva très amusant – Salem opta pour une technique de câlin-écrasement en le coinçant contre lui avec son bras pour l'empêcher de gigoter. Salem put ensuite se rendormir malgré les ronronnements de ce terroriste en puissance, jusqu'à ce qu'Hoover vienne demander la grâce présidentielle en lui léchant la joue.

Comme à chaque fois qu'il passait une mauvaise nuit, Salem partit donc pour être au radar toute la journée. Ce qui, bien sûr, amusa beaucoup Brad, qui passa une bonne partie de la journée à émettre de hypothèses plus ou moins farfelues sur tout ce qu'Adam avait pu lui faire. Et la soirée ne s'annonçait pas vraiment reposante puisque directement après le travail, il devait rejoindre Adam pour visiter des appartements, puis contacter un vétérinaire, réparer les toutes bêtises que les petits devaient être en train de faire pendant leur absence, préparer leur week-end à Boston, se préparer mentalement au repas chez les Tenseï, trouver des cadeaux de noël, tenter de comprendre quelque chose aux logarithmes népérien... Tout un programme.

La tête bien endolorie, il descendit du bus à l'arrêt pas loin du parc de leur premier rendez-vous, pour se rendre à ce centre culturel qu'il n'avait pas trouvé à l'époque, et qu'il ne trouva pas cette fois non plus. Après avoir un peu tourné en rond et prit un bon quart d'heure de retard, il repéra finalement l'endroit, ou plutôt il repéra Adam.

Adam assit à une terrasse, avec un homme.

Bon, son compagnon lui avait dit qu'il avait rendez-vous dans le coin avec un potentiel conseiller-presse-il-ne-savait-quoi et que c'était d'ailleurs pour ça qu'ils devaient se retrouver ici. Mais pour Salem, tous les gens travaillant dans la politique était forcément vieux et moches, à part Adam et Barack Obama, bien sûr. Alors c'était quoi ce type très blond, très bien foutu, très souriant, très bavard, très... Mais c'est qu'il dévorait Adam des yeux, en plus ! Si Salem n'avait pas su qu'ils parlaient – normalement – de politique, il aurait pensé qu'ils étaient en plein rencard. Il hésita un peu sur la meilleure attitude à adopter, après tout, Adam était en plein boulot – normalement – aussi il n'était sans doute pas très correct d'aller les interrompre. Si le candidat au poste presse avait été vieux et transpirant, il se serait contenté de signaler sa présence avec un petit sms et d'aller attendre quelque part, c'était sans doute la meilleure chose à faire.

D'un autre côté, ils avaient rendez-vous il y a plus de deux heures. Ça fait long, pour un simple entretien, très long même. Puis, c'est qu'il n'arrêtait pas de lui parler, l'autre, et puis sa façon de regarder Adam comme s'il voulait lui hurler à quel point il le trouvait beau, c'était vraiment dérangeant. Mais en même temps, Adam était magnifique, pas étonnant qu'il veuille en profiter, et il lui était fidèle, c'était certain, Salem avait confiance en lui.

D'un autre côté, le bellâtre était quand même super bien foutu aussi, il avait des dents impeccables, et l'air intelligent, plus que lui, en tout cas. Et puis, forcément, il était démocrate, et il devait s'y connaître en politique, pouvoir donner une opinion et la défendre avec des vrais arguments, ce genre de choses.

« Hey, désolé je suis un peu en retard, enfin, je vois que t'as pas fini... Je dérange pas, j’espère ? »

En un instant, Salem était sortit de nulle part – à croire qu'il avait appris quelques trucs aux côtés d'Anya – et prit une chaise vide à une table voisine pour s'asseoir près d'eux, ou plutôt, près d'Adam, très près même, de quoi laisser penser que leur proximité allait bien au-delà de ça. Il détailla un peu plus le jeune homme et fut désolé de constater qu'il était encore plus beau de près. Celui-ci le scruta aussi, en s'attardant sur ses tatouages, ses machins dans les oreilles, sa tenue un peu négligée, puisqu'il sortait du travail, et son sac de collégien.

« Bonsoir, vous êtes... ? »
« Son fiancé....... Heu, pardon, Salem, Salem Jeremiah Cordova... Tenseï. »

De toute évidence, cette présentation avait envoyé une bonne décharge d'électricité dans l'air, le bellâtre avait perdu de son bagou, ce qui confirma à Salem qu'il avait des vues son son fiancé. Après quoi il continua de fixer le blondin en tentant de découvrir si ses yeux ne pouvait pas tuer de temps à autre. La tension était palpable.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptySam 15 Déc - 17:02

Adam essayait de ne pas trop regarder Ulysses dans les yeux. C’était difficile, parce que cela revenait un peu à visiter le Louvres sans observer les tableaux, mais enfin, il ne tenait pas vraiment à se rappeler de la place que le jeune homme occupait dans son classement des plus beaux mâles du monde (et qu’il occupait dans le classement des plus beaux mâles du monde d’à peu près toutes les personnes douées d’un peu de sens esthétique qui l’avaient un jour rencontré).

Ce n’était pas qu’il craignît de céder à la tentation. Ulysses était beau, il était charmant, il était drôle, intelligent, cultivé, il était une espèce d’improbable perfection sortie tout droit d’un monde où aucun travail physique n’avait abîmé ses mains et où le sens des relations sociales était un héritage familial — tout cela était indubitable. Et sans doute, Ulysses était quelqu’un de bien, fondamentalement un chic type, mais qui serait toujours, irréductiblement étranger, incapable de comprendre ce que lui, Adam, vivait et incapable de l’aimer de la façon dont le faisait Salem.

Malgré tout, Adam, dont la propension à se sentir coupable était peut-être plus surnaturelle que sa capacité à prédire le futur et revoir le passé, était prêt à se reprocher la moindre ombre d’une petite pensée. Il se sentait déjà mal à l’aise quand son regard s’égarait par inadvertance sur une publicité pour parfum où un mannequin faisait jouer ses muscles sur dix mètres carrés, dans la rue, alors reconnaître qu’Ulysses était, objectivement, un appel à la luxure et comprendre que ce n’était pas si grave que cela relevait de la mission impossible.

Adam, donc, s’en tenait aux questions qu’il avait préparées. Opinions politiques, commentaires sur la ligne du Parti, analyse des derniers résultats électoraux, situations hypothétiques, relevé des relations avec la presse, ce genre de choses. Naturellement, Ulysses avait toutes les bonnes réponses : parce que, pour ainsi dire, il était né dans le Parti Démocrate, parce que son père y jouait encore un rôle majeur, parce qu’il avait étudié à Yale, parce qu’il était talentueux.

L’Asiatique n’était pas certain de la manière de se tirer de ce mauvais pas. Il se voyait très mal travailler quotidiennement avec l’homme qui avait failli l’épouser et il ne trouvait pas de raisons d’émettre à son égard un avis négatif. Tout sentiment mis à part, Ulysses était le secrétaire de presse qu’il fallait à la campagne de Martha et donner un avis contraire constituerait une trahison et une faute professionnelle tout à la fois.

Très occupé à prendre dix fois plus de notes qu’il n’était nécessaire pour pouvoir garder les yeux fixés sur ses papiers et à éviter toute apparence d’une conversation privée, détournant chaque remarque personnelle d’Ulysses vers un sujet politique et général, Adam en avait oublié de vérifier l’heure et n’avait pas pensé que le retard pris par son ancien amant avait approché l’heure où son nouvel amant surgirait.

Et Salem surgit. Adam releva soudain les yeux vers lui — moitié angoissé, moitié soulagé par sa présence. Tout cela devenait soudainement très compliqué mais, à tout prendre, il préférait que Salem fût là pour lui servir de rempart contre la machine de guerre qu’était Ulysses en matière de séduction. La présentation de Salem acheva le peu qu’il restait d’enthousiasme et un long silence s’en suivit.

Adam n’avait pas vraiment de reproches à faire à Ulysses. Leur séparation avait été fondée, pour une fois, sur quelque chose d’aussi indescriptible mais d’aussi profond qu’une incompatibilité de caractère. Mais il continuait à tenir le jeune homme en haute estime et il savait pertinemment que les quelques mots de Salem avait broyé quelque chose dans ce cœur qui se paraît de son éloquence, de son aisance et de son charme pour ne pas se révéler, exactement comme lui-même se cachait derrière sa froideur et son flegme. Adam posa les yeux sur Salem et, d’une voix incertaine, murmura :


— Salem, c’est…

Le futur secrétaire de presse le coupa et, d’une voix aussi détendue que possible (quoique même lui ne parvînt pas à donner illusion), se présenta :

— Je suis Ulysses James Starfield. Je suis…

Il eut une légère hésitation mais, comme il était un jeune homme galant, qu’il n’était pas certain qu’Adam eût parlé de lui à Salem et qu’il ne voulait pas attirer d’ennui à l’Asiatique, il poursuivit en des termes très généraux :

— …un vieil ami d’Adam. Et un camarade de Parti. Un futur collègue, peut-être.

Adam poussa un soupir et, habitué à ne pas feindre d’ignorer l’éléphant dans la pièce, déclara :

— C’est le Ulysses dont je t’ai parlé, Salem.

Le sourire forcé du jeune diplômé s’évanouit et, avec une tristesse dans laquelle n’entrait pas la moindre once d’amertume, Ulysses commenta, en posant son regard captivant dans celui de Salem :

— Oui, vous avez été plus talentueux que moi, il faut croire.
— Ulysses…
— Finalement, c’est très juste, ce que dit Spinoza, dans le troisième livre de L’Ethique
— Dis pas ça.


Le Démocrate haussa les épaules, jeta un regard à fendre le cœur à Adam, qui ne savait plus trop où se mettre, et reporta son attention sur Salem, soucieux de mesurer l’ampleur de sa douleur, de remuer le couteau dans sa propre plaie et d’en apprendre plus sur celui qui lui avait volé (en gros) l’homme de sa vie.

— Et donc, vous vous êtes rencontrés comment ? Vous faites de la politique, aussi ?

Certes, à en juger par les tatouages et l’allure générale, Ulysses voyait plutôt en Salem un militant de quartier, très éloigné des sphères du pouvoir, un ancien drogué peut-être, ou bien alors un repris de justice. Mais s’il avait vécu avec Adam une relation tissée d’incompréhensions, l’Asiatique lui avait au moins démontré que les apparences étaient parfois (mais rarement) trompeuses.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptySam 15 Déc - 21:48

Salem abandonna son regard de tueur – loin d'être du niveau des regards glaçants d'Adam, de toute façon – dès qu'il entendit le prénom du bellâtre. Il eut un fugace espoir de n'être pas tombé sur le Ulysses, mais sur un homonyme dont les caractéristiques correspondaient parfaitement à ce qu'il avait pu entendre. Malheureusement, ce n'est pas ce soir que sa vie deviendrait plus simple, Adam anticipa la question qu'il n'aurait pas osé poser, c'était bien lui. Une sensation indescriptible s'empara de Salem, la rivalité, d'abord, non pas qu'il craignait que le blondin lui vole son homme, il l'avait rejeté bien avant qu'ils ne se rencontrent et semblait ne pas avoir de regrets vis-à-vis de ça, la veille même Adam lui avait affirmé qu'il était mille fois mieux que son ex.

Ce qui amena naturellement Salem à se demander sur quels critères le devin s'était basé pour dire ça. Bien sûr, il ne pouvait jurer de rien alors qu'il venait tout juste de rencontrer ce garçon mais tout de même, Ulysses était beau – un peu trop, même – il semblait gentil et correct et puis surtout, il avait l'air de faire partie du même monde qu'Adam, au moins pour ce qui était de la culture et des centres d'intérêts, un peu comme lui et ses amis, en somme. Rien à voir avec Salem. Mais le pire dans tout ça, c'était que la réaction d'Ulysses ne lui laissait même pas de prises pour se délester un peu de tout ça. Adam avait parfois eut droit à quelques belles gueulantes de Salem, l’adolescent ayant fréquemment ce genre de réactions lorsqu'il se sentait blessé, coincé ou dans une situation qu'il ne savait pas comment gérer et cette fois-ci, il aurait bien aimé en pousser une, insulter le blondin, renverser la table et partir en courant. Ça n'aurait servis à rien, mais il se serait senti un peu mieux, il était prêt à sauter sur le moindre petit mot de travers, quitte à se perdre en excuse ensuite.

Mais ce mot-là ne venait pas, Ulysses était plus que correct et se contentait juste d'être immensément triste. Cela mit Salem un peu mal à l'aise, il regretta de ne pas s'être contenté d'envoyer un sms et de s'être tenu très loin des deux anciens amants.

« Talentueux… j'crois pas… »

Objectivement, Salem était persuadé d'avoir beaucoup moins de talents qu'Ulysses, il était de toute évidence beaucoup plus intelligent et cultivé que lui. Il se remit à chercher ce qui avait pu pousser Adam à prendre un virage aussi radical en matière de garçons, jusqu'à ce qu'une question lui soit directement adressée.

« De la politique ? Non j'ai… réparé sa voiture… »

Salem se passa une main dans les cheveux, si son faible revenu l'embêtait un peu maintenant qu'il avait pleins de projets avec Adam, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu honte de son niveau d'étude et du métier qui en découlait. L'écart entre leur deux mondes ne cessait de se creuser.

« Je travaille comme mécanicien dans un garage pas loin des docks alors Orckmann, Diderot et les autres, c'est pas trop mon domaine… »

Il haussa piteusement les épaules, il avait beau chercher, il ne voyait pas ce qui pourrait épater le futur monsieur presse du parti démocrate. À tout hasard, il tenta.

« J'fais du basket aussi, je suis plutôt bon. »

D'un autre coté, vu la carrure du jeune homme, il ne devait pas être mauvais en sport non plus, Salem était largement moins musclé que lui. Donc même dans ce domaine-là, la différence était flagrante. Lui qui avait en général une bonne image de lui-même qui lui conférait pas mal de confiance en soi sentit tout cela s'effriter peu à peu devant cette perfection qui avait forcément plu à Adam, puisqu'ils avaient faillis se marier. Alors Salem fit ce que, sans aucuns doutes, Ulysses n'aurait jamais osé faire, il tourna son regard perdu vers Adam.

« Je comprends pas, pourquoi tu… ? »

La question se perdit dans sa gorge, il n'était pas sûr de vouloir savoir pourquoi Adam l'avait choisis lui, il avait cru comprendre que c'était de toute façon quelque chose de très subjectifs, dans les rares informations qu'Adam avait donner, et dans tous les cas le moment était mal choisit pour en parler puisque son rival était juste sous leur nez. Pourtant, il ne put s'empêcher d'ajouter.

« Je suis pas intelligent, j'ai rien de tout ça… »

Il désigna Ulysses d'un signe de tête comme s'il était la personnification même de ce tout ça dont il parlait. Son regard se baissa tandis qu'il promenait ses doigts sur son menton d'un air complètement déstabilisé.
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptySam 15 Déc - 22:21

Adam commençait à avoir un peu peur. Pour Salem. Il fallait bien reconnaître que, jusqu’à présent, le jeu des présentations avait été un peu biaisé — parce qu’Adam avait au moins deux vies. Il avait présenté à Salem Eigon et Anne, si toutefois la rencontre éphémère et mouvementée pouvait constituer une présentation, mais de son autre existence, des gens qu’il avait rencontrés au fil de son parcours au sein du Parti Démocrate, depuis ses seize ans, il n’avait rien livré.

Ce n’était pas qu’il eût honte de Salem. Simplement, il supposait que son ami n’avait aucune envie de se retrouver dans une soirée où l’on ne parlerait que de politique, avec des références obscures et des allusions hermétiques à qui n’avaient pas vécu de l’intérieur, en moins en tant que simple militant, les trois dernières campagnes électorales. L’Asiatique ne tenait pas à imposer à Salem le calvaire de la marginalité.

Il n’était d’ailleurs pas très sûr de la manière dont l’adolescent réagirait. Il le savait sûr de lui, en général — dans son milieu. Transplanté hors de son cercle d’amis, plongé dans les salons feutrés des clubs, Adam n’était pas certain que Salem se sentît à son aise. Et justement, Ulysses était la vivante incarnation de ce monde ; c’était un homme d’Etat, un vrai, un politicien qui avait tout ensemble le goût du pouvoir et le goût du service, l’envie d’aider le pays et d’endosser les responsabilités.

Son nom lui allait parfaitement ; comme le héros de l’épopée, il réservait ses ruses pour ses ennemis et se tenait fidèlement aux côtés de ses amis. Il y avait chez Ulysses une perfection morale qui mettait Adam mal à l’aise ; le monde était trop simple pour son ancien amant, les parcours trop aisés, et il manquait indubitablement au brillant jeune homme non pas l’idée, mais la sensation de ce qu’était l’existence véritable de millions et de millions de personnes — celles à qui il manquait soit la richesse, soit la beauté, soit l’intelligence, soit toutes ces choses à la fois.

Mais ces défauts n’étaient que le revers d’admirables qualités, à peine des défauts peut-être, et il fallait connaître Ulysses comme Adam le connaissait pour les saisir. Le devin en avait parfaitement conscience : pour un observateur extérieur, Ulysses était la surface mobile et séduisante sur laquelle il était aisé de projeter tous ses fantasmes. Il avait trop souvent senti l’effet écrasant de cette domination involontaire pour ne pas craindre celui qu’elle aurait sur son fiancé.

Il faillit presque reprocher à Ulysses d’être si compréhensif — de ne pas faire une scène, de ne pas faciliter les choses en les inscrivant dans un scénario familier, où chacun aurait su quoi faire, la manière de se fâcher, les mots à prononcer. Au lieu de cela, la réaction du jeune homme, sincèrement triste, authentiquement diplomatique, leur ôtait le choix et de la colère, et de l’hypocrisie.

Le ton d’humilité instinctive adopté par Salem fendit le cœur de son compagnon. Adam avait un peu l’impression de se voir, quelques années plus tôt, en train de s’excuser presque d’exister, de n’avoir pas fait les choses comme il faut, après une énième soirée parfaitement organisée, parfaitement romantique, où Ulysses avait été parfaitement beau, parfaitement drôle et parfaitement attentionné.

Adam ne voyait qu’une seule solution : la fuite. Il avait arrêté son avis purement professionnel sur la candidature de son ancien amant et il ne voyait aucune raison de s’éterniser sur cette terrasse. Ils allaient partir et il passerait le reste de la soirée à réparer ce que cinq minutes avec Ulysses aurait cassé chez Salem, sans être tout à fait parvenu à recoller les morceaux de son être brisé par des mois de relations avec ce soleil brûlant. Mais son compagnon paraissait avoir une toute autre vision de leur stratégie commune. Adam écarquilla les yeux (l’équivalent d’une attaque cardiaque) en entendant Salem poser ces questions juste devant Ulysses, qui détournait pudiquement le regard.


— Salem… J’m’en fiche. C’est pas… J’sais pas, c’est pas un examen scolaire. C’pas la question…

De la même manière qu’Adam, la veille, n’avait pas tenu à imposer à Salem l’éloge d’Ulysses, le jeune homme ne tenait pas à faire l’étalage de ses sentiments pour son fiancé à celui qu’il avait rejeté et dont il avait brisé le cœur. Du reste, Ulysses, comme tout malheureux plongé dans les tourments, se chargeait très bien lui-même d’enfoncer les clous.

— Tu sais, Salem… excuse-moi si je te tutoie, mais bon… Tu sais, Adam ne m’a jamais aimé.
— Ulysses…
— Non, mais c’est vrai. Je ne dis pas que tu m’as détesté, quoique parfois, ce ne fût pas très loin, je dis simplement que tu n’as pas été amoureux. Tu as toujours trouvé, comment dire ?


Ulysses prit une profonde inspiration, pour refouler une vague de larmes, et, avec un sourire triste qui eût fait fondre d’amour des salles de cinéma entières dans n’importe quel film, il reprit :

— Que je vivais dans une tour dorée. Que j’étais étouffant. Et c’est vrai. Je suis enfermé dans mon monde, je ne suis pas comme toi. Je suis un bourgeois, je reste dans ma classe. Les oppresseurs ne peuvent pas ne pas oppresser.
— Mais comment tu peux être aussi compréhensif ? Pourquoi tu dois toujours être compréhensif ?


Adam avait parlé sans réfléchir, et avec une soudaineté un peu brutale, blessée, qui n’avait rien à voir ni avec l’inquiétude tourmentée qu’il faisait voir dans ses disputes avec Salem, ni avec la froideur glacial qu’il opposait parfois aux contrariétés. C’était, de toute évidence, l’effet Ulysses. Dans un murmure, pour ne pas être surveillé par les tables voisines, le politicien répliqua :

— Et tu voudrais que je fasse quoi, Adam ? Que je sois un salaud ?
— Oui, parfois, j’aimerais bien que tu sois un salaud.
— C’est ridicule. Tu es illogique.
— Mais les gens sont illogiques, Ulysses. Les vrais gens ne sont pas… Ne sont pas calmes et raisonnables et prévenants tout le temps.
— Donc je ne suis pas une vraie personne, c’est ça ? Un pur produit de classe ? Ou j’sais pas, une publicité pour le Rotary Club ?
— J’ai pas dit ça. Sois pas méprisant.
— Moi j’suis méprisant ? C’est toi qui me force à me replier sur mes positions.
— Bien sûr, c’est jamais ta faute. Et le pire c’est que c’est vrai. C’est jamais ta faute.
— Mais j’veux bien prendre la responsabilité. Les reproches. Je demandais que ça, Adam, que tu me fasses des reproches. Plutôt que tu t’en ailles du jour en lendemain.


De toute évidence, la partie purement professionnelle de l’entretien était achevée.


Dernière édition par Adam Tenseï le Dim 16 Déc - 11:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 11:02

S'il y avait un effet Adam – légèrement glaçant – et un effet Ulysses, la tournure que prit la conversation était sans doute due à un effet Salem. Il n'avait fallu que deux petites phrases de l'adolescent pour que les deux futurs collègues – ça promet – redeviennent deux anciens amants avec beaucoup, beaucoup de choses sur le cœur. Salem se fit tout petit sur sa chaise tandis que la discussion dégénérait graduellement – tout en restant quand même raisonnable, c'était une dispute de couple de politiciens, ce qui changeait quand même un certain nombre de choses.

Du coup, pour une fois, Salem était celui qui gardait le mieux la tête froide, il suivit l'échange comme si c'était un match de ping-pong, son esprit prenant peu à peu la mesure de ce qui les avait conduit droit dans le mur. Finalement, son regard que des nuages noirs avait un peu assombrit se fixa sur Ulysses, il ne lui paraissait finalement plus si parfait que ça.

« C'est pas la faute d'Adam… »

Salem s'était dépêché de répondre avant que son ami n'ait trouvé quelques choses à dire à la dernière réplique de Mr Propre.

