La nuit avait décidément été très courte pour Sélène, qui avait regagné le Dakota building aux alentours de 4 heures du matin, et s’était levée seulement 3 heures plus tard, de manière à arriver suffisamment tôt à l’agence pour boucler certains dossiers importants. La jeune femme avait dû faire face à l’embauche d’une jeune recrue – Angel Rac – qui malgré son jeune âge était assez efficace, mais avait la fâcheuse manie de trimballer son chien partout avec elle. La cohabitation de cette perpétuelle odeur de chien mouillé dans le hall de l’agence avec Sélène s’était soldée par une injonction de maintenir le chien attaché dans le hall pour éviter qu’il n’aille crapahuter partout et ne fasse empester l’open-space réservé aux bureaux des détectives employés à plein temps : la jeune fille n’étant employée qu’en tant que photographe, il n’y aurait aucune raison valable à ce qu’elle insiste pour laisser crapahuter le chien partout…

Le problème d’odeur de chien mouillé réglé, Sélène avait vu défiler dans son bureau les commanditaires des enquêtes les plus brûlantes du moment, et elle avait remis les conclusions de ses enquêtes, ainsi que de l’une de celles de John, qui avait probablement dû oublier son rendez-vous de 9h15… La mutante enchaîna les cafés jusqu’aux environs de 15h, et se décida finalement à aller manger lorsque Bérénice lui fit remarquer qu’elle n’avait aucune raison de rester derrière son bureau pour le moment, parce qu’elle avait déjà résolu ce qui avait besoin de l’être… Adressant un petit sourire à la jeune comptable, Sélène avait attrapé son sac à mains, et récupéré l’Aston de son homme sur le parking, avant de regagner le QG des Damnés à une allure folle…

Déverrouillant l’immense porte à l’aide de son pass magnétique, la jeune femme laissa la porte claquer derrière elle et ne se retourna même pas lorsqu’elle sentit l’esprit de Friedrich dans son dos… C’était déjà suffisamment pénible de cohabiter avec son fan #1, mais si alors en plus il fallait qu’elle se montre aimable à chaque fois qu’elle le croisait…

Bonjour, ma belle ^^

Et voilà, sa voix venait de résonner dans le hall… La mutante s’immobilisa et fit volte-face dans la foulée, et Friedrich qui la suivait de trop près la heurta assez fortement, déséquilibrant Sélène à cause de sa carrure trop imposante avant de la rattraper par les poignets, de manière à éviter qu’elle ne s’écroule de suite. La jeune femme vrilla son regard aussi sombre qu’assassin dans celui du lycanthrope, se retenant de peu de lui dégeler le cerveau avec une bonne onde mentale…

Bonjour, Friedrich… J’ignore combien de fois j’ai pu te répéter de ne pas te faufiler derrière moi de la sorte, et de ne pas non plus me percuter…

Un air un peu penaud s’inscrivit sur les traits de ce pauvre homme, et Sélène n’eût pas d’autre choix que de se radoucir : elle l’aimait bien dans le fond, alors le vexer définitivement ne faisait pas partie de ce que la jeune femme souhaitait… Un léger sourire étira ses lèvres juste avant qu’elle ne repousse un peu plus loin le mutant du plat de sa petite main posée sur son torse musculeux : la manœuvre n’eût pour ainsi dire aucun effet compte tenu du petit gabarit de la jeune femme, et ce fut Friedrich qui recula légèrement de lui-même, un sourire malicieux aux lèvres…

La nuit a été longue et j’ai très peu dormi… désolée…

La mine du mutant devint légèrement cramoisie, et Sélène n’eût pas beaucoup de mal à comprendre que malgré les années qui avaient passé, Friedrich ne désespérait pas de la voir un jour tomber dans ses bras… La chose était assez flatteuse il fallait l’avouer, et Sélène ne se lassait jamais de sous-entendre les pires choses pour ensuite observer cet air déconfit se peindre sur les traits de son ami l’espace de quelques secondes…

