La nuit tombe sur New York. Cain glisse un œil en dehors de sa cachette, au fin fond de la cave d'un immeuble abandonné. La nuit dernière, il avait réussi à s'y glisser discrètement après avoir semé une patrouille de police. Heureusement que ces gros lards n'ont pas pu escalader la palissade du terrain vague. Le temps qu'ils fassent le tour, il s'était esquivé. Trois semaines déjà que la police ne lui laissait aucun répit. Trois semaines depuis le massacre à l'hôpital.

Quelle malchance. Pris par surprise par quatre membres des "90 kidz", déjà affaibli par la faim, il avait trop tiré sur ses réserves. Score final : deux morts, un blessé, un fuyard, et lui avec 2 balles dans la cuisse. La police et le samu l'avaient trouvé inconscient et ramené à l'hôpital le plus proche. Là, il avait eu droit à une opération dans les règles, des bandages, des transfusions de sang. Beaucoup de sang probablement vu la faim initiale... Quand il s'était réveillé, une infirmière était penchée sur lui. La vue de son cou blanc l'avait fait totalement déjanter. Comme un assoiffé du désert voyant une flaque d'eau.

Cain ne garde que peu de souvenirs précis de l'hôpital, mais il sait qu'il s'est jeté sur elle pour s'abreuver, qu'un policier en faction a surgi dans la chambre, qu'il l'a tué aussi, et qu'il a laissé beaucoup de cadavres derrière lui. Il a des flashs d'un bras arraché, d'un patient s'écroulant sur le sol, la poitrine marquée d'un coup de griffes. 6 morts et 7 blessés, dont un policier, voilà ce qu'avaient dit les journaux. La police n'aime pas les tueurs de flics. Ils en ont fait une affaire personnelle et il ne peut pas faire trois pas sans croiser une patrouille à sa recherche. Et cela fait déjà 8 fois qu'il doit s'enfuir pour leur échapper.

Peut être vont ils se lasser ? S'il est prudent et qu'il ne se fait pas remarquer pendant quelques jours, ils croiront sûrement qu'il a quitté la ville. Cain vérifie minutieusement qu'il est bien couvert. Il met dans ses poches sa cagoule, ses lunettes et ses gants, au cas où il ne rentrerait pas avant l'aube. Ce soir, il serait bon qu'il se nourrisse. Il ne tiendra pas plus de deux jours. Lentement, il dé barricade la vieille porte rouillée, puis se glisse dans les ténèbres pour rejoindre le rez de chaussée.

Quelque chose ne va pas. En montant l'escalier, Cain entend une voix. Une femme. Personne ne lui répond, probablement au téléphone. Qu'est ce qu'une femme pouvait bien faire dans cet immeuble abandonné ? Cain s'enveloppe dans un nuage de ténèbres et monte précautionneusement l'escalier. Quelques pâles rayons de lune filtrent à travers les fenêtres cassées et projettent des rais de lumière poussiéreux. La lune, alliée à sa vision nocturne, font qu'il voit presque comme en plein jour. Oui, il s'agit bien d'une jeune femme. Les vêtements sont ceux d'une adolescente, mais quelque chose cloche. Mitaines, bonnet, tout cela est trop... blanc. Les vêtements sont propres, peut être même neufs. Elle n'est pas d'ici. Dommage pour elle tant mieux pour moi. Elle n'avait rien à faire là et elle devient une proie facile.

Cain monte discrètement l'escalier, toujours enténébré, quand soudain la jeune femme relève la tête, raccroche son portable et... disparaît dans les ombres ! Par tous les diables, qu'est ce que c'est que ce cirque ? Cain se fige, aux aguets. Il scrute la zone où elle a disparu. Personne. Impossible. Il décide de jouer la prudence. Après avoir renforcé son manteau d'ombre, il contourne doucement l'escalier pour raser le mur et s'approcher du dernier endroit connu par le flanc. Toujours rien. Aucun mouvement. C'est incompréhensible.

Il faut réfléchir. Quelles sont les options possibles : la femme n'a jamais été là. Ridicule. La femme est sortie sans qu'il s'en rende compte. Impossible. Son bonnet blanc luisait comme un phare et il ne l'a pas quittée des yeux. Elle s'est rendue invisible. Oui... Farfelu et pourtant possible. D'autres mutants parcourent la ville. Peut être même certains sont ils au service du gouvernement et des fédéraux. Ils ont osé... Ils ont envoyé un mutant à ses trousses, un être de sa propre race. Elle paiera pour sa trahison.