« Tu attendais qu'il te fasse des reproches ? Tu plaisantes ? T'as pas arrêté de l'accuser de tout en cinq minutes. Si vraiment tu étais de ceux qui savent se remettre en question, tu ne dirais pas qu'Adam ne t'as jamais aimé, on dirait que c'est un monstre quand tu sors ça comme ça. Tu veux me faire croire que t'as passé je sais pas combien de temps avec, que tu l'as demandé en mariage, et qu'il te détestait ? Et puis c'est quoi, cette histoire de bourgeoisie ? Je vois pas en quoi c'est une excuse. Tout ce que je constate, moi, c'est que tu te protèges tout en lui en mettant plein la gueule. Ta soi-disant bourgeoisie n'a rien à voir là-dedans, tu es juste… distant.
Mais tu as bien fait d'en profiter, Adam se reproche déjà tout, tout seul, ça ne devait pas être très difficile d'enfoncer un peu le clou et de se libérer de tous les torts. Sauf que maintenant, c'est mon mec, tu vois, c'est moi qui vais devoir recoller les morceaux quand t'auras fini de le persuader qu'il n'est qu'un enfoiré. Alors, tu arrêtes ça tout de suite
»

Non mais c'est vrai quoi (oui, même l'auteur s'emporte, c'est ça, la passion brûlante du rp), c'est qu'il fallait le voir, le bellâtre, il ne m'a jamais aimé!, j'étais étouffant, enfermé dans mon monde, et il faudrait en plus que je sois un salaud ? Ô cruel!. Oui, ça ressemblait à du théâtre, ou à un jeu de politicien bien briefé, mais finalement tout ça n'étais qu'un habile moyen d'être la victime de l'histoire, et de faire culpabiliser Adam encore et encore. Face à cet émouvant jeu de l'ange blessé, la modération d'Adam et ses reproches en demi-teinte lui faisait tord. C'était la verve de Rousseau contre la douceur de Marion (ah… les cours de français du collège…).

Cependant entre les deux, Salem prenait la défense du devin, pas simplement parce qu'ils étaient fiancés, mais parce qu'il avait vu en Ulysses l'une des causes de son mal-être. Si Adam était si persuadé d'être un moins que rien, voire quelqu'un de nocif pour son entourage, ce n'était pas seulement parce qu'il se voyait tuer des gens ou s'en prenait à des criminels potentiels qui, peut-être, n'auraient rien fait, c'était aussi parce que cet abruti l'en avait convaincu. Ce n'était pas quelque chose qu'il lui pardonnerait.

Bon, que dire de l'ambiance autour de la table après ça, c'était plus ou moins comme un champ de ruine après la guerre. Ulysses n'essayait même pas de retenir les quelques larmes qui coulaient sur ses joues, Adam n'avait pas meilleure mine. Salem, lui, ne savait pas s'il devait s'excuser auprès celui qu'Adam et lui avait anéanti, rager contre ce type qui avait certainement rendu son homme malheureux et continuait de le détruire, ou s'en vouloir de ne pas avoir le tact et la beauté d'un ange. Tout ça venait en même temps sans qu'il ne trouve d'issue, ou alors, une seule.

« Heu… On devrait peut-être y aller… »

Il regarda Adam d'un air presque suppliant, s'éterniser ici n'apporterait rien de bon, à personne.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 11:51

Adam avait ouvert la bouche, pour répliquer à nouveau, ce qui sans doute eût provoqué une réponse d’Ulysses et le débat, qui n’était de toute évidence que la répétition d’un autre débat plus ancien, eût continué pendant des heures peut-être. Il était une étroite imbrication de différences sociales, de névroses psychologiques, de mauvaise foi, d’incompréhensions mutuelles, de principes inaltérables, d’incompatibilité de caractère, un concentré de solitude et d’amertume humaine.

Mais Salem était plus rapide. Adam ferma la bouche, le regard vert d’Ulysses passa de son ancien amant au nouvel amant de cet ancien amant et l’ancien couple infernal se mit à écouter avec une croissante sidération l’analyse de l’adolescent. L’Asiatique n’était pas certain que Salem eût parfaitement raison, mais il était certain qu’il n’avait pas tout à fait tort, et cet éclairage nouveau jeté sur sa psychologie le perturbait un peu. C’était deux choses très différentes que d’entendre Salem lui expliquer qu’il n’avait rien à reprocher et de l’entendre l’expliquer à un tiers de manière plus construite.

Ulysses de son côté, qui était certes la cause d’une partie des tourments d’Adam mais loin d’en être le volontaire responsable, se contentait de pleurer silencieusement et avec grâce (comme il faisait toute chose), trop irréprochable bien entendu pour s’énerver à son tour, renverser la table et cogner Salem pour lui apprendre à réduire une relation longue et complexe à ces propos assassins. C’était que son monde réglé, policé, ne l’avait pas habitué à ce qu’il ressentait comme une brutalité de la part d’un inconnu.

Salem avait fini de parler. Un silence s’était abattu sur la table. Chacun évitait de regarder les deux autres. Adam était à la fois flatté que son fiancé eût ainsi pris sa défense, perturbé par les analyses de Salem et un peu choqué par la virulence de l’adolescent. Ulysses se contentait, beaucoup plus simplement, d’être dévasté. Dans la rue, le vent faisait rouler des fétus de paille tandis que les cow-boys et les prostituées du saloon se réfugiaient sous les porches. Les chevaux étaient agités.

La voix de Salem qui émergea un nouveau dans le silence fit naitre un frisson chez les deux anciens amants. Adam hocha silencieusement la tête, en évitant de croiser le regard tant de son fiancé que de son ex-futur fiancé et se mit à rassembler ses affaires pendant qu’Ulysses ravalait ses larmes en regardant les gens passer dans la rue. L’Asiatique posa quelques billets pour régler les consommations et se leva avec Salem.


— Adam ?

Les yeux noirs du stratège nouvellement intronisé se posèrent sur l’ange déchu, qui vint les chercher des siens.

— Est-ce que ça veut dire que tu me détestes ?

La question avait été posée avec une naïveté presque enfantine, comme un petit garçon que ses parents auraient grondé après une bêtise et qui s’inquiète de savoir s’il en est toujours aimé. Sous la façade fissurée du politicien et de l’expert de la parole apparaissait une incertitude touchante, beaucoup plus authentique, perdue face à la réalité qui ne correspondait à aucun de ses modèles.

Avec douceur et tristesse, Adam murmura :


— Non, Ulysses. Bien sûr que non. Personne te déteste.
— Moi, si.


Adam baissa les yeux en triturant la fermeture de son sac à dos. De voix embarrassée, il répondit :

— On t’appellera pour le poste.

Les paupières de l’ange se refermèrent pour refouler de nouvelles larmes et il hocha la tête, avant de répondre de la voix la plus dégagée possible :

— D’accord. Très bien. Merci.

Adam s’éloigna de la terrasse en compagnie de Salem, incapable de supporter plus longtemps la présence d’Ulysses, et la tristesse d’Ulysses, non seulement du gendre idéal, du compagnon parfait, du politicien talentueux, du fantasme ambulant que constituait son ancien amant, mais du petit enfant blessé qui se réfugiait derrière ces perfections et dont les paroles, échappées, rejetaient l’Asiatique dans les affres de la culpabilité.

La terrasse avait disparue depuis longtemps derrière eux, et Ulysses avec elle, ils s’étaient mis à chercher l’adresse des appartements dont Adam avait récupéré les clefs pour la visite, mais pas un mot n’était sorti de la bouche de l’Asiatique ni un regard de ses yeux. Le discours de Salem repassait en boucle dans son esprit, ce discours à la fois protecteur et violent, qui le mettait aussi mal à l’aise qu’il le rassurait.

Ils s’arrêtèrent finalement devant un immeuble et Adam murmura d’une voix un peu rauque :


— C’est là.

Il sortit une clé de sa poche et un morceau de papier où était griffonné le code de l’entrée, puis ils pénétrèrent dans le hall, rentrèrent dans l’ascenseur qui se mit à monter, avec une lenteur prodigieuse selon Adam, jusqu’au douzième et dernier étage où se trouvait le fameux appartement, vide depuis quelques mois, mais que le propriétaire venait tout juste de mettre à la location, après avoir calculé les bénéfices d’une vente éventuelle.

Alors que les numéros défilaient sur l’écran digital, Adam songea pour la première fois que Salem supposait peut-être qu’il avait menti. Qu’il avait su dès le début que c’était Ulysses qu’il rencontrerait ce jour-là et qu’il lui avait caché l’identité de son rendez-vous. Peut-être cette conviction expliquait-elle en partie la verve vindicative dont son compagnon avait fait preuve ?

Plusieurs fois, le jeune homme essaya de reprendre la parole, mais les mots semblaient encombrer sa gorge sans parvenir à sortir. Il parvint après le sixième étage à murmurer :


— Je t’assure que je savais pas que c’était lui, le rendez-vous. Si je l’avais su, je te l’aurais dit. Et si ça a duré si tard, c’est qu’il est arrivé en retard. On a parlé exclusivement du travail.

Douzième étage — les portes étaient ouvertes.
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 15:09

Salem avait été rude, il s'en rendait parfaitement compte, mais cette fois-ci fut pire que toutes les autres. Il n'y avait pas qu'Adam qu'il avait tenté de protéger dans son discours, mais aussi lui-même. Si Ulysses était resté dans sa tour d'ivoire alors qu'il savait peut-être que c'était ce qui détruisait leur couple, Salem, lui, était prêt à faire des efforts pour évoluer si cela pouvait le rapprocher d'Adam. Mais rencontrer cet individu beaucoup trop bien fait lui jeta au visage toutes ses imperfections, et confirmait qu'il n'avait pas les ressources pour espérer atteindre un jour le niveau de son amant. Bien sûr, ce n'était pas une compétition, mais enfin, être sans arrêt moins bon n'était pas vraiment une situation confortable pour lui.

Dans le silence qui retombait, Salem prit conscience qu'il n'y avait pas que par le milieu social ou les aptitudes que lui et l'ex presque fiancé d'Adam étaient radicalement opposés. Alors qu'Ulysses n'avait pas eu un mot plus haut que l'autre, il lui était tombé dessus et l'avait démoli en règle. Ils faisaient un beau trio, lorsqu'il y avait un problème, Adam s'auto-flagellait, Ulysse se cachait derrière sa bourgeoisie et Salem faisait sonner les trompettes de l'apocalypse.

Comme après chacune de ses crises, il regrettait son attitude, son esprit lui rappelait que ses conclusions étaient sans doute loin d'être très justes, qu'il ne pouvait pas juger de leur relation en quelques minutes d'échange et qu'il n'était de toute façon pas assez impartial pour ça. Et puis bien sûr, l'attitude d'Ulysses n'était pas là pour arranger le bilan, ses larmes, son air soudainement, profondément humain, authentiquement dévasté, lui fit mal au cœur. Salem se sentit plus cruel et coupable que jamais – le coup de l'ange blessé, c'est quand même redoutable, même si les paroles de Salem auraient broyées n'importe qui.

Il voulut s'excuser pour sa virulence, dire que ses paroles avaient dépassées sa pensée et qu'il ne fallait pas prendre tout ça au pied de la lettre, mais craignit de faire encore plus de dégâts. Il resta donc silencieux tandis qu'Adam parlait, et n'ouvrit pas non plus la bouche sur le chemin de l'appartement. Maintenant qu'Ulysses était loin, Salem se mit à s'inquiéter des répercussions de cette conversation sur son compagnon. Autant parce qu'il devait certainement se sentir coupable pour Ulysses que parce que Salem était loin de s'être montré sous son meilleur jour.

Alors qu'ils arrivaient au douzième, Salem médita les quelques paroles d'Adam. Tout ça avait vraiment jeté un froid, il se demanda un instant si son compagnon lui expliquait ces choses par peur que la foudre lui tombe maintenant dessus, ou si c'était juste pour le rassurer, il baissa les yeux.

« Je sais bien que tu me l'aurait dit, j'te fais confiance, rassure-toi … J'suis désolé pour ce que j'ai dis tout à l'heure. »

Il se passa une main dans les cheveux et s'appuya contre le mur en regardant les mains d'Adam ouvrirent la porte de leur possible futur appartement.

« C'est quelqu'un de bien, Ulysses, ça se voit, il a l'air vraiment incroyable. Bon, j'aimais pas trop sa façon de se poser en victime et de te bouffer des yeux mais surtout… j'me suis senti menacé… juste un tout petit peu, je crois. C'était puéril de réagir comme ça. »

Puéril ou pas, il eut quand même une moue boudeuse.

« Vous allez travailler ensemble ? »

Rien que pour ça, il aurait aimé avoir les aptitudes d'Ulysses, dire qu'un type aussi irréprochable et aussi amoureux allait peut-être travailler avec son fiancé tous les jours s'ajoutait aux nombreuses raisons qui expliquait l'envie qu'avait Salem de le casser en deux. Il essaya de garder loin dans son esprit ce genre de pulsion qui n'arrangerait pas ses affaires et se consacra plutôt à la visite. Laissant Adam observer le salon pour faire le tour de toutes les pièces à la suite. Son sens de l'observation était beaucoup trop aiguisé et rapide pour qu'il ait la patience d'attendre que son compagnon ait fini de parcourir une pièce et passe à l'autre. Heureusement, il ne lui fallut que très peu de temps pour revenir, visiblement satisfait.

« La surface habitable correspond à ce qui était dit dans l'annonce, pour une fois, l'isolation à l'air bonne, j'ai pas vu un seul cafard, donc tu devrais pas avoir de crise cardiaque ce coup-ci. Heu… la douche est bien, y'a deux carreaux fissurés dans la cuisine, mais c'est dans les coins, ça se voit pas beaucoup, faudra quand même pas oublié de le dire. Par contre, dans la chambre, c'est de la moquette, avec les poils de chats, ça va être terrible, mais je le mets quand même dans le top 3. »

Comme à chaque visite, il noya Adam sous ses analyses tout en souriant à l'idée que leur meubles – ceux qu'ils allaient devoir acheter – seront peut-être bientôt là. Cette visite était tout de même moins drôle que celles où le propriétaire des lieux était présent pour entendre ce gamin relever en un seul coup d’œil tous les défauts de leur appartement. Mais enfin, au moins, ils pouvaient discuter librement. Alors que Salem avait ouvert une fenêtre pour observer la vue, les souvenirs de la conversation avec Ulysses lui revinrent.

« Vous vous étiez installés ensemble, Ulysses et toi? »

Salem faisait mine d'observer la rue douze étages plus bas pour ne pas avoir à regarder Adam. Il n'osait pas révéler à quel point cette rencontre l'avait troublé et l'inquiétait, et chercha donc à savoir jusqu'où leur relation était allé dans l'espoir de se rassurer un peu.
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 16:04

Adam n’était pas certain de se faire confiance, lui, et il lui semblait que les précisions apportées l’avaient été autant pour prévenir une éventuelle jalousie de Salem, que les derniers propos de l’adolescent, à la terrasse du café, laissaient assez prévoir, que pour se convaincre lui-même qu’il n’avait pas commis la moindre faute. Pourtant, il avait vu Ulysses, il n’avait pas pu s’empêcher de le trouver beau et charmant, et que ces qualités fussent objectives, reconnaissables par n’importe qui, n’apaisaient en rien ses doutes.

Et puis, il y avait eu les souvenirs. Il lui avait été impossible de revoir sans Ulysses sans songer à cette vie passée qu’il avait eue près de lui. Sans doute l’intervention de Salem avait-elle tourné sa mémoire vers les passages les moins glorieux de cette existence, mais l’heure qu’il l’avait précédée avait évoqué en Adam des moments agréables et son petit esprit torturé considérait désormais que tout plaisir pris avant de rencontrer Salem était une forme de trahison.

Accessoirement, le discours de l’adolescent lui avait donné l’impression d’être un parfait idiot qui s’était fait manipuler pendant des mois, un être faible et veule, incapable de voir clair dans le jeu du bel Ulysses ou, tout du moins, un névropathe. Plus il y réfléchissait, plus il se demandait si Salem ne voyait pas en lui un esprit malade, dépourvu de la moindre lucidité et de la moindre consistance. Alors quand Salem s’excusa, la réponse d’Adam fut très lin d’être appuyée par le ton de la conviction :


— C’est pas grave… C’était pas important… Ça peut arriver…

Il avait murmuré ces mots un peu comme un automate, en s’y reprenant à plusieurs fois pour ouvrir la porte, mais enfin ils pénétraient dans l’appartement — la visite, espérait l’Asiatique, apportait une distraction qui permettrait de chasser leur discussion dans l’obscurité des choses auxquelles il n’avait aucune envie de penser (et auxquelles, par conséquent, il ne cessait de réfléchir).

Il fallait bien avouer que Salem s’ingéniait à appuyer sur les problèmes. Adam, qui était en train de pousser machinalement du pied une plinthe pour en tester l’adhésion au mur, se figea en entendant la nouvelle question de l’adolescent. Il haussa les épaules pour se donner un air dégagé, qui ne faisait pas le moins du monde illusion.


— J’sais pas. Peut-être. C’est objectivement la personne qu’il faut. Mais il aura sans doute plus très envie, maintenant que tu…

Maintenant qu’il l’avait réduit en bouillie. Adam ne termina pas sa phrase.

— De toute façon, c’est pas moi qui décide. On verra bien.

A nouveau, il avait donné l’impression de chercher à s’excuser. A vrai dire, il n’avait aucune envie de passer des heures avec Ulysses tous les jours, à prendre la mesure de sa propre médiocrité, à ressasser le passé à demi-mots, à tenter de ne pas le trouver beau ni amusant. Il commença à se demander si c’était une raison suffisante de démissionner, si Salem lui en voudrait de démissionner à cause d’Ulysses, si Salem trouvait vraiment qu’il était dépourvu d’envergure et de volonté.

Le cœur serré, Adam arpentait sans enthousiasme l’appartement. Comme à l’ordinaire, Salem faisait un tour rapide au cours duquel il collectait plus de données que l’Asiatique n’en aurait jamais en vivant sur place pendant des années. De toute façon, il s’était approché de la fenêtre sous prétexte de découvrir la vue et restait absorbé dans une vague contemplation du paysage urbain. Il se sentait faible et méprisable. Ulysses l’avait fait paraître faible et méprisable aux yeux de Salem. Et il avait été cruel avec Ulysses. En somme, cette journée qui devait sceller son ascension sociale était une catastrophe.

Machinalement, le jeune homme hocha la tête en entendant le rapport de Salem, mais les mots ne s’imprimaient pas dans son esprit. L’appartement désert, dépourvu de meubles, imposait une atmosphère fantomatique et mélancolique qui était loin de favoriser son humeur. Adam se recula pour laisser Salem ouvrir la fenêtre.

Au moins, la nouvelle question de l’adolescent était facile.


— Non, jamais. Des fois, on passait quelques jours de suite ensemble, mais pas beaucoup plus. On avait un peu de mal à se supporter en permanence, je crois.

La conversation sur la terrasse avait été un échantillon des interminables disputes qui les avaient déchirés. Adam resta silencieux un moment avant de préciser, songeusement :

— J’me suis jamais installé avec personne sauf avec toi. J’ai jamais eu envie non plus.

Le jeune homme laissa échapper un soupir puis posa une main sur l’épaule de son fiancé et murmura :

— Bouge pas, j’vais voir le reste.

Adam s’éloigna pour visiter les autres pièces de l’appartement, tentant de profiter de ces quelques moments de solitude pour faire le vide dans son esprit, sans trop savoir s’y prendre. Le discours de Salem ne cessait de revenir dans ses pensées, invariablement accompagné par l’air dévasté d’Ulysses. Il avait l’impression qu’il y avait là quelque chose de grave qui lui échappait.

Après de longues minutes, il revint dans le salon, se glissa derrière son amant et, passant les bras autour de sa taille, referma les mains sur son ventre.


— Je t’aime.

Cela, au moins, c’était simple et absolument dépourvu de la moindre ambiguïté. Il déposa un baiser sur la nuque de Salem et reprit :

— J’ai peur que tu ais honte de moi, tu sais. Que tu me trouves faible. Parce que je suis sorti avec des types que tu aimes pas. Parce que tu estimes que je me suis laissé avoir. Ulysses, il est… Compliqué. Il est pas méchant, tu sais. Il se rend juste pas compte. Mais t’avais raison quand même. C’est en partie à cause de lui que je me sens toujours nul. J’aimerais bien être comme lui, pour toi, tu sais. Parfait.

Puis, d’une toute petite voix, il murmura :

— T’es en colère contre moi ?

Et se révélait incidemment une autre part du problème — la propension d’Adam à se soumettre maladivement au garçon qui partageait son existence, à en craindre le courroux comme celui d’un dieu capricieux. Et c’était une peur pour laquelle Ulysses n’avait aucune part de responsabilité, dont il avait jadis hérité comme Salem en héritait désormais.

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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 18:32

Salem hocha la tête lorsqu'Adam lui dit qu'il allait faire le tour de l'appartement, les yeux obstinément tournés vers la fenêtre. Son compagnon était complètement éteint, et la faute n'en revenait sans doute pas entièrement à son ex. Même s'il fut rassuré d'entendre que les choses avaient eu peu de chances de se concrétiser par un mariage, entre Ulysses et lui, Salem commençait a avoir peur que sa virulence et son manque d'empathie, qu'on lui avait plusieurs fois reprochés, aient effrayé Adam. Sans doutes, il aurait été incapable de parler à son fiancé comme il l'avait fait, Ulysses était un inconnu, un rival au charme dérangeant et toutes sortes d'autres choses, ce n'était certainement pas comparable. Mais cela, son ami n'y songeait peut-être pas, et ses mots d'amours furent bien vite balayés par un sentiment de culpabilité lorsqu'il l'entendit se traiter encore et encore de misérable.

« En colère ? »

Salem se tourna vers lui, les yeux un peu écarquillés, c'était la confirmation de ses doutes, Adam pensait qu'il allait lui hurler dessus à la moindre occasion. Il avait peur de ses réactions, comme lui avait pu avoir peur par le passé. Salem sentit ses forces l'abandonner et les larmes lui monter aux yeux.

« Je suis pas en colère… et je sais qu'il était pas méchant, je voulais pas lui faire de mal. Je voulais juste qu'il arrête, parce que je savais que tu allais y penser et te dire que c'est ta faute, que tu es un monstre. Puis, ça se fait pas… de dire que tu le détestais comme si tu avais tout calculé pour lui faire du mal, j'ai horreur d'entendre ce genre de choses. Mais t'as pas à t'en vouloir pour ça, c'est clair que je l'aime pas, et si tous tes exs t'ont fait du mal, alors je les déteste tous, c'est tout. Je suis comme ça au fond, c'est plutôt moi qui aurait besoin de quelques-unes de ses qualités, la gentillesse, par exemple… »

Il soupira et se détacha de lui pour faire mine de vouloir refaire un petit tour – au cas où il aurait ratés quelques détails de ces belles pièces vides – mais quelques sanglots étouffés parvenaient quand même jusqu'au salon alors qu'il s'était réfugié sur un coin de la moquette.

Bon, en admettant qu'Adam n'était pas resté dans le salon pour regarder tomber la neige ou je ne sais quoi, Salem entendit ses pas se rapprocher et s'empressa de sécher ses larmes pour redevenir le jeune homme sûr de lui et souriant qu'il avait (presque) toujours été. Le résultat n'était pas tout à fait réussit, mais lorsque le devin passa la porte, le gros de ses tourments était déjà profondément enfuis quelquepart, même s'il avait quand même une bouille de chaton triste. Il le contempla un instant.

« Tu es parfait, je sais pas dans quelle langue je dois te le dire, j'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi incroyable que toi. Bon, à part Ulysses, mais même lui il t’arrive pas à la cheville. J'voulais pas te faire peur en réagissant comme ça, je veux pas te faire de mal, et je veux surtout pas te perdre…  »

Car c'était là son nouveau problème principal, qu'Adam se méfie de lui, ou veuille l'abandonner en s'apercevant qu'il n'était pas le petit garçon adorable qu'il avait l'air d'être. Comme la famille Matthews et la famille Johanson avaient pu le faire avant lui. Au final, les choses ne faisaient encore que se répéter, et continueraient à le faire tant qu'il ne saurait pas gérer ses émotions autrement qu'en vomissant son venin sur les autres et en s'ouvrant la peau - faudrait lui prêter un punching-ball, peut-être. Il le savait pourtant, mais changer était un sacré travail qui était loin d'avoir terminé.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 19:34

Adam regardait Salem tout à fait désemparé. Il avait espéré une simple dénégation, un câlin et une invasion de licorne — mais, au lieu de cela, il sentait très nettement que son compagnon était prêt à fondre en larmes et, de toute évidence, c’était à cause de lui. Alors, bien sûr, Salem n’était pas en colère, mais enfin il était déçu, ou blessé, c’était cela, blessé qu’il pensât qu’il pût être en colère — en somme, une nouvelle fois, une énième fois, il avait tout gâché — leur soirée, la visite de leur futur appartement, leur couple. Au moins.