C’est nouveau, ça…

Le mutant affichait un air surpris à présent, tandis que Sélène continuait de l’observer et portait une main jusqu’aux cheveux multicolores de son ami. Prenant entre ses doigts une tresse inachevée mêlant des mèches blondes, bleu marine, verte et rouge, la mutante l’observa longuement avant de plonger ses yeux dans ceux de Friedrich, percevant plutôt clairement les difficultés qu’il avait à se maîtriser en sa présence… ça aurait même pu être franchement flatteur si Sélène n’était pas parfaitement au courant de ce que son ami était capable de faire lorsqu’il perdait le contrôle…

Sélène le sentit une nouvelle fois la renifler, comme il le faisait à chaque fois qu’il se trouvait en sa présence, et son visage approcha dangereusement jusqu’à ce qu’il puisse venir humer le parfum de la mutante de manière suffisamment proche pour que son souffle brûlant effleure la peau pâle et glacée de la jeune femme… Un murmure échappa à Sélène après quelques secondes passées sans savoir si elle devait bouger ou non…

Friedrich, tu… tu devrais arrêter de me renifler comme ça…

Il fallait dire qu’elle avait probablement cherché à ce qu’il perde le contrôle en se laissant délibérément approcher… mais Sélène ne pouvait pas non plus toujours tout contrôler pour les autres ; elle avait déjà suffisamment à faire avec elle-même et ses nouveaux pouvoirs…

Tu as changé de parfum…

La phrase lui avait échappé comme on laissait échapper un grognement… Là soudainement, Sélène n’avait plus franchement envie de rire, parce que la suite dépendrait de ce qu’elle ferait et/ou dirait à ce moment précis… La tension continua à monter, et elle porta comme par réflexe le poignet qu’elle s’était démis pendant la nuit à son petit ventre… Un geste qui n’échappa pas au lycanthrope, qui prit délicatement l’avant-bras bandé de la jeune femme entre ses mains brûlantes, la fixant de son regard flamboyant – et flippant – de prédateur…

Ca aussi, c’est nouveau…

Cette lueur continuait de danser dans son regard, et Sélène hésita quelques secondes avant de répondre…

Ces derniers temps, mes acrobaties nocturnes se soldent presque toujours pas ce genre de choses… ^^

Bof, elle n’allait pas jouer les martyres pour une blessure aussi insignifiante, et puis surtout, Sélène avait déjà connu bien pire en matière de lendemains de casse ><
Le regard de Friedrich s’assombrit en quelques secondes, et il attrapa Sélène par les épaules, l’air particulièrement mécontent de sa réponse…

Je ne sais pas qui de ton mâle ou de toi est le plus inconscient : lui, qui te laisse dans cet état et se barre à l’autre bout du monde, ou toi, qui traîne à droite et à gauche et avec n’importe qui malgré ton état !

Sélène écarquilla les yeux de surprise, s’interrogeant sur ce qu’il convenait de répondre à une critique aussi acerbe : devait-elle lui en coller une pour lui apprendre le respect – des anciens d’une part, mais aussi de sa supérieure hiérarchique dans tous les sens du terme – ou simplement lui témoigner son plus profond mépris pour les trois prochains jours à venir, le temps qu’il vienne de nouveau ramper à ses pieds ? Contre toute attente, ce fut un vieux réflexe qui prit le pas sur les interrogations de la mutante, et l’onde mentale percuta Friedrich de plein fouet sans même que Sélène n’ait eu le temps de reprendre une bouffée d’air : le mutant vacilla pendant quelques secondes en se tenant la tête, l’air passablement étourdi, tandis que Sélène le recadrait sans même prendre la peine de mettre les formes…