Arrivé à quelques mètres de la dernière position connue de la proie, Cain se concentre et projette soudainement deux massues d'ombre vers les ténèbres. Celles-ci se croisent et balaient l'espace en sifflant afin de détecter une éventuelle présence.

Cain est totalement pris au dépourvu par le résultat de son attaque. D'une part, ses tentacules ne frappent personne dans la zone, mais en plus il est incapable d'éviter totalement une ombre noire qui lui lacère le bras gauche. Un peu plus à droite, et son poumon était touché. Qui est cette femme ? Comme a t elle pu s'échapper, il n'a vu personne. Ramenant ses ténèbres autour de lui, il s'accroupit et compresse la blessure en regardant autour de lui. Rien. Personne dans un rayon de 10 mètres, et nul part où se cacher. Mais la dague n'a pas pu sortir du vide, elle n'est donc pas loin... Invisible. Comment se rend elle invisible ? Est ce une mutante ?

Cain tend l'oreille. L'invisibilité ne rend pas silencieux. Rien. Pourtant, là, à quelques mètres sur ma droite, l'obscurité semble bouger, comme si un nuage obscurcissait l'air. Puis les ténèbres se concentrent et la jeune femme se matérialise à trois mètres de lui. Deux dagues complètent sa posture de combat. La proie n'est pas si désarmée finalement. Et pas une humaine normale. Que faire ? Continuer le combat ? Dangereux sans connaître ses capacités. Fuir, inacceptable. Cain rassemble un manteau de ténèbres autour de lui. Peu dense pour ne pas le masquer, mais suffisamment pour ralentir une attaque physique.

La jeune femme prit toutefois l'initiative de la suite, et son ton laissait présager qu'elle ne comptait pas avoir le dessous en cas de combat.

"Mon problème est qu'une donzelle des beaux quartiers vienne chez moi. Une mutante, en plus. Vendue. Traître à ta race."

Deux tentacules d'ombre s'élèvent dans les airs derrière Cain, ondulant doucement, pointés vers Sélène. Ses mains sont levées, toutes griffes dehors, et ses yeux luisent d'un rouge sanglant. La bête montre le bout de son museau. Elle a flairé l'odeur du sang.

"Tu es ici pour quoi ? Pour moi ? Tu penses que je vais me laisser faire ? Que parce que tu es une mutante je tomberais dans le panneau ?"

Cela faisait des années qu'il évitait la police et les super-héros de New York. La prudence était son mot d'ordre. Comme celle là l'avait il trouvé ? Avait il laissé des traces ? L'avait elle suivi ?

Quelque chose cloche... Les réponses de la fille pourraient passer pour des réponses à ses questions, mais elles semblent... à côté. Cain penche la tête de côté, comme un animal qui tenterait d'analyser une situation. Elle dit qu'elle est venue pour lui, qu'elle a été envoyée. mais après elle parle des flics, des fédéraux, et de choisir de mourir ou non. Si elle était venu le tuer, elle n'aurait pas dit ça. Elle aurait profité de la situation et attaqué.

Pendant ce temps, Sélène, beaucoup plus proche de Cain qu'avant, peut sentir d'affreux remugles provenir de lui et de ses vêtements en loque, couverts de sang séché. Un clochard, voilà ce qu'elle a devant elle. Barbe hirsute, yeux cernés, crasseux, galeux, Cain ne doit pas avoir connu la caresse d'une douche depuis quelques semaines déjà.

Cain semble hésiter sur la suite. Ses tentacules se tortillent, aussi indécises que lui. Un piège ? Il jette un coup d'oeil rapide à droite et à gauche. Personne en vue. il faut tirer ça au clair. Son instinct bestial lui dit d'attaquer, de tuer, de protéger son territoire, mais sa raison lui dit de rester prudent, de ne pas faire d'erreur qui pourrait être fatale.

"Ici c'est chez moi parce que je l'ai décidé et que personne peut me l'enlever. En tout cas ceux qui ont essayé ont pas réussi, si tu vois ce que je veux dire. Les flics, les feds et les gangs, ça me fait pas peur. Ca fait trois semaines qu'ils me cherchent et que je leur passe entre les doigts. C'est pour ça qu'ils t'envoient ? Pour m'éliminer à leur place ? Hein, qu'est ce que tu es venue faire ici, hein, hein ?"