L’Asiatique déglutit péniblement et baissa les yeux au sol, dans un air de parfaite contrition. Pendant des mois et des mois, Ulysses avait tenté de le convaincre qu’il n’était pas le dernier raté, ni un monstre d’insensibilité ou de maladresse, et pendant des mois et des mois, Ulysses avait échoué, et cet échec n’était pas uniquement dû à l’écrasante supériorité du jeune et beau Démocrate, mais prenait ses racines plus profondément dans les chemins tortueux de l’existence d’Adam.

Lequel Adam constatait que l’effet Ulysses n’avait pas épargné Salem qui se prenait à envier les qualités du bel Apollon. Le jeune homme releva les yeux, prêt à assurer Salem qu’il était gentil, absolument adorable et d’une patience angélique avec lui, quoi que leurs nombreuses disputes et incompréhensions pussent lui laisser penser, mais déjà l’adolescent, sous un faux prétexte, s’éclipsait et le devin ne pût s’empêcher de prendre ce geste comme un signe — le signe de son inutilité.

Seul dans le salon désert, il promena son regard autour de lui. Comment était-il possible que malgré tous ses efforts, malgré son désir irréductible d’arranger les choses et d’offrir à Salem une vie parfaite, il pût perpétuellement les conduire droit dans le mur ? Exception faite du week-end, cette semaine devait être leur semaine rêvée : il avait eu une promotion, ils avaient trouvé des chatons, ils pouvaient être à peu près sûr d’avoir l’appartement qu’ils choisiraient, ils allaient acheter une nouvelle voiture. Aucune fausse note.

Adam prit une profonde inspiration et se livra à un exercice qui lui était peu familier et dans lequel il n’excellait guère : plonger dans les tréfonds de ses angoisses informulées et trouver une solution — rapidement — immédiatement — quelque chose pour débloquer le cercle vicieux dans lequel il ne sentait que trop qu’il engageait Salem. La rencontre avec Ulysses avait eu cela de salvateur qu’en réveillant ses souvenirs du passé, elle lui avait jeté au visage les comportements autodestructeurs qu’il avait imposés au politicien et qu’il imposait désormais à Salem.

Mais le prophète n’avait pas le luxe d’une longue introspection. De l’une des chambres, des sanglots lui venaient. Il passa une main dans ses cheveux et se rendit à grands pas dans le lieu où le crime se commettait — où un Salem pleurait. C’était interdit par sa loi. Le jeune homme écouta les nouvelles assurances que lui donnait l’adolescent, les inquiétudes qu’il exprimait une nouvelle fois.


— Salem…

Adam desserra sa cravate, ouvrit le premier bouton de sa chemise, abandonna définitivement la terrasse et le Parti derrière lui pour le reste de la soirée et vint s’asseoir sur la moquette à côté de son ami. Il resta un long moment silencieux, les mains croisées, la tête appuyée contre le mur, à regarder le plafond.

— Tu te souviens de ce que William disait ? A propos de mes loosers de petits copains ? Qu’ils me faisaient du mal, ou un truc comme ça ?

Le mutant se racla la gorge d’un air embarrassé et il lui fallut à nouveau un long moment afin de rassembler son courage.

— Avant que je rencontre Ulysses, j’étais avec un type qui s’appelait Matthew. Il avait une quinzaine d’années de plus que moi. Il était… Hm. Il était marié. Bon. En gros, je le retrouvais certains soirs, ou certains week-ends, ou quand il m’appelait dans la journée. Un peu comme un chien. Il voulait pas voir grand-chose d’autre que… Tu vois.

Adam prit une profonde inspiration, pour tenter de conserver une voix à peu près égale et reprit :

— Il était souvent… Souvent en colère. Contre moi. Je faisais pas les choses assez bien, selon lui. Des petits détails. Des trucs vraiment complètement crétins. Ou alors j’étais pas assez mature. Ou pas assez joyeux. Ce genre de choses. Moi, j’voulais juste quelqu’un… Quelqu’un qui m’aime. J’voulais juste que pendant une heure par jour, il y ait une vie qui soit la mienne. Pas celle des autres dans le futur et dans le passé. La mienne. Même pourrie. Alors je disais pas grand chose.

Enfin, quand je dis qu’il était en colère, j’veux dire, parfois, il était… Enfin, tu vois. Il était… Violent. P-pendant longtemps j’ai eu du mal à savoir ce qui était normal ou non. Je voyais des trucs, dans mes visions, et je savais pas trop… Comment la vie était censée se passer. Ce qui était acceptable ou pas. A cette époque, j’supposais que c’était comme. J’veux dire, que ça arrivait. Que c’était ma faute, ou quelque chose comme ça.


Adam avait commencé à triturer très consciencieusement ses mains, alors qu’il livrait à Salem une nouvelle pièce de ce passé qui, en s’associant à toutes les autres, faisait assez voir qu’il avait décrit son existence avec une cohorte d’euphémismes et que son manque de confiance naissait de multiples de sources.

— J’ai rencontré Ulysses au Parti. Quand j’étais militant. Et il a… Il m’a parlé. Des heures et des heures. Il avait sans doute mieux à faire, mais il a passé des nuits à essayer de me raisonner. A me raisonner. A m’expliquer que c’était pas normal. Que je valais mieux que cela. Mais il avait ses propres problèmes. On avait nos problèmes. Bref…

Il posa ses mains sagement sur ses genoux, pour éviter les réduire en miettes.

— Tout ça pour dire que c’est pas de toi que j’ai peur. J’ai peur du passé. J’ai peur parce que c’est comme ça. C’est pas ta faute. T’as réagi vivement en face d’Ulysses. J’pense pas que c’était mérité de sa part. Mais j’t’en veux pas. Et ça me fait pas peur. T’as le droit d’être jaloux, ou de t’emporter, ou je sais pas… C’est comme les gens qui boivent, Salem. Ils boivent pas parce qu’ils aiment le vin. Ils boivent parce qu’ils boivent. Mais j’ai peur parce que j’ai peur.

Il était bien, cet appartement, finalement — ils l’avaient déjà adopté.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 22:50

Le masque que Salem s'était recomposé à grands frais ne tint pas longtemps face aux paroles d'Adam. Plus il l'écoutait, plus il se sentait dévasté, pour une fois il comprenait parfaitement ce qu'Adam avait pu ressentir, pas parce qu'il était soudain devenu empathe – faut pas rêver, puis l'empathie, ça prend la tête sévère aussi – mais parce que son récit réveillait de veilles blessures, qui n'attendaient que ça pour se remettre à saigner. Vouloir être aimé de quelqu'un, ne pas savoir ce qui était normal ou pas, penser qu'il était responsable de ce qui lui arrivait.

Car certes, Adam n'avait dévoilé que quelques bribes de son passé, mais en y regardant, Salem avait vu une bonne partie de son enfance en photo, avait quelques infos sur ses parents, connaissait son frère, son ex (malheureusement), il savait qu'il avait traversé une mauvaise passe en mettant fin à sa carrière de boxer, connaissait ses hobbies, quelques-unes de ses connaissances, un certain nombre de choses, en gros. Pendant ce temps-là, Adam savait autant de détail de son passé qu'il n'y a de pins en haut des dunes du Sahara. Sa mère était morte, il était passé par plusieurs familles d’accueil, puis les Cordova l'avaient adopté, ah, et il était allé dans une école où il avait fait du basket, le Boston College. C'est à peu près tout.

Ceci était d'autant plus étrange que sur tous les autres aspects de sa vie, l'adolescent était plutôt loquace et ne lésinait pas sur les détails, ce qui faisait d'ailleurs un peu illusion. Il était si bavard et sincère que les gens se contentaient de ce qu'il leur disait, croyaient tout savoir et ne cherchaient pas plus loin. Cette situation l'arrangée beaucoup, puisque qu'elle laissait loin de lui ses vieux démons et lui permettait de se croire tiré d'affaire, mais Ulysses eut au moins le mérite de lui rappeler qu'il n'en était rien.

« Si tu recroises Ulysses, dis-lui que je suis désolé. C'est sincère. »

Il renifla un peu bruyamment, ça, c'était la partie facile. Maintenant, il fallait arriver à faire comprendre à Adam que tout ça, ce n'était pas sa faute.

« Tout ça, c'est pas ta faute. »

Pardon, j'ai pas pu me retenir.

« Je veux dire, ce que j'ai dis à Ulysses, ou ce que je t'ai dit à toi, une fois, où tu m'avais parlé de faire un bébé, là. Bref, mon passé, il me fait flipper, vraiment, la plupart du temps j'ai l'impression que c'est loin et puis des fois, c'est comme si j'étais encore en plein dedans. Tout ce qu'on a pu me dire, ou me faire, me revient et… Je dis pas que ça m'a fait du bien de me lâcher sur Ulysses, je déteste ça, mais quand j'étais gosse et qu'on me faisait ce genre de choses, je pouvais rien dire. Si je répondais, c'était pire alors, j'ai tout emmagasiné et… c'est toujours en moi, et ça ressort, comme ça… dès que je maîtrise plus rien ou que je suis vraiment en colère, ce genre de choses. Je suis violent. Je pense à moi avant de penser aux autres… parce qu'à une époque y'avait personne pour penser à moi. »

Bon, c'était pas trop mal, mais ce n'était toujours pas du passé, décidément, ça ne voulait pas sortir, pourtant Adam y était arrivé, lui, et son passé était pire que le sien bien sûr. Adam était un ange, alors que lui était un gamin idiot et turbulent tout juste bon à faire rebondir une balle, comme le disait si bien Isabel Hamilton. Machinalement, il promena ses doigts sur son avant-bras gauche, suivant des marques qu'un œil non averti aurait été bien en peine de remarquer, mais que lui connaissait par cœur.

« Les familles que j'ai eu, ça s'est toujours plus ou moins mal passé, et c'était vraiment ma faute, parce… »

Il ferma les yeux et inspira un grand coup pour éviter de trop pleurer dès le début, sinon il arriverait jamais à tout dire.

« La mort de ma mère, m'a détruit, c'est comme si une partie de moi était morte avec elle. Elle… Elle s'occupait d'enfants, à domicile, du coup, elle m'a pas envoyé à la crèche ou je ne sais quoi, c'est même elle qui m'a apprit à lire. Alors quand elle est partie, c'est mon monde tout entier qui est partit avec.

Donc, les gens me gardaient pas parce que j'étais vraiment timbré, je devais faire une dépression ou un truc du genre, j'me souviens pas vraiment de ce qu'on a pu me dire, mais bon. Puis vers neuf ans, je suis tombé sur les Hamilton, je sais plus si je t'en ai parlé (moi non plus), au début, ils se contentaient de me traiter différemment de leurs filles, en me faisant faire les corvées, ce genre de choses. Puis ils ont commencé à trouver que c'était très marrant de me punir… C'était moins pire que pour toi, ils étaient pas violents, 'fin à part les gifles, mais ça c'était normal, tous les gosses s'en prennent. Puis ils se moquaient de moi, ou ils me gueulaient dessus, même mes sœurs s'y étaient mises, et ils m'enfermaient dans ma chambre, ou dehors, pieds nus, pour pas que je parte…
 »

Il resta silencieux un moment.

« Bon, y'avait d'autres trucs aussi, mais ce qui m'a le plus marqué pendant ces deux années, c'est pas les Hamiltons, c'est tous les autres. Les voisins… savaient, mon prof savait, je lui avais dis, avec mes mots quoi, qu'on me punissait tout le temps. Mais comme j'étais nul en classe et que je faisais toujours toutes les conneries possibles pour me faire remarquer, pour eux, c'était normal qu'on me punisse. Je leur en veux même pas, même moi, je le pensais. Ça a duré jusqu'à ce que je touche une veine en écrivant sur mon bras, et que je me retrouve à l'hosto, là on m'a écouté. »

Voilà de quoi illuminer cette soirée qui avait décidément bien besoin de ça.

« On est vraiment pas des Ulysses… »

Il termina cette belle conclusion en serrant contre Adam pour digérer sa tristesse, bien caché dans leur nouvelle chambre.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 16 Déc - 23:29

Adam avait si bien intériorisé le vieux reproche de Salem sur sa propension à ne pas parler de son passé que, non content de parler de son passé, ce qui constituait une sorte d’exploit, il évitait de poser des questions sur celui de son compagnon, de peur de paraître injuste. Cela ne l’empêchait certes pas de savoir, en gros, de quoi il était question : avec un sens de la psychologie redoutable, une certaine expérience de vies et des rapports des services sociaux qui s’empilaient sur son bureau, il avait amplement matière à développer les rares indications fournies par Salem pour se représenter ce qu’avait pu être la vie d’un orphelin jusqu’à trouver la bonne famille.

Il trouvait cette existence plus terrible que la sienne. Lui avait eu une enfance heureuse. Les premières années de son adolescence avaient été bouleversées par les visions, sans doute. Mais ce n’était guère que depuis ses seize ans que les coups du sort s’étaient enchaînés — depuis que les garçons étaient vraiment entrés dans son existence, d’une certaine façon. Alors tous ses rêves romantiques s’étaient effondrés et il avait pris conscience que l’horreur n’était pas une matière de visions irréelles ; qu’elle était là, dans sa vie, et qu’elle l’avait aliéné pour toujours.

A peine l’adolescent avait-il commencé à parler qu’un bras d’Adam était venu entourer son épaule. Le récit de Salem apportait la matière concrète à ses spéculations sociologiques plus générales. Les yeux toujours fixés sur le plafond, Adam se contentait de resserrer son étreinte. Les confessions de Salem n’étaient pas des révélations, sans doute, mais au-delà de leur contenu, elles avaient la valeur d’un geste — une sorte d’engagement. Triste et douloureux. Mais un engagement tout de même.

L’Asiatique laissa échapper un rire éphémère et triste à la conclusion de Salem et murmura :


— Il l’a payé cher aussi sa perfection… Mais c’est une autre histoire.

D’ailleurs, le visage d’innocence tourmentée qu’Ulysses avait brièvement laissé apparaître suggérait assez que la calme et douce maturité du jeune adulte n’épuisait pas la complexité de son être. Mais Adam ne se sentait ni le droit ni la nécessité de raconter une histoire qui n’était pas la sienne — un autre jour peut-être, quand la scène de la terrasse serait plus éloignée, quand les choses seraient un peu plus calmes.

Les deux jeunes gens restèrent silencieusement lovés l’un contre l’autre pendant de longues minutes silencieuses — Adam caressait les cheveux de Salem en détaillant le plafond qui aurait peut-être besoin d’un peu de peinture. Finalement, le devin reprit la parole :


— T’es pas violent, Salem. Toi et moi, on a connu des gens violents. Objectivement, t’es pas l’un d’entre eux. Tu t’énerves de temps en temps. Ça arrive. Tu penses à toi avant de penser aux autres. Peut-être. Pas tout le temps en tout cas. Pas avec moi. T’es parfait avec moi, tu le sais, ça ? Je me sens bien.

Ce n’était certes pas évident après la visite catastrophique de l’appartement parfait et la discussion avec Ulysses, mais il n’y avait là que pure vérité.

— Tu sais, j’suis pas psy et j’suis pas sûr de moi, mais j’crois qu’on aura beau raisonner, ça nous changera pas comme ça. On va pas fuir notre passé rationnellement. J’aurais beau te dire que t’étais un enfant, que t’as rien à te reprocher et que t’as enfin trouvé une famille que je suis terrorisé de rencontrer, t’auras beau me dire que je suis un chic type, ça va prendre plus de temps. Il y a les arguments et il y a la persuasion. Mais en vivant avec toi, j’suis un peu plus persuadé chaque jour que ma vie est pas vouée à l’échec. Et j’espère que tu seras un peu plus persuadé chaque jour que je vais pas t’abandonner parce qu’on se dispute.

J’sais pas trop comment t’expliquer ça, mais…


Adam se redressa un peu contre le mur.

— Avant d’être avec toi, je me projetais pas dans le futur. C’est vachement ironique de ma part, mais bon. Je vivais au jour le jour. Avec toi, je sais où je vais. Pas seulement le mariage, ou rencontrer tes parents, ou l’appart. On a des petits projets tous les jours. Je sais que demain et après-demain et le jour d’après encore, je serai avec toi. Et j’ai envie que ça continue. J’attends pas résigné la suite des événements. Je suis impatient. J’ai une vie à moi.

J’veux dire, c’est pas seulement que j’vis à travers toi. C’est aussi que grâce à toi, j’me suis décidé à faire des choses. Arrêter de vivre dans une chambre à l’Institut. Accepter un vrai emploi. Je suis pas dépendant de toi ou soumis de toi. Je suis avec toi. Et même si parfois, il y a les vieux réflexes qui remontent, c’est juste des échos. Et tout ça, ce serait pas possible si tu pensais pas à moi. Si t’étais qu’un morveux. Si t’étais pas intelligent. J’m’en fiche que tu saches pas qui est Diderot ou que t’ais aucun avis sur le NEA.

Evidemment que parfois ça se passe mal. On est tout cassés. Evidemment qu’à chaque fois que ça se passe mal, on croit que c’est la fin du monde. Parce qu’on est vraiment cassés. Mais on s’en fiche. Plein de couples se disputent. Ou ont des moments où ils se comprennent pas. Si on regarde bien, par bien des côtés, on est un couple normal. Pas juste deux cinglés abîmés par la vie avec un patrimoine génétique douteux qui ont un élevage de chats. Faut qu’on prenne un rendez-vous chez le véto, d’ailleurs.


Ce qui pouvait attendre quelques secondes. Pour l’heure, Adam devait conclure son discours plus ou moins éloquent et difficile. Le jeune homme quitta enfin son futur nouveau plafond des yeux pour tourner le visage vers Salem, relever le menton de l’adolescent avec douceur et déposer un chaste baiser sur ses lèvres, puis un baiser peut-être un peu moins chaste et un peu plus long.

Quand il eût fini de faire goûter à Salem les charmes de la langue japonaise, le devin murmura :


— Il te plaît cet appart, mon cœur ? J’crois que le propriétaire est pressé de le louer. Et la moquette, c’est sympa…

Adam passa sa main sur le sol et commenta :

— Celle-ci est pas trop rêche.

Il rougit et ajouta, en se collant un peu plus contre son fiancé, le seul, l’unique, le vrai.

— J’dis ça, c’est pour les coussinets des chatons.

Harper Lee, Hoover, Hawk : les vivantes et miaulantes incarnations de sa nouvelle vie.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyLun 17 Déc - 9:50

Comme c'était la tradition, leur longue conversation se termina sur un long baiser, et une petite pensée innocente d'Adam. Salem, lui, avait retrouvé des couleurs, et un sourire qui n'était pas uniquement fait pour sauver les apparences. Loin de toute lubricité, il se contenta d'hausser un sourcil et de l'embrasser encore tout en défaisant sa cravate – il n'en avait plus besoin pour le moment, après tout, c'était pour rendre service. En jouant avec le bout de tissus, il s'allongea sur le dos et regarda le plafond.

« Ouais, il me plaît bien cet appart, puis c'est vrai que la moquette, c'est sympa, pour les chatons. Ça manque d'une couche de peinture, là-haut. »

Après un dernier coup d'œil au plafond, Salem roula pour se mettre sur le ventre et entreprit de se nouer la cravate autour du cou dans cette position pas du tout pratique.

« Tu sais, j'le dis peut-être pas assez mais ma vie aussi a changé grâce à toi, avant, je tenais pas en place. J'étais dans une espèce de fuite en avant, je sais pas ce que je cherchais, rien sans doute, j'essayais de garder tout ce qui n'allait pas loin de moi. Sans toi, je serais sûrement encore en train de errer quelque part en me disant que vivre à deux, c'est vraiment pas pour moi. Alors que j'ai jamais été aussi heureux. Dire que c'est que le début… »

Salem eut un sourire béat en pensant à toutes les belles choses qui les attendaient, bon, ils feraient encore pleins de faux pas, mais il s'en sortiraient, c'était sûr, ils sont trop forts. Puis ils avaient trop de choses à faire pour perdre leur temps en disputes avant le mariage et le petit Ewan.

« Donc, demain, véto, et puisqu'on a trouvé l'appart, on va pouvoir aller jeter un coup d'œil chez les concessionnaires»

L'idée de changer voiture mettait visiblement Salem très en joie, même s'il avait toujours une très nette préférence pour la moto de son compagnon. Histoire de l'aider à faire le deuil de sa caisse pourrie – ou de le convaincre que changer de voiture était une très, très bonne idée – il revint l'embrasser et se mit à jouer avec ses doigts.

« Bon faudra pas oublier d'acheter un petit quelque chose pour mes parents quand on ira faire les courses, aussi. Je sais pas, une bonne bouteille et des chocolats, rien de compliqué, ça te fais mal ? »

L'air de rien, la cravate mal nouée autour de son cou s'était finalement retrouvée très bien nouée autour des poignets d'Adam – ça devait arriver. Ce qui semblait plaire à Salem plus encore que leur futur nouvel appartement ou leur future nouvelle voiture. Il regarda son joli nœud d'un air très, très satisfait, en faisant glisser ses doigts le long de ses bras. Jusqu'à atteindre les boutons du costard, qu'il défit pour atteindre la chemise, qu'il déboutonna en descendant vers la ceinture, qu'il… bref, le tout en dévorant de baisers du cou jusqu'au nombril. Avant de se rendre compte qu'être vautré au bas d'un mur, ce n'est pas le plus pratique pour ce genre de projet et de tirer Adam un peu plus loin pour l'allonger et lui grimper dessus, les yeux tout brillants.

« J'adore cet appart, faut pas laisser quelqu'un le prendre. D'ailleurs, personne va venir, là ? C'est nous qu'avons les clés, hein ? »

Bon, pas sûr que ce genre de questions préoccupe beaucoup Adam, qui n'avait pas l'incroyable capacité de Salem de pouvoir réfléchir sereinement tout en flattant avec un savant mélange de douceur et de fermeté la virilité de son amant – qui d'ailleurs avait mit l'un des boxers qu'il lui avait acheté dernièrement, et qui le rendait plus sexy encore que ceux des pubs qu'il avait faites. Puisque le devin ne pouvait pas trop toucher maintenant, Salem lui permit au moinsde le bouffer des yeux en enlevant son blouson et son haut pour lui en faire un petit coussin qu'il cala sous sa tête – c'est trognon.

« Faut qu'on fasse le test aussi. »

Dit-il en sortant un préservatif qui se trouvait dans la poche arrière de son jean comme par hasard. Oui, il y avait une explication tout à fait logique à ça, ça remonte à leur week-end en amoureux, Salem avait mis des préservatifs dans la poche arrière de son jean. Puis en rentrant, il l'a mit dans le panier à linge sale, mais en fait il avait fait la lessive la veille de leur départ en week-end, du coup, le jean s'est retrouvé au fond du panier. Puis, en faisant la lessive suivante, il n'a pas bien ramassé tout ce qu'il y avait au fond du panier, et le jean est resté là, posé sur boxer sale et une unique chaussette. Et comme son travail est salissant et qu'il avait rendez-vous avec Adam en sortant du boulot, il a prit un jean déjà sale pour travailler plutôt que son bleu de travail habituel ce matin avant de partir.