Tu ne sais absolument rien de mon « mâle », comme tu te plais à le nommer, et tu n’en sais pas davantage sur ce que je fais de mes nuits, Friedrich ! Si d’aventure tu tenais à fourrer ton nez dans mes affaires, essaie au moins de te tenir au courant des grandes lignes, ou alors attends-toi à…

La fin de phrase s’évapora dans le néant, et le sac à main de Sélène tomba au sol, alors qu’elle disparaissait dans un nuage de brume noire… Friedrich huma l’air avec anxiété pendant quelques secondes, et finit par se tourner vers l’un des coins du vaste hall plongé dans l’obscurité, où Sélène avait repris forme humaine et semblait à présent incapable de se relever, l’air complètement désarticulée… Malgré le savon qu’il venait de se faire passer, le mutant rejoignit son amie en quelques foulées et s’agenouilla près d’elle, remarquant la dématérialisation complètement hiératique de son corps et son regard désabusé… Glissant une main entre ses boucles, Friedrich attendit qu’elle se rematérialise plus ou moins pour l’attirer contre lui, arrachant un grognement de protestation à la jeune femme…

Un silence pesant flotta dans le hall jusqu’à ce que Friedrich prenne la parole le premier, conservant toujours une Sélène particulièrement tremblante dans ses bras…

J’ai abusé… je n’avais pas à porter un jugement sur ce qui ne me regarde pas… Seulement même en ayant abusé, je persiste à dire qu’aller faire je-ne-sais-quoi avec je-ne-sais-qui dans ton état n’est pas très judicieux, et même si ton Mathias te manque !

Bon, même s’il n’avait strictement rien compris, il s’était quand même excusé… Tremblante comme une feuille, Sélène ferma les yeux l’espace de quelques instants et prit quelques secondes avant de répondre, semblant rassembler avec difficulté ses pensées…

J’ai pris d’assaut un entrepôt pendant la nuit… un ami m’a aidée, et à cause d’un léger surpoids dont tu as parfaitement identifié la cause, j’ai manqué de peu de me rompre le cou… C’est mon poignet qui a trinqué, mais je suis en un seul morceau, et aucun homme n’a posé ses mains ou quoi que ce soit sur moi depuis près de 3 put*in de mois, Friedrich…

La fin de phrase avait été à peine murmurée, et Sélène avait de nouveau fermé les yeux, comme épuisée par ces quelques phrases… Mathias était parti depuis 3 mois, donc Friedrich pouvait à présent parfaitement comprendre que même si Sélène prenait un malin plaisir à brouiller les pistes pour ce qui était de ses nuits, elle n’en était pas moins restée extrêmement sage… L’une de ses mains glissa entre les boucles de la jeune femme, et il la souleva très légèrement pour l’appuyer contre lui de manière plus confortable…

Faut dire aussi que toi et tes double-sens, hein… Tu penses pouvoir te lever ?

Aucune idée…

Je suis désolé pour…

D’un mouvement de tête un peu penaud, le mutant avait indiqué le sac à main resté près de la porte d’entrée suite à la dématérialisation de sa propriétaire… Reportant son regard sur son amie, Friedrich caressa de nouveau ses cheveux châtains, profitant légèrement de l’affaiblissement passager de Sélène pour lui témoigner ces marques d’affection qu’il brûlait de lui donner en temps normal…

Ne recommence plus… tu ne sais rien de lui…

Baissant les yeux sur le sol cette fois-ci, Friedrich choisit de conserver le silence parce que parfaitement conscient d’avoir dépassé les bornes… Ce britannique qu’il jalousait occupait une place particulière aux côtés de Sélène qu’il convoitait de manière suffisamment ouverte pour que la jeune femme s’en rende compte, mais suffisamment rationnelle pour qu’il ne tente pas d’étriper son rival le soir dans une rue sombre…