Une légère lueur de démence brille dans les yeux rouges. Ces trois semaines de cavale ont été éprouvantes, et Cain en ressent le contre coup. Son esprit s'effrite sous l'effet du stress. Sa voix s'éraille et ses tentacules s'agitent de façon désordonnée, chaotique, piquant de façon brusque vers Sélène, se rétractant, sondant les ombres.

(Comme tu introduis pas mal de dialogues entre la fin de mon post et ton attaque mentale, je me permets de faire de même pour enrichir la scène. Ça te va ?)

Clad regarde Sélène comme si elle ne comprenait rien. Mais après tout, une fille des beaux quartiers ne doirt pas savoir grand chose de Hell's kitchen. Et elle dit des choses bizarres sur sa cavale. En fait elle a l'air de le prendre pour quelqu'un d'autre. Mais parlait d'aider. Ennemie ? Amie ? Cain était de plus en plus perdu, hésitant entre la prudence, donc l'attaque préventive, et la curiosité, donc la discussion.

"Les gangs ! Les gangs sont partout ! C'est les entrepôts ici, il viennent faire leurs deals, cacher leur matos. Mais ici c'est chez moi, alors je les mange pas, enfin pas ici, mais je les chasse. C'est la guerre. Heureusement que les flics les font fuir, ça a fait ça de moins depuis trois semaines. C'est à cause d'eux que j'ai été à l'hôpital. Je suis un mec de la nuit moi, rien à faire de leur hosto, ils ont voulu me retenir, je les ai tués, tous ceux qui se mettaient devant moi. les médecins, les infirmières, les flics. Fallait me laisser tranquille."

Toujours cette démence dans ses yeux, mais mêlée à l'incertitude. On dirait vraiment qu'elle parle de quelqu'un d'autre

"Tu veux éviter qu'on m'élimine, tu dis. Pourquoi ? Personne m'a conseillé d'être sur mes gardes, je suis tout seul, toujours tout seul, et très bien comme ça."

Le mensonge est énorme, mais jamais il ne l'avouera. Cain souffre de sa condition, de son rejet, de sa clochardisation. Il en veut aux humains, aux policiers, à ses parents.

Cain est instable, il doute trop, il ne sait pas comment réagir. L'animal lutte contre l'humain. Le doute contre la curiosité. Malheureusement, dans cette situation, Cain a quitté la société des humains et subit la pression de la police depuis trop longtemps. Seule l'agressivité est un exutoire.

"Je suis Cain le vampire, je suis le cuisinier de Hell's kitchen, je suis le tueur des journaux ! Et toi, qui tu es, bord...?"

Cain ne peut pas finir sa phrase. Un éclair de douleur vrille son crâne et il tombe à genoux. Il prend sa tête dans ses mains et hurle de douleur. Ses tentacules flagellent l'espace de façon totalement chaotique sur un rayon d'une dizaine de mètres. Même sans vouloir toucher Sélène, il a trop mal pour cela, il risque de la toucher si elle se trouve à portée.

[Moi qui pensais que tu allais sauter sur l'occasion de reconnaître Cain comme le tueur des journaux, recherché par toutes les polices et bien piètre représentant des mutants ^^]

Cain se tord de douleur au sol. Ses tentacules fouillent l'air et il ne sent même pas l'impact envoyant Sélène s'écraser contre un pilier. La douleur est tout simplement atroce. Péniblement Cain tente de se redresser, mais la pièce tangue, la moindre lumière est une tache lumineuse comme un soleil. Il retombe à terre, rampant vers un pilier pour s'aider. Dans ce brouillard de douleur, il voit Sélène d'abord immobile, puis tendant le bras vers ses dagues. Il n'est pas en état de combattre. Impossible de faire face à avec un gong à la place du cerveau.

Arriver jusqu'au pilier demande l'effort physique d'un marathon. Cain s'agrippe de toutes ses forces pour empêcher ses jambes tremblantes de se dérober. Pendant ce temps là, à son grand soulagement, la jeune femme est encore appuyée au pilier. Il se retourne pour lui faire face, bras le long du corps, tout son poids contre la surface métallique. Les boulons d'acier lui entrent dans la peau. Une grimace de douleur déforme son visage comme il fixe la jeune femme à son tour. Ses tentacules sont devenus très courts, et leur densité semble varier, parfois d'un noir opaque, parfois effilochés. Il sourit faiblement aux paroles de Sélène. Son attitude est bravache, puisqu'il sait qu'il ne pourra pas continuer le combat.