Bien sûr, on pourrait se demander comment Salem a pu oublier des trucs au fond de ses poches alors qu'il sait exactement combien il reste de cure-dent dans la boite à cure-dent posé entre la bouilloire et le lavabo, comment il a pu ne pas voir qu'il restait des vêtements au fond du panier à linge alors qu'il ne louperait pas un moucheron tentant de trouver une fenêtre ouverte pour fuir vers un lieu où il y aurait quelques miettes qui traînent, ou si le comportement fashion-victim et maniaque de Salem était en adéquation avec l'idée qu'il puisse enfiler un jean crade, sachant qu'en plus il devait avoir un paquet de vieux pantalons propre dans son étagère. Toutes ses questions étaient excellentes et pouvaient toutes s'expliquer de façon parfaitement rationnelle et logique.

Mais le vrai problème, c'est la crise, oui, la crise. Le monde va mal, l'Ump se déchire, les Américains sont armés, les mayas sont morts. Quand on voit les gens cacher des tonnes de sacs de riz déshydratés dans leur bunker gonflable alors qu'à l'autre bout du monde, des enfants meurent de faim, le pourquoi du comment du préservatif dans la poche de Salem apparaît soudain terriblement secondaire. Et puis c'est important de ne pas toujours tout expliquer, ça préserve le mystère, la magie, le rêve. Personne ici ne veut briser le rêve, tout de même ?

Donc… Où j'en étais…

Le dépistage… C'est important. Qu'Adam et Salem n'ai plus besoin de préservatifs les protégeraient, eux, tout en empêchant un certain auteur, qu'on appellera George pour préserver son anonymat, de partir en vrille et de se mettre à parler de lessives et de mayas morts au milieu d'une scène de…

Les jeunes gens quittèrent l'appartement extrêmement satisfaits de leur visite, après s'être fait connaître de leurs voisins à grands renforts de gémissements brûlants et de cris à peine étouffés. Le petit jeu de la cravate donna à Salem une ardeur rare et un peu sauvage qui ne fut pleinement satisfaite qu'au deuxième tour. Il faut dire aussi qu'il avait fait pas mal de progrès en endurance au coté de son amant.

Après avoir effacé un peu les traces de leur méfait et constaté que pour ça, la moquette, c'était quand même pas l'idéal, ils rentrèrent chez eux. Il n'y eu aucun incidents sur le chemin, à part que dans le bus, Salem eut l'étrange impression que tous les gens autour d'eux savaient qu'ils étaient tout transpirant de leurs ébats. Surtout la vieille, là, qui arrêtait pas de fixer ses tatouages de drogué. À peine rentré, il se jeta sur le lit avec le numéro de téléphone du propriétaire, pendant que les chatons se jetaient sur lui, pas parce qu'il leur avait manqué, mais parce qu'ils avaient faim. Il gratta les oreilles d'Harper Lee en pianotant sur son antiquité high-tech.

« J'appelle le proprio pour lui dire qu'on a adoré son appart. Il doit rester environ 257 grammes de gratin de courgettes dans le frigo, ça suffira où on fait des pâtes avec ? Déjà que les chats m'embêtent la nuit, si en plus ton ventre se met à gargouiller… Et faut regarder les voitures sur internet. »

La routine à son charme, parfois.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyLun 17 Déc - 13:57

Adam se laissait très docilement dépouiller de sa cravate et cette docilité n’avait plus aucun rapport avec une quelconque soumission malsaine. Il s’agissait simplement de permettre à Salem de s’exercer avec des accessoires vestimentaires dont il n’avait peut-être pas l’habitude mais qui seraient nécessaires le jour du mariage. C’était une question pratique, pédagogique presque. Pour encourager Salem, l’une de ses mains se faufila sous le haut de l’adolescent et commença à caresser sa peau.

L’Asiatique sourit au plafond en entendant la réponse de son amant. Il était vrai que Salem n’était pas toujours aussi prolixe que lui dans le domaine, ou, plutôt, ses déclarations roulaient presque entièrement sur des compliments et Adam n’était pas fâché de l’entendre parler de lui-même pour une fois, de sa vie et de son bonheur. Il se sentait fier — c’était peut-être un peu idiot — d’être l’homme qui illuminait la vie de Salem. Finalement, il n’était peut-être pas si méprisable que cela.

En revanche, sa fidèle voiture ne semblait pas remporter la même adhésion que lui. Il ouvrit la bouche afin de protester, pour la forme :


— Non mais elle peut encore rouler quelques semmmm…

Bon, l’argumentaire mécanique serait pour plus tard — Adam se laissait convaincre par des arguments très concrets de l’expertise de Salem. Après tout, l’adolescent était garagiste, et qui était-il, lui, pour remettre en doute ses jugements ? D’ailleurs, toujours aussi docile, le devin tendait ses poignets pour que Salem pût maîtriser toutes les subtilités de la cravate, on ne savait jamais, il pouvait avoir un jour ou l’autre besoin de maîtriser un suspect en attendant l’arrivée de la police.

Leurs lèvres se détachèrent et Adam observait son fiancé avec un regard qu’il veillerait à dissimuler en rencontrant les parents de son fiancé. Il secoua la tête sagement la tête pour répondre à la question et continua à alimenter la conversation, elle, innocente.


— J’suis pas super expert en vins, mais il y a des cavistes et des chocolatiers vers SoHo. On trouvera sans problème.

Salem trouvait sans problème la manière de le défaire de ses autres attaches vestimentaires et, à mesurer que les baisers de son amant descendaient vers une expression encore plus explicite que ses regards de son approbation, Adam réprimait de moins en moins les soupirs ravis — le tout afin de tester l’acoustique de leur nouvelle chambre. Il fallait bien que la visite fût consciencieuse — on ne pouvait pas louer au petit bonheur la chance.

Bien moins capable que son compagnon d’entretenir la discussion dans ses conditions, Adam murmura d’un air à la fois très distrait et très impliqué :


— Les clés ? Ah oui… Euh… Hmm… Aucune idée. On s’en fiche.

Désormais allongé sur le sol, les mains sagement liées, Adam ne songeait guère à être interrompu par qui que ce fût. C’était leur appartement non ? Ou presque. Tout le monde devait être au courant, et puis, franchement, qui voudrait le visiter ? L’Asiatique ne voyait absolument aucune raison de s’interrompre — d’ailleurs, la raison, il n’était plus sûr de savoir exactement ce dont il s’agissait — beaucoup trop occupé qu’il était à détailler le corps enfin dénudé de Salem en mettant de son côté en valeur l’un des boxers si moulants que son compagnon lui offrait (avec une douteuse innocence).

La question du test demeura entièrement obscure pour Adam, qui à vrai dire n’avait plus qu’un spectre très limité d’idées à l’esprit. Attaché ou non, il n’en invitait pas moins habilement Salem à poursuivre la visite de l’appartement par une exploration détaillée d’une partie du Japon et la sauvagerie de l’adolescent fut très loin d’être accueillie avec froideur, tant il était vrai qu’Adam avait un certain goût pour ces assauts athlétiques.

Dans le bus, Adam avait l’air un peu ailleurs. Sans compter les émotions fortes et contradictoires que leur discussion difficile avait fait naître, sans compter l’ardeur de Salem qui l’avait agréablement surpris et lui ouvrait toute sorte de perspectives pour un avenir qu’il espérait très proche, le plaisir qui palpitait encore dans ses veines avait une nouvelle fois détraqué sa perception du temps et il se laissait entièrement guider par son compagnon, incapable de savoir quel arrêt ils avaient passé, quel arrêt ils n’avaient pas encore passé, l’heure qu’il était, les gens qui se trouvaient dans le bus dans le présent ou dans le futur.

Bref, il avait l’air d’un drogué, avec son sourire béat, ses regards qui sautaient d’un objet à un autre et son air perdu — plus que Salem, pour une fois. Ils descendirent du bus laissant derrière eux une grand-mère atterrée par la déliquescence de la jeunesse et rejoignirent leur logement temporaire. Adam quitta laborieusement ses chaussures et fixa Salem pendant quelques secondes le temps que la question de l’adolescent parvînt à son esprit.


— Hmmm ? Oui. Jeudi. Non. Euh…

Il fit quelques efforts pour se concentrer et articula :

— Pour remettre. J’ai fait des pâtes. Je ferai des pâtes. En plus. Je te laisse… Téléphoner. Dans l’ordre. Je vais prendre une douche. Pour remettre les choses. Dans l’ordre.

Adam adressa un sourire rassurant à son ami, au cas où Salem s’inquiéterait de ses petites tribulations temporelles et, pendant que l’adolescent se présentait comme le parfait locataire, il partit investir la cabine de la salle de bain, le temps de faire le point. Les événements se réorganisaient lentement dans son esprit. La terrasse. Ulysses. L’appartement. La visite. La cravate. Le test. Salem qui lui faisait l’amour. Encore. Le bus. Le studio.

Le sourire idiot d’Adam s’évanouit. Le test. Il comprenait enfin ce dont avait voulu parler l’adolescent. Quelques minutes plus tard, l’Asiatique émergeait de la salle de bain, vêtu seulement de son boxer (la seule concession qu’il faisait à l’hypothétique longue vue des voisins, mais c’était déjà un petit progrès dans ses habitudes impudiques) et les idées parfaitement en place.

Il se fraya un chemin entre les chatons pour pouvoir s’installer à cheval sur les cuisses de Salem, glisser ses mains sous le haut de son ami et caresser son ventre.


— Alors, le proprio ?

Il écouta la réponse de Salem, nota mentalement la liste des pièces qu’il faudrait fournir pour le dossier et se promit de constituer le tout dès le lendemain, pendant que Hawk tentait de précipiter Hoover au bout du lit. Adam se pencha sur son fiancé pour l’embrasser, avec un rien de lubricité, témoignage que la douche n’avait pas entièrement calmé ses ardeurs. Il abandonna finalement le lit pour retourner récupérer son téléphone dans sa veste et chercher l’adresse du vétérinaire le plus proche.

En parcourant les présentations, il entreprit de fixer quelques détails pratiques du week-end, surpris lui-même de la sérénité qu’ils lui inspiraient, pour une fois :


— On part à quelle heure, samedi ? Faudrait qu’on aille pour la voiture demain, d’ailleurs. Ce sera peut-être un peu court, mais si on insiste, ça devrait être possible.

Les Etats-Unis : pays de l’automobile et des armes à feu.

— Ah, j’ai trouvé. Attends, juste, désolé, mais ça va bientôt fermer…

Adam composa le numéro, attendit en écoutant une reprise très approximative d’une mélodie de Liszt et prit enfin rendez-vous auprès d’une secrétaire manifestement très fatiguée de sa journée, qui lui fit répéter trois fois le type et le nombre d’animaux. Il raccrocha finalement, récupéra Harper Lee qui mâchonnait un bout de coussin pour la poser au bas du lit où Hoover et Hawk combattaient maladroitement et vint s’allonger à côté de Salem.

— Seize heures, pour la vétérinaire. Donc… Tes parents. Il faut qu’on arrive à quelle heure ? Il faut que je m’habille comment ? Il faut éviter quels sujets ? Y a des choses que je devrais dire ?

Oui, en fait, il n’était pas si serein que cela.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyLun 17 Déc - 21:02

Salem regarda son homme complètement perdu entre les époques. Rien à faire, il ne s'en lassait pas, Adam était juste adorablement drôle dans ces moments-là, et puis c'était flatteur. Salem avait l'impression d'être vraiment très bon et de lui faire complètement tourner la tête. C'est donc avec un sourire bienveillant et amusé qu'il le regarda s'y reprendre plusieurs fois pour ouvrir la porte, avant de passer l'appel.

Quelques minutes plus tard, c'est un Adam beaucoup moins perdu et beaucoup plus dévêtu qui poussa les chats pour s'installer sur lui à leur place – jaloux. Salem, dont les mains ne pouvait plus caresser les petits, se mirent donc à effleurer les cuisses du grand.

« T'avais raison, le proprio a l'air assez pressé, on peut le voir dans la semaine pour s'occuper de la paperasse. »

Salem était vraiment ravi, il parcourut des yeux son futur ex-appartement, histoire de bien imprimer dans un coin de sa tête combien c'était minuscule pour mieux apprécier leur nouveau nid. Pendant ce temps, Adam s'intéressait aux détails techniques de leur week-end à Boston, visiblement, il avait finis par se laisser convaincre par les brillants arguments du garagiste éclairé qu'était Salem – à grands renforts de baisers, donc – de la nécessité de se procurer un véhicule moins digne du musée de la rouille.

« C'est bon, on va pas aller se battre avec un concessionnaire pour avoir une voiture tout de suite. La conserve devrait tenir le voyage, normalement, je vais quand même emprunter quelques pièces et un coffre à outils à Brad, on sait jamais. »

Salem n'était pas tout à fait sûr de ses capacités à remettre le vieux moteur en marche s'il arrivait un pépin sur la route, mais dans tous les cas, mieux valait s'équiper. Ce n'est pas avec un rouleau de scotch et une pince à épiler qu'il arriverait à quelque chose.

« Hum… On peut partir en début d'après-midi, je pense… »

Salem profita qu'Adam soit au téléphone pour réfléchir à un excellent planning qu'il ne suivrait qu'à moitié, comme tous les plannings qu'il avait pu faire avant. Prévoyant, il calcula une bonne marge pour tenir compte de tous les imprévus qu'ils risquaient d'avoir sur la route – il sait que les dieux aiment leur jouer des tours. Et finalement, il se rapprocha un peu d'Adam quand il s'allongea à ses côtés et reprit.

« Ils nous attendent pour le dîner, du coup on devrait démarrer vers 14 heures je pense. En fait, ça dépend, on peut aussi partir plus tôt et faire un tour en ville, j'pourrais te montrer les coins où j'allais. D'ailleurs je connais pas mal de vieux bâtiments là-bas, ça pourrait te plaire. »

Tout en se disant que décidément, son homme était vraiment beau, et en promenant une main sur ses muscles pour s'assurer qu'il ne rêvait pas – on sait jamais – Salem cherchait aussi un moyen de le rassurer.

« C'est des gens simples, tu sais, y'a vraiment rien à changer chez toi, continue d'être un amour et ce sera parfait. Le seul truc qui m'inquiète un peu c'est la télé, et la musique, surtout la musique en fait. Ma chambre est juste à côté de celle de ma sœur alors j'espère qu'elle s'est un peu lassé de Justin Bieber et de ses boysbands coréens louches, sinon on va mourir tous les deux. »

Peut-être qu'Adam n'avait qu'une vague idée du genre de musique que pouvait écouter Ashley, mais la tête de Salem en disait assez long sur le cauchemar auditif qui les attendaient de ce côté-là.

« Faudrait peut-être essayer de trouver une excuse pour qu'elle y aille mollo le temps du week-end. Bon, j'ai jamais réussis à la convaincre mais c'est normal, j'suis son frère, elle me suit dans mes conneries mais dès que ça devient sérieux elle se rebelle. Toi, elle t'écoutera p't'être. Ma mère, j'pense pas que y'aura trop de soucis, en tout cas tu mourras pas de faim, je vois déjà la table débordante de nourriture. Et plus je lui ai dit que t'aimais bien les desserts, donc y'aura au moins deux ou trois dessert, dont des crêpes, parce que c'est ce que je préfère, et un truc au chocolat pour les petits. Puis bah, mon père, je sais pas trop, il parle pas beaucoup au téléphone, mais il est gentil. Et mon frère bah, il a dix ans, il court partout, il passe son temps à inventer des machines de guerre en meccano, il est épuisant, mais on lui en veut pas. Tout se passera bien, t'inquiètes. »

Avec un sourire rassurant, Salem vint lui faire une bise, qui se transforma vite en un vrai baiser.

« Meow ! »

Salem sursauta, en se demandant quel plaisir ces monstres trouvait à se coller à ses oreilles.

« Nan, c'est pas l'heure de manger, Hoover. »
« Meeoooooow! »
« Mais puisque je te dis que n… Harper Lee ! Où tu vas avec cette chaussure ? Non mais tu sais combien elle coûte ? C'est une série limitée ! Harp… Rah… »

L'instant d'après, Salem se battait à grands fracas avec Harper Lee et Hawk – qui voulait jouer aussi – dans la cuisine. Il opta finalement pour la stratégie du sachet de croquettes qu'on agite, l'instant d'après tout le petit monde était calme, le museau dans les croquettes. Il revint s'asseoir sur le lit en soupirant.

« Me faut vraiment des rangements à chaussures, quand on va toutes les sortir de sous le lit, ça va être ingérable… le problème, c'est que si on prend un vrai lit, de 160 cm sur 200, voire 180 cm, ça, ce serait bien, avec de vraies étagères, ça laissera pas tant de place que ça non plus… »

Salem réfléchissait intensément, la gestion de sa collection de chaussures était un problème sérieux et de la plus haute importance.

« On va avoir vachement plus de pièce, n'empêche, t'aurais besoin d'un endroit à toi ? Pour tes bouquins, tes plans… des appareils de muscu… ça, ce serait peut-être bien d'en avoir un ou deux. Le sport, on en fait jamais trop. »

C'était partit, Salem se sentait l'âme d'une Valérie Damidot, c'est qu'il allait falloir égayer toutes ces pièces vides maintenant, et même s'il n'avait jamais eu vraiment l'occasion de le faire, Salem sentait déjà que ça allait lui plaire. Quitte à se faire encore traiter de gay.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyLun 17 Déc - 21:38

Adam essayait de se concentrer sur les mains de Salem qui repartaient à l’assaut de son corps, quoiqu’un peu plus chastement, mais pour une fois, le jeune homme n’avait pas l’esprit à la bagatelle. Il avait beau se sentir une conviction nouvelle et des forces inespérées pour la terrible épreuve du week-end, l’évoquer de vive voix nouait son ventre d’appréhension et, instinctivement, il se collait un peu plus contre Salem, parce qu’il avait besoin d’être protégé contre tous ces Cordova qu’il ne connaissait pas.

Au fur et à mesure que l’adolescent lui donnait des détails, que l’Asiatique au fond de lui ne trouvait pas d’une utilité folle, parce qu’il eût préféré ignorer ce que la sœur de Salem écoutait et que la mère de Salem faisait à manger pour obtenir, à la place, un test de personnalité complet de chacun des membres de la famille, Adam essayait de les placer dans une sorte de maison de poupées et de jouer dans son esprit la scène de cette première rencontre.

Cette stratégie initialement conçue pour l’habituer à l’idée ne faisait bien entendu qu’augmenter son appréhension. Il prit le parti de ne pas se plaindre de Justin Bieber, pour ne pas se mettre à dos la sœur de Salem, quitte à supporter quelques heures de migraine le soir. Et puis il allait se renseigner sur la manière de construire des machines de guerre (sans savoir s’il s’agissait plutôt de catapultes ou de Gundam Wing). Quant aux parents, c’était le flou le plus complet.


— On ferait quand même mieux d’aller directement chez toi. On visitera dimanche. Avec la chance qu’on a, si on y va samedi, on va se faire kidnapper ou un truc comme ça.

Non, il n’était pas inutilement nerveux.

— Et puis on partira à midi, histoire d’avoir de la marge, on sait jamais…

Oui, il était parfaitement calme. Peut-être ce calme pourtant évident ne faisait-il pas entièrement illusion, parce que Salem se chargea d’apaiser quelque peu l’esprit d’Adam, ou tout du moins d’y introduire une sorte d’agitation, en lui offrant un baiser salvateur. Le jeune homme passa les bras autour du cou de son fiancé et fit durer le baiser autant que possible, pour ne pas avoir à imaginer, pendant quelques secondes bénies, le drame que ce serait de casser un verre ou de boucher les toilettes.

Cette thérapie qui commençait à échauffer sérieusement Adam — sans que son unique vêtement offrît beaucoup de distraction aux manifestations de son enthousiasme — fut sadiquement interrompue par un goinfre. L’Asiatique cligna confusément des yeux avant de jeter un regard au chaton, qui du reste s’en fichait complètement. Pendant que Salem coursait les deux scélérats qui s’en prenaient aux sacro-saintes chaussures — les inconscients — Adam, qui avait tout de même assez de pudeur (si) pour dissimuler l’expression de sa fiévreuse admiration pour les talents linguistiques de son compagnon, se leva pour enfiler un jean — mais rien d’autre, il ne fallait pas non plus exagérer.

Comme il était beaucoup plus facile de s’habiller que de convaincre des chats de lâcher une chaussure, le jeune homme eut le loisir de s’accouder au minibar et d’observer le combat titanesque de Salem et des deux chatons, où le premier triompha des seconds par une ruse millénaire mais toujours efficace.

Adam se retourna vers le lit pour contempler Salem d’un air non moins gourmand que les chatons contemplaient les croquettes. Il esquissa un sourire :


— Des appareils de muscu ? C’t’un message que t’essayes d’me faire passer ?

Insidieusement, il rajouta :

— Parce que j’peux toujours demander des conseils à Rylan.

Evidemment, avec son ton dégagé, il était comme d’habitude difficile de dire s’il plaisantait ou s’il était encore jaloux de l’adolescent. Du reste, il enchaîna aussitôt :

— Pour moi, c’est bon. Y a une salle de sport à l’Institut et une autre au siège du Parti. J’ai un bureau au Parti, du coup ça va aussi. J’ai pas vraiment besoin d’un espace à moi. Enfin, j’sais pas. J’y ai jamais vraiment réfléchi, tu sais.

En fait, il n’en avait strictement aucune idée. Depuis qu’il avait emménagé chez Salem, il avait veillé à ne pas trop étaler ses affaires et peut-être avait-il pris l’habitude de ne pas s’imposer, au point qu’aucun livre ni aucun papier ne trainait jamais — un phénomène qui, quand on le comparait à l’état absolument chaotique de la chambre qu’il avait occupée à l’Institut, paraissait un peu curieux.

De toute évidence, cette question très pratique de l’organisation de leur futur foyer, qui serait autant le sien que celui de Salem et où il ne se considérerait plus comme une sorte d’invité permanent, le perturbait quelque peu. Pour se donner une contenance, il attrapa une feuille de papier et un stylo sur le bureau et vint s’asseoir en tailleur sur le lit, entreprenant de dessiner un plan de l’appartement tel qu’il s’en souvenait. Sa mémoire n’était certes pas aussi précise que celle de Salem, mais comme il était le seul capable à faire des plans qui ne fussent pas des représentations grandeur nature, il saurait s’en contenter.

Les yeux fixés sur son œuvre somme toute très satisfaisante (pour quiconque n’était pas Salem), il se mit à faire tournoyer le crayon entre ses doigts.


— Bon euh… On va quand même prendre un grand lit, hein ? Ce sera beaucoup plus agréable pour… Enfin, c’est juste que des fois, on se cogne au mur, et voilà…

Il se mit à faire la liste des meubles à côté du plan et murmura à moitié pour lui-même :

— Un grand lit avec une tête de lit en haut. Pour accrocher des trucs.

Oui, parce que la cravate, cela lui avait donné des idées à lui.

— On peut… Mettre un meuble à chaussures dans l’entrée. Moi, j’en ai pas trente-six milles, du coup, il sera presque tout à toi. Ça devrait suffire, comme ça. Il faut un meuble dans la salle de bain. Plus un truc sous l’évier. Une table, un canapé, deux fauteuils, un arbre à chat, un bureau, une chaise de bureau, des chaises pour la table. Il y a déjà les placards dans la cuisine. Deux. Trois. Quatre bibliothèques. Un frigo. Une gazinière.