Sa main glissa une nouvelle fois entre les boucles de la jeune femme tandis qu’un soupir de lassitude lui échappait : Mathias étant trop éloigné pour s’occuper d’elle, Friedrich se ferait une joie de pister la jeune femme d’un bout à l’autre de la ville afin de s’assurer qu’elle ne se mettait pas inutilement en danger… une pensée qui n’échappa pas à Sélène, qui laissa sa tête retomber assez mollement contre le torse de son ami…

Ca ne servirait à rien, je sais parfaitement ce que je peux faire et ce qu’il vaut mieux que je m’abstienne de…

Au risque d’attiser ta colère une nouvelle fois… Entrer par effraction dans cet entrepôt n’était pas une bonne idée, et ton poignet en est la preuve la plus criante… Si d’aventure tu souhaitais recommencer ces petites « acrobaties » ma belle, il faudrait compter sur la présence de ton serviteur #2…

Sélène haussa fébrilement un sourcil après avoir levé les yeux vers le mutant, le fixant à présent de manière un peu moins hagarde que quelques minutes plus tôt…

Et le #1 ?

Mathias, bien sûr ! ^^ Ce gosse traversait l’océan à la nage juste pour te divertir…

La seconde partie de la phrase avait été prononcée de manière beaucoup plus réprobatrice, et un sourire amusé étira les lèvres de Sélène, alors qu’elle essayait une nouvelle fois de se redresser…

Dans tous les cas, il est absolument hors de question que tu me pistes jour et nuit…

Je me contenterais simplement du jour, ma belle ^^

Une moue boudeuse s’afficha sur les traits de la jeune femme, alors que Friedrich esquissait un sourire particulièrement amusé : il venait de gagner et il le savait, mais mieux valait pour sa santé mentale ne pas trop fanfaronner sous peine d’essuyer une nouvelle onde mentale dans les minutes à venir… Friedrich se redressa finalement en entraînant Sélène avec lui, soutenant sa taille une fois qu’elle fut debout afin de prévenir tout effondrement inopiné. Un peu étourdie par ce redressement, la mutante se laissa faire et aperçut de manière assez floue le cadran de l’immense horloge qui trônait dans le hall : 15 heures, son trajet de retour combiné à son malaise lui avait coûté une heure… une heure pendant laquelle elle n’avait absolument rien fait, mis à part se mettre les nerfs en pelote…

Friedrich la mena jusqu’à l’ascenseur qui menait dans les étages, et l’aida à regagner sa chambre. Débarrassant la jeune femme de ses talons, le mutant l’aida à s’allonger alors que Sélène lui faisait promettre de la réveiller à 17h30 quoi qu’il arrive : Friedrich acquiesça dans un léger grognement – dans son état, il valait sans doute mieux qu’elle se repose, mais Sélène avait toujours fait ce qui lui plaisait – et Sélène sombra dans le sommeil quelques minutes après qu’il ait quitté la chambre…

Sélène fut tirée de son sommeil de longues heures plus tard, lorsqu’une main brûlante effleura son visage avec une douceur jusque là insoupçonnée de la part de Friedrich. La jeune femme releva la tête des profondeurs de son oreiller et ne pu l’apercevoir que de manière floue : plissant les yeux, Sélène finit par se redresser en position assise avec lenteur et jeta un œil à son réveil qui indiquait 18 heures tout pile…

Tu m’as laissée dormir…

Sa voix rendue rauque par le sommeil arracha un sourire amusé à Friedrich, qui glissa ses doigts entre les boucles de la jeune femme avant d’effleurer sa joue brûlante avec douceur. Sélène se contenta de le fixer, avant de repousser la main de son ami de manière à pouvoir se lever, et se dirigea vers la douche quasiment à l’aveuglette, en laissant simplement ses pas la porter dans la direction souhaitée. Friedrich lui emboîta le pas, mais s’arrêta néanmoins sur le seuil de la salle de bains, s’adossant au mur pour ne pas empiéter sur l’intimité de la jeune femme…