"A égalité, hein... Je sais pas, petite Sélène. Déjà arrête de m'appeler Enzo, je ne sais pas pour qui tu me prends, mais tu te goures."

Rien que ces paroles sont difficiles. Sa voix est un peu pâteuse sous l'effet de la douleur. Pourvu qu'elle ne se relève pas tout de suite. Cain a besoin de temps pour récupérer un peu. Il poursuit donc.

"Je t'ai dit qui j'étais et ce que j'avais fait. Et toi ? C'est quoi ton truc dans la vie ?"

Cain part d'un petit rire rauque et grimace de la douleur que cela cause sous son crâne. Cain reste immobile contre le pilier, il semble lutter pour ne pas retomber à terre. Ses tentacules continuent leurs hésitations.

"Va pour Sélène tout court, eh ! Je suis pas en état de discuter de ça. Je sais pas ce que tu m'as fait mais j'ai la tête comme une pastèque. Je m'attaque pas aux mutants d'habitude. Pas à mon goût déjà, et ensuite j'aime pas attirer l'attention. De là à tomber sur un foutu X-Man, et j'ai toute la clique sur le dos. Au moins les humains meurent facilement, je peux en gérer une tripotée avant d'être mal. Tu veux savoir pourquoi je t'ai attaquée, c'est simple. Tu étais une jolie humaine à l'air goûteuse égarée dans la tanière du croque-mitaine. Rien de personnel. Je ne "joue" pas au prédateur, tu sais. De tous temps, des races fortes se sont nourries des races faibles. L'Homme mange du bœuf, du mouton, des poissons. Pour moi, c'est l'Homme, le bétail. Abondant, souvent sans défense, beaucoup de variétés. Faut savoir varier les menus."

Cain essaie de se redresser un peu mais abandonne l'idée. Etre debout, c'est déjà bien.

"Donc je suis pas Enzo. Je n'ai pas trempé un bus sans faire exprès. Je suis plutôt du genre à faire les choses exprès si tu vois ce que je veux dire. Sauf que y a trois semaines, j'ai été blessé par un foutu ganger avec un pistolet. J'ai perdu masse de sang et je suis tombé dans les pommes. Quand je me suis réveillé, y avait un gros sandwich habillé en infirmière, et j'avais une faim qui criait comme un démon des enfers. J'ai pêté les plombs, j'ai mangé ce qu'il me fallait et j'ai massacré tout ce qui m'empêchait de me barrer de l'hopital. Depuis c'est le rodéo et je peux plus faire trois pas sans qu'une patrouille lance le touin touin et veuille m'arrêter. Finalement c'est un peu quelqu'un comme toi qu'il me faudrait en ce moment. Je suis en plein danger et en plein besoin de survie. Regarde ma gueule, regarde mes sapes. Je suis le roi de la nuit et j'ai l'air d'un clochard."

Cain entend alors les bruits à l'extérieur, et le coup de feu brisant la chaîne. Le soupir d'exaspération de Sélène et sa façon de tomber à genoux lui arrache un autre rire rauque.

"Décidément c'est pas ton soir, hein ? Tu m'aurais pas défoncé le crâne, ils seraient déjà out. Je te propose un deal, si vraiment tu es du genre à aider les mutants. Je t'aide à sauver ta peau en m'occupant des deux Skins, et tu me fais oublier un peu par les flics. Ca te va ?"

Cain aime bien le style de la petite Sélène. Directe, franche du collier. Et marrante avec ça. Elle aurait voulu qu'il attaque quelqu'un d'autre, mais bon ça se saurait si la proie choisissait d'être attaquée ou non. Il ne pouvait pas deviner qu'il tomberait sur une mutante capable de lui fracasser le crâne avec une onde mentale. mais en tout cas elle n'avait pas l'air choquée pour un sou par ses habitudes alimentaires. Étrange, mais pas désagréable au fond.

"Je ne mange pas vraiment leur chair. Je ne la digère pas. En fait je ne digère rien à part le sang. Humain, animal, ou médical, peu importe, même si je préfère le sang humain, et que le sang médical doit être enrichi en vitamines."