La facture se dressait dans son esprit et réduisait progressivement le standing de la voiture qu’il songeait à acheter. Son salaire avait fait beaucoup plus que tripler en quelques mois, mais Adam était loin d’être dépensier : il songeait aux impôts, au mariage, aux frais qu’apportaient un appartement, aux chatons, à tout ce qu’il voulait offrir un jour ou l’autre à Salem. Contemplant la liste de meubles, il murmura d’un air incertain :

— Hmm… Peut-être que mes parents ont des trucs à nous refiler…

Parce qu’il allait aussi falloir aussi qu’ils pussent manger, de temps en temps.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyMar 18 Déc - 22:14

Salem accueillit avec un sourire en coin les propos légèrement paranoïaques de son compagnon. Se faire kidnapper, à Boston ? Adam pensait-il qu'il avait grandi dans une jungle hostile où des Indiens cannibales vendent des têtes réduites en guise de souvenirs de vacances ? Sans doute pas, mais la vie, c'est quand même pas comme dans ses visions – à part quand il voit leur mariage, là c'est vrai. Il fut un instant tenté d'essayer de faire croire à Adam que la route serait vraiment semée d’embûches et que de grands périls les attendaient, mais il s’abstint. Parce qu'il y avait peu de chances qu'il y croit et que s'il y croyait, il ne saurait pas comment le convaincre de venir ensuite.

De toute façon la conversation s'était déjà embarquée sur l'agencement de leur futur presque-déjà-à-eux appartement. C'était pour Salem une étape cruciale, d'abord parce qu'il allait falloir faire de vrais calculs de géométrie dans l'espace pour pouvoir caser le contenu de la montagne de cartons qui les attendait sagement chez le concierge – où traînaient pêle-mêle ses affaires et celles d'Adam, des vêtements et des bouquins surtout, mais pas que. Ensuite parce qu'avoir un peu plus de place permettrait à chacun d'avoir un petit coin à soi. Salem pour ses collections de fringues et de bds, Hawk pour ses jouets préférés, Hoover pour les friandises qu'il comptait grignoter plus tard, Harper Lee pour cacher des objets vraiment intéressants à mâchonner que les gens délaissaient complètement dans un coin sans en voir la beauté – des clés de voiture, par exemple. Et Adam pour… Salem n'aurait su dire, il y avait bien quelques bouquins à lui sur son bureau, son ordinateur, ses carottes rappées ou sa brosse à dent, mais son compagnon ne s'était clairement pas étalé dans l'appartement.

C'était un problème pour Salem, ça allait de pair avec cette manie qu'il avait de toujours se descendre, il devait avoir peur de déranger, ou alors il trouvait que Salem prenait de toute façon déjà toute la place, ou encore il ne défaisait pas trop ses cartons pour que le jour où ils se sépareraient avec pertes et fracas, il y ait ça de moins à faire, aucunes de ces hypothèses n'étaient très engageantes. Il fallait changer ça, faire comprendre à Adam que cet appartement était leur appartement – ce qui était déjà le cas du studio, mais bon il l'avait invité alors peut-être qu'il avait mal expliqué le concept – que lui aussi devait y être à l'aise, y avoir ses trucs à lui sans devoir aller à l'Institut ou à son travail pour faire ce qu'il avait à faire. Bon, la salle de sport, ça ne l’intéressait pas, mais quelque chose rien qu'à lui quand même.

« Pas forcément une salle de muscu alors, surtout si c'est pour devenir comme Rylan, à ce stade-là c'est remarquable, mais ça fait un peu peur. »

Salem ne s'attarda pas non plus sur les quelques souvenirs qui lui permettait de dire ça. Les muscles, c'est sûr, il aimait, parce que ça lui rappelait les super-héros, ou bien il aimait les super-héros pour leurs muscles, et les grands sportifs, aussi. C'est d'ailleurs de là que venait sa suggestion d'installer une salle de musculation chez, c'est sexy, une salle de muscu, surtout quand il y a un beau garçon musclé dedans – et le beau garçon musclé, il l'avait déjà, manquait que la salle pour presque revivre en vrai ses scènes de films favorites.

Spoiler:

Bref, ses rêves de muscles saillants et de sueur se dissipèrent peu à peu alors qu'il observait la curieuse agitation d'Adam. Celui-ci avait pris une feuille, mais il n'écrivait pas, non, il faisait un gribouillis étrange qui ne lui rappelait rien de connu, à part, éventuellement, en faisant un gros effort de conceptualisation, le moteur de sa voiture. Sauf qu'il ne parlait pas mécanique.

« Accrocher quoi ? Des décorations ? »

Salem cligna des yeux, regardant à la suite, le gribouillis et la liste qui se dressait sur le côté, jusqu'à ce que son esprit ne s'affole douloureusement.

« Attends… C'est chez nous, ça ? »

L'instant d'après il arrachait presque la feuille des mains d'Adam comme s'il avait soudainement besoin de lunettes. En cherchant vraiment très fort, il y avait peut-être quelque chose de ressemblant, disons que si les trous laissés dans les lignes et un peu mieux placés, il pouvait concevoir que cela semblait représenter l'emplacement des portes. Non, en fait non, il ne pouvait pas concevoir que ce truc était leur futur logis. Même en le mettant à l'envers, ça n'allait pas.

« Mais ça va pas de faire des trucs pareils ? T'imagines si on vivait là-dedans ? Y'a pleins de trous dans les murs, ils sont tout tordus, d'ailleurs, et je sais pas comment tu t'y es pris pour ne pas faire un seul angle droit, sans parler du fait que même en les mettant à l'échelle – j'aimerais bien savoir quelle échelle t'as choisis d'ailleurs – ils devraient être plus épais qu'un trait de stylo. Et puis où est passée la moquette ? Ne… Rah… Fais pas attention, je sais que tu… vois pas comme moi, donc c'est normal, tout à fait normal… »

Salem lui rendit sa feuille, un peu froissée, l'air de faire tous les efforts du monde pour ne pas la déchiqueter. Puis resta un peu agité près de lui avant de finalement se lever et s'armer d'un stylo et de quelques feuilles, tout ça pour s'asseoir en tailleur et rester figé à fixer le papier, le stylo en l'air, pendant un petit moment.

« Je peux le faire, c'est sûr, en 1/12ième ça devrait rentrer dans la feuille. Bon, j'ai pas de vue de dessus de l'appartement, mais ça se calcule… »

Il entreprit de faire une ligne parfaitement droite, avant de froisser la feuille en boule et de la jeter dans la poubelle de la cuisine tout en fixant sa nouvelle feuille et en disant que ça n'allait pas du tout. Il reprit alors avec sa technique des petits points, voilà c'était déjà mieux, et comme ce genre de choses lui demandait d'avoir l'image de ce qu'il voulait bien en tête, il ferma les yeux. Quoi de plus normal pour dessiner. L'avantage, c'est qu'il en aurait pour un bon moment. Un moment vain, sans doute, vu le peu de détails qu'on peut mettre dans un pauvre plan en 1/12ième, Salem ne supporterait sans doute pas plus son œuvre que celle d'Adam et la balancerait à la poubelle dès qu'il l'aurait vu. Qu'avait-il dit, déjà ? Un rangement à chaussures, une tête de lit à barreaux pour accrocher des guirlandes…

« C'est sûr que sinon ça va faire cher, y'a un vieux canapé dans le garage de mes parents, mais c'est un peu gros à trimballer. Y'a aussi des meubles de rangements, ils gardent tout. Une table basse que j'aime bien d'ailleurs, bon pour la déco y'a rien à prendre, à part si t'aime les photos en noirs et blancs et les tableaux de daims, y'en a plein le grenier. On peut aussi acheter d'occasion… »

Le plan en points avançait lentement tandis qu'il réfléchissait.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyMar 18 Déc - 22:49

Salem n’avait absolument aucune raison de se plaindre : Adam était fréquemment nu et en sueur dans le studio. Certes, c’était parce qu’il soulevait l’adolescent pour lui faire toute sorte de choses qui n’apparaitraient jamais sur les grands écrans des superproductions hollywoodiennes et non parce qu’il maniait poids et haltères, mais le résultat était visuellement le même et, d’ailleurs, jusqu’à lors, Salem n’avait pas émis la moindre récrimination (alors qu’il émettait bien d’autres bruits plus ou moins discrets).

Adam se contenta donc de hocher la tête pour renvoyer la salle de musculation au rang des hypothèses improbables, sans songer manifestement qu’il pouvait la remplacer avec ce qu’il voulait, par exemple un coin pour les jeux vidéos. Il était vrai que, de manière générale, l’Asiatique ne paraissait pas avoir beaucoup de distractions dans l’existence, ce qui expliquait peut-être son état psychologique désastreux.

Il releva les yeux de sa faille en entendant la question d’une naïveté si surprenante qu’il avait besoin de vérifier que Salem ne plaisantait pas.


— Euh…

Des décorations ! Non seulement cette suggestion éveillait en lui quelques inquiétudes quant au sens de la décoration de son compagnon, mais il en venait à se demander si la scène de la cravate n’avait pas été une vision ou un pur fantasme de son esprit de mâle perpétuellement en rut. Cependant, il se voyait mal préciser à haute voix sa pensée et se contenta un peu timidement de murmurer :

— Non, pas exactement… mais c’est pas grave…

Fort heureusement, Salem, qui eût fait un désobligeant critique d’art, sautait déjà sur un autre sujet. Adam haussa les sourcils en écoutant le discours assassin qui critiquait son plan tout à fait satisfaisant et, quand l’adolescent eût fini sa tirade haineuse, l’Asiatique reprit le plan et rétorqua, sur un ton faussement contrarié :

— Non mais de quoi j’me mêle. C’est mon plan à moi, j’t’oblige pas à t’en servir. Est-ce que j’viens critiquer ta manière sérielle de faire la cuisine ?

Il fallait avoir vu Adam cuisiner pour comprendre ce qu’il entendait par « manière sérielle de faire la cuisine ». C’était que le devin avait, en bien des circonstances de la vie quotidienne, de curieuses méthodes, qui le conduisait à exécuter parallèlement les tâches qui paraissaient devoir se succéder logiquement et à fractionner plusieurs opérations habituellement successives en micro-opérations entrecroisées, ce qui lui offrait une efficacité redoutable mais rendait son organisation tout à fait opaque à l’observateur extérieur.

Adam avait reprit son dessin et, sans lever les yeux de sa feuille, il lança :


— Tu sais que parfois, j’me demande comment tu fais pour lire des comics. J’veux dire, c’pas comme si c’était vachement réaliste. En fait, j’en viens à me demander si tu ne critiques pas mon beau plan pour le plaisir de me faire rager.

Le jeune homme jeta un regard en coin appuyé d’un sourire taquin à Salem avant de se draper dans dignité (pour une fois qu’il s’habillait) :

— Sache que je suis au-dessus de tes basses manœuvres.

Adam s’occupait désormais d’inscrire à côté de la liste des meubles des points d’interrogation et des croix en fonction de ce que Salem lui disait des trésors mobiliers de ses parents et ce qu’il supposait que se trouvait dans le garage des siens, peut-être encore dans celui de William. Le mutant ne tenait de toute façon pas particulièrement à avoir un intérieur harmonieusement décoré au dernier cri de l’élégance et il songeait tout à fait à se contenter de fauteuils dépareillés.

Il y avait cependant des postes de dépense qui lui semblaient irréductibles.


— L’électroménager, neuf, c’est quand même plus prudent. Mais le reste, d’occasion, ce sera très bien. Bon, évidemment, les premiers jours, j’te préviens que ce sera épique.

Il lui fallut plusieurs secondes et le regard de Salem pour comprendre qu’il n’y avait là rien d’évident. Il releva à nouveau les yeux de son plan.

— C’est juste que les vieux objets évoquent plus facilement le passé. Du coup, si on achète d’occasion, j’passerai probablement le plus clair des premières journées dans les vapes.

Décidément, l’installation d’un couple mutant n’était pas de tout repos. Mais Adam, lui, avait fini et son plan et sa liste. Il se releva pour les poser sur le bureau et se laissa tomber sur le lit, croisant les mains sous sa nuque, pendant que Salem continuait consciencieusement son œuvre pointilliste et que les chatons rassasiés venait les rejoindre — Hawk pour jouer avec le stylo de l’adolescent, Hoover pour cuver ses croquettes dans un coin du lit et Harper Lee pour s’installer sur le ventre d’Adam, après avoir consciencieusement pétri ses abdominaux (elle tenait de Salem).

Adam observait le plafond.


— Faudra louer une camionnette pour le déménagement. A moins que tu puisses en emprunter une à Brad.

Enfin, bien entendu, Adam était capable « d’emprunter » moins légalement un certain nombre de véhicules, mais cela faisait quelques mois qu’il ne s’était pas livré à ce petit exercice, qui faisait encore partie de son lot de connaissances dont il n’avait pas eu l’occasion de faire la preuve devant Salem. Mais il n’allait tout de même pas voler la camionnette d’un plombier pour déménager — il réservait ce genre de solutions au cas de force majeure.

Toujours occupé à songer, avec un certain plaisir, à tous ce que les gens normaux comme eux (à quelques détails près) faisaient quand ils emménageaient quelque part, une évidence s’imposa aux yeux d’Adam.


— Tu voudras faire une crémaillère ? On pourrait inviter tes amis.

Parce qu’évidemment, dans la série des petites particularités névrotiques d’Adam Tenseï, il y avait encore le fait de n’avoir pas précisément d’amis. Personne qu’il pût songer à inviter à une crémaillère.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyVen 21 Déc - 21:16

[C'est la fin du monde, mais je suis débarrassé de la plupart de mes devoirs et en plus c'est les vacs, rps, me revoilà ! D:]

Salem leva le nez de sa feuille en entendant Adam lui dire qu'il critiquait son gribouillis juste pour l'embêter. Au cas où, il jeta un nouveau coup d’œil à la feuille, mais il fallait voir la réalité en face, c'était complètement loupé. Mais puisque l'amour rend aveugle, il préféra ne pas insister et se dire que, bon, Adam avait été trop occupé par lui pour vraiment regarder l'appartement.

« Justement, vaut mieux que ce soit pas réaliste, j'ai moins de références en tête comme ça. Alors que l'appart, je l'ai vu y'a vingt minutes, tu vas pas m'la faire. Mais bon, c'est pas si mauvais, enfin un peu, enfin c'est… innovant, plus ou moins. »

C'est qu'Adam avait l'air assez fier de lui, il s'en voudrait de réduire au silence sa petite part d'artiste cachée au fond de son cœur si sensible, qui ne demande qu'à s'exprimer. De toute façon, les comics, ça n'était pas comparable à un pauvre plan, fut-il moins boiteux que celui-ci. Il se revoyait encore assis sur son cartable, entre les étalages d'un marchand de journaux, à espérer que personne ne remarque le petit squatteur qui tentait de lire sans payer les dernières aventures des super-héros extraordinaires. Tout ça pour avoir assez d'argent de poche pour s'offrir des figurines et des autocollants panini – si jeune et déjà à jeter des billets verts par les fenêtres pour ses collections. C'était le temps de la passion, de l'attente impatiente des épisodes suivant, des hurlements de marchands de journaux excédés, des emprunts définitifs d'autocollants à collectionner collector, avec des paillettes brillantes et tout. C'était son enfance.

Alors s'il y avait bien une chose qu'on ne lui prendrait jamais, c'était ses comics – et son ballon de basket, et son fiancé, et ses chats, et ses chaussures, et ses fringues, bien sûr. Évidemment, l'arrivée de son pouvoir compliqua pas mal de choses. Au début, c'était juste l'enfer, la migraine assurée rien qu'en ouvrant les yeux, et pour les dessins, c'était toujours un peu compliqué, même pour les photos d'ailleurs. Quelle curieuse idée d'enlever une dimension, comme ça, et de tout résumer à de simples lignes. Les lignes, dans la réalité, ça n'existe pas, ce ne sont pas des lignes qui séparent les objets les uns des autres, ou délimite les ombres, même une droite stricte au feutre noir est riche d'une infinité de variation qui lui paraîtrait impossible de retranscrire avec une simple ligne. C'est bien pour ça qu'il fait des points – oui, il y avait une raison à sa façon de faire des dessins, la face cachée des points.

Bref, Salem s'arrêta à sa septième feuille lorsqu'Adam l'averti que les objets d'occasions pouvaient envoyer sur pauvre esprit droit dans le passé. Le stylo en l'air, il resta un moment les yeux perdus dans le vide.

« Hum… oui… j'demanderais à Brad… la crémaillère, j't'en avais parlé, non ? Faudra inviter tout frère, puis des amis à toi aussi si tu veux… »

Machinalement, il froissa sa septième feuille, regarda vaguement les quelques autres, qui représentait vraisemblablement une moquette en gros plan, pour le croquis, c'était mal barré. Cependant Salem ne s'en souciait plus, il avait l'air de réfléchir intensément et se décida à se lever, surprenant Hawk qui attendait patiemment que le stylo bouge encore pour tenter de l'attraper. Après une brève fouille sous le lit, parce que les chatons avaient quand même foutu pas mal le bordel dans sa belle organisation, Salem réapparu avec dans la main un petit ballon de basket pour gamin, et une mine songeuse.

« Quelqu'un m'a donné ça y'a très très longtemps, tu pourrais voir quelque chose ? »

C'était un drôle de défis qu'il lui lançait là, pourtant il savait bien qu'Adam était très loin d'avoir des visions sur commande, mais ils pouvaient bien essayer, non ? Il ne serait pas déçu si ça ne marchait pas, enfin, pas trop. Et puis de toute façon, il n'était pas sûr de vouloir savoir, enfin si, il voulait savoir, mais il avait peur de s'être fait des illusions, d'apprendre que l'homme qu'il lui avait offert ce jouet, et dont il gardait un très vague souvenir, n'était pas son père, tout en craignant également que ce soit le cas.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyVen 21 Déc - 23:05

A la perspective d’inviter ses amis à la crémaillère, Adam avait jeté un regard un peu inquiet à Salem, avant de se remettre à observer le plafond. Il essayait de dresser dans sa tête la liste des amis qu’il pouvait inviter à une semblable fête et ne parvenait pas à trouver un nom. Il n’y avait personne dont il fût réellement proche, personne qu’il tînt à voir ce soir-là. Douglas peut-être — il ne le connaissait presque pas, mais enfin, il avait l’air gentil. Douglas pouvait peut-être devenir son ami.

Ou alors il y avait les collègues de bureau. Adam ne leur avait pas beaucoup parlé : chargé de mission, c’était une activité plutôt solitaire. Les choses allaient être différentes, bien entendu, et sa nouvelle fonction l’obligerait à travailler en équipe. Par exemple avec Ulysses. Voilà encore quelqu’un qu’il était certain de ne pas inviter. Bref, les recherches amicales d’Adam n’étaient pas très fructueuses et, pour la première fois depuis bien longtemps, ce constat lui serra le cœur.

Timidement, il murmura :


— Oui… On verra…

Heureusement, Salem était trop occupé par ses propres problèmes, qui n’avaient plus grand-chose à voir avec les plans désormais, pour se pencher sur cette nouvelle expression des névroses de l’Asiatique. Adam se redressa sur un coude pour regarder ce que son ami fabriquait, pendant qu’Harper Lee bondissait sur le lit pour occuper la place réchauffée par Salem et que Salem venait justement d’abandonner.

Adam gratouilla le chaton derrière les oreilles en écoutant Salem lui adresser son étrange requête. Les yeux du devin se posèrent sur le porte-clés et il n’y avait vraiment pas besoin d’être un psychologue-observateur-prophète-génie surentraîné pour deviner l’identité supposée du « type » et les motivations de l’adolescent. Le dit psychologue-observateur-prophète-génie surentraîné acheva de se redresser sur le lit, pour s’asseoir en tailleur, cessa de caresser Harper Lee (qui de toute façon s’était endormie) et attrapa le petit ballon.

Avec une infinie douceur, il répondit :


— Mon Ange… J’suis désolé, mais j’suis pas…

Adam cherchait ses mots. Une bohémienne ? Jusqu’à présent, il n’avait jamais eu le moindre contrôle sur son don — tout au plus pouvait-il empêcher une vision pendant quelques secondes, le temps de se réfugier à l’abri des regards. S’il était vrai que ces derniers temps, ses intuitions se faisaient beaucoup plus performantes, il était loin de supposer que du côté des crises, il pût y avoir une amélioration sensible.

— …ça ne marche pas vraiment comme ça, tu sais.

Ses yeux noirs s’étaient posés dans les yeux bleus de Salem et, aussitôt, il s’empressa d’ajouter :

— Mais… Mais j’peux essayer, toujours.

Sauf qu’il ne savait pas très bien ce qu’il était censé faire. Son regard retomba sur l’objet, qu’il faisait tourner machinalement entre ses doigts. Faire le vide, peut-être ? Penser qu’il ne devait penser à rien. Ce n’était pas exactement sa spécialité, dans la vie. Peut-être que s’il gardait les yeux fixés sur le ballon pendant suffisamment longtemps, il entrerait dans une sorte d’état second. Les minutes passaient — Adam se sentait confondu de ridicule et d’impuissance — les minutes passaient. En désespoir de cause, l’Asiatique releva les yeux vers son fiancé et, sur le ton de l’excuse, murmura :

— J’suis désolé, Sa…

Le ballon était tombé de sa main sur ses genoux — l’encre noire avait empli ses yeux.

***

Grand. Lève les yeux — vers lui — Maman — vers lui — Papa. Il a les yeux bleus. Tiens, Salem, c’est un cadeau. Un ballon. Un petit ballon. Un porte-clés. Tiens, c’est pour quand tu auras des clés. Quand tu seras plus grand. Grand comme lui ? L’appartement — pas très grand — un peu, une sorte d’odeur de, une sorte de lumière qui, lui il sourit à Maman — c’est normal, c’est bien, d’encens.

***

Adam s’était effondré finalement sur le lit. Rien de plus normal, dans leur petite existence quotidienne. Ce qui l’était moins, c’était peut-être le long saignement de nez qui avait suivi la vision, puis la brusque fièvre, suivie de frissons et d’un peu plus de fièvre encore. Ou plutôt que de la fièvre, c’était tout son corps qui était devenu brûlant — puis glacé — puis brûlant — puis glacé.

Une heure avait passé. La peau d’Adam s’était décidée pour brûlant. Les chatons étaient tous soudain devenus très calmes. Assis par terre, les uns contre les autres, ils levaient leurs yeux immenses vers le lit. Deux heures avaient passé. De temps en temps, un bref tressaillement parcourait un bras du mutant, puis son corps retrouvait son immobilité de marbre. Bientôt trois heures.

Une violente quinte de toux tira brusquement l’Asiatique de son inconscience. Ses paupières s’ouvrirent et dans ses deux yeux, pour la première fois, voyageaient encore des volutes noires. D’une voix faible, il articula :


— Il faudra refaire le plein.

Avant de tousser à nouveau et de se remettre à saigner du nez — juste pendant quelques secondes. Il passa machinalement un avant-bras sous ses narines pour essuyer le sang et reprit :

— Merci.

Pour une fois, son corps en sueur n’avait pas vraiment le charme de la force virile, mais offrait plutôt le spectacle de la maladie. Il parcourut la pièce d’un regard que les nuages noirs rendaient plus étrange encore, passant plusieurs fois sur Salem sans sembler l’apercevoir et ce ne fut qu’à la troisième occasion que les yeux de l’Asiatique se fixèrent enfin sur son fiancé. D’un air appliqué, il déclara :

— Il la prendra dans mon esprit.