Tu avais besoin de dormir, et comme tu avais l’air d’avoir une chose importante à faire dans la soirée… disons que le fait d’être en retard m’autorisera à te conduire à ton rendez-vous, demoiselle…

Un léger rire lui parvint en guise de réponse, peu avant que Sélène ne disparaisse dans la cabine de douche et n’allume le jet d’eau… Une petite demi-heure plus tard, la jeune femme émergea de la salle de bains saturée de vapeur d’eau enroulée dans une immense serviette vert olive et ses boucles trempées cascadant sur ses épaules nues, avant de se diriger tout naturellement vers l’immense dressing dont l’accès n’était fermé que par un rideau couleur crème qu’elle écarta d’un mouvement ample de son bras valide.

Pénétrant dans la petite pièce, Sélène acheva de sécher ses boucles et enfila ses sous-vêtements avant de choisir un sarouel court en jean qu’elle venait tout juste d’acheter, et un top bleu-vert qui serait idéal pour supporter la chaleur qui régnait au-dehors. Enfilant le tout, la mutante attrapa ensuite une paire de spartiates, et rejoignit Friedrich dans la pièce principale de sa suite, qui s’était vautré sur l’un des fauteuils… Les chaussures furent abandonnées près de l’entrée, et Sélène s’arma d’une brosse à cheveux et d’un élastique avant de se laisser tomber dans le fauteuil qui faisait face à celui de son ami…

Toujours aussi belle, même dans un pantalon aussi… étrange ^^

Sélène ne releva pas, préférant se dépêcher pour ne pas arriver en retard au rendez-vous convenu la veille. Le mutant s’absorba ensuite dans la contemplation de Sélène, qui s’affairait à démêler ses cheveux et à les natter. Jetant un coup d’œil vers lui, Sélène s’interrogea à plusieurs reprises sur les stratagèmes qu’elle pourrait mettre en place pour se débarrasser du lycanthrope avant d’aller retrouver Dan… Sentant son regard, Friedrich reprit finalement la parole…

Qu’est-ce qui est sensé occuper notre soirée, ma belle ? ^^

La mienne sera consacrée à l’éventuel recrutement d’un ami trop actif pour rester chez les Xmens… La tienne, je n’en sais rien : tu pourrais commander une pizza et regarder un bon polar sur le câble, non ?

Un haussement de sourcil accompagna la proposition de Sélène, mais Friedrich ne se laissa pas démonter…

Si je t’accompagne, le recrutement ne devrait pas durer plus d’une heure… et après on se commande une pizza et…

J’irais seule… Fin de la discussion.

Le sourcil du mutant se haussa une nouvelle fois, alors que cette lueur de prédateur dansait de nouveau dans ses pupilles…

Si ton ami ou n’importe qui d’autre te met les nerfs en pelote, il faudra quelqu’un de suffisamment au courant de tes soucis de désagrégation pour te calmer…

Une moue assez boudeuse s’inscrivit sur les traits de Sélène, qui décida de terminer sa tresse en silence, parce qu’à moins de le blesser, elle ne pourrait pas semer un prédateur aussi entraîné que Friedrich… Sélène quitta le canapé pour aller prendre sa besace et rejoignit Friedrich, son index pointé vers lui d’une manière plus qu’autoritaire : le mutant se tassa dans les coussins du canapé, regrettant presque d’avoir réussi à emporter la partie…

Deux conditions : tu ne le malmènes pas, et tu conserveras ta forme de loup jusqu’à ce que JE décide que tu pourras reprendre forme humaine…

Le mutant ouvrit la bouche pour protester, puis la referma bien vite… Quelques secondes passèrent avant qu’il ne se décide à reprendre la parole de manière assez craintive…

Pour la deuxième condition… est-ce qu’au moins tu me feras grâce de cette stupide laisse ? Tu sais que quoi que tu me demandes même sous cette forme, je le comprendrais et l’exécuterais…

La laisse, c’est la troisième condition…

Eeeh !