Pour l'hôpital, Cain commence par mal prendre le ton de Sélène, mais à nouveau, il sent une certaine compréhension, ou en tout cas une certaine neutralité.

"Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais disons que quand je suis en manque de sang, ça peut m'arriver de péter les plombs tu vois. Genre devenir sauvage jsuqu'à ce que la faim disparaisse. Ca ne m'arrive pas souvent, parce que je sais gérer ma chasse, mais là j'avais perdu beaucoup de sang et quand j'ai vu cette petite gorge blanche au dessus de moi, dans une chambre blanche où on m'aavit piqué tous mes vêtements, j'ai un peu disjoncté. Et trop de flics ont essayé de m'arrêter. Les autres sont des victimes collatérales."

Cain ne sent pas la douleur diminuer d'un poil. Sélène a raison, il aurait beaucoup de mal à se défendre dans son état, mais à vrai dire là n'était pas le problème.

"Je suis en sale état, là, mais toi aussi. Je suis pas en train de te proposer de sauver que ta peau. Les skins sont complètement débiles, mais chacun de notre côté on a aucune chance, sinon si on doit surveiller nos fesses. "

Cain reste surpris par la dématérialisation de Sélène. Cela semble tellement... vampirique... Mais il n'a guère le temps d'y réfléchir plus avant. Elle semble accepter son aide et le deal proposé, et soudain, juste derrière un fer chauffé à blanc dans son crâne, la douleur disparaît.

"J'adore ton trick avec la fumée. Super classe. Remets toi comme ça si tu peux, sinon planque toi derrière le pilier trente secondes, le temps que je règle la situation"

Libérés de la douleur, les yeux de Cain semblent briller de l'éclat du sang. Sélène voit Cain sourire largement, ses crocs impressionnants dépassant de sa bouche, ses griffes s'allongeant au bout de ses doigts. Une flaque de ténèbres semble s'amasser doucement autour de lui. Faisant un pas de côté, il se passe derrière le pilier et les voyous ne voient rien ressortir de l'autre côté. Le manteau de ténèbres se fond dans l'obscurité ambiante et Cain commence à se déplacer doucement.

"Merde il est passé où ? Il est tombé ou quoi ?"

Ils avancent doucement, prudents soudain, sentant peut être le piège, mais le piège n'est pas devant eux. Une voix se fait entendre juste derrière eux, avant que la tête du premier ne soit arrachée de ses épaules, et qu'une main transperce le thorax du second.

"Quand une femme dit non, c'est non"

Cain boit un peu de sang, pour compenser les pertes du soir, puis s'essuie les mains sur les vêtements des gangers. Il retourne ensuite près du pilier où il a laissé Sélène, et espérant confusément qu'elle n'en a pas profité pour s'esbigner.

"Et maintenant ?

En retournant vers le pilier Cain est soulagé de voir réapparaître Sélène. Si elle était partie, il aurait été obligé de la poursuivre au risque de se faire tuer, ou de la laisser s'enfuir, au risque de la voir revenir avec des renforts. Aucune de ces possibilités n'est vraiment alléchante.

Apparemment Sélène va un peu mieux. Cain la sent chancelante mais s'abstient de tout commentaire. Si elle veut se tenir debout, il ne la connaissait pas assez pour lui dire de se ménager.

"J'ai assez bu pour tenir deux ou trois jours, t'inquiète pas. Et puis si je me ménage, que je n'utilise pas trop mes pouvoirs, je peux tenir un peu plus longtemps. Je suis comme une voiture de courses qui a besoin d'essence pour battre des records. Pour le métro par contre, je suis pas super chaud, tu vois. Les flics sont partout et même s'ils ont pas ma tronche, il savent qu'un grand mec pâle ou complètement recouvert de noir est recherché comme tueur de flics... Le métro c'est un vrai piège sur le coup, à cause des patrouilles et des caméras."

Cain ne cache pas sa réticence. Il n'a pas envie de cavaler pour échapper à la police.

"On ne peut pas faire autrement ? Ces mecs doivent avoir un peu de fric sur eux, on pourrait prendre un taxi. D'ailleurs il faut que je les balance à l'eau. Pas de corps, pas de preuves, pas d'ennuis. Pendant ce temps, parle moi un peu de ton truc pour aider les mutants. C'est pas gouvernemental j'imagine, ils voudraient plutôt nous éliminer, alors c'est quoi ? Un truc privé ? Les mutants que vous aidez, ils vous doivent quoi ensuite ? Et ils ont le droit de faire quoi ?"