Avant de se reprendre nerveusement.

— Non. Non. Salem. Un verre d’eau. Je peux avoir. Un verre d’eau. S’il te plait.

Une chose était certaine : il allait lui falloir beaucoup, beaucoup d’entraînement avant de pouvoir tenir un stand de voyance à plein temps.
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptySam 22 Déc - 23:24

Il avait beau le savoir, Salem parut tout de même sincèrement déçu lorsqu'Adam lui rappela qu'il ne lisait pas dans les lignes de la main, et encore moins dans les porte-clés. Mais son ami essaya tout de même, et le bref espoir qui illumina les yeux de l'adolescent s'évapora aussitôt qu'il se mit à s'excuser. Ne voulant surtout pas qu'il se sente responsable de… il ne savait pas trop, nais Adam aurait trouvé une raison, il ravala ses regrets en se disant que les choses n'auraient pas pu se passer autrement de toute façon.

« T'en fais pas, c'est r… »

Ah, Adam avait peut-être réussit, finalement, puisqu'il s'écroula sur le lit, Salem s'empressa de le mettre dans une position pas trop inconfortable, et bien au milieu du lit pour ne pas qu'il se vautre. En temps normal, il aurait sans doute attendu son retour avec une certaine impatience, il était plus qu'habitué à ce genre de manifestations désormais. Mais cette fois, Adam avait décidé d'innover, normal, cela faisait longtemps que Salem n'avait pas frôlé la crise cardiaque, il fallait faire quelque chose. Son ventre se noua alors qu'il vit le sang couler sur les draps, ça y est il l'avait assassiné. Il passa les trois heures suivantes à se maudire de lui avoir demandé d'essayer ça, et sans savoir s'il devait essayer de faire quelque chose pour sa fièvre, où si cela risquait de l'achever lorsque sa température se remettrait à faire du yoyo. Il préféra ne pas prendre de risques et resta près de lui, immobile et impuissant, jusqu'à ce que sa toux le fasse sursauter.

« Adam… ? »

Son fiancé n'allait certainement pas lui répondre, mais Salem ne put pas s'en empêcher, tout ce qui lui importait maintenant était de savoir s'il allait bien. Il regardait les volutes noires se promener dans ses yeux pour le narguer et lui attrapa le bras un peu fort, comme si ça pouvait l'aider à prendre conscience de la réalité. Salem aurait tellement voulu pouvoir réparer l'erreur qu'il avait faite en lui demandant une… prédiction ? Il ne savait même pas ce qu'il avait attendu de lui, mais e doutait bien qu'il ferait une crise, moins grave que celle qui s'était finalement produite, mais tout de même. Si Adam lui demandait de faire quelque chose en sachant pertinemment qu'il serait envahi d'infos et s'écroulerait sous le coup de la migraine, il apprécierait peut-être moyennement. Il avait été égoïste, encore, et la certitude qu'Adam ne lui ferait pas l'ombre d'un reproche amplifiait encore son sentiment de culpabilité.

Finalement, son ami lui offrit l'occasion d'être moins inutile, de l'eau ? Sans problème ! Il lui aurait donné la lune sur un plateau s'il l'avait demandé, Salem fila à la cuisine lui remplir un verre et revint aussi avec une serviette pour essuyer le sang qui avait coulé – par sa faute. Il lui mit le verre dans les mains et essuya son visage avec une douceur infinie.

« Ça va ? Tu as mal quelque part ? Tu veux autre chose ? Tu as froid ? Tu dois avoir froid… »

Il lui paraissait encore fiévreux, aussi Salem tira-t-il les couvertures pour l'envelopper dedans.

« J'suis vraiment désolé, je sais pas à quoi je pensais pour te faire faire un truc pareil. En tout cas je veux pas un seul meuble d'occasion si c'est pour te voir dans des états pareils. Si c'est pas toi qui en crèves ce sera moi. »

C'était peut-être parce qu'il en était responsable, ou à cause du sang, mais cette crise l'avait presque plus choqué que la toute première qu'il avait vu, il se sentait encore fébrile, mais se montrait maintenant tout doux que jamais avec son compagnon, comme s'il était très gravement malade. Il se coucha tout contre lui et le câlinant avec douceur, tout en continuant de lui jeter des regards pleins d'inquiétudes. Salem était très loin de ses envies d'en savoir plus sur son père.

« Pardon, j'suis vraiment désolé… »
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 23 Déc - 10:06

Souvent, Adam ne pouvait se défaire d’une certaine envie à l’égard de ses camarades de l’Institut. Il y en avait de talentueux, dont les pouvoirs étaient fort impressionnants. Les télékinésistes, surtout. Il avait toujours envié les télékinésistes. Tout avait l’air si simple pour eux — si utiles — si efficaces. Il y avait des migraines, sans doute, des accidents, probablement, mais tout cela n’avait aucune commune mesure avec la malédiction qui était la sienne. En plus, avec ce genre de pouvoirs, on devait pouvoir facilement draguer les garçons.

Bon, draguer un garçon, ça, il avait réussi. Découvrir qu’il pouvait contrôler un tout petit peu son pouvoir était une nouveauté. Mais il n’était pas entièrement sûr que ce nouvel aspect de sa mutation fût très réjouissant. Jamais il ne s’était senti aussi dévasté par une vision et que la vision fût, somme toute, pacifique et tranquille, achevait de l’inquiéter. Dans quel état sortirait-il d’un meurtre ou d’une scène de guerre ? En sortirait-il, d’ailleurs ?

Les mains tremblantes d’Adam se refermèrent sur le verre — ou bien ce furent celles de Salem qui les y aidèrent. A peine la première gorgée d’eau fut-elle avalée qu’une nouvelle quinte de toux interrompit la quiétude toute relative de la scène. Le mutant n’en acheva pas moins de boire, tendit le verre à Salem et d’une voix faible murmura à nouveau :


— Merci.

Après ce bel instant de lucidité, Adam observa d’un regard un peu distrait et toujours parfaitement surnaturel Salem, sans qu’il semblât qu’aucune des questions de l’adolescent ne parvînt à faire son chemin jusqu’à la conscience de l’Asiatique. Le jeune homme se laissa docilement enveloppé dans les couvertures, avant de les repousser la seconde d’après avec des gestes nerveux et désordonnés et de répondre, enfin, à une partie des interrogations :

— Lundi. Je veux dire… Je veux dire…

Une vague d’encre noire submergea pendant une seconde son regard avant de se dissiper tout à fait. Avec un regard enfin à peu près normal, Adam fixa Salem.

— J’ai chaud. Il fait chaud. Et j’ai mal… Dans la gorge. Et au nez. A la tête. Au cœur. Dans le bas du dos. Aux yeux.

Le devin se dégagea faiblement des bras de Salem pour pouvoir se redresser dans le lit et regarder sa main ensanglantée, puis les draps ensanglantés, puis le visage paniqué de son compagnon. Machinalement, il détailla Salem du regard, pour s’assurer que l’adolescent n’était pas blessé, avant de jeter un coup d’œil sur son propre corps, de froncer le nez et de comprendre.

— Désolé.

Très lentement, comme à son habitude, Adam sentait se rassembler en lui ses facultés intellectuelles. Finalement, l’expérience n’était pas si différente d’une vision ordinaire — il avait simplement l’impression que tout son corps était sur le point d’abandonner l’affaire et de le laisser tomber raide mort, mais il n’y avait là qu’une différence de degré. Du reste, la toux s’était calmée, son cœur battait moins vite, il ne saignait plus du nez — sa peau restait brûlante, le sang battait dans ses tempes et chaque frôlement des draps au creux de son rang éveillait un frisson désagréable, mais tout allait bien.

Il comprenait seulement ce qui venait de se passer. Salem avait exigé — demandé — Salem avait demandé une vision. Une sorte de tristesse envahit le jeune homme. Chaque vision était une épreuve et pourtant son compagnon n’avait pas reculé devant sa requête. Adam avait beau comprendre l’importance que ce passé revêtait pour son ami, il n’en était pas moins blessé — blessé encore que Salem n’eût pas jugé bon de l’éclairer sur l’objet, de lui expliquer, de rechercher avec lui des manières plus traditionnelles et moins douloureuses de récolter des informations.

Tout être normalement constitué eût alors conclu qu’il était opportun de faire des reproches à l’adolescent ; Adam ne voyait qu’une évidence : il l’avait bien mérité. Si Salem l’avait utilisé comme un navigateur internet pour surfer sur les archives du monde, c’était parce que… parce que… Il ne savait pas très bien pourquoi, mais enfin, il était certain qu’après tout, il était responsable de cette indirecte brutalité. De vieux réflexes se remettaient en route.

Assis ou plutôt réfugié dans un coin du lit, Adam, que ces réflexions anéantissaient plus encore que les symptômes de sa vision, fixait les chats qui continuaient à le fixer d’un air perplexe, quoique leurs paupières peu à peu s’appesantissent — parce qu’il y avait déjà une bonne demi-heure qu’ils étaient debout. Après un instant de silence, Adam sortit de ses douloureuses pensées et entreprit de délivrer les informations dont il avait été le véhicule :


— J’ai vu ce que tu voulais, je crois. J’ai vu ta mère et ton père. Je t’ai pas vu toi. Je crois que je voyais par toi. Il te donnait le porte-clés. Il a dit… Il a dit… Tiens, c’est pour quand tu auras des clés. Quand tu seras plus grand. Je saurais pas le dessiner, ton père. Mais j’ai son image bien en tête. J’irai voir un télépathe à l’Institut. Il la prendra dans mon esprit. Et puis il la placera dans celui de la Dessinatrice. C’est une fille qui… Enfin bref, elle la reproduira. Et on essayera de le vieillir, avec un logiciel.

Mission accomplie, donc. Des idées toutes plus paranoïaques les unes que les autres s’organisaient dans son esprit autour d’un thème unique : peut-être que Salem n’était resté avec lui que pour obtenir ce genre d’informations sur son passé incertain. Bien sûr, Adam avait encore assez de bon sens pour écarter ses pensées, mais leur activité parasite retournait le couteau dans la plaie et contribuait à entretenir son mal-être physique, qui n’était plus entièrement le produit de la vision.

D’un air un peu éteint, il murmura à moitié pour lui-même :


— Je vais aller… Me laver. Je suis pas très… Présentable. Désolé.

Mais il n’esquissait pas le moindre mouvement, car il était loin, évidemment, de se sentir capable d’aller jusqu’à la salle de bain, encore moins de rester debout assez longtemps pour prendre une douche. C’était fâcheux, parce qu’il avait également l’envie de rester seul, assis dans un coin, à sangloter.

Mécaniquement, il acheva de se soumettre :


— Tu as besoin d’autre chose… ?
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 23 Déc - 15:04

Salem se sentait vide, il regardait l'état lamentable dans lequel il avait mit son compagnon en se maudissant de n'avoir pas pensé une seconde aux effets qu'une vision pouvait avoir sur lui. Peut-être s'était-il trop habitué à ce genre de manifestations, ou alors trop habitué à Adam, à tel point qu'il n'imaginait pas pouvoir le perdre. Pourtant toute ses précédentes histoires s'étaient terminée de la même façon, trop égoïste, qu'elles lui disaient toutes. Et elles avaient raison, Salem l'avait été lorsqu'il s'était gardé Jenny sous le coude tout en sortant avec Adam, et avait recommencé aujourd'hui. Et recommencerais sans doute jusqu'à ce qu'Adam ne le supporte plus et parte.

C'était probablement inéluctable, au fond de lui, il était resté un petit garçon qui ne pensait qu'à se protéger des fatalités qui lui étaient tombés dessus, sans se soucier des conséquences. Il ne s'était jamais autant détesté pour ça, c'était tout de même la santé de son ami qu'il avait mit en jeu cette fois. Désemparé, il baissa les yeux en écoutant Adam lui expliquer que même s'il avait faillit crevé, il avait « réussit », et que d'autres encore allaient user de leurs pouvoirs pour qu'il puisse voir le visage de celui qui l'a abandonné.

« Je suis désolé… J'aurais pas du te demander ça, j'ai pas réfléchis. »

Ou plutôt, il n'avait pris en compte que ce que lui pouvait gagner dans l'affaire, la question de son compagnon l'acheva, avait-il l'impression de n'être là que pour le servir ? Ou alors cette situation lui convenait ? Vu la tête qu'il faisait, sans doute pas, mais il ne disait rien et était même prêt à aller plus loin encore. Salem avait déjà eu l'impression d'être presque entièrement responsable du bien-être d'Adam, parce que celui-ci ne se défendait jamais. Cette fois -ci, c'était encore pire, il sentait à quelle point son fiancé lui offrait tout son être, qu'il pouvait le briser en deux sans qu'il ne fasse rien pour l'en empêcher. C'était une responsabilité terrifiante, parce qu'il ne voulait pas lui faire de mal mais avait bien conscience d'être parfois très dur ou inconséquent sans pouvoir s'en empêcher, et il craignait désormais de voir son amant encore plus brisé par sa faute. L'air soudainement très las, il lança.

« Mais comment tu peux être aussi docile ? Pourquoi tu dois toujours être docile ? Tu sais, j’veux bien prendre la responsabilité. Les reproches. Je demande que ça, Adam, que tu me fasses des reproches, que tu m'arrêtes quand je m'embarque dans des conneries. Je vais pas… je sais pas, je vais pas t'en vouloir si tu me dis quand ça va pas. Arrête d'agir comme si tu valais rien, tu mérites mieux que ça, exprime-toi bon sang… »

Toute ressemblance avec une conversation plus haut dans le sujet est totalement fortuite, bien entendu. Salem était partagé entre la colère qu'il avait contre lui-même, la tristesse et ce si désagréable sentiment d'impuissance face aux problèmes d'Adam. Parce qu'il y avait quand même un sérieux problème dans cette façon qu'il avait de se refermer sur lui-même et d'agir comme s'il méritait tout ce qui lui arrive.

Pour que Salem en arrive à lui demander de l'engueuler, le problème était même très grave, et c'est vrai qu'il suffisait d'un peu d'observation pour s'en rendre compte. Adam n'avait pas le plus petit coin à lui dans l'appartement, il n'exprimait son ressenti que dans de longs monologues, après qu'ils aient touchés le fond, il s'en remettait totalement à lui et s'excusait toujours de tout même quand c'était lui la victime des évènements. Salem sentait qu'il y avait là-dedans quelque chose qui les mèneraient droit dans le mur, à terme.

Dans le silence qui retombait, il regarda l'air triste et fatigué d'Adam, son sang, ses mains encore un peu tremblantes de fièvre, il se passa une main dans les cheveux, ce n'était pas le moment pour ce genre de discours. Lentement, il se leva et lui vint attraper le bras.

« Je vais t'aider à te laver, tu devrais te sentir mieux après… Et j'ferais à manger, te faut des forces, et du repos je crois… Pardon, vraiment… »

Après une titubante, mais courte, traversée de l'appartement, il aida Adam à se défaire de ses vêtements et à s'asseoir dans la douche, parce qu'il n'avait pas vraiment l'air prêt pour la station debout. Il resta silencieux tandis qu'il l'aidait, incapable de trouver quoique ce soit à ajouter, que ce soit pour se justifier, s'enfoncer encore plus, ou passer à autre chose. Il l'aida ensuite à mettre des vêtements propres et à retourner au lit, au moins la douche avait terminée de calmer sa fièvre, c'était toujours ça de pris.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 23 Déc - 17:30

Pendant que Salem comprenait lentement comment Ulysses pouvait reprocher à Adam cette chose si tordue qui était de ne lui jamais faire de reproches, le principal intéressé regardait ses chats sans les voir. Il tentait de lutter pied à pied contre la déception qui l’envahissait, tentait péniblement de ne pas songer que Salem s’était servi de lui, mais, désarmé, ignorant de ce que devait être une relation saine et stable avec ses petites erreurs, il ne parvenait pas à se tirer de sa mélancolie.

Naturellement, le discours de l’adolescent, qui ressemblait de manière si frappante à tous les discours qui avaient suivi sa rupture avec Ulysses, n’était pas exactement faite pour apaiser les inquiétudes d’Adam. Des excuses lui brûlaient les lèvres, car sans doute c’était de sa faute si Salem était insatisfait. Il ne se comportait pas comme il le fallait. Il n’était pas un homme — pas assez combattif — trop docile. Fade, sans doute.

Adam consacrait si exclusivement ses ressources intellectuelles vacillantes à tordre dans tous les sens le discours d’une précieuse perspicacité de Salem qu’il ne répondit rien finalement, se contentant de tourner son regard éteint vers l’adolescent. Docilement, donc, servilement, il se laissa conduire à la salle de bain, sans chercher à feindre une démarche assurée, tandis que les chatons profitaient de ce départ salvateur pour réinvestir le lit et s’endormir à nouveau pesamment.

Comme un pantin pitoyable, Adam se laissa conduire, dévêtir, lavé, sécher, rhabiller, n’exécutant que les gestes strictement nécessaires aux différentes étapes de sa remise en état. Peu à peu cependant, la fièvre se dissipait et l’ensemble des symptômes laissaient place à une fatigue envahissante, mais beaucoup moins éprouvante. Enfin, une fois au lit, quand Salem, après avoir relégué les chatons au bas du matelas (sans céder aux miaulantes protestations), avait remonté les couvertures sur lui et qu’il allait se lever pour préparer le repas, Adam se décida à sortir de son apathie.

Il attrapa la manche de son ami pour l’inciter à s’asseoir au bord du lit.


— Attends.

L’Asiatique se redressa un peu pendant que Hoover et Hawk entamaient une remontée plus ou moins discrète le long du lit, pour pouvoir se glisser sous la couette.

— Je suis déçu. Et j’ai peur. Déçu, parce que j’ai eu l’impression d’être un tournevis. Pas parce que tu m’as demandé de t’aider. Parce que tu l’as pas fait. Tu m’as refilé ton truc, tu m’as demandé une vision, et voilà. Pas d’explications. J’ai eu l’impression… J’ai eu l’impression d’être quelques années en arrière.

Les chatons avaient atteint leur but et, à force d’insistance, réussi à convaincre Adam de se décaler pour leur laisser plus de place. Le jeune homme se rapprocha sagement de son fiancé.

— Mais c’est idiot. De ma part. T’es pas pareil. Tout le monde fait des erreurs. J’ai peur de pas être capable de te faire comprendre. Qu’avec toi, c’est différent. J’ai peur de faire… Comme avec Ulysses. Que tu me supportes plus. Parce que je suis pas assez… Réactif. Mais tu sais… Aïe !

Adam s’interrompit pour soulever les draps et découvrir Hawk qui s’étalait de tout son long.

— Il m’a griffé…

Le jeune homme se décala un peu plus — à croire que les chatons le jetaient dans les bras de Salem (braves bêtes). Le jeune homme esquissa un sourire fatigué et confus, mais un sourire quand même — en massant sa fesse meurtrie par l’agression féline.

— Ouais… Bon, du coup, ça ruine un peu l’effet dramatique de mon propos. Juste. Avec toi, j’me sens un peu comme Cendrillon avec son prince charmant. Mais même, sans ça, j’veux dire, objectivement, ça se passe beaucoup mieux avec toi qu’avec les autres. Alors d’accord, la concurrence est pas super rude dans le domaine, et j’pars de vachement bas, mais…

J’sais juste pas comment faire. J’veux pas te faire des reproches si c’est pour te perdre. Et je sais pas… J’suis habitué à me soumettre. Sans doute. Mais voilà, y a pas que ça. Je veux que tu restes, aussi. Et… Il faut m’laisser du temps. J’peux pas réagir sainement après une vision. Dans ces cas-là, j’suis jamais autre chose qu’une loque et ça, ça changera pas.

Mais là, ça va aller. Je suis déçu et blessé. Mais je suis content d’avoir pu obtenir quelque chose. Et rassuré parce que je sais que tu vas t’occuper de moi. Alors bon, ça faut un peu trop d’émotions pour moi, mais comme j’suis aussi fatigué, ça va s’tasser.


Un second sourire s’installa sur son visage et il murmura :

— Approche. Embrasse moi…

Un baiser que sa fatigue rendit fort chaste, mais très doux. Le jeune homme se laissa retomber sur le lit ou, plus exactement, la partie qui lui était dévolue au terme d’un partage inéquitable entre lui et les chatons, et reposa sa tête sur l’oreiller. D’une voix déjà embrumé, il déclara :

— Du coup, tu vas devoir te faire pardonner, et tu je serai tyrannique toute la soirée. T’es obligé de te plier… à mes désirs…

Si son attention avait été de rendre ses paroles lubriques, force était de constater que le résultat ne s’en trouvait pas très probant — essentiellement parce que ses paupières s’étaient appesanties et qu’il ressemblait, entouré de ses chats, à un enfant qui s’assoupissait après une longue journée et un gros chagrin au milieu de ses peluches, qu’à un Satan pornographe. Même pour yaoi.

Harper Lee se tira de son sommeil pour gravir la montagne et s’installer sur le torse d’Adam, auquel il n’avait fallu que quelques secondes, après son éprouvant exercice de lucidité sentimentale et sa non moins éprouvante vision, pour s’endormir. Sans lâcher le bras de Salem, évidemment.

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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 23 Déc - 22:33

Déçu et blessé… même si Salem avait lui-même demandé à Adam d'exprimer son ressenti plutôt que de s'enfermer dans un mutisme qui ne faisait que rendre les choses plus compliquées, c'était quand même un peu dur à entendre. Mais il comptait bien trouver de quoi lui faire oublier ça, il ne savait pas encore comment, mais il trouverait. Pour le moment, la priorité était que la soirée se termine le mieux possible, et heureusement les choses semblaient s'arranger peu à peu.

Salem eut un sourire timide en réponse à celui d'Adam, il réfléchissait à ce qu'il lui disait. Il est vrai qu'il aurait sans doute mieux fait de dire ce qu'il voulait avant d'envoyer l'esprit de son ami dans les limbes d'une époque oubliée. Mais qu'aurait-il dit pour expliquer son problème, il ne le savait pas trop, encore une fois il avait demandé à Adam de s'exprimer alors que lui-même était loin d'être un exemple en la matière.

Il arrêta d'y penser un bref instant, lorsqu'Adam formula une requête. Maintenant qu'il devait se faire pardonner, il ne pouvait se permettre de dénier répondre aux exigences de son amant, le risque de le perdre tout à fait était encore trop grand. Aussi Salem se plia à cet ordre terrible et se pencha sur Adam pour mêler sa langue à la sienne avec toute la tendresse que la patte d'Hoover lui chatouillant l'oreille le permettait.

« J'te promet, c'était pas pour me servir de toi. Y'a… Des bouts de mon passé avec lesquels je suis pas très clair, je veux dire, des fois j'ai l'impression d'avoir presque tout oublié de ma vie, puis l'instant d'après, ça va me revenir et me donner envie de pleurer, ou me mettre en colère. Je sais pas ce que je veux, si ça m'aiderais d'en savoir plus où si ça me détruirait. J'ai le sentiment que ça vaut vraiment pas le coup de creuser et en même temps j'arrive pas à tourner la page. Je t'ai pas expliqué parce que moi-même j'arrive pas à me l'expliquer. »

Il resta silencieux une seconde.

