Andréa Wenfield était en train d’injurier copieusement la trame du métro lorsqu’un contrôleur passa. Elle lui adressa un grand sourire charmeur et il en resta complètement béa, oubliant de vérifier son ticket. La jeune mutante s’éloigna rapidement en pouffant comme une collégienne. C’était tellement simple ! Trop simple que la plupart du temps cela n’en était même plus vraiment amusant. Dotant plus que devoir utiliser les transports en commun, n’avait en soit rien du tout de drôle, surtout pour la jeune femme qui ne se déplaçait qu’à pied, ou idéalement en moto. Mais Ashley était chez le garagiste à cause d’un petit malin qui avait trouvé hilarant de lui crever ses pneus. A présent, la graine de voyou devait rire sur son lit d’hôpital, les deux bras fracturés. C’est moche d’utiliser tes pouvoirs pour ça, Andy… songea t-elle Mais en même temps, ça soulage.

Sortant des souterrains du métro, Andréa parcouru quelques rues en marchant d’un pas rapide. Elle allait finir par arriver en retard à son rendez-vous avec les autres Damnés. Elle s’était proposée pour une mission, parce qu’elle commençait à se noyer dans le train-train quotidien de la vie New-yorkaise et qu’elle ne voulait surtout pas ressembler à tous ces gens qui lui faisaient penser à des robots, à force de toujours faire les mêmes choses. Elle, avait besoin d’un peu d’action. Et si elle pouvait agir tout en rendant service, ce n’était pas un problème. Au contraire.

La jeune femme arriva en vu du Roosevelt Building et jeta un coup d’œil alentour. Elle ne remarqua personne qui aurait pu correspondre à la description qu’on lui avait fait de ses deux coéquipiers. Elle ne les avait jamais vu, ou peut-être que si, elle avait pu les croiser dans les étages du Dakota Building, mais si c’était le cas elle ne s’en souvenait pas. Elle ne se présentait pas aux mutants qu’elle croisait, même au QG des Damnés, et les gens qu’elle croisait ne se présentaient pas non plus quand ils la voyaient. Les femmes lui adressaient un sourire ou un signe de tête en guise de salut, et les hommes ouvraient des yeux ronds en la regardant passer, à cause de son charme hypnotique. Elle croisa les doigts pour que ces coéquipiers ne fassent pas partie des hommes les plus sensibles à son pouvoir. Cette mission ne serait pas de la tarte, sinon !

Voyant qu’elle ne reconnaissait personne, et n’identifiait aucuns Damnés dans le secteur qu’elle avait sous les yeux, Andréa s’approcha de la porte d’entrée d’un immeuble, en face du building. Elle ouvrit sans mal la porte grâce au passe-partout qu’elle s’était procurée, facilement, grâce aux services postaux du quartier. Un adorable facteur avait été ravi, après quelques verres et d’autres sous-entendus charmeurs, de lui rendre service et de lui procurer un double de ses propres clés. Lui, faisait parti des hommes ultra sensibles au pouvoir de la mutante.

Commença alors l’attente. Andréa resta adossée au mur de l’immeuble, fixant la rue à travers la porte vitrée, à la recherche de ses coéquipiers qui ne devraient pas tarder à arriver. Elle ne pouvait rien faire sans eux, parce qu’elle ne savait pas comment entrer dans le building. Elle y serait bien allée de la manière habituelle : Charmes les naïfs, dégommes les autres. Mais elle ne savait même pas exactement ce qu’elle venait chercher. On lui avait dit que ce serait très dangereux, qu’il y aurait de l’action et que c’était pour défendre la cause des mutants, cela avait suffit à la convaincre. Pour le reste, elle faisait confiance aux Damnés. Elle n’était pas d’un naturel confiant, mais tout de même, n’était pas méfiante à ce point là.

Pour passer le temps, Andréa essaya de deviner à quoi pouvait bien ressembler ses coéquipiers. Elle imaginait que Mickaël devait être le cerveau de l’équipe, peut-être un intellectuel maigrichon et binoclard, qui ne payait physiquement pas de mine mais qui devait savoir se débrouiller avec un ordinateur et des systèmes de sécurité. Dent-de-sabre était un surnom de dur à cuire, avec plus de muscles que de neurones, le genre de gros bras qu’il fallait dans chaque équipe pour défoncer des portes et des gardes peu coopératifs. Oui bien sûr, et toi tu es une fragile jeune femme sans défenses… se moqua t-elle. Andréa poussa un soupir en songeant que si elle se faisait cette image d’eux, eux-mêmes devaient se demander à quoi une femme de vingt-trois ans pourrait les aider dans leur mission. Elle allait devoir faire ces preuves. Cela ne la gênait pas, elle avait hâte que la mission commence…

Andréa attendait depuis un bon moment déjà, lorsque deux hommes s'approchèrent d'elle, et encore loin d'elle, l'un lui fit signe de s'approcher. Une seconde, elle crut qu'il y avait un problème et que c'était là deux gardes du bâtiment, habillés en civil. Leurs carrures, leurs regards, tout lui laissait penser qu'ils étaient du côté de l’ennemi.

Brusquement, la jeune femme réalisa qu’elle se trompait. Avant, quand elle fuyait encore les Damnés, ils auraient été ses ennemis. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui elle n’était plus en fuite et elle travaillait avec ces hommes. L’idée devait faire son chemin dans son esprit, ce n’était pas gagné. Inconsciemment, même si elle faisait plus ou moins confiance à ses hommes qui avaient le même but qu’elle, elle se méfierait.

Collant un sourire sur son agréable visage, Andréa s’approcha des deux hommes qu’elle avait attendus, et les rejoignit avec empressement. Elle avait hâte de commencer, et non pas parce qu’elle avait hâte que tout soit terminé.

Bonjour messieurs. lança t-elle joyeusement

Elle hésita une seconde puis tendit la main en direction de celui qui lui semblait être le moins… agressif. L’homme qui portait un maillot des Celtics de Boston. Elle se présenta, attendant qu’il fasse de même et lui serre la main. Bien qu’ils sachent déjà les identités de leurs coéquipiers, Andréa ne voulait pas commettre d’erreur en appelant l’un par son nom au lieu de son surnom, ou inversement.

Je suis la Tour d’Ivoire, mais vous pouvez m’appeler Andréa ou Andy. sourit-elle, attendant de voir si son charme était au meilleur de sa forme ou si les deux hommes faisaient partit de ceux qui y étaient peu sensibles. Personne n’y était complètement insensible, mais tous ressentait plus ou moins cette attirance pour la mutante.