Cain va pour fouiller les deux gangers. Le fait que Sélène soit là lui a fait oublier les bonnes habitudes. il ramasse la tête en cours de route, ainsi que quelques briques et pierres. Après avoir trouvé quelques pauvres dollars, il enfonce une brique dans la tête, puis glisse quelques pierres dans les cages thoraciques pour lester les corps. Attention aux vêtements blancs, ça peut tacher.

"J'ai 11 dollars et 25 cents pour le taxi, si ça te dit. Je vais aller jeter les corps dans le port. Tu viens avec moi et après on décolle ?"

Cain ne souhaite manifestement pas la laisser seule, ou en tout cas à la perdre de vue. Cette rencontre peut changer sa vie.

Cain se rend compte qu'il n'avait même pas envisagé de tuer le chauffeur pour une fois. Décidément, Sélène était plein de surprise. Cain écoute avec attention les explications de Sélène sur l'organisation qu'elle représente. Les damnés... Le groupe du célèbre Magneto... Décidément, ce soir est son soir de chance. Jamais il n'aurait espérer pouvoir rejoindre une organisation telle que celle ci. Les damnés représentent pour lui l'aboutissement du mutant. Les mutants sont l'avenir de l'espèce humaine, le stade supérieur de l'évolution. Tenter de s'y opposer était futile. Les X Men n'avaient rien compris à la nature de l'Homme. De tous temps les forts dominaient les faibles, c'est ainsi qu'il vivait et c'est ainsi que les Damnés vivaient. Cela lui convenait parfaitement.

"Les Damnés... Quelle surprise ! J'ai toujours voulu me joindre à vous mais je ne savais pas comment vous contacter. J'ai suivi du mieux que je pouvais les déclarations de Magneto et je suis convaincu qu'il a raison. L'humanité est en perpétuelle évolution, et les homo sapiens doivent accepter, de gré ou de force, l'émergence de l'homo superior. Je comprends mieux à présent tes réactions, et je comprends les problèmes que je peux générer. Je saurai me faire oublier, et je n'ai pas besoin d'invités, ni de visites. Masi j'aurai besoin de sang, frais ou agrémenté, comme je te l'ai dit. Et j'aurai besoin d'une cachette totalement obscure, idéalement sans fenêtre. Disons que le soleil et moi avons quelques raisons de nous détester et qu'une exposition même minime me serait... désagréable."

Tout en terminant de farcir les cadavres, Cain se rend compte qu'aller au port ne sera effectivement pas utile s'il ne revient pas de sitôt ici. Avec tout même un effort, et en s'aidant de ses tentacules, il soulève la grille d'acier d'un déversoir de l'entrepôt, et y fait glisser les corps avant de le refermer. Les rats se chargeraient des corps avant que l'odeur n'ameute quelqu'un de toute façon.

Cain suit donc Sélène rapidement en dehors du bâtiment. Il constate qu'elle est mal en point, flageolante sur ses jambes.

"Je ne vais pas te proposer de te porter, mais si tu sens que tu vas t'écrouler, dis le moi. Sans forcément m'excuser pour ce que j'ai fait, parce que c'était justifié au moment où je l'ai fait, je veux qu'on parte sur de bonnes bases, ok ? Intégrer les Damnés, ça fait de moi ton allié, et si tu me sors de ma crasse et de mes flics, ça fait de moi ton débiteur."

Il accompagne donc Sélène jusqu'à la Buick et l'aide si besoin, quoi qu'il faille faire pour pouvoir se tirer d'ici au plus vite.

Tout en se dirigeant vers la Buick, Cain sourit à la réponse de Sélène quant à son statut de débiteur.

"C'est marrant, mais quand je t'écoute, je me concentre sur le mot "uniquement", et j'ai l'impression que tu trouveras d'autres raisons de me faire ramper à tes pieds. Pour le soleil, tu tombes pas loin en fait. Je tombe pas en cendres instantanément, mais ma peau s'enflamme et je dégage une odeur de méchoui au moins pendant 3 semaines, le temps de cicatriser. Ca m'est arrivé quand j'avais quelques années de mois, juste un bout de bras. Je m'en souviens encore. C'est vers cette époque là que tout le monde m'a considéré comme un monstre."

Cain ne semble pas si nostalgique de son passé. Plutôt rancunier en fait. Mais il tourne ses pensées vers d'autres sujets.