Attrapant ses spartiates pour les enfiler, la jeune femme adressa un sourire empli de malice à son ami, et attrapa les clés de l’Aston restées sur la desserte de l’entrée, avant d’ouvrir la porte… Un loup gris la devança peu avant qu’elle ne franchisse le seuil, et Sélène verrouilla la porte derrière elle avant de quitter le QG, un collier et une laisse passés au cou du « chien » qui l’accompagnait.

Le trajet jusqu’au port où était amarrée la péniche de Dan ne dura pas plus de 20 minutes, et la mutante gara sa voiture un peu plus loin, histoire de ne pas se la faire désosser par les voyous qui erraient ordinairement sur les quais. Tenant toujours Friedrich en laisse, la mutante observa une grosse péniche qui n’avait pas l’air habitée et se glissa entre deux gros containeurs, entraînant le loup derrière elle… Détachant la laisse et lui ôtant le collier, Sélène plongea ses yeux dans ceux de l’animal…

Tu restes là et tu surveilles les environs… En principe il ne devrait pas y avoir de soucis, mais vu le nombre de junkies qui traînent dans le coin, on ne sait jamais…

Le loup jappa et disparut entre les containers en trottinant, laissant Sélène seule. La mutante se mit en quête de la péniche de Dan en se demandant ce qui la distinguerait d’une péniche banale… peutètre un paillasson « welcome » à l’entrée ^^

(trop long pour un seul post... XD ^^)

Arpentant le quai assez lentement pour prendre le temps de bien repérer les lieux, Sélène cherchait du regard la péniche qui servait de maison à Dan. Une demeure peu banale à propos de laquelle Sélène ignorait tout de ce à quoi cette dernière pourrait bien ressembler, et de l’endroit où elle était amarrée… Un soupir échappa à la jeune femme, qui songeait qu’avec un vêtement ou un truc appartenant à Dan, elle l’aurait retrouvé en quelques minutes avec l’aide de Friedrich…

Après plusieurs centaines de mètres parcourus le long du quai, la jeune femme finit par stopper son avancée avec l’espoir de s’y prendre un peu plus méthodiquement. Scrutant les environs avec davantage d’attention, elle pu remarquer qu’elle se trouvait en réalité dans la partie du port réservée aux marchandises, et qu’à moins que Dan transporte du sable ou des gravillons, sa péniche ne pouvait se trouver dans cette zone. Traversant dont toute la partie qui ne l’intéressait pas, Sélène esquiva à plusieurs reprises des hommes conduisant à vive allure des Fenwick destinés au déchargement des marchandises avant d’atteindre la zone de plaisance, située de l’autre côté de la jetée…

La mutante ralentit de nouveau le pas et fourra ses mains dans les poches de son pantalon, continuant d’avancer en scrutant les péniches amarrées qui cette fois étaient susceptibles de servir d’habitation. C’était un logement peu commun, mais Sélène pu constater que certains avaient même accroché des jardinières aux rambardes de leur chez-eux, et disposé des rideaux et autres accessoires de jardin sur le pont… définitivement kitsch, mais bon s’ils étaient heureux ainsi… ^^

Plongée dans son observation méthodique des péniches amarrées, Sélène dépassa celle qu’habitait Dan sans même s’en rendre compte et fut d’autant plus surprise d’entendre la voix du futur-ancien-Xmen résonner en lui disant qu’elle était en avance. Faisant volte-face, Sélène le chercha du regard mais n’en trouva aucune trace…

Hmm, peu courant…

Revenant sur ses pas presque par instinct, Sélène finit par s’immobiliser pour peutètre l’apercevoir sortir de la cale ou je ne sais quoi, et elle finit par sursauter en le voyant apparaître du néant à seulement quelques mètres d’elle… Son sourire désolé le sauva et lui évita les récriminations de Sélène, et c’est avec un sourire adorable qu’elle monta à bord pour le saluer…