« Mais si j'avais sut que t'allais pisser le sang comme ça, je te jure que j'aurais rien demandé… 'Fin bon, t'es très loin d'être un outil pour moi, puis d'ailleurs, si t'as besoin d'une aide un peu surnaturelle un jour, tu peux aussi me demander, en plus j't'en dois une, maintenant. »

Son sourire s'élargit, pour se transformer en un petit éclat de rire en entendant Adam, même avec son air de gamin épuisé et entouré de chaton, il trouvait le moyen de caser un sous-entendu graveleux. Cela forçait le respect. Salem lui fit un gros bisou sur le nez, puis un autre sur les lèvres, pour voir si cela pouvait tirer Cendrillon de son profond sommeil, mais la princesse en herbe était trop fatiguée. Il rangea la main d'Adam sous les couvertures et le borda soigneusement avant d'aller se faire un croque-monsieur, parce que lui avait trop faim pour dormir.

Après avoir lancé un regard de cow-boy à Hoover et Hawk, que l'odeur de fromage fondu avait un peu taquinés, même s'ils étaient toujours à moitié endormis, il s'installa au bar en surveillant Adam du coin de l'œil. Puis il traîna sur internet en surveillant Adam du coin de l'œil, et se doucha en laissant la porte entrouverte pour surveiller Adam du coin de l'œil, puis, comme il ne pensait qu'à Adam de toute façon, il entreprit d'ouvrir un de ses bouquins épais comme un dictionnaire qu'il avait laissé sur son bureau, l'un des rares endroits où il avait osé poser quelques-unes de ses affaires. Peut-être le comprendrait-il mieux grâce à ça, s'il arrivait déjà à comprendre le livre, puisqu'il découvrit presque un nouveau mot toutes les trois lignes, le nez collé au livre, il marmonna.

« Harper Lee, soit sage. »

Après avoir bien profité des abdominaux d'Adam, Harper Lee semblaient vouloir tester les pectoraux – et planter ses griffes dedans pour bien les malaxer. Mais en entendant son nom – ou sans doute juste parce qu'une chance se présentait de se faire gratter les oreilles – elle vint se mettre en boule à moitié sur les genoux de Salem, à moitié sur son livre, le stoppant dans sa laborieuse lecture. Il caressait encore la petite quand le ventre d'Adam se mit à gargouiller, et voilà, Salem savait bien qu'il aurait dû manger avant de dormir. Lorsque, quelques minutes plus tard, sa virile princesse ouvrit les yeux, il lui tira la langue.

« Si tu faisais les choses un peu plus sériellement, bah t'aurais pas faim maintenant, voilà ! »

Très fier de lui, il souleva le chaton pour le poser sur la couette et se rapprocha d'Adam.

« Je t'ai laissé le gratin de courgette (étrangement), puis y'a de la viande aussi, je te le fais réchauffer ? Ou tu veux manger autre chose ? »

Vos désirs sont des ordres, maître.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyDim 23 Déc - 23:18

Fort heureusement, Adam ne bougeait pas trop dans son sommeil, sans quoi les chatons n’eussent pas pu profiter de leur radiateur humain pour adoucir la soixante-troisième sieste de la journée. D’ailleurs, le sommeil du jeune homme avait toujours quelque chose d’un peu pharaonique, comme s’il s’allongeait dans un sarcophage. Il était probable que l’épuisement physique et nerveux dans lequel il terminait pratiquement toutes ses journées, les heureuses comme les difficiles, l’empêchait de se dépenser encore un peu plus une fois les paupières closes.

Seulement, les quelques heures de sommeil qu’il grappillait sur son emploi du temps de ministre n’étaient que le troisième de ses besoins vitaux, après les « câlins » avec Salem et la nourriture. Or, si en matière d’athlétisme érotique, sa vision avait quelque peu compromis la soirée, il n’y avait pas de fatigue au monde qui pût empêcher Adam de manger — en revanche, la faim nuisait très certainement à la qualité de son sommeil. Alors que son repos d’ordinaire sans rêve commençait à se peupler comme un banquet gaulois, Adam ouvrit finalement les yeux et marmonna :


— Je veux bien.

Comme il s’était endormi les cheveux mouillés, il redressa une tête ébouriffée en émergeant des couvertures — soulevant au passage un tonnerre de félines protestations, à côté de lui. Comme Hawk et Hoover, frustrés de n’avoir pas pu profiter du croque-monsieur et contrariés d’avoir été tirés du sommeil qu’ils avaient regagné de dépit, commençaient à se battre sous les draps, l’Asiatique les attrapa successivement par la peau du cou pour les déposer sur le sol. Ce qui ne leur fit, bien entendu, ni chaud ni froid.

Pendant ce temps, Adam tentait d’imprimer dans son esprit les questions que Salem lui posait comme ça au saut du lit et répéta finalement, cette fois-ci plus à propos :


— Je veux bien, oui. Du gratin.

Car lui, au moins, même dans l’épreuve, il continuait à manger sainement. Il suivit Salem du regard pendant quelques secondes et entreprit de sortir du lit, avec son pantalon de jogging et son tee-shirt trop grand qui lui servaient théoriquement de pyjama, mais qu’il ne mettait presque jamais et qu’il ne gardait de toute façon pas longtemps, quand par hasard il avait décidé de se montrer un peu décent.

Adam réprima un bâillement — bâilla — et attrapa le livre que Salem avait eu entre les mains, pour lire le titre.


— Histoire de la folie à l’âge classique.

Le jeune homme releva un regard perplexe vers son cuisinier d’un soir.

— C’est hm… Inattendu.

Mais Adam n’avait aucun mal à deviner le petit raisonnement qui s’était mis en place dans l’esprit de Salem et il se doutait bien que l’adolescent ne s’était pas pris d’un intérêt soudain pour l’histoire de l’heideggero-nietzschéisme foucaldien. Quoiqu’il fût loin d’exiger que Salem s’intéressât sérieusement à ses lectures, Adam n’en était pas moins touché par le geste de son ami, aussi s’abstint-il pudiquement de faire le moindre commentaire — mais un sourire benêt, celui qu’il arborait chaque fois que Salem faisait quelque chose d’attendrissant (très souvent, donc), s’installa sur son visage.

Quant à lui, il entreprit de changer l’eau dans la gamelle des chatons ; même s’il s’était autoproclamé tyran du studio pour la soirée, il ne parvenait pas à rester les bras croisés pendant que Salem remplissait la difficile mission de faire cuire un steack — ce qui, étant données les compétences culinaires de l’adolescent, pouvait en effet s’avérer à la fois complexe et dangereux.

Une fois sa propre tâche remplie et les chatons attroupés autour de la gamelle repartis mécontents après avoir constaté qu’il ne s’agissait pas d’un nouveau repas, Adam s’assit sur un tabouret au bar, attrapa son téléphone et se mit à parcourir la dizaine de messages qui était arrivée en quelques heures — sur la première adresse, et dix autres sur la seconde. Il faisait partager certaines de ses découvertes au fur et à mesure.


— Le Congrès a finalement voté la loi sur les exploitations agricoles de moins de quarante hectares.

Adam jeta un regard à Salem, qui n’avait pas l’air bouleversé par cette nouvelle.

— C’est une loi qui permet aux petits exploitants agricoles de déduire des taxes sur l’export des produits les intérêts des prêts inférieurs à cinquante milles dollars quand ils sont destinés à acheter de l’équipement, à condition que l’équipement soit fabriqué aux Etats-Unis. La dernière clause a été ajoutée par les Républicains, évident, mais au début le projet était…

Adam s’interrompit et esquissa un sourire d’excuses.

— Ouais. Désolé. Bref, c’est voté.

Le mutant acheva de répondre en style télégraphique aux messages de toutes les personnes désormais subordonnées à lui dans la chaine hiérarchique (trois, pour être exact) et avec lesquelles il n’était pas nécessaire de faire des ronds de jambe — une toute première pour lui, d’ailleurs, et il mettait un point d’honneur à ce que sa concision ne passât ni pour du mépris, ni pour de la sécheresse.

Puis il reposa le téléphone et machinalement, fit remarquer :


— Il faudra faire le plein.

Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que la phrase était familière. Mais jamais ses intuitions, même désordonnées, n’avaient couvert une si longue période dans le temps. Jamais non plus il n’avait été capable d’avoir une vision sur commande. Adam n’était pas certain de se sentir pleinement rassuré par ces nouveaux développements. D’une voix incertaine, il interrogea :

— Salem… Est-ce que le fait d’avoir des visions volontairement, ça me rend responsable ? J’veux dire, est-ce que ça veut dire que, du coup, j’ai le devoir d’aider, je sais pas moi, les amnésiques ? La police ? Ce genre de trucs. Parce que je sais pas si…

Il s’interrompit avant de conclure timidement :

— Je sais pas si j’aurai le courage…
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyLun 24 Déc - 18:16

Salem avait effectivement cette curieuse manie de tenter de communiquer avec un Adam tout juste réveillé – ou sortant d'une vision – ce qui était, comme chacun sait, assez vain. Heureusement, il était tout à fait conscient que, comme sa voiture, son ami avait de gros soucis au démarrage, et il l'écouta donc lui répondre deux fois d'affilées sans se départir de son sourire bienveillant. Du gratin et du steak, donc, Salem se mit immédiatement aux fourneaux – c'est qu'il ne fallait pas faire attendre Cendrillon, il devait toujours se faire pardonner – et quelque temps plus tard, la voix bien plus réveillée d'Adam s'éleva de derrière le bar. Salem haussa un sourcil, comment ça, inattendu ? Lui aussi pouvait troquer ses comics pour des gros bouquins bizarre s'il le voulait. Bon, il ne le faisait jamais, mais il pouvait le faire.

« Bah quoi ? C'est intéressant la folie, l'Histoire et… et tout ça quoi. »

Il aurait voulu faire semblant d'être vexé, mais un mince sourire s'était dessiné sur son visage et refusait de le quitter. Il continua même quand son compagnon se mit à parler à parler de taxes et d'agriculture, en hocha la tête d'un air de dire « Cause toujours, mon grand. ». À la limite, il préférait encore l'histoire des fous au résumé détaillé des dernières décisions du parti, faute d'être beaucoup plus, cela semblait plus intéressant.

« Oui c'est sûr, avec le trajet pour Boston, il va falloir, c'est qu'elle consomme en plus, ta caisse. »

Et bim, une attaque de plus pour la vieille conserve d'Adam, au cas où il aurait oublié que Salem ne faisait que lui laisser un bref sursis avant de l'envoyer à la casse. Si l'obsolescence notable de ce pauvre engin n'était pas suffisant, il restait encore les arguments financiers et environnementaux, en plus du confort, et du plaisir de pouvoir appuyer sur l'accélérateur sans faire fumer la moitié des pièces du moteur.

Ses réflexions – qui revenaient sans cesse – sur la mécanique douteuse de la voiture d'Adam s'interrompirent lorsque celui-ci se mit à évoquer les questions que les nouveaux développements de ses pouvoirs éveillaient en lui. Comme en le voyant allongé au milieu des chatons, Salem eut une moue attendrie, il était adorable – ils se passent le tour à chaque fois – avec son air inquiet. Il posa la cuillère en bois avec laquelle il avait tapoté le gratin d'un air incertain pour tenter d'en évaluer le degré de cuisson, et vint promener une main dans le bas de son dos.

« Tu n'as aucuns devoirs à propos de ça. Ce n'est pas parce que tu as ce don que tu dois aider tout le monde, faut vraiment pas que tu te forces, et encore moins que tu te sentes responsable de tout ce qui se passe ou ne se passe pas. C'est comme si moi je devais… je sais pas, devenir sniper. En plus, tu en fais déjà beaucoup. »

Salem tentait de se montrer le plus rassurant possible, ce n'était vraiment pas le moment de donner du grain à moudre aux névroses d'Adam. Il lui fit une bise sur l'épaule – parce qu'assis qu'il était sur le tabouret de bar, ses lèvres étaient un peu trop hautes, ô désespoir – et sourit.

« Puis entre tes visions et ton boulot t'aurais plus le temps de t'occuper de moi, alors s'il faut je prends la responsabilité à ta place. »

Il l'avait attaché une fois, il pouvait recommencer, si cela empêcherait Adam d'aller se vider de son sang pour jouer les diseuses de bonnes aventures pour amnésiques. En plus, une aide trop directe risquait d'attirer l'attention, et nuls doutes que quelqu'un pouvant voir le futur ou le passé sur commande intéresserait pas mal de monde. Oui, Salem pouvait devenir un peu parano quand il s'agissait d'Adam, en partie parce que s'il savait que des dangers attendaient les mutants, il n'avait aucunes idées concrètes des risques qu'ils pouvaient courir en se dévoilant trop. Quand on voit que même les types aussi cools que superman ont parfois la police aux trousses, ce n'est pas rassurant. Une odeur de brûlé le ramena à la réalité.

« Ah ! Je crois que c'est prêt ! »

Après avoir soigneusement retiré les bords un peu noircis du gratin, il servit l'assiette à Adam, le point positif, c'est que les chats n'avaient pas du tout envie de quémander un peu de nourriture, il pouvait se « régaler » tranquillement.

« Bon appétit ! »

Adam aurait peut-être dû faire le choix un peu moins diététique des pâtes.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyLun 24 Déc - 18:59

Adam opposa un haussement d’épaules indifférent aux nouvelles invectives haineuses que Salem adressait à son puissant bolide, que dis-je, au destrier racé qui parvenait encore à tenir sur ses quatre roues, quelques étages plus bas, sur le parking de l’immeuble. Naturellement, si le véhicule n’avait pas été déplacé quotidiennement, les voisins eussent appelé la fourrière pour qu’elle vînt les défaire d’une ordure abandonnée.

Le jeune homme se montra beaucoup plus attentif à la réponse de Salem à sa question — ou alors c’était qu’il ne se trouvait pas assez fatigué que pour que la main presque baladeuse de l’adolescent ne troublât pas un peu son esprit si fragile. Plus sérieusement, Adam avait décidé de se reposer un peu sur son fiancé pour ce genre de questions. Après tout, s’il était incapable de décider clairement ce dont il devait être ou non coupable, ce qui était de sa responsabilité ou de la fatalité du monde, il n’y avait pas de honte à demander un peu d’aide.

Sa question incertaine et timide était ainsi la première étape du long et difficile parcours qui devait l’amener, espérait-il, à offrir à Salem une vie sentimentale un peu moins angoissante. Depuis la rencontre avec Ulysses, la journée avait été féconde en incompréhensions et les souvenirs de ses anciens échecs avaient eu la vertu salvatrice de décider Adam à affronter plus lucidement son existence présente. Salem, il l’avait, il le tenait, il n’allait pas le laisser s’échapper.

Sagement, Adam hocha la tête. Tous les arguments de Salem étaient valides (pour une fois !) — et surtout le dernier. Adam préférait de très loin être traîné de boutique de vêtements en boutique de chaussures par Salem que de se battre avec des skinheads dans des parkings souterrains. Ce qui ne l’empêchait pas, bien sûr, de râler tout son saoul quand l’adolescent l’interrogeait sur les subtiles différences qui distinguaient deux paires de baskets, de répondre que des baskets, c’était des baskets et d’être bien plus intéressé par les moments où Salem, dans la cabine d’essayage, enlevait ses vêtements, plutôt que par ceux où il revêtait ses trouvailles.

Un peu rassuré, l’Asiatique affamé pouvait se concentrer sur sa nourriture, prouvant une fois de plus que ses exigences culinaires portaient bien plus sur la quantité que la qualité des plats proposés. Après avoir rassuré de quelques bouchées son estomac qui commençait à désespérer, il se mit à observer Salem d’un air songeur, la fourchette suspendue en l’air, les chatons assemblés à ses pieds. Au bout d’un moment, il condensa le fruit de ses réflexions :


— Inspecteur de police. Tu pourrais être inspecteur de police. Tu pourrais aussi… Travailler aux services d’hygiène. Devenir chimiste. Ou architecte. Vigie sur un bateau pirate, mais c’est peut-être plus très courant. Joueur d’échecs professionnels. C’est une question de mémoire et de régularité.

Toutes professions beaucoup plus respectables que celle de sniper. Et puis, Adam n’avait guère envie de se retrouver marié à un soldat qui partirait assassiner des terroristes au Moyen-Orient, en le laissant tout seul à la maison. Il avait des fantasmes de virilité, certes, mais il les préférait géographiquement un peu plus proches de lui, pour pouvoir en profiter. Garagiste, par exemple, c’était très bien : le sueur, le cambouis, le bleu de travail. Parfait.

Après quelques fournées de nourriture destinées à alimenter la chaudière de sa réflexion, l’Asiatique reprit :


— J’suis pas sûr d’avoir tout bien saisi, mais si tu comprenais tout ce que tu voyais et si tu pouvais classer les informations, tu pourrais analyser les situations en un éclair. C’est une question d’entraînement, de patience et de connaissances. Mettons que tu regardes quelqu’un, que tu voies que ses pupilles se dilatent, que le sang bat plus vite dans les veines de son cou, que ses lèvres frémissent. C’est une chose de voir tout ça, c’est déjà un exploit. C’en est une autre de comprendre ce que ça veut dire.

Maintenant… comment dire ?


Adam s’interrompit quelques secondes, pour chercher une comparaison pertinente (et manger).

— Tu sais, les stations de contrôle des métros ou des trains ? On voit ça, parfois, à la télé. Il y a une carte du réseau, avec des lumières qui clignotent de partout, des chiffres qui circulent dans tous les sens. Nous, on y comprend rien. Et les types dont c’est le métier, ils savent exactement ce qu’ils voient. Nous, ça nous donne la migraine, parce que ce qu’on voit, c’est un amas d’informations sans queue ni tête. Eux, ils maîtrisent, parce que ce qu’ils voient, ce sont des schémas, des régularités et des causalités.

Mon pouvoir, tout seul, il sert à rien. Si je peux faire des trucs, c’est surtout grâce à des connaissances normales. Je veux dire, que n’importe qui peut acquérir. Des trucs que j’ai appris à l’Institut, ou tout seul, ou dans les livres, ou sur le tas.


Le jeune homme s’interrompit pour achever son steak, au grand désespoir des chatons, que le gratin de courgettes n’intéressait pas tant.

— Tout ça pour dire que… Euh…

Le regard d’Adam dériva un peu sur le côté tandis qu’il tentait de se souvenir ce qui l’avait embarqué dans l’un de ses fameux discours. Retrouvant finalement le fil de ses pensées, il reprit :

— Oui, voilà : t’es pas obligé de devenir sniper. J’veux dire, bien sûr, je sais que tu veux pas devenir sniper. Mais c’est juste, tu dis ça comme si ton pouvoir servait à rien. Mais c’pas vrai. Ça viendra. Avec le temps. Et l’entraînement. Remarque, t’es pas obligé, hein. Personne te force à exploiter ça, si ça t’ennuie.

Une fois son assiette finie, Adam se pencha pour la déposer au sol et laisser les chatons se battre pour lécher le jus de la viande. Il regarde les petites têtes velues se pousser les unes les autres pendant quelques secondes avec un air tout à fait attendri, avant de se souvenir qu’il avait une réputation de mâle à conserver et d’adopter un air un peu plus indifférent.

— Bon. Tu me montres les voitures que tu veux sur Internet ?

Parce qu’il avait bien compris que cette perspective était plus proche que celle du jour où ils sauveraient le monde, lui avec ses prophéties, Salem avec ses yeux lasers.


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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyMar 25 Déc - 22:40

Adam avait l'air un peu rassuré par ses paroles, ce qui rendit tout de suite Salem heureux. Lui qui ne se sentait jamais très à l'aise quand il fallait apporter un soutien aux gens, et souvent désarmé lorsqu'on se confiait à lui – particulièrement quand c'était Adam, tout était toujours plus important quand c'était Adam – eut le sentiment d'avoir fait quelques progrès. Et puis ça flattait son ego viril de se dire qu'il savait comment parler à son compagnon. Peut-être pour lui aussi flatter son ego viril, Adam tenta ensuite d'aider Salem avec son propre pouvoir.

Songeur, il écouta la liste des différents métiers dans lesquels Adam lui trouvait des aptitudes particulières. Inspecteur, oui, c'est sûr, architecte, seulement si on ne lui demande pas trop de dessiner, chimiste, ça doit être sympa, mais il lui faudrait faire des études scientifiques et donc avaler toutes sortes de formules mathématiques très incompréhensibles car très abstraites. Les sphères de congruence, il les voyait plutôt d'un mauvais œil.

Comme souvent quand il s'agissait de son pouvoir, il avait tout de même du mal à imaginer des applications concrètes. Bien sûr, il entrevoyait tout un tas de possibilités extraordinaire, parfois utiles, parfois farfelu, mais jamais impossible. Théoriquement. Cela dit, il lui suffisait de regarder ce qu'il faisait, concrètement, de son pouvoir, et les conséquences qu'il avait sur lui, pour se sentir immédiatement las comme un vieillard fatigué. Il avait cette désespérante impression de porter un fardeau beaucoup trop lourd pour bien peu de résultats. D'ailleurs, rien, ses derniers temps, ne lui avait réellement donné d'occasion d'user de ses capacités. Il y avait trop à faire, le mariage à préparer, l'appartement à trouver, les chats à nourrir, le boulot…

Mais la fatigue, elle, était toujours là, tout comme la douleur, supportable mais lancinante, qui battait dans ses tempes chaque jour, à tel point qu'elle était presque le signe qu'il était conscient. Faire le vide, qu’on lui disait, à l'Institut, facile à dire quand on a pas des milliers d'infos plus ou moins inconnues qui nous rentre dans le crâne à chaque instant. Il n'y arrivait pas. Alors, s'il avait vraiment envie de s'améliorer, et de trouver à son pouvoir d'autres utilités que celles de marquer des paniers et de péter les scores à tetris, il craignait un peu de tenter le diable en en faisant trop.

Sans doute, le fait que sa meilleure démonstration, celle où il avait dépassé tout ce en quoi il s'était jusque-là cru capable, se soit soldée avec un couteau de cuisine planté dans son ventre, jouait aussi beaucoup dans son pessimisme. Il craignait d'imposer de nouvelles horreurs à Adam, cet épisode lui avait montré, entre autre, qu'il n'avait pas la capacité de son compagnon à se tirer de situations délicates. Il n'était pas aussi fort que lui. Lui aussi le savait pertinemment, puisqu'il l'avait depuis veillé à le tenir éloigné de ses plans et de tout ce qui pourrait le mener à recommencer quoique ce soit de dangereux.

Alors, Salem avait un peu laissé tomber, même pour l'addiction de Brad aux jeux, il n'avait finalement pas posé de questions. Après avoir fait de beaux progrès, des découvertes surprenantes, comme sa capacité à récolter des informations au-delà de ce qu'il pouvait voir, il se contentait maintenant de stagner en rassurant Adam sur les nouveaux développements de ses pouvoirs. Il était plutôt rare qu'il soit si sage.

« Tu as raison, c'est comme les contrôles du métro, j'ai tout sous les yeux, et je comprends rien. »

Il eut un soupir et fixa un point indéfini droit devant lui pendant plusieurs secondes, trahissant la fatigue et la résignation qu'il avait pu montrer à demi-mot au début de leur relation. Toujours pensif, il ajouta.

« J'aimerais l'exploiter, apprendre, travailler pour enfin arriver à quelque chose. Mais je suis pas comme toi, toi, quand tu as une vision ou une intuition, tu vas réfléchir dessus pour la comprendre, faire des recherches pour trouver ce qui te manque. Tu as un fil rouge, une direction, moi j'ai des tonnes de données et je ne sais ni ce que je peux chercher, ni ce que je peux trouver. C'est comme si… je sais pas… Comme si on te laissait sur une plage déserte en te disant que quelque part dans le sable, y'a un trésor. Au début tu vas creuser et fouiner partout, mais au bout d'un moment tu seras tellement épuisé que tu te demanderas s'il y a un seul trésor au monde qui vaudrait la peine que tu continues à t'user pour le trouver.