"Là où tu m'emmènes, c'est sûr ? Je veux dire, les flics peuvent pas débarquer pour fouiller ou quoi ? Je suis en sécurité dans un pièce sans fenêtre, mais c'est aussi un sacré problème s'il faut foutre le camp. Une seule entrée, une seule sortie. C'est quoi comme endroit au fait ? Tu as l'air d'avoir du blé, mais de là à pouvoir m'offrir une piaule et du sang, y a comme un fossé je dirais."

Cain monte dans la voiture une fois que Sélène l'a faite démarrer. Il s'enfonce profondément dans le siège, laissant peut de son visage dépasser. Il ne manquerait plus qu'une patrouille le reconnaissant par hasard et la nuit était gâchée.

Cain sourit à la réponse de Sélène, mais il n'est pas d'accord.

"Tu sembles penser que celui qui rampe choisit de le faire. C'est vrai dans certains cas, mais c'est laisser de côté le pouvoir de celui devant qui le faible rampe. les forts dominent le monde et leur pouvoir est celui de ne pas laisser le choix aux faibles. Ramper ou mourir, obéir ou mourir, servir ou mourir. Aucun ganger n'a jamais rampé devant moi, et ils en sont morts. Ils seraient morts de toute façon bien sûr, car je n'ai pas pitié pour eux, mais ils ne pouvaient pas le savoir avant d'essayer."

Sélène lui parle ensuite de ses pouvoirs. Cain avait regretté de lui avoir livré des informations sur ses faiblesses, mais apparemment ce n'est pas comme cela que cela marchait. Elle lui faisait confiance, on aurait dit. Quelle sensation étrange.

"Je ne sais pas si mes ombres et les tiennes sont pareilles. Pour moi, les ombres sont une extension de ma volonté. Elles représentent mon contrôle sur mon élément de prédilection, une sorte de matérialisation de mon esprit. Je ne sais pas leur nature, car l'ombre n'est pas matérielle normalement, elle n'est qu'un absence de lumière, et pourtant je les condense, les modèle à ma guise. Je me suis parfois demandé si les ombres n'étaient pas un monde à part, simplement déphasé du nôtre par la lumière. Seule la lumière du soleil peut me blesser, je n'emprunte pas d'autres faiblesses des vampires telles que l'argent ou l'ail. C'est ce qui me fait parfois me demande si je ne suis pas une créature de ce monde parallèle que sont les ombres."

Le discours de Cain fait une fois encore ressortir le fait que son aspect n'est pas représentatif de sa nature. Avant d'être clochard, il était assidu dans ses études et cultivé car il consacrait beaucoup de temps à la lecture pour tromper son ennui. Cette conversation semble réveiller une part de Cain qui s'était enfoui au fur et à mesure de sa solitude. Comme un métal brillant qui aurait terni et qui retrouverait son éclat sous l'action d'un chiffon.

"Je fais de mon mieux pour être discret, et si jamais les flics nous arrêtent je te laisserai gérer à moins que ça tourne mal. Je pense pas que tu sois pare balles, et ils sont toujours deux par patrouille. La télé a beau se moquer, faut faire un minimum gaffe pour pas se prendre un pruneau."

Le langage de la rue qui revenait dans la conversation. Cela passerait probablement, avec le temps.Clad se glisse en dehors de la voiture et suit Sélène en direction du QG. Il est prêt à se rencogner dans les ombres et à se draper de ténèbres si une voiture de patrouille passe dans la rue.

L'exposé de Sélène est très intéressant. Elle semble avoir une solide connaissance de la psychologie humaine. Et avoir vécu pas mal de situation comme ce soir, où elle a été clairement sous estimée et où l'adversaire a payé sa méprise.

"Tu as raison. Avec certains individus, il ne sert à rien d'être plus fort ou plus faible. Ils possèdent une compulsion qui va les obliger à affirmer leur supériorité. J'imagine que ça doit exister chez les mutants aussi. Moi je suis un prudent. Je sais que je peux me débrouiller, et que dans certaines circonstances le choix n'est pas possible, il faut être le plus fort ou mourir, mais je jauge les situations avant de m'engager. Je n'attaque pas les mutants, parce qu'ils sont trop imprévisibles. Le gringalet avec une super force, ou la fillette avec des ondes mentales..."