Les femmes portent malheur sur un bateau… tu crois que c’est différent pour une péniche ? ^^

A l’expression du visage de Dan, Sélène comprit qu’elle s’était faite prendre pour le « matage » des abdos que dissimulait sa chemise d’un blanc qui semblait légèrement fluorescent avec les rayons du soleil couchant. Un sourire amusé étira ses lèvres, et Sélène avala une autre gorgée de cappuccino avant de la reposer sur la table basse près d’elle… Dan conclut qu’elle n’aurait pas eu grand intérêt à amener son processeur, et la jeune femme acquiesça avec amusement…

C’est sûr… et puis c’est terriblement pesant pour une femme de transporter ça dans un sac à mains ! ^^

Dan sembla ensuite particulièrement surpris d’entendre que Sélène destinait en réalité le second processeur high-tech aux Xmens, et il avoua avoir pensé qu’elle était en réalité venue pour le récupérer… Le sourire de Sélène s’agrandit légèrement.

Hmm… ça a l’air d’être de plus en plus difficile de parvenir à me faire croire quand je planifie autre chose que de faire flamber l’Institut… ^^

Une telle phrase aurait été insultante pour n’importe quel abruti autre que Dan, qui connaissait les positions qu’adoptait la jeune femme au sujet des Xmens. Le léger sourire de la jeune femme indiquait qu’elle n’était pas vexée outre mesure mais à la longue cela finirait par être le cas, d’autant plus que les Xmens eux-mêmes avaient le culot de se méfier d’elle alors que c’était elle qui avait maintenu le château des bisounours en excellente santé financière et fiscale ces six derniers mois, alors qu’ils étaient tous occupés à errer chacun de leur côté… Elle avait fait en sorte que les jeunes ne se retrouvent pas à la rue et continue à suivre des cours, avait empêché la saisie de l’Institut pour la durée précédent la rédaction des documents relatifs à la succession du Professeur Xavier, mais malgré tout ça, elle représentait encore le Diable… avec les cornes, la queue pointue et tous les autres éléments caricaturaux qui allaient avec… Comment l’auraient-ils imaginée si elle s’était contentée de bourrer le crâne des élèves et de détruire l’Institut ?

Dan sembla ensuite se perdre dans ses pensées, et Sélène replongea le nez dans son cappuccino, promenant son regard sur la mer avec tout de même un léger sentiment d’appréhension. Des bruits de porte retentirent en contrebas, et cédant à un vieux réflexe, Sélène orienta son regard en direction des quais, s’interrompant pour reporter son regard sur Dan en sentant une main se poser sur l’une de ses cuisses… Un sourire malicieux lui fut adressé, et la mutante acquiesça avant de laissa sa main glacée malgré la chaleur effleurer la joue de son amie comme l’aurait fait une petite-amie transie d’amour… juste histoire de ne pas attirer les soupçons s’ils l’avaient vue se retourner…

Mais tout ce que tu veux ^^

Autant dire que même si elle ne savait pas grand-chose de ces hommes que Dan ne souhaitait pas qu’elle regarde, cela amusait la jeune femme. Le mutant avala une gorgée de cocktail, et Sélène croisa ses jambes dans l’autre sens, restant toujours légèrement penchée vers Dan tout en comptant mentalement le nombre de portes qui se refermaient au loin… A vue de nez, ils devaient être au moins 8 si la mutante ne s’était pas trompée, ce qui indiquait qu’il ne s’agissait pas de marins (ils venaient à pieds pour embarquer sur leurs bateaux, pour éviter de se faire désosser leur voiture), qu’il ne s’agissait pas non plus de touristes… bon, il pouvait s’agir d’un nombre incalculable de choses, mais lorsque Dan échangea la mallette du processeur contre une autre qui se trouvait sous une table, cela mit la puce à l’oreille de la jeune femme : des gens venaient et ne tarderaient pas à les rejoindre, mais Sélène n’avait pas le droit de se retourner sous peine de révéler clairement qu’ils les avaient repérés… une situation injuste pour une curieuse comme elle !