J'ai repéré quarante-sept voitures intéressantes pour des prix allant de 2300 à 45000 dollars, une à sept rues d'ici, en face du magasin d'électroménager, sept chez les différents concessionnaires de la zone industrielle à l'est du garage de Bradley, 4 que j'avais vu sur le bord des routes avec une affichette à vendre mais qui ont été déplacée et que je n'ai pas revu, 5 qui n'ont pas été déplacés, deux qui ont été déplacés mais que j'ai revus chez un concessionnaire pour le double de leur prix d'origine, 6 qui demanderait de grosses réparations… 
»

Il commençait à se trouver un peu long, surtout qu'Adam n'avait probablement pas besoin de tout ça, et se gratta la tête avec un sourire d'excuse.

« En fait si tu me donnais tes préférences pour la couleur, le modèle ou le prix, ça réduirait déjà les recherches. Faut qu'elle te plaise aussi. »
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyMar 25 Déc - 23:24

Adam s’était presque empressé de tendre à Salem une perche (métaphorique) pour changer de sujet. Il avait pris conscience, au fil de ses explications, que l’adolescent pouvait les comprendre comme une vive incitation à développer ses pouvoirs, une entreprise qui avait ses mérites, mais qui n’était jamais sans douleur et qui avait, parfois, ses dangers. Le prophète connaissait de nombreux mutants qui, à l’Institut, cherchait à réduire les effets indésirables de leur mutation sans tenter de l’exploiter qu’une quelconque manière et le choix lui paraissait loin d’être idiot.

D’une certaine façon, d’ailleurs, Salem avait de la chance. Sans doute son état n’était pas des plus agréables, mais il était sans commune mesure avec certaines mutations physiques ou psychiques qui coupaient tout à fait leur porteur du monde réel et le menaient à sa lente mais certaine destruction. Il y avait des mutations qui en évoluant empiraient — comme Adam venait brillamment de le montrer en se vidant de son sang sur le lit — et le jeune homme n’était pas certain de vouloir engager avec trop d’enthousiasme son ami sur un terrain aussi glissant.

Cependant, une chose s’imposait à lui avec de plus en plus d’insistance : Salem faisait comme si de rien n’était. Il ne parlait presque jamais de sa mutation et, sans la précision surhumaine de ses discours, qu’il laissait peut-être affleurer plus aisément en compagnie de son fiancé que de tout autre, Adam n’eût pas eu beaucoup d’éléments sur la manière dont Salem faisait quotidiennement l’expérience de ses pouvoirs.

Or, si l’Asiatique pouvait fort bien concevoir que l’on ne voulût pas développer sa mutation, il était convaincu que la maintenir sous une chape de plomb n’était pas non plus une excellente solution. Jusqu’à lors, il avait évité d’en trop parler à Salem : des problèmes bien plus pressants s’étaient posés à eux et Adam avait été soucieux de sauver un couple qui paraissait marcher perpétuellement droit dans le mur. Mais les choses désormais étaient différentes — plus certaines — plus rassurantes — plus propices aux vraies et sérieuses discussions.

Vraies, sérieuses et compliquées. Mais avec Salem, Adam ne ressentait pas tout à fait l’impression d’irréductible étrangeté qui était régulièrement la sienne, quand il entendait un autre mutant décrire les effets de son pouvoir, quand il tentait de comprendre, très exactement, très concrètement, ce que c’était que d’avoir des sens surdéveloppés, ou d’imaginer les ajustements les plus pratiques d’une existence quotidienne menée avec une vitesse cent fois supérieure à celles des êtres normaux, ceux qui avaient construit un monde à leur image.

Son pouvoir et celui de Salem avaient un certain rapport : ils étaient une affaire de données, d’informations, d’accumulation et de tri. Au-delà de cette parenté fondamentale, bien entendu, les choses étaient beaucoup plus compliquées, mais Adam parvenait à concevoir, très schématiquement, certains des problèmes qui se posaient à Salem. Et la description découragée que venait de lui donner son compagnon le confortait dans son opinion.

Comme la liste des voitures possibles le confortait dans celle que le pouvoir de son ami n’était pas entièrement inutile, ni aussi brouillon que l’adolescent voulait bien le prétendre. Adam murmura d’un air parfaitement attendri :


— T’es bête.

Certes. Le jeune homme quitta son tabouret, ramassa l’assiette abandonnée par les chats qui étaient partis, repus, investir le lit et la posa dans l’évier. Il contourna le bar pour prendre la main de Salem et le forcer à se lever.

— Viens là, Monsieur Je Vois Rien du Tout et Tout est Confus.

Il l’attira vers le lit, chassa les chatons qui protestèrent (une de leur grande spécialité, on l’aura compris), poussa Salem à s’allonger et s’installer à cheval sur ses cuisses, parce que c’était une position pédagogique (en quelque sorte). Le regard noir d’Adam se braqua dans celui de Salem.

— Donc, tu es sorti dans le monde vaste et compliqué, où coulent des milliards d’informations toutes les secondes, tu as tout regardé, et tu as extrait de tout cela les voitures, leurs marques, leurs prix, leurs emplacements. Si je te donnais plus de critères, tu réduirais encore la masse des données. Quand tu as vu les voitures, tu as vu leurs particularités pertinentes. Et les autres. Mais tu as sélectionné les premières.

Pour appuyer ses explications, Adam avait glissé ses mains sous le haut de Salem — ce n’était pas parce qu’il était trop fatigué pour faire des folies qu’il ne pouvait pas un peu apprécier la marchandise.

— Tu sais pourquoi ? Parce que tu savais ce que tu cherchais. Parce que tu sais ce qui est intéressant dans une voiture, tu sais que c’est pas la composition de l’alliage métallique et la nature des gravillons coincés dans les pneus. Par contre, quand tu regardes un arbre, comme t’es pas spécialement botaniste, c’est plus compliqué. En même temps, quand t’es bien disposé, c’est pas si désagréable — parce que tu regardes l’arbre comme un objet esthétique, pas comme un objet botanique. Tu te concentres sur la forme et la couleur, pas sur les processus chimiques. Tu fais déjà beaucoup plus que tu ne sembles le croire.

Tout cela ne les avançait pas beaucoup dans le choix de la nouvelle voiture — à croire que toutes les occasions étaient bonnes pour sauver la vieille carcasse.

— Tu sais, au début, les visions, c’était incompréhensible. Y avait rien à chercher, rien à trouver. Des images sans queue ni tête qui se succédaient. A peine une seconde par scène. Il y en a encore beaucoup des comme ça. Mais avec le temps, les choses se sont mises en place. C’est comme si on avait une faculté intellectuelle en plus. C’est pas séparé ; ça fait partie du reste. C’est lié à nos connaissances. A nos façons de réfléchir. A notre vie normale.

Et pour en revenir à la vie normale et offrir à Salem, après ce discours de motivation, la récompense d’une perspective beaucoup plus accessible que les futures améliorations de son pouvoir et beaucoup plus concrète, Adam consentit à reprendre l’exemple qui avait servi sa démonstration pour lui-même. La nouvelle voiture.

— Et pour répondre à tes questions… La marque, je m’en fiche. La couleur, quelque chose de discret. Si possible, pas un modèle trop trop récent, ni trop criard, pour que ça se remarque, quand je vais dans des quartiers louches. Et pour le prix… Hmm… Si on veut pas faire de prêt… J’sais pas. 20 000 dollars.

Certes, le prix moyen pour une nouvelle voiture était de trente mille dollars, mais Adam parlait d’un véhicule d’occasion et, surtout, il parlait de l’acheter sans prêt. L’une des petites circonstances de leur existence quotidienne grâce auxquelles Adam révélait que le kick-boxing, les publicités pour sous-vêtements sexy et le consulting politique étaient des activités plutôt lucratives.
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Salem Cordova

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyMer 26 Déc - 15:52

Salem se laissa sagement conduire vers le lit, et presque sagement caresser, tout en l'écouta. Il est clair qu'avec Adam ainsi assis sur lui, l'adolescent était parfaitement attentif et que ces mains parcourant sa peau contribuaient à susciter son… enthousiasme. Adam était de tout évidence un excellent pédagogue, il avait tout compris. Salem buvait donc ses paroles, quoique parfois déconcentré par une fugace réminiscence de la visite approfondie de leur futur appartement. Heureusement, cela ne l'empêchait de réfléchir, et il devait avouer que les explications de son compagnon étaient très justes (Comme d'habitude).

« Oui là, là je savais ce que je cherchais, c'est sûr… »

Si Salem avait si peu l'impression que son pouvoir lui était utile, c'était en bonne partie parce qu'il était très lié au fonctionnement normal de son cerveau. Si en sortant du boulot, il se demandait s'il devait passer faire quelques courses, ou s'il y avait assez à manger pour le soir, il n'avait qu'à se demander ce que contenait les placards et le frigo pour le savoir. Les informations aussi simples et récentes que celles-là lui revenaient avec une telle aisance et une telle promptitude qu'il avait du mal à les voir comme exceptionnelles. Elles faisaient entièrement parties de son quotidien le plus banal, et il était intimement convaincu que si les gens étaient un tout petit peu attentif, ils n'auraient aucun mal à ce remémorer tout un tas de choses du même genre – parce que c'est très facile à faire, bien sûr.

Ainsi, il n'y avait que les moments sortant du quotidien qui lui donnait vraiment la sensation d'être spécial, d'avoir un don à exploiter. Il aimait se creuser la tête, devoir trouver rapidement un information précise, il aimait se sentir utile. Le simple fait d'écouter les préférences d'Adam et de passer les différentes voitures en revu en éliminant celles qui ne convenaient pas contribuait à lui faire prendre conscience de ses capacités, plus que n'importe quel discours.

« Ok, ça en fait moitié moins à aller voir, quand on aura le temps. »

Il commencerait par lui montrer ses préférées, en préparant tout un tas d'arguments mécaniques imparables, la vieille carcasse d'Adam pouvait trembler sur ses suspensions, la casse était proche. Mais ces histoires de pouvoirs à développer ou non avait réveillées chez Salem son envie d'utiliser pour de bon ses capacités. Les quelques petites aventures qu'il avait vécue auprès de son beau fiancé ou du très viril et très musculeux Rylan avaient étaient éprouvantes, mais épiques, et avec le recul seules les réussites et l'adrénaline lui restaient.

Et puis, même sans mexicains, sans courses-poursuites et sans peluches brûlées, les plans lui manquaient, oui, les plans, et les photos, bien sûr, et puis les punaises, l'écriture fine et pressée courant sur les post-it, les codes. Jamais ses yeux ne s'était posées sur quelque chose d'aussi proche de lui et de ses raisonnements. Doucement, il entremêla ses doigts avec ceux d'Adam en le regardant dans les yeux, c'était le moment d'être convaincant.

« Je pourrais t'aider, pour tes visions, je pourrais t’apporter des infos, te faire gagner du temps, tu peux pas le nier. »

Très vite, il ajouta.

« Je ferais pas de folie, je te promets ! Ça me ferais travailler, c'est le meilleur moyen que j'ai. T'as même pas besoin de t'occuper de moi, tu pourrais mettre tes plan dans notre nouvel appart et c'est tout. J'te dirais tout ce que je trouve, je ferais rien de dangereux… »

Salem tenta la moue de chaton triste inspiré du Hoover affamé pour le convaincre. Plusieurs fois, il avait dit à Adam qu'il pouvait étaler ses plans partout, et s'il semblait vouloir dire que ce genre de désordre ne le dérangeait pas, c'était pour cacher qu'il mourrait d'envie de les revoir.

Déjà, il ne parlait pas de plans juste parce que la majorité des informations étaient collées à la carte de New York, bien au-delà de ça, il voyait dans toutes ces infos le cheminement d'Adam au milieu de ses propres données, sa manière personnelle de leur trouver un sens, les réflexions qui l'avaient poussé à rechercher telle information plutôt que telle autre. Contrairement à lui, Adam ne se contentait pas de penser qu'en termes d'informations, mais aussi avec les moyens d'actions à sa disposition, les doutes qui persistaient toujours. Cela se ressentait dans ses plans, de sortes que certaines choses lui avaient de prime abord parut obscures ou incongrues, mais s'étaient peu à peu éclaircies.

Bien sûr, Salem était loin de tout comprendre, et n'y arriverait certainement jamais. Mais il savait aussi que si on lui laissait une salle assez grande pour abriter au moins trois terrains de foot, il pourrait amorcer un travail du même type. Il n'aurait pas la même approche et n'utiliserais pas les mêmes outils, mais il y avait dans les fondements de cette démarche un tas de choses qu'il comprenait très clairement. Cela lui donnait une aisance certaine pour intégrer ce qu'il voyait dans les plans à tout ce qu'il avait déjà et en tirer de nouvelles choses, il adorait ça. Preuve que Salem n'apprécie pas seulement de lier son corps à celui de son ami, il jouissait aussi de réunir leurs esprits, c'est un Sage. Un Sage qui avait bien envie de grattouiller Adam derrière les oreilles et ailleurs, mais un Sage quand même.
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Adam Tenseï

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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyMer 26 Déc - 17:26

Adam devait à sa fatigue l’héroïque concentration dont il faisait preuve en explorant les tenants et aboutissants du pouvoir de Salem, de l’achat de leur nouvelle automobile et de la ceinture abdominale de l’adolescent. Naturellement, son esprit, qui n’était pas aussi fatigué que son corps, n’était pas exactement parvenu à demeurer entièrement concentré et, pendant que l’Asiatique évoquait très rationnellement ses préférences pour la nouvelle Prophète-Mobile, des images peu chastes de la banquette arrière peuplèrent son esprit.

Mais c’était officiellement pour Salem fût plus à son aise que le jeune homme avait fini par lui retirer son haut — de toute façon, comme l’avait très pertinemment souligné le principal locataire des lieux, les voisins chauffaient bien assez pour qu’on se sentît à l’aise. Cette manie que Salem avait de mettre des vêtements finirait par nuire à sa santé, Adam en était convaincu, et c’était en somme un service qu’il lui rendait en faisant ainsi respirer sa peau.

Cependant, le premier bénéficiaire de cette inépuisable lubricité semblait vouloir jouer contre son propre camp. La proposition de son fiancé expulsa brusquement de l’esprit et des projets d’Adam toute caresse plus poussée. Le sourire prédateur qui avait commencé à s’installer sur les lèvres du jeune homme s’évanouit aussitôt, ses mains se figèrent sur le torse de l’adolescent et son regard fixe s’immobilisa dans celui de Salem. De longues et pesantes secondes passèrent dans le silence.

Les mains d’Adam s’enfuirent et Adam avec elle, qui abandonna son poste avancé sur les cuisses de Salem pour s’asseoir sur le lit, dos contre le mur, à côté de l’adolescent. En la matière, la stratégie Hoover était parfaitement inutile et Salem n’eût pas connu plus de succès avec un effeuillage érotique. L’affaire était sérieuse et elle rappelait trop à Adam la découverte de son ami baignant dans son propre sang pour qu’il se laissât aisément amadouer.

Il avait toutefois parfaitement conscience qu’il lui serait impossible de cacher toujours les rouages de ses activités à Salem et que, même, ce n’était pas souhaitable. Il ne pouvait se contenter perpétuellement de quelques indications assez elliptiques pour empêcher l’adolescent de se lancer dans la moindre recherche personnelle et son futur époux, Adam le savait, avait le droit de comprendre précisément son existence, d’y prendre part, de la même manière que lui-même essayait de saisir le pouvoir de l’adolescent, ses ramifications et ses obstacles.

Adam n’avait aucune envie de se réserver le rôle de grand décideur, qui distillât les informations au compte-goutte. Aucune envie que Salem fût perpétuellement suspendu à son bon vouloir. Le jeune homme se savait dominateur, trop dominateur parfois, et si ce tempérament lui permettait de survivre et de progresser, il était loin de vouloir le conserver aux côtés de Salem. De disputes en incompréhensions, il avait compris que confesser ses faiblesses était une nécessité vitale de leur relation et qu’elle ne pouvait être satisfaite s’il maintenant son ami dans l’ignorance.

Alors, après une longue et silencieuse réflexion qui ne devait rien augurer de bon, Adam murmura à contrecoeur :


— D’accord.

Adam tourna la tête vers son ami.

— Y a des conditions. Tu ne fais pas de démarches en rapport avec ça sans moi. Je veux dire, tu peux mener des recherches, faire des reconnaissances le jour, mais c’est tout. Tu ne rentres pas dans les bâtiments qui ne sont pas publics. Tu ne vas pas dans les quartiers dangereux. Dès que quelque chose te paraît louche, tu t’en vas. Dès que tu as un doute, tu me demandes.

Le jeune homme se sentait quelque peu mal à son aise d’adopter avec Salem un ton si directif, mais l’expérience catastrophique de Rylan ne lui laissait, lui semblait-il, guère le choix et le devin préférait risquer de froisser un peu la sensibilité de Salem que de retrouver son corps découpé en morceaux dans une benne à ordures, du côté de Hell’s Kitchen. Pour lui prouver cependant qu’il ne comptait pas le traiter comme un enfant, il reprit :

— En échange, je te dis ce que je vois, ce que je pense, la manière dont je l’analyse, ce que je compte faire, ce que je fais. Quand je juge que c’est possible, tu peux m’accompagner. Je te donne toutes les informations que tu veux. Je te propose toutes les occasions qui ne sont pas dangereuses. Je t’apprends les ficelles. Donc voilà. Accès total en échange de prudence totale.

Adam n’était pas certain de faire un choix très judicieux. Il lui paraissait raisonnable, sans doute, mais une inquiétude vive continuait à nouer son estomac. Le regard fixé sur Salem, il le trouvait soudain si fragile, si facile à briser et meurtrir, qu’il ne résistait que difficilement à l’envie de l’enfermer dans une prison dorée où il fût toujours protégé du monde extérieur. Mais précisément, c’était la vie indépendante de Salem qu’il aimait et il n’avait aucun goût pour les oiseaux en cage.

Sur le lit, sa main chercha celle de son ami pour la serrer. Plus Adam se persuadait que son marché était honnête et profitable, plus il se rendait à l’évidence de sa décision, plus l’inquiétude était vive.


— Salem…

Sa voix s’était faite un peu timide et elle avait perdu toute l’assurance contractuelle qu’elle venait de déployer pour graver dans l’esprit de l’adolescent les termes précis de l’accord qui les lierait.

— Tu es vraiment très beau.

En dehors des crises de nerf, les compliments d’Adam étaient rarissimes et le jeune homme était plus aise avec les regards brûlants et les sourires reconnaissants qu’avec les mots. Mais de temps à autre, même lui ne pouvait s’empêcher de laisser affleurer le fond de sa pensée.

— Prends soin de toi.

Et en prononçant ses mots, il s’était réfugié contre Salem, passant le bras de son ami autour de ses épaules, pour poser sa tête contre la sienne et une main sur son torse, après avoir rabattu la protection magique de la couverture au-dessus d’eux (et chamboulé au passage l’installation des chatons). Au moins, au fond du lit, aucun très musclé et très viril Rylan (pff…) ne viendrait taillader son fiancé.
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MessageSujet: Re: Polymétis (Salem)   Polymétis (Salem) EmptyMer 26 Déc - 21:57

Salem savait bien que son compagnon ne serait pas enchanté par sa proposition, il s'était d'ailleurs abstenu de la faire de façon aussi directe jusque-là, tantôt, le souvenir de sa rencontre avec Rylan était trop présent, tantôt il ne voulait pas briser l'euphorie de leurs fiançailles, ou était simplement trop occupé. Mais cette question serait arrivée sur le tapis à un moment ou un autre, si l'idée que Salem put être à nouveau blessé terrifiait Adam, l'angoisse était la même pour Salem. Participer à ses recherches et ses escapades périlleuses ne lui permettrait pas seulement de développer ses capacités, mais aussi d'avoir une idée de ce que faisait son compagnon. Ainsi il saurait qu'il peut dormir tranquille quand il s'embarquerait dans une mission pas trop dangereuse, ou au contraire quand il pouvait angoisser librement, quand il y avait de quoi.

Cela dit, en voyant le recul et le silence d'Adam, il crut d'abord que celui-ci n'accepterait pas, et vu le désastre qu'avait été son essai en solitaire, Salem n'aurait sans doute pas su trouver d'arguments pour sa défense – d'où la tentative de la tête de chaton triste, mais sa seule arme n'avait pas eu d'effets. Le léger stress qui s'insinua en lui s'évapora lorsqu'il entendit sa réponse. Sauvé, il allait revoir les plans, être à nouveau utile, faire partie de cette part secrète de la vie d'Adam. C'était un soulagement, même s'il savait qu'il s’engageait sur une voie dangereuse.

Sans attendre, il se rapprocha d'Adam, qui aurait difficilement put paraître plus inquiet.

« Je te le promet, j'ai compris la leçon. »

Ça au moins c'était sûr, Salem avait bien conscience d'avoir déjà de la chance d'être encore debout, il ne comptait vraiment pas se jeter seul dans la gueule du loup de si tôt. Prudence totale donc, l'adrénaline, il ne faut pas en abuser. Alors qu'il cherchait un moyen sans doute inexistant de rassurer Adam, celui-ci le prit par surprise avec son compliment. Il eut immédiatement l'impression qu'infliger à nouveau à son compagnon une longue attente dans les couloirs des urgences serait un crime odieux, et le serra fort contre lui en se laissa entraîner sous les couvertures. Maintenant protégés par leur barrière magique, il déposa une bise sur les lèvres d'Adam.

« Je prendrais aucuns risques, vraiment aucuns. J'ai beaucoup réfléchit à ce qu'il s'était passé, mes pouvoirs s'étaient beaucoup développés en peu de temps, je comprenais pas tout et j'ai pas réfléchis aux conséquences de mes actes. Ça se reproduira pas. »

Ses mains se perdirent dans les cheveux d'Adam tandis qu'il lui faisait d'autres bises sur la joue et le front. Se retrouver ainsi coupé de toute informations autres que celles d'Adam serré contre lui lui donnait toujours une impression étrange, comme si le temps s'était arrêté et qu'il ne restait qu'eux au monde. Il câlina son compagnon un long moment, sans doute un peu parce que son angoisse et sa fatigue lui donnait un air vraiment adorable – ça sent la fin de rp et je trouve rien à dire, utilisons la recette des conclusions de dissertations de français.

Cette journée avait été riches en émotion, la rencontre avec l'ancien possible fiancé d'Adam fut au moins aussi instructive que désagréable, ils avaient enfin trouvé leur nouveau logis et la liste des voitures potentielle s'était réduite à 22, dont une dizaine qui valaient vraiment le coup d'œil. Mais surtout, Adam et Salem étaient encore plus proches à présent. Bien sûr, ils n'étaient pas au bout de leur peine, car les auteurs maléfiques qui les guidaient ne comptaient pas cesser de leur en faire baver, mais ils se comprenaient un peu mieux, tout comme ils comprenaient mieux leurs pouvoirs mutuels. Nous pouvons cependant nous interroger, vaut-il mieux enfermer son compagnon dans une cage dorée, pour ne pas prendre le risque de le perdre ? Ou privilégier sa sécurité, au risque de le perdre aussi parce qu'il pourrait se barrer, à terme, mais au moins, il serait entier.

Adam et Salem avaient choisi la voie de la liberté, de la confiance, mais peut-être pas celle de la raison. L'avenir nous dira s'ils ont bien fait. En attendant, blottit sous la couette, ignorant les prochains périls qui les guettaient, les jeunes fiancés s'endormirent. [0/1 Conclusion à revoir]
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