Cain s'interrompt et regarde Sélène avec un demi sourire qui est une demi grimace. Intérieurement il rigole un peu de la situation. Manifestement Sélène n'est pas habituée à se faire appeler fillette vue sa position.

"Désolé pour "fillette", tu vas sûrement devoir supporter mes écarts de langage un certain temps... Si j'ai plus besoin de me cacher et que je rencontre des gens sympas, ça va sûrement me faire perdre mes mauvaises habitudes. Enfin si je me sens à l'aise. J'ai plus l'habitude des gens. J'aime pas la foule, c'est dangereux pour moi."

Les explications de Sélène sur ses ombres le fascinent. Leurs ombres sont totalement différentes, avec des propriétés différentes. Mais les siennes semblaient conscientes ! Lui avait toujours considéré ses ombres comme des armes alors que Sélène en parlait comme de personnes.

"Je n'ai jamais eu l'impression que les miennes étaient vivantes ou conscientes. Elles répondent à ma volonté, et si j'hésite ou suis faible, elles hésitent ou sont faibles. Je ne les ai jamais vraiment senties faire des choses qui ne dépendaient pas de moi... J'ai appris à les utiliser au fur et à mesure, à les modeler et à les densifier. La première fois, elles sont sorties parce que j'étais en colère et que je voulais frapper des hommes qui m'avaient ligotés. Ensuite, j'ai appris à les faire émerger à l'envie, à les rendre dures, ou souples, à m'envelopper dedans pour me cacher et me protéger. Je ne sais pas si mes pouvoirs peuvent encore croître mais je m'entraîne. Peut être qu'un jour mon manteau d'ombres sera bien pare balles, qui sait ? Ca fait longtemps que tu maîtrises ton pouvoir ? Tu es bien plus jeune que moi mais tu as l'air à l'aise."

Un sourire malicieux rend son visage presque beau si on fait abstraction de la crasse. Il faut croire que l'idée d'arrêter les balles le séduit sans commune mesure. Peut être un fantasme suite à l'épisode qui l'a amené à l'hôpital il y a trois semaines ? Ou peut être est ce le fait qu'il se sent proche de Sélène du fait de leur pouvoir et de la confiance qu'elle semble mettre en lui ?

Cain répond en souriant à la question de Sélène. Il ne sait pas trop si elle considère sa prudence comme un peu de lâcheté, mais il ne souhaite pas montrer ce doute.

"Si j'avais su que tu étais mutante, tu aurais passé ton coup de fil sans encombre et tu serais repartie casser la tête de ces gangers toute seule. Le chasseur en quête de nourriture veut des proies relativement faciles."

Cain rit lorsque Sélène lui met un coup dans les côtes pour le "Fillette". Peut être qu'avec elle, quels que soit les progrès qu'il fera dans son langage, il gardera quelques écarts bien choisis. Il faudra tout de même qu'il la connaisse un peu plus d'abord. Elle est une Damné, et il va être introduit dans une société qui lui est totalement inconnue. Peut être ne pourra t il plus faire ou dire ce qu'il veut, que certains écarts seront à proscrire absolument.

Il répond ensuite à la question sur ses ombres, réfléchissant aux situations où il les a utilisées.

"Non vraiment jamais. Je pense à ce que je veux qu'elles fassent et elles le font. C'est comme si j avais une paire de bras supplémentaires quand elles sont en forme de tentacules. C'est vrai que ça serait intéressant de voir ce que nos ombres ont à se dire, si ça se trouve on peut interagir sur les ombres de l'autre. Cela dépend peut être de notre niveau de puissance. Je ne pense quand même pas pouvoir influencer ta forme immatérielle. On testera quand tu auras envie."

Cain sourit lorsque Sélène parle de ses visites à l'hôpital. Une vraie casse cou donc, pas du tout une petite poupée fragile cherchant le frisson. Il sourit encore plus largement lorsque Sélène lui demande s'il essaie de connaître son âge de façon détournée. Il estime qu'elle a entre vingt et vingt cinq ans grosso modo. Il reste donc bouche bée quand Sélène lui annonce cinq cents ans. Il rit après une seconde.

"Cinq cent ans hahahaha ! Tu es plutôt bien conservée pour une über mamie. Le ton était parfait j'ai failli gober la mouche hahaha ! On est encore loin de la planque ?"

Il continue de marcher vers le building, sans savoir qu'il s'agit de leur destination.