Trois hommes finirent par apparaître sur le pont de la péniche dans un gros nuage de fumée bleue, et Sélène fixa un instant les caricatures de mafieux qui se dressaient devant elle… Choisissant de rester silencieuse, la jeune femme laissa Dan mener la conversation puisqu’apparemment il avait l’air de les connaître. Le nez plongé dans son cappuccino comme si de rien n’était, Sélène finit par orienter son regard sombre vers celui qui semblait être le chef lorsqu’il ordonna à ses hommes de tuer Dan et de la tuer elle aussi… Pas le temps de l’invectiver, parce qu’il s’était téléporté plus loin comme le lâche qu’il était plus que probablement…

Ne laissant guère le temps à Sélène d’insulter à tout-va ce type qui avait perturbé sa fin de soirée et l’empêchait de terminer son cappuccino, les deux hommes brandirent leurs mitraillettes dans leur direction. Les hommes sur le quai semblèrent satisfaits, et Sélène comprit en voyant que Dan avait assommé les deux types qu’il s’agissait plus que probablement d’une illusion. Le mutant s’approcha de la jeune femme et lui murmura qu’il vaudrait mieux éliminer les autres assez rapidement, parce que même s’ils ne pouvaient pas les voir, ils pourraient finir par les entendre et comprendre la supercherie…

Sélène acquiesça et ferma les yeux un instant avant de les rouvrir, l’air particulièrement amusée cette fois-ci. S’accroupissant, la mutante attrapa les deux dagues de lancer fixées à ses chevilles. Dan enjamba la rambarde et sauta en souplesse sur le quai, alors que Sélène se redressait…

Quelques pas suffirent à la jeune femme pour prendre un peu d’élan, et sa jambe gauche prit appui sur a rambarde peu avant qu’elle ne touche terre quelques mètres plus bas, roulant en silence pour amortir sa chute et repartir au pas de course. Parfaitement consciente que Dan éliminerait les types les plus proches de la péniche, Sélène choisit d’aller s’en prendre aux deux types qui étaient restés près des véhicules. L’un décida subitement de rejoindre son chef, et Sélène bifurqua pour l’éviter lorsqu’il arriva sur elle sans la voir. L’autre restait donc seul en arrière, et parfaitement à la portée de la jeune femme…

S’approchant subrepticement par derrière, Sélène fut soulagée de voir que l’homme n’était guère plus grand qu’elle : elle pu ainsi glisser son bras sans son menton, l’étranglant à moitié en lui ôtant toute possibilité de hurler avant de lui trancher la gorge d’une oreille à l’autre, libérant un geyser de sang que les autres ne pourraient pas apercevoir grâce à l’illusion de Dan… enfin du moins, Sélène l’espérait… Poussant le cadavre juste derrière l’un des véhicules, Sélène s’avança à pas feutrés vers le type armé qui se tenait à la droite du chef…

Un peu plus loin Friedrich galopait à vive allure, guidé par la combinaison de l’odeur entêtante de Sélène à celle du sang… si ce Dan l’avait laissée se faire tuer, il ne quitterait pas le port vivant ><
Accélérant davantage, le loup finit par s’immobiliser près d’un containeur et s’attarda pour humer l’air, y décelant de manière encore plus prononcée ces deux odeurs mêlées… Un grognement échappa au loup, bien vite suivi d’un feulement menaçant lorsqu’il remarqua les deux types qui venaient de quitter la péniche, mitrailleuse sur l’épaule… L’odeur de poudre était encore flagrante, et le loup s’élança dans leur direction, les crocs découverts… pile dans la direction de Dan, qui en réalité avait buté froidement les deux hommes en question...

Aveuglé par la colère qui l'avait envahi, Friedrich n'avait rien remarqué malgré son odorat surdéveloppé...